Amorces possibles:

“L'homme a naturellement la passion de connaître” - La Métaphysique d' Aristote

Le XIX siècle est celui du Réalisme. Les auteurs de ce mouvement tentent de retranscrire la
société française le plus fidèlement possible, sans enjoliver ni la dénaturer.

Dans le père Goriot, œuvre emblématique de la COmédie Humaine, d'Honoré de Balzac

compare la vie a “un grand moulin social”. Sans cesse, ses personnages passent des hautes
sphères aux plus basses de la société du XIX siècle. C'est aussi le cas dans la PEau de
Chagrin…

“L'énergie vitale que chaque homme possède à l'intérieur de lui même, il doit la maîtriser, la
comprendre, l'apprivoiser, la modere et la développer”- Daniel Desbiens

Sous parties développées

●​ Un personnage grandissant dans le malheur
○​ Raphaël grandit dans une environnement qui ne lui permet pas de se
développer, il est obligé de se tourner vers la peau de chagrin
■​ Un jeune homme endetté et dans un environnement instable
●​ “Dix mois après avoir payé ses créanciers, mon père mourut de
chagrin. Il m’adorait et m’avait ruiné ; cette idée le tua” (La femme
sans cœur, Raphael)
■​ Raphaël = double de Balzac qui raconte une partie de sa jeunesse qu’il
transpose dans le contexte du roman (veine autobiographique)
●​ manque d’affection maternelle ; longue solitude studieuse, au
collège puis abandon « dans le tourbillon de la grande société »
parisienne au « milieu du plus affreux des déserts »
●​ relation père-fils = père despotique mais respecté, manque de
confiance et de liberté, éducation rigoureuse
○​ “Figure-toi l’imagination la plus vagabonde, le coeur le plus
amoureux [...] sans cesse en présence de l’homme le plus
caillouteux, [...] le plus froid du monde” (Raphel qui raconte
a Emile en faidant reference a son pere, La femme sans
coeur)
●​ Raphaël est une victime de son entourage​
○​ Les souhaits et même les rencontres de raphaël le place dans un cercle vicieux
qui à cause de son entourage le forcent à s'épuiser de plus en plus
■​ victime de foedora et rastignac parce qu'il dépensé tout son argent et
temps pour eux et pour la haute société, mené aux jeux
●​ «J'étais un esclave, un jouet sans cesse a ses ordres” (Raphel en
faisant referne a Feodora, La femme sans cœur)
●​ ‘Système dissipationnel” de Rastignac
■​ prostituées : acceptent de consumer leur énergie et préfèrent mourir de
plaisir que de vieillesse, préfèrent vivre pleinement sans se priver de rien
●​ « Nous vivons plus en un jour qu'une bonne bourgeoise en dix
ans » , (Aquilina, La femme sans coeur)​
“la société méconnaissait la grandeur de sa vie”

●​ Un engrenage et une fin inéluctable

○​ Une fois que Raphaël a accepté le talisman, il est pris dans une spirale
inéluctable (= ce à quoi on ne parvient pas à échapper malgré ses efforts) où il
dilapide, sans s’en rendre compte, une réserve limitée d’énergie : à mesure que
la peau de chagrin rétrécit, il est précipité vers un dénouement fatal, contre
lequel ni sa volonté ni la science ne peuvent rien.
■​ Même Pauline, seul personnage véritablement bienveillant du roman (la
peau ne se rétrécit pas quand Raphaël demande son amour réciproque),
échoue à aider l’homme qu’elle aime. Elle participe même malgré elle à
sa mort : en lui rendant visite, elle éveille en lui un dernier désir qui
provoque sa perte.
●​ “elle présentait à Raphaël, ivre d’amour, mille beautés qui
augmentèrent son délire” (Agonie, ref a Pauline)
■​ C’est ce qu’illustre l’incompétence des experts consultés par Raphaël
dans la troisième partie du roman. Quel que soit leur domaine, aucun
scientifique ne parvient à enrayer le fatal rétrécissement de la peau de
chagrin.
●​ Zoologie
●​ Mécanique
●​ Médecine
●​ Chimie
○​ ( La science ? impuissante ! Les acides ? eau claire!”
(Agonie)

