Thèse de Séverin Nijimbere_version Finale
Thèse de Séverin Nijimbere_version Finale
Thèse de Séverin Nijimbere_version Finale
Nijimbere, Séverin
ABSTRACT
Although salinization of Mugerero paddy soils is the main constraint to rice production, this process has
not yet been investigated thoroughly. This work has been done to fill this gap. Physico-chemical analysis
of soils of this area show that their exchange complex is mostly occupied by nearly equal percentages
of Ca and Mg, while exchangeable sodium percentage vary up to 60% in some cases. Soil solution
is characterized by large amount of sulfate or bicarbonate and sodium while chloride anion is poorly
represented, and an alkaline pH. The Na - (Ca + Mg) exchange is well described either by a single
Vanselow selectivity coefficient equal to 0.5 or by a single Gaines-Thomas selectivity coefficient equal to
0.3, while the Ca - Mg exchange is described by a single selectivity coefficient equal to 1.5. Moreover,
analysis of correlations between yield components of rice and geochemical variables reveals positive
effects of Ca and K ions on rice yield and negative effects of pH, salinity and / or soluble Na, SO4 or
HCO3. The exploration of the cation contents of the soluble and exchangeable phases in five soil to
water ratios shows that their variations as a function of water content are in conformity to the law of ion
exchange and that the composition of solution and exchange phases for any moisture content can be
estimated accurately from measurements carried out at 1/2 soil to water ratio using regression equations.
Furthermore, incubation of the soil does not induce any important release of Fe and Mn in soil solution
probably due to high values of pH. Moreover, potassium b...
Nijimbere, Séverin. Physico-chimie de sols rizicultivés affectés par la salinité dans la basse vallée de la
Rusizi au Burundi. Prom. : Dufey, Joseph ; Rufyikiri, Gervais http://hdl.handle.net/2078.1/151616
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Membres du jury :
A mon père Elie Karadongeye et à ma regrettée mère Colette Kagoma, pour tant de
sacrifices et d’abnégation consentis pour mes études.
i
Remerciements
Remerciements
moments passés ensemble : Bruno Delvaux, Joseph Dufey, Philippe Sonnet, Pierre
Delmelle, Jean-Thomas, Sophie, Françoise, Anne, Claudine, André, Patrick, Lucie,
Hugues, Eléonore, Florence, Séverine, David, Benoît, Aubry, Koffi, Marie, Marie-Liesse,
Yolanda, Guevara, Carlos. Merci à tous pour votre gaieté, votre soutien et vos conseils.
Je remercie également les compatriotes burundais qui sont passés à la faculté d’AGRO
pendant la réalisation de cette thèse pour les encouragements reçus et les bons
moments passés ensemble. Je pense spécialement à Syldie Bizimana, Anaclet
Nibasumba, Soter Ndihokubwayo, Jean-Elysée Mbonankira et Willy Irakoze pour leurs
suggestions en vue de l’avancement de ce travail. Merci à la famille Sylvestre
Sinzobakurana pour m’avoir témoigné amitié et fraternité durant mon séjour en
Belgique.
Cette thèse a été réalisée en alternance entre l’UCL et l’Université du Burundi (UB).
Une partie de ce travail a été réalisé à la Faculté des sciences agronomiques de l’UB. Je
salue les encouragements, conseils et suggestions reçus de la part des professeurs de
cette université, spécialement les Professeurs Hassan Nusura et Samuel Ndayiragije.
Je serais ingrat de ne pas remercier les personnes qui m’ont aidé pendant les travaux
de terrain. Je pense spécialement au staff de la SRDI pour les informations qu’il m’a
données concernant la zone d’étude, aux riziculteurs de Mugerero qui ont accepté de
collaborer durant cette étude. J’ai une pensée émue à Jean - Bosco Nduwimana et à
Douce - Angélique Nineza qui ont réalisé leur mémoire à la Faculté des sciences
Agronomiques de l’UB dans le cadre de cette thèse. Ils ont apporté un appui technique
précieux notamment au prélèvement et à la préparation des échantillons de sol et à la
collecte des données sur le rendement du riz.
Je remercie mille fois mes chers parents (mon père Elie Karadongeye et ma regrettée
mère Colette Kagoma) pour tous les peines et sacrifices encourus depuis ma naissance
jusqu’à ce jour dans le seul souci de me voir émergé. Que ma satisfaction à tous ces
égards soit pour vous une fierté sans égale. Je promets la reconnaissance permanente
de tous ces gestes tout au long de ma vie et de ma descendance. Je serais ingrat de ne
iv
Remerciements
pas remercier mes frères et sœurs pour avoir été toujours au côté de ma famille
durant mon absence qui a marqué le déroulement de cette thèse.
Enfin, mes profonds remerciements sont adressés à ma très chère épouse (Charlotte
Ndayisaba) et à nos enfants (Luc-Brillant Nijimbere et Fanny-Laurette Nijimbere) qui
ont trop souffert de mes absences répétitives pendant la réalisation de cette thèse. Le
courage et la patience que vous avez manifestés durant ces périodes de mon absence
seront récompensés par mon attachement grandissant envers vous.
v
Résumé
Résumé de la thèse
Les analyses physico-chimiques de ces sols montrent que le complexe d’échange est
saturé par des taux de Ca et de Mg quasi-équivalents et des taux de Na variables
jusqu’à 60%. La salinité est de type sulfaté ou bicarbonaté avec dominance du Na et
faible part du Cl. La sélectivité du complexe d’échange pour le Na par rapport aux
divalents (Ca+Mg) est bien décrite par une valeur unique du coefficient de sélectivité
de Vanselow égale à 0,5 ou par une valeur unique du coefficient de sélectivité de
Gaines et Thomas égale à 0,3. Quant à la sélectivité de l’échangeur pour le Ca par
rapport au Mg, elle est bien décrite par une valeur unique du coefficient de sélectivité
égale à 1,5.
L’analyse des corrélations entre les composantes du rendement du riz et les variables
pédochimiques révèle des effets positifs du Ca et du K sur le rendement rizicole et des
effets négatifs du pH, de la salinité et/ou des ions solubles Na, SO4 ou HCO3.
Par ailleurs, l’engorgement des sols en anaérobiose n’est pas suivi de libération des
cations Fe et Mn en raison des pH élevés. En outre, le pouvoir tampon vis-à-vis du K
peut être bien prédit à partir du taux d’argile ou de sable.
vii
Summary
Summary
Although salinization of Mugerero paddy soils is the main constraint to rice production,
this process has not yet been investigated thoroughly. This work has been done to fill
this gap.
Physico-chemical analysis of soils of this area show that their exchange complex is
mostly occupied by nearly equal percentages of Ca and Mg, while exchangeable
sodium percentage vary up to 60% in some cases. Soil solution is characterized by large
amount of sulfate or bicarbonate and sodium while chloride anion is poorly
represented, and an alkaline pH. The Na - (Ca + Mg) exchange is well described either
by a single Vanselow selectivity coefficient equal to 0.5 or by a single Gaines-Thomas
selectivity coefficient equal to 0.3, while the Ca - Mg exchange is described by a single
selectivity coefficient equal to 1.5. Moreover, analysis of correlations between yield
components of rice and geochemical variables reveals positive effects of Ca and K ions
on rice yield and negative effects of pH, salinity and / or soluble Na, SO4 or HCO3. The
exploration of the cation contents of the soluble and exchangeable phases in five soil
to water ratios shows that their variations as a function of water content are in
conformity to the law of ion exchange and that the composition of solution and
exchange phases for any moisture content can be estimated accurately from
measurements carried out at 1/2 soil to water ratio using regression equations.
Furthermore, incubation of the soil does not induce any important release of Fe and
Mn in soil solution probably due to high values of pH. Moreover, potassium buffering
capacity of these soils can be well predicted from clay content or sand content.
Finally, soils of interest exhibit problems of salinity, sodicity and alkalinity that deserve
to be keenly investigated for a best management in order to increase agricultural
production.
viii
Liste des abréviations
ix
Liste des abréviations
xi
Table des matières
xiii
Table des matières
xiv
Table des matières
xv
Table des matières
Chapitre 6. Effets de l’engorgement de sols affectés par la salinité sur leurs propriétés
physico-chimiques .........................................................................................................195
xvii
Table des matières
Annexes .........................................................................................................................297
xviii
Introduction générale et objectifs
Introduction générale
La salinité est l’un des grands facteurs environnementaux qui limitent la production
agricole (Pitman et Läuchli, 2002). Un sol affecté par la salinité est caractérisé par la
présence d’un excès de sels solubles souvent associé à un taux élevé de sodium
échangeable qui lui confère des propriétés chimiques et physiques défavorables à la
croissance des végétaux. La salinité d’un sol affecte les plantes par des effets
osmotiques, par la toxicité induite par certains ions et/ou par des déséquilibres
nutritionnels (Marschner et al., 1995 ; Evangelou et Mcdonald, 1999). Les espèces
ioniques les plus rencontrées sont les cations Na+, Ca2+, Mg2+, et K+ et les anions Cl-,
SO42-, HCO3-, et CO32-. Les propriétés mécaniques et physiques des sols (la dispersion
des particules, l’infiltration, la structure et la stabilité des agrégats,…) dépendent
largement des ions échangeables en présence (Shainberg, 1975) et de la force ionique
de la solution. Le sodium échangeable est la cause principale des états de dispersion et
d’effondrement de la structure dont les effets se manifestent particulièrement lorsque
la concentration en sels de la solution est réduite.
Une bonne gestion des sols salins/sodiques nécessite dès lors la connaissance de leurs
teneurs en sels solubles et du pourcentage de sodium échangeable (ESP). Le calcul de
l’ESP requiert la détermination préalable du sodium échangeable et de la capacité
d’échange cationique (CEC) ou des cations Ca, Mg et K échangeables. La détermination
des cations échangeables et de la CEC au laboratoire est laborieuse, prend beaucoup
de temps et est sujette à des difficultés particulières en sols salés puisque les cations
extraits par les réactifs conventionnels tels que l’acétate-NH4 concentré incluent non
seulement les cations provenant du complexe d’échange, mais également ceux qui
proviennent des sels solubles et de la dissolution éventuelle de certains minéraux
(Abrol et al., 1988). Cette dernière raison a poussé les chercheurs à établir des
équations de prédiction de l’ESP à partir de la composition d’extraits aqueux supposés
refléter la composition de la solution du sol à un rapport sol/eau conventionnel.
Le modèle le plus souvent pris comme référence encore actuellement est celui qui a
été établi il y a déjà une soixantaine d’années par le US Salinity Laboratory (USDA,
1954) sur la base de l’analyse d’extraits de pâte saturée de 59 échantillons de sol de
l’Ouest des Etats-Unis. L’équation de régression empirique obtenue entre la garniture
sodique du complexe d’échange et la composition des extraits de pâte saturée est la
suivante :
1
Introduction générale et objectifs
où ESR est le « Exchangeable Sodium Ratio » défini par la relation ESR = ESP/(100-ESP),
ESP étant exprimé en %, et SAR est le « Sodium Adsorption Ratio » défini par SAR =
CNa/(CCa+CMg)0,5, CNa, CCa et CMg étant respectivement les concentrations en Na, Ca et
Mg solubles dans l’extrait de la pâte saturée en millimoles par litre (mM).
Divers auteurs ont critiqué cette équation par le fait qu’elle considère les cations
divalents Ca et Mg comme ayant le même comportement d’échange (Bower, 1959),
qu’elle néglige le fait qu’une fraction des cations totaux dosés en solution sont
impliqués dans la formation de paires ioniques ne participant pas aux processus
d’échange (Sposito et Mattigod, 1977) et que, fondamentalement, elle se base sur le
formalisme de sélectivité d’échange de Gapon dont l’assise thermodynamique pose
problème (Sposito, 1977; Evangelou et Phillips, 1988), la pente de la relation ESR vs
SAR ne pouvant pas, de façon rigoureuse, être considérée comme constante dans une
gamme étendue de valeurs de ces paramètres. On peut ajouter que cette équation
basée sur les concentrations en solution devrait dépendre de la salinité totale de la
solution, ou plus précisément de la force ionique dont dépendent les coefficients
d’activité ionique, et donc la réactivité effective des cations dans les équilibres
d’échange (Evangelou et Marsi, 2003; Kopittke et al., 2006). Malgré ces critiques, de
nombreux auteurs ont établi et utilisé des équations empiriques analogues car elles
présentent un intérêt pratique vu leur simplicité (Ganjegunte et Vance, 2006), leur
utilisation devant alors être limitée aux contextes particuliers de leur établissement.
Comme rappelé ci-dessus, l’équation de l’US Salinity Laboratory a été établie sur la
base de compositions d’extraits de pâte saturée. L’obtention de tels extraits pose
toutefois de sérieuses limitations pratiques et conceptuelles. Elle demande des
quantités appréciables d’échantillons de sol puisqu’il faut récolter suffisamment de
solution pour permettre l’analyse ; les quantités d’eau ajoutées pour atteindre la
saturation peuvent varier selon l’appréciation de l’opérateur et le temps d’imbibition ;
l’équilibre sol-solution impliquant des échanges ioniques et la dissolution de sels et
minéraux peut être long à établir puisqu’il n’est pas possible d’agiter des pâtes de sol
comme on peut le faire avec des suspensions ; l’extraction des solutions nécessite un
équipement de centrifugation particulièrement performant avec un ajustement de la
vitesse de rotation et du temps de centrifugation dont peut dépendre la composition
des surnageants. Ces particularités engendrent souvent des problèmes de
reproductibilité des mesures (Zhang et al., 2005, Afzal et Yasin, 2002). D’un point de
vue conceptuel, les quantités d’eau ajoutées à une masse donnée de sol sec pour
2
Introduction générale et objectifs
atteindre la saturation peuvent varier dans une très large mesure selon la composition
granulométrique, la nature des minéraux argileux, la salinité totale et l’ESP, et d’autres
caractéristiques ; ce qui conduit à comparer des solutions de sol extraites à des
rapports sol/eau très variables, généralement dans une gamme de 1/0,5 à 1/1 (w/v).
Pour ces multiples raisons, des chercheurs ont proposé d’extraire plutôt la solution du
sol dans des suspensions à des rapports sol/eau fixes dans une gamme de l’ordre de
1/2 à 1/10 fixes permettant un équilibrage aisé par agitation, une récolte de solution
moins limitante par rapport à la masse des échantillons secs disponibles, et une
abstraction de la subjectivité éventuelle de l’opérateur quant aux quantités d’eau à
ajouter. Les résultats obtenus peuvent alors servir d’assise à l’établissement de
modèles qui devraient permettre d’extrapoler les relations entre solution et complexe
d’échange à la situation de saturation, telle que tentée par la pratique de la pâte
saturée, voire à des teneurs en eau quelconques caractéristiques des conditions
réelles. Il faut évidemment être conscient que l’équilibrage de sols avec des quantités
d’eau importantes peut conduire à la dissolution de minéraux de solubilité limitée,
dont les principaux en conditions de sols salés/alcalins sont la calcite et le gypse, et
que la dilution entraine forcément des modifications de répartition des cations entre
complexe d’échange et solution (Hogg et Henry, 1984 ; Visconti et al., 2010). Il est dès
lors indispensable de prendre en considération ces processus physico-chimiques
fondamentaux dans toute opération d’extrapolation à des teneurs en eau non
expérimentées en laboratoire, tenant compte des caractéristiques propres aux sols
auxquels on se réfère.
Notons aussi que les sols irrigués subissent un engorgement durant un certain nombre
de jours, ce qui peut induire des réactions chimiques non nécessairement reproduites
par des mesures conventionnelles sur suspensions de sol en laboratoire. Ainsi l’anoxie
plus ou moins marquée peut s’accompagner de réactions de réduction, impliquant
notamment le fer et le manganèse, dont les formes réduites Fe2+ et Mn2+ présentent
des solubilités beaucoup plus importantes que leurs formes oxydées, au point
d’induire quelquefois des phénomènes de toxicité pour les plantes (Becker et Asch,
2005 ; Dobermann et Fairhurst, 2000 ; Kyuma, 2004). D’un point de vue physico-
chimique, ces cations participent forcément aux équilibres d’échange ionique dans une
mesure qui a fait l’objet de peu d’études effectives, singulièrement en sols salés.
Le potassium est l’un des éléments essentiels aux plantes ; il participe à la fertilité des
sols et est souvent considéré comme un facteur limitant dans beaucoup de sols du
monde. Dans les sols salins ou sodiques, son assimilabilité est entravée dans une large
3
Introduction générale et objectifs
Objectifs de la thèse
Cette thèse a pour objectif de produire une étude physico-chimique approfondie des
caractéristiques particulières des sols à problèmes de salinité d’une zone d’étude bien
définie, le périmètre rizicole de Mugerero dans la plaine de la Rusizi au Burundi. La
méthode d’investigation choisie se veut résolument fondamentale, tant pour la qualité
de la formation que nous pouvons escompter d’une thèse de doctorat dans notre
spécialité d’enseignant-chercheur en sciences du sol, que pour l’applicabilité des
résultats que nous souhaitons mettre à disposition des experts amenés à appréhender
plus globalement et concrètement les problèmes de salinité dans la vallée de la Rusizi ;
très souvent en effet, ce sont les approches les plus fondamentales qui s’avèrent les
plus applicables à une large gamme de situations concrètes, les études empiriques ne
pouvant, en toute logique, s’appliquer qu’aux contextes qui les ont générées.
L’ambition de cette recherche doctorale n’est toutefois pas d’aboutir in fine à des
propositions concrètes de gestion courante, voire de réhabilitation, des sols étudiés.
De telles mesures ne peuvent être préconisées et appliquées que suite à des études
impliquant l’intégration de compétences fondamentales et pratiques de nombreux
experts relevant de disciplines telles que la phytotechnie dans tous ses aspects,
l’hydrodynamique des eaux de surface et souterraines, la conception et la gestion
d’ouvrages d’irrigation et drainage, la socio-économie rurale locale, et bien entendu la
pédologie.
4
Introduction générale et objectifs
Plus spécifiquement, cette étude tente d’établir les lois qui régissent la composition de
la solution du sol en conditions aérobies et anaérobies pour la zone étudiée, en
l’occurrence le périmètre de Mugerero, dont on peut déjà dire que les caractéristiques
pédologiques sont très différentes de nombreuses autres régions du monde où de
telles études ont été effectuées, et notamment de celles de l’Ouest des USA auxquelles
se réfèrent encore de nombreux auteurs, faute de données particulières à leur propre
contexte. Disposant d’une caractérisation physico-chimique fine des sols, deux
objectifs complémentaires de notre recherche seront d’identifier les variables
pédochimiques les plus déterminantes de la variabilité de la productivité rizicole dans
le périmètre étudié d’une part ; et d’évaluer les paramètres du sol dont dépend la
biodisponibilité du potassium, un des éléments essentiels à la nutrition des plantes
d’autre part.
En vue d’atteindre ces objectifs, cette recherche est réalisée cinq étapes :
Cette thèse est rédigée sous forme d’articles et comprend 7 chapitres regroupés en
deux parties.
5
Introduction générale et objectifs
La première partie présente une revue bibliographique sur les processus de salinisation
des sols et les méthodes de diagnostics de la salinité et de la sodicité des sols (Chapitre
1) ; et sur les considérations générales sur la plaine de la Basse Rusizi qui constitue la
zone d’étude (Chapitre2).
La deuxième partie porte sur les aspects pratiques et expérimentaux de l’étude. Elle
commence par la caractérisation des propriétés physico-chimiques de base des
échantillons récoltés et l’étude des échanges cationiques entre les phases solubles et
échangeables (Chapitre 3), se poursuit par l’analyse des relations entre ces propriétés
pédologiques et la production du riz (Chapitre 4). Le chapitre 5 est consacré à l’étude
des effets de la variation du rapport sol/eau sur les propriétés de la solution du sol et
du complexe d’échange et sur les équilibres d’échange et de solubilité en vue de
l’établissement et de la validation d’un modèle de spéciation chimique à une teneur en
eau quelconque. Le chapitre 6 traite les effets de l’anaérobiose sur les propriétés
chimiques des sols étudiés. Enfin, le chapitre 7 parle des relations entre la quantité et
l’intensité du potassium dans les sols étudiés et vise à proposer, à partir des propriétés
simple du sol, le mode de gestion de la fertilisation potassique.
6
Première partie
Revue bibliographique
7
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
1.1. Introduction
Tous les sols du monde sont soumis à un certain nombre de contraintes de nature
physique, chimique et biologique qui peuvent conduire à des dégradations (Robert et
Varet, 1996). Ces contraintes concernent soit le niveau de la production agricole qui
conditionne la nutrition de la population, soit le niveau environnemental. La
salinisation est l’un des phénomènes de dégradation des sols et peut paraître à la fois
sous les trois composantes (physique, chimique et biologique) et peut même conduire
à la désertification (Robert et Varet, 1996).
La saturation progressive du complexe d’échange par l’ion Na+ est appelée sodisation
(Duchaufour, 2001). Dans certaines conditions, ce dernier processus s’accompagne du
processus d’alcalinisation qui est la libération de l’ion Na+ dans la solution du sol, ce
qui élève le pH et disperse les argiles.
La salinisation et la sodisation des sols envahissent de jour en jour les terres agricoles
surtout dans les régions arides et semi-arides. Elles touchent à peu près un tiers des
terres irriguées et concernent plus de 100 pays au monde. La planète Terre compte
13,2.109 ha des terres émergées dont 7.109 ha sont arables et 1,5.109 ha seulement est
sous culture (Massoud, 1981). Parmi les terres cultivées, 0,34.109 ha (23%) est salin et
0,56.109 ha (37%) est sodique (Tanji, 2004 et Sparks, 1995).
L’origine de sels d’un sol peut être naturelle ou anthropique. On parle alors de
salinisation primaire pour le premier cas et de salinisation secondaire pour le second
cas. La présence de sels dans les sols est due à une interaction complexe de la
géochimie et l’hydrologie et la végétation (Tanji, 2004).
9
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
dissous sont les océans, les sols salins, les organismes des eaux souterraines salines, les
lacs salés, les marais salins, les playas salins, et les dômes de sel (Tanji, 2004). La
répartition des sels dans les milieux continentaux est la conséquence du
fonctionnement hydrologique et de la capacité du milieu à évacuer les sels vers les
zones avales et in fine vers les océans. L’accumulation locale de sels suppose alors
l’existence d’un mécanisme de concentration lié à l’aridité du climat. C’est donc dans
les bassins endoréiques et sous climat aride que les risques d’accumulation de sels
sont plus élevés (Marlet et Job, 2006).
D'autres sources naturelles de sels du sol incluent les dépôts atmosphériques des sels
océaniques dans les zones côtières (embruns), l’intrusion d'eau salée dans les estuaires
par submersion en cas de marées ou de tempêtes, l’intrusion d'eau salée dans les
bassins d'eaux souterraines dans les zones côtières (biseau salé) en raison du pompage
excessif de la nappe phréatique, la montée des eaux souterraines provenant des
aquifères salins dans les zones à faibles topographies ainsi que les dômes de sels, les
lacs salins et les playas et les apports des précipitations qui lessivent les formes de
terres salines (Tanji, 2004 ; Marlet et Job, 2006).
Les facteurs induits par l’homme pouvant entraîner une salinisation ou une sodisation
des sols sont liés aux pratiques d’irrigation et de drainage, de pâturage et de
déforestation (Tanji, 2004).
L’irrigation avec des quantités significatives d’eaux chargées de sels est une cause de la
salinisation des sols. L’un des grands problèmes liés à l’irrigation est que les eaux
d’irrigation, même non saline, contiennent des sels dissous qui s’accumulent dans les
zones irriguées malgré la présence des systèmes de drainage (Sparks, 1995). L’usage
des quantités excessives d’eau pour l’irrigation fait remonter le niveau de la nappe
phréatique et favorise ainsi les remontées capillaires des sels à la surface (Tanji, 2004).
Les sels précipitent ensuite sous forme d’encroûtements salins par évapoconcentration
pendant les périodes sèches. Dans les conditions de nappes phréatiques proches de la
surface, les remontées des sels à la surface sont quelquefois le résultat de
l’évaporation et de l’extraction des sels minéraux par les racines des plantes.
L’usage des engrais ainsi que d’autres apports minéraux comme les sous produits
industriels accentue l’accumulation des sels dans le profil particulièrement en cas
d’agriculture intensive sur un sol à faible perméabilité et à possibilités limitées de
lessivage.
10
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
La présence excessive des sels solubles dans un sol, qu’ils soient d’origine naturelle ou
anthropique, entrave la croissance des plantes par trois voies (Evangelou et Mcdonald
Jr, 1999): (a) la salinité peut augmenter le potentiel osmotique, diminuant ainsi le
potentiel de l’eau du sol et donc sa disponibilité aux plantes ; c’est l’effet osmotique
(osmotic effect en anglais). (b) la salinité peut être associée aux grandes concentrations
d’ions qui ont un effet inhibiteur sur le métabolisme des plantes ; c’est l’effet ionique
spécifique (specific-ion effect en anglais). (c) Elle peut affecter la structure du sol,
diminuant ainsi la perméabilité du sol à l’eau et l’aération ; c’est l’effet physico-
chimique (physicochemical effect en anglais). Le pH élevé que présentent certains sols
affectés par la salinité réduit également la disponibilité d'un certain nombre de
micronutriments notamment les éléments Fe, Cu, Zn, et / ou Mn (Tan, 1982).
Les sels sont parmi les éléments constitutifs du sol et sont nécessaires au maintien de
son état nutritionnel et physique dans de bonnes conditions. De nombreux types de
sels (par exemple, les nitrates, le potassium et les phosphates) sont des nutriments
essentiels pour les plantes. L’effet nuisible des sels solubles à la croissance des plantes
ne commence à se manifester que quand leur concentration totale en solution
dépasse un certain seuil. Cet effet peut aussi résulter de l’effet spécifique de certains
ions. L’expression de l’effet de la teneur en sel des sols sur la croissance de la plante
dépend de plusieurs facteurs parmi lesquels la texture du sol, la répartition des sels
dans le profil, la composition chimique des sels et l’espèce de plante. Pour évaluer
l’état de salinité/sodicité d’un sol, divers tests sont préconisés (USDA, 1954), les uns
d’ordre chimique (pH, cations et anions solubles, cations échangeables, teneurs en
gypse et en carbonates, …) et les autres d’ordre physique (taux d'infiltration,
11
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
La salinité est définie comme étant l’accumulation des sels minéraux dans la solution
du sol et dans les eaux. Les sels minéraux dissous d’un sol salé constituent un
électrolyte mixte de cations et d’anions composé principalement de cations Na +, Ca2+,
Mg2+, et K+ et d’anions Cl-, SO42-, HCO3-, CO32- et NO3-. En cas de salinité extrêmement
élevée, les solutions de sols ou les eaux incluent aussi d'autres composants chimiques
notamment B, Sr2+, SiO2, Mo, Ba2+ et Al3+ (Tanji, 2004). Les constituants de la salinité
sont exprimés en mmol/L ou mmolc/L (meq/L) ou mg/L (ppm) pour les principaux
solutés et µmol/L ou μmolc/L ou μg/L (ppb) pour les oligo-éléments. Les activités de H+
et OH- également présents sont respectivement exprimés en termes de pH et pOH.
Il n’existe pas de relation exacte entre les paramètres de salinité ci-haut cités.
Cependant, des facteurs de conversion approximatifs sont utilisés comme indiqués par
les relations suivantes (USDA, 1954, Bresler et al., 1982, Tanji, 2004) :
⁄ ⁄ (dS/m) (1.3)
La CE de la solution du sol est une mesure indirecte de la quantité de sels dans le sol
mais ne donne aucune indication sur la nature et la composition de cette solution en
sels. Elle peut être mesurée dans des rapports de dilution sol/eau divers mais l’idéal
est d’effectuer sa mesure à la teneur en eau à la capacité au champ étant donné que
celle-ci reflète la salinité du sol au champ. Cependant, à cause des difficultés d’extraire
suffisamment de solution dans ces conditions, la salinité est mesurée dans l’extrait de
la pâte saturée qu’on obtient en ajoutant progressivement de l’eau dans un sol sec
13
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
jusqu’à la limite de liquidité (Soil Survey Staff, 2009). Le choix de la méthode de la pâte
saturée est fondé sur le fait que son humidité serait égale au double de la teneur en
eau à la capacité au champ et au quadruple de la teneur en eau au point de
flétrissement permanent (USDA, 1954). La CE ainsi obtenue (CEse) est alors la moitié de
celle qu’on aurait dans la solution extraite à la capacité au champ (CEfc) comme indiqué
par la relation :
(1.6)
Les préparations de la pâte saturée sont laborieuses et, pour contourner ces
désagréments, des extraits aux rapports sol/eau fixes sont couramment d’usage. Ainsi
par exemple : avec le rapport 1/2, 100 ml d’eau sont ajoutés à 50 g de sol sec et pour
le rapport 1/5, 100 ml d’eau sont ajoutés à 20 g de sol sec. La CE mesurée dans de tels
extraits est, en théorie sur la simple loi de dilution, inversement proportionnelle au
taux d’humidité comme indiqué par la relation :
⁄ ⁄ (1.7)
Chaque sol a une capacité précise d’adsorber les constituants chargés positivement de
sels dissous, tels que le calcium, le magnésium, le potassium, le sodium, etc. ; c'est ce
qu'on appelle la capacité d'échange de cations (CEC). Les différents cations adsorbés
peuvent s’échanger l'un par l'autre. La force d’échange d’un cation dépend de sa
concentration relative en solution, de sa valence, de sa taille ainsi que de la nature et
des quantités d'autres cations présents dans la solution ou sur le complexe d'échange,
etc (Abrol et al., 1988). La sodicité se réfère à la proportion d'ions sodium par rapport à
d'autres cations (par exemple le calcium, le magnésium, le potassium, l'aluminium) sur
le complexe d’échange. Cette proportion, dénommée Taux de Sodium Echangeable
ESP (ESP : Sodium exchangeable Percentage en anglais), permet d’estimer le degré de
14
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
(1.9)
⁄√ (1.10)
é
(1.11)
é
15
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
(1.12)
Et ensuite :
⁄√ (1.13)
(1.14)
Des relations empiriques ESR-SAR ont été établies pour divers types de sols du monde
par beaucoup d’auteurs. L’une d’entre elles, celle de l’U.S. Salinity laboratory (1954),
est largement citée dans les littératures de Physicochimie du sol et est largement
utilisée au monde. Elle a été établie sur base des analyses faites sur 59 sols issus de 9
Etats de l’Ouest des Etats-Unis et est donnée par la suivante :
(1.15)
L’estimation de l’ESP par calcul à partir du SAR est préférable puisque ce dernier est
déterminé dans la même solution que celle utilisée pour les mesures de CE et de pH.
De même, cette méthode permet de contourner les problèmes associés à la
détermination de la CEC et des cations échangeables (Bresler et al., 1982).
Sur base des connaissances sur la nature et les caractéristiques des sols affectés par la
salinité ainsi que leurs relations avec la croissance des plantes, on distingue trois
principales groupes de sols à savoir les sols salins (dénommés aussi saline soils,
Solonchaks, “white alkali” soils), les sols sodiques (dénommés aussi Sodic soils,
Solonetz, “black alkali”) et les sols salins sodiques ou sols salsodiques (Tableau 1.1). La
distinction entre les deux premières catégories tient compte de deux paramètres dont
les valeurs indiquent des conditions impropres à la croissance des plantes une fois
qu’elles ont dépassé un certain seuil : la concentration en sels dissous et le taux de
sodium échangeable.
16
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
Tableau 1.1 Classification des sols selon l’état de la salinité et de la sodicité (USDA, 1954)
Les sols salins sont des sols qui contiennent une salinité excessive (CEse > 4 dS/m) et un
ESP inférieur à 15%. Le pH pour ce type de sols est généralement inférieur à 8,5. La
CEse qui départage les sols salins et les sols non salins a été fixée pour la première fois à
4 dS/m par Schofield en 1942 (Tan, 1982). En réalité, les plantes les plus sensibles aux
sels sont affectées à la moitié de ce niveau de salinité (2 dS/m) tandis que les plus
tolérantes le sont au double de cette salinité (8 dS/m) ou même au-delà (Hillel et al.,
2005).
Ce critère se basant sur CEse est donc relatif car il y a des différences importantes au
niveau de la tolérance des plantes aux sels (Tanji, 2004). La valeur seuil de CEse est la
salinité du sol au-dessus de laquelle le rendement des cultures commence à diminuer
(Kotuby-Amacher et al., 1997). Elle varie d’une plante à une autre ; par exemple, la CEse
seuil pour le haricot (Phaseolus vulgaris) est de 1 dS/m alors qu’il est de 3 dS/m pour le
riz (Oryza sativa) et de 6 dS/m pour le blé (Triticum aestivum) (Bresler et al., 1982). En
outre, certains des constituants ioniques accumulés tels que Na, Cl et B peuvent être
toxiques pour certaines espèces de plantes cultivées ; ce qui nécessiterait la prise en
compte des seuils spécifiques pour ces ions toxiques.
Il n’est pas sans intérêt de retourner aux caractéristiques des sols salins et aux
méthodes souvent préconisées pour leur réhabilitation. Les sols salins sont ceux qui
ont une CE de l’extrait de la pâte saturée supérieure à 4 dS/cm à 25°C et un ESP
inférieur à 15%. Le pH pour ce type de sols est généralement inférieur à 8,5. Pour un
sol salin, le haut niveau de salinité n’altère pas les propriétés physiques du sol mais
affecte plutôt la croissance des plantes car la grande quantité de sels dissous diminue
la disponibilité de l’eau à la plante. Un sol salin est alors caractérisé par la présence
d’une couche blanche à la surface du sol, un état ameubli (traduisant la floculation des
agrégats du sol et la perméabilité du sol à l’eau, à l’air et à la pénétration des racines
des plantes), un rendement médiocre des plantes et un haut niveau de fertilité
17
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
La remise en état d’un sol salin repose sur l’élimination des sels en excès (lixiviation),
de la couche superficielle sur une profondeur allant de 45 à 60 cm de la surface,
jusqu’au niveau critique voulue (correspondante au niveau de tolérance de la plante
qu’on veut y cultiver) (Keren et Miyamoto, 1990). L’eau à utiliser dans cette opération
doit être de bonne qualité, c’est-à-dire qu’elle doit avoir une faible CE, une faible
activité relative de Na et une faible alcalinité carbonatée. Cette réhabilitation des sols
salins peut être entravée par divers facteurs (Bresler et al., 1982): le mauvais drainage
dû au haut niveau de la nappe phréatique, la faible conductivité hydraulique due à la
présence des horizons durs et l’absence de source d’eau de bonne qualité.
La dispersion des argiles pour les sols sodiques est la conséquence de la saturation du
complexe d’échange par le sodium d’une part et de l’augmentation du pH qui s’en suit
d’autre part. Le faible pouvoir floculateur du Na par rapport au Ca et au Mg s’explique
par sa faible charge ionique (+1), qui ne permet pas de maintenir en cohésion les
particules d’argiles comme le font les cations de grandes valences (Ca, Mg, Al, etc) et
son rayon d’hydratation relativement grand (Horneck et al., 2007).
18
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
2005). Ainsi, s’il s’agit d’un apport météorique toujours légèrement chargé en CO 2
dissous, la réaction d’échange est :
Comme Na2CO3 est facilement soluble, des ions Na+ et OH- sont libérés en solution
selon la relation :
S’il s’agit d’une eau douce, comme pour l’irrigation, la réaction peut s’écrire:
Les réactions d’échange Na/H provoquent une dégradation des propriétés physiques
du sol à cause de la protonisation des argiles et de l’augmentation du pH. En se
référant à ce qui précède, il apparaît que la sodisation des sols s’accompagne souvent
de l’alcalinisation. Néanmoins, tous les sols sodiques ne doivent pas être alcalins
(Kamphorst et Bolt, 1976). Il y en a qui affichent une réaction neutre du fait de leur
grande teneur en sels neutres comme NaCl. Les réactions fortes d’alcalinisation (pH =
10) sont dues à l’hydrolyse de Na ou de Na2CO3 comme mentionné par les équations
(1.17) et (1.18).
Quant aux caractéristiques visuelles des sols sodiques, un état d’encroûtement (dû à la
dispersion du ciment argileux et d’humus), une faible perméabilité et une croûte
noirâtre à la surface du sol (traduisant la matière organique dispersée) sont des
manifestations visuelles de la sodicité d’un sol (Siyal et al., 2002). La correction de la
sodicité se fait par application du gypse (CaSO4.2H2O) ou du chlorure de calcium (CaCl2)
pour déplacer le sodium échangeable afin de le lessiver sous une forme soluble
(Na2SO4 ou NaCl). Ces amendements augmentent la perméabilité du sol en
augmentant la concentration de la solution et en améliorant l’état de la structure. Le
soufre ou l’acide sulfurique peut aussi être efficace au déplacement du Na
échangeable en cas de présence du CaCO3 (sols calcaires).
Les sols salins sodiques sont caractérisés par une CEse > 4dS/m et un ESP > 15%. Ils sont
donc des taux élevés de salinité et de sodicité. Comme la concentration de l’électrolyte
est élevée, le pH reste inférieur à 8,5 et le sol présente un état floculé (Sparks, 1995).
Néanmoins, toute tentative de lessivage des sels de ce type de sols aboutit à une
grande proportion du Na échangeable ; ce qui élève le pH au-delà de 8,5 et les
19
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
Environ 10% de la surface totale des terres du globe terrestre est couverte par les sols
affectés par la salinité (Pessarakli et Szabolcs, 1999). Le tableau 1.2 montre la
distribution des sols affectés par la salinité à travers le monde. Ce tableau montre
qu’aucun continent de cette planète n’est épargné de la salinisation des sols. Aux
Etats-Unis d’Amérique, ce problème est essentiellement d’origine naturelle et touche
les régions de l’ouest comprenant la Californie, l’Arizona, le Dakota du Nord, le Dakota
du Sud et le Texas. La salinisation due à l’irrigation touche des fortes proportions de
terres en Inde et en Chine et des grandes proportions remarquables en Argentine, en
Egypte, en Iran, Pakistan et Etats-Unis (Pitman et Läuchli, 2002). Les sols salés se
retrouvent dans toutes les formes climatiques et ne sont pas seulement localisés dans
les zones arides à semi-arides bien que l’évapotranspiration élevée soit un des grands
facteurs de la salinisation des sols. La figure 1.1 montre la répartition des sols affectés
par la salinité à travers le monde. Au Burundi, les sols salinisés sont localisés dans la
plaine de la Rusizi, située à l’ouest du pays dans la région du graben du lac Tanganyika.
Sa description sera abordée dans le chapitre qui va suivre.
Tableau 1.2 Superficies des sols affectés par la salinité à travers les continents et les sous continents (Pessarakli et
Szabolcs, 1999)
20
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols
Figure 1.1 Répartition des sols salés sur le globe terrestre (Pessarakli et Szabolcs, 1999)
21
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Le Burundi est situé entre 28°58’ et 30°53’ de longitude est et entre 2° 15’ et 4°30’ de
latitude sud. Il est délimité au nord par le Rwanda, à l’ouest par la République
Démocratique du Congo (R.D.C.) et, au sud et à l’est par la Tanzanie (Figure 2.1). Il est
situé dans une zone charnière entre l’Afrique orientale et l’Afrique centrale. Il couvre
une superficie de 27 834 km2 dont 2 000 km2 environ sont occupés par la partie
burundaise du lac Tanganyika.
