Methodo Sequestration Carbone
Methodo Sequestration Carbone
Note méthodologique
Juin 2022
DEC/Division Statistiques et valorisation des données
                                         Sommaire
PRÉAMBULE ………………………………………………………………………. 3
                                                                                           page 2/24
Préambule
La séquestration nette de dioxyde de carbone (CO2) ou puits net de carbone sur un territoire
est l’augmentation des stocks de carbone sous forme de matière organique dans les sols, la
litière mais également dans la biomasse. C’est un flux net positif de l’atmosphère vers ces
réservoirs. Inversement, une réduction des stocks de carbone des sols, litière ou biomasse se
traduit par une émission nette de CO2. Ces séquestrations nettes ou émissions nettes
dépendent des conditions pédoclimatiques du territoire, de sa structure d’occupation des sols
et des pratiques agricoles et forestières usitées. Toute modification de la distribution de
l’occupation des sols et des pratiques agricoles et forestières conduira à une modification des
stocks de carbone dans ces réservoirs et donc à une séquestration nette ou à une émission de
carbone.
Les émissions de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère peuvent être d'origine naturelle ou
issues des activités humaines. Ces émissions, en forte croissance ces dernières années,
notamment celles de source anthropique, participent à l’effet de serre et contribuent au
réchauffement climatique. Une fois émis, le gaz est en partie absorbé par les puits de carbone
naturels (sols, litière, végétation, mers et océans). Bien que cette absorption semble avoir
doublé entre 1960 et 2010, elle est devenue insuffisante pour empêcher l’accumulation dans
l’atmosphère du CO2 rejeté par les activités humaines. Les études sont nombreuses pour
estimer cette accumulation et de ce fait, les estimations sont multiples. Toutefois, beaucoup de
ces études estiment un accroissement de la quantité de carbone dans l’atmosphère de l’ordre
de 4,5 milliards de tonnes par an (4,3 Mds pour le Ministère de l’Agriculture dans son objectif
4 pour 1000, 4,9 Mds pour Global Carbon Project concernant la période 2009 à 2018 par
exemple).
                                                                                      page 3/24
I - Méthodologie – principes généraux
Dans le cadre de cette connaissance du carbone absorbé ou émis par les différents réservoirs
(sols, biomasse externe et interne et litière), la DREAL Occitanie propose une méthodologie
d’estimation de la séquestration carbone en termes de stock et de flux (chiffrage des quantités
de carbone stockées et leurs évolutions selon les différents types de sols) par territoires. Cette
méthodologie est un travail statistique basé sur l’utilisation de résultats scientifiques
(coefficients de références par type de sols et de réservoirs) appliqués à des observations
surfaciques (Corine Land Cover). Elle se veut relativement simple malgré la complexité du
sujet et transparente (affichage de toutes les hypothèses retenues) afin d’être pérennisée dans
le temps et permettre une analyse des évolutions nécessaire à l’évaluation des politiques
publiques de lutte contre le réchauffement climatique.
Les calculs de stock dans cette étude sont basés sur la méthodologie utilisée dans l’outil
ALDO (deuxième version) développé par l’ADEME. Cet outil associe à chaque type de sol
(données surfaciques) un coefficient de référence (tonne de carbone par hectare) pour chacun
des trois réservoirs que sont le sol, la biomasse et la litière. Ces coefficients de référence par
type de sols, localisation et réservoirs sont estimés par l’ADEME à partir des sources
scientifiques suivantes :
      Données stocks de carbone des sols par occupation et zone pédoclimatique : GIS Sol –
       Données issues du réseau de mesures de la qualité des sols (RMQS). Echantillonnage
       réalisé entre 2001 et 2011.
      Données stocks de carbone pour les haies associées aux espaces agricoles : en
       cohérence avec les pratiques du Citepa (OMINEA, 2018), ce sont les stocks de
       biomasse des forêts mixtes qui sont prises comme référence.
                                                                                         page 4/24
L’outil ALDO permet à l’utilisateur de modifier ces coefficients de référence en fonction de
la connaissance de chaque territoire (EPCI). Pour les données surfaciques, l’outil ALDO
utilise les informations issues de l’enquête Corine Land Cover.