●​ Un pacte forcé avec le diable

○​ Au moment où Raphaël entre dans le magasin de curiosités, il est désespéré,
prêt au suicide : totalement ruiné (il vient de dépenser ses dernières pièces dans
 une maison de jeu), il n’a pas réussi à séduire Fœdora, dont il est tombé
éperdument amoureux.
■​ Dès lors, Raphaël apparaît fragilisé et influençable. Encombré d’objets
associés
●​ au pouvoir
●​ aux plaisirs des temps passés
●​ à la vie éternelle
●​ “Armée du pouvoir des talismans arabes. la tête de Cicéron
évoquait les souvenirs de la Rome libre et lui déroulait les pages
de Tite-Live” (Talisman, Raphaël) ⇒
■​ Le magasin d’antiquités suscite en lui une énergie nouvelle et
dangereuse,
●​ « une fièvre due peut-être à la faim qui rugissait dans ses
entrailles » (talisman, Raphel)
○​ Tout est donc prêt pour l’entrée en scène de l’antiquaire, dont la description
rappelle les figures dominatrices du vampire et du diable, deux figures du mal qui
profitent de la vulnérabilité des êtres humains pour s’approprier leur âme ou leur
énergie vitale.
■​ comme celui qui scelle un pacte avec Faust, dans la pièce éponyme
écrite par Goethe en 1790
■​ “vous y auriez lu [...] la force orgueilleuse d’un homme qui a tout vu”
(talisma, Raphaël)

●​ Raphaël agit initialement de son propre désir

○​ Le choix d'utiliser la peau de chagrin vient initialement de l'envie exclusive de
Raphaël qui accepte.
■​ Il accepte le deal avec la peau bien qu'il soit écrit exclusivement dessus
que il ya une corrélation entre les désirs et la vie.
●​ “Dieu l’a voulu ainsi. Désire, et tes désirs seront accomplis. [...] À
chaque vouloir je décroitrai comme tes jours. ” (talisman)
■​ Ce pari n'est pas singulier, même avant d'aller chez l'antiquaire il est dans
une maison de jeu, ce qui accentue son état de imprudence et montre
que la peau n'est pas la seul raison de sa dégradation
■​ A la place, il choisit consciemment à prendre la peau et suit
potentiellement une vision tel celle de Rousseau dans Julie ou la
Nouvelle Héloïse, ou Rousseau fait l'apologie du désir en défendant l’idée
que le désir est comme le sel de la vie, car il enchante le quotidien et
donne de la valeur aux choses.
 ●​ « Malheur à qui n’a plus rien à désirer. » - Rousseau Julie ou la
Nouvelle Héloïse

●​ Les avertissements initiaux de l'antiquaire: le pouvoir contre la vie

○​ De nombreux signaux d’alerte ont été donnés à Raphaël avant de prendre la
peau de chagrin, mais il a eu tort de ne pas y prêter attention.
■​ En effet, tous les individus croisés dans le magasin auraient dû éveiller sa
méfiance :
●​ un jeune assistant aux cheveux roux (au Moyen Âge, la rousseur
était associée au diable),
●​ une paysanne comparée à une « espèce de Caliban femelle » ⇒
Personnage de LA TEMPÊTE, de William Shakespeare, CALIBAN
est une sorte de créature monstrueuse . Le terme « femelle »
ajouté par Balzac la réduit à une animalité inquiétante.
●​ l’antiquaire lui-même, qui semble surgir de l’obscurité comme le
prince des ténèbres
○​ L’antiquaire a pourtant donné un avertissement explicite à Raphaël, en lui
enseignant cette leçon philosophique : pour vivre longtemps, il faut brider sa
volonté et développer son savoir. Raphaël restera sourd à ces conseils.
■​ Vouloir nous brûle et Pouvoir nous détruit; mais SAVOIR laisse notre
faible organisation dans un perpétuel état de calme. (Talisman,
L'antiquaire)

