Adalard de Corbie
Adalard de Corbie | |
Statue d'Adalard à l'abbatiale Saint-Pierre de Corbie. | |
Abbé de Corbie | |
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Naissance | v. 752 |
Décès | Corbie |
Ordre religieux | Ordre de Saint-Benoît |
Canonisation | 1026 par Jean XIX |
Vénéré par | l'Église catholique romaine |
Fête | 2 janvier |
Saint patron | jardiniers, protège des maladies fébriles et du typhus |
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Adalard, ou Adalhard, ou encore Adélard de Corbie, (Adal(h)ardus, abbas Corbeiensis), né vers 752 à Huysse (à l'époque Uscia) près d'Audenarde en Flandre, et mort le , fut abbé et comte de Corbie. Ce fut l'un des grands abbés de la période carolingienne. Il fut maire du palais au début du règne de Charlemagne, son cousin, qui le nomma tuteur puis conseiller de Pépin son fils aîné, roi d'Italie. Il a été canonisé au XIe siècle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Son nom est retranscrit en français sous d'autres formes qu’« Adalard » : Adhalard , Adalhard, Adélard, Adhélard, voire Alard. Une grande partie de nos connaissances sur la vie d'Adalhard provient de son illustre contemporain Paschase Radbert, auteur d'une longue Vita sancti Adalhardi (BHL 58) qui est parvenue jusqu'à nous[Note 1].
Origines et formation
[modifier | modifier le code]Sa naissance à Huysse, en Flandre, est vraisemblablement une légende, fondée sur une opinion de l'historien Jacques (ou Jacob, Jacobus) De Meyer[1] (dit Meyerus, 1491-1552) émise pour la première fois au XVIe siècle[2]. Cette origine est également donnée par Molanus[3] qui précise que cette villa d' Uscia (Huysse) qu'on peut aussi traduire par village a été offerte à l'abbaye de Corbie qui y posséda effectivement jusqu'à la conquête française un important domaine. Ce don a été fait selon Jacques De Meyer non pas par Adalard lui-même mais par le comte Conrad[4].
Il est le fils du comte Bernard, lui-même fils de Charles Martel[5] ; sa mère est la première épouse de Bernard, une Franque dont l'histoire n'a pas retenu le nom[Note 2]Adalard[Note 3] a pour demi-frère Wala, fils de Bernard et de la seconde épouse de celui-ci, une Saxonne restée pour nous anonyme.
Son père Bernard, comte de Saint-Quentin, possédait dans le Brabant et le pays de Liège un immense domaine dont il hérita. Il en fit don à l'abbaye de Corbie.
En tant que cousin de Charlemagne son aîné de dix ans, il suivit la même formation. Il parlait couramment le tudesque, le latin et le roman[6]. Il bénéficia de la protection de son cousin, roi des Francs puis empereur d'Occident, et devint l'un de ses proches conseillers.
Sous le règne de Charlemagne
[modifier | modifier le code]Un homme de guerre
[modifier | modifier le code]Membre important de la cour impériale de Charlemagne, il assuma quelques missions comme missus dominicus et participa à de nombreuses campagnes du roi des Francs, contre les Saxons et contre les Sarrasins[réf. nécessaire].
Nommé maire du palais par Charlemagne, il prit part, aux côtés de son père Bernard de Flandre, aux expéditions contre les Lombards. Mais désapprouvant la répudiation de Désirée de Lombardie, épouse de Charlemagne, il quitta l'armée en 772.