23
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Ce pays est subdivisé en 5 régions éco-climatiques (Figure 2.2) à savoir, de l’ouest vers
l’est, la plaine de l’Imbo correspondant au fossé d’effondrement du Rift Valley
occidental, la région escarpée de Mumirwa, la zone montagneuse (la Crête Congo-Nil),
les plateaux centraux et les dépressions de Kumoso et de Bugesera.
24
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Le fossé du lac Tanganyika fait partie du système des rift-valleys qui séparent la plaque
africaine à l’ouest de la plaque somalienne à l’est, selon des lignes qui vont de la mer
Rouge au Mozambique. Le rift, unique au Nord de l’Ethiopie et au Sud du Malawi, est
double au centre : le rift oriental traverse le Kenya et la Tanzanie, tandis que le rift
occidental parcours le Burundi. C’est dans ce fossé que se succèdent, du sud vers le
nord, les lacs Tanganyika, Kivu, Edouard, et Albert.
2.2.2.1. Géologie
La plaine de la Basse Rusizi occupe le fond d’un fossé qui, comme le fossé du lac
Tanganyika, résulterait d’un épisode antérieur à rattacher au Pléistocène inférieur ou
plus ancien (Cahen, 1954). Cette plaine pouvant atteindre 20 km de largeur constitue
une plaine fluvio-lacustre adossée à l’est aux contreforts de la dorsale et cernée à
l’ouest par la rivière Rusizi. La rivière Rusizi et ses affluents, et même les eaux de
ruissellement, charrient des matériaux alluvionnaires d’origines diverses : les unes
provenant du démantèlement de roches précambriennes de la crête Congo-Nil qui
sont métamorphiques (schistes cristallins, gneiss, amphibolites, pyroxénites, quartzites
feldspathiques) et les autres des zones volcaniques du Sud-Kivu au Congo. Ces
matériaux sédimentaires sont déposés sur les formations de la Basse Rusizi
anciennement submergées sous le lac Tanganyika et dont l’exondation a eu lieu à la
limite Pléistocène-Holocène (Ilunga, 2007).
Les dépôts lacustres (de plus de 20 km de largeur), quant à eux, résultent des
mouvements de transgression-régression des eaux du Lac Tanganyika et sont succédés
par des dépôts fluviatiles qui remanient localement les sédiments lacustres anciens.
L’Imbo-centre forme l’extension lacustre la plus importante du Burundi.
26
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
sables rouges sont aussi signalés sous forme de formations d’épandage aux pieds des
escarpements (à la périphérie de la plaine).
L'exondaison de la basse vallée de la Rusizi est d’une époque récente. Celle du delta de
la Rusizi remonterait à 1878 (Reekmans, 1980) et aurait suivi un affaissement du seuil
de la Lukuga sur le fleuve Congo qui a provoqué un abaissement important du niveau
des eaux du lac. Cet abaissement a permis le renouvellement des alluvions fluviatiles
et lacustres récentes du delta. C'est d'ailleurs dans ces alluvions que la Rusizi a creusé,
et creuse encore chaque jour, son lit.
La Basse Rusizi se présente sous forme de trois terrasses d’est en ouest qui sont
témoins d’anciens lits successifs de la Rusizi. Elle comprend, outre les formations
lacustres anciennes, le delta de la Rusizi et les alluvions fluviatiles actuelles et récentes.
Sur toutes ces formations pédologiques, la pente est toujours faible (< 4%).
Au Burundi, la classification des sols fait référence aux critères du système INEAC
(Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo Belge) modifié par Tavernier et
Sys (1965) par l’introduction des notions d’horizons diagnostiques comme dans la
classification américaine. Cette classification morphogénétique est basée sur les
principes suivants :
- L’évolution du profil en relation avec le degré d’altération du matériau parental et la
présence d’horizons pédogénétiques déterminent l’ordre ; en considérant comme
dérivé du matériau récent un sol dont la CEC sur argile est supérieure à 16 cmolc/kg, et
du matériau kaolinitique dans le cas contraire ;
- Les sous-ordres reprennent le facteur hydro-climatique, soit le caractère
hydromorphe ou non-hydromorphe pour les matériaux récents et kaolinitiques, soit la
durée de la saison sèche pour les matériaux kaolinitiques ;
- Les grands groupes se basent sur la présence d’horizons génétiques
particuliers tandis que les sous-groupes se réfèrent aux variations dans le
développement d’un horizon ainsi que les caractéristiques propres aux unités de
transition entre catégories supérieures (intergrades) ;
- La nature lithologique de la roche mère détermine la famille tandis que la position
géomorphologique du profil détermine la sous-famille alors que la texture, la couleur,
le drainage sont utilisés pour déterminer la série.
27
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Une carte des sols du Burundi a été établie avec ce système de classification à une
ème
échelle de 1/50000 . Les informations nécessaires pour l’interprétation de cette
carte (ou planchette par région) sont données dans Tessens et al. (1991). Sur la coupe
de la planchette de Bubanza correspondant au périmètre rizicole de Mugerero et ses
environs (Figure 2.3), on note que les sols de ce périmètre, qui est le plus important de
toute la plaine de par sa superficie et sa production rizicole, sont des alluvions
d’origine fluvio-lacustre. Trois grands groupes de sols sont reconnaissables dans ce
périmètre : les vertisols (dominants au sud et à l’ouest du périmètre), les sols
solonetziques (au centre et au nord-est) et les sols d’altération récente eutrophe (au
sud), typique et humique (au nord du périmètre).
La zone de la présente étude, celle dont les sols sont visiblement touchés par les sels,
est située au sud-ouest de ce périmètre. Elle est constituée de deux types de sols : les
sols d’altération récente eutrophe et des vertisols.
Les sols d’altération récente eutrophe sont dérivés des alluvions fluviatiles, sont de
couleur 2,5Y dans le code Munsell, possèdent un horizon humifère de faible épaisseur
inférieure à 20 cm. Ces sols sont bien drainés, de texture argilo-limoneuse non limités
avant 100 cm par une charge graveleuse.
Les vertisols sont dérivés des alluvions fluvio-lacustres, possèdent un drainage pauvre
à très pauvre et un horizon humifère prononcé d’épaisseur supérieure ou égale à 20
cm et ne sont pas limités avant 100 cm par une charge graveleuse.
La partie du périmètre qui n’a pas été concernée par la présente étude est représentée
principalement par les sols récents texturaux solonetziques (au centre et au nord) et
par les vertisols sur un mince corridor à l’ouest du périmètre le long du drain principal
dénommé Ninga. Les sols récents texturaux solonetziques sont généralement bien
drainés mais des situations de mauvais drainage sont aussi signalées dans certaines
zones aux solonetz texturaux hydromorphes.
Dans la zone des piémonts, au nord du périmètre, on observe la présence d’un type de
sols d’altération récente humique, dérivé de matériaux sédimentaires ou faiblement
métamorphiques (formations schisto-gréseuses), de couleur 7,5YR, à horizon humifère
d’épaisseur inférieure à 20 cm. Ils accusent un développement cambique, sont de
couleur jaune ou rouge, bien drainés, argileux, argilo-sableux à limoneux et présentent
28
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
une altération modérée et moyennement profonde, non limités avant 10 cm par une
charge graveleuse.
29
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
2.3. Climatologie
La plaine de la Rusizi, située dans un graben enfoncé, d’altitude variant entre 774 et
1000 m, entre des escarpements dont les crêtes peuvent atteindre 2000 à 2600 m,
jouit des conditions climatiques semi-arides, dues à une surchauffe du fond de la fosse
30
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
provoquant une forte convection locale. Les courants ascendants de masse d’air, bien
que chargés d’humidité évaporée du lac, réduisent considérablement les précipitations
dans le graben. Le climat tropical semi-aride est du type (AW4)S suivant la classification
de Köppen (Kottek et al., 2006) ; c’est-à-dire qu’il y a quatre mois (de juin à septembre)
pendant lesquels il tombe moins de 50 mm d’eau.
Dans la Basse Rusizi, la hauteur pluviométrique annuelle moyenne est de 842 mm, des
écarts importants pouvant se produire par rapport à cette moyenne (par exemple
l’écart de près de 270 mm a été enregistré en 1993). La hauteur des pluies varie entre
572 et 1132 mm par année. Les pluies sont erratiques, irrégulières et fréquemment
orageuses (Tableau 2.1).
Les mois de mars et avril sont les plus pluvieux, celui de juillet le plus sec. Les 4 mois de
juin, juillet, août et septembre sont les plus secs avec des précipitations qui restent
inférieures à 50 mm par mois. Pendant la saison des pluies, des périodes de sécheresse
de 15 à 20 jours ne sont pas rares ; le nombre de jours de pluie varie entre 80 et 120
jours par an.
Tableau 2. 1: Relevés pluviométriques mensuelles de 1986 à 1999 et 2009 à 2011 (en mm) à la station Imbo-SEMS
(IGEBU)
Total
J F M A M J J A S O N D annuel
1986 147,0 139,8 78,3 234,2 36,7 13,8 0,0 3,0 27,6 78,7 94,6 70,1 923,8
1987 139,4 171,6 64,8 92,7 162,9 0,0 0,0 0,0 99,2 49,2 111,5 107,5 -
1988 - - - 115,6 43,6 0,1 4,3 98,8 67,0 76,3 93,4 165,1 -
1989 179,2 120,6 94,8 179,8 86,9 39,3 15,6 1,7 41,8 45,2 91,7 153,2 1049,8
1990 45,7 49,9 165,6 123,6 59,7 0,0 0,0 5,1 32,5 57,6 56,5 68,0 664,2
1991 72,3 123,0 188,4 95,9 64,3 25,8 0,1 2,3 32,4 93,4 112,1 172,3 982,3
1992 90,9 131,3 113,8 74,1 50,1 3,2 0,0 0,0 17,8 38,7 122,9 54,0 696,8
1993 110,0 63,1 125,0 77,9 76,9 0,7 0,0 1,6 0,0 27,8 51,1 38,3 572,4
1994 133,1 45,6 107,7 94,3 42,4 0,8 0,0 7,3 3,8 90,6 180,0 83,9 789,5
1995 117,2 170,3 84,0 152,6 24,8 - - 0,0 - - - - -
1996 - - - - - - - 1,6 89,2 53,7 38,3 -
1997 36,6 39,4 96,3 100,7 69,6 11,6 0,0 17,8 5,5 111,5 64,9 143,0 696,9
1998 161,9 97,8 252,7 65,2 79,0 1,2 4,0 3,2 27,4 19,4 7,4 36,0 755,2
1999 70,5 64,4 141,2 61,9 16,9 0,0 0,0 - - - - - -
2009 33,9 101,2 105,0 141,7 97,6 0,0 0,0 15,2 9,8 87,5 78,4 151,0 821,3
2010 205,8 184,0 184,2 101,5 32,4 5,9 0,0 0,0 71,7 33,1 124,9 70,9 1014,4
2011 67,0 99,1 198,0 109,9 83,7 31,4 21,7 3,8 57,5 72,5 127,1 260,3 1132,0
Moy 109,6 109,8 129,5 113,9 64,2 8,4 2,9 10,1 35,3 64,7 91,3 107,5 841,6
31
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
32
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
̅
( ) (2.1)
( ) (2.2)
( ) (2.3)
F(m, ) est le facteur correctif du mois m et de la latitude . Il et donné dans une table.
33
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Figure 2. 6: Variation annuelle de l'évapotranspiration et des précipitations dans la plaine de la Basse Rusizi
34
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Deux types de vents soufflent sur la Basse Rusizi : les alizés du sud-est et les vents
locaux. Les alizés du sud-est agissent de façon déterminante sur le climat local. Ils
règlent directement les précipitations dans les zones de haute altitude et
indirectement les précipitations dans les zones de basse altitude dont la Basse Rusizi.
Ces vents secs sont dominants en saison sèche tandis qu’en saison pluvieuse le pays se
trouve sous l’influence de la zone de convergence intertropicale.
Les vents locaux observables dans la Basse Rusizi sont les brises et l’effet Foëhn
(Scaëtta, 1934). Les brises sont causées par des réchauffements différentiels des
surfaces. La brise du lac (ou brise lacustre) souffle du lac Tanganyika vers les
montagnes. Elle est diurne ; elle commence à souffler en fin de matinée et disparaît le
soir. La brise de terres, quant à elle, souffle la nuit des montagnes vers le lac. Quoi que
la force de ces brises soit faible, elles interviennent dans les phénomènes
d’évaporation et de transpiration des plantes et sont responsables d’une érosion
éolienne surtout en saison sèche sur les sols dénudés, surpâturés ou brûlés (Museruka
et Opdecamp, 1982). L’effet Foëhn est lié à la barrière topographique. Au contact avec
la crête Congo-Nil, les masses d’air subissent une déviation altitudinale et
s’engouffrent alors dans la vallée de la Rusizi, avec une grande vitesse.
Les vents violents sont rares. Les valeurs moyennes de la vitesse du vent mesurée à la
station Bujumbura-Aéroport sont illustrées sur la figure 2.8. La valeur moyenne de la
vitesse du vent pour la période de 1990 à 2010 est de 1,1 m/s. Les vitesses élevées
sont observées pendant la saison sèche (mois de juin, juillet, août et septembre).
35
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
2.3.5. L’insolation
2.4. Hydrologie
36
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
n’être plus interrompue que par quelques rapides. Dans son cours inférieur (en
dessous de la cote 820 m environ) et jusqu’à son embouchure au lac Tanganyika (774
m), la Rusizi développe une plaine alluviale de largeur moyenne atteignant 1500 m.
Son lit ordinaire est bien individualisé et sa largeur varie entre 40 et 60 m. Toute coupe
transversale met en évidence l’encaissement de la rivière par rapport à l’ensemble des
terres de la vallée (20 à 50 m et davantage) ainsi que l’existence de diverses terrasses,
sauf dans la région du delta.
La Rusizi prend sa source sur le lac Kivu et se jette dans le lac Tanganyika. Les eaux de
la Rusizi ont une conductivité électrique comprise entre 750 et 1400 micromhos/cm
(Frankart et Herbillon, 1971) avec d’importantes variations saisonnières affichant de
grandes valeurs en saison sèche. Les carbonates et bicarbonates sont les anions les
mieux représentés, tandis que le magnésium et le sodium dominent parmi les cations.
Cette salinité décroît d’amont en aval à cause de l’influence des affluents pauvres en
sels. Cependant, l’infiltration locale d’eau souterraine de mauvaise qualité
contrebalancerait, selon Logan, 1954 (Frankart et Herbillon, 1971), l’effet bénéfique dû
au débit des tributaires.
Suivant la classification des eaux d’irrigation de l’United States Salinity Bureau (1954),
les eaux de la Rusizi sont fortement salines (classe C3) à faible danger d’alcalinisation
(classe S1). Pour Wageningen, 1965 (Frankart et Herbillon, 1971), les eaux de la Rusizi à
coefficient d’absorption de sodium (SAR) égal à 2,66 sont très dangereuses pour
l’irrigation, vu leur « résidu Na2CO3 » extrêmement élevé. Sa valeur est voisine de 5,06
mmolc/L, or, les eaux ayant un résidu supérieur à 2,50 mmolc/L sont considérées
comme impropres à l’irrigation (Frankart et Herbillon, 1971).
Les eaux des affluents de la Rusizi sont caractérisées par une faible salinité. Les résidus
secs à 105 °C pour les affluents de la Rusizi sont compris entre 60 et 280 mg/L alors
37
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
qu’ils oscillent entre 8500 et 12200 mg/L pour la rivière Rusizi (Frankart et Herbillon,
1971). Les variations saisonnières sont insignifiantes.
Comme déjà signalé, la plaine de la Basse Rusizi présente des températures élevées, de
faibles précipitations, une humidité relative constamment basse le jour et proche de la
saturation la nuit. Avant son aménagement pour l’agriculture au cours des années
1950, un engorgement quasi-permanent d’eau caractérisait cette région à topographie
basse. A ces conditions inhospitalières à la vie humaine, s’ajoutaient la prévalence des
vecteurs du paludisme et de la bilharziose liée aux marécages et aux flaques d’eau
quasi-permanents. Les années 1950 correspondent avec les premières vagues
d’occupation des sols par les populations humaines déplacées des hautes terres pour
cultiver le coton sur des parcelles appelées « paysannats ».
En ce qui est de l’occupation végétale, la plaine de la Basse Rusizi n’a jamais été
complètement recouverte par une végétation forestière. On y trouve depuis
longtemps des savanes plus ou moins arbustives dominées par le palmier Hyphaene
petersiana et l’Acacia spp.(Reekmans, 1980). Avant les années cinquante, les
formations ligneuses denses à couvert continu occupaient la plus grande partie de la
Basse Rusizi. Au fur et à mesure que l’homme s’installe avec ses cultures, le couvert
végétal naturel régresse. Des superficies énormes furent consacrées à la riziculture
irriguée et d’autres sont devenues des zones de pâture non contrôlée entrainant
même un surpâturage. En 1959, toute végétation ligneuse avait disparu dans le secteur
des transversales et en périphérie des paysanats situés à l’est de la Route Bujumbura-
Cibitoke. Actuellement, la végétation naturelle n’est représentée que par la réserve
naturelle de la Rusizi, située à l’ouest de la Route Bujumbura-Cibitoke et dominée par
le palmier Hyphaene petersiana et Acacia spp.
Pour aborder l’origine des sels dans la plaine de la Basse Rusizi, nous explorons les
facteurs de salinisation tels que montrés dans le chapitre 1. Il s’agit notamment des
facteurs géologiques, du climat, de la composition des eaux du bassin hydrologique, de
l’état des eaux souterraines et des activités humaines.
Le climat est, pour le processus de remontée de sels, un facteur déterminant. Les sols
salins ne peuvent se former en général que sous climat aride et semi-aride. Dans la
plaine de la Basse Rusizi, le climat est dans l’ensemble semi-aride. C’est au cours de la
saison sèche que l’évaporation intense ramène à la surface tous les sels dissous par
l’eau en période humide ; d’où des efflorescences salines deviennent abondantes dans
les couches superficielles.
Durant la saison des pluies, les eaux de la Rusizi et de ses affluents (de même que
celles du lac Tanganyika dans les zones côtières comme le delta de la Rusizi) débordent
et recouvrent le sol qui s’imprègne des sels solubles que ces eaux contiennent. Au
moment de la saison sèche, la concentration des sels dans les sols s’effectue de façon
intense : pompées des profondeurs du sol par l’action de la chaleur, les eaux
souterraines sont amenées à la surface entrainant avec elles les sels qu’elles gardent
en solution. Lorsqu’elles arrivent près de la surface, une précipitation progressive des
sels s’effectue, devenant totale dans les derniers centimètres. Les sols salins de la
Rusizi trouveraient donc leur origine dans les inondations périodiques qui les couvrent.
- les métasédiments et les granites qui occupent les contreforts de la plaine : ce sont
des gneiss, des micaschistes, des lentilles de calcaires dolomitiques. A plusieurs
endroits, ces roches ont été traversées par de nombreuses injections magmatiques ;
- les quartzites stratifiés avec intercalations phylliteuses surmontées par des phyllites
très altérées ;
- les métapélites fort redressées qui recouvrent toute la crête Congo-Nil : ce sont des
schistes dans lesquels sont intercalés des amphibolo-chloristoschistes, avec de minces
niveaux quartzitiques.
40
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
La teneur en éléments salins des eaux souterraines est en relation avec la nature des
roches ou des sols au travers desquels l’eau s’est infiltrée (Adriaens et Waegemans,
1943). Toutes les roches peuvent s’altérer et donner des cations basiques mais elles
n’ont pas toutes les mêmes capacités d’altérabilité. Certaines roches sont plus
facilement altérables que d’autres.
Les études entreprises sur le volcanisme du Sud-Kivu, ont montré la présence des laves
basaltiques et alcalines (Kampunzu et al., 1984). La composition chimique des
échantillons de laves de la Haute Rusizi, côté RDC, est montrée au tableau 2.2. Des
laves tholéïtiques et alcalines (Tack et De Paepe, 1983) faisant partie de la province
volcanique de Sud-Kivu sont observées dans la partie septentrionale de la plaine.
41
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Tableau 2. 2 : Composition chimique des laves de la Haute Rusizi en pourcent (Kampunzu et al., 1984)
Lors de l’altération météorique, les cations K, Na, Ca, et Mg sont lixiviés de même que
la silice, l’aluminium et le fer et sont alors acheminés dans la Rusizi par les eaux de
ruissellement ou ses affluents. Par là, les roches basiques du bassin versant de la Rusizi
constitueraient la source primaire des sels présents dans les eaux de la Rusizi et dans
les sols de la plaine de la Basse Rusizi.
La vallée de la Rusizi, appartenant au grand Graben Central Africain, recoupe des bancs
volcaniques et draine les eaux des sources thermales et salines qui abondent dans ces
régions. Celles-ci sont elles-mêmes en relation avec les manifestations volcaniques qui
caractérisent ces régions (Ármannsson et Gíslason, 1983). Ainsi, de nombreuses
sources thermales sont signalées que ce soit du côté burundais que du côté congolais.
Dans la région de Cibitoke, des sources thermales sont fortement chargées en
bicarbonates, en sodium, en chlore, en potassium, en magnésium, en calcium, en
sulfate, etc… (Tableau 2.3). En analysant les compositions chimiques des eaux
thermales du Burundi, Ármannsson et Gíslason (1983) ont constaté que les eaux des
sources de Ruhwa, Ruhanga et Gasenyi de la province de Cibitoke sont très riches en
dioxyde de carbone ; c’est-à dire que leur valeur en CO2 est supérieure à 300 mg/L. De
plus, elles sont également riches en Cl et saturées par rapport à la calcite. Ces sources
thermales coulent directement vers la Rusizi qu’elles enrichissent ainsi en sels.
42
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Les eaux des rivières qui traversent la région ont une double possibilité de se charger
en éléments minéraux solubles provenant, soit de l’attaque progressive des bancs
volcaniques, soit des eaux thermales ou salines qui se jettent dans leur cours.
Comme montrée ci-haut, la Rusizi prend source au lac Kivu. Les eaux de ce lac sont
sous l’influence des teneurs en sels des laves volcaniques de la région et accusent de
concentrations consistantes en cations et anions solubles qui augmentent avec la
profondeur (Tableau 2.4). Dans son cours supérieur, la Rusizi collecte les eaux à salinité
élevées issues des régions volcaniques du Sud-Kivu et des eaux des sources thermales.
Après la traversée des zones volcaniques au niveau de la Moyenne Rusizi, la salinité
décroît d’amont en aval (Tableau 2.3), effet probablement dû à la dilution par les
affluents de la Moyenne Rusizi à faible salinité.
Tableau 2. 3: Composition chimique de l'eau de la Rusizi, du lac Tanganyika et des eaux thermales de la région de
Cibitoke (cations et anions en mmolc/L)
43
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Différentes indices (RSC, CE, SAR) montrent que les eaux de la Rusizi sont impropres à
l’irrigation (Frankart et Herbillon, 1971). Ses eaux sont en équilibre avec la nappe
phréatique de la plaine de la Basse Rusizi qu’elles inondent en certains moments. La
présence de sels (Chlorures, carbonates et sulfates) dans les sols de la Basse Rusizi
pourrait donc s’expliquer par des eaux de la Rusizi pompées dans les matériaux sablo-
argileux très perméables pendant les périodes arides de l’année.
Tableau 2. 4: Composition chimique de l'eau du lac Kivu et de la Rusizi (Degens et al., 1973)
Ca Mg K Na Cl SO4 N(NH4) P
Localité
mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mmol/kg mmol/kg
Kivu (0 m) 4,8 87 97,4 122 55 23,8 18 0,8
Kivu (100 m) 64 147 145 192 - 25 487 18,8
Kivu (200 m) 83,1 182 179 245 - 166 1314 32,7
Kivu (350 m) 111 394 315 465 - 214 546 53,2
Kivu (440 m) 113 417 338 487 - 220 7105 54,8
Rusizi (Près de
4,6 88 100 117 - - 2 1,1
Bukavu
Ce périmètre est irrigué à partir d’un barrage érigé sur la rivière Mpanda à Gatura et
l’eau est amenée par gravité vers la zone à irriguer par un canal tête morte de 6700 m.
L’eau de la rivière Mpanda, comme d’ailleurs celles des rivières de la Basse Rusizi, est
de bonne qualité pour l’irrigation (Tableau 2.3). L’ensemble du périmètre est doté d’un
vaste réseau d’irrigation et de drainage comprenant deux canaux principaux longs de
8500 m et de 4400 m respectivement, de canaux et drains secondaires totalisant des
44
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Dès le début des années 2000, la riziculture a attiré beaucoup d’agriculteurs. Des zones
de polyculture non dotées d’infrastructures d’irrigation ont été aménagées en rizières
sans plan de l’art par les agriculteurs. La quantité d’eau normalement destinée à
irriguer les seuls 1650 ha du périmètre aménagée de Mugerero devrait dès lors être
partagée avec les parcelles nouvellement mises sous riziculture. La superficie à servir a
passé à près de 3000 ha.
Bien que chaque parcelle ait un accès direct à un canal d’irrigation, l’irrigation ne se
fait pas de façon indépendante entre les parcelles. En effet, l’insuffisance de l’eau
d’irrigation a poussé les associations de riziculteurs à organiser l’usage de l’eau
d’irrigation par tours d’eau. L’eau n’est pas appliquée continuellement dans la parcelle,
sa distribution suit un partage dans le temps et dans l’espace. Toutes les exploitations
à servir sont regroupées en quartiers d’irrigation constitués de parcelles contiguës.
L’eau est fournie à toutes les parcelles d’un même quartier simultanément au moment
où les canaux desservant les parcelles d’autres quartiers en sont dépourvus.
Cependant, malgré tous les efforts pour servir tous les utilisateurs, la satisfaction des
besoins en eau reste une préoccupation majeure.
Dès le début des années 1990, l’entretien des drains et des canaux d’irrigation, qui
était sous la responsabilité directe de la SRDI, a été confié aux associations des
riziculteurs qui doivent mobiliser leurs membres pour l’exécution de ces travaux.
N’étant pas conscients des inconvénients du mauvais entretien de drains ou par
manque de punition aux contrevenants, les agriculteurs n’ont pas répondu
efficacement à ce travail. Des drains ont été alors mal entretenus, d’autres ont été
bouchés ; ce qui a rehaussé le niveau de la nappe phréatique qui était déjà chargée en
sels. La situation s’est empirée pendant la guerre de 1993 où des situations
anarchiques n’ont pas favorisé l’entretien des drains.
45
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi
Deux types de nappe existent au sein des formations lacustres anciennes qu’occupe le
périmètre de Mugerero (Frankart et Herbillon, 1971) : une nappe perchée qui se situe
à une grande profondeur (15 à 70 m) et une nappe suspendue temporaire qui résulte
de la compacité des horizons B et parfois du mauvais drainage externe. Pendant la
saison humide, le front d’humectation envahit l’horizon B et le transforme en une
couche plastique mais n’atteint pas l’horizon C. Vu que le niveau de la nappe perchée
est profond et que celle-ci n’est pas libre (Elle est sous pression, piégée sous une
couche d'argile), elle n’exercerait pas d’influence sur la chimie des sols de la couche
superficielle. Par contre, les eaux de la nappe suspendue sont sous l’influence de
l'évaporation. Pendant les périodes sèches, elles sont ramenées à la surface et
s’évaporent en laissant en surface les sels qui s’accumulent.
En bref, des sels auraient été laissés par le lac Tanganyika et/ou la rivière Rusizi et
auraient été lessivés vers les horizons de profondeur; ils sont solubilisés par les
inondations (riziculture et irrigation) et remontent actuellement à la surface sous
l'effet de l'évaporation et dans des conditions de mauvais drainage.
2.6.2. Conclusion
La plaine de la Basse Rusizi est constituée d’alluvions lacustres et fluviatiles issues des
contreforts kibariens aux roches métamorphiques et basiques susceptibles de générer
les sels par altération. Néanmoins, il est difficile de rechercher l’origine des sels dans
ces formations géologiques parce que les eaux des affluents de la Rusizi (côté
burundais) qui y prennent source présentent de faibles concentrations en sels.
Cependant, les roches carbonatées (marbres et encroûtements) pourraient constituer
une source de calcium.
Rusizi étant en équilibre avec la nappe phréatique de la Basse Rusizi, des sels diffusent
dans le profil du sol et sont ramenés dans les couches superficielles par remontée
capillaire. En cas de débordement pendant la saison pluvieuse, les sols s’imprègnent
des sels et, en saison sèche, les sels sont ramenés à la surface par évapoconcentration.
Si la principale origine des sels se situe dans le volcanisme et l’hydrothermalisme du
Kivu, d’autres sources mineures comprendraient l’hydrothermalisme du fond du lac
Tanganyika et les concrétions calcaires des contreforts de Mumirwa. Des facteurs
comme la topographie, la proximité du lac, le climat semi-aride et l’irrigation mal
conduite faciliteraient la concentration des sols en sels dans la Basse Rusizi.
En définitive, la Rusizi aurait le rôle de transporter les ions dont la source primaire
serait l’altération météorique des roches basiques, l’hydrothermalisme et le
volcanisme récent du Sud-Kivu. Leur accumulation dans les sols de la Basse Rusizi
serait accentuée par l’effet combiné du climat, de la topographie et de la proximité du
lac. Les sols du delta de la Rusizi, du fait de la proximité avec le lac Tanganyika seraient
sous l’influence directe des eaux du lac et recevraient, en plus des sels issus du
volcanisme du Sud-Kivu, des sels provenant de l’hydrothermalisme sublacustre du
Tanganyika.
47
Deuxième partie :
49
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
La salinisation des sols est une contrainte majeure à la production rizicole dans le périmètre de
Mugerero. Dans cette étude, les propriétés physico-chimiques des sols de ce périmètre sont
discutées. Les analyses ont porté sur 19 échantillons composites de surface (prélevés sur 13
parcelles rizicoles et 6 parcelles abandonnées) et 34 échantillons issus des profils pédologiques
(creusés sur trois parcelles abandonnées et sur une parcelle rizicole). Les variables analysées
étaient constituées des propriétés constitutives (granulométrie, minéralogie des argiles, taux
de matière organique et de carbonates totaux et capacité d’échange cationique) ainsi que des
propriétés de la solution au rapport sol/eau de 1/2 et du complexe d’échange propre à cette
dilution.
Les résultats d’analyse granulométrique montrent que les sols étudiés contiennent des taux
d’argile compris entre 5 et 68 % et des taux de sable qui varient entre 88 à 22% dans le sens
inverse de celui des taux d’argile tandis que les teneurs en limon oscillent autour de 10%.
L’analyse minéralogique de la fraction argileuse montre qu’elle est composée de la kaolinite,
de l’illite, des smectites et du quartz. Le taux de carbone organique varie entre 0,04 et 2,23%
tandis que celui des carbonates totaux varie entre 0,2 et 8,5%. La CEC mesurée avec l’acétate
d’ammonium à pH 7 (CEC-NH4) varie de 3 à 43 cmolc/kg et est, pour tous les sols, plus faible
que la CEC mesurée avec l’acétate de sodium à pH 8,2 (CEC-Na) qui est comprise entre 3 et 50
cmolc/kg. Les deux séries de CEC montrent de meilleures corrélations avec le taux d’argile (r2 >
0,89) qu’avec le taux de carbone organique (r2 < 0,30). Par ailleurs, la relation entre la CEC et
ses principales sources de charges superficielles du sol sont telles que CEC-Na = 2,98C% +
0,64A% (r2= 0,99) et CEC-NH4 = 3,02C% + 0,48A% (r2= 0,99) ; ce qui montre que le complexe
d’échange trouve une part importante de son origine dans les minéraux argileux 2:1. Les
solutions de sols montrent des pH alcalins à très alcalins (pH > 8 pour 45 solutions sur les 53) et
une conductivité électrique (CE) variant entre 0,05 et 11,12 dS/m avec une médiane de 1,21
dS/m. Les anions dominants sont soit les sulfates soit les bicarbonates tandis que le Na domine
parmi les cations avec une proportion moyenne de 82%. Contrairement aux observations
couramment faites dans la plupart de sols salés du monde, le Cl est faiblement représenté
avec en moyenne 1% de la charge anionique. Le complexe d’échange au rapport sol/eau de
1/2 est dominé par le Ca et le Mg pour la plupart des sols tandis que le taux de Na atteint 60%
pour certains cas; la part du K demeurant négligeable dans tous les échantillons.
D’autre part, le taux de sodium échangeable (ESP) moyen de 26% pour les parcelles
abandonnées est significativement supérieur à celui des parcelles rizicoles qui est de 8%. De
même, des augmentations significatives des taux d’argile et des carbonates totaux et de la CEC
51
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
sont observées avec la profondeur alors que les taux de carbone organique et de sable
diminuent avec la profondeur.
Par ailleurs, la sélectivité d’échange pour Na par rapport aux divalents (Ca+Mg) est
correctement décrit par un coefficient de sélectivité de Vanselow (KV) unique égal à 0,5 ou
celui de Gaines et Thomas (KC) égal à 0,3; tandis que la sélectivité de l’échangeur pour Mg par
rapport à Ca est décrit par un coefficient de sélectivité unique, KV = KC = 0,7. En outre, le
coefficient de sélectivité de Gapon (KG) n’est pas constant mais s’accroit avec l’augmentation
de l’ESP. Cependant, dans une gamme de faible sodicité (SAR < 20 mM0,5), une valeur KG de
l’ordre de 0,012 est valable pour des applications pratiques.
Abstract
Soils salinization is a major constraint to rice production in Mugerero paddy area. In this study,
the physico-chemical properties of soils of that locality are discussed. Fifty three soil samples
(19 composite samples collected from thirteen rice parcels and six abandoned parcels and 34
samples collected from three horizons of soil profiles dug in three abandoned parcels and one
rice parcel) were analyzed for intrinsic properties (texture, clay mineralogy, cation exchange
capacity (CEC), organic carbon content (C%) and limestone (CaCO3)), soluble variables and
composition in 1/2 soil to water ratio extracts (pH, electrical conductivity (CE), cations and
anions) and exchangeable cations.
Results show that our samples have clay content and sand content that vary from 5 to 68% and
from 88 and 22% respectively; silt content oscillating around 10%. X-ray diffraction of the clay
fraction shows illite, kaolinite, smectite and quartz as clay minerals. CEC measured using
CH3COONH4 (CEC-NH4) varies between 3 and 43 cmolc/kg and is less than CEC measured in
CH3COONa (CEC-Na) for all soil samples. The latter CEC varies from 3 to 50 cmolc/kg. The
relationships between CEC and the two sources of soil charge are such that CEC-Na = 2.98C% +
0.64A% (r2= 0.99) and CEC-NH4 = 3.02C% + 0.48A% (r2= 0.99); indicating that an important part
of the exchange complex has its origin in the 2:1 layer clay minerals.
Soil solution exhibit an alkaline pH and a CE varying from 0.05 to 11.12 dS/m with a median
value of 1,21 dS/m. Soil solution composition are dominated by sulfate or bicarbonate and
sodium. The latter cation represents an average proportion of 82% of cation charge. While
chloride is widely cited as dominant in salt-affected soils, its content in our soils solutions is
very low (average value of 1%). The exchange complex is dominated by Ca and Mg in many
soils while Na percentage reaches 60% in some cases. Comparing samples categories, we
found that there is no significant difference between the rice fields and those abandoned for
particle size distribution and for composition of the soil solution. However, the average
exchangeable sodium percentage (ESP) of 26% for abandoned parcels is significantly higher
than the one of rice parcels (average value of 8%). Regarding the vertical variability, significant
increases with depth are observed for clay and limestone content. Conversely, organic carbon
52
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
and sand content decreases significantly with depth. Moreover, Na – (Ca+Mg) exchange
equilibrium is well described using Vanselow and Gaines&Thomas selectivity coefficients equal
to 0.5 and 0.3 respectively. However, Gapon selectivity coefficient (KG) is not constant and
increases with the increasing sodic load; it seems constant and equal to 0.012 for low sodicity
(SAR < 20 mM0,5). Furthermore, the Mg – Ca exchange equilibrium is well described using a
unique value of selectivity coefficient equal to 0.7.
53
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
3.1. Introduction
La dégradation de la qualité des sols par la salinisation est un processus connu depuis
longtemps dans l’histoire de l’humanité. Ainsi, Jacobsen et Adams (1958) signalent que
ce phénomène est apparu dans le Sud de l’Irak vers l’an 2400 avant notre ère.
Actuellement, une superficie d’environ 830 millions d’hectares à travers le monde est
affectée par la salinité (Qadir et al., 2000), soit 15 % des terres agricoles (Munns, 2005)
et au moins 20 % des terres soumises à l’irrigation sont touchées par la salinité et/ou
irriguées par des eaux à forte concentration saline (Ghassemi et al., 1995). Selon Qadir
et al. (2000), plus d’une centaine de pays au monde connaissent des problèmes de
salinité des terres, principalement dans les régions arides caractérisées par des
évaporations supérieures aux précipitations.
La salinisation peut être causée par des processus naturels liés à l’altération d’alumino-
silicates primaires conduisant à la libération d’alcalinité par réaction avec l’anhydride
carbonique, et à la dissolution de roches évaporitiques au contact des nappes
souterraines (Marlet et Job, 2006). L’accumulation de sels dans les horizons
superficiels des sols peut aussi résulter de mauvaises pratiques agricoles telles que
l’irrigation par une eau salée, et un mauvais drainage des sels accumulés ; une
irrigation excessive par rapport aux besoins des plantes, même avec une eau de qualité
acceptable, peut aussi entraîner une remontée de la nappe phréatique favorisant
l’ascension capillaire des solutions et une précipitation des sels, voire même un
encroûtement salin, à la surface du sol soumise à une forte évaporation (Ghassemi et
al., 1995 ; Pitman et Lauchli, 2002).
Au Burundi, les sols affectés par la salinité sont situés dans la plaine de la Basse Rusizi
où ce processus a été suspecté depuis plusieurs décennies. Le goût salé des évaporites
de la plaine de la Rusizi laissait supposer une forte teneur en NaCl, raison pour laquelle
les éleveurs les utilisaient depuis longtemps pour accompagner l’alimentation du
bétail. Dans le périmètre de Mugerero, aménagé pour la riziculture irriguée et les
polycultures dans les années 1960 et 1970 (Kibiriti, 1981), les premiers signes de
salinité sont apparus au début des années 1980, et le phénomène s’est
particulièrement amplifié après la guerre civile de 1993. Selon un rapport récent de
Kabwa (2010), la salinité affecterait actuellement 375,52 hectares sur les 2534,06
hectares du périmètre, soit 15 % de la superficie, et 182 parcelles d’un demi-hectare
chacune particulièrement touchées ont été abandonnées par les agriculteurs. Les
pertes de production de riz de ce périmètre sont évidemment énormes.