●​ Des avertissements sou la forme de la concrétisation du son désir

○​ La fête donnée par Taillefer (une autre figure diabolique) est une dépense
effrénée d’énergie durant laquelle les invités ne songent qu’à manger, boire et se
séduire. Or, le lendemain matin, le résultat de cette nuit de débauche est
sinistrement explicite : les invités ressemblent à des cadavres vivants.
■​ Le message est clair : la dépense immodérée de l’énergie mène
inexorablement à l’épuisement et à une mort rapide. Raphaël n’en
comprend pas l’avertissement, trop heureux de pouvoir réaliser tous ses
vœux.
●​ “Les hommes reniaient leurs maîtresses nocturnes à les voir ainsi
décolorées, cadavéreuses comme des fleurs écrasées dans une
rue après le passage des processions” (La femme sans coeur)
○​ Le destin de Raphaël rappelle celui de Dorian Gray du roman d’Oscar Wilde, Le
Portrait de Dorian Gray (1890) : persuadé qu’il peut impunément céder à tous les
vices, Gray ne se rend pas compte que l’enlaidissement de son portrait est un
avertissement moral.
●​ Une vie équilibrée permet la préservation d’énergie
○​ A la fin du roman, seulement Raphaël meurt ce qui montre qu'il est le seul
véritable personnage à être dans l'excès total. Même d'autres personnages qui
semblaient être plus dans l'excès ou avoir des vices, se montrent plus équilibrés
que Raphaël au long du livre.
■​ Foedora bien que présenter comme une femme qui est dans l’exces et
qui depend de lamour des autres, tel lindiquerait son nom que lon peut
analyser grace a son onomatsique ( Foedus veut principalement dire le
“pacte” mais aussi l'horreur, et même le malheur.) . Elle préserve son
énergie en restant indifférente aux avances des hommes
●​ La comtesse Fœdora, riche et sans amant, résistant à des
séductions parisiennes
■​ De même pour Rastignac qui accueille Raphaël dans sa vie de débauche
et joue de l’argent pour lui. Néanmoins, les autres livres de Balzac de la
Comédie humaine décrivent sa vie. Dans Le Père Goriot, il est plein d
energie et dans la Maison Nucingen, il dépense son énergie de manière
efficace. Ainsi, il arrive a trouver un équilibre lui même ce qui se lie à la
“Théorie de volonté” de Balzac, sous catégorie de la “théorie de l'
énergie”.

●​ L’amour comme remède pour préserver l’énergie

○​ En effet, la PDC représente l'amour comme la seule sortie légitime au sort de la
peau, si celui ci est légitime
■​ Pauline est tout le contraire de Foedora : Pauline est sensible, généreuse
et douce, alors que Foedora est froide, égoïste et cruelle.Cette opposition
suggère que l’amour sincère (Pauline) ne vide pas l’énergie vitale,
contrairement au désir vain (Foedora). Pauline aime dans la pauvreté
comme dans la richesse
●​ En effet, le seul souhait de Raphaël qui na pas rétrécit la peau
était celui où il demanda d'être ame de Pauline
○​ “elle ne pouvait sans doute pas réaliser un désir accompli
déjà” ( agonie)
■​ Raphaël, face à Pauline, retrouve un moment de paix, tandis que
Foedora, autrefois objet de tous ses désirs, lui semble désormais l'aide
au théâtre. Cela montre que le désir charnel et mondain est épuisé, alors
que l’amour vrai régénère.
●​ “Raphaël regarda Foedora, la trouva laide”
 ■​ Dans l’épilogue, Pauline devient presque un principe éthéré, une sorte de
force spirituelle, assimilée à une “ondine” ou une “sylphide”, figures
aériennes libres du poids des passions destructrices.

●​ Le portrait d’un héros à l’agonie

○​ Raphaël de Valentin se présente comme l’emblème de ce monde à l’agonie. A
travers lui, il représente une génération, celle des « enfants de la Révolution ».
●​ “Toute la maladie du siècle présent vient de deux causes; [...]
Tout ce qui était n'est plus ; tout ce qui sera n'est pas encore.”
(Alfred de Musset 1836, La confession d'un enfant du siècle)
■​ Pour ne pas “mourir à l’hôpital”, il décide de vivre une vie dissipée comme
rastignac. Mais il n'arrive pas a se controler et opte pour la dissipation ;
c’est ruiné, que l'on voit à travers ses idées suicidaires, qui apparaissent
au début du roman.
■​ Même avec la peau qui lui redonne un sursaut de fortune et de santé,
cette énergie se révèle presque immédiatement une énergie négative, qui
se retourne contre le personnage et qui le voue à une existence
maladive. On pense au remarquable portrait de Raphaël au début de
“l’Agonie” (symbolique du chapitre
●​ “La faiblesse générale de son jeune corps était démentie par des
yeux bleus où toute la vie semblait s’être retirée”

●​ Raphaël peut faire tout ce qu’il veut parce que la Peau le lui permet ⇒ Surnaturel
○​ Le ressort principal de l’action est la conjonction des désirs du héros et de la
magie de la Peau. Il « peut » tout vouloir par la magie du talisman
■​ Le pacte ouvre un infini de possible
●​ « Je suis riche, je peux vous acheter tous […] je suis pape. […] je
peux te tuer ! Silence je suis Néron ! » (femme sans coeur)
■​ La peau est un élément fantastique qui permet à Raphaël de faire ce qu'il
veut. Elle est extraordinaire (au sens propre) en raison de ses
caractéristiques physiques (inaltérable, résistante aux traitements les plus
agressifs)
●​ De plus, la juxtaposition entre la nature fantastique de la peau et
les résultats réalistes qui en sortent accentuent son pouvoir. En
effet, les voeux sont réalisés de manière fluide et possible ( des
amis qui le croisent, héritage; et non just de l'argent sur une
table)
○​ Le surnaturel, dans La Peau de chagrin comme dans Le
Maître et Marguerite de Boulgakov , est un révélateur
tragique : il donne aux personnages ce qu’ils veulent, mais
 leur rappelle brutalement que tout pouvoir à un prix
souvent celui de la vie ou de l’âme. Dans le livre, le
personnage principal agit dans une URSS bureaucratique
et athée ou son intervention apparaît absurde mais
profondément révélatrice des travers humains..