Dans un premier temps, l’étude de la DREAL Occitanie reprend les coefficients de référence
de stock par EPCI, réservoir et type de sols et se propose de les détailler par commune afin de
pouvoir reconstruire tous les zonages souhaités (notamment ceux présents dans PictOstat) à la
dernière géographie connue.
Dans un second temps, l’étude de la DREAL Occitanie va estimer les flux de carbone par
territoire, type de sol et réservoir en utilisant d’une part les évolutions d’occupation des sols
observés par l’enquête Corine Land Cover, d’autre part des coefficients de flux repris dans
ALDO et dans la littérature et des estimation de durées nécessaires à la reconstitution du stock
de carbone en s’appuyant fortement sur les résultats diffusés dans l’étude :
     « Stocker du carbone dans les sols français – Quel potentiel au regard de
         l’objectif 4 pour 1000 et à quel coût ? » publiée en novembre 2020 par l’INRA.
Pour s’adapter à la nomenclature agrégée utilisée dans l’outil ALDO à partir également des
données de l’enquête Corine Land Cover, nous reconstruisons pour cette étude une
nomenclature à deux niveaux, avec un niveau plus agrégé pour la diffusion des données et un
niveau plus détaillé pour les estimations des données. Cette nomenclature à deux niveaux est
la suivante :
       sc30 : prairies
        sc31 : prairies herbacées (231, 321)
        sc32 : prairies arbustives (322)
        sc33 : prairies arborées (323)
       sc40 : forêts
        sc41 : forêts feuillus (311, 324)
        sc42 : forêts conifères - résineux (312)
        sc43 : forêts mixtes (313)
        sc44 : peupleraies
                                                                                            page 5/24
      sc50 : zones humides (411, 412, 421, 422, 423, 511, 512, 521, 522, 523)
      Pérennité de l’enquête dans le temps ce qui permet d’envisager une mise à jour
       régulière des stocks de carbone et des flux par territoires.
Compte tenu cependant du manque de précision géographique de l’enquête CLC, les résultats
de cette étude sur la séquestration du carbone ne seront pas diffusés au niveau communal.
Dans l’outil ALDO (deuxième version), on récupère par EPCI les coefficients de référence
(stock de carbone par hectare) par type de sol selon les trois réservoirs : sols, biomasse et
litière. Ces coefficients sont ensuite affectés à chaque commune de l’EPCI. Ils correspondent
à la photo du stock de carbone par hectare (par réservoirs, type de sols et localisation) pour
l’année 2012. Pour un même type de sol, ils peuvent donc varier d’une zone à l’autre en
fonction de sa localisation et de son ancienneté. Ainsi, le coefficient de référence de stockage
de carbone dans les sols des forêts est de 80,73 tonnes à l’hectare en Quercy-Caussadais et de
64,81 tonnes à l’hectare dans le Carmausin-Ségala.
                                                                                      page 6/24
                      Récapitulatif des coefficients de référence de stock de carbone
                  (tonnes par hectare en 2012) pour les EPCI de France métropolitaine.
sc40 : forêts
     sc41 : forêts feuillus                          48,12                  93,00      25,09                  108,96         9,00
     sc42 : forêts conifères – résineux              48,12                  93,00      23,04                  127,99         9,00
     sc43 : forêts mixtes                            48,12                  93,00      23,94                  113,82         9,00
     sc44 : peupleraies                              48,12                  93,00      51,80                   54,17         9,00
     Ces coefficients issus de l’outil ALDO ont le grand avantage d’être, pour la plupart d’entre
     eux, territorialisés et par ailleurs ils s’intègrent totalement dans les données que l’on peut
     trouver dans la littérature. Par exemple, ils correspondent à ceux préconisés dans l’étude
     « Stocker du Carbone dans les sols de France - INRA 2002 », étude menée par Arrouays,
     Balesdent, Germon, Jayet, Soussana et Stengel, commandée par le ministère de l’Écologie et
     du Développement Durable et basée sur l’analyse de plus de 19 000 données géoréférencées
     sur le carbone des sols en France. Dans cette étude, les auteurs retiennent par exemple un
     stockage moyen du carbone dans le sol des forêts françaises de l’ordre de 70tC/ha, et un
     stockage moyen du carbone dans la litière des forêts françaises de l’ordre de 10tC/ha.
