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Alnus glutinosa

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L’aulne glutineux, l’aulne noir, l’aulne poisseux, l’aune glutineux, l’aune noir, l’aune poisseux (Alnus glutinosa), est un arbre feuillu de la famille des Bétulacées, très présent dans la flore indigène de l'Europe (Scandinavie comprise). Il est parfois appelé vergne ou verne.

Historique et dénomination

L'espèce Alnus glutinosa a été décrite initialement par le naturaliste suédois Carl von Linné, et reclassée par le botaniste allemand Joseph Gärtner en 1790[1].

Noms vernaculaires

L’aulne glutineux, l’aulne noir, l’aulne poisseux, l’aune glutineux, l’aune noir, l’aune poisseux. Il est parfois appelé verne ou vergne.

Taxinomie

Il y a quatre sous-espèces :

  • Alnus glutinosa subsp. glutinosa. Europe.
  • Alnus glutinosa subsp. barbata, Nord de l'Anatolie (Rize,Trabzon, Artvin)
  • Alnus glutinosa subsp. antitaurica. Sud de l'Anatolie, rare.
  • Alnus glutinosa subsp. betuloides. Est de l'Anatolie.

et des variétés à usage décoratif :

  • Alnus glutinosa var. laciniata (aux feuilles petites et très dentées).

Description

Ambiance d'aulnaie inondable
Fructification et feuilles, au printemps

La verne possède des feuilles vertes sombres dessus, plus claires dessous, grossièrement ovales, typiquement échancrées au sommet. Leur contact est poisseux.

Les bourgeons sont pédicellés, en forme de massue, de couleur violette (couleur rare dans la flore française) et typiquement poisseux, surtout en hiver.

L'infrutescence est "une boîte à graine", sorte de petit cône appelé strobile de 2 cm de hauteur environ. Il contient des petits akènes, fruits ailés dispersés à maturité par le vent.

Le tronc fraîchement sectionné se teinte d'une belle couleur orange vif, réaction d'oxydation. Le bois, rare à de gros diamètre, est prisé en menuiserie pour la confection de plan de travail. Grâce à sa grande capacité à rejeter, on utilisait les jeunes taillis de 6 à 8 ans pour faire des échelles [2].

C'est une des rares essences que l'on trouve partout en France du nord à la méditerranée [3]. Il est de croissance rapide (12 mètres en 20 ans). Il a une longévité de 60 à 100 ans même si certains auteurs annoncent 200 à 300 ans. Ibid.Brosse

C'est une des rares essences que l'on trouve partout en France du nord à la méditerranée [4]. Il est de croissance rapide (12 mètres en 20 ans). Il a une longévité de 60 à 100 ans même si certains auteurs annoncent 200 à 300 ans. Ibid.Brosse

La verne est une essence hygrophile, comme nombre de Bétulacées, et affectionne particulièrement les sources d'eau, y compris domestiques. Il n'est pas rare de constater l'obstruction de canalisation par ses racines. L'arbre possède un système racinaire extrêmement développé (jusqu'à 4 m de profondeur) qui lui permet de bien résister aux vents forts. C'est une essence pionnière.

Les aulnes sont très fréquents dans les zones humides, sur les berges ou dans les ripisylves, au bord des rivières ou autour des bras morts, où ils peuvent atteindre 20 à 30 mètres.

On le multiplie par bouture. On enterre une branche entière de 2 à 3 m de long à une dizaine de centimètres de profondeur dont on fait dépasser les rameaux d'une quinzaine de centimètres. "On obtient la même année une quantité de de rejetons que l'on peut sevrer et repiquer l'année suivante [5]"

Les graines, très petites, assurent la propagation par le vent et l'eau. Elles ont une faible capacité germinative. Le semi est délicat. Cela freine l'extension de l'aulne comme essence productive malgré sa grande utilité [6].

Exigences écologiques

Fructification, dite strobyle
inflorescence mâle

Tempérament héliophile.

Exigences hydriques : humide à très humide.

Exigences trophiques : sol moyennement acide à neutre.