55
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Quelques études menées sur la chimie des sols salés et de leur végétation au Rwanda-
Burundi (Adrians et Waegemans, 1943) et surtout sur la pédogénèse des sols de la
Basse Rusizi (Frankart et Herbillon, 1971) ont montré que ces sols contiennent des
minéraux relativement solubles tels que des carbonates et sulfates de sodium et de
magnésium. Ces caractéristiques particulières peuvent conduire non seulement à une
charge sodique excessive sur le complexe d’échange, mais également à un taux
important de magnésium échangeable. Cette charge particulière en Mg a fait l’objet de
beaucoup moins d’études scientifiques que celles qui sont consacrées à des charges
excessives en Na, caractéristique de très loin la plus fréquente dans les sols
salés/alcalins de par le monde.
De façon accessoire à l’objectif ci-dessus, nous vérifierons dans quelle mesure les
parcelles abandonnées et les parcelles encore sous riziculture se différencient sur le
plan physico-chimique. Un autre chapitre tentera d’établir l’impact des
caractéristiques du sol des parcelles sous riziculture, notamment le niveau et le type
de salinité, sur les paramètres du rendement du riz.
56
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Avec une altitude variant entre 775 m (dans le Delta de la Rusizi) et 1000 m (au niveau
de l’isohypse marquant le début de l’abrupt de faible pente vers l’est) (Nzigidahera,
2003), la plaine de la Basse Rusizi (Figure 3.1) est la région la plus basse et la plus
chaude du Burundi (température moyenne de 24°C). C’est une plaine fluvio-lacustre
adossée à l’est aux contreforts de la dorsale et cernée par la rivière Rusizi. Les
formations lacustres, dont la largeur peut atteindre plus de 20 km, sont ceinturées au
sud et à l’ouest d’alluvions fluviatiles et lacustres, récentes et actuelles. A l’est, des
dépôts de piémont, accrochés aux reliefs du versant oriental du graben, les
recouvrent. Des cordons sableux reposent, localement, en discordance sur ces diverses
entités morphologiques (Frankart et Herbillon, 1971). Le périmètre rizicole de
Mugerero fait partie des formations lacustres anciennes occupées par les vertisols et
les solonetz (Frankart, et al. 1965 ; Frankart et Herbillon, 1971).
La Basse Rusizi est parcourue par de petites rivières ; dans l’ordre suivant du nord au
sud : Kajeke, Ninga, Mpanda, Mutimbuzi et Ntahangwa. Le périmètre de Mugerero est
traversé par les rivières Ninga et Mpanda dont les eaux accusent une faible salinité
(AESED, 1962 ; Logan, 1954, cités par Frankart et Herbillon, 1971; Kabwa, 2010)
contrairement à celles de la Rusizi (Frankart et Herbillon, 1971).
La plaine de la Basse Rusizi bénéficie d’un climat semi-aride comme le montre sa faible
pluviométrie moyenne (806 mm/an) et son évapotranspiration potentielle moyenne
élevée (872 mm/an) (Hakiza, 2002). C’est un climat de type (AW4)S selon la
classification de Köppen repris par Lohrnann et al. (1993). Les pluies sont irrégulières
et erratiques, avec d’importantes variations entre années.
La zone sur laquelle se concentre notre étude couvre une superficie de près de 800 ha
au sud-ouest du périmètre rizicole de Mugerero (Figure 3.2), s’étendant sur les deux
blocs les plus touchés par la salinité, à savoir le bloc 81 et le bloc 91. Cette zone se
situe entre les coordonnées 29°21’ et 29°19’ de longitude est et 3°13’ et 3°15’ de
latitude sud.
Dix-neuf parcelles ont été sélectionnées au sein de cette zone, dont treize sous culture
de riz et six parcelles couvertes de végétation naturelle, abandonnées par les
agriculteurs il y a trois à deux décennies suite à une salinisation devenue
57
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Le choix des parcelles abandonnées était basé sur la composition du tapis végétal en
supposant que ce sont les variabilités des facteurs pédologiques qui imposent les
spécificités des espèces végétales dominantes sur les parcelles abandonnées. Dans
cette catégorie de sols, nous avons choisi trois parcelles à dominance de Cynodon sp.
(urucaca), deux parcelles à dominance de Cyperus platicaulis (indava) et une parcelle à
dominance du Typha domingensis (umubere). Les principales caractéristiques des
parcelles choisies ainsi que leurs coordonnées géographiques sont données en annexe.
3.2.2. Echantillonnage
Des échantillons de surface (0-25 cm) ont été prélevés à la tarière sur les 13 parcelles
rizicoles et les 6 parcelles abandonnées. Pour chaque parcelle, un échantillon
composite a été constitué par mélange de prises ponctuelles effectuées aux
écartements de 11 m x 12,5 m, (soit 24 prises par parcelle de 0,5ha). La méthode
d’échantillonnage systématique par quadrillage a été utilisée pour éviter toute forme
de subjectivité comme décrit par Mathieu et Pieltain (2003). Les prélèvements de sol
ont été réalisés en juillet 2011 après la récolte et le retrait de l’eau d’irrigation pour les
parcelles rizicoles.
Par ailleurs, des échantillons de profondeur ont été prélevés au sein de 4 parcelles :
une parcelle rizicole et trois parcelles abandonnées couvertes respectivement par
Cynodon sp., Typha domingensis (umubere) et Cyperus platicaulis (indava). A cet effet,
3 fosses pédologiques de 120 cm de profondeur ont été creusées sur chacune de ces
parcelles, en alignement sur la médiane principale, respectivement à 1/4, 1/2 et 3/4 de
sa longueur. La détermination des horizons a été faite sur la base de la couleur, de la
texture et de la résistance à la pénétration. Nous avons ainsi effectué des
prélèvements à 3 profondeurs à l’exception de la parcelle couverte de Cynodon sp. où
nous n’avons distingué que 2 horizons réellement marqués.
Les échantillons ont été séchés à l’air pendant deux semaines. Les sols secs ont été
ensuite broyés en pilant dans un mortier en porcelaine avec une pression modérée et
58
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
ensuite passés au tamis de 2 mm. Le tamisât ainsi obtenu a été ensaché et conservé
pour les analyses physico-chimiques.
59
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Les méthodes classiques d’analyse que nous avons utilisées sont décrites en détail
dans divers ouvrages tels que celui de Van Ranst et al. (1999), le Soil Survey Staff
(1996) et le Soil Survey Staff (2004). En bref, le fractionnement granulométrique a été
effectué après attaque de la matière organique par l’eau oxygénée et du calcaire par
l’acide chlorhydrique. La fraction argileuse a été dispersée par addition
d’hexaméthaphosphate de sodium suivie d’un traitement aux ultrasons. Le pH et la
60
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
conductivité électrique (CE) ont été mesurés sur des suspensions sol-eau au rapport
1/5 (w/v). La teneur en carbone oxydable a été déterminée par la méthode de Walkley
et Black et le calcaire total par addition de H2SO4 0,5M et titration en retour par NaOH
0,5M. Les cations extractibles et la capacité d’échange cationique (CEC) ont été
déterminées selon deux modalités, d’une part par la méthode Metson (extraction des
cations à l’Acétate-NH4 1M, pH 7 ; lavage de l’excès d’extractant à l’éthanol ; extraction
de NH4+ par KCl 1M), et d’autre part par la méthode Bower (extraction des cations à
l’Acétate-Na 1M, pH 8,2 ; lavage de l’excès d’extractant à l’éthanol ; extraction de Na+
par l’Acétate-NH4 1M, pH 7). Cette dernière méthode à pH plus élevé est préconisée
pour éviter, ou du moins minimiser, l’éventuelle dissolution de carbonate calcique par
une extraction à pH 7. En contrepartie, elle ne peut évidemment pas être utilisée pour
la mesure du sodium échangeable.
En outre, une analyse minéralogique de la fraction argileuse par diffraction des rayons
X a été réalisée pour les quatre échantillons composites de surface provenant des
quatre parcelles sur lesquelles on a creusé les fosses pédologiques. Cette analyse a été
faite sur la fraction argileuse décarbonatée et sans matière organique (échantillons
obtenus après traitement à l’eau oxygénée et à l’acide chlorhydrique lors de l’analyse
granulométrique). Les argiles étaient d’abord saturées en K ou en Mg. Les argiles
saturées en K étaient portées aux températures de 20°C, 150°C, 300°C et 550°C ; tandis
que celles saturées en Mg étaient analysées soit sans aucun autre traitement à 20°C,
soit après traitement à l’éthylène glycol (EG).
61
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Lorsqu’il s’est avéré opportun, les résultats ont été soumis à une analyse de la variance
à un seul facteur avec le logiciel SAS Enterprise Guide 4.3 en vue de comparer les
moyennes des paramètres pédologiques des parcelles rizicoles à celles des parcelles
abandonnées d’une part, et entre celles des horizons des profils pédologiques d’autre
part. A cet effet, les tests multivariés de Student-Newman- Keuls (P ≤ 0,05) ont été
utilisés. Des relations corrélatives sous forme de régression linéaire ont été établies
entre certaines variables physico-chimiques des sols avec Excel 2010.
Des tableaux détaillés de tous les résultats figurent en annexe. Dans la présentation
qui suit, les résultats seront repris en tableaux selon les besoins de comparaisons entre
groupes d’échantillons ou sous forme de graphiques reprenant l’ensemble des
échantillons.
L’examen visuel du triangle textural est complété par quelques analyses statistiques au
tableau 3.1. Pour les 19 échantillons composites de surface, aucune différence
significative de granulométrie moyenne n’est observée entre les parcelles rizicoles et
les parcelles abandonnées. Par ailleurs, l’analyse statistique confirme bien une
augmentation significative du taux d’argile avec la profondeur dans les 4 parcelles (les
62
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
valeurs moyennes pour chaque parcelle sont issues des résultats de 3 fosses
pédologiques), alors que le taux de sable varie dans en sens inverse, le taux de limon
ne présentant aucune variation significative avec la profondeur.
63
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 4: Spectres de diffraction des rayons X obtenus sur la fraction argileuse de quatre sols de Mugerero
64
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Deux méthodes ont été utilisées pour la mesure de la capacité d’échange cationique,
différant par le cation saturant (NH4+ ou Na+) et le tamponnement du pH de la solution
(pH 7 ou pH 8,2 respectivement). Les valeurs de CEC obtenues pour les 53 échantillons
de cette étude sont présentées à la figure 3.5.
On note une excellente relation linéaire entre les 2 types de mesures; la pente de la
relation CEC-Na vs CEC-NH4 (forcée ou non par l’origine) indique que les mesures de
CEC à pH 8,2 sont supérieures de 18 à 25% en moyenne aux mesures à pH 7. Cette
différence peut être due à la fois à une augmentation de la déprotonation des charges
variables avec l’augmentation de pH, et à un effet du cation saturant. Dans nos sols, les
faibles teneurs en matière organique, surtout dans les horizons de profondeur, et la
présence de minéraux argileux 2 :1 comme discuté ci-dessous, donne à penser qu’il
s’agit principalement d’une exploration plus large des sites d’échange par le Na que
par le NH4. Ce dernier cation pourrait refermer les feuillets argileux en périphérie,
rendant ainsi une partie des sites interfoliaires inaccessibles, alors que le Na, toujours
fortement hydraté, explorerait plus profondément ces sites interfolaires.
Il est intéressant de tenter de relier les valeurs de CEC aux deux grands types de
constituants responsables des charges négatives superficielles, à savoir les constituants
organiques et les minéraux argileux. Des régressions simples et doubles ont été
établies entre d’une part la CEC, et d’autre part la teneur en C organique (C%) et la
teneur en argile (A%). Les équations suivantes ont été obtenues :
65
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
66
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Tableau 3. 1 : Composition granulométrique, pH, CE, teneurs en carbone organique et en CaCO3 et valeurs de la capacité d'échange cationique des échantillons de sols de
Mugerero*
Hz Pr. Sable Limon Argile C CEC-NH4 CEC-Na CE1/5 pHH2O 1/5 CaCO3
(cm) (%) (%) (%) (%) (cmolc/kg) (cmolc/kg) (dS/m) (%)
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
a a a a a a a a a
A 0-25 57,2±21,3 10,8±1,6 32,0±20,6 1,36±0,6 20,0±12,6 24,6±14,7 0,44±0,38 7,9±0,8 1,18±1,62
Parcelles abandonnées (n=6)
a a a a a a a a a
A 0-25 64,2±21,4 10,4±1,8 25,4±21,2 1,13±0,7 15,3±10,5 18,9±11,8 1,35±1,86 8,65±1,4 1,85±2,07
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
a a b a b b b b b
A 0-35 78,7±1,1 7,6±0,4 13,6±1,1 0,65±0,11 9,4±0,9 11,1±1,5 0,05±0,04 7,8±0,9 0,56±0,19
b a a b a a a a ab
B 35-58 62,8±3,5 9,3±0,1 27,8±3,6 0,25±0,07 15,8±2,0 20,2±1,1 0,18±0,09 9,7±0,3 3,26±2,07
b a a b a a a a a
C 58-120 57,4±6,1 9,7±2,7 32,8±3,5 0,17±0,02 18,3±2,7 22,9±3,0 0,19±0,04 9,76±0,1 6,67±3,10
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp.
a a a a a a a a b
A 0-35 61,7±1,1 11,33±4,2 27,02±3,5 0,36±0,06 15,9±1,1 20,0±0,3 2,51±0,9 8,42±0,1 0,87±0,42
b a a b a a a a a
C 35-120 56,4±1,5 10,4±0,9 33,2±1,7 0,18±0,06 16,8±1,1 20,6±1,0 2,42±0,9 8,97±0,4 3,67±0,71
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
a a b a b b a b b
A 0-20 68,2±5,1 9,9±0,6 21,9±5,3 1,03±0,07 13,1±3,5 18,6±3,6 0,78±0,19 8,26±0,7 0,49±0,11
b a a b ab a a a ab
B 20-75 50,3±5,1 9,5±6,7 40,17±1,7 0,5±0,03 18,7±4,3 27,6±2,0 0,62±0,01 9,44±0,2 2,43±1,81
b a a c a a a a a
C 75-120 41,2±3,9 15,2±5,9 43,6±6,6 0,26±0,04 22,8±2,9 29,9±2,2 0,54±0,10 9,67±0,1 4,29±1,26
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
a a b a b b a a b
A 0-25 85,5±2,5 7,5±1,1 7,1±1,5 0,34±0,02 4,2±1,0 4,8±1,07 1,00±0,49 9,99±0,7 1,00±0,41
b a a ab a a a a b
B 25-77 60,2±5,8 8,4±3,4 31,4±3,2 0,27±0,04 17,1±2,1 21,4±2,1 1,75±1,71 9,44±0,7 1,1±0,19
c a a b a a a a a
C 77-120 48,0±1,5 15,4±7,4 36,5±8,7 0,15±0,09 18,1±2,0 23,0±2,8 1,33±1,58 9,53±0,4 4,26±1,37
*Les valeurs sont des moyennes suivies des écart- types
a,b,c
: Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. Pour les échantillons
des profils pédologiques, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne et dans la même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%
67
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 5: Relation entre la CEC-Na pH 8,2 et la CEC-NH4 pH 7 (en trait plein : régression linéaire non forcée par
l’origine ; en pointillé : régression linéaire forcée par l’origine)
La conductivité électrique (CE) des suspensions sol/eau 1/5 varie dans une très large
gamme, de moins de 0,1 dS m-1 à plus de 5 dS m-1 sur l’une des parcelles abandonnées,
traduisant des niveaux de salinité extrêmement variables. Bien que l’analyse
statistique présentée au tableau 3.1 ne révèle pas de différence significative entre les
parcelles abandonnées et les parcelles sous riziculture pour le facteur CE, les parcelles
abandonnées présentent dans l’horizon de surface une salinité relativement plus
élevée que les parcelles sous riziculture. Cette observation est confirmée par les
mesures sur profils, où sur toute la profondeur échantillonnée, la CE de la parcelle
rizicole reste inférieure à 0,2 dS m-1 ; parmi les 3 parcelles abandonnées, la plus
affectée par la salinité est celle où la végétation naturelle est dominée par Cynodon sp.
Si l’on voulait replacer ces sols dans une classification de salinité, il faudrait disposer
des conductivités de la pâte saturée. On peut estimer que les suspensions 1/5 sont 5 à
10 fois plus diluées que des extraits de pâte saturée (pour lesquelles, selon la texture, il
faut ajouter de 50 à 100 mL d’eau à 100 g de sol sec pour arriver à saturation). Un sol
est rangé dans la catégorie des sols salins si la CE de sa pâte saturée est d’au moins 4
dS m-1, ce qui correspondrait à une CE de l’ordre de 0,4 à 0,8 dS m-1 pour l’extrait 1/5 si
l’on ne considère, en première approximation, que l’effet de dilution des sels
solubilisés. Selon ce critère, les valeurs moyennes de CE des parcelles abandonnées
(échantillons de surface et des profils) relèveraient de sols salins, alors que les valeurs
moyennes de CE des parcelles rizicultivées seraient à la limite ou inférieure au seuil de
classification comme sol salin.
68
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
3.3.2.2. pH
Sur le plan analytique, la teneur en carbonates est déduite de la quantité d’acide fort
neutralisable par l’échantillon de sol. Cette consommation de protons est attribuée au
carbonate de calcium, la calcite, minéral carbonaté peu soluble dominant très
largement dans les sols à pH proche de ou supérieur à 8. Dans le cas de sols salins
alcalins, les minéraux carbonatés beaucoup plus solubles participent aussi à la réaction
et la conversion de la teneur en carbonate en teneur en CaCO3 doit donc être
effectuée avec prudence. Les résultats ont cependant été exprimés
conventionnellement en teneur en CaCO3, sous réserve d’affinement ultérieur dans ce
chapitre. Il s’avère que tous les échantillons sont carbonatés, ce qui est cohérent avec
les valeurs de pH. Les échantillons de surface présentent des teneurs de l’ordre du
pourcent de CaCO3, ces teneurs augmentant nettement avec la profondeur jusqu’à des
valeurs de 4 à 6 % dans l’horizon inférieur des profils échantillonnés.
Avant tout examen physico-chimique, nous avons d’abord procédé à une analyse de
cohérence de l’importante quantité de données résultant de l’analyse de solutions
extraites au rapport sol/eau 1/2 sur nos 53 échantillons. La cohérence des résultats
analytiques a été opérée sur la base d’une comparaison des CE et pH de ces solutions
avec les valeurs de ces paramètres mesurés au rapport sol/eau 1/5, sur la base d’une
comparaison entre concentrations équivalentaires totales de cations et anions, sur la
base d’une comparaison entre CE et concentrations salines totales, et sur la base de
69
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
relations d’équilibre entre cations des solutions et cations des complexes d’échange. Il
est apparu que 6 échantillons sur les 53 s’écartaient de l’allure générale des points
pour un ou plusieurs de ces critères, les « anomalies » concernant les cations et non
pas les anions. Il s’est avéré que ces échantillons correspondaient strictement à ceux
pour lesquels des concentrations non nulles d’Al et de Fe avaient été mesurées dans
les solutions extraites. Or il est clair que dans nos conditions d’extraction, il ne pouvait
y avoir d’Al ni de Fe en solution (solutions non acides, et en aérobiose), et que les
valeurs mesurées par ICP ne pouvaient dès lors provenir que de colloïdes ayant
échappé à la filtration, par accident ou par dispersion trop fine de certaines particules.
Après vérification qu’il ne s’agissait pas de colloïdes organiques, l’hypothèse logique de
la présence de fines particules argileuses a permis de soustraire des concentrations de
cations mesurées des quantités satisfaisant l’égalité entre somme des cations et
somme des anions, dans des rapports se conformant aux relations d’équilibre avec les
complexes d’échange établies sur la base des 47 échantillons ne présentant pas
d’incohérence analytique.
Figure 3. 6: Relation entre les concentrations anioniques (S An) et cationiques (S Cat) totales dans les extraits
aqueux 1/2 (à gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique ; en trait plein : régression linéaire non
forcée par l’origine ; en pointillé : régression linaire forcée à l’origine
70
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 7: Relation entre la salinité des solutions et la conductivité électrique (CE) des extraits aqueux 1/2 (à
gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique ; en trait plein : régression linéaire non forcée par
l’origine ; en pointillé : régression linaire forcée à l’origine
71
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 8: Relation entre la CE des solutions de sols au rapport 1/2 et celle des suspensions au rapport sol/eau
1/5 (en trait plein : régression linéaire non forcée par l’origine ; en pointillé : régression linéaire forcée par
l’origine ; à gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)
Quant aux valeurs de pH aux rapports sol/eau 1/2 et 1/5, la figure 3.9a montre aussi
que la dilution de la suspension induit des valeurs de pH plus élevées, observation
couramment rapportée dans la littérature (McGeogre, 1937 ; Keaton, 1938 ;
McGeogre, 1944 ; Binkley et Richter, 1987 ; Landon, 1991 ; Soil Survey Staff, 2009). La
différence entre les valeurs mesurées aux deux rapports sol/eau est attribuable, parmi
d’autres facteurs, à des différences de pouvoir tampon, qui dépend principalement des
constituants à charge variable et donc de la teneur en matière organique. La
figure 3.9b montre de fait une tendance en ce sens pour notre série d’échantillons de
sols, mais la figure montre aussi que d’autres processus interviennent manifestement
dans cette liaison, tels que l’effet tampon des carbonates solubles dépendant
notamment du pH lui-même, ainsi que l’effet tampon lié à la solubilité de la calcite.
Figure 3. 9a: Relation entre le pH des extraits aqueux au rapport 1/2 et le pH des suspensions de sol au rapport
1/5 (à gauche) ; Figure 3.9b. Relation entre la différence de pH aux dilutions sol/eau 1/5 et 1/2 et la teneur en
carbone oxydable (à droite)
72
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Globalement, les variations de salinité totale des solutions extraites, telles que
traduites par les variations de conductivité électrique, résultent de concentrations
variables en Na (Figure 3.10). Le coefficient de régression de 9,46 entre CE (dS.m-1) et
concentration en Na (mmolc. L-1) confirme que le cation largement dominant dans la
salinité totale est le Na, puisque ce coefficient est de l’ordre de celui qui lie la CE à la
concentration totale en sels. La figure 3.11 montre par ailleurs que l’anion sulfate
présente des concentrations qui suivent de près celles du sodium. Les concentrations
en Mg et sulfate sont bien corrélées (r2 = 0,82), mais le Mg présente toutefois des
concentrations 4 à 5 fois moindres que celles du sulfate. Et lorsque l’on somme les
concentrations en Na et Mg, on obtient une relation linéaire remarquable avec la
concentration en sulfate (Figure 3.12), avec une pente proche de l’unité indiquant que
la salinité de nos solutions est largement dominée par les sels sulfatés de Na et Mg.
Figure 3. 10: Relation la concentration en Na et la conductivité électrique dans l’extrait sol/eau 1/2 (à gauche:
échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)
73
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 11: Relation entre les concentrations en sulfate et les concentrations en Na des extrait sol/eau ½ (à
gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)
Figure 3. 12: Relation entre la concentration en sulfate et la somme des concentrations en Na et Mg dans les
extraits sol/eau 1/2 (en trait plein : régression linéaire non forcée par l’origine ; en pointillé : régression linéaire
forcée par l’origine ; à gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)
D’un point de vue qualitatif, le diagramme de Piper est une façon commode de
représenter les faciès chimiques d’un ensemble d’échantillons d’eaux ou de solutions
(Briel, 1993). A la figure 3.13, les triangles du bas représentent les faciès cationiques et
anioniques, et le losange du haut synthétise le faciès global.
74
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 13: Représentation des solutions de sol sur le diagramme de piper (réalisé avec le programme
DIAGRAMMES Version 5.8)
75
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 14: Relation entre les concentrations de (bi)carbonates et le pH dans les extraits sol/eau 1/2 (à gauche) ;
relation entre la somme des concentrations en sulfate et chlorure et le pH dans les extraits sol/eau 1/2 (à droite)
Le tableau 3.2 présente les valeurs moyennes des compositions des solutions selon
diverses catégories de nos échantillons. Une comparaison des valeurs moyennes des
caractéristiques ioniques des solutions entre parcelles rizicultivées et parcelles
abandonnées met en évidence des concentrations moyennes de Na, Mg, et SO 4 très
nettement supérieures dans les parcelles abandonnées, mais la très grande variabilité
de ces parcelles de permet pas d’en dégager le caractère statistique significatif. Au sein
d’un même profil, nous n’observons pas non plus de variation statistiquement
significative des concentrations de ces ions avec la profondeur, tout en rappelant que
les profils sous parcelles abandonnées présentent des concentrations ioniques très
nettement supérieures aux profils de la parcelle rizicultivée.
76
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Tableau 3. 2: Caractéristiques chimiques des solutions des échantillons des sols de Mugerero
2+ 2+ + + - 2- 2- -
Hz Pr pH H2O CE Ca Mg K Na Cl SO4 CO3 HCO3
(cm) dS/m -------------------------------------------------------------mmolc/L--------------------------------------------------------------------------
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13
a a a a a a a a a a
A 0-25 7,46±0,65 1,05±0,9 1,52±1,77 1,57±1,88 0,13±0,09 8,6±7,6 0,1±0,05 9,06±9,4 0±0 1,8±1,12
Parcelles abandonnées (n=6)
a a a a a a a a a a
A 0-25 7,92±1,39 2,96±4,04 2,85±5,15 6,89±15,12 0,13±0,07 27,3±35,8 0,43±0,6 32,31±57,2 0,6±1,41 3,1±3,19
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
b a a a a a a a a
A 0-35 7,37±0,66 0,21±0,14 0,68±0,69 0,41±0,40 0,03±0 1,7±1,45 0,04±0,02 0,20±0,13a 0±0 1,98±1,49
a a a a a a a a a
B 36-57 8,68±0,38 0,35±0,11 0,13±0,05 0,14±0,07 0,02±0,01 3,33±1,26 0,06±0,02 0,96±1,32a 0,18±0,20 2,99±0,68
a a a a a a a a a
C 58-120 8,5±0,31 0,32±0,08 0,15±0,01 0,14±0,03 0,03±0,01 3,09±0,65 0,06±0,02 0,67±0,43a 0,08±0,08 2,30±0,31
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
a a a a a a a a a a
A 0-38 7,22±0,18 5,75±1,74 9,12±3,09 12,96±4,9 0,09±0,01 50,1±15,7 0,53±0,62 67,89±25,3 0±0 1,05±0,43
a a a a a a a a a a
C 35-120 7,81±0,32 5,78±2,25 7,08±5,54 10,58±7,9 0,08±0,04 55,7±18,7 0,69±0,45 66,67±30,9 0±0 1,04±0,39
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
b a a a a a a a a a
A 0-20 7,2±0,25 1,87±0,42 1,88±1,43 2,33±1,59 0,11±0,05 14,8±3,4 0,22±0,07 16,83±5,4 0±0 1,49±1,13
b b a a b a a b a a
B 20-75 7,65±0,28 1,28±0,11 0,37±0,17 0,50±0,17 0,03±0 11,5±1,03 0,12±0,07 9,25±1,61 0±0 2,50±0,35
a b a a b a a b a a
C 75-120 8,29±0,05 1,08±0,21 0,31±0,05 0,27±0,06 0,02±0 9,99±1,99 0,11±0,03 7,51±2,25 0,02±0,03 2,69±0,46
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
a a a a a a a a a a
A 0-25 8,8±1,27 2,36±1,32 0,36±0,18 0,62±0,70 0,08±0,01 24,61±12,0 0,09±0,05 18,67±16,5 1,22±1,68 5,09±3,96
a a a a a a a a a a
B 25-77 7,95±0,85 4,18±4,45 1,79±2,80 2,60±4,12 0,05±0,04 42,05±46,6 0,11±0,1 41,98±52,3 0,03±0,05 1,73±1,16
a a a a a a a a a a
C 77-120 8,39±0,86 3,08±4,00 1,42±2,09 2,63±3,98 0,09±0,02 31,21±40,7 0,09±0,04 31,12±47,1 0,25±0,22 3,31±2,0
77
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Une spéciation chimique de toutes les solutions extraites a été effectuée grâce au
logiciel Visual Minteq (Gustafsson, 2010) avec comme objectif principal d’examiner
l’état de saturation de nos solutions par rapport à certains minéraux.
dont la valeur est définie comme étant le produit de solubilité K s dans une solution
saturée par rapport au minéral.
Un index négatif indique que la solution n’est pas saturée par rapport au minéral
étudié, et un index positif indique une sursaturation.
Le logiciel Visual Minteq fournit les index de saturation relatifs à tous les minéraux
constitués de compositions diverses des espèces effectivement présentes dans les
solutions analysées.
78
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 15: Relation entre l’index de saturation en calcite et la teneur en carbonates totaux, traduite en teneur
en CaCO3
Comme nombre de nos solutions sont riches en sulfate, il est intéressant d’examiner
l’index de saturation par rapport au gypse CaSO4.2H2O. Selon la figure 3.16, les
solutions les plus concentrées en SO42- s’approchent de la saturation par rapport au
gypse. On peut donc s’attendre à ce qu’à des rapports sol/eau plus élevés que celui
auquel nos solutions ont été extraites, le gypse précipite. Outre la calcite, le gypse
constitue un minéral déterminant les concentrations en Ca. Ceci est évidemment le cas
des sols en place où la teneur pondérale en eau serait de l’ordre de 35-40% à
saturation en eau.
79
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 16: Relation entre l'index de saturation en gypse et la concentration des solutions en sulfate dans les
extraits sol/eau 1/2
En ce qui concerne le magnésium, le seul minéral répertorié par Visual Minteq dont
l’index de saturation s’approche de 0 pour quelques sols est la magnésite MgCO 3.
Aucune relation n’est toutefois observée entre l’index de saturation en magnésite et la
concentration en Mg des solutions qui, comme le Na, est bien corrélé à la
concentration en sulfate. Par contre, on note un parallélisme très étroit entre les index
de saturation en magnésite et en calcite (Figure 3.17).
Figure 3. 17: Relation entre les indices de saturation en magnésite et en calcite dans les extraits sol/eau 1/2
80
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
L’extraction des cations par percolation à l’Ac-NH4 et à l’Ac-Na inclut non seulement les
cations occupant le complexe d’échange, mais également les cations des sels
solubilisés lors de cette opération. La composition du complexe d’échange ne peut
donc être établie qu’en soustrayant les cations solubles des cations extraits. Comme
les équilibres entre complexe d’échange et solution du sol sont fonction, notamment,
de la force ionique de la solution, ce calcul n’est valable, de façon rigoureuse, que pour
une teneur en eau donnée dont est directement fonction la dilution des sels solubles.
Nous nous référerons donc ici au rapport sol/eau 1/2 ; dans un autre chapitre, nous
effectuerons la même démarche à différents rapports sol/eau afin de généraliser les
résultats exposés ici et de permettre le calcul des compositions des complexes
d’échange et solutions d’équilibre à une teneur en eau quelconque.
Comme la solubilité de certains sels ou minéraux carbonatés est tributaire du pH, nous
comparons d’abord les résultats des extractions cationiques à pH 7 (Ac-NH4) et à pH
8,2 (Ac-Na).
La comparaison des quantités de Ca extraites selon ces deux procédures est présentée
à la figure 3.18. On note que pour un bon nombre d’échantillons, la quantité de Ca
extraite à pH 7 est supérieure à la quantité extraite à pH 8,2. La raison en est évidente,
et est d’ailleurs à la base de la préconisation d’une extraction à pH supérieur pour les
sols contenant du CaCO3. En effet, on note à la figure 3.19 une liaison claire entre
l’excès de Ca extrait à pH 7 par rapport à pH 8,2 et la teneur en carbonates totaux
exprimée en CaCO3. Pour les sols peu carbonatés, les valeurs de Ca extraites sont
sensiblement identiques. Le Ca extrait à pH 7 provient donc en partie de la dissolution
de CaCO3 et il est donc clair que le calcul du Ca effectivement échangeable doit se
baser sur les extractions à pH 8,2 où la dissolution de CaCO3 ne peut être que
négligeable.
81
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 18: Comparaison entre le Ca extractible Figure 3. 19: Relation entre le Ca extrait selon les deux
avec AcNa pH8,2 et avec AcNH4 pH7 méthodes (AcNH4 pH7 – AcNa pH8,2) et la teneur totale
en carbonates exprimée en % CaCO3
En ce qui concerne le magnésium, la figure 3.20 montre que les quantités extraites aux
deux valeurs de pH sont remarquablement bien corrélées, avec un coefficient de
régression proche de l’unité. Ceci indique que le Mg extrait provient (quasi)
exclusivement du complexe d’échange et de sels très solubles dont la solubilité serait
totale aux valeurs de pH de nos deux extractifs. En d’autres termes, cela signifierait
que nos sols ne contiendraient pas, ou très peu, de minéraux magnésiens carbonatés
peu solubles, et que les carbonates totaux mesurés dans nos analyses peuvent de fait
être traduits de façon raisonnablement correcte en teneur en CaCO 3. Cette conclusion
n’est pas en contradiction avec la présence suspectée de calcites magnésiennes dans
nos sols, sachant que la libération de Mg à pH 7 par ce minéral ne peut qu’être très
faible par rapport à la libération de Ca, si l’on s’en réfère au faible niveau de dopage en
Mg de ces calcites, et à l’étroite relation entre les concentrations en Mg et sulfate des
solutions extraites.
82
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 20: Comparaison entre le Mg extrait avec AcNa pH 8,2 et avec AcNH4 pH 7
Figure 3. 21: Comparaison entre le K extrait avec AcNa pH 8,2 et avec AcNH4 pH 7
Il n’est évidemment pas possible de comparer le sodium extrait dans les deux
procédures puisque l’extractif de pH 8,2 est un sel de Na. Toutefois, les sels de Na sont
éminemment solubles, et on peut logiquement considérer que le Na total extrait à
l’Ac-NH4 représente effectivement la somme du Na provenant des complexes
d’échange et des sels solubilisés.
En conclusion de ces comparaisons, la composition cationique des complexes
d’échange sera calculée sur la base du Ca, Mg, et K extraits à l’Ac-Na et du Na extrait à
l’Ac-NH4. Les figures 3.22 et 3.23 confortent la validité de cette démarche. Ainsi, si on
soustrait les cations solubles des cations extraits totaux (comparés à la CEC en figure
3.22), on obtient les résultats présentés à la figure 3.23 où la somme des cations
échangeables est bien corrélée et effectivement très proche de la CEC mesurée à l’Ac-
Na pH 8,2.
Figure 3. 22: Comparaison entre la somme des Figure 3. 23: Comparaison entre somme des cations
cations extraits et CEC-Na échangeables (différence entre cations extraits totaux et
cations solubles) et CEC-Na
84
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
dans les parcelles abandonnées que dans les parcelles sous riziculture. Un ESP moyen
de 26% dans les parcelles abandonnées représente un niveau de sodification
réellement très élevé selon les normes USDA (1954). Ce taux très élevé de Na
échangeable se confirme sur toute la profondeur des profils creusés dans 3 parcelles
abandonnées.
Le Mg échangeable atteint dans tous les échantillons des niveaux peu fréquemment
rencontrés dans les sols du monde et, comme dit plus haut, il s’agit d’une
caractéristique propre à notre zone d’étude qui mérite donc une analyse physico-
chimique particulière des relations d’équilibre avec la solution du sol.
Tableau 3. 3: Cations échangeables calculés au rapport sol/eau 1/2 et pourcentages des cations échangeables
85
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
L’objectif de cette section est de mettre en évidence les relations d’équilibre existant
entre les cations fixés sur le complexe d’échange et la composition cationique de la
solution libre telle qu’établie au rapport sol/eau 1/2. Nous examinerons d’abord les
échanges entre d’une part le sodium et d’autre part les cations divalents Ca, Mg. Nous
établirons ensuite les relations propres au couple Ca-Mg.
où Naéch et Déch représentent les cations fixés sur le complexe d’échange, en cmolc/kg ;
et CD et CNa sont les concentrations en solution exprimées conventionnellement dans
ce formalisme en mmole/L.
En définissant le taux de sodium échangeable, ESP (%), comme suit :
on obtient :
86
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Cette équation a été établie sur la base d’analyses de pâtes saturées effectuées sur 59
échantillons de sol récoltés dans 12 états de l’Ouest des USA. Le coefficient de
détermination r2 était de 0,852. L’ordonnée à l’origine, ESR = -0,0126, correspond à un
ESP de négatif. De même, tous les SAR < 0,85 correspondent aux ESP négatifs, valeurs
qui se situent dans la gamme de l’erreur expérimentale, et qui, en soi, n’ont pas de
sens thermodynamique puisqu’une solution partiellement concentrée en Na ne peut
être en équilibre avec un échangeur ne contenant pas de Na (ESR < 0).
En appliquant ce formalisme à l’ensemble de nos mesures, nous obtenons les résultats
présentés à la figure 3.24.
87
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 24: Relation entre ESR et SAR observée (a) pour les 53 échantillons de cette étude, et (b) pour 23
échantillons présentant les sodicités les moins élevées
On note pour l’ensemble des points une relation curvilinéaire entre ESR et SAR
(Figure 3.24a), ce qui signifierait que le coefficient de sélectivité KG augmenterait avec
l’accroissement de charge sodique sur l’échangeur. Ceci est paradoxal en ce sens que
le sodium occuperait des sites de plus en plus sélectifs à mesure que le complexe
d’échange devient de plus en plus saturé en Na. Il se conçoit au contraire qu’un cation
occupe d’abord les sites pour lesquels il marque la plus forte sélectivité, si différents
types de sites participent à la charge de l’échangeur. En réalité, ce paradoxe est lié au
fait que le formalisme de Gapon ne repose pas sur une approche thermodynamique
rigoureuse et que sa définition mathématique implique que K G tende vers l’infini
lorsque ESP tend vers 100%, ce qui n’a aucun sens physico-chimique (Evangelou et
Phillips, 1987 ; Evangelou et Phillips, 1988). Le coefficient de sélectivité de Gapon ne
peut être utilisé avec une certaine confiance que dans une gamme non excessive et
limitée de charge sodique, alors que notre collection comprend des échantillons dont
le ESP est rarement rencontré dans les études publiées. Si l’on se limite à la zone de
moindre sodicité (Figure 3.24b), on observe une relation linéaire satisfaisante entre
ESR et SAR, cette zone pouvant dès lors être caractérisée par une valeur constante de
KG de l’ordre de 0,012.
Il n’est pas sans intérêt de retourner aux données sources qui sont à la base de la
relation linéaire publiée par l’USDA (1954, p.27); la gamme de sodicité couverte
s’étend jusqu’un SAR de l’ordre de 60 mM1/2 et un ESR proche de l’unité, soit un
domaine comparable à celui de la présente étude, mais toutefois dans des extraits de
pâte saturée où l’on s’attend logiquement, selon les lois d’échange ionique, à des ESR
et SAR plus élevés que dans des systèmes plus dilués tels que les nôtres. On y relève
88
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
des points expérimentaux s’alignant de près sur une droite pour SAR < 20 et, par
contre, une grande dispersion des points au-delà de cette valeur, pour lesquels la
relation linéaire est tracée, sans pouvoir pour autant affirmer que cette zone de forte
sodicité peut être caractérisée par un coefficient de Gapon unique.
