Marguerite Aron
Professeure (en) |
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Naissance | |
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Décès |
(à 70 ans) Auschwitz (Pologne) |
Surnom |
Bleu |
Nationalité |
Française |
Activité |
Professeure honoraire, femme de lettres |
Distinction |
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Le journal d’une Sévrienne (1912) Bienheureux Jourdain de Saxe : lettres à la B. Diane d'Andalo (1222-1236), (1924) Le Triptyque de Solesmes (1925) Sur les heures dominicaines (1926) L'Eglise et l'enfant (1934) Les Ursulines (1940) |
Marguerite Aron, née le à Paris 9e arrondissement et morte le à Auschwitz en Pologne, est professeure et femme de lettres française, auteure d'ouvrages de morale chrétienne. Elle est issue d'une grande famille israélite, humaniste et républicaine.
Entre 1912 et 1940, Marguerite Aron est lauréate d'un certain nombre de Prix littéraires tout en exerçant en tant que professeure en particulier au lycée Victor Duruy.
Marguerite Aron est citée au Panthéon de Paris sous l'inscription des « Écrivains morts pour la France pendant la guerre 1939-1945 »[1],[2].
Biographie
[modifier | modifier le code]Marguerite Elisa Aron est née le à Paris 9e arrondissement Rue Richer. Sa famille est juive, laïque et républicaine. Elle est la fille d'Adolphe Aron (1836-1900) et d'Albertine Gaus (1846-1916) son épouse d'origine allemande. Son père Adolphe ajouta à son nom celui de Hauser pour s'appeler Adolphe Aron-Hauser, il était commerçant mais avait aussi le gout de l'écriture et de l'histoire, il écrit en 1869 La Renaissance des émules d'Hiram[3],[4] un texte sur la légende d'Hiram ; une loge maçonnique sous le second Empire du Grand Orient de France[5].
Marguerite Aron est également la nièce d'Henry Aron (1842-1885) le plus jeune de la fratrie de son père Adolphe, Henry est publiciste c'est-à-dire journaliste mais surtout rédacteur en chef du Journal officiel avant qu'il ne devienne publication de l'État. Marguerite est aussi la cousine de l'économiste, historien, géographe et professeur d'université successivement à Clermont-Ferrand, à Dijon, et à la Sorbonne, Henri Hauser (1886-1946) dont la mère Zélia Aron est la petite sœur de son père.
Parcours professionnel
[modifier | modifier le code]Après son agrégation de lettres en 1897 et jusqu'à 1908, elle est professeure à Niort, puis à Reims, puis à Versailles, à Paris au lycée Molière et enfin au lycée Victor Duruy où elle reste de 1917 à sa retraite en 1933.
Femme de lettres, elle publie Journal d’une Sévrienne récompensé par le Prix Montyon de l’Académie française en 1912. Dans cet ouvrage, Marguerite s'interroge sur le meilleur modèle d'éducation pour les enfants. Elle voulait dans son ascétisme originelle que « l'éducation des enfants soit confiée à des hommes et des femmes vivant à part du Siècle et ignorant ses infirmités »[6].
Elle publie par la suite en 1925, Le triptyque de Solesmes, petit ouvrage dans lequel elle met en scène trois personnages : le curieux, l’esthète et l’homme de bonne volonté[7]. Marguerite Aron écrit un certain nombre d'ouvrages à la suite du Journal d'une Sévrienne, dont la plupart seront récompensés par des prix littéraires tels Un animateur de la jeunesse au XIIIe siècle. Bx Jourdain de Saxe ouvrage qui obtint le Prix Bordin en 1931. Puis ce fut le tour du livre L’Église et l’Enfant qui fut récompensé par le Prix Fabien en 1934, ensuite c'est l'ouvrage Prêtres et religieuses de Notre-Dame de Sion le Prix Juteau-Duvigneaux en 1937, et enfin c'est avec le titre les Ursulines qu'elle remporta en 1940, le Prix Constant-Dauguet qui est un ancien prix de philosophie[8].
Ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres (13e promotion en 1893)[9], à partir de 1930, elle mena une carrière, dans l'enseignement public pendant plus de 35 ans, à laquelle elle se voua avec une grande ardeur, en particulier, lorsqu'elle fut professeur au lycée Victor Duruy (Paris 7e), en parallèle de sa carrière d'écrivain.
