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Douglas B-66

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Douglas B-66 Destroyer
Vue de l'avion.
Un Douglas RB-66C en vol au-dessus de la base Edwards en Californie, en 1957.

Constructeur Douglas Aircraft Company
Rôle Bombardier et avion de reconnaissance
Statut Retiré du service
Premier vol
Mise en service
Date de retrait
Coût unitaire 2,55 millions de dollars
Nombre construits 294 exemplaires
Équipage
4 à 7 membres
Motorisation
Moteur Allison J71-A-11
Nombre 2
Type Turboréacteur à simple flux
Poussée unitaire 45 kN
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 22,1 m
Longueur 22,9 m
Hauteur 7,2 m
Surface alaire 72,5 m2
Masses
À vide 19 300 kg
Avec armement 26 200 kg
Maximale 38 000 kg
Performances
Vitesse maximale 1 020 km/h
Plafond 12 000 m
Vitesse ascensionnelle 25 m/min
Rayon d'action 1 500 km
Charge alaire 361,4 kg/m2
Rapport poussée/poids 0,35
Armement
Interne 2 canons de 20 mm en tourelle arrière
Externe 6 800 kg de bombes
Avionique
Radar APS-27 et K-5

Le Douglas B-66 Destroyer est un bombardier léger américain développé et produit par la Douglas Aircraft Company. Conçu pour être utilisé par la United States Air Force[n 1] (USAF), le B-66 est largement basé sur l'A3D Skywarrior[n 2] de la Navy, un avion d'attaque lourd lancé depuis des porte-avions. Bien que, conformément aux souhaits des officiels, le Destroyer soit prévu comme un simple dérivé du Skywarrior destiné à être utilisé uniquement depuis la terre ferme, les exigences de l'USAF imposent de nombreuses modifications du projet, rendant ainsi le bombardier très différent de l'A3D, sur lequel il est pourtant basé.

Après avoir réalisé son premier vol le , l'avion entre en service dans l'USAF en 1956. La version de base, désignée B-66, est un bombardier prévu pour remplacer les Douglas B-26 Invader vieillissants ; dans le même temps, une version de reconnaissance photographique, le RB-66, en produite en parallèle. Par la suite l'avion est adapté pour d'autres rôles tels que le renseignement, les contremesures électroniques et la reconnaissance météorologique. Les appareils sont principalement déployés sur des bases européennes d'où il peuvent s'approcher plus facilement de l'espace aérien de l'Union soviétique, tandis que d'autres sont affectés à la surveillance de Cuba pendant la crise des missiles. Les B-66 sont également employés au cours de la guerre du Viêt Nam, typiquement pour des missions de soutien aérien, comme la cartographie des sites d'artillerie et de missiles antiaériens situés au Viêt Nam du Nord et au Laos. Les derniers exemplaires sont retirés du service en 1975.

Conception et développement

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Contexte historique

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En 1951, la United States Air Force (USAF) émet une demande pour un bombardier tactique destiné à remplacer le B-26 Invader, capable d'opérer de jour comme de nuit et d'assurer des missions de reconnaissance[1]. Alors que l'A3D Skywarrior, qui doit équiper les unités aéroportées de la United States Navy, est en cours de développement, le projet attire l'attention des hauts gradés de l'USAF, qui sont sceptiques quant à sa capacité à satisfaire aux exigences du programme en ce qui concerne les caractéristiques et les performances exigées. En particulier l'USAF émet des doutes sur la masse maximale au décollage, de 30 845 kg (68 000 livres), qu'elle estime impossible à atteindre[2] ; le général de l'USAF Hoyt Vanderberg se moque du projet, comme « générant d'impossibles prétentions[3] ». Il est suggéré que cette déclaration est liée à une opposition au sein de l'USAF à propos du projet de supers porte-avions, la classe United States, qui doit entre autres embarquer l'A3D. Toutefois, même si le projet de supers porte-avions est délaissé, les essais en vol de l'A3D confirme ses performances[4] ; son rayon d'action sans ravitaillement en vol est d'environ 1600 km et il peut réaliser des profils de missions très semblables à celle du B-47 Stratojet, beaucoup plus grand, équipant les unités de l'Air Force. Ces résultats, compte tenu du fait que les coûts de développement ont déjà été payés par la Navy et que des besoins urgents sont mis en évidence par la guerre de Corée, rendent l'A3D attrayant pour l'USAF[1],[2]. Par la suite, dans les années 1950, l'Air Force commence à exprimer son intérêt pour une version terrestre de l'avion[2].