Nonobstant cette réserve, il est intéressant de noter que toutes nos mesures s’alignent
sur une relation linéaire entre ESP et SAR (Figure 3.25a), permettant ainsi de dégager
une relation empirique unique valable pour l’ensemble de nos observations malgré la
très grande diversité de salinité totale et de charge sodique.
Figure 3. 25: Relation entre ESP et SAR observée (a) pour les 53 échantillons de cette étude, et (b) pour 23
échantillons présentant les sodicités les moins élevées
Une focalisation sur la zone de moindre sodicité (Figure 3.25b) conduit à une équation
de régression dont la pente (1,07) est très proche de celle qui caractérise la totalité de
nos mesures (1,12).
Les relations obtenues pour nos sols de la basse vallée de la Rusizi peuvent être
comparées à celles qui ont été publiées par divers auteurs (Tableau 3.4). Toutes les
équations ESR vs SAR proposées comportent une ordonnée à l’origine non nulle, sans
doute non significativement différente de zéro pour la plupart d’entre elles. Il aurait
été pertinent de voir dans quelle mesure l’imposition d’un résidu nul affecte la qualité
de la régression linéaire, étant donné l’incohérence thermodynamique d’une charge
sodique non nulle, voire négative, pour SAR = 0. Les pentes se situent pour la plupart
dans une gamme de l’ordre de 0,011 à 0,017, avec une valeur extrême de 0,006. En
nous tenant à la zone de sodicité limitée telle que figurée à la Figure 3.24b où nous
observons effectivement une relation linéaire entre ESR et SAR, la pente calculée est
89
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
de 0,012, ce qui se situe dans le domaine des valeurs rapportées dans le tableau 3.4.
Une comparaison plus poussée visant à relier les pentes des équations de régression,
assimilables au coefficient de sélectivité de Gapon, à la nature des constituants des
sols étudiés serait peu pertinente. En effet, ces équations ont été établies pour des
gammes très variables de sodicité, de salinité et de rapport sol/eau ; en outre, comme
on l’a dit, l’expression de la sélectivité d’échange par le coefficient KG pose un réel
problème conceptuel.
2
Origine des Sols Equation de régression R Nombre Référence
linéaire d’échantillons
Ouest des USA ESR = -0,0126 + 0,01475 SAR 0,85 59 USDA (1954)
Inde ESR = 0,1149 + 0,0109 SAR 0,79 150 Paliwal et Gandhi (1976)
Horizon A (Duagh- ESR = 0,0076 + 0,0058 SAR 0,9 35 Harron et al. (1983)
Malmo)
Horizon B (Duagh- ESR = -0,0180 + 0,0173 SAR 0,9 35 Harron et al. (1983)
Malmo)
Punjab (Pakistan) ESR = 0,0063 + 0,0124 SAR 0,92 58 Franklin et Schmehl (1973)
Southern Alberta ESR=-0,003 + 0,013SAR 0,81 304 Bennett (1988)
(Canada)
90
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Nous avons attiré l’attention sur le fait que le formalisme de Gapon ne repose pas sur
une approche thermodynamique rigoureuse des équilibres d’échange ionique. La
raison en est que dans la définition du coefficient de sélectivité, ce sont les moles-
charges, ou équivalents, d’échangeur garni de Na ou de divalents qui sont prises
comme référence en phase surface alors que ce sont les moles de cations qui sont
logiquement considérées en solution (Sposito, 1977). Or, sur le plan
thermodynamique, l’équilibre est atteint lorsque les potentiels chimiques de chaque
cation sont identiques en phase surface et en phase solution. Cette approche plus
rigoureuse est à la base du formalisme de Vanselow, partant de l’équation d’échange
suivante :
où D2+ et Na+ désignent les cations présents en phase surface, et D2+ et Na+ les cations
en solution.
Le coefficient de sélectivité de Vanselow, KV, est alors défini sur la base des activités
cationiques en solution (aD et aNa) et des fractions molaires en phase surface (MD et
MNa) :
Si l’on symbolise le « Sodium Adsorption Ratio » basé sur les activités cationiques par
SAR*, soit
on peut écrire :
L’ensemble de nos résultats sont présentés à la figure 3.26 selon cette relation.
91
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Figure 3. 26: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Vanselow (MNa et MD : fractions molaires de Na et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium
adsorption ratio défini sur la base des activités en solution)
En pratique, il est donc possible de se référer à une valeur unique de K V pour modéliser
les équilibres d’échange Na-Divalents dans toute la gamme de salinité et de sodicité de
notre collection très diversifiée de sols de la basse vallée de la Rusizi. Le taux de
sodium échangeable, ESP, peut être déduit de la fraction molaire de Na et des
divalents, en considérant les équations suivantes :
MD = 1 - MNa (3.25)
et
ESP = 100 MNa / (2 - MNa) (3.26)
92
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Nos résultats sont présentés sous cette forme à la figure 3.27 pour toute la gamme de
nos valeurs de SAR* et pour SAR* < 0,5.
Figure 3. 27: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Gaines & Thomas (ENa et ED : fractions ioniques équivalentes de Na et de divalents en phase
surface ; SAR* : sodium adsorption ratio défini avec les activités)
93
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
On note que nos résultats sont correctement représentés par une valeur unique de KC
de l’ordre de 0,29 – 0,30 (pente des droites sur la figure 3.27).
Pour illustrer le propos quant aux différences de fondement entre les coefficients de
sélectivité KG, KV et KC, nous avons simulé des équilibres d’échange avec une valeur
constante de KV = 0,5 et nous avons calculé les valeurs correspondantes de K G et KC
pour une charge sodique croissante (logiciel « Ech Kv Cst », cours de Physico-chimie
biologique de l’eau et du sol, UCL 2012). Pour la cohérence de la comparaison, nous
avons exprimé le coefficient de Gapon en termes de molarité des cations en solution
et non pas de millimolarité tel que défini traditionnellement (point 3.5.1.1).
Comme le montre la figure 3.28, malgré une sélectivité sodique constante telle
qu’exprimée par le coefficient de Vanselow KV, le coefficient de Gapon KG augmente
avec le taux de sodium échangeable et tend vers l’infini lorsque ESP tend vers 100%,
confirmant ainsi l’hiatus de formulation mathématique de ce coefficient. Le coefficient
de Gaines et Thomas, KC, augmente quant à lui légèrement avec l’ESP, ce qui pose tout
de même la question des différences de signification entre KV et KC qui ont fait débat
entre les pionniers de la thermodynamique de l’échange ionique.
Figure 3. 28: Evolution du coefficient de sélectivité de Gapon (KG) et du coefficient de sélectivité de Gaines &
Thomas (KC) avec le pourcentage de Na échangeable (ESP) pour des équilibres d’échange ionique simulés avec
une valeur constante du coefficient de Vanselow (KV = 0,5)
94
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
où Mgéch et Caéch se réfèrent aux cations sur le complexe d’échange, et CMg et CCa sont
les concentrations de ces cations en solution. Les unités utilisées ici, pourvu qu’elles
soient cohérentes, n’ont pas d’importance vu qu’il s’agit de cations de même valence,
par exemple cmolc/kg pour les cations adsorbés et mmolc/L pour les cations en
solution.
Figure 3. 29: Relation entre les rapports Mg/Ca en solution et sur le complexe d'échange
Ca par rapport au Mg. Dans les modèles d’échange ionique, une valeur unitaire de
KMgCa est souvent utilisée. C’est sans doute acceptable en première approximation
dans la plupart des régions du monde où le Mg n’occupe qu’une faible fraction du
complexe d’échange. Mais il est clair que cette hypothèse de non sélectivité pour deux
cations de valence identique doit être nuancée dans notre contexte pédologique où les
sols présentent la particularité d’une charge importante de Mg sur le complexe
d’échange. Une affinité supérieure du complexe d’échange pour le Ca par rapport au
Mg est bien établie dans des sols dont la CEC est largement d’origine organique (Baes
et Bloom, 1988 ; Curtin et al., 1998) suite à la formation de chélates de Ca alors que le
Mg est nettement moins impliqué dans de tels complexes. Mais comme nous l’avons
établi précédemment dans ce chapitre, la CEC de nos échantillons relève très
largement des minéraux argileux dont la sélectivité pour des cations de valence
identique dépend de l’hydratation de ces cations (Teppen et Miller, 2005). En
l’occurrence, le Mg de plus petit rayon ionique que le Ca présente une énergie
d’hydratation supérieure et se départit plus difficilement d’une partie de son
enveloppe d’hydratation au voisinage des surfaces minérales chargées, ce qui diminue
son énergie de fixation sur les sites d’échange.
Comme pour les relations d’échange impliquant le Na, nous avons examiné dans quelle
mesure la prise en compte des activités cationiques de Mg et Ca en solution au lieu des
concentrations en éléments est susceptible d’améliorer la corrélation présentée à la
figure 3.29. Les coefficients d’activité du Mg et Ca étant identiques, on ne pouvait
s’attendre ici qu’à un effet de formation de paires ioniques avec les anions. Cette
opération n’a pas donné lieu à un coefficient de détermination supérieur.
Signalons enfin que les formalismes de Vanselow et de Gaines & Thomas pour
l’échange de cations homovalents ne diffèrent en rien de ce qui est présenté ci-dessus,
les rapports de fractions molaires MMg/MCa et des fractions équivalentes EMg/ECa en
phase surface étant identiques aux rapports de quantités de cations échangeables
Mgéch/Caéch.
96
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
3.4. Conclusion
La collection de sols faisant l’objet de cette étude s’est avérée particulièrement riche
quant à sa diversité de propriétés physico-chimiques, bien que les échantillons
proviennent d’une zone relativement restreinte de l’ordre de 200 ha. Les différences
de texture portent sur la proportion d’argile et de sable, avec un contenu silteux
relativement homogène d’une dizaine de pourcents. La CEC de ces sols est
parfaitement corrélée à leur contenu en argile et en matière organique. Les mesures
de conductivité électrique et de concentrations ioniques dans des extraits à l’eau
témoignent de niveaux de salinité extrêmement variés pouvant atteindre 300
mmolc/kg (150 mmolc/L au rapport sol/eau 1/2). Les solutions salines sont constituées
de sulfates et de bicarbonates, avec une contribution très faible des chlorures. Les
concentrations en sulfate sont hautement corrélées aux concentrations en sodium et
en magnésium. Les valeurs de pH reflètent bien la composition ionique des solutions ;
des pH particulièrement élevés, de l’ordre de 9, voire proches de 10, sont observés
pour les sols les plus riches en carbonates solubles, essentiellement des carbonates
sodiques. Les concentrations en calcium soluble sont régulées par les équilibres avec la
calcite, et restent donc faibles ; des valeurs proches de la saturation en gypse sont
observées pour les sols les plus riches en sulfate. Le taux de sodium échangeable
couvre une gamme extrêmement large, allant du pourcent jusqu’à plus de 50%. Une
particularité propre à la zone d’étude par rapport à la majorité des sols salés du monde
est que le magnésium échangeable atteint des valeurs du même ordre que celles du
calcium échangeable, conséquence de la spécificité géochimique locale.
En ce qui concerne les échantillons prélevés dans l’horizon de surface de parcelles sous
riziculture et d’anciennes parcelles rizicoles abandonnées, l’analyse statistique ne
révèle de différence significative que pour le taux de sodium échangeable, plus élevé
en moyenne dans les parcelles abandonnées. Toutefois, parmi les échantillons
récoltés, les valeurs les plus élevées de salinité totale, et plus spécifiquement de Na,
Mg et sulfate, sont le fait d’échantillons de parcelles abandonnées. Mais vu la très
grande hétérogénéité des propriétés tant au sein des parcelles sous riziculture qu’au
sein des parcelles abandonnées, l’analyse statistique ne considère pas que les
moyennes soient significativement différentes. Une étude complémentaire sera
consacrée à la comparaison entre les paramètres de rendement du riz et les
caractéristiques pédochimiques des sols.
97
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero
Nous avons soumis par ailleurs nos résultats à l’approche la plus largement utilisée en
matière de relation entre le taux de sodium échangeable et la composition de la
solution, approche qui dans les faits revient à considérer que la sélectivité d’échange
Na – Divalent est correctement décrite par une valeur unique du coefficient de
sélectivité de Gapon. Vu les réserves souvent exprimées, mais aussi souvent oubliées,
quant à la rigueur thermodynamique de ce coefficient et à l’hiatus de sa formulation
mathématique, nous avons confirmé qu’un coefficient de Gapon unique est de moins
en moins pertinent au fur et à mesure que le taux de sodium échangeable augmente.
En pratique toutefois, cette formulation peut s’avérer relativement adéquate dans une
gamme limitée de sodicité, pour autant que l’on n’en déduise pas de conclusions de
nature thermodynamique.
98
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Les sols du périmètre de Mugerero sont diversement affectés par la salinité. Certaines
parcelles sont déjà abandonnées et d’autres sont encore rizicoles. Les résultats des
analyses chimiques des solutions de sols et du complexe d’échange faites au chapitre 3
montrent qu’il y a une grande variabilité des valeurs de ces propriétés au sein des
parcelles rizicoles. Dans ce chapitre, nous allons identifier les propriétés
pédochimiques dont la variabilité serait responsable de la variabilité du rendement
rizicole et de ses composantes.
99
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Résumé
Les propriétés chimiques des sols de 13 parcelles rizicoles du périmètre rizicole de Mugerero
ainsi que les composantes de rendement du riz ont été déterminées et analysées durant deux
années culturales 2010-2011 et 2011-2012 en vue d’identifier les propriétés des sols
responsables de la diminution des rendements qui s’observe ces dernières années dans cette
localité. Par ailleurs, les quantités de fertilisants chimiques et organiques qui ont été
appliquées pour chaque parcelle durant cette période ont été collectées. Après analyses des
corrélations entre ces jeux de données et des composantes principales, il s’est dégagé que le
taux de calcium échangeable (ECP) et les rapports des cations solubles K/Na et Ca/Na sont des
facteurs pédologiques qui contribueraient à l’amélioration de la production du riz à Mugerero.
Par contre, la salinité globale (CE), le taux de sodium échangeable (ESP), les teneurs en Na et
en SO4, le pH et les ions HCO3 seraient responsables de la diminution de la productivité rizicole.
En outre, les engrais chimiques et le fumier influencent moins la production rizicole.
Abstract
Soil chemical properties and rice yield components have been monitored on 13 rice farms’
parcels of Mugerero rice growing area in Burundi during two growing seasons 2010-2011 and
2011-2012 in order to identify soil properties responsible for the decline in rice yields observed
in recent years. Furthermore, quantities of chemical and organic fertilizers that were applied
to each parcel during this period were collected. After analysis of correlation and principal
components, it has emerged that the exchangeable calcium percentage (ECP) and ratios of
soluble cations Ca/Na and K/Na may be the main soils factors that improve the rice yield.
Moreover, soil salinity (CE), the exchangeable sodium percentage (ESP), soluble ions Na, SO4
and HCO3, and pH may have negative effects on rice yield. However, chemical fertilizers and
farmyard manure seem to have less influence on rice yield in Mugerero conditions.
101
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
4.1. Introduction
Au Burundi, la riziculture occupe environ 12000 familles. Cette culture est pratiquée
dans la plaine de l’Imbo (riz irrigué), dans les dépressions du Moso et dans les marais
d’altitude des plateaux centraux. Les rendements moyens atteignent 5,5 t/ha de riz
paddy pour le riz irrigué alors qu’il est inférieur à 2 t/ha pour le riz des marais
d’altitude (Gahiro, 2011). Dans la plaine de la Basse Rusizi (région naturelle de l’Imbo)
où la riziculture est sous l’encadrement de la Société Régionale de Développement de
l’Imbo (SRDI), la production moyenne annuelle est d’environ 22.000 t de riz paddy soit
14.300 t de riz blanc. La contribution de cette culture au PIB est estimée aux environs
de 9,3 milliards de francs burundais (NEPAD, 2009). Le riz est pratiquement la céréale
la plus cultivée dans la plaine de l’Imbo - Centre ; elle occupe à elle seule une
production brute de 72% de la production vivrière totale de la commune Gihanga
(MPDR, 2006), circonscription administrative qui englobe le périmètre rizicole de
Mugerero.
La salinisation est l’une des principales formes de dégradation des sols. L’accumulation
des sels affecte les propriétés physiques et chimiques des sols mais aussi la croissance
des plantes. Sur les substrats salés, les plantes subissent trois types de contraintes
(Marschner et al., 1995 ; Grattan et Grieve, 1998; Evangelou et Mcdonald, 1999) : (1) le
déficit hydrique dit aussi « sécheresse physiologique » qui résulte de l’accroissement
de la pression osmotique de la solution du sol, (2) les effets toxiques de certains ions
comme le Na et le Cl et (3) le déséquilibre nutritionnel. L’excès de sodium cause aussi
indirectement des dégâts aux plantes en provoquant la dispersion des agrégats,
détruisant ainsi la structure et provoquant l’imperméabilisation des couches profondes
du sol (Patterson, 2006) suivi d’une mauvaise aération du sol (Sharma et Swarup,
1988). Comme les sols salins possèdent généralement des concentrations excessives
en Na et Mg au détriment du K et du Ca (Muhammed et al., 1987), les déséquilibres
103
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Divers auteurs ont observé que la croissance des végétaux, y compris le riz, sur sols
enrichis en sels était corrélée positivement aux rapports ioniques Ca/Mg et Ca/Na
solubles (Javaid et al., 2001 ; Butt et al., 1995) ; d’autres comme Yeo et Flowers (1985)
n’ont par contre observé aucun effet du ratio Na/Ca sur la croissance du riz en essai
sur milieu de culture. Javaid et al. (2001) conclurent que la diminution du rapport
Ca/Na et l’augmentation de la salinité provoquent la diminution de la longueur des
épis, le poids de mille grains pleins et le rendement en grains pour le blé. L’effet de la
concentration en sulfates n’a pas fait objet de beaucoup d’études ; les quelques études
faites montrent que les cultures sont généralement plus tolérantes à la salinité des
sulfates qu’à celle des chlorures (Grattan et Grieve, 1999).
Bien que beaucoup d’études aient été menées pour comprendre les effets de la
salinité des sols sur la croissance et le rendement rizicole, peu d’études ont été
conduites en champ, encore moins en conditions paysannes et non contrôlées. La
présente étude a pour objet d’étudier les relations qui existeraient entre les variables
physico-chimiques du sol et les paramètres du rendement rizicole. Elle a été conduite
104
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
dans les exploitations des riziculteurs pendant deux années culturales successives
2010-2011 et 2011-2012.
Pour déterminer les paramètres du sol qui influencent le rendement rizicole, treize
parcelles rizicoles ont été choisies aléatoirement parmi celles qui sont emblavées par
la variété V14 (= IBB53) dans les deux blocs 81 et 91. La variété V14, originaire de
l’Indonésie (IRRI), a été introduite au Burundi et diffusée par l’Institut des Sciences
Agronomiques du Burundi (ISABU) en 2002 (Gahiro, 2011). C’est la variété la plus
cultivée dans la plaine de la Basse Rusizi en raison de la longueur de la graine
relativement importante et de sa qualité organoleptique très appréciée par les
consommateurs de la ville de Bujumbura. Les principales caractéristiques de cette
variété synthétisées par ISABU (2008) sont reprises en annexe.
L’évaluation du rendement d’une culture en milieu rural pose des problèmes surtout
liés au mode de semis qui ne se fait pas toujours en ligne et aussi aux difficultés
d’effectuer des mesures sur la totalité de la récolte du champ, opération requérant
entente avec le propriétaire et parfaite disponibilité de suivi de toutes les activités de
récolte. D’où le meilleur moyen auquel il faut recourir est celui des carrés de
rendement.
Dans cette étude, trois carrés de rendement de 1 m X 1 m ont été ainsi posés dans
chaque parcelle quand le riz était au stade de montaison ou floraison. Ils étaient posés
à ¼, ½ et ¾ de la médiane principale. Le rendement en grains résulte de plusieurs
composantes qui sont déterminées au cours de différentes étapes végétatives du riz
(Yoshida, 1981). Les paramètres de rendement suivants ont été récoltés à la maturité
105
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
dans chaque carré : hauteur des chaumes, nombre de touffes, nombre de grains par
panicule, rendement global et poids de mille grains pleins. La collecte des données en
rapport avec la hauteur des chaumes et le nombre de grains par panicule suivait un
prélèvement en V au sein de chaque carré. La hauteur des chaumes a été mesurée sur
cinq chaumes prises aléatoirement sur le V ; il s’agit de la hauteur depuis le niveau du
sol jusqu’au point d’insertion de la panicule. Au même moment, cinq panicules étaient
prises aléatoirement sur le V pour servir au comptage des grains pleins et vides. La
récolte a été faite aux mois de juin 2011 et juin 2012 en coupant à l’aide d’une faucille
les plants à moins de 5 cm du collet quand le riz atteignait la maturité (au moins 90%
des plantes étaient à ce stade). La récolte a été directement suivie par l’égrainage par
battage des épillets sur bâche au champ. Les grains récoltés étaient séchés et vannés.
Le séchage a continué jusqu’au taux d’humidité inférieur à 14%. Après vérification de
ce taux avec un hygromètre, ces récoltes parcellaires était pesées pour constituer le
rendement global en grains en y incluant les grains pleins provenant des panicules
prélevés pour l’évaluation du taux de stérilité. Le poids de mille grains pleins a été
déterminé en pesant mille grains dénombrés avec un compteur automatique.
Les caractéristiques chimiques des sols des parcelles d’études ont été déterminées
après la récolte du riz pour les deux années culturales. Des échantillons composites ont
été prélevés à la profondeur de 0-25 cm au mois de juillet 2011 et juillet 2012 quand la
lame d’eau d’irrigation était presque complètement évacuée. Les échantillons ont été
séchés pendant deux semaines à l’air libre, broyés et tamisés sur mailles de 2 mm
avant de passer aux analyses physico-chimiques.
Les analyses de sols prélevés en 2011 ont porté sur le pH, la conductivité électrique
(CE), les cations (Ca, Mg, Na et K) extractibles à l’acétate d’ammonium et à l’acétate de
sodium, les cations (Ca, Mg, Na et K) et anions (SO4, Cl, HCO3) solubles au rapport
sol/eau de 1/2. Les cations échangeables ont été calculés en retranchant les cations
solubles des cations extractibles à l’acétate de sodium (pour le Ca, le Mg et le K) et à
l’acétate d’ammonium (pour le Na).
Les mesures du pH, de la CE et des ions solubles au rapport sol/eau de 1/2 ont été
répétées en 2012 sur les sols prélevés sur les mêmes parcelles pour établir une
éventuelle évolution de la salinité au cours des deux années. Les pourcentages de
saturation du complexe d’échange en cations Ca, Mg et Na calculés pour les
106
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
échantillons prélevés en 2011 ont été considérés comme valables pour l’année 2012
en négligeant quelques variations éventuelles de la courte période d’une seule année.
Avant les analyses en composantes principales (ACP), les tests de Shapiro-Wilk ont été
faits sur les données pédologiques et sur les variables de production et de croissance
107
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
du riz pour vérifier si ces variables suivent une distribution normale. Dans le cas
contraire, des transformations logarithmiques ont été menées. Celles-ci ont concerné
toutes les variables pédochimiques sauf le pH, le taux de calcium échangeable (ECP) et
le taux de magnésium échangeable (EMP). Ce type de transformation a été aussi
adopté pour le taux de stérilité et le rendement global en grains paddy.
Dans cette section, nous examinons d’abord l’évolution de l’état physico-chimique des
sols au cours des deux années culturales et nous présentons ensuite les pratiques
agricoles associées à la riziculture et les paramètres de rendement du riz avant
d’aborder les relations qui lient les paramètres du sol et ceux du rendement.
L’évolution des variables des sols des parcelles objets de cette étude est présentée au
tableau 4.1 et détaillée au tableau 4.12 et 4.13 en annexe. Les sels solubles sont
dominés par les ions Na et SO4 pendant les deux années culturales. La comparaison
des variables des sols analysées aux deux années culturales 2011 et 2012 (Tableau 4.1
et figure 4.1) révèle que le pH a significativement diminué en une période d’une année
et que la CE et les ions solubles Ca, Na et Cl ont connu des augmentations
significatives. On constate aussi que malgré les augmentations significatives des
concentrations en chlorures au cours de cette période, les valeurs atteintes demeurent
plus faibles (< 1 mmolc/L) que celles des sulfates (moyenne > 8 mmolc/L).
L’examen des corrélations entre les paramètres pédochimiques (Tableau 4.2) montre
que le pH est significativement corrélé à l’ion HCO3, au rapport Ca/Mg et à l’EMP. Il est
aussi à remarquer que les ions bicarbonates sont positivement corrélés non seulement
au pH, mais aussi aux rapports Ca/Mg et Mg/Na et à l’EMP.
On observe aussi qu’il existe des intercorrélations positives entre la salinité (CE) et tous
les ions solubles non bicarbonatés (Ca, Mg, Ca, Mg, Na, Cl et SO4) à l’exception du K
dont la corrélation significative n’est notée qu’avec le Ca et le Mg. D’autre part, la
salinité affiche des corrélations significatives avec le rapport K/Na et les taux de
saturation en calcium (ECP) et en sodium (ESP).
Quant aux taux des cations échangeables, l’ECP présente des corrélations négatives
avec la salinité, les ions Na et SO4, l’EMP et l’ESP. Il est aussi positivement corrélé aux
108
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
rapports cationiques Ca/Mg, Ca/Na, Mg/Na et K/Na. L’ESP montre quant à lui des
corrélations opposées à celles que l’ECP affiche avec les autres variables.
Tableau 4. 1: Principales statistiques sur les propriétés chimiques des solutions des sols des 13 parcelles prélevés
et analysés pour les deux années d’observation
1
Année 2011 Année 2012 Valeur p
Propriétés Unités Moy SD Min Max Moy SD Min Max
pH1/2 - 7,43 0,63 6,31 8,12 6,86 0,71 5,61 7,82 0,007*
CE1/2 dS/m 1,05 0,9 0,14 2,68 1,61 1,32 0,09 4,32 0,01*
Ca soluble mmolc/L 1,59 1,74 0,07 5,89 2,46 2,65 0,4 9,03 0,05*
Mg soluble mmolc/L 1,95 2,09 0,11 6,42 3,2 3,05 0,45 11,22 0,09
K soluble mmolc/L 0,22 0,28 0,04 1,1 0,22 0,16 0,09 0,63 0,85
Na soluble mmolc/L 8,38 7,6 1,7 23,46 12,22 10,34 0,52 34,71 0,01*
Ca/Mg - 1,02 0,4 0,57 2 0,75 0,27 0,33 1,27 0,03*
Ca/Na - 0,19 0,17 0,03 0,55 0,34 0,44 0,05 1,73 0,23
Mg/Na - 0,18 0,15 0,05 0,53 0,59 1,02 0,16 3,85 0,03*
K/Na - 0,02 0,01 0,01 0,05 0,13 0,34 0 1,21 0,65
Cl soluble mmolc/L 0,1 0,05 0,04 0,23 0,27 0,23 0,07 0,88 0,0005*
SO4 soluble mmolc/L 8,8 9,53 0,15 25,66 8,17 7,71 0,12 24,05 0,64
HCO3 soluble mmolc/L 1,59 1,02 0,3 3,42 1,03 0,89 0,15 2,9 0,08
1.Valeur p selon les tests de Student pour échantillons appariés pour le pH et le test basé sur les rangs de
Wilcoxon pour échantillons appariés pour les autres variables. Les valeurs de p < 0,05 indiquent des
différences statistiquement significatives ; SD = Ecart type ; Moy = moyenne
Figure 4. 1: Comparaison des variables des solutions des échantillons de sols prélevés en 2011 et en 2012
109
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Figure 4.1 (Suite): Comparaison des variables des solutions des échantillons de sols prélevés en 2011 et en 2012
110
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Log Cl r -0,15 0,59 0,59 0,55 0,21 0,52 -0,01 0,15 0,16 -0,25
p 0,48 0,002 0,001 0,004 0,31 0,01 0,97 0,46 0,45 0,21
111
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Tableau 4.2 (suite) : Matrice des corrélations entre les variables des sols
112
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
La fumure organique n’est pas normalement utilisée pour la culture du riz. Mais, avec
l’apparition de la salinité, certains agriculteurs s’en servent pour corriger ce problème.
Des quantités de fumier frais variant de 0 à 2000 kg par ha sont épandues dans les
parcelles de la présente étude à chaque saison culturale (Tableau 4.3). Les produits
113
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Tableau 4. 3 : Quantités d'engrais et de fumier appliquées dans les parcelles d'étude du périmètre rizicole de
Mugerero
Les rendements en grains varient de 0,03 à 0,63 kg/m2 avec une moyenne de 0,31
kg/m2 au cours de la première année et entre 0,01 à 0,59 kg/m2 avec une moyenne de
0,29 kg/m2 pour la deuxième année ; ce qui montre une grande dispersion des
rendements parcellaires. Ces valeurs montrent que seules 4 parcelles (portant
numéros 1, 4, 7 et 8) pour la première année et 3 parcelles (portant numéros 1, 4 et 8)
pour la deuxième année ont atteint le rendement moyen en grains paddy de la région
de la Basse Rusizi qui est de 5,2 t/ha selon Gahiro (2011). Ces rendements sont de loin
inférieurs au rendement potentiel des variétés de riz modernes qui est supérieur à 10
t/ha pour les plaines des régions tropicales (Khush, 1995 ; Peng et al., 1999). Ils sont
114
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
aussi inférieurs aux rendements moyens calculés pour la Chine, les USA, l’Australie et
l’Egypte qui étaient respectivement de 6,7 ; 8,3 ; 8,9 et 9,5 t/ha en 2012 (FAOSTAT,
2014).
Le poids de mille grains pleins varie entre 18 et 27 g avec une moyenne de 23,3 g en
2011 et entre 14,3 et 28,6 g avec une moyenne de 23,3 g en 2012. Cette précédente
variable est positivement corrélée au rendement global. Notons que des rendements
globaux en grains de plus de 0,3 kg par m2 sont observés pour tous les cas de poids de
mille grains pleins supérieurs à 25 g.
Le nombre moyen de talles par touffe a été de 11 talles en 2011 et en 2012. Il varie de
6 à 19 talles et de 5 à 19 talles respectivement en 2011 et en 2012. Des augmentations
significatives de cette variable sont observées dans 4 parcelles alors qu’une diminution
n’est notée que dans une seule parcelle.
La comparaison de ces variables mesurées pendant les deux années 2011 et 2012 par
le test de Student-Newman-Keuls (Tableau 4.4) révèle que six parcelles présentent des
densités de repiquage moyennes qui sont significativement différentes. L’analyse
globale de l’ensemble des résultats de toutes les parcelles pour cette variable montre
des diminutions remarquables des densités de repiquage en l’an 2012 ; elles ont passé
de 34 touffes par m2 en moyenne à 26 touffes par m2. De plus, la dispersion des
valeurs de la densité de repiquage à la deuxième année (CV = 13%) est moins élevée
que celle de la première année (CV = 27%). La densité est, pour la deuxième année,
généralement constante, proche de 25 touffes par m2 car les agriculteurs ont
majoritairement suivi les ordres du service de la SRDI chargé des encadrements qui
harmonisent le repiquage aux écartements de 20 cm X 20 cm soit à une densité de 25
touffes par m2.
Le taux de stérilité est compris entre 10,86 et 56,48% avec une moyenne 27,82 % pour
la première année et entre 8,37 et 92,69% avec une moyenne de 34,86 % pour la
deuxième année. Cette variable a significativement augmenté dans 3 parcelles et a
diminué dans une seule parcelle. Elle est négativement corrélée au rendement global
en grains et au poids de mille grains pleins.
115
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Tableau 4. 4: Valeurs de la densité de repiquage et des composantes de rendement du riz et la p-valeur du test de
Student-Newman-Keuls au seuil de 5% comparant ces paramètres mesurés aux deux années culturales
Densité
Hauteur pmgp Rdt
N° code (touffes par Nb talles Tx st (%) 2
2 (cm) (g) (kg/m )
m)
1 A 2011 47 12 67,78 21,09 26,67 0,56
2012 24 17 84,33 22,02 25,37 0,59
p 0,01 0,01 0,01 0,80 0,44 0,11
2 B 2011 45 10 52,56 19,55 24,67 0,34
2012 25 15 58 17,45 25,77 0,43
p 0,01 0,04 0,20 0,75 0,33 0,80
3 C 2011 32 14 45,22 33,51 21 0,25
2012 25 7 58,08 33,5 23,57 0,18
p 0,40 0,003 0,05 1,00 0,20 0,44
4 D 2011 41 19 90,11 19,9 25,33 0,58
2012 25 15 85,08 8,37 27,9 0,57
p 0,44 0,11 0,20 0,06 0,10 0,89
5 E 2011 42 9 39,78 29,6 22 0,21
2012 25 7 46,33 16,96 21,2 0,08
p 0,002 0,32 0,04 0,06 0,28 0,01
6 F 2011 32 8 36,44 23,44 22,33 0,07
2012 28 5 41,42 17,99 24,47 0,07
p 0,50 0,01 0,04 0,16 0,08 0,66
7 G 2011 33 11 83,44 10,86 27 0,57
2012 - - - - - -
8 H 2011 31 13 86,89 20,82 27,33 0,63
2012 25 19 76,25 25,21 25,5 0,56
p 0,04 0,004 0,04 0,44 0,15 0,52
9 I 2011 14 6 27,67 35,94 20,33 0,03
2012 25 8 43,2 78,48 18,97 0,05
p 0,02 0,20 0,0002 0,001 0,45 0,30
10 J 2011 42 9 28,89 56,48 17,67 0,06
2012 25 11 34,75 92,69 14,3 0,01
p 0,001 0,37 0,08 0,02 0,06 0,001
11 K 2011 32 10 40 27,88 22,67 0,07
2012 25 10 60,54 62,44 18,1 0,1
p 0,17 0,80 0,02 0,03 0,01 0,56
12 L 2011 34 13 62,67 33,36 26,67 0,43
2012 36 8 63,61 19,27 28,57 0,45
p 0,76 0,004 0,79 0,002 0,19 0,59
13 M 2011 23 9 41,44 29,29 20 0,19
2012 25 13 57,1 23,95 24,67 0,33
p 0,58 0,07 0,01 0,42 0,02 0,27
Nb talles, T st, pmgp et Rdt sont respectivement le nombre de talles par touffe, le taux de stérilité, le poids de
mille grains pleins et le rendement global en riz paddy.
116
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Le constat général est que la riziculture sur nos parcelles a gardé la même réponse
durant les deux années culturales spécialement pour les variables « poids de mille
grains pleins et « rendement global en grains ». Les parcelles qui étaient relativement
meilleures pour ces variables durant la première année ont gardé leur position en
deuxième année ; ce qui renforce notre choix de combiner les variables des deux
années dans une même matrice d’analyse.
- le nombre de talles par touffe, la hauteur des chaumes et le poids de mille grains
pleins sont positivement corrélés, et d’une manière significative au seuil de 5%, au
rendement global en grains ;
Tableau 4. 5: Matrice des corrélations entre les paramètres de croissance et de rendement du riz (r = coefficient
de Spearman ; p = p-valeur)
Nb talle r 0,12
p 0,57
p 0,61 0,0003
117
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Figure 4. 2: Comparaison des valeurs des composantes de rendement mesurées en 2011 et en 2012
118
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Avant d’examiner les relations entre les paramètres du sol et ceux du rendement
rizicole, nous examinons d’abord si l’application des engrais sur les parcelles d’études
ne masquent pas les effets des variables pédochimiques puisque tous les agriculteurs
de la zone d’étude n’appliquent pas les mêmes quantités d’engrais par unité de
surface. Certains riziculteurs des parcelles affectées par la salinité n’appliquent pas (ou
appliquent peu) de fertilisants car ils minimisent les dépenses par crainte de ne pas
avoir assez de production qui soit économiquement rentable. Nous utilisons trois
approches : l’une basée sur l’analyse des effets des accroissements des quantités
d’engrais appliqués sur les accroissements des paramètres de croissance et de
rendement du riz ; l’autre basée sur les coefficients de corrélation de Kendall entre les
quantités d’engrais et les variables du rendement du riz, et la dernière basée sur les
analyses en composantes principales.
Les différences absolues entre les quantités d’engrais appliqués au cours de l’année
2012 et ceux appliqués en 2011 et entre les paramètres du riz mesurés au cours de ces
deux années sont reprises au tableau 4.6 où le signe Δ signifie la différence entre la
valeur de la quantité observée en 2012 et celle observée en 2011. Il est vraisemblable
que les engrais chimiques et le fumier de ferme n’apportent pas de surplus significatifs
au-delà d’un certain degré de salinisation puisque les augmentations des quantités
appliquées n’ont pas toujours été accompagnées d’augmentations des paramètres de
production du riz. A titre d’exemple, la parcelle numéro 6 a connu des diminutions
sensibles de quantités d’engrais (zero engrais chimique appliqué au cours de l’année
2012) mais le rendement global en kg/m2 n’a pas du tout changé tandis que la hauteur
des chaumes et le poids de mille grains pleins ont connu des augmentations et que le
taux de stérilité a diminué. Les augmentations des quantités de NPK appliquées aux
parcelles 5, 9 et 12 n’ont pas amélioré la production du riz. Pareilles scénarii
contradictoires sont observées pour l’urée et le fumier de ferme.
Les coefficients de corrélation de Kendall sont applicables pour les valeurs qui ne sont
pas normalement distribuées et particulièrement lorsqu’il y a des ex-aequo dans les
variables explicatives comme celles des engrais et de la densité de semis (de cette
étude). Les coefficients de corrélation de Kendall (τ) entre les quantités de fertilisants
et les composantes du rendement du riz sont montrés au tableau 4.7. On remarque
119
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
qu’il n’y a pas de corrélation significative pour la plupart de cas entre les apports de
fertilisants et les paramètres de rendement. Seuls l’urée et le NPK semblent avoir des
effets significatifs sur le nombre de talles par touffe et sur la hauteur des chaumes.
Néanmoins, les coefficients de corrélation dont il est question ici sont faibles (ΙτΙ <
0,40) et ne permettent donc pas de déduire un effet de ces engrais et de la densité de
semis sur la production rizicole en conditions salines de Mugerero.
Tableau 4. 6: Variations des paramètres de rendement rizicole et des quantités d'engrais appliqués au cours des
deux années de culture
Tableau 4. 7: Matrice de corrélation entre les variables de rendement et les fertilisants (τ = coefficient de Kendall;
p = p-valeur)
120
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Figure 4. 3: Cercle de corrélations entre les quantités d’engrais appliqués, la densité de semis et les composantes
de rendement de riz pour les deux premières composantes principales
4.3.4.2. Effet des propriétés physico-chimiques des sols sur la productivité du riz
Les modèles linéaires et les ACP sont sensibles à la présence des données qui ne sont
pas normalement distribuées. Ainsi, avant de passer aux analyses des corrélations
entre les variables pédologiques et les variables de production du riz et aux ACP, la
normalité de toutes les variables en jeux a été vérifiée avec le test de Shapiro-Wilk qui
est particulièrement réputé puissant pour les variables aux effectifs d’individus
inférieurs à 50 (Rakotomalala, 2008). Il s’agissait d’inspecter si les données provenaient
121
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
d'une population normalement distribuée et, dans le cas contraire, de procéder à leur
transformation pour leur concéder cette distribution.