Marguerite Aron prit sa retraite en juillet 1933 en tant que professeur honoraire du lycée Victor Dury. En 1936, elle quitta Paris pour s’installer à Solesmes dans la Sarthe. Elle y achète une maison proche de l'abbaye bénédictine Saint-Pierre de Solesmes fondée au XIe siècle[10],[11],[12] pour y passer ce qu'elle pensait être une retraite paisible. Elle ouvre ce qu’elle appelle son « Petit-Logis Saint Paul » ouvert aux étudiantes et aux amies[13].
Conversion
[modifier | modifier le code]Elle se convertit au catholicisme le 20 juin 1914 à l’âge de 41 ans en se faisant baptiser dans la Chapelle des bénédictins à Paris dans le 7e arrondissement[14]. Madeleine Berthon, sa biographe indique que Marguerite fut frappée par la démarche spirituelle de Charles Péguy et Paul Claudel. Pour Claudel, cela est confirmé dans le livre de Loukia Efthymiou professeur à l'université d'Athènes dans son étude sur « l'impact spirituel de Paul Claudel sur le milieu enseignant féminin entre les deux guerres »[15].
de Solesmes à Auschwitz
[modifier | modifier le code]Cependant, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1944, le maire de Solesmes de l'époque, réquisitionna sa maison afin d'y loger des officiers allemands. Ceux-ci y découvrirent ses origines juives et elle fut alors arrêtée par la Gestapo[16] le matin du au moment où elle sortait de la messe, devant la porte d'entrée de l'Abbaye Saint-Pierre de Solesmes avec une de ses amies française et catholique la comtesse Elisabeth Cahen d'Anvers, elle aussi, convertie au catholicisme depuis 1895[17]. Marguerite et la comtesse, toutes deux, catholiques convaincue et soucieuses d'élégance, ne portaient pas d'étoile jaune. Le révérend Père Dom Cozien abbé de l'Abbaye de Solesmes de 1921 à 1960, se rendit au Mans, à la Kommandantur[18], s'efforçant d'intervenir en plaidant pour qu'on les relâche mais rien n'y fit.
Marguerite Aron et Elisabeth Cahen d'Anvers furent toutes deux emmenées au camp d'Auvours à Champagné à 12km du Mans qui servit de dulag c'est-à-dire de camp de transit, puis arrivèrent au camp de Drancy le soit 4 jours après leur arrestation. Marguerite Aron est déportée vers Auschwitz dans le convoi n°68 du 10 février 1944 qui arrivé le 13 février. Elle est envoyée à la chambre à gaz dès son arrivée[19],[20].
Souvenir à Solesmes
[modifier | modifier le code]En 2001, la municipalité de Solesmes a fait apposer une plaque de commémoration sur la façade de son domicile pour lui rendre hommage régulièrement[17].
Citation au Panthéon de Paris
[modifier | modifier le code]Dans la liste des personnes citées au Panthéon de Paris, Marguerite Aron figure parmi les Écrivains morts pour la France[21].
Ouvrages [22]
[modifier | modifier le code]- École d'assistance aux malades… Malades et gardes-malade (psychologie pratique et professionnelle), causeries des… 13 et 20 janvier 1910, Paris Fischbacher, 1910
- Le journal d'une Sévrienne, Alcan, Prix Montyon 1912
- Bienheureux Jourdain de Saxe : lettres à la B. Diane d'Andalo (1222-1236), Desclée de Brouwer et cie, 1924
- Le Triptyque de Solesmes, Desclée de Brouwer et cie, 1925
- Sur les heures dominicaine, Desclée de Brouwer et cie, 1926
- Un animateur de la jeunesse au xiiie siècle : vie, voyages du Bx Jourdain de Saxe, maître-ès-arts à Paris et général des frères prêcheurs de 1222 à 1237, Éditions Desclée de Brouwer et cie, Prix Bordin 1931
- Chemin de croix. XIV héliogravures d'après les originiaux en chêne sculpté de Raymond Dubois dans l'église de Pont d'Ouilly (Calvados). Aron, Marguerite, Raymond Dubois Éditions Desclée de Brouwer et cie 1932
- L’Église et l’Enfant, Bernard Grasset, 1934, éditions Grasset, Prix Fabien 1934
- Prêtres et religieuses de Notre-Dame de Sion, éditions Grasset,
- Image de la Mère Marie de Saint-Julien Aubry, ursuline de Blois et fondatrice de l'Union romaine 1850-1914, d'après des extraits de ses lettres et des fragments de ses écrits Éditions Spes , 1939
- Les Ursulines, Bernard Grasset, 1937, éditions Grasset,
- Image de la Mère Marie de Saint-Julien Aubry, Ursuline de Blois et fondatrice de l'Union romaine, 1850-1914, d'après des extraits de ses lettres et des fragments de ses écrits Paris, Éd. Spes, 1939, p. 18-29.
