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Soeuf Elbadawi

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Soeuf Elbadawi
Description de cette image, également commentée ci-après
A Mitsudje, octobre 2009 (Fonds W.I/ Mihi Djoubeiri)
Naissance (54 ans)
Moroni
Activité principale
Auteur et artiste

Soeuf Elbadawi, né en 1970 à Moroni, est un acteur majeur de la scène culturelle comorienne. Ancien journaliste passé au théâtre, il dirige, aujourd’hui, la compagnie de théâtre BillKiss I O Mcezo* Cie et le groupe de musique comorienne Mwezi WaQ., après avoir œuvré, plusieurs années, au sein de Radio France Internationale à Paris.

Auteur publié en France et aux Comores, son écriture parle de la difficulté de la relation entre les êtres, lorsque viennent s'y mêler fantasmes et fictions collectives. Elle questionne la mémoire et le vécu politique de ses concitoyens. Soeuf Elbadawi conçoit également des installations à caractère pluridisciplinaire, faisant se rencontrer l’image, le son et le spectacle vivant[1].

Artiste citoyen

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Retour au théâtre après une carrière journalistique

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Après plusieurs années consacrées au journalisme (Radio Comores, RFI, Africultures, Al-Watwan, Kashkazi), Soeuf Elbadawi décide de retourner sur les planches - la passion de ses vingt ans - en 2005. Pris en main par Michel Charles (la Rue Blanche, Paris) en 1990, il dirigeait, en effet, une troupe (Les Enfants du théâtre)[2] à l'Alliance franco-comorienne de Moroni. Il quitte son pays en 1992, s'installe à Paris, où il évolue dans les médias, avant d'être rattrapé par une envie soudaine de retravailler au plateau. Il considère alors qu'il est « partie prenante » d'une réalité longtemps occultée[3].

Création d'une compagnie de théâtre et expérimentation

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Il pose alors ses valises à l'université des Comores où l'écrivain Mohamed Toihiri l'invite à expérimenter ses envies de théâtre. Il y crée un laboratoire de recherche (laboresvik) en 2006, fonde sa compagnie, aujourd'hui appelée BillKiss* I O Mcezo*, en 2008[4]. Depuis, il tente d'éprouver les limites d'un théâtre à vocation populaire et citoyen[5]. Sa compagnie est connue aux Comores pour avoir joué La Fanfare des fous, un spectacle sur la dépossession, en 2009, et pour avoir défendu le concept du gungu la mcezo, détournement d'une tradition de justice populaire appelée gungu, sous la forme d’un théâtre dans l'espace public. Soeuf Elbadawi a reçu le soutien de la Fondation du Prince Claus aux Pays-Bas pour ce travail[6].

Censure et engagement politique à travers le théâtre

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Le premier gungu la mcezo, réalisé le 13 mars 2009, lui vaudra une censure[7], de la part des autorités culturelles françaises aux Comores. Organisé avec des militants du mouvement maWatwaniya, ce gungu la mcezo[8] sera orchestré contre l’occupation de Mayotte, une partie de l'archipel des Comores, par la France, aujourd’hui condamnée par les Nations unies. 22 résolutions dont celle prise le 21 octobre 1976, insistant sur la « violation de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la République Indépendante des Comores ». Le succès rencontré depuis par le travail de Soeuf Elbadawi a permis de relancer le débat sur le rôle et la place des artistes dans son pays[9].

Controverse et mémoire coloniale à travers l'art

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Soeuf Elbadawi, qui, en 2007, avait été pris à partie par des gens de Moroni, sa ville natale, pour avoir écrit contre le repli communautaire (Moroni Blues/ Chap. II)[10], est un artiste qui dérange dans l'archipel. Pays de lune, son installation au Festival des Arts Contemporains aux Comores (FACC) a été l'occasion en 2014 d'interroger la mémoire des siens et de remuer, comme il l'explique, des « fragments entiers d'histoire coloniale rangés sous le lit de nos grands-pères ». Fondateur à Moroni du Muzdalifa House (2009-2015)[11], lieu d'agitation citoyenne et d'expérimentation artistique, il travaille notamment sur le shungu. Un concept, issu de la tradition comorienne, portant sur les questions du vivre-ensemble, avec la ferme volonté de l'inscrire dans un espace-monde[12].

