La Tentation de saint Antoine (Flaubert)
La Tentation de saint Antoine | ||||||||
La Luxure et la Mort, aquarelle peinte par Georges-Antoine Rochegrosse pour l'édition A. et F. Perroud, Paris, 1907. | ||||||||
Auteur | Gustave Flaubert | |||||||
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Pays | France | |||||||
Genre | poème en prose | |||||||
Éditeur | Charpentier & Cie | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | ||||||||
Chronologie | ||||||||
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La Tentation de saint Antoine est un poème en prose de Gustave Flaubert, publié en 1874.
Il existe deux versions antérieures au texte publié en 1874 : l'une date de 1849 et l'autre de 1856.
Le texte est dédié à Alfred Le Poittevin : « À la mémoire d'Alfred Le Poittevin, décédé à la Neuville-Chant-d'Oisel le ».
Historique
[modifier | modifier le code]En 1845, sa sœur Caroline Flaubert épouse le camarade et ami d'enfance de Gustave, Émile Hamard. Il les accompagne lors de leur voyage de noces en Italie. Au palais Balbi de Gênes, il admire le tableau attribué à Pieter Brueghel le Jeune, La Tentation de saint Antoine[1],[2], qui lui inspirera son récit homonyme[3],[4] (le tableau est, aujourd'hui, visible au Palazzo Spinola di Pellicceria).
Résumé
[modifier | modifier le code]Hanté dès 1835 par ce thème que le Caïn de Byron et le Faust de Goethe avaient déjà illustré, Flaubert écrivit trois versions de ce long poème cosmique où l'anachorète de la Thébaïde dialogue avec des apparitions successives. Antoine, évoquant les souvenirs trop vivaces de son passé, connaît à nouveau les tentations démoniaques : des visions de luxure, les séductions du pouvoir ou de la volupté le sollicitent ; plus troublante encore est l'apparition de son disciple, Hilarion, qui lui présente « tous les dieux, tous les rites, toutes les prières, tous les oracles », soulignant les contradictions des Écritures. Et quand, sous le nom de Sciences, le démon dévoile à Antoine les secrets de l'univers, l'anachorète aspire un moment à se fondre dans la matière dont il aperçoit l'extraordinaire foisonnement ; mais, dans le disque du soleil qui se lève, resplendit le visage du Christ. Alliance originale de l'évocation du monde gréco-latin du IVe siècle et de l'énoncé des théories modernes, cette œuvre symbolique contient des tableaux d'une grande beauté plastique.
Analyse
[modifier | modifier le code]Ce texte rompt avec les récits de voyage en Orient au XIXe siècle en présentant l’exemple d’un voyage sans déplacement : saint Antoine effectue son odyssée seul et immobile dans le désert. Yves Thomas note par ailleurs : « Dès la Tentation de 1849, Flaubert s'éloigne de la vision d'ensemble des romantiques pour jeter un regard qui singularise l'Orient des bazars et des caravanes. À l'espoir d'un ailleurs mystérieux, il préfère les croupissements luxueux où la rutilance a plus d'importance que la lumière du jour[5]. »
Selon Étienne Beaulieu, derrière Flaubert romancier apparaîtrait un Flaubert poète qui « n’a cessé de prendre, tout au long de son œuvre, du silence sur le fond duquel se dégage toute parole et auquel il semble vouloir donner une voix dans La tentation de saint Antoine »[6].
Les éditions
[modifier | modifier le code]La première édition parue chez Charpentier en 1874 comporte des coquilles d'impression : le mot « capitaine » à la place de « capitale », page 152, et le mot « éphémérides » pour « éphémères » à la page 295. Un exemplaire de ce type, en bibliophilie, se négocie en 2017 aux alentours de 10 000 euros (à noter que l'exemplaire dont il est question a la particularité très rare d'avoir été dédicacé par son auteur)[7].
La Tentation de saint Antoine de Flaubert inspira Odilon Redon, artiste symboliste qui publia un recueil de 24 estampes en 1896.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Pierre Brueghel le Jeune, La Tentation de saint Antoine », sur le site du Centre Flaubert à l'Université de Rouen : « C'est ce tableau qui a inspiré à Flaubert La Tentation de saint Antoine. »
- (it) « Le tentazioni di Brueghel il giovane alla galleria di palazzo Spinola », exposition à Gênes.
- Jakuta Alikavazovic, Flaubert : biographie, analyse littéraire, étude détaillée des principales œuvres, Studyrama, (lire en ligne), p. 15.
- Martin Hervé, Le saint-poème selon Flaubert : le délire des sens dans La Tentation de saint Antoine.
- Yves Thomas, « La valeur de l’Orient : l’épisode de la reine de Saba dans La Tentation de saint Antoine », Études françaises, volume 26, numéro 1, printemps 1990, p. 38 (lire en ligne).
- Étienne Beaulieu, « Silence et poésie chez Gustave Flaubert. Une étude de La tentation de saint Antoine », Études françaises, vol. 37, no 1, , p. 118 (lire en ligne)
- « Notice du catalogue de la librairie Le Feu follet »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur edition-originale.com
Liens externes
[modifier | modifier le code]- « Gustave Flaubert : La tentation de saint Antoine (1874) », sur bisrepetitaplacent.free.fr Les versions de 1849 et 1856 sont également accessibles en version intégrale sur le même site.
- « Ressources : La Tentation de saint Antoine », sur le site du Centre Flaubert à l'Université de Rouen
- « Flaubert, Gustave : La Tentation de saint Antoine », livre audio [MP3], sur litteratureaudio.com