Nouveau projet

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À l'origine, les officiers de l'USAF souhaitent que la conversion de l'avion ne consiste qu'à le débarrasser de tous ses éléments propres è sa caractéristique d'avion embarqué, tout en restant aussi près que possible de l'A3D originel[2]. Pour cette raison, le contrat AF 33(600)-9646 signé entre l'USAF et Douglas le ne porte sur aucun prototype ; à la place, cinq RB-66A de pré-production sont commandés, destinés à la reconnaissance aérienne, considérée comme une mission prioritaire pour l'avion[5].

La priorité étant mise sur la version de reconnaissance photographique, le premier des 5 RB-66A de pré-production fait son vol inaugural le . La mise au point est compliquée par de sérieux problèmes de stabilité et de vibrations. De nombreuses modifications sont nécessaires pour aboutir à la première version de série RB-66B, livrée à partir de 1956.

Une version RB-66C est développée pour la reconnaissance électronique, avec toute la capacité d'emport d'armement utilisée pour des systèmes de détection et de contre-mesure, et 4 membres d'équipage supplémentaires pour opérer ces systèmes. Le premier vol eut lieu le .

Entre-temps, la version de bombardement B-66B fait son vol inaugural le  : elle est plus lourde que la version de reconnaissance, dispose d'une soute à armement agrandie et emporte plus de carburant.

Au début des années 1960, un certain nombre de RB-66B de reconnaissances sont modifiés en EB-66E de guerre électronique tandis que des B-66B de bombardement sont modifiés en EB-66B pour un rôle similaire.

La dernière version produite est le WB-66D de reconnaissance météorologique, qui fait son premier vol le . Elle emporte des systèmes de mesures spécifiques et deux membres d'équipage pour les mettre en œuvre.

Caractéristiques

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Cockpit du RB-66B.

Le B-66 a la même apparence globale que le A-3 Skywarrior, malgré de nombreuses différences effectives :

- suppression de tout l'équipement naval du A-3,

- le poste de pilotage est aménagé pour un seul pilote, à la manière d'un avion de chasse, et l'avion est équipé de sièges éjectables (au contraire des A-3),

- la structure générale est renforcée, les roues du train d'atterrissage sont plus grandes,

- le radar et le système de bombardement sont différents.


Engagements

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Décollage d'un RB-66C.

Au contraire de son équivalent embarqué A-3 Skywarrior, le Destroyer n'a jamais été utilisé comme bombardier, bien que 72 exemplaires soient mis en service par le Tactical Air Command. Une partie de ces appareils a été par la suite modifiée en avions de guerre électronique.

Son premier engagement opérationnel a lieu pendant la crise des missiles de Cuba en 1962 et plus tard au Viêt Nam, et toujours dans le rôle d'appareil de reconnaissance et/ou guerre électronique.

Le , un RB-66B américain est abattu au-dessus de la République démocratique allemande par un MiG-19 soviétique, l'équipage s'est éjecté[6]. Cet appareil avait décollé de la base de Toul-Rosières en France et une erreur technique l'avait dérouté de l'itinéraire initial[7],[8].

Plusieurs EB-66 sont abattus pendant la guerre du Viêt Nam par des missiles SA-2.

Le , un EB-66 est atteint par un missile surface-air nord-vietnamien. Le sauvetage du seul membre d'équipage survivant, le lieutenant-colonel Iceal E. Gene Hambleton, a été l'objet du film Air force - Bat 21, du nom de l'indicatif de l'appareil.

L'USAF déclenche d'énormes moyens pour récupérer à tout prix ce spécialiste du brouillage électronique et ayant eu accès à plusieurs programmes top secrets (missiles balistiques PGM-19 Jupiter, Titan I et Titan II)[9].

Livraison par type et par année pour l' USAF[10] :

Version 1954 1955 1956 1957 1958 Total Prix
B-66B   6 47 19   72 3 130 875 dollars US
RB-66A 5         5 15 516 211 USD
RB-66B 2 8 91 44   145 2 334 404 USD
RB-66C   1 20 15   36 2 719 153 USD
WB-66D       34 2 36 1 915 900 USD
TOTAL 7 15 158 112 2 294
  • RB-66A : version de pré-production (5 exemplaires).
  • RB-66B : version de reconnaissance photographique (145 exemplaires).
  • B-66B : version de bombardement (72 exemplaires).
  • RB-66C/EB-66C : version de reconnaissance électronique (36 exemplaires).
  • EB-66B : version de guerre électronique (13 B-66B modifiés).
  • EB-66E : version de guerre électronique (52 RB-66B modifiés).
  • WB-66D : Version de reconnaissance et recherche météorologique (36 exemplaires).

