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Azilien

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Azilien
Description de cette image, également commentée ci-après
Galet Peint - Muséum de Toulouse.
Définition
Lieu éponyme Grotte du Mas-d'Azil
Auteur Édouard Piette (1889)
Caractéristiques
Répartition géographique
Europe occidentale
Période Épipaléolithique
Chronologie XIIe - Xe millénaires av. J.-C.
Tendance climatique
Tardiglaciaire

L'Azilien est une culture archéologique de l'Épipaléolithique d'Europe de l'Ouest[1]. Elle a été définie initialement par Édouard Piette en 1889 à partir des industries découvertes dans la grotte du Mas-d'Azil, en Ariège. Dans ce gisement, des couches à nombreux galets peints et à harpons plats s'intercalent entre les niveaux du Magdalénien et du Mésolithique.

Chronologie

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L'Azilien commence vers 14 000 ans avant le présent (AP). Il chevauche l'interstade frais de l'Alleröd et, à partir de 12 900 ans AP, la dernière phase glaciaire du Dryas récent[2]. En début de période, le renne commence à céder la place au cerf. Les bois de cerf sont utilisés pour réaliser les harpons plats, souvent grossiers et perforés d'une entaille allongée à la base.

Industrie lithique

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L'Azilien ancien se caractérise notamment par une nette augmentation des pointes à dos ; les burins diminuent au profit des grattoirs courts, et les lames montrent un débitage encore assez soigné et calibré[3].
L'Azilien récent est marqué par des supports débités peu standardisés, des armatures calibrées par les retouches, de nombreuses pointes à dos et de rares burins[3],[2],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10].

Contrairement aux assertions de Piette (1895[11]) et Breuil (1912[12]), le harpon perforé n'est pas un marqueur absolu[n 1].

Les pointes à dos sont obtenues par retouche abrupte[réf. nécessaire]. En forme de lames de canif (comme décrit par Édouard Piette[13]), ces pièces sont connues depuis comme pointes aziliennes et sont considérées comme des pointes d'armes de jet.[réf. nécessaire]

Extension géographique

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Le manque de précision de la définition initiale a conduit les préhistoriens de différents pays à reconnaitre des industries aziliennes dans de nombreux contextes différents de l'Espagne cantabrique à la Suisse, l'Écosse (Obanien), l'Italie (Romanellien), les Pays-Bas (Tjongérien), la Roumanie (Clisurien) et la Crimée (culture de Shan Koba).

L'Azilien est plus ou moins contemporain de la culture Federmesser d'Europe du Nord. Ces industries, datées d'environ 14 000 à 11 600 ans AP[14], présentent des points communs (galets peints ou gravés), mais certaines variantes locales ont reçu des noms spécifiques ou sont simplement qualifiées d'épipaléolithiques.

Quelques sites

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Le Mas-d'Azil (site de référence, Ariège), le Bois Ragot (Gouex, Vienne), la Tourasse (Saint-Martory, Haute-Garonne), les Scilles et Gouërris (Lespugue, Haute-Garonne), Les Chaloignes (Mozé-sur-Louet, Maine-et-Loire), le Bichon et site de Monruz à Neuchâtel (canton de Neuchâtel, Suisse), Hauterive-Champréveyres (lac de Neuchâtel, Suisse)…

Art azilien

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L'art azilien a longtemps été considéré comme caractérisé par l'abandon du dessin figuratif au profit de l'abstraction, mais une plaque datée d'environ 12 000 ans AP découverte à Angoulême, gravée de quatre dessins d'animaux superposés (dont l'un entouré des rayons caractéristiques de l'art azilien), atteste la continuité avec l'art magdalénien[15].

Population et génétique

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En dépit d'une continuité technologique considérable avec le Magdalénien final, l'Azilien semble lié à un renouvellement génétique à grande échelle des populations de chasseurs-cueilleurs d'Europe centrale et occidentale dès 14 000 ans AP ainsi que pour le techno-complexe à Federmesser et d'autres groupes du Paléolithique final. Cette ascendance largement distribuée, le « groupe d'Oberkassel » - également connu sous le nom de chasseurs-cueilleurs ouest européens (WHG) - est plus étroitement liée à un individu associé à l'épigravettien du nord-ouest de l'Italie, ce qui suggère que son expansion en Europe continentale pourrait avoir commencé à partir de l'ouest des Alpes[16].

