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Cours de vacance 2022 EN LIGNE

Monsieur FAYE 765326759

BAC 2006

SUJET : Dans son texte Dieu et Mammon, François MAURIAC affirme : « Ecrire, c’est se livrer
(…), c’est précisément l’écrivain lui-même que les lecteurs cherchent dans son œuvre.»

Vous apprécierez ces propos en fondant votre argumentation sur des exemples tirés de vos
lectures.

Introduction

Ecrire, pour certains auteurs, c'est aussi une façon pour eux de s'abandonner, de dire les choses qui
restent coincées en travers de leur gorge, et qui ne veulent pas sortir autrement que sous la plume d'un
stylo ou sous le clavier d'un ordinateur. Ecrire, c'est donc pour eux se livrer, donner, exprimer ce qu’ils
sont vraiment, derrière les apparences. C’est ce qui a fait écrire à François Mauriac dans son texte
Dieu et Mammon : « Ecrire, c’est se livrer (…), c’est précisément l’écrivain lui-même que les lecteurs
cherchent dans son œuvre. » Ces propos laissent sous-entendre que l’écrivain ne peut en aucun cas
s’effacer de son œuvre. Que dire alors de ceux qui ont développé le culte de l’impersonnalité dans
leurs productions ? S’il est vrai qu’en écrivant, on s’affirme souvent, ne serait-ce qu’en tant qu’artiste
qui laisse libre cours à son moi, il reste qu’une certaine frange de la littérature s’est donné comme
ambition d’être particulièrement objective.

Développement :

