[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Roger Raoul Rocher

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Roger Raoul Rocher
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 70 ans)
Nationalité
Activité
Autres informations
Partis politiques

Roger Raoul Rocher, né le à Romans (Drôme) et mort le 14 novembre 1990, est un pédagogue et militant français.

Roger Rocher est le fils de Jean-Marie Joseph Rocher né le à Alixan (Drôme) et de Marie-Louise Finot, née le à Le Châlon (Drôme). Son père, après 15 ans dans l'armée, devient traminot à l'Office des transports lyonnais où il finit sa carrière comme responsable du train bleu de la vallée de la Saône. Il décède le . Sa mère est fille d'agriculteurs comme son mari, elle décède le à Cours la Ville (Rhône).

Après les chantiers de la jeunesse française (1940) à Rumilly en Haute-Savoie et un brevet d'Études supérieures (1941), il entre à l'École normale d'instituteurs de Lyon (1942). Il est affecté à Bressieux près de L'Arbresle (1943).

Engagement socialiste, ajiste et militant

[modifier | modifier le code]

Ces premiers Normaliens de la Croix-Rousse se politisent : Roger Rocher entre dans les réseaux du PCI avec son collègue Paul Duthel (futur dirigeant « lambertiste »). Le groupe résistant lyonnais infiltrera même l'armée allemande avec l'ajiste Paule Combier. Le tandem Rocher-Duthel sera la « bête noire » du secrétaire fédéral du Parti communiste français Jean Capievic, maire et conseiller du canton de Vaulx-en-Velin qui pendant vingt ans, les accusera de diverses actions « irresponsables ». Son mentor sera Marc Paillet (futur directeur de l'AFP en 1981) romancier admirateur de Charlemagne.

Après la guerre, il intègre les Jeunesses Socialistes de la SFIO dans la tendance libertaire et trotskyste, il devient membre du bureau national en 1947, rédacteur à leur journal spécifique Drapeau Rouge. Au parti, il admire André Philip dont l'épouse, Mireille, recevra la médaille des justes au titre des sauvetages d'enfants juifs du Chambon-sur-Lignon.

Roger Rocher est l'un des animateurs de l'« École émancipée » au sein du Syndicat national des instituteurs. Il rencontre en 1941 Jeanne Berthet, née le à Lyon, à la chorale « Jeune France » dirigée par César Geoffray, puis aux « Cam'Routes » (un fils, Alain), par la suite l'ajiste Renée Floret, née le à Villefranche-sur-Saône (un fils, Serge).

Ajiste, habitant 11, rue Burdeau à la Croix-Rousse à Lyon, il fait de son domicile le siège du CLAJ (Centre laïque des auberges de jeunesse) lyonnais. Le CLAJ, mouvement créé en 1936, fusionnera en 1956 avec d'autres composantes pour former la Fédération unie des auberges de jeunesse (FUAJ). Le groupe de Roger crée et diffuse nationalement le bulletin Révoltes. Ce bulletin sera le creuset de nombreux militants (entre autres, Michel Fiant qui cofondera l'Alliance marxiste révolutionnaire). Dans l'esprit libertaire du CLAJ, tout utilisateur est militant. Dans la tradition des Compagnons du Devoir, on appelle Père aub' et Mère aub' les responsables d'hébergement.(1)

Ces jeunes acquièrent une conscience sociale et politique (mixité, antiracisme, pacifisme).

Dans ce milieu, il rencontre le futur musicologue Jacques Filleul, certains des Frères Jacques et des quatre barbus, ainsi que le futur cinéaste Yves Robert.

Après avoir préparé la fondation des Francas dès fin 1944, près de Voiron, il enseignera peu (Quai Chauveau à Lyon, Saint-Fons) ; il essaye la méthode de Célestin Freinet. Il sera détaché du Ministère de l'Education Nationale aux œuvres laïques toute sa carrière. Il crée les comités « pour nos gosses » à partir des amicales laïques lyonnaises, le premier centre aéré à Bron en 1959, la première « école ouverte » à Saint-Fons, dont le maire est Franck Sérusclat, en 1971 à partir de la circulaire sur les CLAE (centre de loisirs associés à l'école) qu'il a corédigé pour ses amis de la Jeunesse et des Sports tels Henry Bard.(2)

Il est l'auteur de la définition de l'idéal franca, adopté aux journées pédagogiques de Versailles en 1968 : « former l'individu le plus libre possible et le plus responsable possible dans la société la plus démocratique possible. » Il publie en 1970 Pour une école ouverte à l'action concertée de tous les co-éducateurs.

