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Moruroa

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Moruroa
Mururoa (mul)
Carte de Mururoa.
Carte de Mururoa.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Archipel Tuamotu
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 21° 50′ 00″ S, 138° 50′ 00″ O
Superficie 15 km2
Géologie Atoll
Administration
Statut Possession française sous l'autorité directe du gouvernement
Démographie
Population Aucun habitant (2017[1])
Autres informations
Fuseau horaire UTC-10
Géolocalisation sur la carte : îles Tuamotu
(Voir situation sur carte : îles Tuamotu)
Moruroa
Moruroa
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
(Voir situation sur carte : Polynésie française)
Moruroa
Moruroa
Atolls en France

Moruroa, aussi transcrit en Mururoa[2],[3] et historiquement appelé Aopuni[4], est un atoll de l’archipel des Tuamotu, situé en Polynésie française. Moruroa appartient en pleine propriété à l’État français depuis 1964.

Essais nucléaires

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Moruroa a servi de lieu d’expérimentation à 179 essais nucléaires français[5], parmi lesquels 42 essais nucléaires atmosphériques, dont 7 bombes H et 3 tests de sécurité à puissance nulle, ainsi que 137 essais nucléaires souterrains, dont 7 bombes à neutronfusion nucléaire), assortis de 7 tests de sécurité à puissance nulle. Parmi les essais nucléaires souterrains, 77 ont eu lieu sous la couronne corallienne et 50 sous le lagon[6].

L’atoll de Fangataufa, distant de 45 kilomètres, a connu 14 essais nucléaires, ce qui fait un total de 193 essais nucléaires en Polynésie française.

Géographie

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Moruroa est un atoll de 28 km de longueur et 11 km de largeur maximales pour une superficie de terres émergées d’environ 15 km2 situé à 1 250 km au sud-est de Tahiti. L’atoll est composé de plusieurs motus de tailles variées.

D’un point de vue géologique, l’atoll est l’excroissance corallienne (de 295 mètres) du sommet d'un des plus importants monts volcaniques sous-marins de la traînée des Tuamotu[réf. nécessaire] (d'un volume de 8 514 km3), qui mesure 3 325 mètres depuis le plancher océanique et qui s'est formé il y a environ 32,9 à 42,6 millions d'années[7].

La première mention de l’atoll par un Européen est faite par Philip Carteret le quelques jours après sa découverte de l'île Pitcairn. Il baptise l'atoll du nom de Bishop of Osnaburgh Island (île de l’évêque d'Osnaburgh)[8]. Le , la baleinière britannique Matilda fait naufrage à proximité de Moruroa où les rescapés, commandés par le capitaine Weatherhead[9], trouveront refuge et à partir de laquelle ils rejoindront Tahiti en canots de fortune. En , c'est le navigateur français Louis Isidore Duperrey qui visite Moruroa, à bord du navire La Coquille, puis c'est au tour du Britannique Frederick William Beechey de l'aborder le [9].

Essais nucléaires

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Vue de l’atoll de Moruroa et de ses installations militaires par un satellite espion américain KH-7 (26 mai 1967).

En 1964, l’assemblée territoriale de Polynésie cède gratuitement à l’État français Moruroa et Fangataufa, déjà occupés par l’Armée[10], par une délibération précisant : « Au cas de cessation des activités du centre d'expérimentation du Pacifique, les atolls de Moruroa et de Fangataufa feront d’office retour gratuit au domaine du territoire dans l’état où ils se trouveront à cette époque, sans dédommagement ni réparation d’aucune sorte de la part de l’État. Les bâtiments qui s’y trouveront édifiés à cette même époque, ainsi que le matériel laissé sur place, deviendront la propriété du territoire, sans indemnité[11]. »

Ce site présentait des critères alors jugés adaptés pour y tester des armes nucléaires : lieu éloigné et désertique, ne présentant qu'une faible densité de population (moins de 2 300 habitants dans un rayon de 500 km et moins de 5 000 dans un rayon de 1 000 km), venté avec un régime de vents dirigeant le nuage radioactif vers 6 000 km d’océans réputés déserts[11]. Les deux atolls sont classés terrain militaire en 1964[12] puis en zones protégées de défense nationale[13].

Le premier des 179 essais effectués au total à Moruroa est réalisé le [10].

Les essais nucléaires français suscitent des inquiétudes et des oppositions locales et internationales. En le voilier Fri[14] (« liberté » en danois), parti de Nouvelle-Zélande, se dirige vers Moruroa pour protester contre les essais nucléaires. Il est arraisonné par la marine française le . Le , le Rainbow Warrior, un bateau de l’organisation écologiste Greenpeace en route vers l’atoll, est coulé à Auckland en Nouvelle-Zélande par des agents des services secrets français, causant la mort du photographe portugais Fernando Pereira et provoquant le scandale de l’affaire du Rainbow Warrior.

Vue sur Mururoa en 2005.