État des populations, pressions réponses

Aire de répartion naturelle d'Alnus glutinosa
  • L'aulne glutineux n'est pas considéré comme menacé, mais les aulnaies qui avaient notamment été conservées pour la production d'un charbon de bois apprécié pour les poudreries ont fortement régressé, au profit de la culture de peupliers (populiculture) ou du drainage des zones humides pour leur mise en culture, en pâture ou pour leur urbanisation.
  • La diversité génétique des populations d'aulnes glutineux a probablement souffert de l'artificialisation et du déboisement des berges et ripisylves des cours d'eau.
  • Une maladie dite « dépérissement des aulnes glutineux ».

Dépérissement des aulnes glutineux

Jeune tronc malade du Phytophtora alni
Infrutescences et Akènes - MHNT
Comme toutes les espèces rivulaires ayant co-évolué avec le castor, l'aulne glutineux se régénère très facilement par recépage, pratique dont il ne faut pas abuser si l'on veut qu'il entretienne une large diversité génétique
Aspect du tronc

Cette maladie, qui n'a été signalée qu'en Europe, semble due à Phytophthora alni et peut-être à d'autres co-facteurs[7].

Elle progresse en Europe depuis les années 1980 (mortalités importantes à partir des années 1980)[8]. Les dépérissements ponctuels d'aulnes signalés depuis le début des années 1900 sporadiquement en Europe semblaient pouvoir tous être expliqués par des problèmes stationnels (aulnes plantés ou ayant poussé dans un milieu ne leur convenant pas : trop sec, trop acide...).

Mais une maladie émergente semble prendre de l'ampleur depuis les années 1990, due à une espèce antérieurement inconnue de champignon du genre Phytophthora (micro-organisme filamenteux, oomycète proche des champignons, issu de l’hybridation de deux espèces de Phytophthora présentes dans les mêmes milieux[8])
Les symptômes en sont des feuilles anormalement nombreuses, trop petites et jaunissantes, un houppier clairsemé (mais homogène), des tâches rouilles à noirâtres à la base du tronc, marquant des zones de nécroses sous l'écorce et évoquant un chancre, souvent accompagnées de coulures goudronneuses (exsudats).

  • En Bavière, des mortalités ont touché environ 1/3 des parcelles forestières prospectées et plus de 50 % des berges étudiées.
  • En Région wallonne (Belgique), 28 % des aulnes dépérissaient sur les berges[8]
  • En Angleterre, plus de 15 % des aulnes des ripisylves inspectées dans le sud du pays ont été infectés ou tués de 1994 à 2006[8].
  • En France, environ 20 % des aulnes du bassin Rhin-Meuse étaient malades, avec 71 % des rivières touchées (en 2004 dans ce bassin, 16 % de 1204 aulnes étudiés étaient touchés. 78 % des 58 tronçons de rivières inspectés présentaient au moins un arbre dépérissant et 71 % de 35 cours d’eau inspectés étaient touchés). Au début des années 2000, des mortalités touchant annuellement environ 5 % des aulnes ont été signalées dans certains secteurs de la Sarre et en Charente[8].
  • En Allemagne, Phytophthora alni a été identifié dans 90 % des lieux infectés[8].

Ceci fait de l'aulne, avec l'orme, l’espèce d'arbre la plus menacée dans les écosystèmes naturels européens[8]. La température de l'eau et la faiblesse du courant favorisent le dépôt d'inoculum au pied des arbres, et un contexte argilo-limoneux (généralement agricole) favorise de manière générale les espèces de Phytophthora[8].

La qualité de l'eau ne semble pas en cause, mais le type de sol et la présence d'ouvrage artificiels (barrages, ponts semblent - selon l'agence de l'eau - pouvoir accroître le risque d'infection en aggravant la fréquence des crues et la stagnation de l’eau[8]. La mort des aulnes contribuent à diminuer l'ombrage des rivières et donc leur réchauffement, ce qui - dans une perspective de réchauffement climatique - pourrait encore favoriser la production de zoospores. Il est recommandé de brûler la base des troncs contaminés, d'éloigner le bois contaminé du bord de l'eau, de désinfecter les outils d'entretien de berge, de ne pas introduire de Phytophthora alni dans les sites indemnes (ce qui peut se faire via des plants ou le transports de terre ou bois contaminé), ou via le réempoissonnement[8] ou l'apport d'écrevisses, plantes, etc. venant de zones touchées.