Il organise chaque année des voyages d'étude pour faire découvrir aux élus et techniciens les réalisations anglaises, allemandes et suédoises. Il anime de nombreuses conférences avec projections de diapositives sur les « playgrounds » anglais, les terrains d'aventure et les fermes pédagogiques de l'Europe du Nord.

Militantisme et engagement local dans l'après-guerre

[modifier | modifier le code]

Il participe activement à l'organisation des manifestations contre la guerre d'Indochine jusqu'en 1954. Avec les anarchistes comme le colosse Tardif, éboueur de Tassin, ils affrontent les CRS de Jules Moch au corps-à-corps à Lyon.

Partenaire de Claude Bourdet à Lyon, il fonde la « Nouvelle gauche » locale, puis devient un des dirigeants de l'UGS du Rhône. Il se présente aux élections cantonales à la Guillotière à Lyon, puis aux élections municipales de Lyon en 1959, en tandem avec Georges Tamburini (MLP, Mouvement de Libération du Peuple) contre Louis Pradel.

À partir de 1956, il lutte pour la paix en Algérie, il joue un rôle logistique très actif dans le réseau Jeanson avec Suzanne Gerbe et Charles Avocat, organisant des acheminements vers la frontière suisse. L'Amicale des algériens en France et le FLN s'en souviendront trente ans plus tard, en se manifestant à ses funérailles.

Cofondateur du Parti socialiste unifié du Rhône en 1960, il en partira en 1974 après les Assises du socialisme et restera de sensibilité rocardienne au sein du Parti socialiste.

Il quitte Lyon après avoir fait construire à Dardilly (1964) dans la très conservatrice commune natale du curé d'Ars. Pour lui, c'est un « retour à la terre » : il n'a jamais perdu le contact avec son cousinage rural drômois, plante des dizaines d'arbres et des vignes, entretient un immense potager, élève des pigeons. Il fait la rencontre du Professeur Philippe Lebreton et organise avec lui (1972) un stage franca d'initiation à l'écologie à Villars-les-Dombes. Il envoie son fils aîné représenter les francas au COSILYO (comité des sites du Lyonnais, antenne de la FRAPNA). Il s'est en effet rapproché du mouvement écologiste politique en fondant "Dardilly écologie". Il s'est, par exemple, opposé à la construction d'un ensemble immobilier sur l'ancien hippodrome de la Tour de Salvagny.

Il fonde le Comité des Loisirs Educatifs de l'Ouest Lyonnais (CLEOL).

Il est élu en mars 1983 à Dardilly sur la liste de Pierre Vialle, un humaniste chrétien sans étiquette. Cela lui permet de réaliser la construction d'une Ecole Ouverte. Une association de droite, "Vivre à Dardilly", l'attaque avec virulence (3).

En 1989, il participe à la liste municipale "Dardilly-Ensemble" menée par Marcel Christ. Michèle Vuillen, future maire en 1995, y participe. La liste ne sera pas élue.

Intérêt pour l'urbanisme et l'écologie

[modifier | modifier le code]

Ses idées socio-culturelles ayant un vif succès, il ne pouvait les propager avec les seuls francas qui avaient leur propre outil technique, l'OPAL dirigé par son amical rival, André Danancher. Il créa donc une association, le CECANEC, centre de conception et d'animation d'équipements culturels, présidé par un enseignant élu de Décines, Claude Joseph. En se faisant uniquement rembourser ses frais, pendant plusieurs années, cette structure conseillera une vingtaine de municipalités de gauche, mais aussi les villes nouvelles de L'Isle-d'Abeau et de l'étang de Berre. C'est Roger Rocher qui, à la demande de Pierre Moutin, maire de Décines, président du SYMALIM (Syndicat mixte d'aménagement de l'île de Miribel-Jonage), dessina, sur un coin de table, le zonage du parc de loisirs à une époque où il n'y avait pas d'agence d'urbanisme ni de concours internationaux pour paysager Lyon.

Au sein du Parti socialiste se créa une structure de conseil aux collectivités URBACONSEIL dont l'esprit et l'action changeront par la suite. Elle fut confiée à Lyon à un architecte, Christian Buche, qu'avait séduit l'intégration des équipements socio-culturels. Il proposa au CECANEC de se dissoudre. Roger Rocher y assura un rôle de conférencier puis quitta assez vite ce qui devenait une « machine » vidée de toute motivation militante.

