Architecture
L’architecture peut se définir comme l’art de bâtir des édifices.
Le terme architecture permet aussi de spécifier, pour l'objet créé par l'acte de bâtir, l’ensemble des caractéristiques telles que la forme, la symbolique, ou les propriétés d’usage.
On a tant écrit sur le style gothique qu’on a tendance à y voir une évidence, or il reste l’une des réussites humaines les plus remarquables. Depuis la première expression architecturale de la vie civilisée, par exemple la pyramide de Sakhara, l’homme avait conçu les bâtiments comme un poids sur le sol. Il avait accepté leur nature matérielle et, bien qu’il eût tenté de la transcender en recourant à la proportion et à la couleur des marbres précieux, il s’était toujours trouvé limité par les problèmes de stabilité et de poids. En définitive, ils le maintenaient rivé au sol. Désormais, grâce aux artifices du style gothique – le fût entouré d’une cépée de colonnes, qui fuse directement dans la voûte et l’arc brisé – il pouvait rendre la pierre légère, telle l’expression légère de son esprit.
- Civilisation, un point de vue personnel (1969), Kenneth Clark (trad. Guillaume Villeneuve), éd. éditions NEVICATA, 2021 (ISBN 978-2-87523-167-3), p. 67
Chartres est un concentré du premier grand réveil de la civilisation européenne. C’est aussi le pont unissant le roman et le gothique, le monde d’Abélard et le monde de saint Thomas d’Aquin, le monde d’une curiosité brouillonne et le monde du système et de l’ordre. De grandes choses allaient se faire dans les siècles suivants du haut gothique, de grands exploits de construction, tant en architecture qu’en philosophie. Mais tous reposaient sur les fondations du XIIe siècle. Ce fut l’âge qui donna son impulsion à la civilisation européenne. Notre énergie intellectuelle, notre contact avec les grands esprits de Grèce, notre aptitude à bouger et changer, notre conviction que Dieu peut être approché par la beauté, notre sentiment de compassion, notre sentiment de l’unité de la chrétienté - tout cela, et bien plus, apparut dans les cent années merveilleuses séparant la consécration de Cluny de la reconstruction de Chartres.
- Civilisation, un point de vue personnel (1969), Kenneth Clark (trad. Guillaume Villeneuve), éd. éditions NEVICATA, 2021 (ISBN 978-2-87523-167-3), p. 68
L’une des raisons pour lesquelles l’architecture médiévale et renaissante surpasse tant la nôtre, c’est que les architectes étaient des artistes. Les tailleurs de pierre des cathédrales gothiques avaient commencé par sculpter leurs portails. À la Renaissance, Brunelleschi fut d’abord un sculpteur, Bramante un peintre ; Raphaël, Peruzzi et Jules Romain étaient tous trois des peintres qui se firent architectes dans l’âge mûr. Parmi les grands architectes de la Rome du XVIIe siècle, Pietro de Cortona était peintre et le Bernin sculpteur ; cela a donné à leur œuvre une puissance d’invention plastique, un sens de la proportion, une articulation reposant sur l’étude de la forme humaine que la maîtrise des forces de tension de l’acier et d’autres nécessités de la construction moderne n’engendrent pas toujours.
- Civilisation, un point de vue personnel (1969), Kenneth Clark (trad. Guillaume Villeneuve), éd. éditions NEVICATA, 2010 (ISBN 978-2-87523-167-3), p. 143,144
- Les terrasses de l'île d'Elbe, Jean Giono, éd. Gallimard, coll. « L'Imaginaire », 2006 (ISBN 2-07-074383-7), p. 18
- Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, Eugène Viollet-le-Duc, éd. Bance et Morel, 1854 à 1868, t. 8, chap. Restauration, p. 14 (texte intégral sur Wikisource)
- Citation choisie pour le 25 juillet 2009.
- « Note ajoutée à la huitième édition », dans Notre-Dame de Paris, Victor Hugo, éd. Renduel, 1836, p. 11
- Vers une architecture, Le Corbusier, éd. G. Crès, 1924, p. V
Une grande époque vient de commencer.
Il existe un esprit nouveau.
Il existe une foule d’œuvres d’esprit nouveau ; elles se rencontrent surtout dans la production industrielle.
L’architecture étouffe dans les usages.
Les « styles » sont un mensonge.
Le style, c’est une unité de principe qui anime toutes les œuvres d’une époque et qui résulte d’un esprit caractérisé.
Notre époque fixe chaque jour son style.
Nos yeux, malheureusement, ne savent pas le discerner encore.
- Vers une architecture, Le Corbusier, éd. G. Crès, 1924, p. 67
On met en œuvre de la pierre, du bois, du ciment ; on en fait des maisons, des palais ; c'est de la construction. L'ingéniosité travaille.
Mais, tout à coup, vous me prenez au cœur, vous me faites du bien, je suis heureux, je dis : c'est beau. Voilà l'architecture. L'art est ici.
- Vers une architecture, Le Corbusier, éd. G. Crès, 1924, p. 123
- (1901)
- Monsieur Croche et autres écrits (1901-1914), Claude Debussy, éd. Gallimard, 1987, p. 38
- Le Théâtre des opérations (1999), Maurice G. Dantec, éd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, p. 183
- Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig, éd. Grasset, 2005, p. 28
Marie Morel
[modifier]- Pierre Boulez, dans :
- Odette Ducarre, Marie Morel, éd. Regard (Marie Morel), 2010, p. 101
- Le Feu, Gabriele D'Annunzio, éd. La Revue de Paris, 1900, chap. I. L'épiphanie du feu, p. 241