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Gigantomachie

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Poséidon affrontant Polybotès, amphore à col attique à figures noires du Peintre de la Balançoire, vers 540-, musée du Louvre.

La Gigantomachie, littéralement « combat contre les Géants » (du grec ancien Γιγαντομαχία / Gigantomakhía, de Γίγας / Gígas, « Géant », et μαχη / makhê, « bataille »), est un épisode de la prise de pouvoir de Zeus, déjà vainqueur des Titans lors de la Titanomachie.

Le mythe grec

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Les Moires tuant Agrios et Thoas, détail de frise de la Gigantomachie du grand autel de Pergame, IIe siècle av. J.-C., musée de Pergame (Berlin).

Sources littéraires

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On ne trouve que peu d'allusions à la Gigantomachie dans les sources archaïques[1] : ni Homère, ni Hésiode ne la mentionnent explicitement[2]. Homère se borne à indiquer qu'Eurymédon « perd son peuple impie et se perd lui-même », référence possible à une lutte[3] et Hésiode, qu’« Héraclès s'est illustré parmi les immortels[4],[2] » ; quant au Catalogue des femmes (ou « Éhées »), de la même période, évoquant le saccage de Troie et de Cos par Héraclès, il fait allusion à l'exécution par le héros de « Géants présomptueux[5]. » On trouve un peu plus loin une autre allusion probable à la Gigantomachie lorsque Zeus proclame Héraclès « rempart contre la ruine des dieux et des hommes[6]. »

Au début du Ve siècle av. J.-C., le poète Pindare donne quelques détails sur ce combat des Géants contre les dieux de l'Olympe. Il le situe « dans la plaine de Phlegra » et chante une prédiction de Tiresias selon laquelle Héraclès tuera les Géants « par une volée de ses flèches[7]. » Il invoque Héraclès : « Toi qui a soumis les Géants[8] », et dit que Porphyrion, le roi des Géants, a été vaincu par l'arc d'Apollon[9]. Dans sa pièce Hercule Furieux, Euripide décrit le héros frappant les Géants de ses traits[10], et dans Ion, le chœur évoque une représentation de la Gigantomachie dans le Temple d'Apollon (Delphes), où Athéna combat Encélade avec son bouclier à la gorgone ; où Zeus frappe de son foudre le Géant Mimas, et où Dionysos tue un autre géant avec son thyrse [11]. Apollonius de Rhodes (IIIe siècle av. J.-Chr.) décrit brièvement une scène où Hélios emporte Héphaïstos, épuisé par le combat, sur son char[12].

Mais le récit le plus détaillé de la Gigantomachie[13] est l'œuvre du Pseudo-Apollodore, un mythographe des premiers siècles de l'ère chrétienne. Aucune des sources anciennes n'explique les raisons de cette guerre ; tantôt une glose à l’Iliade évoque le viol d’Héra par Eurymédon[14], tantôt une glose à l'ode 6 des Isthmiques de Pindare cite le vol des troupeaux d'Hélios par le géant Alcyon[15]. Apollodore, qui mentionne aussi le vol du troupeau d'Helios[16], suggère que la cause de la guerre est la vengeance d’une mère : Gaia aurait enfanté les Géants pour venger les Titans[17] (eux-mêmes vaincus et jetés dans les chaînes par les dieux de l'Olympe).

Les causes de l'affrontement

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Zeus, vainqueur de la Titanomachie, a enfermé les Titans dans le Tartare. Gaïa, leur mère, se montre outrée et déclare la guerre aux dieux de l'Olympe. Elle envoie ses fils, les Géants, au combat.

Les préparatifs

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L'agression de Gaïa ne survient pas directement après l'affront. Zeus peut donc s'y préparer. Comme les Géants ne pouvaient être tués que par à la fois un dieu et un mortel, Zeus engendre Héraclès.

Gaïa fait pousser une herbe rendant ses enfants invisibles aux yeux des humains et immortels sous leurs coups. Au fait de la situation, Zeus empêche Hélios (le Soleil), Séléné (la Lune) et Éos (l'Aurore) de se lever avant qu'il ne découvre lui-même l'herbe aux effets magiques.

L'affrontement

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Dionysos combattant un Géant durant la Gigantomachie, pélikè attique à figures rouges, vers , musée du Louvre.