Figure de la laïcité lyonnaise, il est initié au GODF « Parfait Silence » en 1962, il fut un orateur maçon très écouté pour son franc-parler. Une nombreuse assistance se réunira lors de ses funérailles maçonniques (drap noir, chaîne d'Union) quand il décède brusquement en , deux mois après avoir participé à l'éloge funèbre (auto-dissolution) du PSU du Rhône à Tassin.

Notes et références

[modifier | modifier le code]

(1) Les principaux groupes d'ajistes se constituent autour à la Croix-Rousse, Lyon-Montplaisir (avec Jeanne Berthet) et Givors (avec Raymond Puget).

Une auberge ouvre les samedis et dimanches au col de la Luère au-dessus de Pollionnay. Le lieu deviendra célèbre avec la « mère Brazier ». Les clients rejoignent le lieu à vélo ou à pied à partir des transports en commun.

Chaque ajiste porte un surnom : « Piano » « Framboise » « Tisane ».

Deux couples ont formé un groupe artistique, les « Fariboles » qui se produit, avec l'appui du réseau, dans diverses villes.

Ajiste à Vincennes, Maurice Rajsfus écrit à propos du mouvement qu'il "a constitué un lieu d'élaboration de projets généreux." Pour lui, "Les Auberges de la Jeunesse représentaient des espaces libérés où chacun pouvait évoluer à sa guise" ; "Il y avait un esprit écologiste avant la lettre" ; "Il y avait des nostalgiques de l'espéranto."

Le siège lyonnais des Cam'Routes est situé près de la place des Terreaux et de la rue d'Algérie.

En 1948, le groupe rhodanien de chants et de danses du CLAJ se baptise « Vive la Vie ».

Les membres en sont : Claude Brachet, Maurice Chomat (parents cafetiers à Gerland), Claude Debilly, Camille et Gabrielle Fenati, Jacques Filleul (Rillieux) Renée Floret (Givors), Roger Moiroud, Gérard Netz, Andrée Nolly, Josette Tagliabue, Marcel Vacher.

A son domicile réquisitionné pour son épouse par les œuvres sociales de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée au 11 rue Burdeau sur les pentes de la Croix-Rousse, Roger Raoul Rocher crée un bulletin ajiste REVOLTES en Janvier 1949. Maurice Chomat en est le gérant.

Jusqu'en Décembre, il y aura huit numéros, très abondants en fiches techniques, les abonnés viennent de nombreux départements.

Révoltes n'ayant pas été conservé par la FUAJ est devenu le support d'expression du Centre Coopératif d'Histoire Vivante et des Alternatives Sociales.

En mai 2008, un numéro rédigé par Manfred Fischer fait l'historique politique de la « Maison des Passages » du quartier Saint-Georges à Lyon.

(2) Le Progrès de Lyon vers 1960 :

« Au nom de la grande équipe des Francs et Franches Camarades, de tous les instructeurs, moniteurs et monitrices qui le secondent, M. Rocher, délégué régional du Mouvement […] évoqua le problème des loisirs de la jeunesse et montra tout ce qu'il faudrait faire pour les enfants souvent sacrifiés.

« L'école publique créée pour tous les enfants du peuple, les instruit […] Il s'agit maintenant de les éduquer ».

Roger Rocher rappela qu'il est nécessaire d'appliquer les méthodes du patronage éducatif polyvalent et d'aménager des « espaces verts » dans les cités modernes bâties en ciment.

Il a fait allusion à la cité de Bron-Parilly où il faut installer rapidement des terrains de jeux pour plus de 3 500 enfants.

Il parla enfin des plans élaborés pour construire des « maisons de l'enfance » qui seront confiées non pas à des gardiens, mais à des éducateurs. »

(3) Bulletin Vivre à Dardilly, décembre 1983 : "Il y a quelque temps , un tract annonçant la création à Dardilly d'une troupe d'Eclaireurs et Eclaireuses de France a été distribué par les enseignants à la demande de Monsieur Rocher, adjoint aux écoles. De nombreux parents ont été choqués, tant par le caractère anormal de cette distribution à l'intérieur de l'école que par les termes incitant à la lutte sociale qui étaient employés."

Le même bulletin se termine par une chanson satirique où Roger et Renée Floret sont moqués : "C'est le camarade Pépone / Toujours suivi par la patronne / Ils sont ici, ils sont partout / Ils se mêlent de tout."

(4) Ce haut fonctionnaire s'inscrit dans la ligne des praticiens et théoriciens libertaires français (Célestin Freinet, Fernand Deligny, Françoise Dolto...).