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Bibliographie

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  • 13 articles consacrés à l'étude de l'Azilien, dans « L'Azilien et les cultures septentrionales », séance thématique de Nemours (12 octobre 1996) sous la direction de P. Bodu et J.-P. Fagnart, sur persee, Bulletin de la Société préhistorique française, t. 94, n° 3, 1997.
  • [Barbaza 1997] Michel Barbaza, « L'Azilien des Pyrénées dans le contexte des cultures de la fin du Tardiglaciaire entre France et Espagne », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 94, no 3 « L'Azilien et les cultures septentrionales »,‎ , p. 315-318 (lire en ligne [sur persee], consulté en ).
  • [Barbaza 1999] Michel Barbaza, Les Civilisations postglaciaires. La vie dans la grande forêt tempérée, La Maison des Roches, coll. « Histoire de la France préhistorique », , 128 p. (présentation en ligne).
  • [Bodu, Debout & Bignon 2006] Pierre Bodu, Grégory Debout et Olivier Bignon, « Variabilité des habitudes tardiglaciaires dans le Bassin parisien : l'organisation spatiale et sociale de l'Azilien ancien du Closeau », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 103, no 4,‎ , p. 711-728 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Chapignac 2019] Chloé Chapignac, « L'Azilien sud-ardéchois : le début de l’enquête », sur archeorient.hypotheses.org, (consulté en ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • [Cheung et al. 2012] Célia Fat Cheung, Aude Chevallier, Peggy Bonnet-Jacquement, Mathieu Langlais, Jean-Georges Ferrie, Sandrine Costamagno, Delphine Kuntz,, Véronique Laroulandie, Jean-Baptiste Mallye, Nicolas Valdeyron et al., « Comparaison des séquences aziliennes entre Dordogne et Pyrénées : état des travaux en cours », Comptes-rendus de la société préhistorique de Bordeaux « Les groupes culturels de la transition Pléistocène-Holocène entre Atlantique et Adriatique »,‎ , p. 17-44 (lire en ligne [PDF] sur hal.archives-ouvertes.fr).
  • [Coulonges 1959] Laurent Coulonges, « L'Azilien n'a aucune valeur scientifique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 56, nos 9-10,‎ , p. 590-592 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Couraud 1985] Claude Couraud (préf. André Leroi-Gourhan), L'art Azilien : Origine - Survivance (monographie), éditions du CNRS, coll. « Gallia Préhistoire » (no : XXe supplément), , sur persee (ISBN 2-2220-3488-4, présentation en ligne, lire en ligne).
  • [Daniel 1936] Raoul Daniel, « L'Azilien du Périgord », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 33, no 6,‎ , p. 414-415 (lire en ligne [sur persee]).
  • [D'Errico 1994] Francesco d'Errico (en), « L'art gravé azilien. De la technique à la signification » (monographie), Gallia Préhistoire « Suppl. 31 »,‎ (lire en ligne [sur persee]).
  • [Mevel 2013] Ludovic Mevel, « Les premières sociétés aziliennes : nouvelle lecture de la genèse du phénomène d'azilianisation dans les Alpes du Nord à partir des deux niveaux d'occupation de l'abri de La Fru (Saint-Christophe-la-Grotte, Savoie) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 110, no 4,‎ , p. 657-689 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Piette 1895] Édouard Piette, « Hiatus et lacune. Vestiges de la période de transition dans la grotte du Mas d'Azil », Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris, vol. 6, 4e série,‎ , p. 235-237 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Pion 1997] Gilbert Pion, « L'Abri Fru à Saint-Christophe-la-Grotte (Savoie) : l'Azilien ancien des débuts de l'Alleröd », Bulletin de la Société Préhistorique française, vol. 94, no 3,‎ , p. 319-326 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Thévenin 1997] André Thévenin, « L'"Azilien" et les cultures à pointes à dos courbe : esquisse géographique et chronologique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 94, no 3 « L'Azilien et les cultures septentrionales »,‎ , p. 393-411 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Valentin 2008] Boris Valentin, « Productions lithiques magdaléniennes et aziliennes dans le Bassin parisien : disparition d'une économie programmée », The Arkeotek Journal, vol. 2, no 3,‎ (lire en ligne [sur halshs.archives-ouvertes.fr]).
  • [Valentin 2015] Boris Valentin, Les groupes humains et leurs traditions au Tardiglaciaire dans le Bassin parisien. Apports de la technologie comparée (thèse de doctorat, 3 vol.), Université de Paris I, 1106 p., sur _ _ _.

