Syndrome de la Schtroumpfette
Le syndrome de la Schtroumpfette (ou le principe de la Schtroumpfette), nommé d'après le personnage éponyme, est celui de la sur-représentation (volontaire ou inconsciente) des protagonistes masculins dans les œuvres de fiction, au détriment des protagonistes féminins[1]. Ce concept permet notamment de mettre en avant le fait que chaque homme a sa propre personnalité, tandis que les femmes d'univers de fiction n'existent souvent qu'à travers leur rôle de femme.
Origine de l'expression
[modifier | modifier le code]L'expression Smurfette principle (« principe de la Schtroumpfette » en anglais) a été proposée par la critique américaine Katha Pollitt dans un article du New York Times d'[2].
« Les séries télévisées récentes ont souvent seulement des personnages masculins, comme Garfield, ou sont organisées selon ce que j'appelle le syndrome de la Schtroumpfette : un groupe de copains, accompagnés d'une seule femme, en général définie de manière stéréotypée… Le message est clair. Les garçons sont la norme, les filles la variation ; les garçons sont centraux quand les filles sont à la périphérie ; les garçons sont des individus alors que les filles sont des stéréotypes. Les garçons définissent le groupe, son histoire et ses valeurs. Les filles existent seulement dans leur relation aux garçons. »
Dans la série de bandes dessinées Les Schtroumpfs, la Schtroumpfette est en effet l'unique personnage féminin récurrent.
La journaliste américaine Jessica Bennett attribue l'expression « syndrome de la Schtroumpfette » à Nancy-Ann DeParle et Alyssa Mastromonaco, adjointes du chef de cabinet de la Maison-Blanche sous la présidence de Barack Obama[3].
Effets du syndrome
[modifier | modifier le code]Le syndrome de la Schtroumpfette a pour effet de centrer un récit autour des hommes, où la femme n'existe éventuellement qu'en référence à ceux-ci[4],[5].
Dans la culture populaire
[modifier | modifier le code]Littérature
[modifier | modifier le code]- À Port Mars sans Hilda d'Isaac Asimov, les personnages féminins sont rarissimes, comme dans la science-fiction de l'époque.
- Les bandes dessinées Tintin mettent en scène et donnent la parole à très peu de personnages féminins, le seul mémorable étant la Castafiore.
Films et séries
[modifier | modifier le code]Le syndrome peut être observé dans les films et séries suivants qui ne font intervenir qu'un seul personnage féminin.
- Winnie l'ourson : Grand Gourou
- Les Aventures de Tintin : Bianca Castafiore[6]
- Le Muppet Show : Miss Piggy
- Star Wars : Leia Organa
- Les Tortues Ninja : April O'Neil
- Seinfeld : Elaine Benes[7]
- Ocean's Eleven : Tess Ocean
- La Ligue des gentlemen extraordinaires : Mina Harker
- The Big Bang Theory : Penny (dans les saisons 1 à 3)
- Prince of Persia : Les Sables du Temps : Tamina
- Kingsman : Services secrets : Roxanne "Roxy" Morton
- Gladiator : Lucilla
Univers cinématographique Marvel
[modifier | modifier le code]- Avengers : La Veuve Noire
- Les Gardiens de la Galaxie : Gamora[8]
- The Defenders : Jessica Jones
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Lori Day et Charlotte Kugler, Her Next Chapter : How Mother-Daughter Book Clubs Can Help Girls Navigate Malicious Media, Risky Relationships, Girl Gossip, and So Much More, Chicago Review Press, , 272 p. (ISBN 978-1-61374-859-6, lire en ligne), p. 203– ; Rédaction du HuffPost avec l'AFP, « Le plaidoyer de Reese Witherspoon contre le “syndrome de la Schtroumpfette” à Hollywood », Le HuffPost, (lire en ligne, consulté le ).
- Pollitt 1991.
- (en) Jessica Bennett (ill. de Saskia Wariner, avec Hilary Fitzgerald Campbell), Feminist fight club : an office survival manual (for a sexist workplace), New York, Harper Wave (HarperCollins), , 1re éd., 1 vol., XXXIII-294, 22 cm (ISBN 978-0-241-24483-8, OCLC 953154157, SUDOC 197639534, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), part. 3 (« Booby traps »), chap. [3.10] (« The trap : “lone woman in the room” ») (lire en ligne).
- (en)Soraya Chemaly, « Is Smurfette Giving It Away? What the Smurfette Principle Teaches Your Kids About Girls », sur The Huffington Post,
- (en) Sharon Gmelch, Marcie Heffernan Stoffer et Jody Lynn Yetzer, Gender on Campus : Issues for College Women, Rutgers University Press, , 308 p. (ISBN 978-0-8135-2522-8, lire en ligne), p. 224–.
- Charles Binick, Olivier Delcroix, « Raciste, antisémite, sexiste : Tintin sur le banc des accusés », sur Le Figaro,
- (en) Cultural Hegemony in the United States, SAGE Publications, , 352 p. (ISBN 978-1-4522-2196-0, lire en ligne).
- (en)Caitlin Sinclair Chappell, « Marvel To Include More Female Representation In Upcoming Films. », The Odyssey Online,
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- [Pollitt 1991] (en) Katha Pollitt, « Hers; The Smurfette Principle », The New York Times, (lire en ligne, consulté le ). Traduction française de l'article en ligne.
- [Castillo 2017] Amanda Castillo, « Les femmes face “au syndrome de la Schtroumpfette” », Le Temps, (lire en ligne [PDF], consulté le ).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Demoiselle en détresse
- Manic Pixie Dream Girl
- Mary-Sue
- Regard masculin
- Test de Bechdel
- Syndrome Trinity
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Lili Boisvert et Judith Lussier, « Le principe de la Schtroumpfette », 11e épisode de la 1re saison de la série Les Brutes (2 min 32 s) [vidéo], , sur la zone vidéo de Télé-Québec.