Chapitre 3 : Émission et
absorption
I- INTRODUCTION
• Lorsqu’un flux radiatif impacte une surface, tout ou une partie de différents
phénomènes simultanés interviennent : absorption, réflexion, transmission.
• Il sera utile de se rappeler ici quelques définitions essentielles autour des flux
énergétiques :
– flux émis : Φe, quantité d’énergie rayonnante (joules) par unité de temps (s) ;
s’exprime donc en Watts (W) ;
I- INTRODUCTION
– densité de flux émise : 𝜑e, quantité d’énergie rayonnante (joules) par unité de
temps (s) et par unité de surface ; s’exprime donc en Watts par mètre carré
(𝑊. 𝑚−2 ) ;
– flux reçu : Φi, quantité d’énergie rayonnante reçue par unité de temps ;
s’exprime donc en Watts (W) ;
– éclairement Ei : quantité d’énergie rayonnante reçue par unité de surface ;
s’exprime donc en Watts par mètre carré; c’est une densité de flux incidente.
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Soit une surface solide recevant un flux lumineux, un éclairement noté E.
• Considérons un corps d’une certaine épaisseur exposé à un rayonnement
incident.
• D’autres transferts de chaleur peuvent être présents (conduction, convection,
etc.).
• Nous ne nous intéressons ici qu’à la partie radiative des transferts de ce corps
avec l’extérieur.
• Pour simplifier, supposons que nous disposons d’un corps de géométrie plane.
• Considérons une unité de surface.
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Le rayonnement incident est chiffré par l’éclairement E, flux d’énergie incident
par unité de surface, exprimé en 𝑊. 𝑚−2 .
• Cet éclairement pourrait aussi être noté comme une densité de flux incidente
𝜑 i.
• Notons dès maintenant que dans le cas le plus général, ce flux d’énergie a une
répartition spectrale : chaque petit intervalle de longueur d’onde λ et λ+d λ
contribue à E par un apport variable suivant la longueur d’onde, Eλ.
• E résulte donc d’une intégrale :
II- Absorption, réflexion,
transmission
Schéma des échanges radiatifs autour
d’une surface
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Cette énergie se répartit, dans le cas le plus général, en trois densités de flux :
– une partie de cette énergie est absorbée par le corps. Cette densité de flux
absorbé, 𝜑abs est :
– une partie de cette énergie est réfléchie. La densité de flux réfléchi 𝜑R est :
– une partie de cette énergie traverse le corps. Le flux transmis 𝜑τ est :
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Ces coefficients globaux sont reliés par des équations simples.
• L’énergie incidente est à l’évidence égale à la somme des énergies réfléchies,
transmises et absorbées. On a donc :
• Donc:
• De nombreux corps ne transmettent aucun rayonnement. Ils sont opaques.
Dans ce cas τG ≡0
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Alors
• Et
II- Absorption, réflexion, transmission
Loi de Kirchhoff
• Les coefficients globaux définis ci-avant ne sont au maximum qu’un moyen
d’exprimer un calcul plus détaillé.
Nous nous intéresserons dans cette section à l’absorption.
• L’absorption, comme souvent la transmission, dépend de la longueur d’onde.
• Nous devons donc écrire que l’éclairement a une répartition spectrale. Soit Eλ la
contribution à ce spectre pour le petit intervalle spectral compris entre λ et λ+dλ.
• Alors l’éclairement peut s’écrire, comme nous l’avons fait plus haut :
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Dans le cas général, chaque composante spectrale de l’éclairement est
absorbée différemment.
• On définit ainsi un coefficient spectral d’absorption, αλ , à partir de la partie du
flux absorbé d𝜑abs(λ) provenant d’un éclairement donné, dans le petit
intervalle spectral compris entre λ et λ+dλ.
• Nous l’écrivons :
II- Absorption, réflexion,
transmission
• Kirchhoff a étudié la relation entre absorption et émission des corps radiants.
• Il a publié en 1859 une loi qui sera fondamentale,
• Il a basé son raisonnement sur l’étude de l’équilibre thermodynamique à
l’intérieur d’un four.
• Il en a exprimé le résultat en substance de la manière suivante :
II- Absorption, réflexion,
transmission
• «Soit un corps soumis au rayonnement d’une cavité rayonnante en équilibre
thermique à la température T.
• Selon la valeur de son coefficient d’absorption, ce corps absorbera une partie
du rayonnement qui lui est incident.
• Afin de conserver l’équilibre, il doit restituer dans la même direction et à la
même fréquence l’énergie reçue, afin de remplacer l’énergie empruntée à la
cavité.»
• Ce que nous traduisons par :
• À une longueur d’onde donnée, le coefficient d’absorption est égal à
l’émissivité.
• Cela est fondamental pour la compréhension de ce qui suit.
Retour sur le coefficient d’absorption global
Cas général
• Nous savons que si un corps n’est pas gris, alors , αλ = ελ variable avec λ .
• αG va être déterminé à la fois par cette variation du coefficient d’émission avec
la longueur d’onde α(λ) et la répartition spectrale de l’éclairement E(λ) :
• On constate bien que αG n’est en rien un coefficient intrinsèque du matériau,
mais au contraire dépend de la répartition spectrale de l’éclairement.
