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Urbain Grandier

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Urbain Grandier
Portrait d'Urbain Grandier.
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Condamné pour

Urbain Grandier, né vers 1590 à Bouère et mort sur le bûcher le à Loudun, est un prêtre français accusé de sorcellerie dans l'affaire des démons de Loudun et exécuté.

Fils d’un notaire royal de Sablé-sur-Sarthe, Grandier fut, après son noviciat, nommé à vingt-sept ans curé de l’église Saint-Pierre-du-Marché et chanoine de l’église Sainte-Croix de Loudun, dans le diocèse de Poitiers, en juillet 1617. Cultivé, ses sermons de dimanche marqués par sa liberté de penser déplacent les foules[1]. Il acquiert une réputation de séducteur et il a plusieurs relations sexuelles et affectives avec des femmes : il met enceinte la fille du procureur du roi Louis Trincant, élève de quinze ans à qui il enseigne le latin, puis l'abandonne pour se mettre en ménage avec Madeleine de Brou, orpheline issue de la petite noblesse dont il a la charge spirituelle et qu'il doit préparer à prendre le voile. Comme ils sont amoureux l'un de l'autre, Madeleine de Brou réclame le mariage. Grandier construit tout un argumentaire dans un pamphlet, le Traité contre le célibat des prêtres, alors que l'Église catholique mène sa Contre-Réforme, pour pouvoir l'épouser secrètement en tenant le rôle du marié, du prêtre officiant et du témoin. Arrêté pour débauche, Grandier gagne son premier procès et revient à Loudun[2].

La mère supérieure Jeanne des Anges, du couvent des Ursulines de Loudun, lui propose peu après de devenir confesseur de sa communauté. Grandier se récusant, la mère supérieure porte son choix sur le chanoine Mignon, ennemi de Grandier qui réprouve sa conduite. Pendant dix ans, le père Mignon et des notables de Loudun mènent une cabale contre le prêtre, enchaînant les procédures judiciaires pour « mauvaise vie, impiété ». Les historiens s'interrogent sur l'influence du cardinal de Richelieu dans cette affaire[3]. Loudun était une cité où cohabitaient réformés et catholiques, Richelieu voulait abattre son château, ce à quoi s'opposa Grandier. Enfin la ville de Loudun fut frappée par une épidémie de peste au début de 1632[4].

Des religieuses de ce couvent l’accusent en septembre 1632 de les avoir ensorcelées, en leur envoyant, entre autres, le démon Asmodée, pour les amener à commettre des actes impudiques avec lui. Les critiques modernes qui ont étudié l’affaire estiment que les accusations ont commencé après le refus de Grandier de devenir le directeur de conscience du monastère, sans se douter que la mère supérieure, Sœur Jeanne des Anges, s'était éprise de lui après l’avoir vu de loin et avoir entendu parler de ses exploits amoureux. On pense que, mise hors d’elle par ce refus, Jeanne a proposé cette place de directeur au chanoine Mignon, ennemi juré de Grandier qu’elle accuse alors d’avoir employé la magie noire pour la séduire. Les autres nonnes se mettent peu à peu à lancer des accusations du même genre. Bien des érudits modernes y voient un cas de psychose collective.

Grandier est arrêté, interrogé et jugé par un tribunal ecclésiastique, qui l’acquitte.

Grandier s’est, pour l’avoir publiquement attaqué en paroles, attiré l’hostilité de Richelieu qui ordonne un nouveau procès, qu’il confie à un homme spécialement envoyé par lui : le commissaire du roi Jean Martin de Laubardemont, un parent de la mère supérieure. La « procédure extraordinaire » imposée par Richelieu ne donne pas le droit à Grandier, arrêté de nouveau à Angers, de faire appel au Parlement de Paris. Interrogées une deuxième fois, les nonnes (et jusqu’à la mère supérieure) ne réitèrent pas leurs accusations, mais cela ne change rien au procès où tout est décidé d’avance.

Après avoir torturé Grandier aux brodequins, les juges (Laubardemont, Lactance, et Tranquille) produisent des documents prétendument signés par le prêtre et plusieurs démons comme preuve qu’il a passé un pacte diabolique. Un des actes est écrit en latin et se donnait comme signé par Grandier ; un autre, presque illisible, comportant une foule de symboles étranges est « signé » par plusieurs démons avec leurs cachets, aussi bien que par Satan lui-même (une signature se lit nettement Satanas). On ne sait pas si Grandier a écrit ou signé de tels actes sous la contrainte, ou s’ils ont été entièrement contrefaits.

Malgré la défense de son ami Claude Quillet, Grandier est reconnu coupable et condamné à mort. Malgré la torture, Grandier refuse d’avouer ce dont on l’accuse. Il est brûlé vif le .

L'exécution de Grandier d'après une estampe poitevine de 1634.

Le lendemain de l’exécution, Madeleine de Brou se réfugie chez son beau-frère, à Montreuil-Bellay, elle en est ramenée le , et fait un mois de prison à Loudun. Elle est libérée grâce à l’intervention de sa famille auprès du tribunal des Grands Jours siégeant alors à Poitiers. Sur l’injonction prudente de Richelieu, Laubardemont doit arrêter la procédure intentée contre elle, le [5].

