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1 - Que Peut Importer L'anthropologie A La Med

L'anthropologie de la santé offre des perspectives essentielles pour la pratique médicale en tenant compte des facteurs sociaux et culturels qui influencent la santé des patients. Elle aide les cliniciens à développer une compétence transculturelle clinique, permettant une prise en charge adaptée dans un contexte multiculturel. Les anthropologues médicaux jouent un rôle clé en intégrant ces concepts dans la formation et la pratique médicale, améliorant ainsi la communication et la satisfaction des patients.

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1 - Que Peut Importer L'anthropologie A La Med

L'anthropologie de la santé offre des perspectives essentielles pour la pratique médicale en tenant compte des facteurs sociaux et culturels qui influencent la santé des patients. Elle aide les cliniciens à développer une compétence transculturelle clinique, permettant une prise en charge adaptée dans un contexte multiculturel. Les anthropologues médicaux jouent un rôle clé en intégrant ces concepts dans la formation et la pratique médicale, améliorant ainsi la communication et la satisfaction des patients.

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Anthropologie de la santé 1

Que peut apporter l’anthropologie De la sante à la


. pratique de la médecine ?
Etant donné la diversité croissante des patients, il devient de plus en plus important
pour les médecins de comprendre les facteurs sociaux et culturels qui influencent leur
santé et leur prise en charge. Dans un contexte multiculturel, une prise en charge
médicale centrée sur le patient pose des défis spécifiques et exige que les cliniciens
aient une « compétence transculturelle clinique », c’est-à-dire qu’ils adoptent un
comportement adapté et disposent de connaissances et de tech niques appropriées.
Les concepts et le point de vue de l’anthropologie médicale permettent de mieux
cerner la nature interculturelle de la consultation médicale et de concevoir et
appliquer des méthodes qui assurent un suivi médical judicieux. Le présent article
explique en quoi consiste l’anthropologie médicale et passe en revue les contributions
qu’elle peut apporter à la médecine clinique.

Concepts-clés en anthropologie médicale


Certains concepts utilisés en anthropologie peuvent être appliqués directement à la
médecine clinique et fournir un cadre conceptuel pour comprendre la nature
interculturelle inhérente à la relation médicale. D
● La culture
Pour les anthropologues, la culture désigne ce que les gens doivent apprendre, par
opposition à l’héritage biologique. La culture se compose des connaissances, des
valeurs, des croyances et des règles de vie qui sont communes à des individus et leur
permettent de vivre et de travailler ensemble en communiquant de façon efficace. La
culture n’est pas la même chose que l’ethnicité ou la nationalité. La culture se fonde
sur les expériences uniques d’individus dans la mesure où ceux-ci partagent des
trajectoires communes. S’il est vrai que la nationalité et l’ethnicité peuvent être des
sources de connaissances et d’expériences communes, d’autres facteurs comme l’âge,
le sexe, la trajectoire migratoire, la classe sociale, l’éducation, la profession peuvent
représenter des sources de variabilité culturelle intranationale ou intra ethnique. Il se
peut, par exemple, qu’une femme bosniaque ayant étudié en Suisse, y élevant ses
enfants et y travaillant partage davantage de connaissances culturelles avec les
femmes suisses qu’avec ses compatriotes. Imaginer les sociétés (nations, groupes
ethniques) comme des mosaïques formées de nombreuses cultures entremêlées et
en perpétuelle évolution peut être utile aux cliniciens dans la mesure où cette image
aide à éviter les stéréo types et favorise la recherche des caractéristiques culturelles
pertinentes pour chaque patient.

Cours n2 1/4 D. Daoud Hakima


Anthropologie de la santé 1

● Maladie biologique et maladie vécue


Les anthropologues médicaux anglophones distinguent disease, soit la maladie
considérée du point de vue biomédical comme un dysfonctionnement biologique (ou
psychologique) chez un individu, de illness, soit la maladie en tant que vécu. Ces
concepts permettent de comprendre comment la réalité clinique se construit en
fonction des visions culturelles : celle du médecin et celle du patient. L’influence de la
culture porte sur tous les aspects de l’expérience personnelle de la maladie : la
perception des symptômes et la façon d’y réagir, la manière de nommer, décrire et
gérer les changements physiques, le moment où l’aide médicale doit être sollicitée,
qui doit être sollicité, la durée souhaitable de la prise en charge et les critères
d’évaluation des soins reçus. La culture enseigne comment être malade.

● La biomédecine :
un système culturel En raison de leur formation, les médecins font partie d’une culture
qui leur est propre et à laquelle les non-médecins sont étrangers. Basée sur le modèle
biomédical, la formation qu’ils reçoivent conçoit le corps comme une machine
biochimique et définit la maladie comme une déviation de la norme des variables
biologiques mesurables. Même si l’efficacité de la biomédecine est incontestable, elle
n’est pas toujours l’approche la plus adéquate culturellement. La biomédecine n’offre
qu’une manière de com prendre et répondre aux dysfonctionnements biologiques et
psychologiques des patients, il existe autant de manières de définir la maladie et d’y
apporter une réponse qu’il y a de cultures. La culture de la biomédecine n’est pas
homo gène, et les praticiens ne construisent pas leur savoir et leur pratique
exclusivement sur le modèle officiel et professionnel de la bio médecine. Comme le
souligne Lynn Payer, la médecine n’est pas tout à fait la science internationale que les
professionnels de la santé voudraient nous faire croire. Cette journaliste a observé que
les médecins français, allemands, anglais et nord-américains diffèrent dans leur
manière de reconnaître les maladies, de les qualifier et de les traiter. Par exemple, les
médecins allemands prescrivent énormément de médicaments cardiovasculaires et
diagnostiquent une insuffisance cardiaque sur des critères qui, en France, en
Angleterre ou aux Etats-Unis, ne mèneraient pas à un diagnostic de ce type. En France,
tant les médecins que les patients tendent à attribuer au foie une grande variété des
symptômes observés dans d’autres parties du corps. En Allemagne, la tension
artérielle basse mérite un traitement tandis qu’aux Etats Unis elle entraîne une
réduction des primes d’assurances de ceux qu’elle touche. Lynn Payer attribue ces
différences à la culture. Pourtant, tous les médecins indépendamment du pays dans
lequel ils pratiquent acquièrent un savoir, intègrent des modèles, des langages et des

Cours n2 2/4 D. Daoud Hakima


Anthropologie de la santé 1
méthodes scientifiques qui les distinguent de la population pour laquelle ils
travaillent.

