Utilisateur:ORL PU/Nirvana
Pays d'origine | Aberdeen États-Unis |
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Genre musical | Grunge, rock alternatif, pop |
Années actives | 1987 - 1994 |
Labels |
Sub Pop DGC Records |
Membres |
Kurt Cobain Krist Novoselic Dave Grohl |
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Anciens membres |
Aaron Burckhard Dave Foster Dale Crover Jason Everman Chad Channing Dan Peters |
Nirvana est un groupe américain de grunge formé en 1987 à Aberdeen, dans l'état de Washington, par le chanteur-guitariste Kurt Cobain et le bassiste Krist Novoselic. Après une succession de batteurs et un premier album qui suit la scène Sub Pop, la formation se stabilise avec l'arrivée de Dave Grohl en octobre 1990.
Le trio sort alors son deuxième album studio, Nevermind, en septembre 1991, accompagné du single Smells Like Teen Spirit. Le clip de celui-ci est diffusé à longueur de journées sur MTV, tandis que le disque se vend à plus de 3 millions d'exemplaires en moins de six mois, balayant tout sur son passage. Le groupe et Cobain tout particulièrement sont suivis sans cesse par la presse, la relation de ce dernier avec Courtney Love faisant régulièrement la une de la presse pour ses frasques. Sous pression, la formation est au bord de la rupture à l'été 1992 mais accepte de participer au festival de Reading, qui verra l'une de leurs prestations scéniques les plus abouties de leur carrière.
Nirvana s'isole au début de l'année 1993 au studio Pachyderm avec Steve Albini et y enregistre son troisième album, dans l'objectif de retrouver le son de Bleach mais avec la maturité acquise depuis lors. Après un remixage de la première version, In Utero sort en septembre et s'empare directement de la tête des différents classements de ventes, bien qu'il ne bénéficie d'aucune promotion. À la mi-novembre, le groupe, désormais accompagné de Pat Smear à la guitare, s'illustre lors de l'émission MTV Unplugged, lors de laquelle il réalise plusieurs reprises dont le déchirant Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly. Après une dernière jam session au début de l'année 1994, la tournée européenne qui suit s'achèvera prématurément suite aux maladies de Cobain, avant qu'il ne rentre à Los Angeles après une première tentative de suicide. La seconde quelques jours plus tard lui sera fatale.
Avec seulement trois albums studio, les compositions de Cobain proposent autant des ballades pop « beatlesques » que des morceaux aux riffs agressifs façon Led Zeppelin, aux thèmes variés : drogues, maladies, machisme et amour notamment. La carrière de Nirvana, bien que courte, marque toutefois l'histoire du rock de son empreinte, rendant populaire le rock alternatif et ouvrant la voie à d'autres groupes tels The Offspring et Green Day pour briller sur la scène mondiale. DGC Records, leur label, continue d'ailleurs toujours de profiter de l'aura du groupe pour publier régulièrement des compilations, des albums live ou de nouvelles éditions d'albums de la formation.
Histoire
[modifier | modifier le code]Débuts (1987–1988)
[modifier | modifier le code]Kurt Cobain et Krist Novoselic se rencontrent pour la première fois en 1984 à la salle de répétition des Melvins, à Aberdeen[a 1]. Bien que le premier veuille déjà monter un groupe avec le second, ce n'est qu'en 1987 qu'ils commencent à jouer ensemble. Ils débutent avec Bob McFadden à la batterie[a 2], mais recrutent Aaron Burckhard durant l'hiver pour le remplacer[a 3]. Ils jouent d'abord des morceaux de Fecal Matter, l'ancien groupe de Cobain, avant de composer de nouvelles chansons[a 3].
Cobain et Novoselic déménagent respectivement à Tacoma et Olympia et perdent contact avec leur batteur. Dale Crover, des Melvins, les rejoint alors pour leurs répétitions[a 4]. Le 23 janvier 1988, les trois musiciens enregistrent leur première démo de dix titres au studio d'enregistrement Reciprocal Recording avec le producteur Jack Endino, qui la présente à Jonathan Poneman, directeur du label Sub Pop[m 1],[g 1]. Crover quitte à son tour le groupe en mars en leur recommandant Dave Foster[a 5]. La formation se stabilise pendant quelques mois, mais à la suite d'un séjour en prison de ce dernier et malgré un éphémère retour de Burckhard, le duo décide de poster une annonce dans le magazine The Rocket afin de trouver leur maillon manquant[m 1]. Un ami commun leur présente alors Chad Channing, qui devient le nouveau batteur du groupe[a 6]. Le trio adopte différents noms avant de se fixer sur Nirvana[a 7], puis donne son premier concert sous ce nom le 19 mars 1988 au Community World Theatre de Tacoma[m 2].
Jonathan Poneman les invite à participer à un Sub Pop Sunday au club Vogue de Seattle le 24 avril. Poneman et Bruce Pavitt, l'autre dirigeant du label, sont impressionnés par « la fureur scénique du groupe »[m 2]. Nirvana est de ce fait convié au Reciprocal Recording à plusieurs reprises en juin et juillet afin d'enregistrer avec Endino deux chansons : Love Buzz, reprise de Shocking Blue, et Big Cheese. À la suite de ces différentes sessions, Jonathan Poneman choisit d'inaugurer le Sub Pop Singles Club en novembre 1988 avec la sortie de leur premier single, Love Buzz[m 2], tiré à 1 000 exemplaires[t 1].
Prémices du succès (1988–1990)
[modifier | modifier le code]En parallèle de leur signature avec Sub Pop, le trio répète durant plusieurs semaines dans l'optique d'entrer en studio[m 3],[g 2].,[a 8]. Une première session de cinq ou six heures se fait le 24 décembre 1988 au Reciprocal Recording mais n'est pas très productive : le groupe et sous la houlette de Jack Endino — le producteur de Sub Pop qui a supervisé les groupes majeurs de la première vague grunge tels que Mudhoney, Tad et Soundgarden — partagent plus leurs impressions sur ce qu'ils souhaitent faire qu'ils ne jouent[m 3],[a 9]. Les sessions suivantes des 29, 30 et 31 décembre, puis des 14 et 24 janvier, se révèlent bien plus fructueuses, et l'album est enregistré et mixé en une trentaine d'heures. Endino facture finalement l'enregistrement 606,17 $ à Nirvana[a 9]. Le groupe emprunte cet argent à Jason Everman, ce qui lui vaut d'être crédité comme deuxième guitariste alors qu'il n'a pas joué une seule note de guitare sur l'album[m 3].
Sub Pop n'ayant pas suffisamment de fonds pour publier l'album, sa parution est repoussée de plusieurs mois et ne bénéficie d'aucune promotion : avec seulement 5 000 copies prévues, le label ne croit pas en la réussite du groupe et se concentre davantage sur Mudhoney et Tad[a 9],[m 4],[g 3]. Bleach paraît le 15 juin 1989 aux États-Unis et au Royaume-Uni, par Tupelo Records dans une édition incluant Big Cheese[m 4], tandis que Waterfront Records se charge de sa diffusion en Australie[1],[2].
Malgré la très faible promotion du label, Nirvana part dans son vieux van pour une tournée de dix-neuf dates accompagné de leur deuxième guitariste Jason Everman. Le public est très peu nombreux et la majorité des spectateurs sont davantage attirés par la réputation de Sub Pop que par Nirvana eux-mêmes. Le budget, lui aussi très limité, force souvent les membres à dormir dans la même chambre de motel, voire dans le même lit. Au cours de la tournée, Everman se retire petit à petit du groupe, Cobain ne lui adressant même plus la parole lors du trajet retour pour Seattle[m 4]. Cobain et Novoselic forment brièvement un supergroupe avec Mark Lanegan et Mark Pickerel, de Screaming Trees, au Reciprocal Recording les 20 et 28 août. Influencés par Led Zeppelin et Cream, ils échangent également sur la culture blues et notamment Leadbelly, figure majeure de la musique populaire américaine dans les années 1930-1940[m 4],[m 5].
