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Ærarium militare

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L’ærarium militare est un trésor militaire de la Rome impériale. Il est institué en l'an 6 apr. J.-C. par Auguste, le premier empereur romain, comme « revenu fixe et perpétuel[a 1],[1] » pour les pensions des vétérans de l'armée romaine impériale (praemia militiae)[N 1]. Il disparaît probablement au cours du deuxième ou troisième quart du IIIe siècle.

Cette caisse spéciale tire son financement de nouvelles taxes, des droits de succession et une taxe sur la vente, et régularise des dispositions ad hoc pour les vétérans qui, sous la République, recevaient des terres de leur général sur les biens publics.

Les praefecti aerarii militaris sont les trois préfets chargés de superviser ce trésor.

La « problématique » des vétérans

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La professionnalisation de l'armée pendant la République créé un nouveau « problème », celui des vétérans[2].

Avant cette professionnalisation, les citoyens servent un court temps dans l'armée pour faire face à une menace spécifique ou pour mener des campagnes saisonnières, et retournent ensuite à leurs occupations normales. Ensuite, la première solution au problème des vétérans dans la République tardive a été de les installer dans des colonies sur les nouveaux territoires conquis, ou sur des terres prétendues publiques en Italie. Mais cela est en fait utilisé à des fins personnelles par l'aristocratie. La redistribution de terres par des chefs militaires tels que Marius, puis les triumvirs Pompée, Crassus et Jules César, est ressentie par les classes supérieures comme une mesure populiste en faveur des rangs inférieurs de la société. Une prestation financée par l'État permet de rediriger la loyauté du vétéran envers son général immédiat plutôt qu'envers l'État romain[2].

Le biographe impérial et historien Suétone voit l'aerarium militare comme une réponse à l'incertitude des militaires retraités dans le besoin qui pourraient être tentés de soutenir un coup d'État ou de fomenter des troubles[a 2],[a 3],[3].

L'instauration du trésor

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Sous Auguste, les subventions monétaires remplacent donc les redistributions de terres avec l'instauration de ce trésor en l'an 6 apr. J.-C. Cette initiative d'Auguste est d'abord accueillie avec hostilité[1].

L'empereur créé donc le fonds initial 170 millions de sesterces provenant de ses propres fonds[a 4],[3],[4] ainsi que des contributions volontaires des royaumes et des cités clients[5].

Auguste inclut l'aerarium militare parmi les accomplissements dans ses Res Gestae Divi Augusti, une autobiographie commémorative publiée à titre posthume dans tout l'Empire[6].

Le financement du trésor

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Le montant initial déposé par Auguste est insuffisant et, après avoir sollicité les sénateurs sur des améliorations du financement, qui toutes ont été refusées, Auguste impose de nouvelles taxes pour financer cette caisse spéciale[1]. Les classes supérieures se plaignent des nouvelles taxes mais préfèrent toutefois l'instauration de ce trésor aux redistributions de terres aux vétérans[7]. Pierre Cosme pense plutôt qu'Auguste refuse les propositions sénatoriales ainsi que les dons de particuliers, qui auraient pu être tentés de se créer une clientèle au sein des vétérans, et impose ses propres idées après avoir demandé au Sénat pour la forme[8].

Un droit sur les successions de 5% (vicesima hereditatium) est instauré[9], Auguste prétendant avoir trouvé ce projet dans les papiers de son père adoptif[10]. Les héritages laissés aux membres de la famille immédiate du défunt sont exemptés, pour encourager la natalité[10], de même que les biens évalués à une valeur inférieure à un plancher[11].

Une autre source de recettes fiscales est au moins attestée, en l'occurrence une taxe de 1% sur les marchandises vendues aux enchères (centesima rerum venalium)[12]. Pierre Cosme parle quant à lui d'un niveau de taxe à 4% sur les ventes aux enchères en l'an 7 qui s'ajoute au 1% mis en place au lendemain des guerres civiles[4].

Le montant de la prime

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Un soldat gagne une praemium unique ou une prestation dans le temps[13] après avoir terminé son service (seize ans dans la garde prétorienne, vingt années dans l'armée régulière). À la fin du règne d'Auguste, la pension est de 20 000 sesterces pour un prétorien et 12 000 sesterces pour un légionnaire[3]. Pierre Cosme indique qu'Auguste fait passer la durée de service de vingt à vingt-cinq ans pour les légionnaires et de douze à seize pour les prétoriens[4].

Au Ier siècle, la pension d'un légionnaire représente environ douze années de salaire[13]. La praemium reste stable jusqu’au règne de Caracalla, au début du IIIe siècle, où elle passe à au moins 12 000 sesterces pour un légionnaire et un montant plus élevé, mais non connu précisément, pour un prétorien[14].

Quand le trésor est doté d'un montant insuffisant, l'empereur peut éviter de payer des pensions par une extension arbitraire de la durée du service militaire, dans une forme de rétention forcée ou de « politique stop-loss[3] ».