● Modèles explicatifs de la maladie


Le modèle explicatif est un des concepts d’anthropologie médicale le plus cité. Il a été
défini dans les années 1970 pour faciliter l’ana lyse systématique des différentes
conceptions qui entrent en jeu lors de la rencontre médicale. Ancré dans
l’anthropologie cognitive (qui s’intéresse à la construction culturelle du savoir), ce
concept a été mis au point et largement utilisé par l’anthropologue et psychiatre
Arthur Kleinman. Les personnes conçoivent leur maladie uniquement à travers leurs
expériences sociales et personnelles. Ce faisant, ils créent chaque fois qu’ils sont
malades leur propre modèle explicatif des causes, de la signification, de l’évolution,
des mécanismes, des diagnostics, de l’action des traitements et des conséquences de
la maladie. Modèles explicatifs et croyances générales concernant la santé ne sont pas
synonymes. Contrairement aux croyances générales, qui existent en tout temps, qu’il
y ait maladie ou non, chaque modèle explicatif découle d’une situation de maladie.
Bien sûr, tous les modèles explicatifs sont influencés par les croyances générales, mais
ils sont intimement liés aux expériences personnelles et au contexte spécifique de la
maladie. Ainsi, une mère peut penser que le rhume est dû à un virus tout en croyant
que son fils est enrhumé parce qu’il est sorti avec les cheveux mouillés ; un patient
hypertendu peut penser que l’hypertension est héréditaire tout en attribuant sa
tension élevée au fait d’avoir travaillé dur dans sa jeunesse. Les modèles explicatifs
tentent de trouver la signification d’une maladie, d’apporter des réponses à des
questions telles que : Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant
? Que faire ?

● La consultation comme négociation de modèles explicatifs


Les patients ne sont pas les seuls à construire des modèles explicatifs. Quiconque est
impliqué dans les soins cherche à donner sens à ce qui se passe en faisant appel à son
propre savoir et à ses propres expériences. Les médecins ontassimilé les valeurs, les
croyances, le langage et les techniques de la biomédecine. Ils re courent donc
directement à leur modèle explicatif biomédical pour décider des infor mations à
prendre en compte, formuler des hypothèses et choisir un traitement. Par
conséquent, toute interaction soigné-soignant est une interaction entre deux modèles
explicatifs, qui comprend une négociation de la réalité clinique sur laquelle portera la
prise en charge médicale et le traitement. Comme les modèles explicatifs des patients
et des médecins sont le reflet de bagages culturels différents, les réalités cliniques
qu’ils engendrent peuvent être très différentes. De nombreuses études montrent à
quel point les modèles explicatifs des patients et du personnel soignant peuvent être

Cours n2 3/4 D. Daoud Hakima


Anthropologie de la santé 1
différents et expliquent que la non-prise en compte de ces différences peut avoir des
conséquences telles que la non-adhérence, une insatisfaction du patient, un faux
diagnostic, un traitement inadéquat et de mauvais résultats. Il se peut aussi que les
médecins ressentent une certaine frustration face à ceux qu’ils considèrent alors
comme des patients difficiles.

Anthropologie et compétence transculturelle clinique


La prise en charge médicale centrée sur le patient (plutôt que sur le traitement de la
maladie) considère le malade dans son contexte biopsychosocial afin de répondre à
ses besoins spécifiques et uniques. Plusieurs études ont montré qu’une approche
centrée sur le patient a des effets positifs sur la satisfaction du patient et des
professionnels, sur l’adhérence, sur l’état de santé et sur l’efficacité des soins.
Néanmoins, face à des patients provenant de divers horizons sociaux et culturels ce
type d’approche demande une certaine « compétence transculturelle clinique » qui
consiste en des attitudes, connaissances et méthodes spécifiques

Le rôle de l’anthropologue en milieu clinique


Il existe une littérature croissante sur les méthodes d’enseignement des
connaissances, comportements et techniques nécessaires à une prise en charge
centrée sur le patient et attentive aux paramètres culturels. Certaines des premières
expériences ont été mises au point par des anthropologues médicaux travaillant dans
des établissements de soins ; Noël Chris man et Thomas Maretzki ont décrit une série
de modèles destinés à intégrer les concepts et les méthodes anthropologiques à la
pratique médicale et à la formation. Les anthropologues travaillant dans un cadre
médical mènent des recherches sur le rôle de la culture dans les soins. Ils participent
à des formations médicales pré-graduées et post graduées, par exemple sur les
aspects culturels de la maladie et de la prise en charge des malades ou sur les
techniques d’entretien culturellement adéquates, interviennent dans le cadre de
supervisions de médecins internes et peuvent même être sollicités comme
consultants cliniques en cas de problèmes liés à la communication interculturelle. Face
à la diversité croissante de la population des patients, de plus en plus d’hôpitaux et de
départements de santé publique engagent des anthropologues médicaux pour qu’ils
aident à mettre sur pied

Cours n2 4/4 D. Daoud Hakima

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