Nirvana ne donne que quatre concerts dans l'État de Washington en août et deux en septembre dans le Midwest, Cobain passant beaucoup de temps dans son appartement d'Olympia à écrire de nouvelles chansons, dont Sliver et Smells Like Teen Spirit. Le groupe se réunit un soir au studio Music Source avec le producteur Steve Fisk afin d'enregistrer Blew, un maxi à destination de l'Europe où Bleach vient seulement de paraître et où ils vont bientôt donner des concerts[m 5]. Ils commencent leur tournée européenne devant un public et une presse britannique enthousiastes, puis traversent l'Europe pendant six semaines dans un van devant des salles de plus en plus pleines[m 5]. Leur prestation à Rome est désastreuse et Cobain déclare alors qu'il quitte le groupe, avant de menacer de sauter dans le vide, s'opposant directement à l'attitude des deux dirigeants de Sub Pop, qui ont profité du spectacle à leur aise alors que le trio enchaîne les dates dans des conditions déplorables. Presque sans le sou, les musiciens peuvent à peine remplacer le matériel qu'ils détruisent « instinctivement » sur scène[m 5]. Cobain fracasse ainsi sa nouvelle Fender sur Novoselic et sa basse lors d'une des deux soirées à l'Astoria de Londres, faisant de Nirvana les ambassadeurs du son de Seattle et du grunge. Leur réputation traverse ensuite l'Atlantique et les premiers mois de l'année 1990 voient les ventes de Bleach enfin décoller, lui permettant de rencontrer le plus grand succès jamais rencontré par un premier album sorti sur un label indépendant[m 6].
Déferlante Nirvana (1990-1992)
[modifier | modifier le code]Nirvana commence à travailler sur son deuxième album avec Sub Pop dès le début de l'année 1990, avec Butch Vig à la production, sur conseil de Bruce Pavitt[3],[p 1]. Le groupe entre dans ses studios de Madison, dans le Wisconsin, et y enregistre huit chansons pendant quatre jours[a 10]. Les paroles ne sont pas encore définitives car Kurt Cobain y travaille toujours[b 1]. La session s'achève quand Cobain se casse la voix sur Lithium[3]. Le chanteur est aussi particulièrement mécontent du jeu de Channing à la batterie alors que ce dernier est frustré de ne pas être plus impliqué dans le processus créatif: il quitte le groupe peu après[b 2],[a 10]. En quête d'un remplaçant, Cobain et Novoselic font d'abord appel à Dale Crover, puis à Dan Peters, de Mudhoney[a 11], avant de rencontrer Dave Grohl, ancien batteur de Scream[t 2],[a 12]. Le batteur est engagé en octobre 1990 et Novoselic dira plus tard : « dès que Dave nous a rejoint, tout s'est mis en place, Nirvana avait trouvé son chaînon manquant […] Quelque chose nous a fait nous rencontrer, et l'impact était immédiat »[3].
En parallèle, Cobain écoute alors des groupes comme R.E.M., The Smithereens ou les Pixies. Désabusé par le son lourd de la scène grunge sur lequel Sub Pop a construit son image, il s'inspire de ces artistes pour écrire des morceaux plus mélodiques, mais dont la musique n'est pas trop lissée, avec « une guitare rugissante et une batterie sauvage »[3]. Le single Sliver, sorti en septembre 1990, montre la nouvelle orientation musicale qu'il veut prendre et a d'ailleurs pour but de préparer le public au prochain album du groupe[a 13].
Le changement de batteur s'accompagne également de la recherche d'un nouveau label pour Nirvana et se sert pour cela de la démo de la session d'enregistrement. Sub Pop connaît des difficultés financières, alors le trio décide de prendre les devants et se cherche une nouvelle maison de disque suffisamment importante pour racheter leur contrat[a 14]. Plusieurs labels les courtisent mais le groupe finit par signer avec DGC Records sur les recommandations de Kim Gordon, de Sonic Youth[a 15]. DGC leur propose de terminer l'album en collaborant avec un autre producteur, leur soumettant plusieurs noms dont celui de Scott Litt, mais le groupe souhaite garder Vig, avec qui il a établi un rapport de confiance[a 16]. La suite de l'enregistrement se fait aux studios Sound City de Van Nuys en mai 1991[s 1].
Pour payer l'essence du trajet jusqu'à Los Angeles, le trio donne un concert le 17 avril au cours duquel il interprète Smells Like Teen Spirit pour la première fois en public[3]. À leur arrivée, ils passent d'abord quelques jours à peaufiner les arrangements des chansons avec Vig[a 17]. À raison de huit à dix heures par jour, deux ou trois prises suffisent pour chaque titre avant de passer à un autre morceau, les chansons ayant été longuement répétées avant[a 18],[a 19],[d 1],[p 2]. Chaque soir, le trio part relâcher la pression à Hollywood et Novoselic, grand consommateur de whisky et seul membre du groupe à avoir le permis de conduire, est même arrêté une nuit par la police en raison de sa conduite erratique[o 1].
Novoselic et Grohl terminent leurs parties en quelques jours, mais Cobain doit travailler plus longuement la guitare et le chant[a 20]. Bien que réticent à multiplier les prises, le chanteur se laisse persuader de doubler sa piste vocale comme John Lennon, l'une de ses idoles, le faisait[3]. La bonne ambiance règne durant les sessions d'enregistrement même si Vig rapportera plus tard que Cobain était lunatique et difficile par moments, affirmant qu'il « pouvait être formidable pendant une heure et passer l'heure suivante assis dans un coin sans dire un mot »[p 1].
Une fois l'enregistrement de l'album terminé, Vig et le groupe partent le mixer fin mai aux studios Devonshire, mais sont mécontents de leur travail au bout de quelques jours et décident de faire appel à quelqu'un d'autre pour superviser ce procédé. DGC Records leur fournit une liste de noms dont font partie Scott Litt et Ed Stasium. Cobain craint néanmoins qu'en faisant appel à eux, le son de l'album se rapproche trop de ce qu'ils ont fait avec R.E.M. et The Smithereens, il préfère donc Andy Wallace, qui a travaillé sur Seasons in the Abyss (1990) de Slayer[b 3].
Nevermind sort le 24 septembre 1991[a 19],[b 4], précédé deux semaines plus tôt par le single Smells Like Teen Spirit, qui doit rassembler une base de fans parmi les amateurs de rock alternatif, tandis que le deuxième single programmé, Come as You Are, doit fédérer un public plus large[a 21]. DGC Records espère ainsi qu'il se vendra environ 250 000 exemplaires de l'album, le chiffre atteint par Goo, l'album de Sonic Youth sorti l'année précédente par le label[p 3]. L'album entre dans le classement Billboard 200 à la 144e place le 12 octobre[t 3],[g 4]. À la suite de la diffusion du clip de Smells Like Teen Spirit sur MTV le 14 octobre, la chanson devient de plus en plus populaire et la chaîne la passe plusieurs fois par jour pendant neuf semaines[a 22],[g 4]. C'est désormais un véritable tube et Nevermind se vend tellement bien que les stratégies de marketing de DGC deviennent rapidement obsolètes : il est disque d'or à la fin octobre, puis disque de platine, mais le trio demeure assez indifférent à ce succès, surtout surpris de cette réussite[a 23],[a 21],[g 5]. Cobain se désole même de cette médiatisation : « je ne pense pas que cela soit génial de passer 20 fois par jour sur MTV, à part pour les ventes de l'album. Du strict point de vue de l'image du groupe, c'est catastrophique. On passe vraiment pour un produit de consommation courante »[t 4].