Projets artistiques et culturels entre Paris et Moroni

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Engagé sur plusieurs fronts, il développe différents projets entre Paris et Moroni, ses points d'ancrage. Soeuf Elbadawi s’occupe de Mwezi WaQ., un groupe qui  ré-interroge la mémoire musicale de l'archipel. Le groupe a sorti son deuxième album, Le blues des sourds-muets, sous label Buda[13]. Toujours actif dans le paysage médiatique des Comores, il a fondé deux supports papier, l'un à caractère citoyen (2015), Uropve, l'autre à vocation culturelle (2018), Mwezi (groupe AB Aviation), tout en continuant à animer le site internet Muzdalifa House[14] depuis février 2013[15].

Publications

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  • 2024 : Histoire(s) en chemin, Quatre Etoiles (ISBN 978-2494613102).
  • 2024 : Obsession(s) Remix, Komedit (ISBN 978-2370970992).
  • 2022 : La fanfare des fous, Komedit (ISBN 978-2370970831).
  • 2020 : Obsessions de lune/ Idumbio IV, Bilk & Soul.
  • 2013 : Un dhikri pour nos morts. La rage entre les dents, La Roque-d'Anthéron, Vents d'Ailleurs, , 69 p. (ISBN 978-2364130319). Prix littéraire des lycéens, apprentis et stagiaires de la région Ile-de-France, édition 2013-2014.
  • 2009 : Moroni Blues/ Une rêverie à quatre, Bilk & Soul, , 70 p. (ISBN 978-2953129809)
  • 2008 : Un poème pour ma mère: Une rose entre les dents, Komedit, , 68 p. (ISBN 978-2914564861)
  • 2007 : Moroni Blues / Chap. II, Bilk & Soul, , 62 p. (ISBN 978-2914564373). Prix Isesco 2010 aux Comores ("Moroni capitale islamique de la culture 2010 pour l'Afrique").

Ouvrages collectifs

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  • 2023 : Soeuf Elbadawi I Fragments 2003-2023, recueil d'entretiens, éditions Quatre Étoiles (ISBN 9782494613041).
  • 2022 : Médias aux Comores/ Des bribes d'histoire (ré)assemblés, Bilk & Soul.
  • 2021 : Ce que mon père ne m'a peut-être pas dit de/ avec Souef Ali Amane, Bilk & Soul.
  • 2014 : Shungu Un festin de lettres, Komedit.
  • 2014 : Soeuf Elbadawi, Brisures comoriennes, Komedit, , 88 p. (ISBN 978-2914564991)
  • 2010 : O Mcezo*, Soeuf Elbadawi, Abdéramane Said Mohamed Wadjih, Laboresvik, Ceza, choses dites, entendues ou lues sur le spectacle vivant aux Comores, Bilk & soul, , 77 p. (ISBN 978-2953129816)
  • 2007 : Rémi Carayol, Soeuf Elbadawi et Kamal 'Eddine' Saindou, Une suite à Moroni Blues, Levallois-Perret, Les éditions de la lune, , 56 p. (ISBN 978-2747526494)
  • 2003 : Dernières nouvelles de la Françafrique, Vents d'Ailleurs, La Roque-d'Anthéron.
  • 2024 : Je suis blanc et je vous merde, France, Zébrures d'Automne, Corrèze / Limousin.
  • 2022 : Obsession(s) Remix, France, Uzerche, Auditorium Sophie Dessus/ Théâtre de l'Echangeur, Paris.
  • 2018 : Obsession(s), France, Théâtre Antoine Vitez, Ivry Sur Seine/ Les Théâtrales Charles Dullin, Val De Marne.
  • 2014 : Obsessions de lune Idumbio IV, France, Comores.
  • 2011 : Un dhikri pour nos morts, La Réunion, Comores, France[16].
  • 2011 : Moroni Blues, Festival des Francophonies en Limousin, Bellac-Limoges[17].
  • 2010 : Pica la manga kalina udowo/ L'image de l'ailleurs ne se vit pas dans le miroir, festival, Bancs Publics, Marseille.
  • 2009 : La Fanfare des fous, Comores[18].
  • 2006 : Abdel K., Palais du Peuple, Moroni.
  • 2003 : Esprit de transhumance, d'après Saïndoune Ben Ali, Théâtre de l’Opprimé, Paris.