Le champ de bataille se situe là où habitent les Géants, à savoir la Phlégra (« terre ardente »). Les chefs de file sont Eurymédon, Alcyonée et Porphyrion.

Les dieux rassemblés essuient un premier assaut. Les Géants s'avancent brandissant des torches faites de troncs de chênes et catapultant des pics et des rochers.

Les combats :

Représentation

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La gigantomachie constitue un thème iconographique très populaire dans la Grèce antique. La plus monumentale représentation est la frise extérieure du Grand Autel de Pergame[18].

Notes et références

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  1. (en) Timothy Gantz, Early Greek Myth : A Guide to Literary and Artistic Sources, Johns Hopkins University Press, , 2 volumes (ISBN 978-0-8018-5360-9), p. 15. Pour une revue des sources littéraires, cf. Gantz, pp. 445–450 ; Francis Vian et Mary B. Moore, Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC), vol. IV.1, Zürich et Munich, Artemis Verlag, (ISBN 3760887511), « Gigantes », p. 191–196.
  2. a et b Gantz, op. cit. p. 446.
  3. Selon Gantz, op. cit. p. 447, une scholie à l'Odyssée (7.59) signale qu'Homère ignorait que les Géants avaient combattu les dieux.
  4. Théogonie v. 954.
  5. Hésiode, fragment 43a.65 MW, cf. (en) G.W. Most, Hesiod: The Shield, Catalogue of Women, Other Fragments, Cambridge (Massachusetts), Loeb Classical Library, vol. 503, (ISBN 978-0-674-99623-6), p. 143. Gantz, op. cit., p. 446, estime que ce verset, sans lien avec le reste du poème, n'est sans doute qu'une interpolation tardive.
  6. Hésiode, fragm. 195.28–29 MW, cf. Most, op. cit. 2007, p. 5; et Gantz, op. cit., p. 446.
  7. Pindare, Néméennes, 1.67–69.
  8. Pindare, Néméennes, 7.90.
  9. Pindare, Pythiques 8.12–18.
  10. Euripide, Hercule Furieux, v. 177–180 ; cf. aussi Gantz, op. cit. p. 448.
  11. Euripide, Ion, v. 205–218.
  12. Apollonius de Rhodes, Argonautiques livre 3, v. 221]
  13. Edward Tripp, Crowell's Handbook of Classical Mythology, Thomas Y. Crowell Co, (ISBN 069022608X), p. 252.
  14. Gantz op. cit., pp. 16, 57 et 448–449; Hard p. 88. Selon Gantz, op. cit. p. 449, il s'agit peut-être de l'anecdote évoquée au chant VII de l'Odyssée, mais il estime que le viol d’Héra par Eurymédon n’est qu'une interpolation destinée à expliciter l’allusion d’Homère.
  15. Gantz op. cit., pp. 419 et 448–449; Pindare, Isthmiques ode 6, v. 47.
  16. Selon Apollodore, c’est dans l’île d’Erytheia, où paissaient aussi les vaches de Géryon, qu’Alcyon aurait emmené les vaches d’Hélios.
  17. Gantz op. cit., p. 449; Pierre Grimal, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, PUF, coll. « Grands Dictionnaires », , p. 171; Tripp op. cit., p. 251. Au IVe siècle, le poète de la décadence Claudien reprend à son compte cette version dans sa Gigantomachia 1–35 (pp. 280–283), disant que Gaia, "jalouse des panthéons et par compassion pour les malheurs incessant des Titans" (1–2), enfanta les Géants, les exhortant à combattre (27–28).
  18. François Queyrel, L’Autel de Pergame : images et pouvoir en Grèce d’Asie, Picard, coll. « Antiqua » (no 9), , 208 p. (ISBN 2708407341), p. 102.

Bibliographie

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Sources antiques
Articles
  • Francis Vian, « La guerre des Géants devant les penseurs de l'Antiquité », Revue des études grecques, Paris, les Belles Lettres, vol. 65, nos 304-305,‎ , p. 1-39 (lire en ligne, consulté le ).
Ouvrages
  • Francis Vian, Répertoire des gigantomachies figurées dans l'art grec et romain, Paris, Klincksieck, , 136 p. (SUDOC 011075619).
  • Francis Vian, La guerre des Géants. Le mythe avant l'époque hellénistique, Paris, Klincksiek, , 306 p. (SUDOC 011075147).

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Articles connexes

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Liens externes

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