     Pour le calcul du stock de carbone 2012, on multiplie au niveau communal ces coefficients de
     référence par hectare à la superficie du type de sol concerné. On obtient un stock de carbone
     (hors produit bois) en tonnes.
                                                                                                            page 7/24
III-2 – Prise en compte des haies et des peupleraies
L’outil ALDO fournit des informations pour les haies associées aux espaces agricoles, ainsi
que pour les peupleraies.
      Concernant les haies associées aux espaces agricoles, l’outil ALDO fournit les
       superficies en hectares des haies par EPCI 2017 selon deux sources : ODR
       (Observatoire du Développement Rural de l’Inra) et le CITEPA. Ces données ont été
       transposées au niveau communal au prorata des surfaces agricoles (cultures + prairies
       enherbées) de chaque commune. Dans le cadre de cette étude, pour l’année 2012, nous
       avons retenu les données CITEPA. On notera que les coefficients de référence fournis
       par ALDO ne concernent que le réservoir biomasse et que le stockage de carbone dans
       le sol par les haies n’est pas pris en compte, alors que c’est un élément repris dans la
       littérature et que le développement des haies est considéré comme un atout dans
       l’accroissement du stockage de carbone dans les sols agricoles. On appliquera donc
       aux superficies de haies le coefficient moyen de stock de carbone dans les sols des
       terres agricoles (cultures, vignes, vergers et prairies herbacées) pondérée par leurs
       surfaces respectives.
      Concernant les peupleraies, ALDO fournit les superficies et les coefficients de stocks
       de carbone par hectare. Le traitement est donc le même que pour les autres types de
       sol mais il faut retirer ces superficies des surfaces couvertes par des forêts de feuillus
       afin d’éviter un double compte car les surfaces de peupleraies ne sont pas distinguées
       dans Corine Land Cover.
Selon la FCBA (Institut technologique chargé des secteurs de la forêt, de la cellulose, du bois-
construction et de l'ameublement), les produits à base de bois participent à la lutte contre le
changement climatique au travers de trois mécanismes :
Le premier de ces mécanismes concerne le stockage de carbone dans les produits bois durant
leur fabrication et leur durée de vie. Les produits bois concernés sont essentiellement les
constructions, les charpentes, les meubles, mais aussi les emballages, et les papiers.
Le calcul du stock de carbone dans les produits bois est complexe compte tenu notamment de
la diversité de ces produits, de leurs durées de vie différentes et surtout du manque
d’information sur leur répartition territoriale. L’outil ALDO propose deux estimations du
stock de carbone dans les produits bois, une à partir de leur production et l’autre basée sur
                                                                                        page 8/24
leur consommation. Le détail des deux méthodologies utilisées est disponible dans le manuel
d’utilisation d’ALDO. Les résultats obtenus selon ces deux méthodologies sont très différents
selon les territoires. Ces différences sont présentées à partir de deux territoires aux
caractéristiques opposées :
L’estimation du stockage du carbone dans les produits bois ne va pas être traitée
spécifiquement dans notre approche. Par souci de simplicité et de comparabilité avec les
résultats issus d’ALDO, on va retenir l’approche consommation de l’outil ALDO, mais on
privilégiera dans la diffusion des résultats des données hors produits bois. A terme, il serait
souhaitable de mettre en œuvre une analyse spécifique sur l’estimation du stockage carbone
dans les produits bois en se basant par exemple sur les travaux de l’étude carbostock de la
FCBA (Conception d’une méthodologie de quantification des répondants aux exigences du
GIEC et application à l’année 2005 pour un rapportage volontaire dans le cadre de la
Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique).
Un traitement différent à celui d’ALDO est utilisé pour calculer le stock de carbone des sols
artificialisés. ALDO n’utilise pas la répartition des sols de CLC entre les différents types de
sols artificialisés (sols artificialisés imperméabilisés, sols artificialisés enherbés et sols
artificialisés arborés). La méthodologie d’ALDO précise qu’il est considéré que 80 % des sols
artificiels sont enherbés et 20 % imperméabilisés.
                                                                                         page 9/24
Part des sols imperméabilisés dans les sols artificialisés en 2012 :
Cependant, dans les calculs d’ALDO (version 1 et version 2), c’est la formule inverse qui est
appliquée, à savoir 80 % des sols artificialisés sont imperméabilisés.