Nirvana se lance fin septembre dans une tournée d'un mois en Amérique du Nord pour promouvoir l'album, puis part en Europe début novembre pour vingt-quatre dates[4]. À Gand, le 23 novembre, Grohl et Novoselic échangent leur place afin de jouer pour la première fois en public Where Did You Sleep Last Night, reprise de Leadbelly et chanson emblématique de Nirvana par la suite[g 6]. C'est également pendant cette tournée européenne que le groupe se rend compte de sa popularité, les salles de concerts étant bondées, des équipes de télévision les suivant constamment sur scène et Smells Like Teen Spirit passant sans arrêt à la radio et sur les chaînes musicales[a 23]. Leur prestation lors de l'émission britannique Top of the Pops du 27 novembre est d'ailleurs très remarquée tant le trio, excédé de devoir jouer en playback, interprète le single délibérément sans enthousiasme[g 6],[m 7]. Ils sont ensuite invité début janvier 1992 aux émissions Late Show with David Letterman et Saturday Night Live pendant lesquelles Novoselic donne un baiser à ses compères[g 6],[m 8]. Tout comme lors de ces émissions, le groupe achève ses concerts Territorial Pissings ou Endless, Nameless, chansons au tempo frénétique que le trio conclut invariablement par la destruction de ses guitares[d 2], et parfois même de la batterie[4].
Le 11 janvier 1992, Nevermind déloge Dangerous de Michael Jackson de la première place du Billboard 200, se vendant alors à environ 300 000 exemplaires par semaine[a 24]. Même le New York Times s'intéresse à la réussite du groupe et du disque dans sa section économique. Début février, trois millions de copies se sont alors vendues[g 6]. Le 24 janvier, le groupe entame à Sydney une tournée dix-sept dates dans le Pacifique qui s'achève le 22 février à Honolulu[5], où Kurt Cobain épouse Courtney Love deux jours plus tard en pyjama sur la plage[g 6]. Come as You Are sort le 24 février mais connaît moins de succès que son prédécesseur[6]. Le groupe décide d'annuler sa deuxième tournée américaine prévue en avril en raison de la fatigue accumulée pendant les tournées précédentes[a 25]. Le trio revient jouer dix concerts en Europe du 21 juin au 4 juillet[5].
Alors que Nevermind s'est vendu à plus de cinq millions d'exemplaires et que Nirvana occupe le devant de la scène musicale mondiale, rendant populaire le grunge et le rock alternatif en général[t 5], Cobain s'adjuge 75 % des droits d'auteur du groupe et son état de santé inquiète à la vue des multiples drogues qu'il consomme de façon excessive. Sa femme et lui font d'ailleurs régulièrement les unes des journaux pour cette raison[m 9]. Des rumeurs annonçant la séparation du groupe naissent en conséquence. Malgré le faible nombre de répétitions et en échange de 250 000 $, Nirvana accepte d'être en tête d'affiche du festival de Reading le 30 août. Le chanteur arrive sur scène dans un fauteuil roulant et habillé d'une robe d'hôpital[a 26],[g 7]. Devant 40 000 personnes, ils se jouent des rumeurs de fin de groupe tout au long du spectacle et présentent Tourette's pour la première fois[g 7], faisant de ce concert l'une des meilleures performances scéniques de leur carrière[7].
Ne pouvant publier de nouvel album à la fin de l'année 1992, DGC Records publie le 15 décembre la compilation Incesticide, qui rassemble des titres enregistrés au cours des cinq dernières années et un livret complet où Cobain évoque principalement ses préférences musicales[m 10]. En parallèle, le label réédite Bleach en collaboration avec Sub Pop afin de profiter pleinement du succès interplanétaire de Nirvana[p 4].
Point de non-retour (1993-1994)
[modifier | modifier le code]In Utero, le message d'adieu de Kurt Cobain (1993)
[modifier | modifier le code]Le chanteur, qui a déjà entamé la composition de la plupart des chansons dans son appartement au printemps 1992[m 11], souhaiterait commencer à travailler dessus avec le reste du groupe à partir de l'été mais les trois musiciens vivent désormais dans des villes différentes : Grohl est retourné en Virginie, Novoselic vit avec sa femme à Seattle et Cobain attend la naissance de sa fille Frances Bean à Los Angeles[a 27]. Trouvant le son de Nevermind trop lisse, il souhaiterait aussi revenir à l'intensité primale de Bleach pour leur prochain album, en y ajoutant leur maturité[r 1],[m 11]. Dès juillet, il fait part de sa volonté d'enregistrer avec Endino et Steve Albini, producteur de Surfer Rosa des Pixies. Ils effectuent d'ailleurs une session fin octobre avec le premier à Seattle[r 2],[m 11], mais le producteur ne souhaite cependant pas prendre la responsabilité du nouvel album, remarquant d'ailleurs que le trio ne demande pas spécialement son aide. Cobain fait donc appel à Albini[r 3],[m 11], réputé pour son son « abrasif presque corrosif qui magnétise les auditeurs »[g 8].
Lors de leur passage au Brésil fin janvier 1993 pour le festival Hollywood Rock, ils se rendent dans un studio de São Paulo et y enregistrent quelques démos[r 4], puis jouent pour la première fois en public Scentless Apprentice et Heart-Shaped Box le lendemain à Rio de Janeiro[m 12]. Cobain et Albini échangent beaucoup par fax sur la direction à prendre pour l'album, la nécessité d'avoir un son rugueux et des sessions en prise directe[m 11]. Ils s'imposent d'entrée une durée maximale de quinze jours pour l'enregistrement de l'album. Se méfiant de DGC Records, le producteur propose que le groupe paye directe la facture (location du studio, enregistrement et production d'Albini) et refuse de toucher un pourcentage sur les ventes, pratique qu'il considère immorale et comme « une insulte à l'artiste »[m 13],[a 28],[p 5].
En février 1993, Nirvana se rend au studio Pachyderm à Cannon Falls, dans le Minnesota, afin d'éviter tout contact médiatique et rencontre Albini physiquement pour la première fois[m 13],[t 6],[r 5]. Seul le technicien Bob Weston est présent avec eux durant la grande majorité des sessions. Ils précisent clairement à DGC Records qu'ils ne souhaitaient pas être dérangés pendant l'enregistrement et refusent d'ailleurs de montrer le travail en cours à l'A&R du label[a 29]. De plus, le producteur demande aux trois musiciens de se couper des personnes extérieures car il estime que l'entourage du trio est « le plus gros tas de merde qu'il ait jamais rencontré »[e 1]. Le rythme est rapidement très soutenu et les morceaux sont enregistrés avec les trois musiciens ensemble en direct, sans aucun effet[m 13]. Cobain ajoute ensuite des passages supplémentaires et des solos de guitare sur la moitié des chansons, puis finit par le chant[m 14], permettant de réaliser l'enregistrement en six jours[r 6],[a 29]. Love vient voir son mari au bout d'une semaine parce qu'il lui manque, altérant l'ambiance dans le studio, critiquant leur travail et allant au conflit avec tout le monde, notamment avec Grohl[p 5],[g 9].
