Triple saut
Catégorie | Sauts |
---|---|
Genre | M/F |
Surface | Piste extérieure et couverte |
Apparition JO |
Hommes : 1896 Femmes : 1996 |
Record du monde |
18,29 m : Jonathan Edwards (1995) |
---|---|
Record du monde en salle |
18,07 m : Hugues Fabrice Zango (2021) |
Record olympique |
18,09 m : Kenny Harrison (1996) |
Record du monde |
15,67 m : Yulimar Rojas (2021) |
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Record du monde en salle |
15,43 m : Yulimar Rojas (2020) |
Record olympique |
15,67 m : Yulimar Rojas (2021) |
Jeux olympiques |
Pedro Pichardo (2021) Yulimar Rojas (2021) |
---|---|
Championnats du monde |
Hugues Fabrice Zango (2023) Yulimar Rojas (2023) |
Champ. du monde en salle |
Lázaro Martínez (2022) Yulimar Rojas (2022) |
Le triple saut[1] Écouter est une épreuve d'athlétisme consistant à couvrir la plus longue distance possible en sautant à partir d'une marque fixe, après une course d'élan, et en exécutant une séquence de trois sauts. L'IAAF définit la discipline comme tel : « 1. Le triple saut consiste en un saut à cloche-pied, une enjambée et un saut, effectués dans cet ordre. 2. Le saut s’effectuera de telle sorte que l'athlète retombe d’abord sur le pied avec lequel il a pris son appel, puis au deuxième saut, sur l'autre pied, à partir duquel le saut est terminé »[2].
Technique
[modifier | modifier le code]Tout comme le saut en longueur, les athlètes ont une course d'élan pour gagner de la vitesse et prennent leur impulsion avant une planche (située à 13, 11, 9 ou 7 mètres du sable, selon le niveau, la catégorie et le sexe). Au terme du dernier saut, ils atterrissent dans du sable pour amortir leur chute. Les trois bonds successifs exécutés sont : un cloche pied, une foulée bondissante et un saut en longueur (ramené).
Un sauteur de type force optera pour un cloche pied très long (38 % du saut), une foulée bondissante plus petite (30 %) et un ramené (32 %), intermédiaire entre les deux premiers sauts. Un sauteur de type vitesse optera pour un cloche pied court et rasant (34 %), qui permet de conserver la vitesse initiale, une foulée bondissante (30 %) et un ramené plus grand que les sauts précédents.
Histoire
[modifier | modifier le code]Dans l'antiquité
[modifier | modifier le code]Le triple saut n'est pas attesté dans les jeux sportifs antiques ou les Jeux olympiques antiques, malgré les sources limitées. Le saut en longueur faisait partie du pentathlon. Certains commentateurs ont crû voir une trace d'un triple saut par les performances de Phaÿllus de Crotone et Chionis de Sparte, ayant réalisé des sauts de 15-16 mètres[3], ce qui est considéré comme très improbable pour un saut, même avec les haltères antiques (en) mais correspondent à des performances de triple saut. On justifie l'existence de la discipline en interprétant un passage relevé par Immanuel Bekker (Anecdota Graeca, 224) même s'il semble qu'il y eut des confusions grammaticales avec les termes utilisés[4]. Il y eut une supposition comme étant les résultats additionnés de trois sauts en longueur[5],[6]. Mais il semble que les résultats retranscrits pour Chionis, souffrent d'une transmission manuscrite corrompue et pour Phaÿllus, son exploit provient d'une épigramme humoristique tardive[4],[7].
Hommes
[modifier | modifier le code]Le triple saut était déjà pratiqué avant les Jeux olympiques avec des performances homologuées en 1884[6].
Débuts olympiques
[modifier | modifier le code]Le triple saut est représenté aux Jeux olympiques modernes depuis leur première célébration en 1896.
À l'origine le triple saut se compose de deux cloches-pied puis d'un saut. Les Irlandais, qui ont développé cette discipline, remarquent que l'on va plus loin avec un bond sur la jambe d'appel plutôt que sur l'autre, et qu'ainsi le « hop, step and jump » qui existe aujourd'hui est plus efficace que le triple bond simple[8]. Le triple saut est toutefois longtemps resté une discipline délaissée. La NCAA qui régit les compétitions universitaires américaines ne l'officialisera qu'en 1962. Ces jugements permettent à un autre pays, le Japon, de dominer jusqu'à la fin des années 1930 les podiums et records internationaux. Sur le plan technique, le découpage des sauts explique à lui seul l'évolution de la discipline. Lors du record du monde établi par Mikio Oda en 1931 avec une performance de 15,58 m, le saut se détaille ainsi : 6,50 m au premier bond, 3,56 m au deuxième et 5,52 m au dernier. Cela montre que le premier saut est maximisé, au détriment des sauts suivants. À noter que son successeur, Chuhei Nambu, également japonais, sera le seul à détenir à la fois le record du monde du saut en longueur et du triple saut.
