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Dosso Dossi

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Dosso Dossi
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Œuvres principales

Dosso Dossi, de son vrai nom Giovanni di Niccolò de Lutero ou Luteri (né en 1489 à Mantoue - mort en 1542 à Ferrare), est un peintre italien de l'école de Ferrare, peignant dans un style principalement influencé par la peinture vénitienne, en particulier par Giorgione et le début du Titien[1].

De 1514 à sa mort, il fut le principal artiste actif à la cour des ducs d'Este de Ferrare et de Modène, dont la petite cour valorisait sa réputation de centre artistique, à l'époque de L'Arioste, dont il fut l'interprète des évocations fantastiques[2]. Il a souvent travaillé avec son jeune frère Battista Dossi, qui avait travaillé sous la direction de Raphaël. Il a peint de nombreux sujets mythologiques et allégories avec une atmosphère plutôt onirique et des disharmonies de couleurs souvent frappantes. Ses portraits montrent aussi souvent des poses ou des expressions plutôt inhabituelles pour des œuvres de cour[1].

Certains de ses motifs mythologiques furent une source d'inspiration pour les peintres émiliens du début du XVIIe siècle comme Annibale Carracci[2].

Il tient son nom de la villa familiale près de Mantoue, la Villa Dossi.

Jupiter peignant des papillons, Mercure et la Vertu.
Fresques de la Villa Impériale de Pesaro.
Fresques de la Camera del Camin nero, Trente, Château du Bon Conseil.

Les données biographiques sur l'artiste sont rares et la date et le lieu de naissance exacts sont débattus par les historiens. Dans la courte biographie compilée par Giorgio Vasari en 1568, on dit qu'il est presque un contemporain de L'Arioste, cependant, des études ultérieures de Carlo Giovannini placent la naissance entre 1468 et [3]. On suppose également qu'il était le fils de Nicolò di Alberto di Costantino Luteri[4], de profession spenditore (économe) à la cour d'Este des ducs de Ferrare, et de Jacopina da Porto. Originaire du Trentin, Nicolò Luteri est inscrit dans un registre historique daté du près de Tramuschio[4] où il devient propriétaire d'une ferme dans la localité de Dosso della Scaffa (aujourd'hui San Giovanni del Dosso), de quelques terres de la Fossa delle Pietre[5] et de Villa Pentita dans le district de Mantoue, vicariat de Quistello. Le fait que Nicolò ait baptisé ses enfants avec les noms de Giovanni et Battista pourrait être lié au fait que le saint patron de San Giovanni del Dosso est précisément saint Jean le Baptiste[6]. De plus, dans le premier document attestant la présence du peintre à Ferrare, il s'appelle Dosso della Mirandola[7]. Son frère était communément appelé Battista Dossi (Battista del Dosso), de sorte qu'au XVIIIe siècle, les historiens locaux, croyant que Dossi était le nom de famille, ont également commencé à appeler son frère aîné Dosso Dossi, une forme incorrecte qui est restée plus tard dans l'histoire de l'art[8].

Dossi serait né à San Giovanni del Dosso, un village de la province de Mantoue. Il peut avoir eu une formation locale avec Lorenzo Costa ou à Mantoue, où il réalise, en 1512, une peinture pour les Gonzague, peut-être identifiable avec le Bain de Castel Sant'Angelo.

En 1514, il entame trois décennies de service pour les ducs Alphonse Ier d'Este et Hercule II d'Este, devenant le principal artiste de la cour. Dosso travaille fréquemment avec son frère cadet Battista Dossi, formé dans l'atelier romain de Raphaël. Il est connu pour avoir travaillé aux côtés de Benvenuto Tisi sur le polyptyque de Costabili.

Il crée des cartons de tapisseries, des décors de théâtre, des décorations de mobilier, des vues urbaines et des portraits de la famille princière. Il peint aussi de nombreux tableaux mythologiques et exécute pour le nouvel appartement du château de Ferrare Dix scènes de la vie d'Enée. On lui attribue la conception générale de la décoration de la Chambre d'albâtre du palais ducal, à laquelle Giovanni Bellini et Titien ont également participé depuis Venise. Il réalise également des retables pour les nombreux autels des églises ducales des Este, dont un grandiose polyptyque conservé au Palazzo dei Diamanti. Il réalise quelques tableaux, dont le Triomphe de Bacchus en Inde dont Raphaël a fourni les dessins sans pouvoir le peindre à la suite de sa disparition soudaine. Dosso est également responsable des toiles qui ornaient les plafonds et de nombreuses décorations mineures. Le complexe de la Chambre d'albâtre a été démantelé avec la dévolution de Ferrare à l'État pontifical en 1598 et les peintures ont été dispersées. Celles de Dosso se sont finalement retrouvées en partie à la Galleria Estense de Modène[9]. Entre 1518 et 1521, il réalise un retable pour l'autel de San Sebastiano dans la Cathédrale de Modène qui a été commandé par la Confraternité de la Table Commune des Prêtres.