Collaboration

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  • 2015 : Banalités d'usage Un musulman de moins, in Après la peur d'Armel Roussel/ Cie [e]utopia2 (Belgique).
  • 2013 : Comédien dans Agoraphobia de Rob de Graaf, mise en scène de Lotte Von Den Berg/ Cie OMSK (Pays-Bas).
  • 2008 : Comédien pour Moroni Blues/ Une rêverie à quatre, mise en scène de Robin Frédéric(La Réunion).
  • 2007 : Interprète dans Hommage à Rûmi, mise en scène de Titi Robin, Théâtre Gérard Philippe, Africolor.
  • 2004 : Comédien dans Haïti d’île et d’exil, mise en scène de Luc Clémentin (Ultima Chamada), TILF, Paris.

Installations

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  • 2014 : Pays de lune I Un rêve brisé, FACC, Moroni, Comores[19].
  • 2005 : Moroni Blues/ Chap. II, Africolor, Le Bourget/ Fifai, La Réunion, Le Port (2006).

Action collective

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  • 2012 : Des visages et des mots autour d'un cimetière de kwasa, coll., Confluences, Paris/ Muzdalifa House, Moroni.
  • 2019 : Prière pour un pays.
  • 2014 : Uhuru na igabuo, in Pays de lune I Un rêve brisé.
  • 2010 : Sirikali za mikowani : engarendo nda ?
  • 2008 : Moroni ce long poème.

Collaboration

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  • 2024 : rôle principal (Ali) dans Zanatany, l'empreinte des linceuls esseulés de Hachimiya Ahamada, Bruxelles.
  • 2010 : 01|Souvenirs de tournée de Ahmed Jaffar, Moroni.

Production artistique

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Soeuf Elbadawi dans Un dhikri pour nos morts, Muzdalifa House, Moroni, Comores, mars 2012.
Soeuf Elbadawi dans Un dhikri pour nos morts, Confluences, Paris, France, janvier 2012.
Soeuf Elbadawi dans Un dhikri pour nos morts, salle Guy-Alphonsine, Saint-André, La Réunion, décembre 2011.
Soeuf Elbadawi dans le spectacle Un dhikri pour nos morts, Confluences, Paris, France, janvier 2012.

Notes et références

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  1. « 🎤🎧 Soeuf Elbadawi : artiste non revendiqué, vrai Comorien », sur Outre-mer la 1ère,‎ (consulté le )
  2. muzdalifahouse, « Un bout d’une histoire de théâtre aux Comores », sur Muzdalifa House, (consulté le )
  3. « Personnes | Africultures : Elbadawi Soeuf », sur Africultures (consulté le )
  4. « Sœuf Elbadawi | Jamais Lu », sur jamaislu.com (consulté le )
  5. « Soeuf Elbadawi », sur artcena.fr, (consulté le )
  6. Mohamed A. Hab, « Pour un théâtre de la sincérité aux Comores avec O Mcezo* Cie », sur Africultures, (consulté le )
  7. Said Hassane Jaffar, « L'hommage de la Guilde des Artistes Comoriens », sur Africultures, (consulté le )
  8. A. Mohamed, « Gungu à Moroni », sur Africultures, (consulté le )
  9. « Mayotte . Pourquoi cette chasse aux Comoriens sur l’île française ? », sur Courrier international, (consulté le )
  10. « Soeuf Elbadawi, auteur et artiste “Naritsange, ngeritsangiwa” », sur Al-Watwan, (consulté le )
  11. « Reportage Afrique - Comores: 2è édition du festival d’arts contemporains », sur RFI, (consulté le )
  12. Les Francophonies-Des écritures à la scène, « Soeuf Elbadawi », sur Les Francophonies - Des écritures à la scène, (consulté le )
  13. « Catalogue - Buda Musique », sur www.budamusique.com (consulté le )
  14. « Muzdalifa House », sur Muzdalifa House, (consulté le )
  15. (en) « Soeuf Elbadawi : souvenir d’un archipel » Accès payant, sur lenouvelliste.com, (consulté le )
  16. « Article11 - Soeuf Elbadawi : « Nous qui ne sommes rien » - Lémi », sur www.article11.info (consulté le )
  17. « Soeuf Elbadawi, le démon de l’archipel des Comores - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le )
  18. Mohamed A. Hab, « Pour un théâtre de la sincérité aux Comores avec O Mcezo* Cie », sur Africultures, (consulté le )
  19. (en) Staff Reporter, « Comoros: The crazy, remote art biennale that rocks », sur The Mail & Guardian, (consulté le )