Un premier mixage réalisé en cinq jours est envoyé aux responsables du label, à leur société de management et à leur entourage fin février[r 7]. Les retours sont négatifs : l'album est « inaudible », proposant « des paroles pas à la hauteur », avec « trop d'effets sur la batterie et une voix enfouie » que les radios n'accueilleront probablement pas à bras ouverts[a 30],[m 14]. Les médias s'emparent alors de l'affaire, font monter la pression et le producteur est rapidement traîné dans la boue pour « avoir bousillé le disque de Nirvana ». Cependant, quelques amis du groupe apprécient l'album et Nirvana est alors convaincu qu'il faut le publier ainsi en avril 1993[a 30]. Mais les nombreuses critiques finissent par faire douter les trois musiciens et finalement, le groupe en vient à la conclusion que la basse et le chant sont réellement inaudibles. Ils se tournent de nouveau vers Albini pour remixer l'album, mais celui-ci refuse. Ils confient alors le matriçage à Bob Ludwig pour dissiper les inquiétudes et Novoselic est d'ailleurs ravi du résultat, mais pas Cobain, qui trouve encore le son imparfait[a 31].
Alors que des médias évoquent un album à refaire entièrement[p 6], Nirvana, le directeur de DGC Records, puis David Geffen réagissent pour expliquer que le groupe souhaiterait seulement retravailler certaines chansons avec le producteur Scott Litt, dont la production sur Automatic for the People de R.E.M. a été fortement louée[a 31],[m 15]. Albini proteste violemment, arguant que le groupe avait un accord avec lui et qu'aucune piste ne pouvait être modifiée sans son accord mais il finit par céder quand Novoselic l'appelle. Le trio retravaille Heart-Shaped Box et All Apologies au studio Bad Animals de Seattle en mai 1993 avec Litt[g 10],[a 32].
Nirvana interprète pour la première fois les chansons d'In Utero lors d'un événement organisé par Novoselic au Cow Palace de San Francisco le 9 avril 1993 afin de dénoncer les viols perpétrés en Yougoslavie, son pays d'origine, et récolter des fonds pour les aider. Le bassiste décide d'ailleurs de se faire désormais appeler Krist pour marquer ses origines croates[t 7]. Le groupe ne donne que trois autres concerts au cours de l'été mais ces spectacles marquent une première pour le trio puisque il est rejoint par la violoncelliste Lori Goldston au deuxième[m 15], tandis que Pat Smear, l'ancien guitariste des Germs, est rapidement considéré comme le quatrième membre du groupe après avoir été invité à une de leurs répétitions. Il permet ainsi à Cobain d'avoir plus de libertés sur scène, sans avoir à se soucier de certaines portions de guitares devenues ingérables. Lors du troisième spectacle, le chanteur rejoint sa femme sur scène pour leur unique performance commune[m 15].
In Utero est publié le 13 septembre 1993 au Royaume-Uni et une semaine plus tard aux États-Unis[m 15],[g 11]. Afin d'éviter la surmédiatisation de l'album, DGC Records adopte la même stratégie que pour Nevermind et en fait peu de publicité[p 7]. Aucun single n'est d'ailleurs publié de façon commerciale[p 7]. Bien que le groupe espère aussi avoir moins de succès avec cet album[e 2], In Utero débute directement à la première place du Billboard 200 avec plus de 180 000 disques écoulés dès la première semaine[r 8] et du classement britannique des ventes[8]. Un mois plus tard, le groupe entame une tournée de quarante-cinq dates à travers les États-Unis, dont les premières parties sont assurées par leurs groupes favoris: The Breeders, Shonen Knife, Butthole Surfers ou Meat Puppets[m 16],[g 11].
Concert acoustique et session prometteuse (1994)
[modifier | modifier le code]Afin de relancer les ventes d'albums et de places de concerts moins élevées que prévu, Nirvana accepte de jouer pour l'émission MTV Unplugged le 12 décembre 1993, au cours de laquelle les instruments sont débranchés et les chansons jouées en acoustique. Proposant reprises et chansons de leur répertoire[m 17], ils s'approprient totalement le concept de l'émission et montrent ainsi une nouvelle facette de leur musique[m 17]. Grâce à ce passage télévisuel, In Utero s'est alors vendu à plus de cinq millions d'exemplaires aux États-Unis[9].
Après un dernier concert début janvier 1994 à Seattle, Cobain souhaite enregistrer de nouveaux morceaux et ils réservent un nouveau studio, que Grohl et Novoselic ont visité peu avant, pour la fin du mois[g 12]. Le chanteur n'étant présent que par intermittence, ils n'enregistrent que You Know You're Right. Ils le réservent de nouveau pour avril, après leur tournée européenne[m 18]. Le trio débute son voyage par un passage dans l'émission Nulle part ailleurs sur Canal+ le 4 février et se produit ensuite au Portugal, en France, en Italie, dans l'ex-Yougoslavie chère à Novoselic[m 18], puis à Munich le 1er mars, prestation que Novoselic conclut en plaisantant avec la foule : « nous ne jouons pas dans une salle énorme ce soir, car notre carrière est déclinante. Nous sommes sur une voie de garage. Le grunge est mort, Nirvana est fini. Notre prochain album sera un disque de hip-hop »[g 13].
Les deux dernières dates en Allemagne sont annulées car Cobain est doublement atteint d'une bronchite et d'une laryngite. Au repos avec sa femme à Rome, le chanteur fait une première tentative de suicide le 4 mars en mélangeant du champagne et une cinquantaine de comprimés de Rohypnol[g 13]. Sauvé in extremis après un coma de vingt heures, il est rapatrié dans son manoir aux États-Unis, où il se réfugie et menace d'en finir. Ses armes lui sont confisquées par la police le 18 mars et il est admis pour une cure de désintoxication à Los Angeles le 30. Il s'en échappe le lendemain afin de prendre un avion en direction de Seattle, où il se donne la mort le 5 avril. Son corps est retrouvé trois jours plus tard par un électricien venu installer une alarme[m 18].
Après Nirvana (depuis 1994)
[modifier | modifier le code]Publications posthumes et réunions
[modifier | modifier le code]Nirvana étant l'un des groupes qui vend le plus de disques lorsque Cobain se donne la mort, DGC Records souhaite continuer de surfer sur la vague et demande donc aux deux membres restants de choisir plusieurs titres parmi les différents enregistrements pour sortir une compilation, annoncée sous le nom Chorus Versus Chorus[p 4]. Encore sous le coup de l'émotion, ils en sont incapables et préfèrent publier l'intégralité du concert donné lors de l'émission MTV Unplugged. L'album live, paru en novembre 1994 sous le titre MTV Unplugged in New York, entre instantanément en tête des classements de ventes de plusieurs pays et est l'album posthume le plus vendu au monde. Après l'échec de ses deux groupes Sweet 75 et Eyes Adrift, Novoselic abandonne la musique et se tourne vers la politique tandis que Grohl se lance dans un nouveau projet : Foo Fighters[m 19].
Deux ans plus tard, From the Muddy Banks of the Wishkah, une compilation de chansons enregistrées sur scène entre 1989 et 1994, voit le jour et débute elle aussi en tête du Billboard 200[p 4]. Les années suivantes sont marquées par une bataille juridique entre Love, la veuve de Cobain, et les deux autres membres de Nirvana : la première estime que son mari était le groupe, Grohl et Novoselic n'étant que des musiciens d'accompagnement[p 8]. Un accord est finalement trouvé entre les deux parties en octobre 2002 et est immédiatement consacré par la parution d'une compilation éponyme[m 18],[p 9],[p 10]. Les coffrets With the Lights Out et Sliver: The Best of the Box suivent en 2004 et 2005, proposant démos, répétitions et titres en live encore inédits officiellement[10]. Après la nouvelle publication, cette fois en DVD, de Live! Tonight! Sold Out!! en 2006 et du MTV Unplugged in New York en 2007[11],[12], l’impressionnante performance scénique du trio lors du festival de Reading 1992 suit le même chemin en 2009 avec Live at Reading[13]. En parallèle, Sub Pop célèbre le vingtième anniversaire de son album le plus vendu, Bleach, en lui offrant une édition spéciale[14]. DGC Records fait ensuite de même avec les deux autres albums studios en 2011 et 2013[15],[16].
