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Le Journal d'un fou (Gogol)

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Le Journal d'un fou
Image illustrative de l’article Le Journal d'un fou (Gogol)
Poprichtchine
Tableau d'Ilia Répine (1882).
Publication
Auteur Nicolas Gogol
Titre d'origine
Записки сумасшедшего
Langue russe
Parution
Recueil
Intrigue
Genre nouvelle fantastique et réaliste[réf. nécessaire]
Date fictive XIXe siècle
Lieux fictifs Russie
Personnages Mavra, Fidèle, Medji, Sophie, narrateur, directeur

Le Journal d'un fou (russe : Записки сумасшедшего) est une nouvelle de l'écrivain russe Nicolas Gogol, écrite en 1834. Elle parut tout d'abord en 1835 dans le recueil Arabesques sous le titre Extraits du journal d'un fou. En 1843, dans ses Œuvres complètes, l'auteur choisit de l'inclure dans le recueil des Nouvelles de Pétersbourg[1]. Avec Le Manteau et Le Nez, Le Journal d'un fou est considéré comme l'une des nouvelles les plus marquantes de Gogol[2].

Il s'agit de la seule œuvre de Gogol écrite à la première personne et sous la forme d'un journal.

La nouvelle se présente sous la forme d'un journal intime, tenu par le protagoniste, Poprichtchine (Попри́щин), un petit fonctionnaire. D'abord, il raconte des épisodes de sa vie, de son travail, et décrit diverses personnes qu'il côtoie. Puis il confie les sentiments qu'il éprouve pour la fille de son directeur. De premiers signes de folie ne tardent pas à apparaître, une forme d'érotomanie. Poprichtchine croit que Medji, la chienne Sophie, parle et écrit, et en vient à l'espionner, puis à penser qu'il a mis la main sur des lettres qu'elle aurait écrites à son ami chien, Fidèle.

En quelques jours, le fonctionnaire perd tout rapport à la réalité ; il s'imagine soudain qu'il est en fait le roi d'Espagne, Ferdinand VIII. Sa démence se reflète jusque dans les dates de son journal : celui-ci commence un , mais le jour où il réalise qu'il est monarque est daté du 43 avril 2000. Sa folie s'aggrave encore et il finit par être interné dans un asile psychiatrique, qu'il prend pour la cour d'Espagne. À la fin, il perd complètement la raison ; ses phrases deviennent totalement absconses. Ainsi la dernière : « Hé, savez-vous que le dey d'Alger a une verrue juste en dessous du nez ? ».

Personnage principal

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Le héros du Journal d'un fou, est Avksenty Ivanovitch Poprichtchine, 42 ans, modeste fonctionnaire pétersbourgeois - mais petit noble - dont la fonction consiste à tailler des plumes pour son patron, le directeur d'un Ministère. Il s'occupe également de traiter des dossiers. Il tombe amoureux de Sophie, la fille de son patron, sans que cela soit réciproque.

Les critiques ont souligné à plusieurs reprises la signification du nom de famille du héros de la nouvelle. Avksenty Ivanovitch, profondément insatisfait de sa fonction, est obsédé par une idée fixe : sa carrière (poprichtche en russe) entravée et méprisée par ceux qui le côtoient. Poprichtchine est frustré que le chef de bureau du Ministère le mène à la baguette : « Voilà déjà un bout de temps qu'il me dit : "Comme se fait-il que tu aies toujours un tel brouillamini dans la cervelle, frère ? Certains jours tu te démènes comme un possédé, tu fais un tel gâchis, que le diable lui-même n'y retrouverait pas son bien, tu écris un titre en petites lettres, tu n'indiques ni la date, ni le numéro." ».

Le sujet du Journal d'un fou remonte à deux projets différents que Gogol a menés au début des années 1830 : le Journal d'un musicien fou mentionné dans la revue Arabesques, et la comédie Vladimir tret'ej stepeni. Comme l'indiquent les lettres de Gogol à Ivan Dmitriev du et de Piotr Pletniov à Vassili Joukovski du , l'auteur ukrainien s'était laissé inspirer par le recueil de nouvelles La Maison des fous de Vladimir Odoïevski, qui a été publié par la suite sous le titre Les Nuits russes. Ces dernières avaient en effet pour thème l'imagination ou la folie des personnages très talentueux, des génies. Les points communs entre l'un de ces récits, L'Improvisateur et Le Portrait démontrent et attestent de l'influence exercée sur Gogol dans l'élaboration de son œuvre. Le même emballement pour les thèmes romantiques d'Odoïevski a mené semble-t-il à l'élaboration du Journal d'un musicien fou. Ceci rattache donc Le Journal d'un fou à la tradition romantique des nouvelles ayant pour sujet un artiste.

Gogol réalisa donc en 1834 son Journal à partir du projet d'une comédie qui avait pour thèmes des fonctionnaires, en lui rempruntant toute une série de détails concernant les mœurs, le sujet et la stylistique. L'idée d'un général qui rêve de recevoir une décoration et qui confie ses rêves d'ambition à un chien d'appartement se retrouve déjà dans Le Matin d'un homme d'affaires, l'extrait du début d'une comédie datée de 1832. Dans les scènes suivantes de cette comédie, on retrouve le prototype comique de Poprichtchine lui-même, ainsi que de son milieu, dans les traits des petits fonctionnaires Schneider, Kaplounov et Pétrouchevitch. L'opinion de Poprichtchine sur les fonctionnaires qui n'aiment pas aller au théâtre se retrouve directement dans le dialogue entre Schneider et Kaplounov au sujet du théâtre allemand.

Adaptations

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Les Mémoires d'un fou (titre de la première traduction de Louis Viardot, 1845) ou Le Journal d'un fou (titre préféré aujourd'hui) ont été plusieurs fois adaptés et mis en scène au théâtre, entre autres par Lucette Sagnières au théâtre Daniel Sorano, à Vincennes, en 1981[3], le compositeur Youri Boutsko et généralement pour un conteur seul[4]. Il a également été adapté au cinéma à plusieurs reprises, en 1963 et en 1987 par Roger Coggio. Une récente adaptation est faite par Jean-Marie Torrenté à Saint-Maurice en Valais.

En , Jérémie Le Louët crée avec la Compagnie des Dramaticules une lecture théâtralisée du Journal d'un fou[5].

En 2023, Ronan Rivière l'adapte et le met en scène avec son collectif Voix des Plumes au Mois Molière, au Lucernaire, au Festival Off d'Avignon et en tournée[6].

Notes et références

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  1. Chronologie de Gogol par Gustave Aucouturier, Les Âmes mortes, Folio, 1973
  2. « Le Journal d'un fou - Le Manteau et autres nouvelles de : Gogol, Nikolai Vasilevich », sur bookine.org (consulté le )
  3. « Sorano en beauté pour Gogol », Jean-Pierre Thiollet, Le Quotidien de Paris, 16 avril 1981.
  4. Théâtre du Gymnase, février 2012, [lire en ligne]
  5. « Compagnie des Dramaticules - Le journal d'un fou », sur Compagnie des Dramaticules (consulté le )
  6. Anthony Palou, « Notre critique du Journal d'un fou au Lucernaire: le diable au cœur », sur Le Figaro, (consulté le ).

Liens externes

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