A l’instar de Brejda et al. (2000), le constat en a été que la plupart des propriétés
chimiques du sol, à part le pH qui est mesuré sur une échelle logarithmique, suivent
une distribution log-normale. Par conséquent, la transformation logarithmique des
données pédologiques a été opérée en vue de rendre leur distribution proche de la
normale et aussi d’uniformiser leurs variances.
Une telle transformation a été aussi opérée pour le rendement en grains et le taux de
stérilité dont la distribution s’est révélée log-normale. Les autres paramètres de
rendement du riz (hauteur des chaumes, nombre de talles par touffe et poids de mille
grains pleins) connaissent une distribution normale et n’ont par conséquent subi
aucune transformation. Ce sont les variables normalisées qui ont fait l’objet des
analyses statistiques par corrélation linéaire et par ACP.
Les variables normalisées ont été soumises au test de corrélation de Pearson. Une
matrice de corrélation linéaire obtenue entre les caractéristiques chimiques du sol et
les paramètres de croissance et de rendement du riz est donnée au tableau 4.8.
Nous relevons dans cette matrice pour ce qui concerne les relations entre le
rendement global en grains et les variables pédochimiques :
122
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Les corrélations entre le poids de mille grains pleins et les paramètres du sol sont
similaires à celles qui existent entre le rendement en grains et les variables du sol mise
à part que le pH n’a pas de corrélation significative avec ce paramètre.
Tableau 4. 8: Matrice de corrélation entre les paramètres du sol et ceux du rendement (corrélation de Pearson)
La hauteur des chaumes présente des corrélations inverses avec le pH, la salinité, les
ions majeurs (Na et SO4), les ions bicarbonates et l’ESP. Elle a en outre une corrélation
positive et significative avec le rapport K/Na.
Le nombre de talles par touffe est inversement corrélé avec le pH, la salinité, les ions
majeurs (Na et SO4) et les ions carbonates. Il est par contre positivement corrélé avec
le rapport K/Na.
123
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Dans le but d’identifier les principaux facteurs chimiques des sols qui influent sur les
paramètres de rendement de riz, une ACP a été réalisée sur l’ensemble de données. Le
tableau 4.9 présente les valeurs propres des dimensions qui permettent de résumer
l’information. Pour les deux années, quatre principales composantes ont des valeurs
propres supérieures à 1 et expliquent 84% de la variance des 21 variables d’origine.
Nous présentons ici les trois premières dont les coefficients de saturation des variables
analysées dans les nouvelles dimensions (Figure 4.4) sont clairs et qui représentent
77% de la variance.
Tableau 4. 9: Valeurs propres des composantes principales et pourcentages expliqués par ces composantes
rendement (sauf le taux de stérilité) varient dans le sens inverse de celui du groupe
constitué par la salinité (CE), les ions majoritaires (Na et SO4)) et la sodicité (ESP). Ils
sont positivement dépendants de l’ECP et du rapport K/Na.
La seconde composante peut être attribuée au pH. Elle est positivement corrélée avec
les variables Mg (r = 0,38), K (r = 0,32), Ca (r = 0,36), Mg/Na (r = 0,38), Ca/Na (r = 0,33)
et ECP (r = 0,27). Elle est négativement corrélée avec les variables pH (r = -0,27) et
HCO3 (r = -0,29).
Le diagramme des deux premières composantes (Figure 4.5 à gauche) montre la forte
influence positive de l’ECP et le rapport K/Na sur les paramètres du riz (rendement
global, nombre de talles par touffe, hauteur des chaumes, poids de mille grains pleins).
La même figure montre l’effet négatif de l’ESP, de la salinité et des ions Na et SO4 sur la
productivité du riz et l’effet positif de ces derniers sur le taux de stérilité des épillets.
Elle montre de l’autre côté, comme signalé au chapitre 3, les fortes corrélations entre
les variables de la solution du sol Na, SO4 et CE d’une part, le pH et les ions
bicarbonates (HCO3) d’autre part.
Figure 4. 4: Représentation des coefficients de saturation des variables pédochimiques et des paramètres du
rendement rizicole sur les trois premières composantes principales
La troisième composante est celle magnésium échangeable (EMP). Cette dimension est
positivement corrélée avec les variables EMP (r = 0,37), HCO3 (r = 0,36), Ca (r = 0,24),
pH (r = 0,38), Ca/Mg (r = 0,37), Ca/Na (r = 0,26). Elle est négativement corrélée avec
ESP (r = -0,43) et au nombre de talles par touffe (r = -0,21). Le diagramme de la
première et de la troisième composante (Figure 4.5 à droite) conforte le
rapprochement des composantes du rendement du riz avec le rapport K/Na. Il montre
par ailleurs les effets négatifs de l’ESP et de la salinité et des ions solubles majeurs (Na
125
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
et SO4) sur le rendement du riz et ses composantes et la corrélation positive entre ces
variables pédologiques et le taux de stérilité des épillets. Sur cette figure
réapparaissent les bonnes corrélations (positives ou négatives) entre les variables des
groupes constitués de Na, CE et SO4, de ECP, Ca/Na, Mg/Na, ESP et EMP, de pH et
HCO3.
Figure 4. 5 : Cercles de corrélations entre les variables du sol et les variables de rendement de riz pour les
composantes principales 1&2 (à gauche) et 1&3 (à droite)
Les résultats de cette ACP ont abouti à l’identification du pH, de la CE, des ions majeurs
(Na et SO4) et de l’ESP comme étant les principales espèces chimiques les plus
préjudiciables à la production rizicole dans la plaine de la Basse Rusizi. L’ECP et les
rapports K/Na et Ca/Na sont quant à eux identifiés comme ayant un effet améliorateur
sur la productivité du riz. Ces constatations sont similaires aux conclusions issues des
analyses des corrélations de Pearson. Les sols halomorphes de la Basse Rusizi
connaissent donc des contraintes chimiques de deux ordres : la salinité et la sodicité.
La salinité peut être corrigée par lessivage avec l’eau de bonne qualité mais le
traitement de la sodicité est très délicat et complexe. L’ESP dans le sol est plus stable
que les concentrations en sels solubles car il ne change guère d’année en année ; c’est
un paramètre beaucoup plus stable que les concentrations en sels solubles. Par
conséquent, le lessivage à elle seule ne peut abaisser l’ESP. L’ESP traduit une histoire
de salinisation récurrente, intégrant déjà avec un certain passé, et est donc un bon
indice de dysfonctionnement du sol pour les plantes. La réhabilitation des sols affectés
par la sodicité passe obligatoirement par l’application des amendements en vue de
remplacer le sodium par des cations divalents sur le complexe d’échange avant de
procéder au lessivage par l’eau.
126
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Une analyse de la régression est un instrument statistique qui permet de prédire une
variable dite à expliquer à partir d’autres variables dites explicatives. Le problème
qu’on rencontre est celui du choix des variables explicatives quand on en dispose en
grand nombre. Il existe beaucoup de méthodes permettant de réduire le nombre de
variables explicatives. Dans cette étude, nous utilisons la méthode de sélection pas-à-
pas qui, dans sa réalisation, développe une séquence de modèles régressifs en
ajoutant ou en retranchant une variable indépendante à chaque étape. En introduisant
les variables dont la corrélation avec les composantes du rendement est significative
au seuil de 5%, on obtient des équations de régression dont les coefficients sont
mentionnés au tableau 4.10 qui donne aussi les contributions de chaque variable
explicative retenue dans la variabilité de la variable expliquée.
Par cette méthode de régression, deux variables, pH et ECP sont retenues pour
constituer le modèle de prédiction de la hauteur des chaumes du riz qui est donné par
l’équation :
Le nombre de talles par touffe peut être prédit par une relation qui intègre les
concentrations en ions sulfates et le pH. Les deux variables contribuent
respectivement à 32 % et 14% à la variabilité de la variable dépendante (Tableau 4.10).
La relation qui les lient au nombre de talles par touffe est donnée par l’équation :
Nombre de talles par touffe = 27,04 - 2,93 log SO4 - 1,99 pH ; r2 = 0,46 (4.2)
Le poids de mille grains pleins est négativement dépendant à 53% de l’ESP et du pH.
L’ESP contribue à lui seul à 39% de la variabilité de ce paramètre. La relation
mathématique qui lie le poids de mille grains pleins à ces deux variables est :
pmgp (g) = 43,63 - 8,30 log ESP - 1,90 pH, r2 = 0,54 (4.3)
127
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
La valeur du rendement global en grains par m2 peut être expliquée par l’ESP et le pH
qui contribuent respectivement à 29 % et 21 % à sa variance. Ainsi, le rendement en riz
paddy peut être prédit par l’équation :
log Rdt (kg/m2) = 2,22 - 0,96 log ESP - 0,30 pH, r2 = 0,50 (4.5)
Tableau 4. 10: Contribution des propriétés chimiques du sol à la hauteur des chaumes et aux composantes du
rendement du riz
Variable Coefficient
2 2
dépendante Variables explicatives de régression r partiel r du modèle p-valeur
Coefficient indépendant 129,04 0,0001
Hauteur pH -18,06 0,33 0,33 <0,0001
ECP 1,06 0,26 0,59 0,0012
nb de talle Coefficient indépendant 27,04 0,0004
log SO4 -2,93 0,32 0,32 0,034
pH -1,99 0,14 0,46 0,024
pmgp Coefficient indépendant 43,63 <0,0001
log ESP -8,30 0,39 0,39 0,0009
pH -1,90 0,15 0,54 0,0151
log Tx St Coefficient indépendant 0,93 <0,0001
log ESP 0,61 0,47 0,47 0,0002
log Rdt Coefficient indépendant 2,22 0,0068
log ESP -0,96 0,29 0,29 0,0053
pH -0,30 0,21 0,50 0,0059
On peut donc imposer aux modèles trois variables explicatives qui représentent les
trois groupes. Ainsi, en combinant le pH, le logarithme de la CE et celui de l’ESP, on
obtient les relations suivantes :
128
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Hauteur = 176,29 - 14,10 pH - 8,40 log CE - 24,30 log ESP, r2 = 0,58 ; p = 0,0004 (4.6)
Nb talle = 26,13 – 1,98 pH – 2,87 log CE – 1,42 log ESP ; r2 = 0,38 ; p = 0,0177 (4.7)
Log Tx St = 0,73 + 0,04 pH + 0,09 log CE + 0,51 log ESP, r2 = 0,51 ; p = 0,0016 (4.8)
pmgp = 42,70 – 1,85 pH – 0,58 log CE – 7,68 log ESP, r2 = 0,54 ; p = 0,0009 (4.9)
log Rdt = 1,96 – 0,29 pH – 0,16 log CE – 0,78 log ESP, r2 = 0,52 ; p = 0,0014 (4.10)
Hauteur = 129,53 – 16,59 pH - 8,90 log CE + 0,84 ECP, r2 = 0,63 ; p < 0,0001 (4.11)
Nb talle = 22,58 – 2,24 pH – 2,62 log CE – 0,08 ECP ; r2 = 0,40 ; p = 0,0123 (4.12)
Log Tx St = 1,59 + 0,07 pH + 0,15 log CE - 0,01 ECP, r2 = 0,48 ; p = 0,0028 (4.13)
pmgp = 28,96 – 2,49 pH – 1,09 log CE + 0,22 ECP, r2=0,58 ; p = 0,0003 (4.14)
log Rdt = 0,50 – 0,36 pH – 0,19 log CE + 0,03 ECP, r2=0,58; p = 0,0004 (4.15)
Il existe plusieurs techniques de validation des modèles mathématiques. Les unes sont
qualitatives et d’autres quantitatives. Une manière de vérifier qualitativement la
validité d’un modèle est de représenter sur un même graphique les variables prédites
et celles observées (Ni et al., 2004). En adoptant une telle approche, on obtient les
graphiques obtenus qui sont donnés à la figure 4.6 pour les modèles formulés avec le
pH, la CE et l’ESP et à la figure 4.7 pour les modèles formulés avec la combinaison de
pH, CE et ECP. Il apparait que les points sont localisés à proximité et de chaque côté de
la droite d’égalité pour les modèles établis avec les variables explicatives pH, CE et ESP
(équations 4.6 à 4.10). Quant aux relations établies avec les variables pH, CE et ECP
(équations 4.11 à 4.12), deux d’entre elles semblent s’éloigner des critères de
précision : celles relatives au rendement global et au taux de stérilité. Pour ces deux
paramètres, la plupart des points sont situés à gauche de la droite d’égalité; ce qui
indique une surestimation des rendements globaux en riz paddy et du taux de stérilité
des épillets avec ces deux modèles.
Pour plus d’objectivité, nous avons aussi vérifié la validité des modèles retenus avec
des techniques quantitatives. Ainsi, la racine de l'erreur quadratique moyenne (Root-
Mean-Square Error (RMSE) et le pourcentage moyen de l’erreur absolue (Mean
Absolute Percentage Error = MAPE) ainsi que le test-t de Student pour les échantillons
appariés ont été utilisées.
129
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
√ ∑ (4.16)
Le test-T de Student pour échantillons appariés procède par le calcul des différences
entre deux modalités d’un facteur pour chaque sujet et la comparaison de la moyenne
de ces différences pour tous les individus avec la valeur "0". Pour notre cas, il est basé
sur l’analyse des différences entre les valeurs calculées et celles observées au niveau
de chaque paire d’éléments, di = yi-xi, et la comparaison la moyenne des différences di
à 0 ; l’hypothèse nulle étant : « la moyenne des différences (calculée-observée) est
égale à 0 ». Les valeurs p inférieures au seuil de signification (p < 0,05) indiquent des
différences statistiquement significatives.
Les valeurs de RMSE et de MARPE ainsi que les résultats du test de Student sont
condensés dans le tableau 4.11.
Tableau 4. 11: Résumé des statistiques sur les valeurs des paramètres du rendement observées et celles prédites
en utilisant les équations qui font intervenir le pH, log CE et log ESP et les équations qui font intervenir le pH, log
CE et ECP
Rendement Valeur Valeurs prédites avec les variables Valeurs prédites avec les
et ses mesurée pH, log CE et log ESP variables pH, log CE et ECP
composantes
̅ ̅ MAPE Valeur ̅ MAPE Valeur
RMSE RMSE
(%) p (%) p
log Rdt
2 -0,7±0,5 -0,7±0,3 50,6 0,36 0,833 -0,5±0,4 48,4 0,34 0,0003
(kg/m )
pmgp (g) 23,3±3,6 23,3±2,7 9,1 2,65 0,983 23,0±2,8 8,5 2,50 0,609
Nb talle 11,1±3,8 11,1±2,3 21,6 3,24 0,970 11,1±2,4 22 3,18 0,979
Hauteur (cm) 56,5±19,3 56,5±14,6 18,3 13,39 0,994 56,7±15,3 17,7 12,56 0,926
Log Tx St (%) 1,4±0,2 1,4±0,2 9,5 0,181 0,906 1,5±0,1 12,9 0,19 0,003
̅ et ̅ sont les moyennes des valeurs mesurées et celles prédites respectivement ; et est l’écart type
Les valeurs de RMSE et de MAPE pour tous les paramètres du rendement du riz, sont
comparables et ne permettent pas de juger lequel des deux types de modèles est plus
valable que l’autre.
130
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Les valeurs p obtenues par le test de Student permettent de remarquer que les valeurs
prédites avec les relations (4.13) et (4.15) correspondantes aux paramètres log Rdt et
log Tx St sont significativement différentes des valeurs observées (p < 0,05). La
meilleure méthode de prédire avec précision le rendement global et le taux de stérilité
est donc celle qui fait recours aux variables pH, CE et ESP. Tous les autres paramètres
peuvent donc être estimés en utilisant les deux modèles.
En bref, le rendement global en grains peut être prédit en utilisant l’équation (4.10) ; le
poids de mille grains peut être estimé en utilisant les relations (4.9) et (4.14) ; le
nombre de talles par touffe peut être prédit avec les relations (4.7) et (4.12) ; la
hauteur des chaumes peut être calculée en utilisant les équations (4.6) et (4.11) tandis
que le taux de stérilité peut être estimé à partir des variables du sol en utilisant
l’équation (4.8).
Les modèles précédemment établis présentent un grand intérêt en riziculture dans les
conditions locales de la zone étudiée parce qu’ils permettent de prédire le rendement
du riz de même variété (et ses composantes) auquel on pourrait s’attendre en
recourant aux variables chimiques du sol. Néanmoins, leur fiabilité suppose que les
variables environnementales telles que le climat et le stress pathologique soient les
mêmes que celles qui ont prévalu au moment de leur élaboration.
131
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
Figure 4. 6: Comparaison entre les paramètres de rendement calculés à l’aide des modèles obtenus par combinaison des variables pH, log CE et log ESP avec les paramètres de
rendement observés
Figure 4. 7: Comparaison entre les paramètres de rendement calculés à l’aide des modèles obtenus par combinaison des variables pH, log CE et ECP avec les paramètres de
rendement observés
132
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
A travers cette étude, des corrélations négatives entre la salinité exprimée par la CE et
le rendement du riz et ses composantes ont été dégagées. Cette constatation
corrobore avec de nombreuses études menées dans le domaine de la nutrition des
plantes. Maas et Grattan, (1999) signalent que le riz est rangé parmi les plantes les plus
sensibles à la salinité. Le stress salin affecte tous les stades végétatifs du riz, de la
germination à la maturation des grains ; les stades les plus particulièrement affectés
étant le stade de la levée (Maas et Hoffman, 1977) et l’initiation paniculaire (Grattan et
al., 2002 ; Zeng et al., 2001). Contrairement à la plupart des céréales dont les
conditions salines raccourcissent le début de la floraison (Grieve et al., 1993), ce stade
est retardé chez certaines variétés de riz en cas de salinité excessive (Khatun et al.,
1995). Le rendement en grains diminue avec l’augmentation de la salinité et
l’application du calcium réduit les pertes (Butt et al., 1995). La salinité présente un
impact négatif au taux de levée des plantules et aux composantes du rendement (Zeng
et Shannon, 2000, Grattan et al., 2002). Les déséquilibres nutritionnels qui
apparaissent en cas de salinité excessive résultent de ses effets sur la disponibilité des
nutriments, leur fixation compétitive aux sites apoplasmiques qui favorisent
anormalement le sodium au dépens du Ca et du K, leur transport et leur répartition
dans les différents organes de la plante (Grattan et Grieve, 1999). Elle réduit en effet
par exemple la disponibilité du phosphore. L’étude menée par Zeng et Shannon (2000)
a abouti à l’expression des effets de la salinité sur les composantes du rendement, sauf
le poids de mille grains, par des équations de régression linéaire hautement
significatives.
133
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
- Les effets directs de toxicité des anions OH- ou indirects des ions HCO3- sur la
croissance racinaire (Marlet et Job, 2006).
Trois types de cations Ca, K et Na ont été identifiés comme influençant le rendement
du riz. Le sodium soluble et échangeable exprimé par ESP s’est révélé nuisible au
meilleur rendement du riz. Cet effet est opposé à ceux du calcium soluble et
échangeable (ECP) et du potassium qui améliorent plutôt le rendement.
- les effets physiques, dus aux valeurs élevées d’ESP et de pH, de dispersion des argiles
qui s’accompagnent de l’imperméabilisation du sol et de la baisse de l'aération de
l’environnement racinaire ;
Le calcium influence les paramètres du rendement parce qu’il joue un grand rôle dans
la nutrition de la plante. Il agit notamment à la préservation de la structure et de
l’intégrité des membranes cellulaires, à la régulation des transports sélectifs des ions
(Qadir et al., 2006) et à la réduction de la perméabilité des membranes cellulaires des
racines vis-à-vis du sodium (Muhammed et al., 1987). La disponibilité du Ca pour la
plante dépend de la nature de l’ion accompagnateur, du pH du substrat et de sa
concentration relative par rapport aux autres cations (Grattan et Grieve, 1999). Le
sodium présente un effet important sur la mobilité et la distribution du calcium dans la
plante. La réduction du rapport Ca/Na dans la solution du sol diminue la concentration
en Ca des organes du riz (Grattan et Grieve, 1999). Des symptômes de déficiences en
calcium apparaissent en cas de rapports Na/Ca élevés. Le maintien des taux adéquats
de calcium en solution du sol est un facteur important de contrôle des toxicités
spécifiques liées aux ions (Grattan et Grieve, 1999).
134
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz
4.4. Conclusion
Cette étude avait pour objectif d’examiner les relations existantes entre les propriétés
chimiques des parcelles rizicoles de Mugerero et le rendement du riz. Elle visait
spécialement l’identification des facteurs de chutes de rendement qui s’observent ces
dernières années. L’analyse des corrélations de Kendall a montré que l’application des
engrais chimiques et de la matère organique sur les parcelles affectées par la salinité
n’a pas d’effet significatif sur le rendement en grains et sur le poids de mille grains
pleins. Ces dernières sont plutôt dépendantes des propriétés chimiques des sols.
135
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
137
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Résumé
Les propriétés d’échange cationique des sols affectés par la salinité ont fait l’objet de
beaucoup d’études à travers le monde. La plupart de ces études sont focalisées sur les
échanges entre les cations Na et Ca. Les coefficients de sélectivité pour ces échanges varient
selon les propriétés intrinsèques des sols et ne sont valables que dans les contextes
minéralogiques dans lesquels ils sont établis. De même, ces paramètres varient selon le
concept d’analyse utilisé. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’effet du rapport sol/eau sur
les propriétés chimiques des sols affectés par la salinité du périmètre rizicole de Mugerero et
d’établir les équilibres d’échanges cationiques entre la solution et le complexe d’échange dans
les systèmes Na - (Ca+Mg) et Ca - Mg. A cet effet, 53 échantillons de sols ont été utilisés (19
échantillons composites et 34 issus des horizons des profils pédologiques). Après séchage à
l’air libre, les cations (Ca, Mg, Na et K) extractibles à Ac-NH4, pH7 et à Ac-Na, pH 8,2 ont été
dosés par ICP-AES. Les solutions de sol ont été extraites par centrifugation des suspensions de
sol correspondant aux rapports sol/eau (w/v) 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12. Le pH et la
conductivité électrique (CE) ont été mesurés dans chaque solution. Les cations solubles ont été
dosés par ICP-AES. Les anions non carbonatés (Cl et SO4) ont été dosés par HPLC. Les anions
CO3 et HCO3 ont été analysés par titrage potentiométrique. Les cations échangeables ont été
calculés pour chaque dilution par la différence entre les teneurs des cations extractibles et
celles des cations solubles. Les formalismes de Gapon (1933), de Vanselow (1932) et de
Gaines-Thomas (1953) ont été utilisés pour décrire les équilibres d’échange. Les résultats
montrent que la composition des solutions de sol est dominée par le cation Na et l’anion SO4
ou HCO3. Il a été noté que les concentrations en cations monovalents (K et Na) exprimés en
millimoles de charges par unité de masse du sol sec augmentent avec l’accroissement de la
dilution tandis que les cations divalents solubles diminuent avec la dilution. Logiquement, des
tendances inverses ont été observées pour les cations échangeables. Ces tendances sont
conformes à la théorie des échanges ioniques. Le taux de sodium échangeable (ESP) diminue
avec la dilution. Dès lors, des modèles de calculs des paramètres de la solution et du complexe
d’échange à une dilution voulue à partir d’une dilution 1/2 choisie comme référence ont été
établis. La relation entre le pourcentage de sodium échangeable (ESP) et le rapport
d’adsorption du sodium (SAR) est de type curvilinéaire de la forme ESR = 0,0003 SAR2 + 0,0074
SAR (r2=0,84) (ESR = ESP/(100-ESP)) ; indiquant que le coefficient de Gapon n’est pas constant
et croît avec l’augmentation de la charge sodique. Cependant, sur base des approches
thermodynamiquement très rigoureuses de Vanselow et de Gaines et Thomas, des coefficients
de sélectivité uniques respectivement égaux à 0,5 et 0,3 ont été établis pour toute la gamme
de sodicité des sols étudiés (ESP atteignant 60%). Par ailleurs, avec ces deux dernières
approches, un coefficient de sélectivité de 1,5 a été déterminé pour l’échange entre le Ca et
Mg ; ce qui montre que les sols étudiés ont une affinité plus forte au Ca qu’au Mg bien que les
approches classiques de modélisation de l’échange entre le Na et les cations divalents
considèrent que les deux cations ont une même sélectivité d’échange.
139
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Abstract
Cation exchange properties of salt-affected soils have been studied extensively all over the
world. Most of these studies focused on Na-Ca exchange using selectivity coefficients that may
vary with intrinsic properties of the soil. The aim of this study was to investigate the effects of
soil to water ratios on chemical properties of salt-affected soils of Mugerero paddy area in
burundian lower Rusizi plain and to establish the relationship between Exchangeable Sodium
Percentage (ESP) and Sodium Adsorption Ratio (SAR). To attain this purpose, nineteen
composite samples of the surface horizon were taken from 13 paddy parcels and 6 ancient
paddy fields currently abandoned; 34 other samples were collected from three horizons of soil
profiles dug in 3 abandoned fields and a rice parcel. After drying and sieving, extractable
cations (Ca, Mg, Na and K) were analyzed in ammonium acetate (pH 7) and sodium acetate (pH
8.2) extracts using ICP-AES. Soluble ions, pH and electrical conductivity were analyzed in soil
solutions extracted from five soil/water ratio suspensions (w/v) (i.e. ratio 1/2, 1/3, 1/5, 1/8
and 1/12). Exchangeable cations, for each moisture content, were calculated by difference
between extractable cations (Na at pH 7 and K, Ca, Mg at pH 8.2) and soluble cations. Gapon,
Vanselow and Gaines-Thomas conventions were adopted to assess Na - (Ca+Mg) exchange, for
estimating ESP-SAR relationship, and Ca – Mg exchange equilibria. The results show that all soil
extracts, for all soil to water ratios, are dominated by the cation Na and the anion SO4 or HCO3.
It has been noticed that univalent soluble cation concentrations (K and Na) expressed in
millequivalents per weight unit of soil, exhibit an increase tendency with dilution whilst
divalent soluble cations (Ca and Mg) decrease with dilution. Moreover, due to valence effect,
exchangeable Na and K increase whereas Ca and Mg decrease with increase of water content;
ESP therefore decreases with moisture content. Thus, using conversion factors of variables
from 1/2 ratio to 1/Ve ratio, prediction models of chemicals variables for any 1/Ve ratio from
values measured at 1/2 ratio taken as reference have been established. Relationship between
Exchangeable Sodium Ratio (ESR = ESP/(100-ESP)) and SAR reveals a curvilinear relationship of
the form ESR = 0.0003 SAR2 + 0.0074 SAR (r2=0.84) that characterizes Na - (Ca+Mg) exchange
equilibrium between the solution and exchangeable phases indicating that Gapon coefficient
(KG) is not constant and increases with the increasing of sodic load. However, based on a more
rigorous thermodynamic approaches of Vanselow and Gaines-Thomas, we found that our data
are well depicted using a single values of the Vanselow selectivity coefficient (KV = 0.5) and
Gaines-Thomas selectivity (KC = 0.3) over the entire range of sodic charge (i.e. up to ESP = 60%
in our soil collection). As far as Ca-Mg equilibria are concerned, we found a selectivity
coefficient of 1.5 in favor of Ca whereas the classical ESR-SAR approach considers a single pool
of divalent cations assuming a same affinity of these cations for the exchange complex.
140
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
La salinité des sols est conventionnellement mesurée dans l’extrait de la pâte saturée.
Cette méthode tente de s’approcher des conditions naturelles maximales de
l’humidité en champ tout en étant réalisable en laboratoire (USDA, 1954 ; Zhang et al.,
2005). Néanmoins, cette méthode présente le désavantage d’être trop laborieuse en
terme de préparation des échantillons (Abrol et al., 1988), de ne pas être reproductible
parce que les manières de mixer les pâtes varient selon les individus, et de présenter
l’incertitude de la détermination du pourcentage d’eau à saturation avec exactitude
(Hogg et Henry, 1984).
Pour contourner ces désagréments, les chercheurs utilisent la méthode des extraits
sol/eau à rapports fixes. Cette méthode permet d’obtenir l’extrait avec rapidité,
d’opérer des répétitions (USDA, 1954 ; Visconti et al., 2010) car les volumes d’eau sont
fixés à l’avance, et n’exige pas d’équipements très performants. Les valeurs obtenues
peuvent être extrapolées aux conditions de saturation par des équations de régression
préalablement établies et validées. Cependant, les extraits au rapport sol/eau fixé ne
sont pas sans reproche. Visconti et al., (2010) relèvent trois incohérences dues à
l’usage des extraits sol/eau. La première réside en l’absence d’un rapport sol/eau
constant pour l’extrait de saturation, ce rapport varie avec la texture, la teneur en
matière organique et la minéralogie des argiles en place. La seconde est la non
conservation des rapports cationiques aux grandes dilutions. Cette discordance est
causée notamment par la dissolution des minéraux comme le gypse et la calcite, les
échanges ioniques qui diffèrent d’une dilution à une autre. La troisième tient au fait
que les variations de la conductivité électrique (CE) dépendent non seulement de la
variation de la concentration en ions mais aussi de la composition des ions en solution.
Grâce aux facilités offertes par les méthodes des extraits sol/eau pour l’évaluation de
la salinité des sols, diverses relations de régression entre les extraits sol/eau et l’extrait
de pâte saturée ont été établies pour la CE, les cations (Ca, Mg, K, Na) et les anions (Cl
et SO4). Ce genre de relations entre les extraits au rapport sol/eau de 1/1 et l’extrait de
la pâte saturée ont été étudiés par USDA (1954), Hogg et Henry (1984), Franzen (2012),
Ozcan et al. (2006) et Zhang et al. (2005). Celles reliant l’extrait 1/2 à l’extrait de
saturation ont été investiguées par Hogg et Henry (1984). Sonmez et al. (2008) ont
ajouté les relations impliquant les extraits aux rapports 1/2,5 et 1/5. Afzal et Yasin
(2002) ont étudié l’évolution de la CE, du pH, des cations solubles et échangeables et
des anions solubles en passant de l’extrait de saturation aux dilutions 1/1, 1/2, 1/5 et
1/10. Ces relations sont loin d’avoir une portée universelle dans la mesure où elles
dépendent des propriétés intrinsèques des sols étudiés (Hogg et Henry, 1984). Il
141
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
convient donc de disposer d’une relation propre à un sol pour prétendre extrapoler
aux conditions de saturation les résultats d’analyse correspondants à un rapport
sol/eau donné.
Les échantillons de sols analysés sont ceux déjà cités au chapitre 3. Nous avons
préparé des suspensions à cinq rapports sol/eau (W/V) : 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 en
ajoutant respectivement 100 ml d’eau déminéralisée à 50 g de sol ; 120 ml pour 40 g,
70 ml pour 14 g ; 72 ml pour 9 g et 72 ml pour 6 g de sol. Les suspensions ont été
homogénéisées manuellement pendant une minute et ont été laissées pour
équilibrage pendant 12 heures puis agitées pendant 15 minutes avant de passer à la
centrifugation à 2700 g pendant 15 min. Les solutions décantées ont été filtrées sur
papier Whatman n°41 avant d’être soumises aux analyses chimiques par spectroscopie
d’émission atomique à plasma (ICP-AES) pour les cations (Ca, Mg, Na, K), par
chromatographie ionique en phase liquide à haute performance (HPLC) pour les anions
non carbonatés (F, Cl, NO3, NO2, PO4 et SO4), et par titrage potentiométrique pour les
anions CO3 et HCO3.
142
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Pour chaque dilution et chaque échantillon de sol, les teneurs en cations échangeables
ont été obtenues par différence entre leurs teneurs dans l’extrait de CH3COONa à pH
8,2 (sauf pour Na où c’est l’extrait de CH3COONH4 à pH 7 qui est pris en compte) et
celles des solutions d’équilibre.
Pour chaque variable chimique, à chaque rapport sol/eau 1/Ve (Ve est le volume d’eau
ajoutée en mL par g de sol sec), un facteur de conversion à partir de ses valeurs au
rapport 1/2 pris comme référence a été déterminé par régression linéaire. Les
relations reliant la série des facteurs de conversion ainsi déterminés et celle des
volumes d’eau Ve ont été ensuite établies. Ces relations permettent de calculer la
valeur de la variable au rapport quelconque 1/Ve à partir de ses valeurs au rapport
1/2. Les coefficients de sélectivité d’échange entre Na et les cations divalents (Ca+Mg)
et entre Ca et Mg ont été établis en suivant les formalismes de Gapon (1933), de
Vanselow (1932) et de Gaines et Thomas (1953).
L’analyse de la balance ionique qui suppose que la somme des charges négatives doit
égaler celles des cations a été effectuée pour nos solutions en comparant la somme
143
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
des cations majeurs (Ca, Mg, Na et K) et celle des anions (F, Cl, NO, NO3, SO4, CO3 et
HCO3). La figure 5.1 montre qu’il existe des parfaites corrélations entre les somme des
cations et celles des anions pour toutes les dilutions.
La figure 5.2 compare la CE des solutions et la salinité totale, estimée par la moyenne
de la somme des cations et celle des anions. On observe une parfaite corrélation (r 2 =
0,99) entre les deux variables pour toutes les dilutions et une valeur de la pente
proche de 10, valeur empirique souvent utilisée pour convertir la CE (dS/m) en
concentration saline (mmolc/L).
Figure 5. 1: Comparaison entre la somme des cations et la somme des anions pour quatre dilutions
expérimentales (à gauche : échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)
144
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.1 (suite). Comparaison entre la somme des cations et la somme des anions pour quatre dilutions
expérimentales (à gauche : échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)
Figure 5. 2: Relation entre la salinité et la CE pour quatre dilutions expérimentales (à gauche : échelle linéaire ; à
droite : figures avec échelle logarithmique)
145
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.2 (Suite): Relation entre la salinité et la CE pour quatre dilutions expérimentales (à gauche : échelle
linéaire ; à droite : figures avec échelle logarithmique)
Le soufre a été dosé de deux manières ; la première en même temps que les cations
avec la méthode de l’ICP-AES et la deuxième avec la méthode HPLC sous forme de
sulfates (SO4). La comparaison des concentrations obtenues pour les deux types de
146
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 3: Comparaison entre les concentrations en ions SO4 analysés par HPLC et le soufre totale soluble dosé
par ICP-AES (à gauche : pour toutes les solutions des cinq dilutions ; à droite : pour les valeurs de S-ICP < 10 mM)
Les valeurs de pH des solutions des sols extraites aux cinq dilutions sont condensées
sous forme de statistiques dans le tableau 5.1. Le plus grand nombre de solutions (plus
de 75%) présentent des pH supérieurs à 7 avec des valeurs qui atteignent 10 dans
toutes les cinq dilutions; ce qui témoigne le caractère alcalin de nos solutions (Figure
5.4). La forte réaction alcaline est causée par le phénomène d’alcalinisation qui est due
à l’augmentation des concentrations en OH- provenant de l’hydrolyse des sels Na2CO3
ou de NaHCO3 (Kovda et Samoilova, 1969) ; l’hydrolyse des précipités carbonatés
CaCO3 et MgCO3 ne provoquant pas des élévations de pH au-delà de 8,2 - 8,3 (Abrol et
al., 1988) à cause de leur faible solubilité. D’autre part, l’alcalinité et la pression du CO2
déterminent le pH d’un sol alcalin (Ponnamperuma, 1972 ; Mashhady et Rowell, 1978).
147
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Tableau 5. 1: Caractéristiques chimiques des solutions des échantillons des sols extraites aux cinq rapports
sol/eau (CE en dS/m ; ions et salinité moyenne en cmolc/kg)
12 6,11 0,02 0,01 0,01 0,01 0,1 0 0 0 0 0,02 0,02 0 0,13 0,27
Quartile1
2 7,32 0,48 0,04 0,04 0,01 0,92 0 0,01 0 0 0,01 0,44 0 0,22 1,21
3 7,27 0,39 0,05 0,06 0,01 0,97 0 0 0 0 0,02 0,39 0 0,26 1,30
5 7,2 0,31 0,05 0,07 0,01 1,44 0,02 0,01 0 0 0,02 0,4 0 0,35 1,60
8 7,34 0,21 0,04 0,05 0,01 1,53 0,04 0 0 0 0,03 0,4 0 0,42 1,76
12 7,23 0,15 0,03 0,05 0,04 1,63 0,05 0 0 0 0,03 0,38 0 0,6 2,11
Médiane
2 7,94 1,21 0,1 0,1 0,02 2,2 0,02 0,01 0 0 0,02 1,75 0 0,44 2,30
3 7,84 0,9 0,12 0,12 0,02 2,43 0,02 0,01 0,01 0 0,03 1,76 0 0,49 2,60
5 7,88 0,63 0,1 0,14 0,02 2,94 0,05 0,01 0,01 0 0,03 1,84 0 0,64 3,26
8 7,98 0,43 0,1 0,11 0,03 3,51 0,07 0 0,01 0 0,03 1,75 0 0,87 3,84
12 8,04 0,34 0,08 0,1 0,05 3,71 0,1 0 0,01 0 0,04 1,68 0 0,98 3,94
Quartile3
2 8,26 2,19 0,44 0,41 0,02 4,24 0,06 0,03 0 0 0,03 4,51 0 0,57 5,01
3 8,86 1,62 0,44 0,39 0,02 4,49 0,08 0,02 0,02 0 0,04 4,58 0,09 0,65 5,47
5 9,04 1,12 0,41 0,38 0,03 5,4 0,1 0,01 0,01 0 0,05 4,62 0,23 0,86 6,47
8 9,35 0,76 0,45 0,52 0,05 6,31 0,11 0,01 0,02 0 0,05 4,54 0,42 1,14 6,57
12 9,43 0,52 0,44 0,48 0,07 7,47 0,13 0 0,02 0 0,06 4,42 0,67 1,36 7,13
Maximum
2 10,04 11,12 2,65 7,55 0,06 19,73 0,14 0,19 0,01 0,08 0,32 29,77 0,7 1,84 30,29
3 10,16 8,18 3 8,9 0,07 23,74 0,18 0,04 0,09 0,12 0,39 31,58 2,31 1,75 34,06
5 10,19 5,23 2,72 7,69 0,16 21,94 0,22 0,04 0,09 0,02 0,38 31,75 3,13 2,87 32,49
8 10,28 3,55 2,19 7,46 0,11 23,18 0,27 0,03 0,13 0,16 0,37 29,58 3,77 2,45 31,65
12 10,33 2,48 2,49 7,74 0,17 24,78 0,29 0,08 0,13 0,09 0,43 31,95 4,45 2,09 34,04
Moyenne
2 7,86 2,17 0,42 0,63 0,02 4,02 0,033 0,031 0,002 0,002 0,040 4,327 0,034 0,459 5,01
3 8,01 1,55 0,41 0,63 0,02 4,29 0,042 0,011 0,014 0,006 0,051 4,473 0,131 0,489 5,28
5 8,02 1,03 0,35 0,55 0,03 4,82 0,062 0,011 0,013 0,004 0,054 4,511 0,220 0,675 5,64
8 8,18 0,70 0,33 0,53 0,03 5,23 0,083 0,006 0,015 0,010 0,056 4,346 0,337 0,837 5,91
12 8,22 0,50 0,30 0,51 0,06 5,76 0,097 0,004 0,020 0,010 0,068 4,394 0,432 0,968 6,32
L’examen des corrélations entre le pH et les anions majoritaires montre que le pH est
plus influencé par les (bi)carbonates que par les chlorures et les sulfates (Figures 5.4 et
5.5). C’est un fait évident vu que dans une solution avec une ANC (Acid Neutralization
Capacity) nulle, contenant par exemple NaCl, Na2SO4, …, le pH n’est pas fonction des
concentrations en Cl et en SO4. Il dépend plutôt de l’alcalinité (Alk) qui est définie
comme la différence de la somme des charges cationiques et celle des charges
anioniques non (bi)carbonatées en molc/L par la relation (Stumm et Morgan, 1996):
148
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
⁄ [ ] (5.1)
(5.2)
Des augmentations de pH avec la dilution ont été observées dans certaines solutions
caractérisées par des teneurs en CaCO3 relativement élevées. Cette augmentation
s’expliquerait par une légère montée des concentrations en Ca due à la dissolution des
carbonates qui largue du Ca en solution et en augmente ainsi l’alcalinité.