L’écriture a donc souvent été un moyen pour les auteurs de se dévoiler et de porter leur moi à la
connaissance du public. Il faut d’abord souligner que l’écrivain est, comme tout être humain,
quelqu’un qui a parfois besoin de raconter sa vie et de l’exposer aux yeux du lecteur. C’est aussi un
moyen pour lui de se confesser et de se faire juger. Pour exemples, on peut citer les Essais (1580) de
Michel de Montaigne dont l’auteur s’adresse ainsi au lecteur dès la préface : « C'est ici un livre de
bonne foi, lecteur. Il t'avertit, dès l'entrée, que je ne m'y suis proposé aucune fin, que domestique et
privée. Je n'y ai eu nulle considération de ton service, ni de ma gloire », ou encore Les Confessions
(1765-1770) de Jean Jacques Rousseau dont le début est une véritable profession de foi : « Ma
naissance fut le premier de mes malheurs » ; « Je naquis infirme et malade » ; « J'étais né presque
mourant » ; « J'apportais le germe d'une incommodité que les ans ont renforcée ». L’écrivain peut
aussi être l’objet de son propre texte lorsqu’il s’agit d’exprimer un état d’âme lié à une quelconque
situation qui a abouti à un besoin d’en parler pour se soulager. L’écriture devient ainsi un exutoire par
lequel l’auteur de guérir de ses peines et de ses souffrances. Dans ce sens, rien n’est plus illustratif que
le genre poétique qui a souvent été une opportunité pour des poètes de se libérer par le verbe. En effet,
ils ont considéré le genre comme un moyen pour crier un état d’âme, une sorte de « cri du cœur » lié à
des expériences humaines durement vécues. On peut citer Aimé Césaire qui a eu à écrire, dans un «
Liminaire » à (Nouvelle somme de poésie du monde noir, 1966): « Victime du traumatisme colonial et
à la recherche d’un nouvel équilibre, le nègre n’en a pas fini de se libérer. (…) et quand cela sort et
que cela s’exprime et que cela gicle, charriant indistinctement l’individuel et le collectif, le conscient
et l’inconscient, le vécu et le pathétique, cela s’appelle la poésie.» Et à propos de son Cahier d’un
retour au pays natal (1939), il eut à affirmer qu’il avait à dire ce qu’il avait dans son cœur. En outre, la
littérature a eu à prendre une forme lyrique lorsqu’il s’est agi pour l’auteur d’exprimer des sentiments
intimes en vue de les faire partager au lecteur. Cela a été un moyen pour lui de faire de ce dernier un
confident de ses plaintes mélancoliques. Les romantiques sont les exemples du genre car presque
exclusivement tournés vers leur moi dans leurs écrits, se décrivant comme des êtres particulièrement
tourmentés. A propos de ses Méditations poétiques (1820), Alphonse de Lamartine a par exemple eu à
écrire : « Je n’imitais plus personne, je m’exprimais moi-même. Ce n’était pas un art, c’était un
soulagement de mon propre cœur qui se berçait de ses propres sanglots ». Du « Lac » de Lamartine à «
La Maison du berger » de Vigny en passant par les « Nuits » de Musset, Les contemplations (1856) de
Victor Hugo, ce « cœur » devient tout à la fois le lieu et l’enjeu de l’écriture. L’écrivain a donc
souvent eu l’ambition de se révéler dans ses écrits lorsqu’il sent le besoin de se dévoiler ou de se
confier. Toutefois, il y a le point de vue de ceux qui pensent qu’il doit, au contraire, faire de son écrit
un « procès-verbal ». En effet, l’idée selon laquelle l’écrivain doit se livrer dans ses écrits n’a pas fait
l’unanimité quand on sait que beaucoup d’auteurs ont mis en avant une conception de l’écriture qui
veuille que l’auteur s’efface de son œuvre. D’abord la littérature s’est voulue témoignage de son
époque du fait que certains écrivains ont eu pour ambition d’aider le lecteur à mieux comprendre les
réalités de son temps en les décrivant dans un style qui se veut objectif, neutre, sans parti pris ni
jugement. On pense naturellement aux réalistes et aux naturalistes du XIXème siècle pour qui le
véritable art doit être « scientifique et impersonnel » pour reprendre les termes d’un d’entre eux,
Gustave Flaubert, qui sera conforté dans cette position par Emile Zola qui écrit dans son ouvrage Les
romanciers naturalistes : « […] le romancier affecte de disparaître complètement derrière l’action qu’il
raconte. Il est le metteur en scène cachée du drame…Il se tient à l’écart…pour laisser à son œuvre son
caractère de procès-verbal écrit à jamais sur du marbre ». Dans des romans comme Madame Bovary
(du premier) et Germinal (du second), les formes de narration adoptées par ces deux auteurs laissent
voir leur volonté de s’affranchir complètement de leurs textes. Dans cette même logique, l’idée selon
laquelle la littérature, l’art, se doit d’être une imitation de la nature a été défendue par certains
écrivains pour qui seul le vrai ou le vraisemblable doit compter dans la création littéraire. Dans ce
cadre, rien n’est plus illustratif que la littérature classique pour qui la raison commandait à l’art
d’imiter la nature, de plaire en faisant vrai. Par conséquent, la littérature doit être impersonnelle car
elle doit se tourner vers le réel pour en montrer les tares, les défauts en vue de les corriger comme le
font la comédie et la tragédie, l’hypocrisie dans le Tartuffe (1664) de Molière, la passion amoureuse
dans Phèdre (1677) de Jean Racine, par exemple. Il y a, en outre, le point de vue de ceux pour qui la
seule finalité de l’œuvre d’art est l’art lui-même. En d’autres termes, et si on ramène cette idée à la
conception littéraire, la seule et unique vocation de l’œuvre littéraire est la recherche esthétique. La
définition même de la littérature les réconforte dans cette position : « ensemble des œuvres écrites ou
orales auxquelles on reconnait une finalité esthétique ». Ils ne peuvent donc concevoir une littérature
tournée vers les préoccupations de son auteur. On pense naturellement aux parnassiens qui ont
reproché aux romantiques leur littérature personnelle et Théophile Gautier dira que dans leurs
principes, l’art doit être autonome (dans la préface de son roman Mademoiselle de Maupin, 1834).
Dans un de ses sonnets, Leconte de Lisle proclame son mépris pour ceux qui promènent « leur cœur
ensanglanté ». Ainsi donc, au lyrisme personnel, les Parnassiens opposent un souci d’impersonnalité.
On peut, enfin, signaler le cas spécifique d’un genre comme le théâtre qui ne permet souvent pas à son
auteur de se confesser, du moins directement, compte tenu de sa particularité même car, plus que le
poète ou le romancier, il est dépossédé de son œuvre. En effet, le texte dramatique n’a pas le caractère
achevé et définitif d’un roman ou d’un poème: il est un élément du jeu théâtral, un élément pris en
charge par un metteur en scène, des acteurs et des techniciens. Eventuelle

