Le mythe d’Orphée
Dans la mythologie grecque, Orphée est célébré comme le plus grand
des poètes. Il est le fils du roi de Thrace, Oeagre, et de Calliope, la
muse de la poésie épique et de l’éloquence. A sa naissance, Apollon,
le dieu des arts et de la musique, protecteur des poètes, lui fait don
d’une lyre à sept cordes. Orphée en rajoutera deux, en hommage aux
neuf muses.
Tout jeune, Orphée manifeste de tels dons pour le chant que l’on se
demande si Apollon n’est pas son vrai père. Sa voix, douce, chaude et
ferme, attendrit le cœur des mortels les plus endurcis, dompte les
fauves, émeut les pierres elles-mêmes.
Orphée voyage, en quête d’aventures. Partout, il est célébré et
honoré.
A son retour en Grèce, le destin d’Orphée va basculer : il tombe éperdument amoureux d’Eurydice,
une dryade (une nymphe des bois). Mais le jour de leurs noces, la torche du dieu Hymen, le dieu qui
veille au bon déroulement des mariages, s’éteint. C’est un sinistre présage… Peu après en effet,
alors qu’elle fuit le berger Aristée, Eurydice est mordue par un serpent. Elle meurt sur le champ.
Orphée est inconsolable.
Ary Scheffer (1795-1858) Pierre-Amédée Marcel-Béronneau (1869-1937)
Orphée, fou de douleur, entreprend alors ce
qu’aucun mortel avant lui n’avait osé imaginer :
il descend aux enfers, d’où nul n’est jamais
revenu.
Le poète parvient près du fleuve Achéron, qui se jette plus loin dans le terrible Styx. Par son chant,
il charme le passeur Charon ainsi que Cerbère, le chien à trois têtes qui garde la porte des enfers.
Parvenu aux pieds de Hadès et de Perséphone, Orphée les supplie par son chant de lui rendre
Eurydice. Touché, Hadès accepte, mais il interdit à Orphée de se retourner avant qu’ils ne soient
parvenus à la surface.
Jean-Baptiste Corot (1796-1875) Edward Poynter (1836-1919)
Orphée entend le frôlement de la robe d’Eurydice derrière lui,
il sent son poids dans la barque de Charon mais comment être
certain que le cruel Hadès ne s’est pas joué de lui ?...
Alors qu’ils sont presque arrivés, n’y tenant plus, il se
retourne ! Eurydice est instantanément pétrifiée. En larmes,
elle tend les bras vers son époux, mais elle est entraînée et
disparait dans les ténèbres à tout jamais. Hadès se montre
inflexible et Orphée, désespéré, doit repartir seul.
Pendant des années, il erre, en emplissant les contrées qu’il
traverse du chant de ses plaintes.
Un jour, il croise le cortège des Bacchantes, mais tout à sa
peine, il dédaigne leurs avances. Prises de furie, les Antonio Canova (1757-1822)
Bacchantes se jettent sur Orphée et le taillent en pièces !
La tête et la lyre d’Orphée tombent dans l’Hèbre.
Emportées par le courant du fleuve, elles dérivent jusqu’à
l’île de Lesbos. Les habitants rendent au poète les
honneurs funèbres et érigent un tombeau pour sa tête et
sa lyre. Parfois, on entend le son d’une lyre qui sort du
tombeau...
Et c’est pourquoi, selon le mythe, l’île de Lesbos devint
la terre de la poésie lyrique, ce qu’elle est en effet
puisque les plus anciens poèmes d’amour ont été
retrouvés dans cette île…
John William Waterhouse, 1900