Par ailleurs, on dispose dans Corine Land Cover de la distinction de superficies entre les
différents types de sols artificialisés (imperméabilisés, enherbés et arborés). Même si la
précision de Corine Land Cover est limitée, on va utiliser ces superficies dans nos calculs
puisque l’on dispose également des coefficients de référence selon cette nomenclature dans
l’outil ALDO, comme pour les autres types de sols.
                                                                                    page 10/24
IV-1 – Le cas de changement d’affectation des sols
   On dispose des données Corine Land Cover d’occupation des sols pour 2012 et pour 2018.
   Entre ces deux périodes, on peut donc détecter les sols qui ont changé d’affectation. Sur la
   région Occitanie, on observe les changements d’affectation des sols suivants (en hectares)
   selon les agrégations de nomenclature retenues :
                                                       23 261          23 261                 0
   Source : Corine Land Cover 2012-2018
   Au total sur la période 2012 à 2018, ce sont en Occitanie 23.261 hectares qui ont changé
   d’affectation selon les résultats de Corine Land Cover ce qui représente 0,32 % de la
   superficie totale de la région. Donc en moyenne par année, sur cette période allant de 2012
   à 2018, ce sont 0,05 % des terres qui ont changé d’affectation. Globalement on note un
   accroissement net des zones artificialisées de l’ordre de 7.300 hectares, un recul des terres
   agricoles de 6.600 hectares et des zones plus naturelles (prairies non agricoles, forêts et
   zones humides) de près de 750 hectares.
   La transformation d’un hectare de forêt de feuillus en terre cultivée entraîne les évolutions
   suivantes dans l’ordre chronologique :
        Destruction de la biomasse et donc émission du stock de carbone incorporé dans
          cette biomasse (entre 25,09 tonnes de carbone à l’hectare et 108,96 selon le
          territoire)
                                                                                    page 11/24
      Destruction de la litière et donc émission du stock de carbone incorporé dans cette
       litière, soit 9 tonnes de carbones à l’hectare
      Retournement du sol et donc émission du stock de carbone incorporé dans ce sol
       (entre 48,12 tonnes de carbone à l’hectare et 93,00 selon le territoire).
      Constitution du stock de carbone lié aux cultures (entre 36,21 tonnes de carbone à
       l’hectare et 55,00 pour les sols au bout d’un certain nombre d’années, 0 tonnes à
       l’hectare pour la litière et pour la biomasse).
Au total, si on prend pour notre exemple des données moyennes (67 tonnes de carbone à
l’hectare pour la biomasse des forêts de feuillus, 70 pour le sol de ces forêts et 45 pour le
sol des cultures) et que l’on estime à 20 ans la période de reconstitution du stock moyen
de carbone dans les cultures on obtient les résultats suivants pour l’année 2018 en
supposant que la date de la transformation du sol soit en milieu de période :
                                                                                   page 12/24
IV-1- B : Exemple 2 : transformation d’une terre cultivée en prairie enherbée
   La transformation d’un hectare de terre cultivée en prairie enherbée entraîne les évolutions
   suivantes dans l’ordre chronologique :
   Au total, si on prend pour notre exemple des données moyennes (45 tonnes de carbone à
   l’hectare pour le sol des cultures et 73 pour le sol des prairies enherbées) et que l’on
   estime à 40 ans la période de reconstitution du stock moyen de carbone dans les prairies
   enherbées on obtient les résultats suivants pour l’année 2018 en supposant que la date de
   la transformation du sol soit en milieu de période :
   Pour le réservoir sol, l’évolution du stockage de carbone peut donc se représenter comme
   suit :
   Il n’y a pas de litière ni de biomasse retenues pour les cultures et les prairies enherbées
   (source ALDO).
                                                                                      page 13/24
IV-1- C : Aspect temporel de reconstitution des stocks de carbone
 Du type de changement de sol (connu grâce aux données de Corine Land Cover)
         De l’âge du stock initial pour tout type d’occupation des sols. Cet âge est inconnu
          et on va estimer que le stock calculé en 2012 avec les coefficients de référence
          issus d’ALDO est un stock d’âge moyen qui va nous servir de niveau à atteindre
          en cas de reconstitution d’un stock suite à une modification d’utilisation du sol.