Une discipline souvent négligée
[modifier | modifier le code]Il faut attendre la fin des années 1940 pour qu'un premier champion de légende émerge dans le triple saut. Adhemar da Silva, Brésilien, devient le premier sauteur à plus de 16 mètres. Le découpage de ses sauts montre qu'il privilégiait l'équilibre entre le « hop », le « step » et le « jump ». En témoigne son record à 16,22 m : 6,20 m au premier bond, 4,75 au deuxième et 5,27 au dernier, soit 38 %, 30 % et 32 % de la distance finale. Da Silva saute ensuite à 16,56 m en 1955, certes à Mexico avec une altitude de 2 200 m mais ce saut améliore tout de même de 33 cm le record du monde précédent. Cependant Da Silva comme la plupart des grands sauteurs de l'époque, majoritairement des Soviétiques, effectuent le « hop » très en hauteur et avec une grande puissance. Pour franchir les 17 mètres, une nouvelle technique s'imposait. Joseph Schmidt, double champion olympique en 1960 et en 1964, tente, lui, de conserver au maximum sa vitesse horizontale. Très rapide (10,4 s au 100 m) il ne force pas son hop pour conserver de la vitesse pour le step et le jump. S'ensuit un saut fabuleux à 17,03 m, record battu encore une fois de 33 cm, avec le découpage 5,90 m - 5,02 m - 6,02 m.
L'arrivée des pistes synthétiques à la fin des années 1960 va grandement permettre de faire évoluer les performances. Dans une discipline de bondissements, la qualité d'amortissement et de renvoi des pistes est primordiale. Les nouvelles pistes et l'altitude des jeux de 1968 à Mexico permettent à six concurrents de dépasser 17 mètres et au vainqueur d'établir une nouvelle marque de référence à 17,39 m. Ce saut est l'œuvre de Viktor Saneïev, qui en plus du titre olympique en 1968 obtiendra celui de Munich en 1972 puis de Montréal en 1976. Proche de réaliser une passe de quatre inédite, il terminera 2e en 1980 à seulement 9 cm du vainqueur. Saneïev va donc dominer la discipline pendant une décennie. Dans la ville de Mexico qui a connu 14 records du monde dans cette discipline en 25 ans, l'altitude aidant, le Brésilien João Carlos de Oliveira signe en 1975 un saut de 17,89 m, soit 45 centimètres de mieux que le précédent record.
1986-1988 : Khristo Markov au sommet
[modifier | modifier le code]Après un premier titre de champion d'Europe en 1986, il remporte la médaille d'or du triple saut lors des Championnats du monde d'athlétisme 1987 à Rome avec la marque de 17,92 m. L'année suivante, Markov remporte un nouveau titre international en s'imposant en finale des Jeux olympiques d'été de 1988 à Séoul. Il signe à cette occasion un nouveau record olympique de la discipline en 17,61 m. En 1990, il décroche la médaille d'argent des Championnats d'Europe d'athlétisme de Split.
1990-1995 : domination américaine
[modifier | modifier le code]Kenny Harrison et Mike Conley sont en tête des bilans mondiaux et glanent les médailles d'or aux championnats du monde 1991 et 1993 et Jeux olympiques de 1992 et 1996.
Jonathan Edwards : au tournant du siècle et au carrefour de l'histoire
[modifier | modifier le code]Alors que le triple saut féminin fait seulement son apparition dans les années 1980, ces années sont marquées par l'attente du premier sauteur à 18 mètres. Longtemps attendue et parfois dépassée mais avec un vent trop favorable, c'est finalement Jonathan Edwards qui pulvérisera cette marque. Avec 18,29 m dans le concours magique des mondiaux de Göteborg 1995, Edwards montre par sa fluidité dans le mouvement et son équilibre combien le triple saut a été délaissé à tort. Cette même année et sur le même sautoir, l'Ukrainienne Inessa Kravets « s'envole » à 15,50 m.