Figure 5. 4: Relation entre le pH des solutions extraites aux 4 rapports sol/eau et les concentrations en
(bi)carbonates
149
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 5: Relation entre le pH et les concentrations en ions (bi)carbonates dans toutes les solutions extraites
Les valeurs de la CE des solutions extraites aux cinq dilutions montrent que cette
variable diminue avec l’accroissement de la dilution (Tableau 5.1, Figure 5.6). Il est
évident qu’en augmentant le volume d’eau des suspensions, la diminution de la
conductivité électrique doit s’en suivre. Si on a une loi de simple dilution et en prenant
la dilution 1/2 comme référence, la CE à une autre dilution 1/Ve peut être calculée par
le produit de la CE à la dilution 1/2 par un facteur f qui équivaut au quotient 2/Ve (Ve
étant le volume d’eau en mL par g de sol). Ce facteur multiplicatif, qui n’est rien
d’autre que l’inverse du facteur de dilution, doit égaler le rapport de la CE à la dilution
1/Ve (notée CE1/Ve) par la CE à la dilution 1/2 (notée CE1/2) si on a une loi de simple
dilution. Pour les sols de Mugerero, les valeurs expérimentales de f, observées aux
quatre dilutions ont été déterminées par régressions linéaires entre les CE aux
dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et la CE à la dilution 1/2 (Figure 5.7). Ces valeurs du
facteur f obtenues avec les graphiques de la figure 5.7 ainsi que ses valeurs théoriques
sont reprises dans le tableau 5.2. On constate que les valeurs de f déterminées
expérimentalement sont légèrement supérieures aux facteurs théoriques.
Il est connu que la CE est fonction de la salinité exprimée par la somme des cations ou
des anions ; ce qui peut s’écrire par la relation :
⁄ ⁄ (5.3)
150
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Dans cette étude, ce coefficient k équivaut pour chacune des cinq dilutions à l’inverse
de la pente de la droite de régression correspondante montrée à la figure 5.2, ses
valeurs sont montrées à la figure 5.34 en annexe et reprises dans le tableau 5.2. Le
facteur f pour la dilution 1/Ve peut alors être exprimé par :
(5.4)
La relation (5.4) montre que le facteur f dépend des variations des niveaux de salinité
et du coefficient k. En observant les valeurs du coefficient k pour toutes les cinq
dilutions, on constate qu’il augmente avec la dilution et que le rapport qui
en découle doit augmenter avec dilution. Par ailleurs, le rapport de salinité,
, est légèrement élevé que les valeurs théoriques prévues par
la loi de simple dilution (Tableau 5.2 ; Figure 5.35 en annexe), effet qui peut être
attribué à une éventuelle dissolution du CaCO3 et/ou du gypse dans les cas où il est
présent. La supériorité des facteurs expérimentaux de f par rapport aux valeurs
théoriques est donc liée aux effets de la salinité et de la dissolution des sels faiblement
solubles.
Des cas de diminutions non proportionnelles de CE avec la dilution ont été observés
dans d’autres études notamment celle de Afzal et Yasin (2002) qui ont comparé les CE
obtenues dans les solutions extraites aux rapports sol/eau de 1/1, 1/2, 1/5 et 1/10.
Tableau 5. 2: Valeurs théoriques et observées du facteur multiplicatif f de la CE à la dilution 1/2 pour le calcul de
la CE à une dilution quelconque
1/2 0,082 1 1 1
151
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
montrée à la figure 5.8 de gauche. On réalise que la CE d’une solution à une dilution
voulue peut être calculée par la relation :
⁄ ⁄ ⁄ (5.5)
⁄ ⁄ (5.6)
Avec les deux équations de régression 5.5 et 5.6, il est possible de calculer la CE à un
rapport sol/eau plausible en champ, à partir des mesures de laboratoire au rapport
sol/eau de 1/2 non réaliste sur terrain mais qui est le plus proche des conditions
réelles parmi les cinq rapports réalisés, par extrapolation au rapport sol/eau
caractéristique des conditions de saturation. Ce rapport dépend bien sûr de la
porosité, de la texture et du type de constituants solides du sol (organique ou minéral).
En supposant une porosité de l’ordre de 50% et une masse volumique réelle de la
phase solide de l’ordre de 2600 kg/m3, le rapport sol/eau à la saturation est de 1300
kg/0,5 m3 ou 1 g/0,385 mL ; le rapport sol/eau à considérer est donc de l’ordre de
grandeur de 1/0,4. De toutes les façons, ce rapport est compris entre 1/0,4 et 1/1. Les
valeurs des principales statistiques de la CE extrapolée à ces deux rapports de dilution
sont données au tableau 5.3. On constate que plus de 50% des solutions de nos sols
ont des CE1/0,4 > 4,79 dS/m et des CE1/1 > 2,2 dS/m.
Tableau 5. 3: Valeurs des principales statistiques des CE obtenues par extrapolation aux rapports sol/eau de 1/0,4
et 1/1 à partir de CE1/2
152
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 6: Diagramme des quartiles des CE des solutions extraites aux cinq rapports sol/eau
Figure 5. 7: Comparaison entre les CE aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 avec la CE à la dilution 1/2
153
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 8: Relation entre les rapports observés et théoriques des CE aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par la CE
à la dilution 1/2 (à gauche) ; relation entre les rapports observés des CE aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par la
CE à la dilution 1/2 et le volume d’eau en mL par g de sol (à droite)
5.3.3. Relation entre les suspensions et les extraits au rapport sol/eau de 1/5
pour le pH et la conductivité électrique
Ainsi, une comparaison des pH et des CE mesurés avec les deux méthodes a été opérée
et présentée à la figure 5.9. Il apparaît que les pH des solutions extraites sont
inférieurs à ceux des suspensions réalisées au même rapport. Cet écart pourrait être
dû au fait que l’équilibre avec la pression de CO2 atmosphérique n’est pas atteint dans
les suspensions sol/eau après une heure de contact avec l’air ambiant et une agitation
sporadique de ces suspensions. Ainsi la mise en contact d’un sol sec avec de l’eau
ouverte à l’air entraine une consommation de l’acide carbonique contenu dans cette
eau pour la dissolution des composés carbonatés, ce qui s’accompagne d’une hausse
immédiate de pH. Le déficit de CO2 dans la solution de la suspension sera alors
progressivement compensé par une diffusion du CO2 de l’air ambiant vers la solution,
accompagnée d’une baisse de pH, étape dont la cinétique est relativement lente vu
qu’elle implique une diffusion au travers de l’interface air-solution. Un réétablissement
154
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Contrairement aux pH, les CE des extraits aqueux sont légèrement supérieures à celles
des suspensions (Figure 5.9 à droite), et les deux séries de CE sont linéairement
corrélées (r2 = 0,99). Des résultats similaires ont été trouvés par Hogg et Henry (1984)
pour les suspensions et les extraits de rapport sol/eau de 1/1 et 1/2. L’infériorité des
CE des suspensions par rapport aux extraits pourrait s’expliquer par l’effet de la
relative longue durée d’équilibrage des mélanges de sol et d’eau pour les solutions (12
heures) par rapport à celle mise pour l’équilibrage des suspensions de sol (1 heure).
Figure 5. 9: Relation entre les solutions extraites et les suspensions au rapport sol/eau 1/5 pour le pH (à gauche)
et pour la conductivité électrique (à droite)
Les compositions chimiques des extraits des 53 solutions pour les cinq rapports
sol/eau sont présentées en annexe et d’une manière synthétique au tableau 5.1. Pour
toutes les cinq dilutions, les solutions sont dominées par le sodium parmi les cations et
par les sulfates et les (bi)carbonates du côté des anions. Une bonne corrélation (r2 >
0,97) entre les concentrations en Na et la CE est dégagée (Figure 5.10 à gauche); ce qui
montre que la salinité est sous la dominance du Na quelle que soit la teneur en eau.
On remarque aussi qu’il y a une représentation non moins importante du Ca et du Mg
155
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
et une faible représentation du potassium dans toutes les solutions. En outre, la quasi-
totalité de la charge anionique des solutions est occupée par les ions SO 4, CO3 et HCO3;
les anions Cl, NO2, NO3, PO4 et F occupant un faible pourcentage.
Dans toutes les dilutions, le Na est bien corrélé avec les sulfates (Figure 5.10 au milieu).
Cette bonne corrélation entre les deux types de cations confirme que ce sont les
cations et anions dominants. Il est à noter cependant que la concentration en Na est
généralement inférieure à celle de SO4. Si par contre on compare les concentrations en
sulfates et les sommes des concentrations en Na et en Mg, on remarque que le
coefficient de détermination r2 augmente et que les pentes des droites de régression
se rapprochent de 1 pour toutes les dilutions (Figure 5.10 à droite). Il convient de
rappeler que plus la part du Na en solution s’accroît, plus les parts du Ca et de Mg
diminuent. La part du K reste cependant sans corrélation avec celle du Na (Figure
5.11).
156
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
+ 2- +
Figure 5. 10: Relation entre le Na soluble et la CE (à gauche); Relation entre les ions SO4 et Na soluble (au
+ 2+ 2-
milieu); Relation entre la somme des concentrations en Na et en Mg et la concentration en SO4 des solutions
(à droite)
157
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
+ 2- +
Figure 5.10 (Suite) : Relation entre le Na soluble et la CE (à gauche); Relation entre les ions SO4 et Na soluble
+ 2+ 2-
(au milieu); Relation entre la somme des concentrations en Na et en Mg et la concentration en SO4 des
solutions (à droite)
Figure 5. 11: Relation entre la proportion de Na soluble et celles de Ca, Mg et K solubles; et entre les
pourcentages de Ca et de Mg solubles
158
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
5.3.4.2. Effet de la dilution sur les concentrations ioniques des solutions d’équilibre
Les principales statistiques sur les cations solubles sont présentées au tableau 5.1. La
figure 5.12 montre les valeurs minimales et maximales ainsi que des quartiles des
concentrations des cations solubles à différentes dilutions. Il est évident que
l’augmentation de la dilution des suspensions sol/eau s’accompagne des diminutions
des concentrations en mmolc/L de tous les ions dans les extraits qui en résultent.
Cependant, exprimées en quantité de charges électriques par unité de masse de sol
sec, les teneurs en ions solubles devraient logiquement demeurer indépendantes de la
dilution s’ils obéissent à la loi de simple dilution. Néanmoins, des processus comme la
dissolution des minéraux faiblement solubles tels la calcite et le gypse, l’échange
ionique, l’adsorption négative et les différences de pression de CO2 produit sont
susceptibles d’en modifier les quantités selon la teneur en eau (Rhoades et al., 1999).
En mettant en relation les coefficients ci-haut mentionnés avec la quantité d’eau Ve,
on obtient des équations de régression (Figures 5.13 et 5.14) qui permettent de
prédire les teneurs en ces quatre cations majoritaires à n’importe quel rapport sol/eau
1/Ve à partir des mesures effectuées à la dilution 1/2 (correspondante à Ve = 2 mL/g
de sol).
159
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Les équations obtenues montrent que les teneurs (en cmolc/kg) des solutions en
cations Ca, Mg, Na et les sommes des cations divalents et monovalents à une teneur
en eau quelconque peuvent être calculées avec les formules suivantes :
Notons qu’il n’a pas été possible d’obtenir une relation de cette forme pour le
potassium ; ses valeurs extrêmement petites n’ont pas permis d’établir des régressions
significatives du genre.
Pour ce qui concerne les anions, leurs teneurs rapportées à la masse de sol sec dont ils
sont issus en cmolc/kg restent stables pour toutes les dilutions et ne varient presque
pas ; ils obéissent à la simple loi de dilution. Seule une légère augmentation des
(bi)carbonates est observée. Les concentrations en ions SO4 par unité de poids ne
varient pas de façon systématique avec la dilution. Ils restent en solution et obéissent
à une loi de simple dilution ; on les retrouve donc inchangés en mmolc/kg. Une
conclusion conséquente à cette constatation est que les minéraux qui pourraient avoir
été objet de dissolution seraient ceux qui sont riches en CO3 (calcite) et pas en SO4. En
outre, comme montré au chapitre 3 pour la dilution 1/2 et comme on le verra plus loin
pour les autres dilutions, peu de solutions sont saturées en gypse même à la dilution
1/2 et a fortiori l’index de saturation par rapport à ce minéral diminue avec
l’augmentation de la dilution ; ce qui ne veut pas dire que les échantillons ne
contiennent pas de gypse quand ils sont secs ou à une faible teneur en eau.
160
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 12: Représentations schématiques des quartiles des concentrations en cations solubles aux différentes
dilutions
Figure 5. 13: Relation entre les rapports des concentrations des cations divalents en solution aux dilutions 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12 par rapport à la dilution 1/2 et le volume d'eau en mL par g de sol
161
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 14: Relation entre les rapports des concentrations des cations monovalents en solution aux dilutions
1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par leurs concentrations à la dilution 1/2 et le volume d'eau en mL par g de sol
proche de celui de la calcite (Figure 5.17) ; ce qui se traduirait par l’existence d’un
minéral commun pour les ions Ca et Mg notamment la calcite magnésienne tel que
consigné par les recherches d’Arnaud et Herbillon (1973) pour les sols de la Basse
Rusizi au Burundi.
Figure 5. 15: Relation entre l’indice de saturation de la calcite et le pourcentage en CaCO3 pour les dilutions 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12
163
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 16: Relation entre l'indice de saturation du gypse et la concentration en sulfates pour les dilutions 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12
Figure 5. 17: Relation entre l’indice de saturation de la magnésite et celui de la calcite pour les dilutions 1/3, 1/5,
1/8 et 1/12
164
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.17 (Suite) : Relation entre l’indice de saturation de la magnésite et celui de la calcite pour les dilutions
1/3, 1/5, 1/8 et 1/12
Les cations échangeables déterminés pour les cinq dilutions en soustrayant les cations
solubles des cations extractibles (à l’acétate de sodium à pH 8,2 pour le Ca, le Mg et le
K et à l’acétate d’ammonium pour le sodium) sont présentés dans le tableau 5.11 en
annexe. La raison de cette démarche de calcul a été présentée au chapitre 3; elle est
basée sur le fait que les extraits à l’acétate d’ammonium et à l’acétate de sodium
contiennent non seulement des cations échangeables mais aussi des sels solubles. Les
concentrations des cations dosés dans les éluâts d’Ac-Na à pH 8,2 et d’Ac-NH4 à pH 7
sont donc supérieures aux valeurs réelles des cations échangeables (Figure 3.22 du
chapitre 3). Une manière de remédier à cette contrainte serait de lessiver les sels avec
l’éthanol 60% avant tout traitement avec les extractants (Rhoades, 1982). Néanmoins,
Amrhein et Suarez (1990) et Amrhein et Suarez (1991) indiquent que ce produit
augmente la solubilité du CaCO3 et CaSO4 et ne solubilise pas les sels de Na (Na2SO4,
Na2CO3, et NaHCO3); il en découle alors des valeurs élevées de Na échangeable. En
outre, ces techniques modifient les rapports cationiques du complexe d’échange
puisqu’elles modifient la force ionique de la solution d’équilibre. D’où il a fallu recourir
à cette méthode ci-haut décrite avec bien évidemment des inconvénients que l’eau
peut dissoudre certains minéraux normalement moins solubles comme le gypse et la
calcite entraînant la surestimation des cations solubles qu’ils contiennent surtout dans
les cas des grandes dilutions. En adoptant cette démarche, nous avons trouvé des
valeurs des cations échangeables dont les sommes approximent effectivement la CEC
pour tous les rapports sol/eau (Figure 5.18).
165
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Les principales statistiques sur les cations échangeables des sols calculés aux cinq
dilutions et les valeurs d’ESP correspondantes sont présentées au tableau 5.4. Le
cation qui domine le complexe d’échange est le Ca avec une moyenne de
représentation globale de 46% ; il est suivi du Mg représenté en moyenne par 38% et
du Na dont la part moyenne est de 14%; le potassium est très faiblement représenté
(0,7%) comme dans les solutions d’équilibre.
En poursuivant la même démarche utilisée pour les ions solubles, les teneurs en
cations échangeables aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 ont été comparées à celles qui
sont calculées à la dilution 1/2 (figures non montrées dans ce document). Les
coefficients multiplicatifs obtenus ont été mis en relation avec la teneur en eau (Ve)
pour établir une équation de prédiction de ces cations échangeables à n’importe
quelle dilution en partant de la dilution 1/2 prise comme référence. Ces coefficients
permettent aussi d’examiner l’effet de l’humidité sur les valeurs des cations
échangeables. Le constat a été que le rapport (Ca+Mg)1/Ve / (Ca+Mg)1/2 est supérieur à
l’unité et augmente avec la dilution et que, par contre, le rapport (Na+K) 1/Ve / (Na+K)1/2
est inférieur à l’unité et diminue avec la dilution (Figure 5.19). L’explication n’y est
nulle autre que la loi sur les échanges ioniques qui stipule que la dilution agit en faveur
de l’adsorption des cations de grandes valences (Helfferich, 1995). Nous retrouvons
donc la même conclusion que celle faite précédemment sur les compositions des
solutions d’équilibre.
Figure 5. 18: Relation entre la somme des cations échangeables calculés pour toutes les dilutions et la CEC-Na
166
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 19: Relation entre les cations échangeables et la quantité d’eau en mL/g de sol (cations divalents à
gauche ; cations monovalents à droite)
La détermination de l’ESP pour les sols salés est d’une grande importance. En effet,
l’excès du sodium échangeable est préjudiciable à la bonne structure du sol et est
responsable de la dispersion des argiles et de l’encroûtement. Dans les conditions de
grandes valeurs d’ESP, le pouvoir drainant du sol et la circulation de l’air sont mis en
cause, ce qui affecte la croissance des plantes. Sa détermination pour les sols qui
contiennent des sels hydrosolubles pose toujours problème étant donné que, de par sa
définition, on doit disposer préalablement de la teneur en Na échangeable et de la CEC
(ou des teneurs des trois autres cations échangeables majeurs pour les sols
halomorphes Ca, Mg et K dont la somme avec le Na approxime la CEC) dont la
détermination est laborieuse et délicate comme évoqué précédemment. Pour les cinq
dilutions et pour chaque solution, nous avons calculé sa valeur, en ignorant le
potassium dont les valeurs sont très négligeables, avec la formule :
é é é é (5.12)
Les valeurs d’ESP calculées pour toutes les solutions sont présentées en annexe et
synthétisées au tableau 5.4. La comparaison des ESP des quatre dilutions à ceux de la
dilution 1/2 prise comme référence est schématisée à la figure 5.20. Les pentes des
droites de régression obtenues diminuent avec la diminution du rapport sol/eau ; ce
qui traduit la diminution de l’ESP avec la dilution. Cette observation pourrait aussi être
expliquée par la loi des échanges ioniques déjà évoquée. Elle se comprend aisément
167
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
⁄ (5.13)
Cette équation permet d’extrapoler, comme opéré pour la CE, la valeur d’ESP aux
dilutions 1/0,4 et 1/1 plausibles en cas de submersion pratiquée en riziculture. Les
valeurs trouvées (Tableau 5.5) montrent que les deux niveaux d’humidité ne sont pas
éloignés du point de vue sodicité et que plus de 50 % de nos sols sont dans la catégorie
des sols à problème de sodicité si on se place dans la classification des sols
halomorphes selon USDA (1954).
Du point de vue expérimental, l’utilisation dudit modèle ne résout pas les difficultés de
détermination de l’ESP évoquées plus haut car il faut préalablement disposer des
valeurs des cations échangeables au rapport 1/2. Il serait donc intéressant de le
calculer en recourant aux résultats d’analyse de la composition cationique de la
solution d’équilibre du moment que la loi des rapports (ratio law) de Schofield stipule
que le ratio des cations en solution dépend du ratio des mêmes cations sur l’échangeur
(Tan, 1998). Ceci fait l’objet de la modélisation des équilibres d’échange qui sera
abordée dans le paragraphe qui va suivre.
168
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Tableau 5. 4: Principales statistiques sur les cations échangeables (cmolc/kg) et le pourcentage en sodium
échangeable (ESP %) pour les cinq rapports sol/eau
Statistique Ve Ca Mg K Na ESP
Minimum 2 1,43 1,18 0,01 0,06 0,52
3 1,45 1,19 0,01 0,04 0,37
5 1,49 0,93 0,00 0,00 0,03
8 1,46 1,02 0,02 0,02 0,15
12 1,38 1,02 0,00 0,01 0,06
Quartile 1 2 6,73 6,14 0,07 1,29 7,42
3 6,71 5,74 0,06 1,24 6,31
5 6,75 6,16 0,05 1,03 4,92
8 6,93 6,10 0,05 0,89 4,62
12 6,88 5,97 0,03 0,52 3,21
Médiane 2 8,38 8,33 0,10 3,01 16,40
3 8,38 8,32 0,10 2,78 12,68
5 8,34 8,30 0,09 2,67 11,71
8 8,29 8,44 0,08 1,95 8,96
12 8,38 8,41 0,06 1,37 7,27
Quartile 3 2 11,85 10,06 0,15 5,70 24,58
3 11,82 9,97 0,15 5,45 22,29
5 11,78 10,17 0,13 4,51 20,00
8 11,85 10,29 0,14 4,20 17,23
12 11,85 10,51 0,11 3,53 15,20
Maximum 2 31,99 20,00 1,02 12,89 65,30
3 32,00 20,07 1,01 12,65 60,59
5 31,94 20,21 1,00 9,95 50,84
8 31,84 20,24 0,97 10,48 46,97
12 31,73 20,28 0,96 8,50 41,79
Moyenne 2 9,93 8,18 0,17 3,73 18,17
3 9,94 8,18 0,17 3,46 17,09
5 10,00 8,26 0,16 2,93 14,81
8 10,01 8,27 0,15 2,52 12,65
12 10,05 8,29 0,13 1,99 9,87
Figure 5. 20: Relation entre l'ESP aux rapports sol/eau 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et l'ESP au rapport sol/eau 1/2
169
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.20 (Suite) : Relation entre l'ESP aux rapports sol/eau 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et l'ESP au rapport sol/eau 1/2
Tableau 5. 5: Valeurs des principales statistiques des valeurs d’ESP obtenues par extrapolation aux rapports
sol/eau de 1/0,4 et 1/1 à partir de l’ESP calculé au rapport 1/2
Figure 5. 21: Relation entre les rapports d'ESP aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par l'ESP à la dilution 1/2 et la
teneur en eau en mL/g
170
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
(5.14)
( ) (5.15)
En divisant par b les deux membres de l’équation chimique 5.14 ci-haut indiquée, nous
obtenons le coefficient de K’ modifié, adopté dans bon nombre de recherches sur les
sélectivités d’échanges ioniques des sols comme celle d’Evangelou et Marsi (2003),
exprimé comme suit :
⁄ ⁄
( ) ( ) (5.16)
C’est cette dernière que nous allons appliquer dans cette étude. Signalons que les deux
coefficients sont liés par la relation
(5.17)
pour . S’il est par contre supérieur à 1, l’échangeur affiche une préférence pour
, tandis qu’une valeur inférieure à 1 indique une préférence du complexe
d’échange pour le cation .
⁄ ⁄
( ) ( ) (5.18)
Cette formulation est valable pour le formalisme de Gaines et Thomas (1953) et celui
de Vanselow (1932) ; la différence entre les deux résidant au fait que Vanselow
considère que la charge de l’échangeur est égale à -1 et que l’activité d’un ion adsorbé
sur l’échangeur est égale à sa fraction molaire (Robbins et al., 1980; Sposito, 1977)
alors que Gaines et Thomas considèrent que l’activité de l’ion sur l’échangeur égale sa
fraction équivalente. Dans la relation précédente, et ] peuvent être
remplacés par les fractions molaires du Na et du Ca de la phase surface ( et
respectivement) dans le calcul du coefficient de sélectivité de Vanselow ( ), et par les
fractions équivalentes de ces deux cations ( et ) pour le cas du coefficient de
sélectivité de Gaines et Thomas ( ).
⁄ ⁄
( ) ( ) (5.19)
⁄ ⁄
( ) ( ) (5.20)
⁄ ⁄
( ) ( ) (5.21)
⁄ ⁄
( ) ( ) (5.22)
Le formalisme de Gapon (1933) peut quant à lui être décrit à l’aide de la formule de
réaction ci-après (Sposito, 1977):
172
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
⁄ ⁄ (5.23)
⁄ ⁄ (5.24)
⁄
( ) (5.25)
⁄
( ) (5.26)
En réarrangeant, on obtient:
⁄
⁄ ⁄ (5.27)
En incluant le Mg dans l’échange au même titre que le Ca, c'est-à-dire dans l’échange
Na-(Ca+Mg), cette dernière relation devient :
⁄
⁄ ⁄( ) (5.28)
⁄
⁄ ⁄( ) (5.29)
⁄
de droite ⁄( ) est de son côté nommé Sodium Adsorption Ratio (SAR) ;
d’où équation 5.29 devient :
(5.30)
Comme procédé pour les extraits au rapport 1/2 au chapitre 3, nous avons vérifié si
l’utilisation des activités déterminées par spéciation avec le logiciel Visual Minteq 3.0
n’améliorerait la linéarité de la relation ESR - SAR mais cette opération n’a affiné ni les
corrélations, ni les linéarités de ces relations pour toutes les dilutions.
174
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 22: Relation entre ESR et SAR pour les cinq dilutions et pour la totalité des points
apparaissent (Figure 5.24). En combinant toutes les solutions de toutes les dilutions
(Figure 5.25), nous obtenons les relations suivantes, en utilisant respectivement les
concentrations millimolaires et les activités dans le calcul du Sodium Adsorption Ratio :
Signalons que ces relations directes ESP versus SAR n’ont apparemment pas de base
théorique précise mais que ce défaut n’exclut pas leur valeur pratique.
L’observation des coefficients angulaires des droites de la figure 5.24 (à gauche) laisse
voir que ceux-ci diminuent au fur et à mesure que la dilution augmente. Une telle
constatation est encore une fois à relier avec le processus d’échange ionique qui,
comme signalé au point 5.3.6, cause la diminution de l’ESP avec la dilution. Il a été
montré au point 5.3.4.2 que la dilution provoque l’augmentation du Na soluble et la
diminution des divalents Ca et Mg dans la phase solution ; ces deux tendances
suffisent pour expliquer que le SAR doit augmenter avec la dilution. Une conséquence
de ces variations est que le quotient entre ESP (qui tend à la diminution) et le SAR (qui
augmente avec la diminution) tendra à la diminution.
0,5
Figure 5. 23: Relation entre ESR et SAR (pour les faibles sodicités: SAR < 15mM )
176
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 24: Relation entre ESR et SAR (à gauche) et relation entre ESR et SAR* (à droite) pour les rapports
sol/eau 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12
177
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.24 (Suite) : Relation entre ESR et SAR (à gauche) et relation entre ESR et SAR* (à droite) pour les quatre
dilutions
Figure 5. 25: Relation entre ESR et SAR (à gauche) et (à droite) relation entre ESR et SAR* pour toutes les
solutions
La force ionique de la solution est l’un des facteurs qui influencent la sélectivité
d’échange entre les cations (Shainberg et al., 1980). Le niveau d’humidité doit-il donc
être tenu en considération dans l’établissement et dans l’interprétation des
coefficients de sélectivité. Dans cette étude, les coefficients de sélectivité de Vanselow
dans les cinq dilutions ont été déterminés par les relations entre le rapport de la
fraction molaire de Na par celle de l’ensemble des cations Ca et Mg et le paramètre de
la solution SAR*. Ces relations sont illustrées par les courbes de la figure 5.26. En
observant les valeurs de KV ainsi déterminées, on constate que, contrairement au
coefficient de Gapon qui s’est révélé non constant, la relation MNa/MD1/2 versus SAR*
est linéaire dans toutes les cinq dilutions. En outre, les pentes des droites tracées sont
178
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
proches de 0,5 pour les cinq dilutions et pour la totalité des points portés sur un même
graphique (Figure 5.27) ; ce qui traduit qu’une valeur unique de KV de 0,5 pourrait
représenter correctement tous les sols étudiés à toutes les gammes d’humidité. Cette
grandeur de KV, qui est inférieure à l’unité, indique l’affinité des sols étudiés aux
cations divalents. L’indépendance des sélectivités d’échange de la nature des minéraux
en présence et de la force ionique a été montrée par Amrhein et Suarez (1991). La
sélectivité de l’échangeur plus marquée pour le Ca que pour le Na a été aussi
constatée par Kopittke et al.(2006) sur une montmorillonite dans la gamme de la force
ionique allant de 25 mM à 200 mM alors que le même matériel affichait une
préférence pour Na par rapport à Ca à une force ionique faible de 10 mM. La kaolinite
par contre montre une préférence du Na qui augmente avec l’augmentation de la
force ionique.
√
(5.33)
et
Après avoir ressimulé les valeurs d’ESP pour toutes les dilutions, des graphiques des
valeurs observées et celles prédites ont été tracées (Figure 5.28). La linéarité des
relations obtenues et les pentes des droites de régression obtenues qui sont proches
de l’unité confortent la validité pratique du coefficient de vanselow de 0,5 pour nos
sols.
179
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 26: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Vanselow (MNa et MD : fractions molaires de Na et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium
adsorption ratio défini avec les activités) (à droite : avec les faibles valeurs de SAR* < 0,5)
180
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.26 (Suite): Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon
le formalisme de Vanselow (MNa et MD : fractions molaires de Na et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium
adsorption ratio défini avec les activités) (à droite : avec les faibles valeurs de SAR* < 0,5)
Figure 5. 27: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Vanselow pour toutes les solutions des cinq rapports sol/eau (MNa et MD : fractions molaires de Na
et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium adsorption ratio défini avec les activités) (à droite : avec SAR*<
0,5)
181
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 28: Comparaison entre les valeurs d'ESP prédites avec KV = 0,5 et les valeurs expérimentales
L’application du formalisme de Gaines et Thomas pour les solutions extraites aux cinq
rapports sol/eau a montré des résultats similaires à ceux qui ont été obtenus avec le
concept de Vanselow. La figure 5.29 montre les relations qui existent entre le ratio
182
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
ENa/ED1/2 et le SAR* pour les quatre dilutions 1/3, 1/4, 1/5, 1/8 et 1/12 (le graphique
propre à la dilution 1/2 a été présenté au chapitre 3). La figure 5.30 reprend la même
représentation en combinant toutes les solutions sur un même graphique.
L’observation de ces graphiques révèle qu’un coefficient de 0,3 peut être applicable
pour toutes les solutions. Nous avons vérifié dans quelle mesure ce coefficient peut
être valable en calculant l’ESP pour toutes les solutions. Les valeurs trouvées sont
comparées avec les valeurs réellement observées (Figure 5.31). Le constat a été que
les pentes des droites de régression qui caractérisent ces comparaisons sont proches
de l’unité ; ce qui conforte la validité de l’usage pratique de ce coeffient de
Gaines&Thomas de 0,3 pour les sols de la plaine de la Basse Rusizi.
Figure 5. 29: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Gaines-Thomas (ENa et ED : fractions ioniques équivalents de Na et de divalents en phase surface ;
SAR* : sodium adsorption ratio défini avec les activités) pour les cinq rapports sol/eau (à droite : relation pour de
faibles valeurs de SAR*)
183
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.29 (Suite): Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon
le formalisme de Gaines-Thomas (ENa et ED : fractions ioniques équivalents de Na et de divalents en phase surface
; SAR* : SAR défini avec les activités) pour les cinq rapports sol/eau (à droite : pour de faibles sodicités)
1/2
Figure 5. 30: Relation entre ENa/ED et SAR* pour toutes des solutions (à gauche : pour de faibles valeurs de
SAR*)
184
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 31: Comparaison entre les valeurs d'ESP prédites avec K C = 0,3 et les valeurs expérimentales
185
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
(5.36)
et
(5.37)
Vu que les fractions équivalentaires sont égales aux fractions molaires pour les
échanges homovalents, les expressions des coefficients de Vanselow et de
Gaines&Thomas sont analogues. Pour l’échange di-divalent, comme l’échange Ca - Mg,
le coefficient de Gapon qui est défini par rapport à un équivalent de sol est calculé
suivant les relations :
√ (5.38)
et
√ (5.39)
186
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Afin d’examiner la validité de ce coefficient de sélectivité dans les sols étudiés, les
rapports de cations échangeables ont été calculés et comparés avec les
rapports observés. La figure 5.33 donne les relations entre ces deux séries de rapports
dans toutes les dilutions. Les pentes des droites caractéristiques de cette comparaison
sont proches de l’unité; ce qui traduit la validité du coefficient de sélectivité de 1,5.
Il est à remarquer à la figure 5.32 que les coefficients KCaMg établis en utilisant les
activités sont très proches de ceux qui sont déterminés avec les concentrations
molaires ; c’est un fait évident vu que les coefficients d’activités des ions de même
valence sont très proches malgré les différences dans les formations des pairs
ioniques.
Figure 5. 32: Relation entre les rapports des cations Ca et Mg en phase surface et en phase solution pour les cinq
rapports sol/eau et pour toutes les solutions combinées (à gauche : en utilisant les rapports des concentrations
molaires en solution ; à droite : utilisant les rapports d’activités en solution)
187
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.32 (Suite): Relation entre les rapports des cations Ca et Mg en phase surface et en phase solution pour
les cinq rapports sol/eau et pour toutes les solutions combinées (à gauche : en utilisant les rapports des
concentrations molaires en solution ; à droite : utilisant les rapports d’activités en solution
188
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5.32 (Suite): Relation entre les rapports des cations Ca et Mg en phase surface et en phase solution pour
les cinq rapports sol/eau et pour toutes les solutions combinées (à gauche : en utilisant les rapports des
concentrations molaires en solution ; à droite : utilisant les rapports d’activités en solution)
Figure 5. 33: Comparaison entre les valeurs du rapport entre le calcium échangeable et le magnésium
échangeable calculées en utilisant un coefficient de sélectivité de 1,5 et celles de ce rapport observées
expérimentalement
189
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Figure 5. 33 (Suite) : Comparaison entre les valeurs du rapport entre le calcium échangeable et le magnésium
échangeable calculées en utilisant un coefficient de sélectivité de 1,5 et celles de ce rapport observées
expérimentalement
Nonobstant ce qui précède, les coefficients de sélectivité établis pour toutes les cinq
dilutions ne sont pas si éloignés pour mettre en cause la validité d’une valeur unique
surtout pour KV et KC. Les gammes de variation de KV (entre 0,38 et 0,52) et de KC
(entre 0,21 et 0,31) ne sont pas assez étendues pour empêcher la validité des
coefficients uniques KV = 0,5 et KC = 0,3 établis pour toutes les solutions.
190
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Rapport
Sol/eau ESP/SAR ESP/SAR* KG’ KG*’ KV KV’ KC KC’ KCaMg
1/2 1,118 23,072 0,0119 0,292 0,516 0,553 0,305 0,289 1,341 1,406
1/3 1,511 23,712 0,0133 0,329 0,524 0,635 0,308 0,289 1,345 1,410
1/5 1,044 23,699 0,0112 0,2673 0,510 0,537 0,294 0,278 1,462 1,531
1/8 0,982 23,218 0,0119 0,274 0,489 0,509 0,277 0,267 1,546 1,645
1/12 0,744 18,247 0,0082 0,22 0,378 0,485 0,210 0,249 1,751 1,843
Toutes les
solutions 1,019 22,649 0,0115 0,283 0,492 0,508 0,286 0,253 1,483 1,558
KG’, KG*’, KV’, KC’ se réfèrent aux faibles valeurs de SAR ou SAR*
5.4. Conclusion
Cette étude avait pour objectif d’établir les paramètres d’échange ionique et de
solubilité des minéraux et de les intégrer dans un modèle permettant le calcul de la
composition de la solution et du complexe d’échange à une teneur en eau quelconque.
Elle avait en outre l’objectif d’évaluer l’effet du rapport sol/eau sur les variables
pédochimiques de la solution et du complexe d’échange.
Elle a procédé par l’analyse des cations extractibles, des cations solubles à cinq
rapports sol/eau et des cations échangeables calculés par la différence entre les deux
précédents types de variables. Des valeurs de pH et de CE à ces niveaux d’humidité ont
été également analysées.
Les résultats obtenus ont montré que les sols étudiés présentent une réaction alcaline
avec des pH dépendant de divers processus notamment les teneurs en (bi)carbonates.
A un même rapport sol/eau de 1/5, les pH des solutions extraites après 12 heures
d’équilibrage se sont révélés un peu plus faibles que les pH des suspensions sol/eau
mélangées pendant 1 heure.
191
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
Les concentrations des cations divalents solubles par unité de masse de sol diminuent
quand la dilution augmente alors que celles des cations monovalents affichent une
augmentation concomitante. Hormis les ions (bi)carbonatés dont les teneurs
augmentent avec la dilution, tous les autres anions ne montrent pas de fluctuation en
fonction des quantités d’eau.
Disposant d’une grande collection de sols aux propriétés diversifiées, il a été possible
de modéliser les relations d’échange cationique entre la solution et le complexe
d’échange. L’application du formalisme de Gapon a révélé que le coefficient de Gapon
n’est pas constant, contrairement à ce que prévoit l’USDA (1954), mais qu’il augmente
avec l’augmentation de la charge sodique de l’échangeur. Nonobstant cette instabilité
de KG, un coefficient constant pouvant être pratique a été trouvé pour des faibles
valeurs de Na.
Au-delà des considérations théoriques, une autre forme d’équation empirique de type
linéaire mais non conforme à la rigueur thermodynamique pourtant applicable à la
prédiction d’ESP à partir du SAR a été établie.
Si le coefficient de Gapon n’est pas constant pour toute la gamme de sodicité, il n’en
est pas de même pour les coefficients de Vanselow et de Gaines et Thomas. Ceux-ci se
192
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité
sont révélés constants pour toutes les dilutions avec des valeurs pratiques de 0,5 et 0,3
respectivement.
La présente étude a aussi montré que, bien qu’une multitude de recherches sur les
équilibres d’échanges ioniques considèrent les cations Ca et Mg comme présentant
des comportements de sélectivité identiques, le complexe d’échange des sols de la
Rusizi affiche une préférence pour Ca par rapport à Mg.