   La méthode retenue utilise donc les coefficients de stock 2012 de l’outil ALDO
   spécifiques à chaque territoire et des hypothèses sur la durée en années de reconstitution
   du stock de carbone dans la nouvelle utilisation du sol. Le tableau ci-dessous résume les
   hypothèses retenues en terme d’années nécessaires pour la reconstitution du stock de
   carbone en fonction du nouveau type de sol au niveau de celui de 2012 (niveau connu par
   les coefficients d’ALDO mais qui n’est pas nécessairement le niveau maximum). On
   rappelle que ces niveaux de stockage par type de sols estimés pour l’année 2012 (outil
   ALDO) résultent en partie de l’implantation de nouvelles forêts sur d’anciennes terres
   agricoles ou de la mise en culture d’anciennes prairies depuis des décennies. Les
   coefficients retenus sont donc des coefficients moyens qui représentent l’âge moyen
   (inconnu) retenu de chaque type de sol.
            artificiel imperméabilisé        10
            artificiel enherbé               40                           10
            artificiel arboré                60                           30
            cultures                         20
            vignes                           20                           10
            vergers                          60                           30
            prairies herbacées               40
            prairies arbustives              60                           10
            prairies arborées                80                           30
            forêts feuillus                  80            30             40
            forêts conifères                 80            30             40
            forêts mixtes                    80            30             40
            zones humides                    40
                                                                                         page 14/24
Ces hypothèses sont discutables et modifiables. Elles s’appuient pour nombre d’entre elles
sur des moyennes calculées à partir d’éléments tirés de la littérature.
      Concernant la biomasse, « on estime que les forêts anciennes stockent de l’ordre de 300
       à 500 tonnes de biomasse aérienne (matière sèche) à l’hectare et de 100 à 200 tonnes de
       biomasse souterraine à l’hectare, qui sont composées pour moitié environ de
       carbone…..Par ailleurs, les forêts secondaires qui sont en phase de reconstitution de leur
       biomasse (environ 200 tonnes de biomasse aérienne au bout de quarante ans) ont une
       dynamique de captation du CO2 bien supérieure aux forêts anciennes ». Ces
       informations sont extraites de l’article « Forêt, CO2 et climat, une chaîne vitale »
       rédigé à partir des explications de Daniel Sabatier, botaniste et écologue, chercheur
       à l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement). Elles s’appliquent à
       l’ensemble des forêts mondiales y compris donc les forêts tropicales dont la
       biomasse est plus abondante. Donc conserver pour les forêts françaises une durée
       de reconstitution de la biomasse aérienne de 40 ans pour 200 tonnes de biomasse
       alors que la moyenne s’établit entre 300 et 500 tonnes semble raisonnable, d’autant
       plus qu’il faut ajouter à cela la biomasse souterraine (environ un tiers de la
       biomasse aérienne) qui est probablement plus lente à se développer.
                                                                                      page 15/24
                              Hypothèses retenues concernant le nombre d’années nécessaires à la reconstitution
                        du stock de carbone dans les sols à son niveau moyen de 2012 en partant d’un type de sol pour
                                                         arriver à un autre type de sol
    artificiel
 imperméabilisé                          40             60          20           20          60             40              60             80           80        80         80           40
 artificiel enherbé         10                          40          20           20          60             20              20             60           60        60         60           40
  artificiel arboré         10           20                         20           20          60             30              30             40           40        40         40           40
       cultures             10           40             60                       20          60             20              30             80           80        80         80           40
        vignes              10           40             60          20                       60             30              40             80           80        80         80           40
       vergers              10           40             60          20           20                         30              40             60           60        60         60           40
prairies herbacées          10           20             40          20           20          60                             20             80           80        80         80           40
prairies arbustives         10           20             40          20           20          60             20                             60           60        60         60           40
 prairies arborées          10           20             40          20           20          60             30              30                          40        40         40           40
   forêts feuillus          10           40             60          20           20          60             30              30             40                                             40
  forêts conifères          10           40             60          20           20          60             30              30             40                                             40
    forêts mixtes           10           40             60          20           20          60             30              30             40                                             40
  zones humides             10           20             40          20           20          60             20              40             80           80        80         80
                                                                                                               forêts
                                                                                      forêts feuillus         conifères              forêts mixtes
                                                   artificiel imperméabilisé                30                       30                   30
                                                        artificiel enherbé                  30                       30                   30
                                                         artificiel arboré                  30                       30                   30
