Mahamat Nouri
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Mahamat Allatchi Nouri est un homme politique tchadien né en 1947 à Faya-Largeau et d'ethnie gorane (clan Anakaza, mourdima[pas clair]).
Biographie
[modifier | modifier le code]Guerre civile 1965-1979
[modifier | modifier le code]Agent des postes en 1968, il s'engage en 1969 au Frolinat (Frolinat 1re armée), la rébellion formée par les musulmans du nord et du centre du pays face au régime de François Tombalbaye dominé par les Sudistes.
Lors d'une des multiples scissions au sein du mouvement, il fonde avec Hissène Habré les Forces armées du Nord (FAN). Après les accords de Khartoum en 1978, il devient ministre de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale tchadien (GUNT).
Guerre civile 1980-1987
[modifier | modifier le code]En , la guerre civile redémarre et les FAN doivent fuir la capitale. En , Hissène Habré renverse Goukouni Oueddei et Nouri devient ministre des Transports et de l'Aviation civile.
Sous le régime du président Déby
[modifier | modifier le code]Après la défaite d'Habré et l'arrivée au pouvoir d'Idriss Déby Itno, en , Nouri se rallie au nouveau pouvoir et occupe plusieurs fonctions, notamment préfet du Borkou-Ennedi-Tibesti ainsi que plusieurs postes ministériels entre autres ministre de la Défense et enfin ambassadeur du Tchad en Arabie saoudite.
Guerre civile 2005-2010
[modifier | modifier le code]De ce poste, il rejoint à nouveau la rébellion au printemps 2006[1] dans le cadre de la guerre civile tchadienne (2005-2010) et fonde l'Union des forces pour la démocratie et le progrès (UFDP). Quelque temps après, il unit son mouvement au CDR et à une aile du FUC pour fonder l'UFDD.
Depuis lors, Mahamat Nouri dirige ce mouvement devenu un des principaux groupes rebelles tchadiens, et collabore aux deux autres principaux mouvements, la CNT (Concorde nationale tchadienne) et le RaFD (ancien Scud).
Après l'échec in extremis du raid de la rébellion sur Ndjamena, il est condamné à mort par la justice tchadienne[1].
Depuis 2010
[modifier | modifier le code]Mahamat Nouri devenu indésirable à Khartoum, est expulsé vers le Qatar en 2010 avant de partir un an plus tard pour la France
Le , les autorités françaises gèlent pour six mois ses avoirs financiers[1], ainsi que ceux d'un autre chef rebelle tchadien, Mahamat Mahdi Ali (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad, FACT), au titre de l’article L562-1 du code monétaire et financier qui prévoit « le gel de tout ou partie des fonds, instruments financiers et ressources économiques […] qui appartiennent à des personnes physiques ou morales qui commettent, ou tentent de commettre, des actes de terrorisme ».
Le , le procureur général de Tripoli (Libye) émet un mandat d'arrêt international contre lui et 23 Tchadiens dont Ali Ahmat Abdallah, Adoum Hissein, Hassan Hissein, Timan Erdimi, Abakar Tollimi, Mahamat Hassan Boulmaye, Ali Oumar, Michelet Detapol, Mahamat Hakimi, Hamid Djorou Margui, Hassan Moussa Kelley, Mahamat Moussa Margui, Mahamat Mahdi Ali et Bichara Hadjar Erdi, 8 Soudanais (Moussa Hilal, Minni Minnawi, Hasan Musa Kali, Jabir Abu Bakr, Abd al-Karim Shuli, Abd Allah Janah, Uthman al-Quni, Ali Umar Takadi) et 6 Libyens (Abdelhakim Belhaj, Ibrahim Jedran, Abu ‘Ubayda al-Zawi/Shaaban Hadia, Ali al-Huni, Mukhtar Rakhis, Hamdan Ahmad). La légitimité de ces mandats est contestée par les intéressés[2],[3].
Le , il est interpellé par la police française, tout comme Abakar Tollimi et Abderaman Abdelkerim (frère de Mahamat Nour Abdelkm), pour des soupçons de crimes contre l'humanité, à savoir avoir « diligenté des opérations de recrutements forcés de combattants, dont des mineurs » entre 2005 et 2010 au Tchad et au Soudan, à la suite d'une procédure ouverte en 2017[4]. Il a été mis en examen pour crimes contre l’humanité le et maintenu en détention provisoire.
L'ouverture de l'enquête par le Parquet de Paris serait due à un signalement de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) à la suite de la demande d'asile d’Abakar Tollimi[5], l’un de ses compagnons de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD)[1]. L’enquête, ouverte en , a été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre[1].
En , Nouri est autorisé par la France à quitter le territoire national, où il est soumis à un contrôle judiciaire, pour le Qatar, où a lieu un « pré-dialogue » entre la junte du Conseil militaire de transition et divers mouvements politico-militaires tchadiens[6].
En Aout 2022, Nouri rentre au Tchad après 17 ans d'exil pour participer au dialogue national inclusive et souverain[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cyril Bensimon, « La justice française met en examen un chef rebelle tchadien pour crimes contre l’humanité », Le Monde, (lire en ligne)
- « La Libye lance un mandat d'arrêt contre plusieurs chefs rebelles tchadiens », sur Alwihda (consulté le ).
- RFI, « Libye : série de mandats d'arrêt contre des chefs de guerre », sur rfi.fr, (consulté le ).
- Le Figaro avec AFP, « Crimes contre l'humanité au Tchad et au Soudan: trois arrestations en France », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- Présenté au même moment que Mahamat Nouri devant un juge, Abakar Tollimi a été placé sous le statut de témoin assisté alors que le troisième prévenu, petit frère de Mahamat Abdelkerim Nour, a été libéré faute de preuves
- Florence Morice, « Tchad: les pourparlers entre le gouvernement et les politico-militaires vont débuter au Qatar », RFI,
- « Timan Erdimi et Mahamat Nouri de retour au Tchad – DW – 18/08/2022 », sur dw.com (consulté le )