Alors que la France observe depuis plusieurs années un moratoire sur les essais nucléaires, le nouveau président français Jacques Chirac autorise en 1995, une dernière campagne d’essais, avant la ratification du traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Ces essais ont pour objectif de valider différents modèles permettant des simulations ultérieures en laboratoire. Ils provoquent une vive campagne internationale de protestations allant jusqu’au boycott, avec en pointe les pays d’Océanie et des organisations internationales, dont Greenpeace. Cette campagne d’essais nucléaires prend fin l’année suivante. L’évolution de la géologie et de la radioactivité de l’atoll est depuis surveillée attentivement par l’armée française. Une étude de l'Inserm menée de 2002 à 2005 affirme dans sa conclusion que « les essais nucléaires réalisés par la France ont très probablement accru le nombre de cancers de la thyroïde, mais ceci de manière très limitée »[15]. En outre, selon le Conseil économique, social et culturel de la Polynésie française (en 2006), ils ont « causé une déstabilisation des flancs de l’atoll de Moruroa »[11] et « des fuites d’éléments radioactifs des cavités-cheminées, notamment du tritium, se sont produites et continuent de se produire »[11]. Actuellement, les sous-sols de Mururoa et de Fangataufa recèleraient près de 500 kg de plutonium[16]. Pour le chef du département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires (DSCEN), même si ces atolls ne présentent pas de danger, « il n’est pas souhaitable de [les] rendre au public, pour des raisons simples de contention » du plutonium, qui est accessible[17]. Les deux atolls devraient être considérés comme des sites de stockage de déchets nucléaires[18].

Moruroa et Fangataufa appartiennent en pleine propriété à l’État français depuis 1964[10],[11]. Malgré le vote en 2012 par le Sénat d’une proposition de loi proposant leur rétrocession à la collectivité de Polynésie française[19], le gouvernement Ayrault n’inscrit pas ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale[20].

L'atoll appartenant à l'Armée française comme base militaire, il n'y a pas d'économie à proprement parler, aucun commerce ou production économique ne s'y déroule.

Notes et références

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  1. Répartition de la population de la Polynésie française par île en 2017, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  2. L’appellation « Mururoa » est plus courante en français et figure comme première entrée dans des dictionnaires d'usage courant, mais le nom polynésien de l’atoll est bel et bien Moruroa[réf. nécessaire].
  3. Le Petit Larousse 2008, éd. Larousse, Paris (ISBN 978-2-03-582503-2) p. 1542.
  4. (en) J.L. Young, Names of the Paumotu Islands, with the Old Names So Far As They Are Known, The Journal of the Polynesian Society, vol. 8, no 4, décembre 1899, p. 264-268.
  5. « Polynésie française : le niveau de radioactivité lors des essais nucléaires français aurait été sous-évalué », sur TV5 Monde, (consulté le )
  6. Défense 2006, p. 359, tableau 80.
  7. (en) Moruroa Seamount, sur le catalogue Seamount de earthref.org.
  8. John Byron, Philip Carteret, Samuel Wallis, An Account of the Voyages Undertaken by the Order of His Majesty, 1775, James Williams, p. 173.
  9. a et b Jacques Bonvallot, Les Atolls des Tuamotu, éditions de l'IRD, , 296 p. (ISBN 978-2-7099-1175-7, lire en ligne), p. 275-282.
  10. a b et c « Les atolls de Moruroa et de Fangataufa ont été cédés gratuitement en toute propriété à l’État par le territoire » de la Polynésie française, « par délibération no 64-27 du , soit après l’implantation du CEP et de la DIRCEN », délibération rendue exécutoire par arrêté no 290/AA/DOM du .
  11. a b c d et e Paul Tony Adams, Jean-Marie Cheung, Daniel Palacz et Hanny Tehaamatai, Rapport sur la reconnaissance par l’État des droits des victimes des essais nucléaires français et leurs impacts sur l’environnement, l’économie, le social et la santé publique en Polynésie français [PDF], Conseil économique, social et culturel de Polynésie française, 2006.
  12. Arrêté no 1878/DOM du 4 août 1964.
  13. Arrêtés de la République française, du .
  14. voilier FRI, assemblée territoriale de Polynésie.
  15. http://moruroa.assemblee.pf/medias/pdf/De%20vathaire%20fr.pdf.
  16. État des lieux à Moruroa et Fangataufa, sur moruroa.assemblee.pf
  17. « Nucléaire : « Il n’est pas souhaitable de rendre Moruroa et Fangataufa » », La Dépêche de Tahiti.
  18. [PDF] Que sont devenus Moruroa et Fangataufa?, sur inis.iaea.org, site de l'Agence internationale de l'énergie atomique (IAEA), voir en particulier page 14.
  19. Proposition de loi relative au suivi des conséquences environnementales des essais nucléaires français en Polynésie française, dossier législatif sur le site du Sénat.
  20. Question no 5966 et réponse publiées au Journal officiel des 2 octobre 2012 p. 5306 (question) et 5 mars 2013 p. 2570 (réponse), sur le site de l'Assemblée nationale.

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • La dimension radiologique des essais nucléaires en Polynésie française : À l’épreuve des faits, ministère de la Défense, , 477 p. (lire en ligne [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Marie-Thérèse et Bengt Danielsson, Moruroa, notre bombe coloniale. Histoire de la colonisation nucléaire de la Polynésie française, Paris, Ed. L’Harmattan, 1993, 656 p.
  • Renaud Meltz et Alexis Vrignon (dir.), Des bombes en Polynésie : Les essais nucléaires français dans le Pacifique, Paris, Vendémiaire, , 707 p. (ISBN 978-2-36358-381-9, présentation en ligne).
  • Jean-Marc Regnault, La France à l’opposé d’elle-même, Les éditions de Tahiti, 2006, 228 p.
  • Jean-Marc Regnault, La bombe française dans le Pacifique, Polymages-Scoop, 1993, 186 p.
  • Jean Toulat, Objectif Mururoa avec Bollardière, Robert Laffont, Paris, 1974, 274 p (consulté le 20 juillet 2024).

Articles connexes

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Liens externes

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