                                                              cultures                      30                       30                   30
                                                               vignes                       30                       30                   30
                                                              vergers                       30                       30                   30
                                                      prairies herbacées                    30                       30                   30
                                                      prairies arbustives                   30                       30                   30
                                                       prairies arborées                    30                       30                   30
                                                         zones humides                      30                       30                   30
                 artificiel imperméabilisé            10              30              10             30               10                 30            40           40            40
                      artificiel enherbé                              30              10             30               10                 30            40           40            40
                       artificiel arboré                                              10             30               10                               40           40            40
                            cultures                  10              30              10             30               10                 30            40           40            40
                             vignes                   10              30                             30               10                 30            40           40            40
                            vergers                   10              30              10                              10                 30            40           40            40
                    prairies herbacées                                30              10             30               10                 30            40           40            40
                    prairies arbustives                               30              10             30                                  30            40           40            40
                     prairies arborées                                                10             30                                                40           40            40
                        forêts feuillus               10                              10             30
                       forêts conifères               10                              10             30
                         forêts mixtes                10                              10             30
                       zones humides                  10              30              10             30               10                 30            40           40            40
                                                                                                                                                                  page 16/24
A partir de l’ensemble de ces éléments, il est possible d’estimer un stock de carbone pour
2018 et un flux de carbone entre 2012 et 2018 pour les zones qui ont changé d’affectation
entre ces deux années selon donc le schéma suivant :
     Calcul du flux annuel moyen entre 2012 et 2018 (cas avec destruction du sol
                                      d’origine)
                                          =
                            stock de carbone en 2018 (tC)
                                          -
                            stock de carbone en 2012 (tC)
                                          /
                       6 années (nombre d’années de la période)
Tous les changements d’utilisation du sol n’impliquent pas une destruction de l’ancien sol.
Par exemple, passer d’un terrain cultivé ou d’une zone artificialisée enherbée à une prairie
peut se faire relativement naturellement. De même dans le cas de la transformation d’une
prairie arborée en forêt.
Par ailleurs, les transformations concernant les forêts peuvent poser question, notamment
dans le cadre de la transformation d’un type de sol en forêt. Comment l’enquête Corine
Land Cover peut observer en l’espace de 6 ans des évolutions qui prennent beaucoup plus
longtemps ? La grande majorité des transformations de sols en forêts sont des forêts à
l’origine et notamment la transformation de forêts de conifères en forêts de feuillus (6429
hectares entre 2012 et 2018 en Occitanie). Dans ce cas, il peut s’agir d’une interprétation
différente des images d’une enquête sur l’autre liée à un changement lent du type de forêt.
Il n’y a donc pas destruction de la forêt d’un certain type pour la naissance d’une nouvelle
forêt.
                                                                                 page 17/24
                Surfaces ayant changé d’affectation entre 2012 et 2018 en Occitanie
Les autres cas, nettement minoritaires, de transformation d’un type de sol en forêt
concernent essentiellement des prairies et dans une moindre mesure des sols artificialisés.
Concernant les prairies, il ne semble pas qu’il y ait destruction du sol pour création d’une
forêt mais transformation lente avec accroissement du couvert. Les superficies
transformées de terrains artificialisés notamment imperméabilisés en forêts semblent plus
difficiles à observer en l’espace de 6 ans.
Pour les transformations de type de sols quels qu’ils soient sans destruction du sol
d’origine, on retiendra le calcul suivant :
                                                                                                  page 18/24
         Calcul du flux annuel moyen entre 2012 et 2018 (cas sans destruction du sol
                                          d’origine)
                                              =
                                stock de carbone en 2018 (tC)
                                              -
                                stock de carbone en 2012 (tC)
                                              /
                           6 années (nombre d’années de la période)
Les changements d’occupation des sols ne concernent qu’une infime minorité des superficies.
En Occitanie entre 2012 et 2018, seules 0,32 % des surfaces ont changé d’affectation. Donc,
99,68 % ont gardé le même type de sol. Pour autant, les stocks de carbone ne sont pas restés
stables dans ces sols. Les coefficients de référence par type de sols utilisés pour estimer le
stock 2012 ne sont valables que pour cette année là. En effet, le phénomène de séquestration
carbone suit un cycle et les coefficients retenus pour l’estimation du stock en 2012 dépendent
de nombreux éléments dont l’ancienneté du type d’occupation du sol étudié cette année là.