●​ Aspect philosophique- La démonstration du caractère absurde de l’existence

○​ Une absurde fatalité : image de personnages toujours aliénés, jamais
complètement libres.
■​ L’Antiquaire avait initialement raison : pouvoir et vouloir ou tenter
de s’affirmer d’une manière ou d’une autre, nous rapproche
inéluctablement de notre mort. Tout en étant le maître de la peau
de chagrin qui réalise tous ses désirs, Raphaël en est également
l’esclave : il est donc impuissant à maîtriser son destin.
■​ Cependant, la vie sobre et paisible est aussi source d’ennui (Raphaël
s’ennuie au Mont Dore) et d’angoisse. Le cadre apaisant, sans excès, ne
lui apporte aucun soulagement, car il ne peut désirer sans culpabilité ni
s’ennuyer sans souffrir. Une atmosphère kafkaïenne (comme chez
kafka), c'est-à- dire ou Raphaël se noie dans un monde qu’il ne contrôle
plus.
●​ Angoisse et paranoïa
●​ Isolement et impuissance
●​ Une bureaucratie du désespoir ( la société balzacienne)
■​ “Notre prétendu libre arbitre ne nous donne le choix qu’entre deux formes
de mort, l’inertie et l’anéantissement. » introduction à La Peau de
chagrin, « La Pléiade »), Pierre Citron
■​ Une critique du romantisme, ces élans ne mènent pas à la grandeur,
mais à la ruine. La quête de l’absolu est ici vidée de sens.

●​ Une société matérialiste

○​ Dans le roman, les relations humaines sont guidées par l'argent et le pouvoir.
■​ Les idéaux de noblesse et de grandeur sont remplacés par le cynisme et
la quête de profit. Cela montre bien une dégradation morale généralisée
dans la société de l'époque.
●​ Ex: "J'aime mieux rire de leurs souffrances que d'avoir à pleurer
sur les miennes." (euphrasie, Le Talisman)
■​ jeunesse romantique et aristocratique qui veut pas accepter le fait qu' ils
doivent travailler ⇒ génération victime de la monarchie de Juillet
 ●​ “Nous ne sommes pas un enfant trouvé, mais le descendant de
l’empereur Valens [...] héritier légitime de l’empire d’Orient” (
Emile, Talisman”

●​ La peau de chagrin représente un monde poétique et rempli de l'élément de la

création humaine
○​ Le roman de Balzac est donc la confrontation de divers systèmes d’existence et
de création, de diverses vies possibles.
■​ Cette volonté de tout englober explique le style totalisant de Balzac. La
description balzacienne prend ici les allures d’une nature morte,
immense, hyperbolique, d’une incroyable vanité qui entraîne le lecteur
vers une méditation philosophique sur la puissance et l’impuissance de
l’homme.
●​ Il est le lieu du combat des « ténèbres » et de la « lumière », du
« néant » et de « l’existence ».
●​ Magasin d'antiquité
○​ peaux de serpent, brocantes, objets anciens, trésors
perses et égyptiens. Les civilisations défuntes s’ajoutent
les unes aux autres, sans souci particulier de cohérence
○​ « Cet océan de meubles, d’inventions, de modes,
d'œuvres, de ruines, lui composait un poème sans fin
» (partie 1).
●​ Nom commun « poète » présent plus de 50 fois dans le roman
dont 30 fois pour désigner Raphaël. Le poète est associé à
l’image du créateur (le verbe grec poïein dont vient le nom « poète
» signifie créer, fabriquer.
●​
○​ Le roman illustre ainsi la volonté de Balzac, grâce à une esthétique de
l’hétérogénéité et de l’accumulation, de dépasser la peinture et de faire de son
œuvre le tableau du monde et de la société, qui est celui de création

Ouvertures possibles:
Une ouverture sur l'ambition de Raphèle ⇒ Les illusion perdus de l’Honore de Balzac avec le
personnage principal, Lucien de Rubempré

Une ouverture sur l'hypocrisie de conventions de la société balzacienne ⇒ Le Lys dans la

Vallée de Honoré de Balzac