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Pays-Bas français

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Pays-Bas français sont une dénomination donnée à un ensemble de plusieurs régions culturelles et historiques du nord de la France, à la Flandre française, et à l'Artois à la frontière avec la Belgique et le Luxembourg.

Ces régions faisaient autrefois partie des Pays-Bas bourguignons, puis des Pays-Bas espagnols, et s'inscrivaient dans les Pays-Bas méridionaux. Sont concernées par cette dénomination les régions historiques de l'Artois, du Hainaut français, de la Flandre française, du Cambrésis, du Luxembourg français, de la Wallonie française (dont la pointe de Givet, considérée comme partie du pays de Liège par Hesseln[1], ou bien Namurois, voire Pays entre Sambre et Meuse par Brion de La Tour[2]), et, parfois, pour des raisons culturelles et géographiques, de la Picardie[3],[4] et de l'Ardenne française dans leur entièreté.

On précisera pour cette dernière que la dénomination concerne principalement l'Artois, l'Amiénois, le Ponthieu, le Vimeu, le Boulonnais, le Santerre, le Vermandois, et la Thiérache. A contrario, le Calaisis, le Beauvaisis, le Valois, le Soissonnais, le Laonnois et le Noyonnais n'ont jamais été sous l'emprise politique des Pays-Bas.

L'histoire des Pays-Bas français, fut longtemps commune avec l'histoire de la Belgique, celle d'une terre qui « pendant près de mille ans servit de champ de bataille à toute l'Europe » et fut disputée depuis la Guerre des Gaules ; à l'époque des invasions barbares, les Francs saliens s'y établirent, et elle fut le berceau de la dynastie mérovingienne.

Apparition du terme Pays-Bas français pour qualifier le gouvernement de Flandre française sur une carte anonyme de 1770.

À partir du IXe siècle, la région, divisée par la frontière de l'Escaut, connut l'émergence de plusieurs principautés, dont les comtés de Flandre, de Hainaut et d'Artois. Cette époque, confuse d'un point de vue politique, est celle où les villes gagnèrent une grande indépendance, et une prospérité économique et culturelle qui vit son apogée au XVe siècle dans les Pays-Bas bourguignons. Après les longs conflits franco-espagnols du XVIe siècle, la région fut annexée à la France, lors des guerres de conquête de Louis XIV.

Apparition de la précision de Pays-Bas pour qualifier l'Artois, la Flandre française, le Hainaut français et le Namurois en 1777.
Apparition de la précision de Pays-Bas pour qualifier le Luxembourg français en 1777.

Géographie

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Comté de Flandre

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D'abord pagus de l'Empire carolingien, placé par le traité de Verdun (843) à la frontière nord de la Francie occidentale, devient en 863 une principauté détenue héréditairement par la maison de Flandre, puis un fief vassal des rois de France pendant tout le Moyen Âge.

Elle s'etendera plus tard en comté d'Artois, comté de Boulogne et de Guînes.

Les beffrois, symboles de l'indépendance des villes des Flandres et du Ponthieu.

Jusqu'au XVIIe siècle, l'histoire de la région (et plus précisément de l'actuel département du Nord) fut en grande partie commune avec l'histoire de ce qui deviendra la Belgique (les Belges durant l'Antiquité étaient une multitude de peuples celtiques du nord de la Gaule), celle d'une terre qui « pendant près de mille ans servit de champ de bataille à toute l'Europe ». Le territoire que recouvre le Nord-Pas-de-Calais fut disputé depuis la guerre des Gaules ; à l'époque des invasions barbares, les Francs saliens s'y établirent, et il fut le berceau de la dynastie mérovingienne.

À partir du IXe siècle, la région, divisée par la frontière naturelle de l'Escaut, connut l'émergence de plusieurs principautés, dont les comtés de Flandre et de Hainaut. Cette époque, confuse d'un point de vue politique, est celle où les villes gagnèrent une grande indépendance, et une prospérité économique et culturelle qui vit son apogée au XVe siècle dans les Pays-Bas bourguignons. Après les longs conflits franco-espagnols du XVIe siècle, la région fut finalement annexée à la France, lors des guerres de conquête de Louis XIV. Le traité de Nimègue fixa la frontière que l'on connaît actuellement.

Quant au Boulonnais, au Montreuillois et au Calaisis qui appartenaient à l'époque à la Picardie, leur histoire est fortement marquée par les conflits entre la France et l'Angleterre.

Au XVIIIe siècle, les sols des départements du nord de la France sont déjà très intensivement exploités par l'agriculture, l'élevage et la forêt, quand ils ne sont pas construits, et notamment dans le département du Nord, puisque selon les statistiques produites à l'occasion de la répartition du sol dans les 650 communes du Nord au moment de la confection du cadastre napoléonien, les marais et les friches ne constituent déjà plus que 1,31 % des sols en moyenne[5].