Synthèse :

L’écrivain peut-il totalement être absent de son œuvre ? Rien que par le style, l’écriture révèle
l’écrivain ; c’est à ce niveau que se manifestent le plus souvent son tempérament et ses particularités.
Les réalistes ou encore les parnassiens auront bon se vouloir impersonnels dans leurs écrits, ils y
seront néanmoins présents ne serait-ce par leur style. Le style d’un Théophile Gautier n’est pas et ne
peut être celui d’un Leconte de Lisle. Emile Zola l’a dit : « Il y a, selon moi, deux éléments dans une
œuvre : l’élément réel, qui est la nature et l’élément individuel, qui est l’homme. […] L’élément
individuel, au contraire, l’homme, est variable à l’infini ; autant d’œuvres et autant d’esprits différents
; si le tempérament n’existait pas, tous les tableaux devraient être forcément de simples photographies
». Les théoriciens les plus exigeants du réalisme, comme Champfleury et Duranty, ont, eux-mêmes,
repris cette idée en prenant grand soin de distinguer entre la réalité et l'œuvre d'art. « La reproduction
de la nature par l'homme ne sera jamais une reproduction, une imitation, ce sera toujours une
interprétation » (Champfleury, Le Réalisme, 1857). Balzac, qui se disait « secrétaire de la réalité »,
finira par écrire : « L’art n’est pas la réalité ; quoi qu’on fasse, on est obligé de choisir entre les
éléments qu’elle fournit ». Enfin, dans la préface de son roman Pierre et Jean (1888), Maupassant écrit
à propos du romancier que « […] C’est [sa] vision personnelle du monde qu’il cherche à nous
communiquer en la reproduisant dans un livre.» Même dans les genres réputés « impersonnels »
comme le théâtre, l’écrivain s’y dévoile par son idéologie ou sa philosophie. Chez Jean Racine par
exemple, le pessimisme janséniste qu’il a reçu dans sa formation est perceptible dans ses pièces
tragiques où les personnages n’ont aucun moyen d’échapper à leur destin fatal. En outre, Albouri
n’est-il pas le porte-parole de Cheik Aliou Ndao dans L’exil d’Albouri par les idées qu’il développe
sur la nécessité pour les africains de s’unir pour faire face aux puissances étrangères ?

Conclusion :

Les écrivains se sont souvent révélés dans leurs productions, l’écriture étant considérée comme un acte
pour se libérer, se livrer soi-même, confier ses états d’âme, ses convictions. Toutefois, l’histoire
littéraire nous a aussi montré que des écrivains ont tenté de développer le culte de l’impersonnalité en
prônant une littérature neutre dans laquelle l’auteur doit complètement s’effacer. Force est cependant
de reconnaitre qu’il serait difficile à l’artiste qu’est l’écrivain de s’éclipser totalement de son œuvre
car, rien qu’en écrivant, on se révèle, ne serait-ce que par le style. En effet, outre l’intrigue, le style
transforme l’observation des faits. En définitive, cette réflexion nous conduit à l’éternelle question des
sources d’inspiration de l’écrivain qui, en tant qu’artiste, est libre dans la conception de son œuvre.
Serait-il alors raisonnable de tenir à chaque fois un discours dogmatique quant à l’orientation qu’il doit
donner à sa production ?

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