Publications

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On lui a faussement attribué le libelle intitulé :

  • Lettre de la cordonnière de la Reine-mère à Monsieur de Barradas (page de Louis XIII), 1634. Cette lettre, signée Catherine d’Amour, ci-devant cordonnière de la Reine mère, était injurieuse à la personne et à la naissance du cardinal de Richelieu ; Grandier fut accusé d’en être l’auteur.

Documents officiels

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Bibliographie et adaptations

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  • Père Tranquille, capucin, Véritable relation des justes procédures observées au fait de la possession des Ursulines de Loudun, et au procès d’Urbain Grandier, avec les thèses générales, touchant les diables exorcisés, La Flèche, 1634 Lire en ligne.
  • George Griveau, La démonomanie de Lodun [sic]. Qui montre la véritable possession des religieuses ursulines et autres séculières. Avec la liste des Religieuses & Seculieres possédées, obsedées, & maleficiées, le nom de leurs Demons, le lieu de leur residence, & signe de leur sortie. La mort de Grandier, auteur de leur possession. La Flèche, 1634.
    Seconde edition augmentée de plusieurs preuves.
  • Récit véritable de ce qui s’est passé à Loudun. Contre Maistre Urbain Grandier, Prestre Curé de l’Église de S. Pierre de Loudun, attaint & convaincu du crime de Magie, malefice & possession arrivée par son faict és personnes d’aucunes des Religieuses Ursulines de la ville de Loudun. À Paris, de l’imprimerie de Pierre Targa, 1634.
  • La gloire de Saint-Joseph, victorieux des principaux démons de la possession des Ursulines de Loudun ; où se voit particulièrement ce quy arruva le jour des Rois 1636, en la sortie d’Ysacazon du corps de la mère prieure, par les RR. PP. exorcistes de Loudun, Le Mans, 1636.
  • Nicolas Aubin, Histoire des Diables de Loudun, ou de la possession des Religieuses Ursulines, et de la condamnation & du suplice d’Urbain Grandier, Cure de la même Ville. Cruels effets de la vengeance de Richelieu. 1693, Amsterdam, Étienne Roger, 1716. Aux dépens de la compagnie, Paris. 1752.
  • M Gayot de Pitaval, Amsterdam 1735
    Histoire d'Urbain Grandier.
    M François Gayot de Pitaval, Amsterdam 1735, Histoire d'Urbain Grandier, condamné comme Magicien & comme Auteur de la possession des religieuses Ursulines de Loudun.
  • « Urbain Grandier » dans Crimes célèbres, Alexandre Dumas, 1839-1841.
  • Robert Luzarche (éd.), Traicté du Célibat des Prestres, eau-forte d'Émile Ulm, René Pincebourde, 1866.
  • Gabriel Legué, Urbain Grandier et les possédées de Loudun. Documents inédits de M. Charles Barbier, Paris, Librairie d’Art de Ludovic Baschet, 1880, Paris, (ISBN 978-2-911298-25-7).
  • Alfred de Vigny donne une description romancée du procès d’Urbain Grandier dans les chapitres II à V de son roman Cinq-Mars.
  • Michel de Certeau, La possession de Loudun, édition revue par Luce Giard, Paris, Gallimard/Julliard, coll. Folio histoire, 2005
  • Aldous Huxley, The Devils of Loudun 1953. Traduction française Les diables de Loudun, réédité en chez Tallandier. Essai sur les phénomènes de possession et d'hystérie collective en plus d'une étude historique.
  • Urbain Grandier dans De roses et de feu, un roman écrit par Eyvind Johnson, 1949.
  • Frédéric Gros, Possédées, Paris, Albin Michel, 2016
  • Krzysztof Penderecki, Die Teufel von Loudun, opéra en trois actes, 1968.
  • Jaroslaw Iwaskiewicz, Mère Jeanne des anges, roman en polonais. (1943 ?)
  • Jerzy Kawalerowicz, Mère Jeanne des anges, film en polonais, 1961
  • Ken Russell, Les diables, film britannique, version censurée, 1971. Intégrale, 2017 .
  • Michel Carmona, Les diables de Loudun, Paris, Fayard, 1988, 391 pages
  • Michel Carmona, Sainte Jeanne des Anges: Diabolique ou sainte au temps de Richelieu ? Bruxelles, André Versaille, 2011, 336 pages
  • Urbain Grandier : le curé, les nonnes et la raison du diable. Film réalisé par Jean-Pierre Duffoure en 1987
  • La possédée français réalisé par Éric Le Hung en 1971.
  • Un épisode de 2012 de l'émission L'ombre d'un doute : Les possédées de Loudun

Notes et références

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  1. Michel Carmona, « Les possédées de Loudun : une manipulation de Richelieu ? », émission L'ombre d'un doute, 15 février 2012
  2. L'affaire Urbain Grandier
  3. Franck Ferrand, « Les possédées de Loudun : une manipulation de Richelieu ? », émission L'ombre d'un doute, 15 février 2012
  4. Loudun
  5. Dictionnaire des Femmes de l'ancienne France[1]

Articles connexes

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Liens externes

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