Culture populaire

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  • L'appareil de reconnaissance abattu au début du film Bat 21 est un EB-66.

Notes et références

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  1. On met « La » car l'article est suivi de « United » qui, en phonétique /ju:naitid/, commence par une diphtongue ; or, en français devant une diphtongue, on met « le » ou « la » et non « l' », par exemple « le Yougoslave » et non « l’Yougoslave », etc.
  2. Avant 1962 et la nise en place du système Tri-Service, le Douglas A-3 est désigné A3D dans la nomenclature de la United States Navy.

Références

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  1. a et b Marcelle Size Knaack, 1988, p. 405
  2. a b c et d Bill Gunston et Peter Gilchrist, 1993, p. 161.
  3. Bill Gunston et Peter Gilchrist, 1993, p. 129.
  4. Bill Gunston et Peter Gilchrist, 1993, p. 128.
  5. Marcelle Size Knaack, 1988, p. 408
  6. « Incident Douglas RB-66C Destroyer 54-451, », sur aviation-safety.net (consulté le ).
  7. (en) « < Douglas RA-3B/EA-3B/RB-66C », sur /www.spyflight.co.uk/ (consulté le ).
  8. (en) Peter E. Davies, B/EB-66 Destroyer Units in Combat, , 96 p. (ISBN 978-1-4728-4506-1, lire en ligne), p. 20.
  9. Livre BAT*21 de Anderson William, 1980 (ISBN 0-553-25588-6)
  10. Statistical Digest of the USAF 1954. S. 70 f.; 1955, S. 80 f.; 1956, S. 91 f.; 1957, S. 97 f., 1958, S. 79; 1961, S. 79.

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Articles connexes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Enzo Angelucci et Paolo Matricardi (trad. de l'italien), Les avions, t. 5 : L'ère des engins à réaction, Paris/Bruxelles, Elsevier Sequoia, coll. « Multiguide aviation », , 316 p. (ISBN 2-8003-0344-1), p. 72.
  • (en) David Donald et Jon Lake, Encyclopedia of World Military Aircraft, Londres (Royaume-Uni), AIRtime Publishing, (ISBN 1-88058-824-2).
  • (en) Bill Gunston et Peter Gilchrist, Jet Bombers : From the Messerschmitt Me 262 to the Stealth B-2 [« Bombardiers à réaction : du Messerschmitt Me 262 au B-2 furtif »], Oxford (Royaume-Uni), Osprey Publishing, , 320 p. (ISBN 1-85532-258-7 et 978-1-85532-258-5, présentation en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Tony Holmes, Jane's U.S. Military Aircraft Recognition Guide, New York (États-Unis), HarperCollins, , 464 p. (ISBN 0-06113-728-6 et 978-0-06113-728-0, présentation en ligne).
  • (en) Marcelle Size Knaack (préf. Richard H. Kohn), Encyclopedia of U. S. Air Force Aircraft and Missile Systems [« Encyclopédie des systèmes d'avion et missiles de l'U. S. Air Force »], vol. II : Post-World War II Bombers 1945-1973, Washington, Office of Air Force History, , 635 p. (ISBN 0-912799-59-5, 0-16-002260-6 et 147814016X, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Jim Winchester, Military Aircraft of the Cold War, San Diego (Californie), Thunder Bay Press, coll. « The Aviation Factfile », , 256 p. (ISBN 1-59223-696-0 et 978-1-59223-696-1, présentation en ligne), « Douglas A-3 Skywarrior ».
  • (en) Richard Sweeney, « Flight Tests Compare Douglas B-66, A3D », Aviation Week, New York (États-Unis), McGraw-Hill, vol. 65, no 7,‎ , p. 60-61 & 64 (ISSN 0005-2175, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Russell Hawkes, « WB-66Ds to Test Laminar Flow Control », Aviation Week, New York (États-Unis), McGraw-Hill, vol. 74, no 22,‎ , p. 61 (ISSN 0005-2175, lire en ligne, consulté le ).
  • Jean-Pierre Hoehn, « La guerre électronique des Douglas B-66 "Destroyer" », Le Fana de l'Aviation, Clichy (France), Éditions Larivière, no 316,‎ , p. 42-53 (ISSN 0757-4169).

Liens externes

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