Grohl, Novoselic et Smear, guitariste additionnel de Nirvana sur scène et quasiment considéré comme le quatrième membre du groupe, se retrouvent pour la première fois sur scène lors du 12-12-12: The Concert for Sandy Relief, un concert qui a lieu le 12 décembre 2012 au Madison Square Garden en faveur des victimes de l'ouragan Sandy. Ils rejoignent Paul McCartney sur la chanson Cut Me Some Slack, composée pour la musique du film Sound City réalisé par Grohl[17]. Le bassiste des Beatles les invite de nouveau le 19 juillet 2013 pour interpréter le même titre lors de son unique concert au Safeco Field, à Seattle, sorte de retour aux sources pour les survivants de Nirvana[18].
Foo Fighters
[modifier | modifier le code]Après la mort de Cobain, Grohl entre en dépression, trouvant difficile d'écouter et de jouer de la musique, et hésite même à arrêter sa carrière musicale[19],[p 11]. Entamant alors « une sorte de thérapie cathartique, pour enregistrer et sortir les chansons qu'il a lui-même écrites »[p 12], il enregistre intégralement une dizaine de morceaux en une semaine aux Robert Lang Studios en octobre 1994[19], aidé par le producteur Barrett Jones[g 14]. Prévoyant de les publier dans un premier temps sous le nom de Foo Fighters[p 13],[p 14],[g 14], le label Capitol Records (avec qui il vient de signer[p 13],[p 15]) et ses amis l'encouragent à engager d'autres membres pour former un groupe et ainsi promouvoir l'album éponyme par des concerts : il engage ainsi Smear en plus de William Goldsmith et Nate Mendel, de Sunny Day Real Estate[g 14]. Ce premier disque sort en juillet 1995 et se vend à plus de deux millions d'exemplaires dans le monde en six mois[g 15],[p 16].
Après quinze ans de carrière, plusieurs millions de disques vendus et des tournées au succès international[20], la formation fait le choix de revenir aux sources avec un septième album studio devant « capturer l'essence-même du groupe ». Pour cela, Grohl décide d'installer un studio dans son garage en Californie et fait appel à Butch Vig pour la production, vingt ans après Nevermind[p 17]. Publié en avril 2011 en parallèle de Back and Forth, le film retraçant l'histoire de Foo Fighters via des interviews, Wasting Light voit également la participation de Novoselic sur la chanson I Should Have Known[19],[m 19]. Début 2013, Grohl réalise Sound City, un documentaire sur les studios Sound City, lieu de l'enregistrement de Nevermind[21]. Foo Fighters dépasse désormais les vingts ans de carrière et les douze millions d'albums vendus[22].
Style musical
[modifier | modifier le code]Musique et influences
[modifier | modifier le code]Avec un « son de basse profond, parfois sombre et boueux, des distorsions mises en avant et des mélodies éparses que porte la voix de Kurt Cobain, à l'intensité souvent primale »[m 4], Bleach est le résultat souhaité par Sub Pop, label ayant fortement influencé le grunge en signant les groupes locaux et les faisant enregistrer au Reciprocal Recording avec Jack Endino[a 33]. Ainsi, les albums qui y sont produits proposent un punk rock violent aux riffs « omniprésents » traversé de « quelques éclairs pop », mais occulte tout solo de guitare[t 8]. Sur un autre label pour Nevermind, Cobain exprime bien plus son talent pour les mélodies pop efficaces, qu'il oppose à la rage punk rock entrevue précédemment. Ce mélange, considéré par les critiques musicaux comme particulièrement réussi, est d'ailleurs l'un des principaux facteurs du succès de l'album[t 9],[d 3]. Pour le troisième et dernier opus, In Utero, le groupe et Steve Albini désiraient revenir à un son plus brut, comme sur Bleach[a 28]. La musique est ainsi à la fois plus abrasive, mais paradoxalement plus accessible que sur Nevermind, oscillant entre instincts punk et harmonies pop[a 34]. Le chanteur estime que celle-ci est plus expérimentale et plus agressive qu'auparavant, et donne un aperçu de ce qu'auraient été leurs futures productions[r 9],[a 35].
Caractéristiques du grunge et de Nirvana, la plupart de leurs chansons présente des séquences d'accords basées principalement sur des power chords et des changements de nuances, passant de couplets calmes à des refrains énergiques au rythme des riffs de guitare dissonants[p 18],[p 19]. De fait, la distorsion et le chorus sont les principaux effets utilisée par le groupe[p 20]. De même, au niveau de la voix, Butch Vig s'est servi, parfois avec ruse, de la technique du re-recording pour donner plus de puissance au chant de Cobain sur Nevermind (Drain You)[3], alors qu'Albini considérait que c'était inutile, l'écho d'une pièce isolée lui paraissant suffisant[r 10]. L'arrivée de Dave Grohl au sein du groupe a permis de stabiliser la formation, mais aussi de plus impliquer son instrument dans leurs chansons. La batterie est ainsi très présente sur In Bloom et sur le deuxième album en général[d 4]. Bien que le batteur enregistre seul dans une pièce séparée et bardée d'une trentaine de micros pour capter la réverbération naturelle de la salle[a 36], la production finale d'In Utero ne met finalement que très peu en valeur son jeu[g 11]. Afin de donner un son particulier à sa basse, Krist Novoselic l'accorde en ré bémol, soit un ton et demi plus bas que la normale[p 2].
Pendant son enfance, l'entourage de Cobain lui de nombreuses cassettes audio des Beatles, celui-ci se passionnant pour le groupe mythique qu'il écoute en boucle. Quand il se met à composer ses propres chansons par la suite, pop notamment, elles en sont naturellement influencées[m 4]. Ainsi, About a Girl, ballade à la « mélodie carillonnante et au refrain ironique »[s 2], et Dumb rappellent les « les mélodies simples et lumineuses » du Fab Four[m 20]. Même si son talent pour l'écriture de ce type de morceaux est reconnu, ils ne constituent pas la majorité du répertoire de Nirvana, Cobain préférant alterner couplets calmes et refrains puissants dans le style des Pixies[d 5]. Des chansons comme Smells Like Teen Spirit, Mr. Moustache ou Paper Cuts marquent aussi une opposition entre rugissements de guitares, rythme lourd et mélodie folk, à la façon Led Zeppelin[s 2],[23],[24]. Cette inspiration présente dès le premier album se retrouve souvent confrontée à un tempo proche du metal de Black Sabbath et Metallica (Scoff, School, Swap Meet, Sifting)[24],[23],[d 6].
Provenant de Seattle et partageant le même producteur, le groupe propose quelques riffs proches de ceux des autres formations de la scène grunge locale, tels les Melvins sur Paper Cuts[s 2],[23] ou Mudhoney sur Negative Creep[d 7]. L'importance de l'ingénieur du son dans le processus de création amène le trio vers de nouvelles orientations musicales, notamment lors du remixage d'In Utero, où All Apologies et Dumb bénéficient du violoncelle de Kera Schaley[m 20]. Cette touche délicate est le fruit de Scott Litt, dont le travail se rapproche de ce qu'il avait fait sur Automatic for the People, de R.E.M.[m 16]. De même, ils ont privilégié Andy Wallace lors du mixage de Nevermind, car ils appréciaient le son qu'il avait produit sur l'album Seasons in the Abyss du groupe de thrash metal Slayer en 1990[b 5]. En outre, Novoselic estime que l'enregistrement de Bleach a été influencé par la combinaison The Smithereens/Celtic Frost écoutée dans leur van à ce moment-là[p 21], tandis que Cobain a reconnu avoir eu pour objectif que leur second album sonne comme du « Bay City Rollers subissant l'assaut de Black Flag »[p 18].