La localisation du trésor

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Ce trésor militaire est peut-être localisé sur le Capitole à l'époque de Néron, ce qui est attesté par un diplôme militaire datant de 65[15],[16]. Il est aussi possible qu'il soit abrité dans le temple de la Concorde[17].

Il est difficile de savoir si c'est un entrepôt physique contenant le revenu des recettes fiscales ou un bureau pour les transactions sur papier[18].

L'administration du trésor

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Ce trésor est administré par trois préfets, les praefecti aerarii militaris, qui sont d'anciens préteurs d'abord choisis par tirage au sort pour un mandat de trois années. Plus tardivement, ils sont nommés par l'empereur[a 3],>,[17].

Leurs fonctions précises ne sont pas claires, bien que l'on sache qu'ils ne sont pas chargés de la collecte des impôts. Ils ont peut-être principalement assuré la gestion et la sécurité financière[15]. Chaque préfet sénatorial s'est vu attribuer deux licteurs et d'autres membres du personnel, mais les préfets nommés par l'empereur n'ont pas de licteur[a 3]. Ce changement de nomination par l'empereur est peut-être intervenu dès le règne de Claude au milieu du Ier siècle[19],[17].

Les préfets ne rendent de compte qu'à l'empereur>,[17].

Liste non exhaustive des préfets

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La disparition du trésor

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On ignore la date de disparition de l’aerarium militare. Les derniers préfets dont les années de service sont précisément datées sont du règne d'Héliogabale, entre 218 et 222. Cependant, il se peut qu'une autre préfecture soit datée du milieu du IIIe siècle[22].

Notes et références

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  1. Cependant, Dion Cassius, et peut-être aussi Suétone, semble penser à tort que la rémunération de l'armée régulière (le stipendium) provient également de ce fonds. Il se peut qu'il ait parfois servi à d'autres fins que les pensions des vétérans (Mireille Corbier, L'aerarium saturni et l'aerarium militare. Administration et prosopographie sénatoriale, Publications de l'École française de Rome, 1974).

Références

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  • Sources modernes
  1. a b et c Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, p. 174.
  2. a et b H.H. Scullard, From the Gracchi to Nero: A History of Rome from 133 BC to AD 68, Routledge, 2007, p. 221–222.
  3. a b c et d Sara Elise Phang, Roman Military Service: Ideologies of Discipline in the Late Republic and Early Principate, Cambridge University Press, 2008, p. 163.
  4. a b et c Pierre Cosme, Auguste, Tempus, 2006, p. 243.
  5. J.S. Richardson, Augustan Rome 44 BC to AD 14: The Restoration of the Republic and the Establishment of the Empire, Edinburgh University Press, 2012, p. 172.
  6. Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, p. 173.
  7. Sara Elise Phang, Roman Military Service: Ideologies of Discipline in the Late Republic and Early Principate, Cambridge University Press, 2008, p. 173.
  8. Pierre Cosme, Auguste, Tempus, 2006, pp. 243-244.
  9. Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, pp. 174 et 176.
  10. a et b Pierre Cosme, Auguste, Tempus, 2006, p. 244.
  11. Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, pp. 177-178.
  12. Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, p. 178.
  13. a et b Fergus Millar, Rome, the Greek World, and the East: Government, Society and Culture in the Roman Empire, University of North Carolina Press, 2004, p. 98.
  14. Sara Elise Phang, Roman Military Service: Ideologies of Discipline in the Late Republic and Early Principate, Cambridge University Press, 2008, p. 164.
  15. a b et c Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, p. 175.
  16. Fergus Millar, Rome, the Greek World, and the East: Government, Society and Culture in the Roman Empire, University of North Carolina Press, 2004, pp. 99-100.
  17. a b c et d Corbier 1974, p. 665.
  18. Fergus Millar, Rome, the Greek World, and the East: Government, Society and Culture in the Roman Empire, University of North Carolina Press, 2004, p. 100.
  19. Peter Michael Swan, The Augustan Succession: An Historical Commentary on Cassius Dio's Roman History Books 55–56 (9 B.C–A.D. 14), Oxford University Press, 2004, p. 176.
  20. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Mireille Corbier, L'aerarium saturni et l'aerarium militare. Administration et prosopographie sénatoriale, Publications de l'École française de Rome, 1974, « Les notices individuelles, l'administration du trésor militaire ».
  21. Annette Flobert, Lettres de Pline, Flammarion, 2002, p. 516.
  22. Corbier 1974, p. 572 et 667.
  • Sources antiques
  1. Dion Cassius, Histoire romaine, LV, 24.
  2. Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 49.
  3. a b et c Dion Cassius, Histoire romaine, LV, 25.
  4. Auguste, Res Getae, 17, 2.

Bibliographie

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  • Mireille Corbier, L'aerarium Saturni et l'aerarium militare. Administration et prosopographie sénatoriale, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome » (no 24), , 796 p. (lire en ligne).
Daniel Nony, « compte-rendu de lecture de l'ouvrage : L’aerarium Saturni et l’aerarium militare. Administration et prosopographie sénatoriale », Revue des Études Anciennes, t. 78-79, nos 1-4,‎ , p. 328-330 (lire en ligne).

Articles connexes

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Liens externes

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