• Il y a en fait un coefficient d’absorption par source éclairant une surface.
II- Absorption, réflexion, transmission
Cas général
• Remarque:
Travailler sur une unité de surface plane n’est pas réducteur.
Sur une surface où l’éclairement serait hétérogène, on peut étendre facilement
le raisonnement fait ici à une surface élémentaire dS qui sera automatiquement
de géométrie plane.
Alors : 𝐸𝑑𝑆 = (𝜑𝑅 + 𝜑𝜏 + 𝜑𝑎𝑏𝑠 )dS
II- Absorption, réflexion, transmission
Cas du corps gris
• Si le corps est gris, son émissivité ne dépend plus de la longueur d’onde : ελ=ε:
• C’est le seul cas avec le corps noir (ε =1 ) où le coefficient d’absorption αG
(global) est intrinsèque.
• Il est égal à l’émissivité ε (constant avec la longueur d’onde) :
III- Cas général : transferts multiples
• Dans le cas le plus général, le corps peut être soumis à différents autres
transferts : conductifs, notamment entre les surfaces d’entrée et de sortie,
convectifs, soit refroidissant (extraction de chaleur du corps), soit réchauffant
(introduction de chaleur dans le corps).
• Nous aurons souvent dans la pratique à écrire des bilans par unité de surface
d’un corps soumis à des transferts de natures diverses.
• Ces bilans s’écriront pour une surface, entre différentes densités de flux, si
nous partons d’un éclairement défini par m² :
III- Cas général : transferts multiples
– l’éclairement ou flux incident : E ou ϕi ; ce flux incident pourra provenir d’une
source ou d’une autre surface rayonnante, etc. ;
– un flux rayonné ϕR , déterminé par la température d’équilibre du corps. Cette
température est souvent un élément recherché dans la solution d’un problème ;
– un flux absorbé, ϕabs ;
– un flux de conduction ϕcond , par exemple de la chaleur conduite vers une autre
limite du corps ;
– un flux convectif ϕconv, apportant ou retirant de la chaleur par convection
forcée ou naturelle, etc. ;
III- Cas général : transferts multiples
– un flux transmis ϕτ , si le corps n’est pas opaque.
Ces flux seront affectés d’un signe positif ou négatif suivant le sens du transfert
par rapport à la surface.
Ce signe résultera en général automatiquement de l’écriture de ce flux.
Remarque:
Dans l’écriture du transfert qui suit, écrit à la surface, on considérera le flux
absorbé comme à la surface, même si le phénomène d’absorption est interne
au corps.
III- Cas général : transferts multiples
• L’équation de bilan générale écrite pour une surface aura donc la forme (en
tenant bien compte du fait que les flux conductifs et convectifs ont un signe) :
Dans la pratique, on écrira ces différents flux en fonction de températures.
On distinguera bien :
– la température de paroi TW, température de la surface sur laquelle on écrit le
bilan ;
– une température ambiante notée souvent Ta ou Te, qui déterminera les
transferts convectifs.
III- Cas général : transferts multiples
Cette température déterminera souvent aussi l’écriture du rayonnement de
l’ambiance où est plongée la surface.
Prenons l’exemple de l’équilibre thermique d’une salle. On considérera souvent
dans les cas simples que l’ambiance d’une pièce se comporte comme un corps
noir.
III- Cas général : transferts multiples
Remarque: Il peut y avoir des exceptions. Dans certains cas, on voudra prendre
en compte que cette ambiance ne rayonne pas comme un corps noir à
température ambiante (problèmes de rayonnement gazeux par exemple, ou
influence marquée de parois qui ne sont pas en équilibre thermique avec le gaz
ambiant, etc.). Dans ce cas, l’ambiance rayonne comme un corps noir à une
température TR différente de Ta.
On appelle alors TR température de rayonnement.
III- Cas général : transferts multiples
• Remarquons bien que dans le bilan thermique que nous devons écrire, ce
rayonnement ambiant s’ajoute au rayonnement E imposé par une source
extérieure (soleil, lampe, etc.).
• E n’est d’ailleurs par toujours présente dans tous les problèmes.
• Une température T0, température de référence permettant de calculer la
conduction.
• Interviendra alors souvent une conductibilité thermique λ du matériau.
III- Cas général : transferts multiples
• Le flux convectif sera souvent écrit sous la forme utilisant un coefficient de
convection.
• Ce coefficient aura une valeur évaluée constante ; dans certains problèmes, on
pourra sophistiquer en calculant ce coefficient à partir des formules de la
convection.
• À titre d’exemple, une plaque plane opaque, se comportant comme un corps
gris d’émissivité ε d’épaisseur e et de conductibilité thermique λ, de
température pariétale TW soumise à un rayonnement incident E placé dans une
pièce à la température Ta.
On sait que Ta<Tw. Un vent dans la pièce induit un coefficient de convection h. T0,
la température de l’autre côté de la plaque est telle que T0<TW.