Ami de L'Arioste, il s'absente plusieurs fois de la cour de Ferrare, pour séjourner à Venise. Il y est en contact avec Giorgione, Cariani, Savoldo et plus tard le Titien. Inspiré par l'art vénitien, Dosso Dossi est considéré comme le principal représentant de l'école ferraraise, correspondant en peinture de L'Arioste en littérature.
Il séjourne à Florence en 1517 et à Mantoue en 1519 pour accompagner Titien. Il va à Rome avec son frère Battista en 1519-1520 et il y travaille avec Raphaël.

En 1529, il est probablement appelé par François Marie Ier della Rovere, duc d'Urbino, à Pesaro pour peindre à fresque la Villa Imperiale.

Entre 1531 et 1532, il se rend au château du Bon Conseil, à Trente avec son frère cadet Battista, à la demande du cardinal Bernhard von Cles qui leur confie la décoration d'une vingtaine de pièces du Palazzo Magno, le palais qu'il vient de faire construire à côté de l'ancienne forteresse, le Castelvecchio. Battista décore un corridor de fresques représentant les Dieux de l'Olympe, et Dosso peint sur le plafond de la Sala Grande « des putti frivoles devant des nuages sur fond de ciel bleu[10]. », où il travaille aux côtés de Romanino[9].

En 1541, il rédige son testament et s'éteint en 1542[11].

À Ferrare, parmi ses élèves se trouvaient Gabriele Capellini, Jacopo Panicciati et Giovanni Francesco Surchi[12].

« La complexité des thèmes et les représentations allégoriques obscures ou excentriques que l'on trouve dans un grand nombre de ses meilleurs tableaux, continuent de défier toute explication. »

— Extrait de Chefs-d’œuvre du J. Paul Getty Museum, 1997[13].

Enée et Acate sur la côte libyenne (vers 1520).

Dans sa formation, Dosso n'a pas puisé directement dans la prestigieuse école ferraraise du XVe siècle, mais n'en a été influencé qu'après avoir déjà appris les secrets des peintres vénitiens, en particulier de Giorgione. À ces enseignements de base, il a ensuite ajouté des références à la culture classique et à Raphaël, ainsi que sa propre attitude narrative bien développée[9] .

Avec de fréquents voyages (Florence, Rome et surtout Venise), Dosso s'est toujours tenu au courant de l'actualité des centres artistiques phares de la péninsule, entamant surtout un dialogue fructueux avec Titien, dont il reprend la richesse chromatique et les larges ouvertures dans le paysage. Malgré cela, il n'y a pas dans son art de fortes différences stylistiques entre les différentes phases, mais plutôt l'utilisation de registres différents selon le sujet : monumental pour les retables, plus fluide et inventif pour les sujets littéraires et mythologiques, qui demeurent la partie la plus appréciée de sa production[2]. Pendant un certain temps, il a été en contact avec Michel-Ange, peignant des nus virils massifs.

Dosso Dossi est moins connu pour son naturalisme ou son souci du dessin, et plus pour ses vanités allégoriques cryptiques dans des peintures autour de thèmes mythologiques, sujet de prédilection de la cour humaniste de Ferrare. Dossi utilise des distorsions de proportion excentriques, qui peuvent apparaître caricaturales ou même « primitivistes ». L'historien de l'art Sydney J. Freedberg voit dans cette caractéristique une expression de l' esthétique Renaissance de la sprezzatura (c'est-à-dire « l'insouciance étudiée », ou la nonchalance artistique). Dossi est également connu pour les choix atypiques de pigments brillants pour ses pièces d'ébénisterie. Certaines de ses œuvres, telles que la Déposition, ont des qualités[14] qui suggèrent certaines des œuvres du Corrège. La plupart de ses œuvres présentent des thèmes chrétiens et grecs anciens et utilisent la peinture à l'huile comme médium.

Ses dernières années, il accentue les contrastes de clair-obscur et les références symboliques dans ses œuvres[9].

L'école d'art de la ville de Ferrare porte le nom de Dosso Dossi.

Principales œuvres

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Melissa.
Savant avec boussole et globe.
Portrait d'un adolescent, seul portrait confirmé de Lucrezia Borgia par Dosso Dossi (1514-1516), à la National Gallery de Victoria.

