Attributs primés
Dans la course camarguaise, les attributs primés sont les éléments accrochés aux cornes et au frontal du taureau castré appelé cocardier (ou biòu) que les raseteurs doivent décrocher à l'aide d'un crochet pour obtenir des points et des primes.
Description
[modifier | modifier le code]Ils se composent de la cocarde, petit ruban de tissu rouge qui donne son nom à l'animal, de deux glands ou pompons de laine blanche, du frontal (ficelle reliant la base des deux cornes sur la face postérieure du front) et de deux ficelles placées sur les cornes[1].
La cocarde était autrefois associée à l'esprit clair et droit puisqu'on disait d'un vin qui monte à la tête : « Il pique la cocarde[2]. »
Les glands, introduits à partir des années 1920 pour agrémenter le jeu, évoqueraient les organes génitaux perdus du cocardier[3]. Un biòu qui rentre au toril sans ses attributs est considéré comme humilié[3] tandis que l'animal qui a réussi à défendre tous ses attributs est raccompagné au toril sur l'air de l'ouverture de Carmen comme un toréro.
Les ficelles sont les derniers éléments qui ont été introduits dans la course pour ajouter à la difficulté. Elles ont une valeur maximale pour le raseteur tant au point de vue pécuniaire qu'au point de vue de la compétition. Il arrive d'ailleurs que certains manadiers trichent pour augmenter la difficulté et taillent une légère encoche dans la corne de l'animal pour coincer la ficelle ou font un nœud[3].
Chaque attribut a une valeur en points : la coupe de la cocarde vaut 2 points, l'enlèvement de la cocarde et des glands 1 point par attribut, la coupe du frontal 1 point, l'enlèvement de chaque ficelle 4 points[4]. Ils ont également une valeur pécuniaire qui peut être importante. On cite, par exemple, à Arles en 1991, la première ficelle du cocardier Président, issu de la manade Saumade, qui était primée 7 000 francs, mais que personne n'a pu décrocher[5].
Ces primes sont considérées comme rémunérations de travail par les URSSAF depuis 1995[6].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Frédéric Saumade, Les Tauromachies européennes : la forme et l'histoire, une approche anthropologique, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS), , 208 p. (ISBN 978-2-7355-0395-7)
- Frédéric Saumade, Des sauvages en occident, les cultures tauromachiques en Camargue et en Andalousie, Paris, Mission du patrimoine ethnologique, 1994 et 1995, 275 p. (ISBN 978-2-7351-0587-8)
- Jean-Baptiste Maudet, Terres de taureaux : les jeux taurins de l'Europe à l'Amérique, Madrid, Casa de Velasquez, , 512 p. (ISBN 978-84-96820-37-1, présentation en ligne), préface de Jean-Robert Pitte
- Jacky Siméon, Dictionnaire de la course camarguaise, Vauvert, 2013, , 142 p. (ISBN 978-2-84626-424-2), p. 16
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Saumade 1994 et 1995, p. 11
- Frédéric Mistral cité parSaumade 1994 et 1995, p. 83
- Saumade 1994 et 1995, p. 84
- Saumade 1998, p. 80
- Saumade 1998, p. 82
- Maudet 2010, p. 299