- Madeleine Berthon[23] (préf. Françoise Mayeur), De Solesmes à Auschwitz : Marguerite Aron 1873-1944, Cerf, , 156 p. (ISBN 978-2204047579).
- François Regnault, Notre objet a, , 48 p. (ISBN 978-2-86432-398-3).
- Dr Edouard Belaga Dr Ekaterina Belaga, Professor Marguerite Aron - Jewish Catholic Martyr of Nazism (1873-1944), [24].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- https://www.lesecrivainscombattants.fr/images/lieux/pantheon.pdf
- Eric Blanchais, « MémorialGenWeb Relevé », sur memorialgenweb.org (consulté le ).
- « Arnoud-Atkinson », sur Gallica (consulté le ).
- Sophie Coignard, « Hiram, un héros franc-maçon vénéré », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- « Loge Renaissance par les Émules d'Hiram. Paris (1822) - Organisation - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- http://ife.ens-lyon.fr/publications/edition-electronique/recherche-et-formation/RR052-06.pdf
- « Marguerite Aron (1873-1944) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- « Marguerite ARON / Académie française », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
- « L'annuaire / a-Ulm », sur ens.fr (consulté le ).
- « Abbaye de Solesmes - communauté de moines bénédictins - chant grégorien », sur abbayedesolesmes.fr (consulté le ).
- Dupont, Dom Philippe, « Fondation de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes », sur FranceArchives (consulté le ).
- https://www.solesmes72.fr/mod_turbolead/upload/file/mille%20ans%20hist%2020%2021%202009%202010.pdf
- (en) « Figure 2 : Homemaide icon of Saint Paul at the front of Marguerite... », sur ResearchGate (consulté le ).
- Madeleine Comte, « De la conversion à la rencontre.: Les religieuses de Notre-Dame de Sion (1843-1986) », Archives Juives, vol. 35, no 1, , p. 102 (ISSN 0003-9837 et 1965-0531, DOI 10.3917/aj.351.0102, lire en ligne, consulté le )
- Loukia EFTHYMIOU, « L'impact spirituel de Paul Claudel sur le milieu enseignant féminin entre les deux guerres », Bulletin de la Société Paul Claudel, no 181, , p. 47–51 (ISSN 0037-9506, lire en ligne, consulté le )
- (en) Edouard Belaga et Ekaterina Belaga, « Professor Marguerite Aron - Jewish Catholic Martyr of Nazism (1873-1944) 2019-07-26 copy », sur ResearchGate, unknown, (consulté le ).
- « La mémoire de Marguerite Aron honorée », Ouest France, (lire en ligne)
- « Abbaye Saint-Pierre de Solesmes : définition de Abbaye Saint-Pierre de Solesmes et synonymes de Abbaye Saint-Pierre de Solesmes (français) », sur leparisien.fr (consulté le ).
- Pierre Péan, Ma petite France : Chronique d'une ville ordinaire sous l'Occupation, , 320 p. (ISBN 978-2-226-42397-9, lire en ligne), p. 125.
- Karine Macarez, Shoah en Sarthe, , 148 p. (ISBN 978-2-84478-486-5, lire en ligne), p. 96.
- « Exposé sur le panthéon de paris », sur lavoiedelecir.fr (consulté le ).
- « Aron, Marguerite (1873-1944) », sur idref.fr (consulté le ).
- « Madeleine Berthon - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- (en) « Marguarite Aron : Jewish Martyr and Catholic Saint - Catholic Stand », sur Catholic Stand, (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à la littérature :
- Prix de l'Académie française décernés à Marguerite Aron
- Worldcat Identities
- Femme de lettres française
- Personne citée au Panthéon de Paris
- Lauréat du prix Bordin
- Lauréat du prix Montyon
- Élève de l'École normale supérieure de jeunes filles
- Naissance en mars 1873
- Naissance dans le 9e arrondissement de Paris
- Décès en février 1944
- Décès à 70 ans
- Décès à Auschwitz
- Victime de la Shoah en France
- Victime française de la Shoah