Notes et références

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  1. a et b Hartt, 617
  2. a b et c (De Vecchi-Cerchiari p. 234).
  3. (Giovannini p. 58).
  4. a et b (en) Adriano Franceschini, Dosso Dossi, Benvenuto da Garofalo, and the Costabili Polyptyc in Ferrara, Getty Publications, (Bibcode no, lire en ligne), p. 144
  5. Archives notariales anciennes de Ferrare, notaire Cagnaccini
  6. Sergio Poletti, I natali di Dosso Dossi, Circolo Politeama,
  7. (en) Peter Humphrey, Dosso Dossi His Life and Works, Metropolitan Museum of Art e Paul Getty Museum, (lire en ligne), p. 3
  8. A. Franceschini, Dosso Dossi, Benvenuto da Garofalo e il polittico Costabili di Ferrara, vol. XLV,
  9. a b c et d (Zuffi p. 287).
  10. Castelli, seigneurs et châteaux d'Italie, Könemann, 2001.
  11. Giovanna Nepi Sciré, La Peinture dans les Musées de Venise, Editions Place des Victoires, , 605 p. (ISBN 978-2-8099-0019-4), p.579
  12. James R. Hobbes, Picture collector's manual adapted to the professional man, and the amateur, T&W Boone, 29 Bond Street; Digitized by Googlebooks, , 77 p. (lire en ligne)
  13. a b et c John Walsh, Chefs-d’œuvre du J. Paul Getty Museum : Peintures, Thames & Hudson, (ISBN 2-87811-128-1), p. 27-29
  14. (en) « Lambent », sur wiktionary.org (consulté le ).
  15. Carlo Falciani et Pierre Curie (dir.), La Collection Alana : Chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Bruxelles, Fonds Mercator, , 216 p. (ISBN 978-94-6230-154-2)
    Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition au musée Jacquemart-André du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020, notice de Carlo Falciani, p. 181.
  16. « NGV's Renaissance mystery woman revealed », Brisbane Times

Bibliographie

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  • (it) Alessandro Ballarin, Dosso Dossi. La pittura a Ferrara negli anni del ducato di Alfonso I, Cittadella, Bertoncello Artigrafiche, 1994.
  • (it) Alessandro Ballarincita, Il camerino delle pitture di Alfonso I, tomes I-VI, Cittadella, Bertoncello Artigrafiche, 2002-2007.
  • (it) Andrea Bayer avec Peter Humfrey et Mauro Lucco, Dosso Dossi: pittore di corte a Ferrara nel Rinascimento (catalogo della Mostra tenuta a Ferrara, a New York e a Los Angeles negli anni 1998-1999), Ferrara arte, Ferrara, 1998.
  • (it) Ezio Chini, Francesca De Gramatica, Il "Magno Palazzo" di Bernardo Cles Principe Vescovo di Trento, Trente, 1988.
  • (en) Luisa Ciammitti, Steven F. Ostrow et Salvatore Settis, Dosso's fate: painting and court culture in Renaissance Italy, Los Angeles, Getty Research Institute for the History of Art and the Humanities, (ISBN 9780892365050, lire en ligne).
  • (it) Luisa Ciammitti, Garofalo e Dosso: ricerche sul Polittico Costabili (catalogo della mostra tenuta a Ferrara nel 1998), Venise, Marsilio, 1998 (ISBN 8831771442).
  • (it) Pierluigi De Vecchi, Elda Cerchiari, I tempi dell'arte, volume=2, Milan, Bompiani, 1999 (ISBN 88-451-7212-0).
  • (it) Vincenzo Farinella, Dipingere Farfalle, Giove, Mercurio e la Virtù di Dosso Dossi: un elogio dell'otium e della pittura per Alfonso I d'Este, Florence, Polistampa, 2007.
  • Vincenzo Farinella avec Lia Camerlengo et Francesca de Gramatica, Dosso Dossi: Rinascimenti eccentrici al Castello del Buoconsiglio (catalogo della mostra tenuta a Trento dal 12 luglio al 2 novembre 2014), Cinisello Balsamo, Silvana editoriale, 2014 (ISBN 9788836628858).
  • (en) Sydney J. Freedberg, Painting in Italy, 1500–1600, Penguin Books, , p. 315-322.
  • (en) Felton Gibbons, Dosso and Battista Dossi; court painters at Ferrara, Princeton, NJ: Princeton University Press, .
  • (it) Carlo Giovannini, « Nuovi documenti sul Dosso », Prospettiva, 1992, numéro 68, p. 57-60.
  • (en) Frederick Hartt, History of Italian Renaissance art : painting, sculpture, architecture, Londres : Thames & Hudson, 1987 (ISBN 0500235104).
  • (en) Peter Humfrey, Mauro Lucco, Andrea Bayer, Dosso Dossi: Court Painter in Renaissance Ferrara, New York, Metropolitan Museum of Art, 1998 [lire en ligne].
  • (it) Marco Jellinek, Alessandro Ballarin, Giovio, Leoniceno, Dosso: un ritratto dimenticato, Il camerino delle pitture di Alfonso I, volume=VI, Cittadella, Bertoncello Artigrafiche, 2007, p. 129–158.
  • (it) Amalia Mezzetti, Il Dosso e Battista Ferraresi, Ferrara, Cassa di Risparmio di Ferrara, 1965.
  • (it) Giuseppe Morselli, Tre grandi della Mirandola, Modène, Gianfranco Ronchetti Editore, 2000.
  • (en) Francis P. Smyth (dir.) et John P. O'Neill (dir.), The Age of Correggio and the Carracci: Emilian Painting of the 16th and 17th Centuries, , p. 111–128.
  • (it) Maurizia Tazartes, Dosso Dossi, Florence-Milan, Giunti, 2014 (ISBN 9788809794528).
  • (it) Giorgio Vasari, Le Vite, 1568.
  • (it) Stefano Zuffi, Il Cinquecento, Milan, Electa, 2005 (ISBN 8837034687).

Articles connexes

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Liens externes

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