Nirvana a également effectué un grand nombre de reprises au cours de sa carrière, que ce soit en studio ou sur scène. Le premier single du groupe[m 21], Love Buzz, est d'ailleurs à l'origine une chanson du groupe néerlandais de pop psychédélique des années 1960 Shocking Blue, dont les paroles ont été notablement modifiées[d 8]. D'autres morceaux comme Molly's Lips des Vaselines ou Turnaround de Devo figurent sur l'EP Hormoaning sorti en 1992[25], tandis que d'autres titres comme Baba O'Riley des Who ou D-7 des Wipers ont été joués lors de concerts ou festivals sans toutefois être ensuite enregistrés en studio[m 22],[26]. Cependant, les reprises les plus marquantes du trio sont celles du MTV Unplugged in New York, lors de l'émission MTV Unplugged aux studios Sony Music où le groupe propose un set acoustique avec les instruments débranchés[m 17]. Nirvana y interprète Jesus Doesn't Want Me for a Sunbeam des Vaselines[m 17], avant The Man Who Sold the World de David Bowie, exécutée de façon « très dylanienne et fidèle en ce sens à l'original paru en 1970 », qui « constitue l'un des sommets du concert »[m 17]. Les frères Kirkwood des Meat Puppets rejoignent ensuite le groupe pour trois de leurs chansons : Plateau, Oh Me et Lake of Fire[m 17], la première étant qualifiée de « moment de grâce » tant Cobain éprouve des difficultés sur « les passages les plus hauts ou les plus graves »[d 9]. Le trio achève alors le spectacle sur Where Did You Sleep Last Night de Leadbelly, dont le final « marque les esprits » avec « la voix brisée de Cobain », qui « suinte de douleur »[d 10]. Ce dernier, qui présente le bluesman comme étant « mon interprète... notre interprète favori »[c 1],[m 17], refuse le rappel demandé par les producteurs de l'émission estimant qu'il ne pourrait pas faire mieux[c 2].
Thèmes et compositions
[modifier | modifier le code]Principal auteur-compositeur de Nirvana, Kurt Cobain a souvent été critiqué pour ses paroles décrites comme « incohérentes »[c 3],[d 11],[24], au point que certains animateurs de radios refusent même au début de passer Smells Like Teen Spirit sur leurs ondes car ils n'arrivent pas à comprendre ce qu'il chante[c 4]. Ce type de comportements l'énervait d'ailleurs tout particulièrement car pour lui, « il n'y a pas d'explication aux paroles »[p 22]. Néanmoins, la plupart des morceaux s'inspirent d'événements ayant marqué sa vie[a 37],[a 38]. Ainsi, plusieurs chansons de Nevermind évoquent la relation dysfonctionnelle entre Cobain et Tobi Vail entre 1989 et 1990[c 5], certaines sont en lien avec sa difficile adolescence[s 2],[m 4], tandis que d'autres traitent de son mal-être perpétuel[m 23]. Il avoue cependant après la sortie du deuxième album studio que « certaines de mes expériences les plus intimes, comme des ruptures ou des mauvaises fréquentations, font écho au vide béant que ressent la personne dans la chanson, une solitude extrême, un ras-le-bol »[p 23].
À travers les trois disques, une évolution des paroles est notable, même si elles restent majoritairement peu empreintes d'optimisme et de bonheur. Celles de Bleach sont ainsi présentées comme « délibérément sombres et claustrophobes »[s 3] alors que Cobain commence à peindre des scènes violentes révélant pour la plupart sa haine de lui-même et des autres sur Nevermind[c 5]. Le troisième, In Utero, propose des textes plus directs et plus construits autour de thèmes nihilistes, de l'inadéquation sociale et de la frustration du compositeur, laissant entrevoir ses premières intentions suicidaires[m 24],[a 34],[p 24]. Dans ce dernier album, Cobain s'appuie également bien plus sur ses lectures, s'inspirant notamment de la biographie de l'actrice Frances Farmer pour Frances Farmer Will Have Her Revenge on Seattle[r 11] et du roman historique de Patrick Süskind Le Parfum sur Scentless Apprentice[r 12].
Outre la colère récurrente du chanteur, celui-ci reprend de façon régulière d'autres thématiques au cours de ses compositions. Il aborde ainsi à maintes reprises le machisme, sujet qui lui tient à cœur puisqu'il a souvent été victime des brimades de ses camarades au lycée[m 4], des « mecs qui picolent ensemble, se battent et pissent comme des animaux pour marquer leur territoire » en qui il ne se reconnaît pas et dont il cherche absolument à se démarquer[m 25],[t 10]. Il est d'ailleurs dégoûté de retrouver ce types de personnes dans le public de Nirvana et n'hésite pas à leur montrer son mépris via les chansons Mr. Moustache, Downer et Very Ape[a 39],[s 2],[m 20]. Son adolescence est d'autant plus une grande source d'inspiration puisque cela a été une période difficile pour Cobain. En effet, après le divorce de ses parents lorsqu'il a huit ans, il habite dans un premier temps chez sa mère avant de s'en aller vivre pendant plusieurs mois dans la rue en 1985[a 40],[m 25]. Sans argent, ni domicile fixe, sa situation précaire l'oblige à dormir pendant quelques mois dans le van de Novoselic, chez Dale Crover ou encore, selon la légende, sous un pont de la rivière Wishkah à Aberdeen (Something in the Way)[d 12],[m 26]. Cette expérience l'a traumatisé, jugeant ses parents responsables de ce qui lui est arrivé dans Scoff[m 4] et se définissant de « raté défaitiste » sur Negative Creep[s 2],[m 4]. Les paroles de Paper Cuts, qui évoquent le « calvaire d'un enfant maltraité qui grandit enfermé dans une pièce aux vitres peintes en noir », font ainsi écho à son enfance[d 13].
Résultat ou non de cette période de sa vie, les chansons de Cobain sont marquées de sa souffrance et de ce que certains appellent son « aliénation », se servant de la musique pour s'en échapper[m 27]. Souvent ironique, et parfois même humoristique, il raconte l'histoire d'assassins dérangés sur Floyd the Barber[24],[d 14], pratique l'autodérision sur On a Plain[d 15] ou bien compare sa vie à celle de Frances Farmer, une actrice hollywoodienne des années 1930-1940 dont la carrière s'est retrouvée rapidement stoppée suite à sa volonté de vouloir changer le système du cinéma, qui a ensuite fait un séjour de plusieurs années en hôpital psychiatrique[m 23]. Sur Lithium, il dresse par ailleurs un parallèle avec un jeune homme déprimé et au bord de la folie, qui lui fait le choix de se tourner vers la religion : une attitude que l'auteur ne comprend pas[t 11]. Bien qu'ayant fait un court séjour dans la famille born again de son ami Jesse Reed[a 40],[m 25], Cobain a toujours préféré « gérer sa douleur » en prenant des drogues plutôt que de s'en remettre à Dieu, d'abord en fumant du cannabis avant d'en prendre des plus fortes, notamment l'héroïne[d 16],[b 6].
En plus de son goût peu prononcé pour les paroles optimistes, le chanteur se passionne également pour tout ce qui touche aux sécrétions corporelles et aux maladies, sujet récurrent sur In Utero[m 26]. Ainsi, Drain You évoque une histoire d'amour fusionnelle entre deux bébés voisins de couveuse à l'hôpital[d 17], Scentless Apprentice empile les images scatologiques[d 18], tandis que Tourette's rend hommage au médecin français qui a diagnostiqué le premier cette maladie[m 16]. Cette fascination morbide pour les relents du corps humain se retrouve aussi sur Pennyroyal Tea, où il décrit les effets de la tisane à la menthe pouliot, qui aurait des vertus abortives et déclencherait des contractions utérines, puis cite les anti-acides à la cerise qu'il prend pour diminuer les problèmes intestinaux qui le tourmentent[m 20].