Christian Olsson puis le grand flou
[modifier | modifier le code]Christian Olsson est l'un des rares athlètes à avoir remporté au moins une fois tous les titres internationaux existant à son époque : le titre olympique, à Athènes, un titre mondial, à Paris, deux titres européens, les titres mondiaux et européens en salle. Il a remporté la Golden League 2002. Blessé à plusieurs reprises, il décide d'arrêter sa carrière malgré plusieurs tentatives de retour. Depuis, les candidats aux places d'honneur et les médaillés sont multiples mais aucun athlète ne domine la discipline dans une compétition qui s'avère toujours très relevée.
Femmes
[modifier | modifier le code]De Li Huirong à Inessa Kravets
[modifier | modifier le code]Le , en finale des Championnats du monde à Göteborg, Inessa Kravets réalise un triple saut à 15,50 m, améliorant de 41 centimètres le précédent record du monde, détenu par la Russe Anna Biryukova.
Tatyana Lebedeva
[modifier | modifier le code]Championne du monde à trois reprises (2001, 2003 et 2007) et championne d'Europe en 2006, elle a également remporté la Golden League 2005, signant à l'occasion six victoires en six meetings. Elle est l'actuelle détentrice du record du monde en salle du triple saut avec 15,36 m, performance établie en 2004 à Budapest.
Records
[modifier | modifier le code]Records du monde
[modifier | modifier le code]Type | Genre | Performance | Athlète | Date | Lieu |
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En plein air | M | 18,29 m | Jonathan Edwards | Göteborg | |
F | 15,74 m | Yulimar Rojas | Belgrade | ||
En salle | M | 18,07 m | Hugues Fabrice Zango | 16 janvier 2021 | Aubière |
F | 15,74 m | Yulimar Rojas | Belgrade |
Records et championnats
[modifier | modifier le code]Compétition | Genre | Athlète | Nationalité | Marque | Date | Lieu |
---|---|---|---|---|---|---|
Jeux olympiques d'été | Homme | Kenny Harrison | États-Unis | 18,09 m | Atlanta | |
Championnats du monde | Jonathan Edwards | Royaume-Uni | 18,29 m (RM) | Göteborg | ||
Championnats du monde en salle | Teddy Tamgho | France | 17,92 m | Doha | ||
Jeux olympiques | Femme | Yulimar Rojas | Venezuela | 15,67 m | Tokyo | |
Championnats du monde | Inessa Kravets | Ukraine | 15,50 m | Göteborg | ||
Championnats du monde en salle | Yulimar Rojas | Venezuela | 15,74 m (RM) | Belgrade |
Records continentaux
[modifier | modifier le code]Continent | Athlète | Marque | Date | Lieu |
---|---|---|---|---|
Afrique | Fabrice Hugues Zango | 18,07 m | Aubière | |
Asie | Yanxi Li | 17,59 m | Jinan | |
Europe | Jonathan Edwards | 18,29 m (RM) | Göteborg | |
Amérique du Nord et centrale | Christian Taylor | 18,21 m | Pékin | |
Océanie | Ken Lorraway | 17,46 m | Londres | |
Amérique du Sud | Jadel Gregório | 17,90 m | Belém |
Continent | Athlète | Performance | Date | Lieu |
---|---|---|---|---|
Afrique | Françoise Mbango Etone | 15,39 m | Pékin | |
Asie | Olga Rypakova | 15,25 m | Split | |
Europe | Inessa Kravets | 15,50 m | Göteborg | |
Amérique du Nord et centrale | Yargelis Savigne | 15,29 m | Osaka | |
Océanie | Nicole Mladenis | 14,04 m | Hobart Perth | |
Amérique du Sud | Yulimar Rojas | 15,74 m | Belgrade |
Meilleures performances
[modifier | modifier le code]Meilleures performances de l'histoire en plein air
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Meilleures performances de l'histoire en salle
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Autres performances
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Meilleures performances mondiales de l'année
[modifier | modifier le code]Palmarès olympique et mondial
[modifier | modifier le code]Compétition | Hommes | Femmes |
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Jeux 1896 | James Connolly | |