Un homme d'Église
[modifier | modifier le code]Il se fit ermite près de Bénévent, en Italie du Sud, puis devint moine à l'abbaye de Corbie sous l'abbatiat de Maurdramne (772-781), pendant lequel fut rédigée une Bible en sept écritures différentes dont la minuscule caroline. Il exerça la fonction de jardinier et l'Église fit de lui le saint patron de cette profession. À Corbie, il reçut de nombreuses visites de grands du royaume lui demandant d'intercéder en leur faveur auprès de Charlemagne. Lassé, il s'enfuit à l'abbaye du Mont-Cassin. Son refuge découvert, il dut revenir à Corbie dont il devint l'abbé après le retrait de Maurdramne, en 781. C'est à Corbie en 774, que, après sa défaite, le roi des Lombards Didier ainsi que la reine Anse et leur fille Ermengarde furent assignés à résidence, sans doute obligés d'entrer dans les ordres.
Un homme de lettres
[modifier | modifier le code]Pendant son abbatiat, Adalard fit faire de grand progrès à l'école monastique de Corbie. Le scriptorium fut l'un des lieux où s'élabora l'écriture minuscule caroline qui s'imposa à tout l'Occident. La bibliothèque de l'abbaye s'enrichit de somptueux manuscrits enluminés qui sont aujourd'hui conservés, pour partie, dans les Bibliothèques d'Amiens Métropole, à la Bibliothèque nationale de France à Paris et à la Bibliothèque nationale de Russie (ex-Saltykov-Chtchédrin) de Saint-Pétersbourg. À cette époque, Adalard jeta les bases des statuts du palais d'Aix-la-Chapelle qui furent plus tard établis définitivement par Hincmar.
Adalard entretint une correspondance suivie avec de grands dignitaires carolingiens : Alcuin, abbé de Saint-Martin de Tours, Angilbert, abbé de Saint-Riquier, Paul Diacre, abbé du Mont-Cassin et Éginhard, proche conseiller de Charlemagne. Lorsqu'Alcuin se retira, Adalard devint l'un des tout premiers conseillers de Charlemagne.
Comte du palais, il figure dans le groupe de lettrés entourant Charlemagne et auquel les Modernes ont donné le nom discutable d'Académie palatine[7].
Un politique de premier plan
[modifier | modifier le code]En 781, Charlemagne le nomma régent d'Italie au nom de son fils Pépin âgé de quatre ans[8]. Jusqu'en 805, Adalard se partagea entre Corbie et Pavie. En 796, il devint conseiller de Pépin d'Italie. Après la mort de Pépin, Charlemagne le nomma en 812 tuteur de Bernard d'Italie, fils du défunt roi.
Charlemagne mourut en 814, son fils Louis Ier le Pieux lui succéda à la tête de l'empire.
Sous le règne de Louis le Pieux
[modifier | modifier le code]À son avènement, Louis le Pieux écarta les conseillers de son père. Adalard fut exilé au monastère de Noirmoutier, dirigé par l'abbé Arnoul, en 814[8],[9],[10].
Il ne rentra en grâce qu'en 821, à la mort de saint Benoît d'Aniane ; il retrouva alors son abbaye[11]. Un an plus tard, avec son frère Wala, il participa à la fondation de la Nouvelle Corbie, l'abbaye de Corvey sur la Weser, en Saxe, dont Wala devint abbé[12].
En 822, Adalard rédigea les statuts de l'abbaye de Corbie (Statuta antiqua abbatiae sancti Petri Corbeiensis)[13], qui servirent de modèle pour d'autres abbayes. Il décéda en 826 à l'âge de 75 ans. Son frère Wala lui succéda comme abbé de Corbie.
Postérité
[modifier | modifier le code]Adalard fut canonisé en 1026[14].
Les reliques de saint Adalard sont conservées dans l'abbatiale Saint-Pierre de Corbie. Le Musée de Cluny, à Paris, conserve un pied-reliquaire de saint Adalard en cuivre embouti, gravé, ciselé et doré du XIVe siècle[15].
La ville de Corbie a donné le nom de Centre Adalhard à l'ancien marché couvert transformé en une salle de spectacles et d'expositions inaugurée en . Une rue de la ville porte son nom.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Texte latin reproduit, d'après l'édition de Mabillon, dans la Patrologie Latine, tome 120 (1852), col. 1507-1556.