Dans cette chanson, la révolte qui caractérise habituellement Cobain semble laisser sa place à l'abattement, laissant percevoir l'allusion du suicide[d 19], comme il l'avait déjà fait sur Milk It[d 20]. En effet, depuis les débuts du groupe, le chanteur adresse de vives critiques dans ses textes : à la scène de Seattle sur School qu'il décrit comme « naissante, clanique et hiérarchique »[d 21],[a 41] ; contre l'esprit jeune avec Smells Like Teen Spirit[t 12] ; aux gens forcés d'agir de façon contradictoire à leur nature pour satisfaire à ce qu'on attend d'eux (Come as You Are)[b 6] ; à certaines salles de concert qui font payer les billets d'entrée au groupe, celui-ci devant ensuite lui-même les revendre et perdait de l'argent s'il n'y arrivait pas sur Stay Away[d 22],[m 26] et contre l'autorité en général (Mr. Moustache[d 23], Breed[d 24]).
Après le succès de Nevermind, Nirvana fait face à une surmédiatisation. Cobain, ne souhaitant pas cette vente de masse et ne la supportant pas, s'en prend à l'industrie musicale qui est responsable de ce marketing féroce[m 20]. S'il en avait eu la possibilité, il aurait d'ailleurs aimé pouvoir sortir de ce système[m 16]. Il n'avait d'ailleurs pas hésiter à épingler leur premier label, Sub Pop, car bien qu'indépendant, la pression exercée par celui-ci et son fonctionnement étaient proches de ce qui se faisait dans les majors, alors même que Big Cheese apparaît sur Bleach, sorti par Sub Pop[m 21]. Il règle également à plusieurs reprises ses comptes avec les journalistes qui le traquent lui et Courtney Love (Rape Me et Serve the Servants)[d 25],[d 26]. Sur cette dernière, il refuse aussi toute idée de s'être vendu sur leur deuxième album, en réponse à ceux qui leur en font le reproche[m 24]. Parmi les autres violentes critiques, Gallons of Rubbing Alcohol Flow Through the Strip en est une au styliste Perry Ellis , qui a lancé une ligne de vêtements grunge[d 27].
Dans le répertoire de Cobain, figurent malgré tout quelques chansons d'amour, presque toutes inspirées des propres relations de Cobain : de ses ruptures mais aussi de son mariage. Bien que pas forcément reconnu, le talent du chanteur pour l'écriture de ce type de morceaux est pourtant réel[24], en atteste About a Girl, la première, qui « reflète à la perfection la rage, la douleur et la tendresse toujours présente » en référence à sa séparation d'avec Tracy Marander[o 2]. Sur Lounge Act, il reconnaît qu'il est difficile d'être à la fois un artiste et un compagnon convenable, un sentiment qui le déchire de l'intérieur[m 26], se justifiant sur l'échec de sa relation avec Tobi Vail[d 28]. Il raconte ensuite les débuts de son idylle avec Courtney Love sur Heart-Shaped Box, évoquant les boîtes en forme de cœur qu'ils s'offrent depuis la fin de l'année 1991[m 28],[d 29]. Milk It et surtout All Apologies sont parmi les autres titres de Cobain abordant le thème de l'amour[d 20]. Sur la seconde, il définit même de « paisible, heureuse et confortable » l'ambiance dans laquelle sa femme, sa fille Frances Bean et lui vivent, contrastant avec l'habituel pessimisme dont il fait preuve[a 30].
À l'instar des violentes critiques qu'il a émis dans ses chansons, Cobain en a également suscitées de fortes avec certaines d'entre elles, même si en réalité, ses textes sont en fait incompris. Ainsi, Polly raconte un fait-divers s'étant déroulé à Tacoma en 1987 au cours duquel une adolescente qu'il connaissait est enlevée, torturée puis violée avant de s'échapper. Les paroles, chantées du point de vue du violeur, peuvent paraître malsaines si interprétées au premier degré, alors qu'il lui exprime son admiration pour le courage dont elle a fait preuve[d 30]. De même, Rape Me tente de montrer le féminisme tout autant que le fatalisme qu'on peut enfouir en soi à la d'un viol. Le titre (« viole moi »), ainsi qu'une partie des paroles, provoquent les foudres des associations féministes, le chanteur se défendant avoir toujours été de leur côté. Il finira par s'approprier ce titre en réponse aux attaques perpétuelles de la presse[m 23]. Dans un autre genre, le dernier vers de Stay Away, God is gay (« Dieu est homo »), déchaîne la fureur des conservateurs américains qui essaient vainement de le faire censurer à la sortie de l'album[d 22]. Ce morceau illustre parfaitement l'indépendance de Nirvana vis-à-vis de toute catégorisation, bien qu'il devienne un hymne de la scène de Seattle[m 26].
Héritage
[modifier | modifier le code]Considéré « indiscutablement comme l'album de rock le plus important des années 1990 »[o 3], le son de Nevermind donne le ton pour le rock de cette période[p 20]. Il « a durablement influencé le son de toute la décennie »[o 4], car il ne se contente pas de faire sortir de l'ombre la scène grunge de Seattle, il ouvre la voie à des groupes comme Pearl Jam, Soundgarden et Alice in Chains et surtout, il fait connaître auprès du grand public le rock alternatif dans son ensemble, établissant ainsi la viabilité commerciale et culturelle du genre[t 5]. Proposant « des chansons pop tordues qui flirtent avec l'agressivité du punk et les accords puissants du metal », il « inspire toute une génération de musiciens »[o 3] : « aucun autre album dans l'histoire récente n'a eu un impact aussi écrasant sur une génération, une nation d'adolescents soudainement transformés en punks, ni un effet aussi catastrophique sur son principal créateur »[27].
Il marque aussi l'émergence d'une nouvelle génération de fans de musique dans un milieu jusqu'alors dominé par les goûts musicaux de la génération du baby boom. Il « est arrivé exactement au moment qu'il fallait. C'était une musique faite par, pour et à propos de jeunes gens ignorés ou traités avec condescendance »[a 42]. En effet, après des années 1980 dominés dans l'ensemble par un rock plus sage et plus feutré qui n'arrive pas à se renouveler, la mode revient aux guitares frénétiques, non seulement aux États-Unis mais aussi au Royaume-Uni. Cette jeune génération redécouvre à cette occasion le punk rock des années 1970, ainsi que les festivals itinérants consacrés au rock alternatif, tel le Lollapalooza[t 13].
Le succès international du disque a fait revoir les stratégies des labels discographiques. Ceux-ci estiment désormais que les groupes de rock alternatif peuvent atteindre rapidement une grande popularité et n'hésitent plus à leur offrir des avances conséquentes pour l'enregistrement de leurs albums[28]. Les majors du disque proposent ainsi des contrats alléchants à des artistes jusqu'alors underground comme Butthole Surfers, Helmet, L7, Melvins, Mudhoney, The Smashing Pumpkins ou encore Tad[t 14]. Ce changement de politique offre l'opportunité à un grand nombre de groupes de la côte Ouest des États-Unis, tels The Offspring ou Green Day, de briller sur la scène mondiale[m 19].
