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Études littéraires africaines

KASEREKA Kavwahirehi, Politiques de la critique : essai sur les


limites et la réinvention de la critique francophone. Paris :
Hermann, 2021, 310 p. – ISBN 979-1-037-00884-8
Bohyun Kim

Number 53, 2022

URI: https://id.erudit.org/iderudit/1091440ar
DOI: https://doi.org/10.7202/1091440ar

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Publisher(s)
Association pour l'Étude des Littératures africaines (APELA)

ISSN
0769-4563 (print)
2270-0374 (digital)

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Kim, B. (2022). Review of [KASEREKA Kavwahirehi, Politiques de la critique :
essai sur les limites et la réinvention de la critique francophone. Paris :
Hermann, 2021, 310 p. – ISBN 979-1-037-00884-8]. Études littéraires africaines,
(53), 202–203. https://doi.org/10.7202/1091440ar

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202)

nombreuses métaphores, mots-valises et archaïsmes de la langue, tout en


conservant un rythme en anglais. Il était en effet délicat de traduire les
jeux, entre l’alexandrin et les multiples emprunts littéraires de la poétesse,
de Senghor, de Glissant, de Mallarmé entre de nombreux autres. La langue
de la traduction est bel et bien un « port », comme le dit en anglais le
dernier vers de cette uchronie : « Il est temps à présent que la parole
accoste / Thus it is time at present for the word to make port ».

Elara BERTHO

KASEREKA Kavwahirehi, Politiques de la critique : essai sur les limites


et la réinvention de la critique francophone. Paris : Hermann, 2021,
310 p. – ISBN 979-1-037-00884-8.
On ne peut nier que des appels à un renouvellement des études franco-
phones se font entendre depuis plusieurs années. L’auteur du présent
ouvrage nous rappelle ainsi à juste titre que la critique francophone
demeure enfermée, en proie d’une part à des questions identitaires ou
raciales, et, de l’autre, aux intérêts formels et esthétiques qui découlent de
ces questions. Cet enfermement, qu’il soit relatif à la justification de la
valeur du texte dans une perspective idéologico-historique, ou à la décou-
verte de la valeur à l’intérieur du texte lui-même dans une perspective cette
fois proprement esthétique, révèle un certain oubli : selon Kasereka
Kavwahirehi, la littérature africaine est arrivée au point où son propre
« ordre des lois », selon le terme foucaldien, est déjà établi. Qui plus est,
l’esprit de révolte de la critique africaine a besoin d’être revivifié, pour
rester fidèle à celui qui animait Aimé Césaire et Frantz Fanon. L’ouvrage
souligne en outre une évolution inquiétante, qui tient à la dissociation de
la critique africaine et de la dynamique sociale. Obsédés par les formes et
les structures d’œuvres fétichisées, les critiques africains ne sont pas, selon
l’auteur, conscients du potentiel émancipateur de leur travail. Pour par-
venir à cette prise de conscience, il suffirait de remplacer la question
« quelles sont les significations de l’œuvre ? » par une autre : « qu’est-ce
que cette œuvre signifie ? » (p. 44). Afin d’asseoir solidement son argu-
mentation, l’auteur consacre donc une bonne partie du premier chapitre à
parcourir des œuvres critiques importantes, telles que celles de Georg
Lukács, Karl Marx, Nietzsche, Walter Benjamin, Edward Said et Michel
Foucault, tous partageant la conviction selon laquelle la critique est por-
teuse d’une force révolutionnaire et émancipatrice (p. 76). Une des visées
principales de cet essai, et notamment de sa seconde partie, consiste à
suggérer aux chercheurs et aux enseignants une voie possible face à la
mondialisation néolibérale, assimilée à un « nécrocapitalisme », où la
mythification numérique assigne des limites à nos pensées. C’est donc
directement aux universitaires, « travailleur[s] payé[s] pour préparer
Comptes rendus (203

idéologiquement les étudiants à leurs fonctions dans une société capita-


liste » (p. 88), que l’auteur s’adresse en priorité.
La nouvelle critique africaine qu’il défend privilégie l’emploi de multi-
ples matériaux, textuels et non textuels, rejetant catégoriquement toute
forme de hiérarchisation (high / low) ou bien de discrimination entre le
« politique » et le « littéraire ». Par conséquent, Kasereka convie la criti-
que à se pencher sur tous les genres : « documentaire, cinéma, journa-
lisme, arts, sciences sociales, philosophie, témoignages, photographie,
chorégraphie du quotidien » (p. 107). Le présent ouvrage s’impose donc
avec force au lecteur, en appelant à l’« éclabousse[ment de] l’édifice cultu-
rel » (p. 105). Nous sommes ainsi invités à nous déplacer vers la « marge
de la marge » (p. 106), qui est « faite des discours anonymes, des discours
de tous les jours, de toutes les paroles écrasées, refusées par l’institution
ou écartées par le temps » (p. 106).
Ajoutons enfin que l’ouvrage ne se borne pas à énoncer des proposi-
tions théoriques, mais se préoccupe aussi de présenter, avec soin, des écri-
vains comme modèles, s’attardant notamment sur Sinzo Aanza et Jean
Bofane. L’analyse de l’œuvre du premier permet ainsi de constater une
réinvention de la critique : en l’occurrence, cette redéfinition est orches-
trée à partir de la littérature « dans les ordures » (p. 210, 211, 214), c’est-
à-dire vouée à la valorisation de la quotidienneté mise en scène dans la
société africaine. Quant aux pages consacrées à Jean Bofane, elles incitent
les lecteurs à témoigner de la « raison algorithmique » (p. 233) présente
au Congo, et de la liquidation du sujet qu’elle induirait. Ces deux auteurs
ont donc en commun de nous donner à lire, avec conscience et lucidité,
l’Afrique prise dans le sillage de l’histoire, tout en représentant une société
au présent.

Bohyun KIM

KISHIBA FITULA (Gilbert), dir., avec la collaboration de Germain Ngoie


Tshibambe et Antoine Tshitungu Kongolo, V.Y. Mudimbe : appro-
priations, transmissions, reconsidérations. Préface de Guy Mbuyi
Kabunda. Paris : Éditions du Cygne, coll. Pensée, 2021, 314 p. –
ISBN 978-2-84924-651-1.
La bibliothèque mudimbéenne est en passe de devenir aussi volumi-
neuse que la bibliothèque… coloniale. Dans la foulée de la première tra-
duction en français de The Invention of Africa (L’Invention de l’Afrique :
gnose, philosophie et ordre de la connaissance, 2021), ce volume collectif
arrive à point nommé. Il est aussi, chose assez rare, le fruit d’une réflexion
conduite par des universitaires congolais issus du Congo et de la diaspora.
Le présent ouvrage est en effet le produit d’un colloque qui s’est tenu à
l’Université de Lubumbashi sous l’intitulé suivant : « L’Afrique et la pro-

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