Avant le départ de la course, Henri Van Lerberghe déclare sûr de lui au peloton qu'il allait lâcher tout le monde et s'imposer en solitaire. Van Lerberghe attaque alors qu'il reste encore 120 km à parcourir avec vent de face, dans ce qui ressemble à une attaque sans aucune chance de réussite. Au cours de son périple, il aperçoit un assistant avec un sac de nourriture prévu pour Marcel Buysse, puis le convainc de l'abandon de Buysse pour récupérer la nourriture. Plus tard, il doit poser pied à terre car un train est arrêté à un passage à niveau. Van Lerberghe n'attend pas le départ du train et décide d'entrer d'un côté dans un wagon avec son vélo pour sortir de l'autre côté[1]. Juste avant d'entrer dans le vélodrome pour l'arrivée, Van Lerberghe s'arrête dans un bar pour prendre quelques bières. Son manager, paniqué qu'il manque une chance de victoire, se met à sa recherche et le fait revenir sur son vélo. Il atteint la ligne d'arrivée avec une marge de 14 minutes, la plus grande marge dans l'histoire du Tour des Flandres[2]. Après avoir franchi la ligne et fait son tour d'honneur, Van Lerberghe déclare dans la foule et, en toute sincérité : « Rentrez chez vous; J'ai une demi-journée d'avance sur le peloton »[3],[4].
Jean-Paul Bourgier, 1919, le Tour renaît de l'enfer : De Paris-Roubaix au premier maillot jaune, Toulouse, Le Pas d'oiseau, , 158 p. (ISBN978-2-917971-38-3).