193
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Les caractéristiques des sols de Mugerero telles que montrées aux chapitres 3 et 5 ont
été déterminées en conditions ouvertes à l’air. Dans ce chapitre, nous évaluerons la
cinétique des propriétés chimiques de la solution au cours de l’anaérobiose qui
caractérise la riziculture irriguée. Par ailleurs, nous évaluerons les différences qui
existeraient entre les propriétés établies en conditions anaérobies et celles qui sont
déterminées en conditions ouvertes à l’air au chapitre 5. Nous évaluerons les
différences qui existeraient, pour les facteurs analysés en anaérobiose, entre les
parcelles rizicoles et les parcelles abandonnées d’une part, et entre les horizons des
profils pédologiques d’autre part, comme procédé au chapitre 3 pour les variables
physico-chimiques de ces catégories de sols déterminées en conditions aérobies.
195
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Résumé
Les changements des propriétés chimiques des solutions des sols halomorphes soumis à un
engorgement en anaérobiose ont été suivis sur base des analyses chimiques faites après
incubation des suspensions de sol au rapport sol/eau de 1/5 à 30°C à l’obscurité dans des
tubes à centrifuger de 50 ml. Les échantillons utilisés ont été prélevés sur les sols halomorphes
du périmètre rizicole de Mugerero. L’expérience s’est déroulée en deux étapes. La première
consistait à suivre l’évolution des propriétés de la solution de six sols pendant 7 semaines
d’incubation. Après 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, 35 et 42 jours d’incubation, le pH, le potentiel redox
(Eh) et la conductivité électrique (CE) étaient mesurés avec les électrodes spécifiques tandis
que les cations solubles (Ca, Mg, Na, Fe, Mn, K et Na) et les anions totaux solubles (P et S)
étaient dosés par ICP-AES. La deuxième étape était d’évaluer les effets de l’incubation d’une
période fixe de 4 semaines sur les variables de la solution et du complexe d’échange et sur les
équilibres d’échange ionique. Elle a concerné 53 échantillons de sols (19 échantillons
composites de surface et 34 échantillons issus des profils pédologiques). Les analyses
chimiques effectuées concernaient les variables de solution susmentionnées auxquelles on a
ajouté celles des anions solubles (Cl et SO4) et des cations échangeables (extraits par le NH4Cl,
1M). Les paramètres de solution ont été comparés à ceux qui ont été déterminés dans des
conditions ouvertes à l’air. Les résultats sur la cinétique des propriétés de la solution (première
étape) montrent que les pH tendent vers la neutralité (pH de 7) quelle que soit la valeur
originale. Des augmentations de la CE et des cations solubles Ca, Mg et Mn ont été observées
au cours de l’incubation. Le fer et le P montrent des similarités de libération avec la durée
d’incubation. Le potentiel redox a diminué rapidement dans toutes les 6 solutions avant de se
stabiliser aux valeurs faibles généralement < 0mV. Dans les solutions incubées pendant 28
jours (seconde étape), une dominance des ions Na et SO4 a été remarquée. Le pH était compris
entre 6 et 9. Probablement à cause des pH élevés qui occasionnent la précipitation des
carbonates de fer et de manganèse, des faibles valeurs de Fe et de Mn (quelque fois nulles)
ont été notées. En comparaison avec les variables des conditions aérobies, les concentrations
des cations Ca et Mg des solutions incubées sont plus élevées que celles des solutions non
incubées tandis que celles du Na et de K n’ont augmenté que dans les solutions au teneur en
carbone organique > 0,7%. Les concentrations en chlorures et en sulfates n’ont presque pas
changé suite à l’anaérobiose. Le potentiel redox varie entre -56 mV et +236 mV ; la plupart des
solutions (36 sur les 53) ont des Eh > 100 mV tandis qu’un petit nombre (6 solutions sur les 53)
ont des Eh négatifs. Les faibles valeurs d’Eh sont observées pour les sols au taux de carbone
organique relativement élevé. Que ce soit pour l’échange Na - (Ca+Mg) ou pour l’échange Na -
(Ca+Mg+Fe+Mn), l’application de l’équation de Gapon (KG) donne les mêmes renseignements
que ceux qui sont donnés pour l’échange Na - (Ca+Mg) en conditions aérobies: ce coefficient
n’est pas constant mais augmente avec l’augmentation de la charge sodique. De même, les
coefficients de sélectivité de Vanselow (KV) et de Gaines-Thomas (KC) respectivement égaux à
0,85 et 0,39 ont été déterminés et conviennent mieux pour modéliser les équilibres d’échange
susdits. Il est à remarquer que ces coefficients sont du même ordre de grandeur de ceux qui
197
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
ont été établis en conditions ouvertes à l’air et que la prise en compte des cations Fe et Mn ne
montre aucune importance du fait de leurs valeurs faibles.
Abstract
198
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
6.1. Introduction
Les propriétés physico-chimiques des sols de Mugerero ont été présentées dans les
chapitres précédents. Il en est de même des fluctuations des équilibres d’échange et
de solubilité en fonction de la dilution. Ces propriétés sont le résultat d’analyses faites
en conditions aérobies. Les sols rizicoles de Mugerero subissent durant une période
d’au moins 4 mois par an une inondation par l’eau d’irrigation, il est important
d’investiguer les réactions d’échange qui se développent dans les conditions
d’engorgement d’eau pour ces sols. Une autre caractéristique non moins importante à
signaler est l’existence d’une nappe suspendue dans ces sols au-dessus d’une couche
compacte à moins de 2 m de profondeur (Frankart et Herbillon, 1971). Ces conditions
199
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
imposent à ces sols des conditions d’anaérobiose d’intensité variable induisant des
réactions chimiques spécifiques. Divers auteurs se sont penchés sur la physico-chimie
des sols engorgés (Vizier, 1971 ; Ponnamperuma, 1972 ; Favre et al., 2002 ; Boivin et
al., 2002 ; Lu et al., 2004 ; Kyuma, 2004) mais peu de recherches ont abordé les
échanges ioniques qui s’opèrent dans ces conditions. L’objectif de ce travail est
d’examiner les effets des conditions d’anaérobiose sur la dynamique du pH, du
potentiel redox et de la composition de la phase solution, d’évaluer les modifications
concomitantes de la garniture ionique sur le complexe d’échange et les changements
dus à l’engorgement sur les équilibres entre la solution et le complexe d’échange. Il est
mené à travers des mesures faites sur sols incubés au laboratoire.
Cette étude sur les changements des propriétés chimiques des sols périodiquement
inondés a été faite sur base des analyses chimiques des mêmes échantillons que ceux
qui ont été utilisés dans le chapitre 3 (sur la caractérisation des sols). En guise de
rappel, ils ont été prélevés dans 19 parcelles du périmètre rizicole de Mugerero. Les
parcelles choisies comprennent 13 parcelles rizicoles et 6 parcelles anciennement
rizicoles mais déjà abandonnées suite à la salinisation progressive et occupées par des
végétations naturelles non cultivées. La collection d’échantillons analysés comprend 19
échantillons composites de surface issus de toutes ces parcelles d’étude et 34
échantillons issus des horizons des profils pédologiques creusés sur une parcelle
rizicole et sur trois parcelles abandonnées. Les échantillons prélevés ont été séchés à
l’air libre et tamisés à 2 mm avant de passer aux traitements et analyses chimiques.
6.2.2. Suivi de la cinétique des propriétés chimiques des solutions des sols au
cours de l’incubation en anaérobiose
200
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Les échantillons utilisés proviennent aussi bien des parcelles rizicoles (sols 1, 3, 4 et 5)
que des parcelles déjà abandonnées (sols 15 et 18). Il n’est pas sans intérêt de rappeler
d’une manière succincte leurs principales propriétés physico-chimiques. Les sols 1 et
18 ont des pH inférieurs à 7 tandis que les autres sols ont des pH alcalins. Les sols 3 et
4 sont dominés par les ions bicarbonates parmi les anions tandis que les autres sols
sont dominés par les sulfates. Les sols 3 et 18 ont la particularité d’avoir une grande
teneur en fer libre et total par rapport aux autres. Le sol 15 présente une salinité plus
élevée que les autres, une plus grande teneur en sable et une sodicité élevée. Le sol 5
est quant à lui caractérisé par des teneurs élevées en argile, en matière organique et
en carbonates totaux CaCO3.
Les échantillons de ces six sols ont été soumis à l’incubation à 30°C durant des
périodes croissantes selon le protocole décrit ci-après. Dans un tube à centrifuger de
50 ml, on a pesé une masse de 9 g de sol tamisé à 2 mm et on a ajouté 45 ml d’eau
déminéralisée. Neuf tubes par échantillon ont été préparés de cette manière. Les
tubes ont été fermés hermétiquement pour empêcher tout contact avec l’air et
incubés à 30°C à l’obscurité pour avoir des conditions optimales à l’activité
microbienne. Ces suspensions de sols ont été homogénéisées quotidiennement par
agitation manuelle pendant une minute. Après 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, 35 et 42 jours,
une solution par échantillon était extraite par centrifugation à 2700 g pendant 45
minutes après homogénéisation de la suspension sur agitateur va-et-vient pendant 30
minutes. Les solutions décantées étaient filtrées sur papier Whatman n°41. Le
potentiel redox (Eh), le pH et la conductivité électrique (CE) étaient directement
mesurés dans une partie de l’extrait (à peu près 20 ml). Un volume de 15 ml était
réservé au dosage des cations (Ca2+, Mg2+, Na2+, K+, Fe2+, Mn2+) et des anions (P et S)
par spectroscopie d’émission atomique à plasma (ICP-AES). Le volume ayant servi à la
mesure du pH, de Eh et CE a été exposé à l’air libre pendant 5 jours au cours desquels
le pH et le Eh étaient journellement mesurés.
Des suspensions au rapport sol/eau 1/5 de tous les 53 échantillons de sols ont été
préparées (un seul tube par échantillon sans répétition) comme décrit dans le
201
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Les changements des propriétés chimiques occasionnés par l’incubation ont été
évalués par des comparaisons de leurs valeurs (mesurées en anaérobiose) avec celles
qui ont été mesurées en conditions ouvertes à l’air au même rapport sol/eau 1/5 telles
que commentées au chapitre 5. Pour comparer les parcelles rizicoles et les parcelles
abandonnées d’une part, et les horizons des profils pédologiques d’autre part, une
analyse de la variance a été conduite pour les variables chimiques étudiées en
recourant au logiciel SAS Enterprise Guide 5.1. Lorsqu’un facteur s’est révélé
significatif au seuil de 5%, les moyennes étaient comparées en utilisant les tests
multivariés de Student-Newman Keuls.
202
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Tableau 6.1: Caractéristiques physico-chimiques des échantillons de sols utilisés pour l’expérience sur la cinétique
de modification des caractéristiques de la solution des sols sous engorgement
203
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Les valeurs des paramètres chimiques des solutions correspondantes aux 9 dates
d’incubation sont données dans le tableau 6.8 en annexe. Les variables mesurées sont
le pH, la CE, le Eh, les cations solubles (Ca, Mg, Na, K, Fe et Mn) et les anions solubles
totaux (S et P). Dans cette section, les schémas d’évolution de ces variables chimiques
au cours de l’incubation ainsi que les éventuelles similitudes de variation observées
entre ces paramètres sont présentés.
6.3.1.1. Evolution du pH
Juste après l’exposition à l’air libre des solutions, leur pH augmente rapidement pour
atteindre le palier dans les 24 heures qui suivent (Figure 6.2). Cette augmentation du
pH est observée quel que soit le type de sol et la durée d’incubation en anaérobiose.
La valeur finale atteinte après 5 jours d’exposition est supérieure au pH des solutions
extraites en conditions ouvertes à l’air pour les six échantillons.
204
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.2: Evolution des pH des solutions exposées à l'air libre après incubation en anaérobiose
205
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
devient réduit par le gain d’électrons. Une réaction d’oxydation est donc toujours
couplée à celle de réduction ; c’est pourquoi ce genre de réactions sont parfois
appelées « réactions redox ». L’état d’oxydoréduction d’un système peut être examiné
de façon globale par la mesure du potentiel d’oxydoréduction (aussi appelé potentiel
redox et symbolisé par Eh). C’est une grandeur qui indique la tendance de la solution
de sol à céder des électrons ou à accepter des électrons des espèces chimiques ou des
électrons introduits dans la solution (McBride, 1994). Plus la valeur de Eh est elevée
plus le système est oxydant ; plus elle est basse, plus il est réducteur.
(6.1)
Tableau 6.2: Principales réactions d’oxydoréduction dans les sols submergés et les valeurs des potentiels
standards d’oxydoréduction E° et pE° associées à leurs demi-réactions
206
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Dans les sols inondés, les réducteurs comprennent la matière organique et divers
composés organiques ainsi que les composés inorganiques tels NH4+, Fe2+, Mn2+, CH4 et
H2. Les oxydants sont quant à eux constitués des substances inorganiques tels O 2, NO3-,
MnO2, FeOOH, SO42- et HCO3- (Delaune et Reddy, 2005).
° ( ) (6.2)
Où ° est la variation de l’énergie libre standard de Gibbs, est la constante des gaz
parfaits, et est la température absolue.
( ) (6.3)
( ) (6.4)
Cette équation montre que le potentiel redox augmente avec l’augmentation des
composants oxydés, diminue avec l’augmentation des composés réduits, et augmente
avec l’augmentation de l’activité du proton H+ (ou diminution du pH).
(6.5)
(6.6)
207
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
(6.7)
(6.8)
Dans les six sols de Mugerero incubés en anaérobiose pour le suivi des changements
électrochimiques, les valeurs d’Eh ont été mesurées au cours de l’incubation et sont
montrées à la figure 6.3. Elles variaient entre +104 à +179 mV après une journée
d’incubation. Elles ont ensuite rapidement diminué jusqu’aux valeurs comprises entre -
97 et -23 mV après 15 jours d’incubation. Au même moment, les Eh des sols 1, 3, 4, 15
et 18 étaient au niveau minimal alors que celui du sol 5, plus riche en matière
organique et en argile que les autres, l’a atteint après 21 jours d’incubation. On note
que les Eh semblent se stabiliser après avoir atteint le minimum jusqu’à la fin de
l’expérience pour les sols 1 et 5. Il y a eu par contre des remontées de Eh après le 21ème
jour pour les sols 3 et 15 et après 35 jours d’incubation pour le sol 18. Les chutes de
potentiel redox durant les premiers temps d’anaérobiose sont reconnues être dues à
la diminution rapide de l’oxygène par respiration des microorganismes aérobies stricts
et anaérobies facultatifs. Les diminutions qui s’observent dans les périodes qui suivent
208
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
les premiers temps d’incubation sont attribuables aux espèces chimiques solubles
telles que le fer ferrique et les composés manganiques.
Figure 6.3: Evolution du potentiel redox des solutions au cours de l'incubation en anaérobiose
Par exposition à l’air libre, les Eh des solutions ont d’une manière générale augmenté
et semble se stabiliser après une courte période d’un jour (Figure 6.4). Des cas de
diminution de cette variable ont été notés pour quelques solutions incubées pendant
une période relativement courte (1 à 6 jours). Les Eh qui s’étendaient dans une gamme
variant entre -108 et 198 mV juste après extraction ont évolué vers des valeurs
comprises entre 42 à 165 mV avec une moyenne de 116 mV après une journée
d’exposition et entre 93 et 175 mV avec une moyenne de 133 mV après 5 jours
d’exposition. Ces augmentations du Eh seraient la conséquence de l’oxydation des
formes réduites de Fe, de Mn par l’O2 de l’air.
209
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.4: Evolution du potentiel redox des solutions exposées à l'air après incubation en anaérobiose
L’évolution des CE des solutions extraites au cours de la période d’incubation des sols
dans l’eau est montrée à la figure 6.5. Sur cette figure, l’échelle des CE du sol 15 très
chargé en sels est représentée à l’axe vertical secondaire. Dans tous les sols incubés,
des augmentations de la CE sont observées au début de l’anaérobiose. Néanmoins, le
schéma d’évolution n’est pas uniforme pour tous les sols : alors que les CE des sols 1,
3, 5 et 18 augmentent dès le début de l’incubation et atteignent des valeurs maximales
après 10 jours, 21 jours, 35 jours et 15 jours respectivement, celles des sols 4 et 15
augmentent continuellement durant l’incubation avec une inflexion au 21ème jour pour
le sol 4.
Les schémas d’évolution des concentrations des solutions incubées en cations solubles
(Ca, Mg, Fe, Mn, Na et K) et en anions P et S sont montrés à la figure 6.6. On note que
le Na se taille la plus grande part parmi les cations dans toutes les solutions extraites
aux 9 dates d’extraction.
Figure 6.5: Evolution de la conductivité électrique des solutions au cours de l'incubation en anaérobiose
Les concentrations en sodium ont continué d’augmenter d’une manière générale dans
tous les sols mais les augmentations sont faibles pour le cas des sols 1 et 5. Dans les
solutions des sols 2, 3 et 18, le maximum est atteint après 28 jours d’incubation. Après
cette date, l’évolution de la concentration en Na prend des schémas différents dans
ces 3 sols : elle devient stable pour les sols 2 et 3 alors qu’elle diminue pour le sol 18.
Dans le sol très salin (sol 15), la concentration en Na augmente au début de
l’incubation puis diminue jusqu’à la valeur de 926 mg/L au 10ème jour ; elle réaugmente
jusqu’au maximum de 1022 mg/L au 28ème jour et décroit ensuite jusqu’à la fin de
l’expérience.
Les sols incubés ont affiché des comportements différents vis-à-vis de la libération du
fer en solution. Les sols 1, 15 et 18 ont connu des augmentations en fer avec
l’incubation les premiers jours avant de connaître des diminutions au 15ème jour pour
le sol 18, au 21ème jour pour le sol 1 et au 28ème jour pour le sol 15. Les sols 3 et 4, très
211
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
riches en bicarbonates, ont connu des diminutions en fer avec l’incubation, le sol 4
ayant atteint un palier minimal au 15ème jour d’incubation.
Les concentrations en phosphore évoluent suivant deux schémas dans les six sols. Elles
connaissent des légères augmentations durant les premiers jours d’incubation pour les
sols 1, 15 et 18 alors qu’elles diminuent dans les sols 3, 4 et 5. La concentration
maximale en P est atteinte au 15ème jour, date à laquelle commence à se manifester
des diminutions en P pour le sol 18. La teneur en P dans le sol 1 atteint le maximum
après 21 jours d’incubation et diminue ensuite jusqu’au 28 ème jour et se stabilise. Les
augmentations du P avec l’incubation dans le sol très salé (sol 15) semblent
continuelles tout au long de l’expérience. La diminution de la concentration du P
continue respectivement jusqu’au 28ème jour et 15ème jour respectivement pour les sols
3 et 4. Les teneurs en P du sol 5 ont atteint le minimum après 10 jours d’incubation et
ont augmenté pour se stabiliser au 21ème jour.
L’évolution du soufre n’a pas été uniforme pour tous les six sols. Les sols 1 et 5
connaissent au début de l’incubation des légères diminutions en soufre soluble total
jusqu’au 10ème jour ; ses valeurs se stabilisent par après jusqu’à la fin de l’expérience.
Les sols 3, 15 et 18 ont connu d’abord des augmentations en concentrations du soufre
jusqu’à la stabilisation après 3 et 6 jours pour les sols 18 et 3. L’évolution du soufre
pour le sol très salé (sol 15) a été chaotique ; elle a été caractérisée par des
alternances des augmentations et des diminutions de sa concentration.
212
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
processus à la base des augmentations des teneurs en P soluble dans les sols
submergés sont, selon Kirk (2004), la réduction des minéraux ferriques qui fixent le P
sous des formes adsorbée ou occluse, le déplacement du P adsorbé par les ligands
organiques, la complexation des ions métalliques solubles (ex. Fe et Al) empêchant
ainsi la précipitation de ces minéraux et la libération du P organique issu de la
décomposition de la biomasse microbienne.
Une analogie allant dans le sens inverse est observée entre la dynamique de libération
du Mn en solution et l’évolution du Eh pour tous les sols. Au moment des diminutions
considérables d’Eh durant les premiers jours de l’incubation, on observe des
augmentations rapides de Mn et, des paliers sont observés au même moment pour les
deux variables. Pareil rapprochement des dynamiques en sens inverse sont observés
pour le Eh et le fer libéré pour les sols 1, 15 et 18 tandis que le fer diminue avec
l’incubation pour les sols 3 et 4.
213
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.6 (Suite) Evolution des espèces ioniques des solutions au cours de l’incubation
Note : Les figures de droite sont des agrandissements des figures de gauche pour les concentrations en Fe, Mn et
K ; elles ne montrent pas par conséquent les teneurs en Ca et Mg
214
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.6 (Suite) Evolution des espèces ioniques des solutions au cours de l’incubation
Note : Les figures de droite sont des agrandissements des figures de gauche pour les concentrations en Fe, Mn et
K ; elles ne montrent pas par conséquent les teneurs en Ca et Mg
215
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.7 (Suite) : Relation entre les teneurs en Fe et en P dans les solutions incubées
Les pH des solutions incubées pendant 28 jours ont varié différemment selon les sols.
La confrontation des pH des solutions extraites après 28 jours d’incubation et ceux des
solutions non incubées départage les sols étudiés en deux groupes selon qu’il y a un
effet de diminution ou d’augmentation du pH due à l’incubation (Figure 6.8). Un
examen des caractéristiques chimiques des sols montre qu’il y a un effet de l’alcalinité
216
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.8: Comparaison entre les pH des solutions incubées et les pH des solutions non incubées (à gauche) ;
effet du pourcentage des ions (bi)carbonates sur les variations du pH
L’exposition à l’air libre des solutions obtenues après incubation en anaérobiose a fait
remonter leur pH. Bien que la plupart des solutions aient atteint des pH supérieurs à
ceux des solutions extraites des suspensions non incubées et ouvertes à l’air, il n’en a
pas été le cas pour toutes. Vingt échantillons sur cinquante trois ont gardé des pH
inférieurs à ceux des solutions non incubées extraites dans des conditions non
réductrices et ouvertes à l’air (Figure 6.9). Alors que les pH des solutions issues des
suspensions non incubées variaient entre 6 et 10, ceux des solutions exposées à l’air
libre après incubation de 28 jours varient entre 7 et 9.
217
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.9: Comparaison entre les pH des solutions incubées et exposées à l’air pendant 5 jours et ceux des
solutions non incubées
La caractéristique principale qui distingue un sol submergé sous eau d’un sol bien
drainé est qu’il est en état de réduction. Un sol engorgé est le siège des réactions de
réduction et possède de surcroît un potentiel d’oxydoréduction (Eh) faible. Dans de
telles conditions, les formes chimiques NO3-, Mn4+, Fe3+, SO42- et CO2 sont réduites en
N2 ou NH4+, H2S, Mn2+, Fe2+ et CH4 par des réactions accompagnant la respiration
anaérobie des bactéries du sol qui utilisent la matière organique, comme donneur
d’électrons (Ponnamperuma, 1972 ; Kyuma, 2004; Kirk, 2004 ; Delaune et Reddy,
2005).
Le potentiel redox des sols, qui est généralement compris entre +400 et +700 mV en
conditions aérobies, chute jusqu’aux valeurs pouvant atteindre -300 mV selon les
caractéristiques du sol notamment la teneur en matière organique, en nitrate, en
manganèse, en sulfate et en fer ferrique.
Il existe une divergence des potentiels mesurés dans les sols et ceux mesurés dans les
solutions du sol. Les solutions des sols ont rarement des Eh inférieurs à 0 mV tandis
que les Eh des sols réduits peuvent descendre jusqu’aux valeurs inférieures -300 mV
(Kyuma, 2004). Dans les solutions des sols de Mugerero, des valeurs comprises entre -
56 mV et +239 mV ont été mesurées dans les solutions après 28 jours d’incubation. En
observant la distribution des valeurs de Eh, on se rend compte que seules 7 solutions
sur les 53 ont des Eh négatifs et que 36 solutions ont des Eh supérieurs à 100 mV (ou
pE > 1,7).
218
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Bien que la relation (6.4) montre que le Eh peut être prédit à partir du pH, on n’a pas
trouvé de relation linéaire entre les deux variables pour les sols étudiés (Figure 6.10).
Cela s’expliquerait par l’hétérogénéité des composants qui participent au pouvoir
tampon dans les sols étudiés. En effet, la relation (6.4) suppose que Eh contrôle le pH
du système, phénomène valable pour les solutions mais pas toujours valable dans les
sols car le pouvoir tampon du sol vis-à-vis du pH est affecté par les composants du sol,
tels que les silicates, les carbonates, les oxydes, la matière organique et les minéraux
argileux, qui ne sont pas impliqués dans les réactions d’oxydo-réduction. Dans la
fourchette des pH compris entre 8,6 et 6,2, ce sont les carbonates qui entrent en jeu
(Gabat et al., 2010). Pour le cas des sols étudiés, la matière organique semble avoir
une influence sur le Eh puisqu’une corrélation entre les deux variables est observée
(Figure 6.11).
219
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Les CE des extraits des sols incubés sous anaérobiose sont plus élevées que celles des
extraits des sols non incubés. Ces augmentations sont illustrées à la figure 6.12 (à
gauche). La valeur minimale qui était de 0,03 dS/m pour les solutions non incubées est
devenue 0,09 dS/m après incubation tandis que la médiane a évolué de 0,63 dS/m à
0,84 dS/m ; traduisant des effets de l’anaérobiose sur l’augmentation des charges
ioniques en solution.
Figure 6.12: Comparaison entre la CE des solutions incubées et celles de solutions non incubées (à gauche) ;
Comparaison entre les deux séries de CE pour les faibles salinités (à droite)
220
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
échangeable et minérale après leur libération; ce qui en réduit les concentrations dans
la phase soluble.
Dans les sols calcaires et sodiques au pH élevé, le Fe2+ et Mn2+ libérés réagissent avec
les ions CO32- pour produire des minéraux insolubles (FeCO3 et MnCO3) et des protons
qui contrebalancent ceux qui sont consommés par des réactions de réduction
(McBride, 1994). Dans de tels cas, la précipitation de ces minéraux réduit les
concentrations en Fe2+ et Mn2+ de la phase solution.
Une analyse globale de la composition de la phase solution des sols étudiés montre
que les extraits incubés sont largement dominés par le sodium et les sulfates à l’instar
des solutions non incubées en anaérobiose. Les parts des cations Ca et Mg en solution
ont augmenté avec l’anaérobiose, celles des monovalents K et Na ont diminué; tandis
que celles du Fe et du Mn sont largement faibles dans les solutions incubées (Tableau
6.3).
Les concentrations en SO42- semblent être inchangées ; les écarts entre les
concentrations en sulfate des solutions incubées et celles non incubées oscillent entre
-1 et 1 mmolc/L sauf pour quelques solutions dans lesquelles des augmentations
remarquables de ces ions ont été observées avec l’incubation en anaérobiose. Ces
dernières solutions comptent parmi celles qui ont des plus faibles valeurs de Fe et de
Mn.
Le rôle de la matière organique dans les réactions de réduction dans les sols est
déterminant. C’est le principal donneur d’électrons dans de telles réactions. Plus les
sols sont riches en matière organique, plus importantes sont les réactions d’oxydo-
réduction et ; plus importantes sont les augmentations des concentrations des cations
solubles. Ainsi, des corrélations entre les gains (ou pertes) de charges de Ca2+, de Mg2+,
de K+ et de Na+ en solution et le pourcentage en carbone organique ont été observées
(Figure 6.14).
total et les ions SO42- dans les solutions incubées est observée et est représentée à la
figure 6.15. La pente de la relation entre ces deux séries étant presque égale à l’unité,
on pourrait présumer l’absence ou le faible degré de réduction des sulfates au cours
de l’incubation.
Tableau 6.3: Proportions des charges des cations en solution pour les conditions aérobies et anaérobies
Figure 6.13: Comparaison des concentrations en ions des solutions incubées et celles des ions des solutions non
incubées
223
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
d’autres oxydants tels les nitrates et les oxydes de Mn et de Fe qui sont supposés subir
une réduction avant les sulfates tel que prédit dans le schéma séquentiel de Patrick et
Reddy (1978) des réactions de réduction dans le sol (Kyuma, 2004). Dans le même
ordre d’idée, on pourrait attribuer à cette absence de réduction des sulfates dans nos
sols à leur faible teneur en matière organique. De même, la persistance des ions NO 3-
dans les solutions même en faibles concentrations et les valeurs du potentiel redox qui
sont positives pour la plupart (Tableau 6.9 de l’annexe) ne peuvent pas être propices à
ce processus. La réduction des sulfates en sulfure H2S ne peut se réaliser
naturellement que dans les faibles valeurs de Eh sauf dans les cas des sols sulfatés
acides où la possibilité d’une telle réaction est rapportée dans des conditions de Eh
supérieur à 350 mV (Howarth et Teal, 1979 ; Howes et al., 1981).
Figure 6.14: Effet du pourcentage en carbone organique sur les changements des concentrations équivalentaires
des cations solubles au cours de l'anaérobiose
224
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.15: Comparaison entre les teneurs en soufre total analysées par ICP et en ion sulfate analysées par HPLC
(à gauche : échelle normale ; à droite : échelle logarithmique)
(6.9)
(6.10)
225
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
L’examen des index de saturation des minéraux donnés par Visual Minteq 3.0
montrent que dix solutions contenant du Mn (même en faibles quantités) sont plus ou
moins en équilibre par rapport à la rhodochrosite (MnCO3). La moindre présence de
Mn2+ en solution suffit donc pour provoquer la précipitation de ce minéral (Figure
6.16).
Les échantillons aux concentrations en fer relativement élevées sont en équilibre par
rapport à la sidérite (FeCO3) comme le montre la figure 6.17 (à gauche). La même
figure montre que d’autres facteurs influencent cette sursaturation notamment le pH
de la solution (Figure 6.17 à droite).
226
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Dans les sols inondés, une partie du FeII et du MnII formés et solubilisés influencent les
processus d’échange ionique et les réactions d’adsorption. Naturellement absents
dans les solutions des sols et sur le complexe d’échange en conditions aérobies, ces
formes réduites de fer et de manganèse sont libérées en solution et entrent en
compétition sur le complexe d’échange avec les autres cations en cas de submersion.
Dans les sols calcaires et sodiques au pH élevé, les minéraux insolubles à base du Fe et
du Mn (sidérite, rhodochrosite) précipitent juste après leur libération en solution avant
qu’ils n’entrent en compétition avec les autres cations sur le complexe d’échange.
Ainsi, dans les sols de Mugerero soumis à l’anaérobiose, des teneurs nulles et quasi-
nulles de fer et de manganèse ont été trouvées dans les extraits de chlorure
d’ammonium à pH 7 (Tableau 6.11 en annexe).
Les principales statistiques sur les taux de saturation des cations échangeables en
pourcents sont données au tableau 6.4. Le constat est que le complexe d’échange des
sols incubés en anaérobiose est globalement dominé par le Ca suivi du Mg et du Na. Le
potassium vient en quatrième position et est faiblement représenté. Comme dans la
phase solution, une quasi-absence du Fe et du Mn sur le complexe d’échange est
notée. Le Fe n’est détecté que dans 6 échantillons ; mais aussi avec des valeurs
extrêmement petites. Cette faible représentation pourrait être expliquée par les
raisons ci-haut évoquées pour la phase solution. Quant à l’influence de l’alcalinité sur
ces taux de saturation en manganèse, on note que les solutions au pH supérieur à 8
ont des valeurs nulles en Mn échangeable; ce qui justifie l’effet limitant des
carbonates sur sa disponibilité en conditions alcalines. L’ESP étant une caractéristique
intéressante dans les études sur les sols affectés par la salinité, on peut tenter
d’examiner les changements dus à l’incubation. Par comparaison de ses valeurs en
conditions aérobies et anaérobies (Tableau 6.4 et Figure 6.18), on constate que des
légères diminutions de ce paramètre surviennent avec l’anaérobiose.
Tableau 6.4: Taux de saturation du complexe d'échange en cations (%) pour les conditions aérobies et anaérobies
227
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.18: Comparaison entre les valeurs d'ESP obtenues en conditions aérobies et anaérobies
Pour examiner d’éventuelles différences entre les sols des parcelles rizicoles et ceux
des parcelles abandonnées d’une part, et entre les horizons des profils pédologiques
d’autre part, une analyse de la variance (ANOVA) a été réalisée avec SAS Enterprise
Guide 5.1. Les moyennes étaient comparées en utilisant le test multivarié de Student-
Newman-Keuls (p < 0,05).
Les moyennes des variables des solutions des sols incubés en anaérobiose selon
diverses catégories sont présentées au tableau 6.5. La comparaison entre les 13
parcelles rizicoles et les 6 parcelles abandonnées montre que :
La variation verticale des variables de la solution est évaluée sur les échantillons des
profils pédologiques creusés sur une parcelle rizicole et trois parcelles abandonnées où
228
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
la végétation naturelle est dominée par Cynodon sp, Typha domingensis et Cyperus
platicaulis. Les valeurs des variables pour chaque horizon et chaque parcelle sont
présentées au tableau 6.5 ; ce sont des moyennes des horizons de même type pour les
trois profils de la parcelle. On note des augmentations significatives des moyennes de
pH avec la profondeur au sein de la parcelle rizicole et au sein de la parcelle à
végétation naturelle dominée par Typha domingensis. Nous remarquons en outre des
augmentations non significatives de cette variable avec la profondeur dans les
parcelles occupées par les végétations dominées par Cynodon sp et Cyperus platicaulis.
Des diminutions non significatives des moyennes d’Eh sont observées dans toutes les 4
parcelles. Le Ca et le Mg montrent des augmentations non significatives avec la
profondeur, sauf pour la parcelle à dominance de Typha domingensis pour le Ca. Le Na
est, dans toutes les parcelles, moins concentré dans les horizons de surface que dans
les horizons sous-jacents. Les concentrations en sulfates diminuent avec la profondeur
dans les parcelles occupées par des végétations dominées par Cynodon sp et Cyperus
platicaulis tandis qu’elles augmentent avec la profondeur dans la parcelle rizicole. Les
concentrations en chlorure montrent des augmentations (non significatives) avec la
profondeur dans toutes les parcelles sauf dans la parcelle à dominance de Typha
domingensis où la moyenne des teneurs de cet anion dans les horizons de surface est
significativement plus élevée que dans les horizons de profondeur.
Les moyennes des cations échangeables des divers groupes d’échantillons (analysés
dans les extraits de NH4Cl, 1M et exprimés sous la forme de pourcentages
d’occupation du complexe d’échange) sont données dans le tableau 6.6. On constate
que la moyenne du taux de saturation en sodium (ESP) des parcelles rizicoles (ESP
moyen de 5,8%) est significativement plus basse que celle des parcelles abandonnées
(ESP moyen de 15,2%). Par contre, on observe une situation inverse pour le taux de
saturation en Ca (ECP) bien que l’analyse statistique ne révèle pas de différence
significative entre les deux catégories de sols. Les taux de saturation moyens du
complexe d’échange en magnésium (EMP), en fer (EIP) et en manganèse (EMaP) des
parcelles rizicoles sont presqu’identiques à ceux des parcelles abandonnées.
229
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
230
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Tableau 6. 5: Caractéristiques chimiques des solutions des sols de Mugerero soumis à l’anaérobiose*
Ca Fe K Mg Mn Na Cl SO4
Hz Pr. pH Eh (mV) CE (dS/m)
(mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L)
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
A 0-25 6,99±0,32b 83,2±101,9a 0,74±0,46a 1,73±1,24a 0,05±0,08a 0,09±0,04a 1,61±1,06a 0,04±0,04a 4,59±3,6b 0,05±0,02b 3,75±3,88a
Parcelles abandonnées (n=6)
A 0-25 7,62±0,78a 32,7±88,7a 1,74±1,89a 2,04±2,41a 0,05±0,1a 0,1±0,03a 4,4±8,02a 0,03±0,03a 14,28±15,6a 0,18±0,22a 13,18±23,68a
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
A 0-35 6,51±0,19b 209,1±26,6a 0,23±0,12a 0,98±0,8a 0±0a 0,03±0a 0,5±0,39a 0±0a 0,71±0,94b 0,05±0,01a 0,1±0,04a
B 36-57 8,08±0,39a 155,1±12,0a 0,36±0,08a 0,36±0,15a 0,03±0,02a 0,03±0,02a 0,39±0,12a 0±0a 4,37±2,35a 0,04±0,01a 0,24±0,22a
C 58-120 8,07±0,08b 150,7±15,8a 0,35±0,04a 0,3±0,05a 0,01±0,01a 0,02±0,01a 0,26±0,02a 0±0a 2,72±0,36ab 0,06±0,01a 0,47±0,22a
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
A 0-38 7,53±0,09a 136,87±64,9a 3,04±0,81a 4,25±2,27a 0±1a 0,05±0,02a 5,03±2,59a 0±1a 17,78±9,29 0,21±0,2a 30,18±10,68a
C 35-120 8,54±0,35a 187,9±14,3a 2,99±1,16a 2,74±2,34a 0±0a 0,03±0,02a 3,55±2,92a 0±0a 19,95±11,3a 0,3±0,18a 29,72±14,68a
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
A 0-20 6,92±0,19b 198,1±5,9a 1,13±0,13a 1,35±0,6a 0±0a 0,08±0,03a 1,58±0,59a 0,02±0,02a 7,7±1,67a 0,12±0,04a 7,24±2,54a
B 20-75 8,13±0,47a 147,2±44,4a 0,925±0,08b 0,39±0,13b 0,01±0a 0,02±0b 0,46±0,19b 0±0a 8,03±0,24a 0,08±0,02ab 3,93±0,54b
C 76-120 8,49±0,12a 156,9±2,9a 0,74±0,07b 0,21±0,02b 0,01±0a 0,02±0,01b 0,2±0,02b 0±0a 6,63±0,60a 0,06±0,01b 3,28±0,79b
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
A 0-25 7,93±0,59a 166,8±18,2a 1,4±0,51a 0,71±0,63a 0±0a 0,04±01a 0,74±0,41a 0±2a 11,64±4,07a 0,06±0,02a 7,88±7,14a
B 25-77 8,59±0,7a 160,5±15,8a 2,18±2,07a 0,62±0,85a 0,01±0,1a 0,03±0,01a 0,82±1,17a 0±0a 18,35±16,38a 0,1±0,08a 18,67±24,31a
C 77-120 8,67±0,26a 150,8±11a 1,66±1,76a 0,53±0,68a 0,01±0a 0,03±0,02a 0,71±0,97a 0±1a 14,36±14,58a 0,09±0,08a 13,19±20,40a
*Les valeurs des moyennes suivies des écart-types
abc : Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont pas significativement différentes au seuil de 5% ; pour les
échantillons des profils pédologiques, les moyennes portant la même lettre pour une même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%
231
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Tableau 6. 6: Caractéristiques chimiques des solutions des sols de Mugerero soumis à l’anaérobiose*
Hz Pr (cm) ESP (%) ECP (%) EMP (%) EIP (%) EMaP (%) EPP (%)
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
A 0-25 5,8±4,8b 52,2±9,9a 38,5±6,4a 0,25±0,65a 0,99±0,65a 2,34±0,96a
Parcelles abandonnées (n=6)
A 0-25 15,2±14,7a 42,1±10,5a 38,0±13,3a 1,38±3,35a 0,77±1,04a 2,52±1,06a
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
A 0-35 1,32±1,5a 69,4±1,4a 27,7±0,4c 0±0a 0,12±0,2a 1,41±0,44a
B 36-57 7±4,3a 54,0±3,1c 38,1±5,3a 0±0a 0±0a 0,96±0,14ab
C 58-120 6,4±1,7a 61±4,1b 31,9±2,5ab 0±0a 0±0a 0,74±0,02b
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
A 0-38 13,5±4,3a 44,4±10,1a 40,8±5,6a 0±0a 0,003±0a 1,28±0,19a
C 35-120 18,5±6,4a 46,4±4,4a 34,2±4,2a 0±0a 0±0b 0,88±0,12b
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
A 0-20 9,4±4,4b 46,4±4,7a 42,01±0,8a 0±0a 0,44±0,56a 1,76±0,19a
B 20-75 15,2±3,0ab 45,5±1,8a 38,57±1,5b 0±0a 0,01±0,01a 0,79±0,03b
C 76-120 18,6±3,5a 47,6±2,7a 33,17±1,2c 0±0a 0±0a 0,69±0,07b
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
A 0-25 17, 6±7,5b 45,1±20,6a 35,8±12,7a 0±0a 0,04±0,04a 1,47±0,7a
B 25-77 39,1±10,7a 28,7±6,3a 31,0±5,9a 0±0a 0±0,01a 1,22±0,4a
C 77-120 22,6±4,6b 45,3±4,6a 31,2±0,8a 0±0a 0,02±0,03a 0,87±0,23a
ESP, ECP, EMP ; EIP ; EMaP et EPP sont respectivement les taux de saturation du complexe d’échange en Na, Ca,
Mg, Fe, Mn et K
*Les valeurs des moyennes suivies des écart-types
abc : Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont
pas significativement différentes au seuil de 5% ; pour les échantillons des profils pédologiques, les moyennes
portant la même lettre pour une même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%
Dans les sols affectés par la salinité, le sodium attire l’attention d’un nombre
important de recherches parce qu’il présente des effets néfastes sur la croissance de
plantes cultivées mais aussi sur les propriétés physiques des sols. Les effets néfastes du
Na dépendent non seulement de ses concentrations absolues dans les phases solution
et échangeable du sol mais aussi des teneurs d’autres cations en présence.