- Maurice Chaume avait proposé une sœur de Bertrade de Laon, se fondant sur le fait que Bernard est parfois qualifié de avunculus (oncle maternel) de Charlemagne. Mais ce terme commençait alors à avoir le sens d′ « oncle », aussi bien paternel que maternel (Settipani 1993, p. 355, note 1118).
- Il y a parmi les fidèles de Charles Martel un Adalard, comte de Chalon-sur-Saône, qui est peut-être un ancêtre maternel (Riché 1983, p. 55).
Références
[modifier | modifier le code]- Meyerus, Annales, année 828 : "Floruit eo tempore eruditione, et sanctitate vitae Adelhardus abbas Corbeiensis Uscia oriundus iuxta Aldernardum".
- Bulletin de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1885.
- Molanus, Chronique des Saints, chapitre XXII : "Clarebat etiam S. Adalardus abbas Corbeiensis oriundus apud Aldernardum ex Uscia, quae villa Corbiae donata est".
- Iacobus Meyerus Baliolanus, Annales, p. 14/2 : "Ghonradus Comes assignauit monasterio Corbeiensi villam Usciam iuxta Aldenardam, unde tabulas in alio aedidimus libello".
- Settipani 1993, p. 211-2.
- Paschase Radbert, Vita sancti Adalhardi (BHL 58), 77, PL 120 (1852), col. 1546 C : Quem si vulgo audisses, dulcifluus emanabat ; si vero idem barbara, quam Teutiscam dicunt, lingua loqueretur, praeeminebat claritatis eloquio ; quod si Latine, iam ulterius prae aviditate dulcoris non erat spiritus.
- Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, L. Hachette (Paris), (lire en ligne), p. 15.
- Settipani 1993, p. 355.
- Riché 1983, p. 150.
- Roger Caron, Corbie en Picardie, de la fondation de l'abbaye à l'instauration de la commune et l'adoption de la réforme de Cluny, Amiens, Éditions Corps Puce, .
- Settipani 1993, p. 307.
- Georges Bordonove, Charlemagne, empereur et roi, Pygmalion, , p. 307.
- Brève biographie d'Adalhard de Corbie sur le site de la BnF.
- Brève biographie d'Adalhard de Corbie sur le site saints.sqpn.com.
- « POPSI ! », sur pop.culture.gouv.fr (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Émile-Auguste Bégin, « Adalard », dans Biographie de la Moselle, Verronnais imprimeur-libraire, Metz, 1829, tome 1, p. 2-6 (lire en ligne).
- Michel Belliart, Bernard Delmaire, Michèle Gaillard et Charles Mériaux, « Les Miracles de saint Adalhard de Corbie en Flandre (vers 1075) », Revue du Nord, vol. 436, no 3, , p. 641–652 (ISSN 0035-2624, DOI 10.3917/rdn.436.0641, lire en ligne, consulté le ).
- Roger Caron, Corbie en Picardie, de la fondation de l'abbaye à l'instauration de la commune et l'adoption de la réforme de Cluny. Amiens, Éditions Corps Puce, 1994 (ISBN 2 - 907525 - 70 - 0).
- Louis Halphen, Charlemagne et l'empire carolingien, collection « L'Évolution de l'humanité », Paris, Albin Michel, 1947 et 1968.
- Brigitte Kasten, Adalhard von Corbie. Die Biographie eines karolingischen Politikers und Klostervorstehers. Düsseldorf, Droste Verlag, coll. « Studia humaniora », 1985 (ISBN 3770008030).
- Chanoine Henri Peltier, Adalhard abbé de Corbie, mémoire tome LII, supplément au Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, Amiens, deuxième trimestre 1969.
- Paschase Radbert, De vita Adalhardi Corbiensis abbatis (Vie d'Adalard de Corbie), IXe siècle.
- Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, présentation en ligne).
- Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle Histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressource relative à la religion :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
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