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Zengakuren

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La Zengakuren (全学連?) diminutif de zen-nihon gakusei jichikai sō rengō (全日本学生自治会総連合?) signifiant Fédération japonaise des associations autonomes d'étudiants est une ligue étudiante d'extrême gauche créée au Japon le . Elle est célèbre pour être à l'origine de nombreuses manifestations.

Bien qu'elle ait été créée formellement en 1948, par Teruo Takei (en)[1], des mouvements politiques parmi les étudiants japonais peuvent être retracés bien avant[2].

L’organisation est fondée par des membres des « cellules communistes étudiantes », affiliées au Parti communiste japonais, et devient membre de l’Union internationale des étudiants lors de sa quatrième convention annuelle se tenant à Sofia en Bulgarie en . À la fin des années 1950 le Zengakuren se sépare du Parti communiste.

Entre 1955 et 1957, étudiants et syndicats organisent un mouvement de protestation (guérilla urbaine s'opposant à l’agrandissement d’une base militaire américaine, à Sunagawa, à l’ouest de Tokyo, et à l’expropriation de cent quarante familles[1]. Ils s'oppose également au traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon. Face à la ratification de ce traité, la Zengakuren se divise en trois factions principales : le Minseidô, le Sanpa Zengakuren (dont le Chūkaku-ha) et le Kakumaru-ha. Kakumaru-ha et Chūkaku-ha débute alors une guerre fratricide et s’entretuent, entraînant une centaine de morts[note 1].

Dans les années 1960-70, 60 % de la population estudiantine du pays en est membre, représentant près de 300 000 personnes. La jeunesse se mobilise à l’origine, son opposition à la guerre du Vietnam et aux bases américaines sur le sol japonais[1].

Les principaux motifs d'action de cette fédération ont été la lutte contre la guerre de Corée, ainsi que la révision du Traité de sécurité, conclu entre les États-Unis et le Japon. Cette mobilisation culmina au moment de la signature du traité, dans des manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes et des affrontements avec la police qui provoquèrent la mort d’un étudiant[4].

La Zengakuren éclate dans les années 1960 et 1970. Les différents groupes qui en sont issus sont de taille relativement modeste, allant de quelques centaines à quelques milliers de membres au plus, et leur capacité à mobiliser diminue pendant la première moitié des années 1960.

Depuis les protestations meurtrières des années 1970 et le discours révolutionnaire du Zengakuren est perçu comme dangereux et fait peur, le groupe est depuis honni par la société japonaise[5].

Certaines factions du mouvement organisent des attaques armées, et une guerre fratricide en son sein se prolonge jusqu’à la fin des années 1990[5].

En 2002, la Zengakuren participe aux manifestations contre la guerre en Irak. De nos jours, la Zengakuren milite pour le maintien de l'article 9 de la constitution japonaise, par lequel le pays s'engage à renoncer à la guerre.

Les objectifs du Zengakuren sont exprimés dans son premier manifeste rendu public, et exprime des ambitions bien plus larges que la simple cause étudiante :

« Avec pour ambition de rendre possibles les revendications de tous les étudiants dans une voie démocratique, ainsi que de contribuer à la construction d’un Japon démocratisé par des moyens comme la réhabilitation de l’éducation, la Zengakuren s’engage à soutenir :

  1. La stabilisation et l’amélioration des conditions de vie pour les étudiants ; une égalité des chances et un accès à l’école pour tous.
  2. La liberté académique et la défense de la culture nationale.
  3. La complète démocratisation des institutions scolaires.
  4. La défense des conditions de vie pour les professeurs et le personnel administratif.
  5. L’unification et l’élargissement du front étudiant.
  6. La défense de la paix et de la démocratie.
  7. Toutes autres activités nécessaires à l’accomplissement des buts de cette union. »

L'organisation partage des idéaux antimilitariste, anti-impérialiste américain, anticapitaliste, antistaniliste. Ils demandent le retrait des bases américaines du territoire japonais, la fin de l’invasion de l'Ukraine par la Russie[5],[1].

Composantes

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Zengakuren sert de nom à cinq fédérations étudiantes japonaises liées à des organisations politiques et représentent souvent leur branche estudiantine. Ces cinq fédérations sont :

Notes et références

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  1. 46 morts et 4 388 blessés dans le cadre de l’Uchigeba entre 1969 et 1976[3],[1].

Références

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(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Zengakuren » (voir la liste des auteurs).
  1. a b c d et e Johann Fleuri, « Les plaies encore ouvertes des violences politiques du Japon d’après-guerre », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. https://www.jstor.org/stable/2111956?seq=1#page_scan_tab_contents
  3. Chelsea Szendi Schieder, professeure à l’université Aoyama Gakuin, Coed Revolution: the Female Student in the Japanese New Left, Duke University Press, 2021
  4. Toyomasa Fuse, « Le radicalisme étudiant au Japon : une « révolution culturelle »? », L'Homme et la société, vol. 16, no 1,‎ , p. 241–266 (DOI 10.3406/homso.1970.1290, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c et d Johann Fleuri, « Sous les casques, la révolution : la nouvelle génération de l’extrême gauche japonaise », Mediapart,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

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Filmographie

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  • Gewalt no Mori - Kare ha Waseda de shinda

(2024) de Haruhiko Daishima, Japon - 2h14 - Documentaire, Titre original : ゲバルトの杜 彼は早稲田で死んだ (?)

Bibliographie

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  • Bernard Béraud, La Gauche révolutionnaire au Japon, Le Seuil,
  • « Janvier 1969 : Le Mai 68 japonais s’achève dans la confusion », Alternative libertaire,‎ (lire en ligne)
  • Michiya Shimbori, Zengakuren : A Japanese Case Study of a Student Political Movement in: Sociology of Education, Vol. 37, No. 3, printemps 1964.
  • William Andrews, Dissenting Japan: A History of Japanese Radicalism and Counterculture, from 1945 to Fukushima (C. Hurst & Co, 2016

Liens externes

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