Son successeur, In Utero, qui reprend la violence de Bleach avec la maturité de Nevermind, est considéré comme « bien meilleur que Nevermind »[p 25]. « Apparaissant pourtant comme une suite idéale à Nevermind de 1991 : un condensé de puissance mal assumée et de sincérité à fleur de peau, qui aura à cœur de briser tous les schémas qui avaient été dressés au lendemain de Nevermind », c'est finalement « une sorte d'album maudit, car renié par Geffen, puis Albini, puis Cobain, au final, l'estimant mal mixé et mastérisé »[t 15], qui semble « aujourd'hui être littéralement oublié par les groupes actuels. S'il y a un album qui s'est vendu à plus de quatre millions d'exemplaires qui est négligé et sous-estimé, c'est bien In Utero »[p 25].
Avec le temps, il apparaît d'ailleurs que seule la popularité du deuxième album studio de Nirvana reste intacte, figurant à la 17e place du classement des 500 plus grands albums de tous les temps établi par Rolling Stone[27], de la liste des 100 meilleurs albums de tous les temps du Time[29], à la 3e place du classement des 100 meilleurs albums de tous les temps établie par les lecteurs du magazine Q[30] ou encore dans la sélection des 101 disques qui ont changé le monde de la discothèque idéale de Philippe Manœuvre[o 1]. In Utero se contente d'une 13e position dans les « 100 meilleurs albums des années 1990 » de Pitchfork Media[p 26] et d'une 439e place parmi les « 500 meilleurs albums de tous les temps » du magazine Rolling Stone[27]. Il fait néanmoins partie, tout comme Nevermind, des 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie[o 3]. Mais en 2005, la Bibliothèque du Congrès n'ajoute que ce dernier à ses enregistrements sonores considérés comme significatifs selon des critères culturels, historiques et esthétiques[31].
Membres
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Formation finale[modifier | modifier le code]
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Musiciens en concerts[modifier | modifier le code]
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Anciens membres
[modifier | modifier le code]- Aaron Burckhard – batterie (1987–1988, 1988)
- Dale Crover - batterie (1988, 1990)
- Dave Foster - batterie (1988)
- Chad Channing - batterie (1988–1990)
- Jason Everman - guitare (1989)
- Dan Peters - batterie (1990)
Discographie et filmographie
[modifier | modifier le code]Albums studio
[modifier | modifier le code]- Blew (2:55)
- Floyd the Barber (2:18)
- About a Girl (2:48)
- School (2:42)
- Love Buzz (3:35)
- Paper Cuts (4:06)
- Negative Creep (2:56)
- Scoff (4:10)
- Swap Meet (3:03)
- Mr. Moustache (3:24)
- Sifting (5:22)
- Smells Like Teen Spirit (5:01)
- In Bloom (4:14)
- Come as You Are (3:39)
- Breed (3:03)
- Lithium (4:17)
- Polly (2:57)
- Territorial Pissings (2:23)
- Drain You (3:43)
- Lounge Act (2:36)
- Stay Away (3:32)
- On a Plain (3:16
- Something in the Way (3:51)
- Serve the Servants (3:34)
- Scentless Apprentice (3:47)
- Heart-Shaped Box (4:39)
- Rape Me (2:49)
- Frances Farmer Will Have Her Revenge on Seattle (4:07)
- Dumb (2:29)
- Very Ape (1:55)
- Milk It (3:52)
- Pennyroyal Tea (3:36)
- Radio Friendly Unit Shifter (4:49)
- Tourette's (1:33)
- All Apologies (3:50)
Albums live
[modifier | modifier le code]- About a Girl (3:37)
- Come as You Are (4:13)
- Jesus Doesn't Want Me for a Sunbeam (4:37)
- The Man Who Sold the World (4:20)
- Pennyroyal Tea (3:40)
- Dumb (2:52)
- Polly (3:16)
- On a Plain (3:44)
- Something in the Way (4:01)
- Plateau (3:37)
- Oh Me (3:26)
- Lake of Fire (2:56)
- All Apologies (4:23)
- Where Did You Sleep Last Night? (5:08)
- Intro (0:52)
- School (2:40)
- Drain You (3:34)
- Aneurysm (4:31)
- Smells Like Teen Spirit (4:47)
- Been a Son (2:07)
- Lithium (4:10)
- Sliver (1:55)
- Spank Thru (3:10)
- Scentless Apprentice (3:31)
- Heart–Shaped Box (4:41)
- Milk It (3:45)
- Negative Creep (2:43)
- Polly (2:30)
- Breed (3:28)
- Tourette's (1:55)
- Blew (3:36)
- Breed (2:57)
- Drain You (3:54)
- Aneurysm (4:34)
- School (3:12)
- Sliver (2:13)
- In Bloom (4:33)
- Come as You Are (3:34)
- Lithium (4:23)
- About a Girl (3:09)
- Tourette's (1:51)
- Polly (2:48)
- Lounge Act (3:04)
- Smells Like Teen Spirit (4:44)
- On a Plain (3:00)
- Negative Creep (2:54)
- Been a Son (3:23)
- All Apologies (3:25)
- Blew (5:23)
- Dumb (2:34)
- Stay Away (3:41)
- Spank Thru (3:05)
- Love Buzz (4:56)
- The Money Will Roll Right In (2:13)
- D-7 (3:43)
- Territorial Pissings (4:30)
Documentaires
[modifier | modifier le code]- 1991: The Year Punk Broke : film réalisé lors de la tournée européenne de plusieurs groupes de punk en 1991 et publié l'année suivante.
- Kurt and Courtney : documentaire de Nick Broomfield paru en 1998 sur la vie du couple.
- Last Days : film de Gus Van Sant sorti en 2005 et s'inspirant de la vie du chanteur.
- Classic Albums: Nirvana - Nevermind : documentaire sur l'album Nevermind publié en 2005.
- Nirvana – A Classic Album Under Review – In Utero : documentaire sur l'album In Utero paru en 2006.
- Kurt Cobain: About a Son : récit sorti en 2006 basé sur les heures d'interview entre Kurt Cobain et le journaliste Michael Azerrad.
- Back and Forth : film sorti retraçant la carrière de Foo Fighters depuis Nirvana à 2011.
- Hit So Hard : documentaire paru en 2011 sur la vie de Patty Schemel, batteuse du groupe Hole.
Références
[modifier | modifier le code]Ouvrages
[modifier | modifier le code]- (en) Michael Azerrad, Come as You Are: The Story of Nirvana, Doubleday, , 336 p. (ISBN 0-385-47199-8)
- Azerrad 1993, p. 36
- Azerrad 1993, p. 44-45
- Azerrad 1993, p. 57-58
- Azerrad 1993, p. 67-68
- Azerrad 1993, p. 71
- Azerrad 1993, p. 79
- Azerrad 1993, p. 61-62
- Azerrad 1993, p. 85-89
- Azerrad 1993, p. 90-91
- Azerrad 1993, p. 137-139
- Azerrad 1993, p. 141-142
- Azerrad 1993, p. 151
- Azerrad 1993, p. 145
- Azerrad 1993, p. 136-138
- Azerrad 1993, p. 162
- Azerrad 1993, p. 164-165
- Azerrad 1993, p. 169
- Azerrad 1993, p. 174
- Azerrad 1993, p. 196
- Azerrad 1993, p. 176-177
- Azerrad 1993, p. 227-228
- Azerrad 1993, p. 199
- Azerrad 1993, p. 202-203
- Azerrad 1993, p. 229
- Azerrad 1993, p. 256
- Azerrad 1993, p. 271
- Azerrad 1993, p. 312
- Azerrad 1993, p. 314
- Azerrad 1993, p. 315
- Azerrad 1993, p. 331-332
- Azerrad 1993, p. 336-337
- Azerrad 1993, p. 337-338
- Azerrad 1993, p. 102
- Azerrad 1993, p. 321
- Azerrad 1993, p. 323
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