III- Cas général : transferts multiples
Le bilan s’écrira :
• On remarque que, dans une telle expression, les signes des flux conductifs et
convectifs sont déterminés par les valeurs relatives des températures.
• Nous aurons donc à chaque bilan à examiner les différents cas possibles pour
doter ces termes d’un signe correct dans le bilan.
• Ici, nous savons que les flux conductif et convectif correspondent à une perte.
• Les termes correspondants doivent être négatifs, d’où les signes moins.
III- Cas général : transferts multiples
• On remarquera aussi la présence assez récurrente dans ce type de bilan de la
réunion des deux termes ; ce terme intervient dès qu’il y a
influence totale.
• Notons que dans la pratique, tous les paramètres ne sont pas connus et que
cette équation de bilan permet d’en déterminer un, qui est souvent la
température pariétale TW.
• De multiples exemples suivent, qui permettront d’avoir une pratique courante
de ces calculs.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• Le transfert radiatif (ou transfert par rayonnement) est le domaine de la
physique mathématique décrivant l’interaction du rayonnement
électromagnétique et de la matière.
• Il met en jeu différents phénomènes : absorption, diffusion.
• L’absorption consiste en une thermalisation du rayonnement, c’est-à-dire un
transfert d’énergie d’une onde électromagnétique en agitation moléculaire (ou
atomique dans un réseau).
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• Dans un bilan thermique, cette absorption est comptabilisée comme une
perte, traduite par un ϕabs.
• Dans la réalité, cette perte peut être due à une cause additionnelle, qui est la
diffusion lumineuse : une partie du rayonnement est renvoyée dans toutes les
directions, avec souvent un changement de longueur d’onde.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• Cela est dû à des effets quantiques dans les couches atomiques des corps
traversés. Ce phénomène ne sera pas envisagé dans ce cours.
• Notons que le traitement complet du problème met en jeu un outillage
mathématique assez difficile d’accès au non-initié.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• La loi de Beer-Lambert, ou loi de Beer-Lambert-Bouguer est une relation
empirique qui relie l’atténuation d’un rayonnement aux propriétés chimiques
du milieu qu’il traverse et à l’épaisseur traversée.
• Les travaux sur ce sujet par Bouguer datent de 1729.
• La loi de Beer-Lambert établit une proportionnalité entre la concentration
d’une entité chimique et la longueur du trajet parcouru par la lumière dans le
milieu considéré.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• On définit l’absorbance A comme le rapport entre la luminance incidente Lλ(0)
et la luminance mesurée après un trajet de longueurs l dans le milieu L λ(I) :
• où : A=KlC
– K est un coefficient d’atténuation molaire ou coefficient d’absorbance propre
au milieu traversé ;
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
– l est la longueur du milieu traversé ;
– C est la concentration des molécules absorbantes du milieu.
• Des techniques de dosimétrie peuvent résulter de cette relation.
• La loi de Beer-Lambert s’applique à l’absorption de tout rayonnement
(électromagnétique, c’est-à-dire photons, mais aussi, par l’analogie onde
particules de neutrons, particules α, etc.) par la matière et constitue une
solution élémentaire de l’équation de transfert radiatif.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• Remarque:
Cette loi de Beer ne rend pas compte des phénomènes de diffusion, qui d’ailleurs
impliquent une réémission d’énergie dans l’espace hors de la direction incidente,
et donnent souvent lieu à la réémission dans un spectre de longueur d’onde
distinct de celui de la lumière incidente.
Pour modéliser la loi de Beer-Lambert, on écrit que la fraction de l’énergie dans
le milieu considéré est indépendante de cette énergie et proportionnelle à la
longueur du trajet (c’est-à-dire au nombre de particules absorbantes
rencontrées).
Écrit en termes de luminance, cela donne :
où k est le coefficient d’absorption du milieu traversé.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• Cette équation de transfert s’intègre facilement.
• Si à l’origine x = 0 , la luminance est (à ne pas confondre à l’évidence
avec qui serait la luminance d’un corps noir), la luminance après une
traversée du milieu de longueur l résulte de la résolution :
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• Appliquant la condition à l’origine :
• Passant en exponentielle :
qui exprime bien la loi de Beer-Lambert.
Le coefficient d’absorption est relié à travers l’absorbance, à la concentration, soit
au nombre N de particules absorbantes (absorbeurs) par unité de volume.
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• On peut, dans cette optique, réécrire k sous différentes formes, en termes de
section efficace des absorbeurs :
• où σ est cette section efficace (à l’évidence, exprimée en m², elle n’a rien à voir
avec la constante de Stefan), ce qui peut permettre de prédire une valeur.
• Dans le cas des milieux gazeux, on remarque que le nombre d’absorbeurs par
unité de volume, donc par longueur traversée sur une section de faisceau
donnée, est proportionnel à la masse volumique ρ , où, ce qui est équivalent à
une température absolue donnée T, est proportionnel à la pression à travers :
IV- Absorption : loi de Beer-Lambert
Transfert par rayonnement
• On définit ainsi l’opacité telle que :
• On trouve également dans la littérature des diagrammes permettant le calcul
des absorptions par les milieux gazeux.