Mais le cycle continue et le stock de carbone dans les différents réservoirs évolue avec.
L’essentiel du cycle du carbone se fait entre l’atmosphère, les couches superficielles du sol et
des océans, et la biosphère (végétaux, animaux…) qui échangent du carbone via des processus
naturels comme la respiration, la photosynthèse ou lors de la décomposition des constituants
de la biosphère. Ainsi, le carbone de l’atmosphère est en partie absorbé par les puits de
carbone naturels (sols, litière, biomasse, mers et océans) de manière continue dans le temps. Il
existe donc une évolution « naturelle » des puits de carbone, différente selon la nature du
réservoir et du type d’occupation du sol.
Cette évolution n’est toutefois qu’en partie « naturelle » car elle dépend également de
l’activité humaine notamment dans le secteur agricole. Ainsi, l’utilisation de pratiques
culturales « traditionnelles » avec retournement régulier des terres par exemple va entraîner
une émission de carbone contrairement à l’utilisation de pratiques culturales dites de
conservation.
Pour prendre en compte cette évolution « naturelle » du carbone qui va concerner la quasi-
totalité de la superficie du territoire étudié, on va utiliser des coefficients additionnels qui vont
nous fournir par type de sol et par réservoir l’accroissement du coefficient de référence en
tonnes de carbone par hectare et par an.
Le tableau ci-dessous résume les évolutions retenues des coefficients de référence et leurs
sources. La principale source utilisée est le rapport « Stocker du carbone dans les sols
français – Quel potentiel au regard de l’objectif 4 pour 1000 et à quel coût ? » de l’INRA
– version finale de novembre 2020.
                                                                                         page 19/24
                Tableau des évolutions annuelles additionnelles pour chaque type de sol (en tonnes de carbone
                                                   par hectare et par an)
                                                             SOLS                                      BIOMASSE
                                              Unique              Sources                  Min     Unique    Max     Sources
sc10 : sols artificiels
        sc11 : sols artificiels
        imperméabilisés                        0,000
        sc12 : sols artificiels                           CGDD (1/3 des prairies
        enherbés                               0,063           herbacées)
        sc13 : sols artificiels                        CGDD (moyenne prairies et forets
        arborés                                0,215             mixtes)
sc40 : forêts
        sc41 : forêts feuillus                 0,240                INRA                  -0,568             1,649   ALDO
        sc42 : forêts conifères -              0,240                INRA                   0,445              1,7    ALDO
        résineux
        sc43 : forêts mixtes                   0,240                INRA                  1,008              1,917   ALDO
     INRA : https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/etude-4-pour-1000-resume-en-francais-pdf-1_0.pdf
     INRA : https://hal.inrae.fr/hal-02824535
     CGDD : https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33141-etude.pdf
     ALDO : outil ALDO de l’ADEME
     Les données de stock de carbone en 2018 sont obtenues en appliquant aux données
     surfaciques de 2018 des sols qui n’ont pas changé de type d’occupation (source CLC) les
     coefficients de référence 2012 corrigés des évolutions annuelles additionnelles (positives ou
     négatives) par types de sol et réservoirs. Le traitement des haies, des peupleraies et du produit
     bois nécessite quelques compléments :
            Les données de surfaces des haies associées aux surfaces agricoles (cultures, vignes,
             vergers et prairies herbacées) évoluent au niveau local en fonction de l’évolution de
             ces surfaces agricoles entre 2012 et 2018 (source CLC).
                                                                                                            page 20/24
      Les données de surfaces des peupleraies évoluent au niveau local en fonction de
       l’évolution des surfaces de forêts en feuillus entre 2012 et 2018 (source CLC).
      Les données concernant le stockage de carbone en produit bois pour l’année 2018 sont
       obtenues en faisant évoluer celle de 2012 en fonction de l’évolution de la population
       locale entre 2012 et 2018 (source recensement Insee).
Disposant de stocks de carbone par type de sol et par réservoir pour les années 2012 et 2018
pour les sols n’ayant pas changé d’affectation, on peut aisément calculer des flux annuels
moyens entre ces deux périodes par type de sol et par réservoir.