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Dictionnaire bibliographique des militants, Geneviève Poujol, Madeleine Romer, 2000.
  • Bulletin lyonnais du Centre Laïque des Auberges de Jeunesse, …1953, collection « REVOLTES» /Archives municipales de Lyon. Déposé au Centre de Documentation et de Recherche sur les Alternatives Sociales (CEDRATS), 27 montée Saint Sébastien, Lyon.
  • Marcel Auclair, "Principes du mouvement Ajiste". Revue "Routes" du CLAJ, 1948.
  • Rapport de Robert Mandra inspecteur départemental de l'EN sur les activités de Roger Rocher /1966 archives départementales du Rhône.
  • Robert Mandra (4), auteur de « l'éducation contre-nature ». PUF, 1991, 258 p. 
  • Robert Mandra, "les complémentarités en Education", hommage à Pierre de Rosa / page 15 sur 44 / Sept 2011/ pdf sur site Francas.
  • Suzanne Gerbe, Un automne à la prison de Montluc, L'Harmattan, 2002.
  • « Pour une école ouverte à l'action concertée des co-éducateurs », éditions Francas, 1977, 66 pages.
  • Gilberte Hugouvieux, « Les FFC : Repères sur la naissance d'un mouvement d’enfants ». INEP Marly-le-Roi, 1981. 
  • Eloges funèbres : A. Vialle, H. Tariel, G. Friedrich, R. Geoffroy, JM Hoche. Brochure, 1990.
  • « Roger Rocher, militant de l'enfance », éditions Francas, 1991, 20 pages.
  • Noëlle Monin, « Des écoles ouvertes, contribution à l'étude d'une innovation pédagogique ». Thèse Bordeaux II, 1992. 
  • Geneviève Poujol, De l'éducation populaire à l'action culturelle, L' Harmattan 1996.
  • Noëlle Monin, « Le mouvement des FFC : De l'animation des loisirs des jeunes à la participation aux écoles ouvertes », Revue Française de Pédagogie, 1997, vol. 118, p. 81-94 plus notes 47/50 et 58/60.
  • Gérard Lindeperg, Avec Rocard, page 30 / mémoires d'un rocardien de province, Fondation Jean Jaurès, éditions de l'Aube, .
  • "Les Camarades de la route", Cahiers de l'animation (INEP) n° 49-50, 1985, Témoignage de Roger Rocher, pages 79-82.
  • "L'Ecole ouverte de Saint-Fons", Ecole libérée, avril 1972.
  • "Architecture contemporaine et école ouverte", Résonnances, mars 1972, page 52.
  • Roger Rocher, auteur de brochures et d'ouvrages aux Editions FFC : "Les plaines de jeux pour enfants", "30 fiches d'équipement et d'installations fonctionnelles pour plaines de jeux", "La plaine de jeux Robinson", "La plaine de jeux évolutive", "L'éducation globale : école ouverte à l'action concertée des co-éducateurs", "Le centre de loisirs associé à l'école".
  • Roger Rocher, "Approche par niveau d'âge et par typologie des espaces et locaux dans la conception des équipements éducatifs", Rapport remis à l'établissement public de l'Isle d'Abeau, 1973.
  • Roger Rocher, "Le concept général de l'école ouverte à l'éducation globale", Brochure ronéotypée du Centre de Loisirs Educatifs de l'Ouest Lyonnais (CLEOL), 9 pages /Archives municipales de Lyon.
  • "Les Ancêtres drômois de Roger Raoul Rocher "le franca", Revue Collines n° 117, 1er trimestre 2021, pp. 24-29.
  • Maurice Rajsfus, Une enfance laïque et républicaine, Editions du Détour, 2023.
  • "Généalogies foréziennes", n° 24, 2024, pp. 39-63.
  • Roger Rocher, "Défendre l'école laïque", Le Rhône Socialiste (directeur André Philip), n°1, 20 juillet 1946.
  • Roger Rocher, rapporteur, "Les Plaines de jeux, Les maisons de l'Enfance". Fédération Nationale des Conseils de Parents d'élèves de l'Ecole publique, dite Cornec. P. 56. Source : gallica.bnf.fr
  • Fiche de Paul Claudius Duthel dans le dictionnaire Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article23555, notice DUTHEL Paul, Claudius par Loïc Le Bars, version mise en ligne le 25 octobre 2008, dernière modification le 14 octobre 2022.
  • Lucette Heller-Goldenberg, Histoire des auberges de jeunesse en France des origines à la Libération (1929-1945). 2 vol., Université de Nice, 1985, page 1016.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]