Jeux 1900 | Meyer Prinstein | |
Jeux 1904 | Meyer Prinstein | |
Jeux 1908 | Tim Ahearne | |
Jeux 1912 | Gustaf Lindblom | |
Jeux 1920 | Vilho Tuulos | |
Jeux 1924 | Nick Winter | |
Jeux 1928 | Mikio Oda | |
Jeux 1932 | Chūhei Nanbu | |
Jeux 1936 | Naoto Tajima | |
Jeux 1948 | Arne Åhman | |
Jeux 1952 | Adhemar da Silva | |
Jeux 1956 | Adhemar da Silva | |
Jeux 1960 | Józef Szmidt | |
Jeux 1964 | Józef Szmidt | |
Jeux 1968 | Viktor Saneïev | |
Jeux 1972 | Viktor Saneïev | |
Jeux 1976 | Viktor Saneïev | |
Jeux 1980 | Jaak Uudmäe | |
Mondiaux 1983 | Zdzisław Hoffmann | |
Jeux 1984 | Al Joyner | |
Mondiaux 1987 | Khristo Markov | |
Jeux 1988 | Khristo Markov | |
Mondiaux 1991 | Kenny Harrison | |
Jeux 1992 | Mike Conley | |
Mondiaux 1993 | Mike Conley | Anna Biryukova |
Mondiaux 1995 | Jonathan Edwards | Inessa Kravets |
Jeux 1996 | Kenny Harrison | Inessa Kravets |
Mondiaux 1997 | Yoelbi Quesada | Šárka Kašpárková |
Mondiaux 1999 | Charles Friedek | Paraskeví Tsiamíta |
Jeux 2000 | Jonathan Edwards | Teresa Marinova |
Mondiaux 2001 | Jonathan Edwards | Tatyana Lebedeva |
Mondiaux 2003 | Christian Olsson | Tatyana Lebedeva |
Jeux 2004 | Christian Olsson | Françoise Mbango Etone |
Mondiaux 2005 | Walter Davis | Trecia Smith |
Mondiaux 2007 | Nelson Évora | Yargelis Savigne |
Jeux 2008 | Nelson Évora | Françoise Mbango Etone |
Mondiaux 2009 | Phillips Idowu | Yargelis Savigne |
Mondiaux 2011 | Christian Taylor | Olha Saladukha |
Jeux 2012 | Christian Taylor | Olga Rypakova |
Mondiaux 2013 | Teddy Tamgho | Caterine Ibargüen |
Mondiaux 2015 | Christian Taylor | Caterine Ibargüen |
Jeux 2016 | Christian Taylor | Caterine Ibargüen |
Mondiaux 2017 | Christian Taylor | Yulimar Rojas |
Mondiaux 2019 | Christian Taylor | Yulimar Rojas |
Jeux 2020 | Pedro Pichardo | Yulimar Rojas |
Mondiaux 2022 | Pedro Pichardo | Yulimar Rojas |
Mondiaux 2023 | Hugues Fabrice Zango | Yulimar Rojas |
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Les autres sauts sont le saut en longueur, le saut à la perche et le saut en hauteur.
- Glossaire de l'athlétisme
- Triple saut aux Jeux olympiques
- Triple saut aux championnats du monde d'athlétisme
- Triple saut aux championnats d'Europe d'athlétisme
Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Informations lexicographiques et étymologiques de « saut » (sens A, 4, b, Triple saut) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales [consulté le ].
- Association internationale des fédérations, « Les règles des compétitions 2016-2017 (en vigueur depuis le » [PDF], p. 287, règle 186 : « Triple saut » [consulté le ].
- « An Illustrated History of the Triple Jump », sur Live About Track & Field,
- E. Norman Gardiner, « Phayllus and His Record Jump », Journal of Hellenic Studies, no 24,
- L'Encyclopédie visuelle des sports, Minerva, , p. 36
- Mémoire INSEPS / STAPS Le Triple Saut, 1999, p. 15 [3]
- D. L. Page, Further Greek Epigrams .· Epigrams before A.D. 50 from the Greek Anthology and other sources, not included in «Hellenistic Epigrams» or «The Garland of Philip», Cambridge, University Press, , p. 408
- La fabuleuse histoire de l'athlétisme. Robert Parienté. Éditions de La Martinière, 1996. (ISBN 2-7324-2270-3)
- (en) « Records du monde du triple saut », sur iaaf.org (consulté le )
- (en) « Records du monde du triple saut en salle », sur iaaf.org (consulté le )
- (en) « Men's Triple Jump Records », sur worldathletics.org (consulté le )
- (en) « Women's Triple Jump Records », sur worldathletics.org (consulté le )
- Inozemtsev est désormais Ukrainien
- « Salle vide pour perf historique, Hugues Fabrice Zango s’empare du record du monde du triple saut indoor », sur RTBF Sport, (consulté le )