Dans les calculs de stock et de flux, on utilise la notion de carbone (C). Le Potentiel de
Réchauffement Global (PRG) est l’unité de mesure de l’effet d’un GES sur le réchauffement
climatique. La base de référence est celle du CO2 (PRG du CO2 = 1) sur une période de 100
ans. L’impact de chaque gaz s’exprimera donc en tonnes d’équivalent CO2. Comme pour
extraire le carbone du dioxyde de carbone par un calcul simple, il suffit d'utiliser le ratio
12/44, ce qui revient à dire que un kg de CO2 contient 0,2727 kg de carbone. L'émission d'un
kg de CO2 vaut donc 0,2727 kg équivalent carbone. Inversement, pour passer du carbone au
CO2, on multiplie par 44/12. C’est ce ratio que l’on utilise pour présenter les résultats de stock
et de flux en tonne équivalent CO2.
                                                                                       page 21/24
VI – Les indicateurs retenus dans PictOstat
La diffusion des données localisées concernant les stocks et les flux de séquestration carbone
estimés pour les années 2012 et 2018 est effectuée dans l’outil de diffusion des données
statistiques de la DREAL Occitanie, à savoir :
PictOstat
Dans PictOstat, les indicateurs de stock de carbone sont exprimés en tonne équivalent CO2
(t.éqCO2) et ceux de flux en tonne équivalent CO2 par an (t.éqCO2/an). Les indicateurs retenus
sont les suivants :
                                                                                                   page 22/24
Données par réservoirs :
Les coefficients de référence de stocks de carbone par type de sols et par réservoirs sont issus
de l’outil ALDO. Ils reposent sur des observations scientifiques à un moment donné. Il n’y a
pas de raison de les remettre en cause pour ce travail d’autant plus qu’ils sont corroborés (au
niveau des ordres de grandeurs) par plusieurs études publiées.
L’évolution des coefficients de référence s’effectue par des coefficients additionnels issus
pour la plupart d’entre eux du rapport « Stocker du carbone dans les sols français – Quel
potentiel au regard de l’objectif 4 pour 1000 et à quel coût ? » de l’INRA – version finale de
novembre 2020. Ces coefficients, issus également d’observations scientifiques, sont
généralement présentés avec un intervalle d’erreur, permettant une certaine latitude dans leur
interprétation.
Dans le cas de changement d’affectation des sols entre deux périodes, l’évolution des
coefficients de référence va dépendre également de la durée du cycle du carbone du type de
sol et du réservoir concerné. Ces durées sont estimées dans cet exercice à partir de résultats
présents dans la littérature.
                                                                                               page 23/24
VII-2 – Les superficies concernées
Les coefficients de référence sont appliqués à des superficies. Les données retenues dans cette
étude sont des données surfaciques issues de l’enquête Corine Land Cover dont la précision
(des carrés de 500 mètres de côté) est faible. D’autres sources plus précises pourraient être
utilisées mais elles ont moins l’avantage d’être disponibles dans le temps et de permettre le
calcul des changement d’affectation des sols entre deux périodes.
Par ailleurs, les données issues de Corine Land Cover, comme celles des autres sources sont
des données planimétriques qui ne prennent pas en compte le dénivelé dans le calcul des
surfaces. Sur des territoires montagneux et boisés (donc fortement impactant en terme de
séquestration carbone) cela peut entraîner une sous-estimation sensible des stocks de carbone
calculés. Par exemple, sur le territoire de la commune ariégeoise de Rabat-Les-Trois-
Seigneurs (09241) le territoire boisé représente 57 % de sa superficie, soit environ 1540
hectares. Si on tient compte du dénivelé (fort dans les parties boisées de cette commune), la
superficie boisée serait accrue de 15 %. Dans les territoires ayant de forts dénivelés,
l’estimation du stock de carbone apparaît alors nettement sous-estimée. Plus globalement, la
prise en compte du dénivelé dans le calcul des surfaces par type de sol pourrait constituer une
piste d’amélioration significative des stocks de carbone au niveau local.
L’estimation du carbone dans les produits bois est traité simplement dans cette étude (en
fonction du poids et de l’évolution de la population) où la plupart des résultats sont présentés
hors produits bois. L’amélioration de l’estimation de ces données permettrait de pouvoir
comparer de manière plus correcte des territoires différents en terme de densité d’habitants
par exemple.
page 24/24