La création des départements à la Révolution

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La révolution industrielle

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Lors de la révolution industrielle du XIXe siècle, le Nord, puis le Pas-de-Calais, connurent un développement économique et un essor démographique sans précédent qui en fit la « première usine de France », et un haut lieu des luttes du mouvement ouvrier. Vingt-cinq compagnies minières possèdent quarante-six concessions sur 135 000 hectares et emploient plus de 120 000 ouvriers. Existent encore des usines textiles par centaines, autour de Lille, des établissements de construction mécanique et électrique, de métallurgie, de chimie, des brasseries, raffineries, sucreries, verreries, etc. Dans tous les secteurs d'activité, la région s'est affirmée[6].

Les deux guerres mondiales

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La région fut durement touchée lors des deux Guerres mondiales : principalement le Nord et l'Artois pendant la Première Guerre mondiale qui furent au cœur des combats, tandis que la Côte d'Opale est principalement touchée lors de la Seconde Guerre mondiale.

Le bilan de la Première Guerre mondiale est effrayant pour la région : 801 communes détruites ou gravement endommagées, 600 églises démolies, 14 235 usines sinistrées, 350 000 immeubles abattus, 598 000 hectares de sol à remettre en état, 16 000 kilomètres de routes défoncées, 773 kilomètres de voies ferrées à reconstruire, 60 millions de m³ d'eau à pomper dans les mines de Lens, un montant de réparations estimé à 40 milliards de francs. Dans les années 1930, on en est encore à inaugurer à tour de bras des beffrois, des églises et des cités ouvrières. La région fit ainsi appel à des centaines de milliers de travailleurs immigrés, notamment polonais, pour s'en sortir[6]. A côté de cela, la Compagnie des chemins de fer du Nord organise en mai 1922, pour les Parisiens, un circuit touristique des champs de bataille[7].

Pendant la Seconde Guerre mondiale et l'occupation allemande, la région, située dans la zone occupée, est classée en « zone interdite » rattachée à l'administration militaire de Bruxelles. Seule l'extrême ouest du bassin minier nordiste échappe à l'occupation, ce qui ne l'empêche pas de fournir un effort de guerre.

C'est dans la région du Nord-Pas-de-Calais qu'a lieu le premier et plus vaste mouvement d'Europe de résistance aux nazis, la grève patriotique des cent mille mineurs du Nord-Pas-de-Calais (1941) qui prive les Allemands de 93.000 tonnes de charbon pendant près de 2 semaines et déclenche une répression terrible.

La crise économique

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La région subit une grave crise économique à partir des années 1970, avec la baisse d'activité, parfois très forte, simultanée des houillères, qui s'éteignent, des industries sidérurgique et de l'industrie textile trois secteurs qui étaient une source très importante d'emploi.

Selon l'Insee, en 2004, le Nord-Pas-de-Calais était la 3e région la plus touchée par la « pauvreté économique » en termes de part de la population sous le seuil de pauvreté (16,8 %). Des disparités géographiques existent ainsi qu'une disparité très marquée entre les plus riches et les plus pauvres (mais moins qu’en Île-de-France, Corse, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Languedoc-Roussillon). En 2004, l'évolution du nombre de RMIstes montrait une tendance au creusement de l'écart avec la France métropolitaine (depuis le début des années 2000)[8].

Notes et références

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  1. Robert de Hesseln, Dictionnaire universel de la France, Desaint, (lire en ligne), p. 214
  2. Louis Brion de La Tour, « Tableau général de la France divisée par gouvernemens généraux » Accès libre, sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  3. Jean Surhon, « Picardia, regio belgica », sur Gallica, (consulté le )
  4. Barthélémy l'Anglais, De proprietatibus rerum (Le propriétaire des choses), trad. en français par Jean Corbichon, Lyon, Claude Davost pour maître Jehan Dyamantier, xve siècle, 418 p. (lire en ligne), p. 235
  5. Guignet, P. (2012). La répartition du sol dans les 650 communes du Nord au moment de la confection du cadastre dit «napoléonien» | Revue du Nord, (3), 577-612 |résumé.
  6. a et b Bruno Vouters, « Le géant se remet debout », dans Cent ans de vie dans la région, Tome II 1914-1939, La Voix du Nord éditions, hors série du 17 février 1999, p. 4-5
  7. Cent ans de vie dans la région, Tome II : 1914-1939, La Voix du Nord éditions, n° hors série du 17 février 1999, p. 43
  8. Insee, La pauvreté