Le recépage permet - dans les zones touchées - de produire des brins sains (le microbe ne semble pas passer facilement de la souche au rejet[8] dont le système immunitaire est peut-être dopé par le recépage. Conserver des ripisylves à haute biodiversité, c'est-à-dire non équiennes, constituées d'espèces autochtones, adaptées au milieu et génétiquement diversifiées est peut-être le meilleur moyen de contrôler et limiter cette maladie[8].

Galles/Parasitisme des feuilles

La feuille de l'Aulne glutineux abrite fréquemment neuf galles différentes dont, dans les genres Eriophyes et Aceria :

Ses racines sont le refuge d’une importante faune aquatique lorsqu'il pousse au bord d'un cours d'eau.

L'aulne semble, comme toutes les espèces d'arbres sensibles à un excès d'ozone troposphérique (nécrose des feuilles), fréquent lors des canicules, sous le vent des grandes agglomérations et des axes de circulation.

Usages

L'aulne permet de consolider les rives des cours d'eau grâce à son important système racinaire.

On l'utilise en foresterie pour préparer les sols qu'il assainit et enrichit avant la plantation de peupliers. Il est considéré comme l'engrais vert des forestiers. Au japon, un type d'aulne serait utilisé pour préparer de futures terres agricoles. Il était utilisait au moyen âge par les chapeliers pour teindre les feutres en noir. Il était autrefois le combustible préféré des boulangers et des verriers car il brûle rapidement en dégageant une vive chaleur et peu de fumée Le bois d'Aulne pourrit dans l'air humide. En revanche, il est réputé imputressible dans l'eau. On l'utilisait pour faire des conduites d'eau souterraines et des rigoles. Il peut être utilisé en drainage. Des fagots d'aulne bien serrés au fond de tranchées assurent longtemps l'écoulement de l'eau et l'aération des sols. La moitié de Venise serait bâtie sur des pilotis en Aulne.[9]".

Il peut être utilisé comme pare-feu productif autour de stations enrésinées.

Les racines et les feuilles d'aulne servent souvent de refuge à la faune environnante (y compris les insectes tels que les tiques). Lorsqu'on retourne les feuilles d'un aulne, on y trouve souvent de la vermine (terme qui aurait la même étymologie que "verne"). Autrefois, lorsqu'on voulait se débarrasser de la vermine dans une maison, un poulailler ou une écurie, on épandait sur le sol des feuilles de verne encore bien humides de rosée le matin et toute la vermine venait s'y mettre. Ensuite on jetait les feuilles au feu et le lieu était vidé de ces parasites.

Voir aussi

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Articles connexes

Notes et références

  1. Gaertner, J. (1788-1791) De Fructibus et Seminibus Plantarum, 2 vols. Stuttgart, Tübingen.
  2. Pierre Lieutaghi, Le livre des Arbres, Arbustes & Arbrisseaux, Arles, Actes sud, 2004 (ISBN 2-7427-4778-8)
  3. Jacques Brosse, Larousse des Arbres et Arbustes, Paris, Larousse, 2000 (ISBN 2-03-505172-X)
  4. Jacques Brosse, Larousse des Arbres et Arbustes, Paris, Larousse, 2000 (ISBN 2-03-505172-X)
  5. op. cit.Lieutaghi
  6. Dominique Jolin, Forêt, richesse naturelle, Paris,La Maison Rustique, 1982 (ISBN 2-7066-0132-9)
  7. Dans le cas du chancre du marronnier, d'abord attribué à un Phytophtora presque toujours trouvé dans le bois dépérissant, le facteur initial était une bactérie (Pseudomonas syringae), et le Phytophtora n'était qu'opportuniste
  8. a b c d e f g h i j k et l Dépérissement des aulnes glutineux dû à Phytophthora alni ; Revue bibliographique. Synthèse des travaux réalisés entre 1999 et 2006 dans le bassin Rhin-Meuse et conseils de gestion Document d'information et conseil publié par l'Agence de l'eau Rhin-Meuse (8 pages, PDF)
  9. op. cit.Lieutaghi

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