Articles connexes

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Notes et références

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  1. « le harpon perforé n'est pas un marqueur absolu  » : c'est-à-dire qu'il ne fait pas systématiquement partie des assemblages d'outils aziliens.

Références

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  1. Barbaza 1999.
  2. a et b [Desbrosse 1995] René Desbrosse, « V. Les trois derniers millénaires du Tardiglaciaire entre Atlantique et Méditerranée », Gallia Préhistoire, t. 37,‎ , p. 321-328 (lire en ligne [sur persee], consulté en ).
  3. a et b Chapignac 2019.
  4. [[#2015valentin|]]. Cité dans Chapignac 2019.
  5. [Bodu & Valentin 1997] Pierre Bodu et Boris Valentin, « Groupes à Federmesser ou aziliens dans le Sud et l'Ouest du Bassin Parisien. Proposition pour un modèle d'évolution », Bulletin de la Société Préhistorique Française, vol. 94,‎ , p. 341-347 (lire en ligne [sur persee]).
  6. Pion 1997. Cité dans Chapignac 2019.
  7. Barbaza 1997. Cité dans Chapignac 2019.
  8. Bodu, Debout & Bignon 2006. Cité dans Chapignac 2019.
  9. Mevel 2013. Cité dans Chapignac 2019.
  10. Grégor Marchand, Rémy Arthuis, Sylvie Philibert et Farid Sellami, « Un habitat azilien en Anjou : les Chaloignes à Mozé-sur-Louet (Maine-et-Loire) », Gallia Préhistoire, vol. 51, no 1,‎ , p. 1–111 (DOI 10.3406/galip.2009.2475, lire en ligne, consulté le )
  11. Piette 1895. Cité dans Chapignac 2019.
  12. [1912] « Les subdivisions du Paléolithique supérieur et leur signification », Congrès international d'Anthropologie et d'Archéologie préhistorique,‎ 1912 (2e éd. 1937), p. 165-238 (lire en ligne [PDF] sur halshs.archives-ouvertes.fr, consulté en ).
  13. Piette 1895, p. 240, 248, 250, 256.
  14. [Marchand et al. 2009] Grégor Marchand, Rémy Arthuis, Sylvie Philibert, Farid Sellami, Sandra Sicard, Philippe Forré, Sylvain Lanoë, Jean-François Nauleau, Laurent Quesnel et Guirec Querré, « Un habitat azilien en Anjou : les Chaloignes à Mozé-sur-Louet (Maine-et-Loire) » (Travaux dédiés à la mémoire du Dr Michel Gruet), Gallia Préhistoire, no 51,‎ , p. 1-113 (lire en ligne [sur cnrs.academia.edu], consulté en ).
  15. « Les chasseurs-collecteurs de la fin du Paléolithique dessinaient déjà à Angoulême », sur inrap.fr, Inrap, (consulté en ).
  16. (en) Cosimo Posth, He Yu, Ayshin Ghalichi, Hélène Rougier, Isabelle Crevecoeur et al., « Palaeogenomics of Upper Palaeolithic to Neolithic European hunter-gatherers », Nature, vol. 615,‎ , p. 117–126 (DOI 10.1038/s41586-023-05726-0 Accès libre, lire en ligne, consulté le ).