232
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
a) Formalisme de Gapon
233
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.19: Relation entre ESR’ et SAR’ pour les sols incubés en anaérobiose (à gauche); relation entre ESR’ et
SAR’ pour les sols incubés aux faibles valeurs de SAR’ (à droite)
Nous avons tenté de chercher si ce coefficient serait constant en remplaçant SAR’ par
SAR’* calculé avec les activités des cations en solution. La courbe obtenue est
représentée à la figure 6.20. On constate que la relation ESR’ versus SAR’* demeure
curvilinéaire et ne permet pas de discerner le coefficient de sélectivité de K G pour des
sols à grande sodicité. Un coefficient KG de 0,37 est pourtant valable pour des faibles
valeurs de SAR’*.
Figure 6.20: Relation entre ESR’ et SAR’* pour les sols incubés de Mugerero (à gauche); Relation entre ESR’ et
SAR’* pour les sols incubés à faibles valeurs de SAR’*
Figure 6.21: Relation entre ESR et SAR (à gauche: avec tous les sols ; à droite : avec les faibles valeurs de SAR)
Figure 6.22: Relation entre ESR et SAR* calculé en utilisant les activités en solution (à gauche: avec toutes les
valeurs de SAR*; à droite: avec les faibles valeurs de SAR*)
b) Formalisme de Vanselow
235
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
inférieur à 1 indique une préférence du complexe d’échange pour les cations divalents
que pour le Na.
Figure 6.23: Relation entre le ratio des fractions molaires du Na et des cations divalents en solution et le SAR’* (à
gauche : pour toute la gamme de sodicité ; à droite : pour les faibles valeurs de SAR’*)
236
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
Figure 6.24: Relation entre le ratio des fractions molaires du Na et du pool du Ca et du Mg et le SAR’ (à gauche :
pour toute la gamme de sodicité ; à droite : pour les faibles valeurs de SAR’*)
L’étude de l’échange entre le Na et les tous cations divalents analysés (Ca, Fe, Mg et
Mn) par le conceptualisme de Gaines et Thomas (1953) procède par le traçage du
graphique du rapport des fractions équivalentes des cations de la phase surface et du
SAR’* en appliquant la relation 3.28 du chapitre 3. La figure 6.25 de gauche montre
qu’un coefficient de sélectivité KC = 0,39 caractérise l’échange entre le Na et le pool
des cations divalents. La figure 6.25 de droite montre la valeur du coefficient K C = 0,36
calculé pour les faibles valeurs de SAR’*. Ce dernier étant du même ordre que le
coefficient KC déterminé avec tous les sols, on pourrait affirmer l’applicabilité de la
valeur KC de 0,39 pour les sols soumis à l’anaérobiose.
Figure 6.25: Relation entre le rapport des fractions équivalentes du sodium par rapport aux cations divalents et
du SAR’* (à gauche : établie toute la gamme de sodicité; à droite : avec les faibles valeurs de SAR’*)
237
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
On note qu’il n’y a pas de grandes différences entre les coefficients de sélectivités de
Gaines et Thomas établis pour l’échange Na - (Ca +Mg) en conditions ouvertes à l’air
(KC = 0,29 et 0,28) et ceux qui sont établis en conditions d’anaérobiose pour cet
échange (KC = 0,38 et 0,36) d’une part, et ceux de l’échange entre le Na et le pool des
cations divalents qui incluent le Fe et le Mn en conditions anaérobies (K C = 0,39 et 0,36)
d’autre part ; les coefficients calculés avec ou sans le Fe et le Mn en conditions
anaérobies se révélant très proches.
Figure 6.26: Relation entre le rapport des fractions équivalentes du Na par rapport aux cations Ca et Mg et SAR*
(à gauche: toute la gamme de sodicité; à droite: avec les faibles valeurs de SAR*
propriétés physico-chimiques ne sont pas tout à fait les mêmes que celles des
conditions aérobies.
Figure 6.27: Relation entre le rapport des cations échangeables sur les rapports des cations solubles
239
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
(i) le coefficient de Gapon KG n’est pas constant dans toutes les deux situations
expérimentales; il augmente avec les augmentations des charges sodiques en solution
et sur le complexe d’échange. Il est cependant constant dans la gamme de faible
sodicité et prend les valeurs de 0,011 et 0,015 respectivement en conditions ouvertes
à l’air et en conditions d’anaérobiose. On remarque que ces valeurs sont proches de
0,01475, valeur de KG établie pour 59 sols de l’Ouest des Etats-Unis par le US Salinity
Laboratory (USDA, 1954).
(ii) Les coefficients de sélectivité KG, KV et KC pour l’échange Na - (Ca + Mg) établis en
conditions d’anaérobiose sont légèrement supérieurs à ceux qui sont établis en
conditions ouvertes à l’air. L’incubation en anaérobiose provoquerait donc la
diminution de la sélectivité des divalents par rapport au Na ; effet explicable par la
perte de la matière organique dont l’affinité aux cations divalents particulièrement le
Ca est connue.
(iv) le complexe d ‘échange a plus de préférences pour Ca que pour Mg que ce soit en
conditions aérobies et anaérobies.
Tableau 6.7: Récapitulation des coefficients de sélectivités établis en conditions aérobies et en conditions
anaérobies
240
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols
6.4. Conclusion
Les propriétés des sols soumis à l’anaérobiose par incubation à une température fixe
se sont révélées intéressantes par leur dynamique au cours de l’anaérobiose et les
caractéristiques particulières qui les différencient de celles des sols maintenus en
conditions d’aérobie.
Les résultats sur la cinétique des propriétés de la solution du sol ont montré que les pH
des sols engorgés en anaérobiose tendent vers la neutralité. Les pH acides ou même
légèrement acides augmentent avec la durée d’incubation alors que les pH alcalins
décroissent avec la durée d’incubation. Dans les deux cas, le pH se stabilise aux
environs de 7 après 3 semaines d’incubation.
Par suite de la libération des cations en solution, la salinité augmente dans toutes les
solutions. La composition des solutions extraites après incubation demeure
qualitativement identique à celle des solutions non incubées en montrant une
dominance des ions Na+ et SO42-. Néanmoins, du point de vue quantitatif,
l’anaérobiose a provoqué des augmentations des cations surtout le Ca et le Mg en
relation avec le pourcentage en matière organique. Les analyses du fer et du
manganèse ont montré que l’anaérobiose ne provoque pas toujours leur présence
effective en solution et sur le complexe d’échange ; effet vraisemblablement dû à la
précipitation de ces cations en nouvelles formes minérales non solubles dans les
conditions de pH élevé.
L’analyse des équilibres d’échange entre le Na et le pool des cations divalents a montré
qu’il n’existe pas de différence de comportement du coefficient de Gapon K G selon
l’état d’oxydo-réduction des sols ; ce coefficient n’est constant que pour les faibles
charges sodiques. Par ailleurs, les coefficients Vanselow et de Gaines et Thomas
montrent que l’anaérobiose s’accompagne des légères augmentations de la sélectivité
du complexe d’échange vis-à-vis du sodium et que l’anaérobiose ne modifie en rien la
préférence du complexe d’échange pour le Ca par rapport au Mg.
En définitive, cette étude a permis de montrer qu’un bon nombre de propriétés des
phases surface et liquide varient selon qu’elles sont déterminées en conditions
ouvertes à l’air ou en anaérobiose.
242
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Le potassium a été identifié comme étant un des éléments nutritifs dont dépend la
productivité rizicole des sols étudiés au chapitre 4. Dans ce chapitre, nous allons
évaluer dans quelle mesure les propriétés intrinsèques des sols, déterminées au
chapitre 3, serviraient d’indicateurs du pouvoir tampon vis-à-vis du potassium.
243
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Résumé
L’évaluation des relations entre les paramètres de quantité et d’intensité pour le potassium et
des propriétés intrinsèques des sols est bénéfique pour une gestion appropriée de la
fertilisation en potassium. Dans cette étude, les courbes de quantité et d’intensité (courbe Q/I)
ont été établies pour 13 sols rizicoles de Mugerero en suivant la méthode de Beckett (1964a)
pour décrire la disponibilité de K dans le sol en tenant compte de la compétition de ce cation
avec le Ca et le Mg. Les relations entre le pouvoir tampon vis-à-vis du potassium (PBC) et les
propriétés intrinsèques des sols ont été étudiées. Les résultats montrent que le PBC varie de
16 à 208 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2. De même, ce paramètre présente des corrélations
significatives avec les pourcentages en argile (r = 0,97; p<0,0001) et en sable (r = 0,97 ;
p<0,0001) et avec la capacité d’échange cationique (r = 0,98 ; p<0,0001). Ces résultats
suggèrent que le PBC peut être bien prédit à partir du taux d’argile ou de sable ou de la CEC en
utilisant des équations de régression linéaire finement établies. Il a par ailleurs été établi que
le PBC est presque égale au produit de la CEC et du coefficient de sélectivité de Gapon. Ce
dernier paramètre varie dans une fourchette moins étendue comprise entre 3 et 4,5 mol-0,5.L0,5
pour 12 des 13 sols.
En définitive, les taux d’argile et de sable ainsi que la CEC sont des bons indices de prédiction
du pouvoir tampon des sols de Mugerero à l’égard du K. Dans la pratique, du fait de sa
détermination aisée par des mesures de routine, le pourcentage en sable est mieux indiqué
pour définir le mode de gestion de la fertilisation potassique des sols étudiés. Ainsi, les sols
riches en sable doivent être soumis à un régime de fertilisation fractionnée en engrais
potassique.
Abstract
245
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Finally, clay and sand content and CEC are good indicators of PBC in Mugerero soils. In
practice, the percentage of sand is more appropriate for defining the rate of potassium
fertilizer because of the ease of its determination by routine measurements. Thus, the soils
with high contents of sand should be subject to fractional fertilization of potassium fertilizer.
246
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
7.1. Introduction
Le potassium est un élément essentiel pour la croissance des plantes. Il entre dans la
composition des tissus végétaux dans des proportions pondérales de 1 à 3% (Malvi,
2011). Il est très mobile dans la plante mais l’est modérément dans les sols. Dans les
sols affectés par la salinité, la disponibilité du K en quantité suffisante est
indispensable pour la turgescence de la stèle de la racine afin de contrer la grande
pression osmotique de la solution du sol (Marschner et al., 1995). Dans les conditions
de salinité et/ou sodicité, le statut nutritionnel du K dans les plantes dépend
significativement du ratio molaire Na/K dans la solution (Devitt et al., 1981).
Un nombre important d’études sur la disponibilité des nutriments dans les sols se
basent sur les méthodes utilisant les réactifs chimiques (acides chimiques concentrés
ou dilués, sels neutres et acides organiques). Cependant, la présence d’une grande
quantité d’un nutriment ne garantit pas sa disponibilité aux plantes parce que d’autres
facteurs comme la salinité, l’humidité, la température, le pH, les conditions physiques
et la présence d’éléments toxiques peuvent être des limitations (Fageria et al., 2011).
Le K échangeable extrait par percolation à l’acétate d’ammonium à pH 7 a été depuis
longtemps un moyen de caractériser le statut du K et d’estimer les besoins en K des
sols pour la croissance des plantes cultivées mais cette fraction peut s’avérer inexacte
car une partie du K non échangeable (potassium rétrogradé fixé en position
interfoliaire des micas, de l’illite ou de la vermiculite et le potassium structural des
feldspaths) peut être rendu disponible aux plantes spécialement dans les sols pauvres
en K (Bertsch, 1985). Des recherches ont été menées dans le but de caractériser la
capacité du K total à être disponible aux plantes (Richards et Bates, 1988); mais la
dynamique de cette fraction n’est pas encore maîtrisée car seule une partie du K non
échangeable est disponible aux plantes (Wang et al., 2004).
Au cours des six dernières décennies, une nouvelle approche intégrant les concepts de
quantité et d’intensité a été employée pour investiguer l’état de la fertilité des sols par
rapport au K et enfin en estimer la disponibilité. Certaines études du genre étaient
basées sur l’estimation du pouvoir tampon des sols à l’égard de cet élément sur base
de la CEC (McLean, 1976). Néanmoins, cette méthode s’est révélée inadéquate pour
les sols qui peuvent fixer ou libérer du K dans le pool non échangeable (Cox et al.,
1999). Un autre moyen de détermination du pouvoir tampon du sol est la
détermination de la pente de la partie linéaire du graphique Q/I qui relie le K adsorbé
par le sol et le rapport d’activité du potassium et des cations divalents les plus
247
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
̅ (7.1)
√
⁄√ (7.2)
L’intérêt du pouvoir tampon est fondé sur le fait que le potentiel nutritif est le meilleur
moyen pour mesurer la disponibilité en éléments nutritifs pour une culture. Le pouvoir
tampon mesure ainsi le changement de disponibilité résultant de l’apport d’éléments
nutritifs ou de leurs prélèvements pour une culture (Addiscott et Talibudeen, 1969).
248
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Les propriétés physico-chimiques des sols rizicoles de Mugerero ont été montrées au
chapitre 3. Il a été montré, à travers l’étude de l’influence des variables chimiques de
la solution et de la phase surface sur les paramètres de production du riz (chapitre 4),
que le K est un élément clé dans l’amélioration de la productivité rizicole de cette
région. A notre connaissance, aucune étude n’a jusqu’ici été menée pour caractériser
le statut du potassium de ces sols à grand intérêt agricole et dont les aspects physico-
chimiques sont particulièrement distinctifs des autres sols. La dominance du Na et des
sulfates/bicarbonates dans la phase solution et la part non négligeable du Mg sur le
complexe d’échange sont des exemples d’illustrations des propriétés exceptionnelles
de ces sols.
La présente étude se propose de déterminer pour les sols de Mugerero les rapports
fondamentaux entre le pouvoir tampon vis-à-vis du potassium établi par la relation
Quantité/Intensité et les caractéristiques intrinsèques de ces sols affectés par la
salinité.
Le pouvoir tampon d’un sol à l’égard du potassium peut être bien étudié à partir d’une
réaction simple d’échange qui implique le potassium et le(s) cation(s) de valence élevé
le(s) plus abondant(s) dans la solution du sol. Le Ca et le Mg étant les cations divalents
les plus représentés dans la solution des sols de Mugerero, la réaction d’échange entre
le K et le pool de ces deux cations divalents (Ca et Mg) conviendrait mieux pour une
telle étude. Cette réaction peut être décrite selon le formalisme de Gapon (1933) par
l’équation chimique suivante :
⇄ (7.3)
où représente une mole charge des sites d’échange, et D symbolise les cations
divalents Ca et Mg.
Le coefficient de Gapon, KG, pour cette réaction d’échange est défini par :
[ ] [ ] (7.4)
249
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
⁄ (7.5)
(7.6)
Le pouvoir tampon d’un sol vis-à-vis du potassium (PBC) est l’aptitude du sol à
maintenir l’intensité constante à partir de la mobilisation des quantités retenues sur la
phase solide du sol (Girard et al., 2005). Pour la réaction 7.3, le PBC est défini par :
(7.7)
(7.8)
250
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
( é ) ⁄ (7.9)
Dans le sol, quand les valeurs sont réduites suite à l’absorption de K par les
plantes, le sol libère progressivement du K en solution ; si par contre cette activité
augmente, le sol va adsorber les cations K+. Le PBC du K est défini par la pente de cette
courbe. En général, cette pente est élevée en faibles valeurs de et diminue
progressivement vers une valeur plus ou moins constante, comme indiqué par la partie
linéaire de la courbe Q/I. Selon Beckett et Nafady (1967), cette partie linéaire peut être
attribuée aux sites non spécifiques pour K (ex : surface planes des minéraux argileux)
alors que la partie très courbée correspondante aux faibles valeurs de peut être
attribuée aux sites spécifiques du K qui ont une affinité plus grande pour le K (ex : sites
de bordure des minéraux altérés d’illite et de mica). Les interactions entre le K
échangeable et le K dit « non échangeable » des espaces interfoliaires jouent aussi une
influence sur la forme de la courbe Q/I, spécialement dans les sols pauvres en K
échangeable. Le prolongement de la partie linéaire de la courbe Q/I à l’intersection de
l’axe du facteur de quantité (à ) donne qui représente la quantité de K
retenue dans le sol sur des emplacements ou des surfaces dont l’équilibre est décrit
par la partie linéaire du rapport Q/I ; c'est-à-dire la quantité du potassium adsorbé
251
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Dans cette étude sur le statut du potassium dans les sols affectés par la salinité, treize
échantillons composites de surface prélevés dans les parcelles rizicoles du périmètre
de Mugerero dans la plaine de la Basse Rusizi au Burundi ont été utilisés. Leur mode de
prélèvement et de préparation avant les analyses est décrit en détail au chapitre 3. En
252
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
bref, après le prélèvement, les échantillons ont été séchés à l’air libre, broyés et
tamisés à 2 mm avant de subir les traitements spéciaux relatifs à l’étude proprement
dite. Les principales caractéristiques physico-chimiques de ces sols ont été étudiées
aux chapitres précédents et sont reprises au tableau 7.1. Dans ce tableau, nous
rajoutons le potassium dosé par analyse minérale totale (Sahwney et Stilwell, 1994).
D’une façon succincte, ce sont des sols aux propriétés variées bien qu’ils proviennent
d’une superficie relativement petite. Le pH au rapport sol/eau de 1/2 se situe entre
6,31 et 8,19 ; la moitié des sols ont un pH supérieur ou égal à 7,52 ; illustrant leur
caractère alcalin. La conductivité électrique (CE) des solutions extraites à la rapport
sol/ea 1/2 s’étend de 0,14 à 2,68 dS/m (valeurs correspondantes à 0,55 et 10,57 dS/m
en extrapolant au rapport sol/eau de 1/0,4 plausible à la saturation par référence à la
formule 5.6 établie au chapitre 5). Le potassium est moins représenté en solution et
sur la phase surface. Ce sont des sols dont le pourcentage en argile varie de 11 à 67 %
et dont le pourcentage en limon tourne autour de 10%. Dans tous les 13 échantillons
de sol étudiés, le K minéral et fixé de manière spécifique, calculé par la différence
entre le K total et le K extractible à l’Ac-Na, pH 8,2, l’emporte énormément sur les
autres formes de K dans le sol avec des pourcentages allant de 98% à près de 100%.
Les sols qui ont les plus grandes teneurs en K total, en K fixé et structural et en K
échangeable sont ceux qui sont caractérisés par un grand pourcentage en argile.
7.2.2.2. Modes de saturation des sols en potassium et traçage des courbes Quantité-
intensité
253
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
( ) (7.10)
⁄ (7.11)
Les courbes Q/I ont été tracées pour chaque sol en affectant les variations de la
quantité de potassium échangeable (ΔK) en ordonnée et le rapport d’activité
potassique ( ) en abscisse. Leur intersection avec l’axe de donne le , c’est-
à-dire le rapport d’activité potassique au moment où le sol ne perd ni ne gagne de K.
Tableau 7. 1: Principales caractéristiques chimiques des échantillons de sols utilisés dans l'expérience
N° S L A C CEC-Na pH 1/2 CE1/2 EPP 1/2 K tot K Ext K Str K sol K ech 1/2
(%) (%) (%) (%) cmolc/kg (dS/m) (%) mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg
1 69,9 10,1 20 1,62 17,08 6,73 0,98 1,48 7789 113,79 7675 15,14 98,8
2 45,7 10,2 44,1 1 26,76 6,93 0,23 1,13 11965 121,48 11843 3,02 118,6
3 59,7 9,9 30,4 1,23 20,5 8,07 0,56 0,41 10235 36,73 10198 3,97 32,8
4 72,6 8 19,4 0,51 16,07 8,19 0,3 0,38 7995 26,04 7969 2,29 23,8
5 23,5 10,5 65,9 2,23 50,26 7,94 2,68 1,6 17394 336,96 17056 22,58 314,7
6 23,5 14,7 61,8 2,15 49,05 7,99 0,42 1,72 20161 338,19 19822 9,06 329,4
7 68,3 11,6 20,1 0,91 15,87 6,77 0,14 0,43 8559 32,60 8526 64,88 26,8
8 75 12,5 12,5 1,07 15,17 7,01 0,17 0,79 8472 52,56 8420 60,94 46,7
9 74,7 10,5 14,8 1,18 13,29 8,12 2,48 1,25 8418 79,18 8339 14,36 64,9
10 67,4 9,6 23 0,98 17,21 7,26 0,8 0,9 9559 66,05 9493 398,00 60,2
11 63,6 10,7 25,7 0,86 19,71 7,52 1,73 1,24 10214 104,83 10109 9,56 95,4
12 78,8 10,2 11 1,05 9,96 6,31 2,09 0,54 8104 41,55 8062 20,46 21,1
13 21,5 11,8 66,7 1,98 49 8,09 1,1 2,08 20434 413,59 20020 16,38 397,6
S, A, L, C sont respectivement les pourcentages en sable, en argile, en limon et en carbone organique
EPP = taux de saturation du complexe d’échange en K ; donné par la formule : EPP = Kéchx100/(Naéch + Caéch +
Mgéch +Kéch)
K tot, K Ext, K str, K sol et K éch 1/2 sont le K total, K extractible à Ac-Na, K structural et fixé, K soluble et K
échangeable calculé au rapport sol/eau 1/2
254
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
255
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Figure 7.2 (suite) : Courbes Q/I obtenues pour les sols salés de Mugerero
On remarque que la forme graphique des courbes de la relation Q/I obtenues pour les
sols étudiés n’est pas parfaitement linéaire. Elle est plutôt curvilinéaire et continue, et
présente avec incurvation plus prononcée à des rapports d’activité plus faibles que
pour des rapports élevés. Une telle forme est attribuée à la dominance du Ca selon
Addiscott et Talibudeen (1969). Les équations polynômiales de second ordre
conviennent mieux pour représenter les données expérimentales et leurs dérivées
premières peuvent être utilisées pour calculer le PBC. Dans tous les sols, la pente de la
courbe Q/I (= PBC) diminue quand ARK augmente ; ce qui indique que l’affinité de ces
sols au K diminue avec les augmentations de K ajouté.
Il n’est pas sans intérêt de retourner aux conditions réalistes sur terrain en ce qui
concerne la fertilisation potassique qui est appliquée en raison 100 kg de NPK (10-20-
20) ou encore 45 kg de KCl (0-0-60) par hectare (cfr chapitre 4). Ces doses
correspondent aux concentrations de 0,3 et 0,5 mmol/L de K au rapport sol/eau 1/0,4
plausible au champ en considérant une répartition uniforme des fertilisants dans une
solution du sol qui remplit une porosité de 50 % sur une profondeur de 25 cm d’une
masse de terre sèche de 3000 t ; ce qui revient à considérer les concentrations 0,01 et
0,02 mmol/L à la rapport sol/eau 1/10 adopté dans cette expérience. On déduit donc
que les deux grandes doses expérimentales de K (1 mmol/L et 2 mmol/L) se situent au-
delà de la réalité et que les quatre points expérimentaux des plus faibles doses de K
(de 0 à 0,2 mmol/L) peuvent être utilisés pour la détermination du PBC de K réaliste
dans nos sols.
Ainsi, en se situant dans la gamme des concentrations de K ajouté réaliste dans les
pratiques agricoles sur terrain avec les quatre plus faibles doses de K, on constate que
les relations entre les variables et ΔK sont caractérisées par des courbes linéaires
pour tous les sols (Figure 7.3) ; ce qui permet d’obtenir aisément une valeur unique de
PBC pour chaque sol. Les équations de régression linéaire qui en sont issues et qui sont
256
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
données dans le tableau 7.2 indiquent la pente de la droite d’ajustement qui est le
PBC. Les coefficients de détermination r2 associés à ces droites sont tous supérieurs à
0,97 (Tableau 7.2) ; ce qui indique la bonne qualité d’ajustement de ces droites et la
validité des pouvoirs tampon ainsi établis pour les treize sols.
Les PBC ainsi déterminés sont compris entre 16,2 et 207,9 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2
(Tableau 7.2 et 7.3). Les sols les plus riches en argile (sols 5, 6 et 13) présentent des
plus grandes valeurs de PBC (≥ 167 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2) que les autres tandis que
les sols riches en sable (sols 12, 8, 9 et 1) ont des PBC les plus faibles (≤ 52 cmolc.kg-1
/(mol.L-1)1/2).
Figure 7. 3: Relation entre les variations de la quantité de potassium échangeable et le rapport d’activité
potassique pour les quatre points aux plus faibles valeurs d’ARK
En comparaison avec les valeurs des PBC des autres sols du monde rapportés dans la
littérature, les PBC des échantillons les plus riches en argile sont légèrement faibles par
rapport à ceux qui ont été trouvés dans les vertisols argileux de la zone aride de
Karnataka en Inde (PBC compris entre 254,54 et 298,35 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2) par
Yeledhalli et al. (2007). Ils sont comparables aux PBC moyens de 186, 83 cmolc.kg-1
/(mol.L-1)1/2déterminés pour les sols dominés par les smectites des régions arides et
semi-arides de l’Iran (Bahmani et al., 2013). Les échantillons aux teneurs relativement
élevées en sable (sols 12, 8, 9 et 1) présentent des PBC comparables à ceux qui ont été
trouvés dans les échantillons des horizons superficiels des sols limoneux par Wang et
al. (2004) (PBC compris entre 36 et 66 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2). Ils surpassent par contre
257
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
les sols sableux de la province de Thua Thien Hue au Vientnam dont les PBC sont
compris entre 2 et 10 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2(Ninh et al., 2009) et les sols limoneux
sableux chaulés et fertilisés avec K de la plaine côtière de Delaware dont les PBC sont
inférieurs à 8 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2.
Tableau 7. 2: Equations de régression associées aux droites Q/I représentant les quatre points expérimentaux aux
plus faibles valeurs de K ajouté
2
N° de sol Equations de régression r
1 ΔK = 52,336 ARK - 0,261 0,997
2 ΔK = 98,641 ARK - 0,232 0,995
258
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Dès lors, le pouvoir tampon de ces sols à l’égard du potassium peut être estimé par les
teneurs en argile ou en sable ou par la CEC en utilisant les équations de régression
linéaire illustrées à la figure 7.4 par les relations suivantes:
; r2 = 0,94 (7.12)
; r2 = 0,94 (7.13)
; r2 = 0,96 (7.14)
Tableau 7. 4: Matrice de corrélation entre les paramètres intrinsèques des sols et le PBC et le coefficient de
sélectivité de Gapon
pour l’échange K - (Ca+Mg). Ce dernier exprime d'affinité relative que les sols peuvent
développer pour K par rapport aux cations Ca et Mg.
Bien que KG seul ne permette pas de prédire le PBC de ces sols de Mugerero (r = 0,3),
une quasi-égalité de PBC et le produit de la CEC par KG est observée. Cette égalité est
illustrée à la figure 7.6 où on observe que les points des deux séries de données se
rangent près de la première bissectrice et qu’une droite ajuste bien les données avec
une pente de 0,99 proche de l’unité et un coefficient de détermination r 2 = 0,98
également proche de l’unité.
260
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Figure 7. 4: Relation entre le PBC du potassium et les propriétés constitutives des sols
+ 2+ 2+
Figure 7. 5: Relation entre le rapport de K sur les cations divalents Ca et Mg des phases surface et solution
261
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
+ 2+ 2+
Figure 7.5 (Suite) : Relation entre le rapport de K sur les cations divalents Ca et Mg des phases surface et
solution
L’égalité entre PBC et le produit de KG par la CEC peut être justifiée par la relation (7.6)
pour les cas des sols où les cations divalents prennent une proportion largement
importante que celle des monovalents sur le complexe d’échange. En effet, dans le
système K-(Ca+Mg), la relation (7.8) peut être écrite sous la forme:
(7.15)
Comme le taux de saturation en K est très petite dans les sols, (K éch <<< CEC), cette
relation (7.15) devient :
≅ (7.16)
Au vu de cette relation (7.16), on pourrait annoncer les conditions d’égalité des valeurs
de PBC pour deux sols. Ainsi, pour que deux sols aient même PBC pour K, il faudrait
262
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
qu’ils aient également mêmes valeurs de KG et de CEC ou que la valeur élevée de l’une
des deux variables soit compensée par une valeur faible de l’autre variable.
Figure 7. 6: Relation entre le PBC du potassium et le coefficient de Gapon (à gauche); Relation entre le PBC et le
produit du coefficient de Gapon et la CEC
Le paramètre est une mesure d’intensité pour le K que la solution du sol peut
fournir directement à la plante. Il est donné par l’intersection de la courbe Q/I et l’axe
des . Ses valeurs varient de 0,00128 à 0,00513 dans les sols de la présente étude.
Des valeurs de élevées sont observées pour les sols 1 et 12 tandis que les plus
faibles sont notées pour les sols 3 et 4, suggérant que les sols aux plus grandes valeurs
de ce paramètre ont une grande intensité de fourniture de K en solution. Pour ces sols,
une grande quantité de K peut être absorbée par les plantes d’une manière
instantanée. Si on adopte la logique de Woodruff (1955) selon laquelle des valeurs de
doivent se situer entre 0,0027 et 0,034 pour une nutrition potassique équilibrée
de la plante, on se rend compte que cinq sols (sol 2, 3, 4, 7 et 8) ont des valeurs
insuffisantes de cette variable. Par comparaison aux valeurs de cette variable trouvées
dans d’autres régions du monde, les sols de Mugerero possèdent des valeurs faibles
par rapport à celles trouvées pour les sols limoneux sableux chaulés et fertilisés avec K
issus de la plaine côtière de Delaware qui sont comprises entre 0,043 et 0,053 (Sparks
et Liebhardt, 1981).
263
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Tableau 7. 5: Corrélation entre le pouvoir tampon vis à vis du K et les composantes du rendement du riz
Quelques applications pratiques peuvent être tirées des résultats de cette étude. La
capacité d’un sol à préserver les apports de K contre le lessivage est proportionnelle à
sa teneur en argile et à sa capacité à tamponner la concentration du K dans la phase
soluble, qui régule dans le temps l’absorption du K par les plantes.
Tableau 7. 6: Valeurs minimales, maximales et moyennes du pourcentage de K retenu par rapport à K apporté
264
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium
Figure 7. 7: Proportion de K retenu (%) par les sols à différentes doses de K ajouté
Les courbes Q/I peuvent être aussi utilisées pour estimer la quantité d’engrais
potassique nécessaire pour atteindre la valeur critique de ARK qui est requise pour la
croissance optimale d’une culture donnée ( ). La valeur critique de K échangeable
correspondante peut alors être calculée par la relation :
(7.17)
(7.18)
(7.19)
7.4. Conclusion
266
Discussion générale et perspectives
Eu égard à ce qui précède, la description de l’état de salinité d’un sol commence par la
caractérisation de deux variables : la concentration en électrolyte totale et le taux de
sodium échangeable (ESP). La concentration en sels totaux dans la solution est souvent
exprimée par la conductivité électrique (CE) qui est mesurée dans l’extrait de la pâte
saturée ; tandis que l’ESP est calculé à partir des cations échangeables et/ou de la CEC.
268
Discussion générale et perspectives
Le régime d’irrigation soumet les sols aux conditions d’anaérobiose qui leur confèrent
des propriétés différentes de celles des conditions aérobies. Les effets de
l’engorgement sur la chimie des sols ont été étudiés par beaucoup d’auteurs
(Ponnamperuma et al., 1967 ; Ponnamperuma, 1972 ; Kirk, 2004 ; Kyuma, 2004; …).
Cependant, les changements des propriétés chimiques de tous les sols sont loin d’être
similaires ; ils dépendent aussi des conditions propres de chaque milieu.
Objectifs de l’étude
L’objectif de cette thèse était d’étudier, à travers une étude de cas, les processus
chimiques qui gouvernent les paramètres de la solution et du complexe d’échange
ainsi que les échanges qui s’opèrent entre les deux phases pour les sols affectés par la
salinité. Elle a été réalisée par des analyses des échantillons de sols prélevés sur les
parcelles rizicoles et abandonnées du périmètre rizicole de Mugerero, situé dans la
plaine de la Basse Rusizi au Burundi.
ii) d’identifier les principales variables physico-chimiques des sols qui limiteraient la
production rizicole et d’établir des modèles de prédiction des composantes de
rendement à partir des paramètres du sol ;
ii) d’évaluer les effets du rapport sol/eau sur la composition ionique de la solution
d’équilibre et de la phase surface mais aussi sur les équilibres d’échange cationique
entre les deux phases ; de montrer les relations qui existent entre les paramètres de la
solution ou du complexe d’échange déterminés à des rapports sol/eau différents ;
269
Discussion générale et perspectives
Avancées et limitations
1.1. Avancées
La présente étude fait suite à quelques travaux antérieurs effectués par Frankart et al.,
(1965) et Frankart et Herbillon (1971) sur les sols de la localité étudiée pour leur
aménagement à des fins d’agriculture irriguée. La spécificité de la garniture cationique
saturée en proportion quasi-équivalente par Ca et en Mg (±40%) et en proportion de
Na variant de 0 à 20%, et les CEC relativement élevées ont été soulignées par ces
travaux. Cependant, toutes ces propriétés ont été déterminées avant la mise en valeur
de ce périmètre pour l’agriculture. De même, ces études anciennes n’ont pas abordé
les lois qui régissent la composition de la solution et du complexe d’échange. La
présente étude fournit des renseignements sur les caractéristiques physico-chimiques
des sols de Mugerero après 4 décennies d’exploitation par la riziculture irriguée et
apporte des informations en rapport avec les équilibres d’échange ionique et de
solubilité des minéraux ainsi que les variations des propriétés chimiques engendrées
par des conditions d’anaérobiose.
Les analyses de routine montrent que les sols de Mugerero sont caractérisés par des
pH alcalins, des CE relativement élevées, et des CEC élevées évoquant la dominance
des minéraux de type 2/1. La CEC est significativement corrélée au pourcentage en
argile qui est lui-même positivement corrélé au taux de sable ; indiquant que les taux
d’argile et de sable sont des bons indicateurs de la CEC des sols étudiés. L’analyse de la
solution aqueuse à la dilution 1/2 a mis en évidence la dominance du cation Na et de
l’anion SO4 ou HCO3 dans la phase solution. Le complexe d’échange est complètement
garni des cations basiques (Ca, Mg, Na et K) avec une grande représentation de Ca, Mg
et Na et une faible représentation de K. Le taux de saturation en Na varie de 0,5 à
65,3% avec une moyenne de 18,2% et une médiane de 16,4% à la dilution 1/2 ; ce qui
montre que le niveau de sodicité des sols étudiés est inquiétant si on se réfère à la
valeur critique de 15% fixée par le US Salinity Laboratory (USDA, 1954).
270
Discussion générale et perspectives
A l’aide des résultats d’analyses chimiques des solutions extraites à cinq rapports
sol/eau (rapports 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12) et des extraits d’Ac-NH4, pH 7 et d’Ac-Na,
pH 8,2, des modèles de calcul des variables de la solution (CE, cations solubles) et de la
phase surface (cations échangeables et ESP) à une teneur en eau quelconque à partir
des mesures faites à une dilution de référence (dilution 1/2) ont été établis. Les
analyses des équilibres d’échange cationique pour les systèmes Na - (Ca+Mg) et Ca –
Mg aux cinq dilutions ont montré que des valeurs uniques des coefficients de
sélectivité de Vanselow (KV = 0,5) et de Gaines et Thomas (KC = 0,3) sont applicables
pour l’échange Na - (Ca+Mg) (coefficients exprimés selon la sélectivité du complexe
d’échange pour le Na) et que le complexe d’échange est plus sélectif pour le Ca que
pour le Mg (KV = KC = 1,5). Il a été par ailleurs montré que le formalisme de Gapon,
dans le contexte des sols de la Basse Rusizi, n’est applicable en pratique que dans une
gamme limitée de charge sodique, confirmant ainsi les limites de la cohérence
thermodynamique de cette approche.
1.2. Limitations
A travers la revue bibliographique du chapitre 2, des hypothèses ont été émises sur
l’origine des sels de la plaine de la Basse Rusizi. Comme rappel, ils proviendraient du
volcanisme de la région de Kivu au Congo et des phénomènes d’hydrothermalisme
dans le bassin versant de la Rusizi et du fond du Tanganyika. Néanmoins, la présente
étude n’a pas exploré profondément ces hypothèses, tout en confirmant leur
plausibilité au vu de la dominance des sels sodiques, magnésiens et sulfatés dans les
solutions de sols.
2. Effet des paramètres du sol sur la production du riz et évaluation des processus
chimiques qui gouvernent la disponibilité des facteurs de la productivité du riz
(chapitres 4 et 7).
2.1. Avancées
Par des analyses des corrélations entre les variables physico-chimiques du sol (pH, CE,
cations et anions solubles et rapports entre les cations et pourcentages de cations
échangeables) et les composantes du rendement du riz mesurées dans les champs
rizicoles et par l’analyse en composantes principales combinant les deux groupes de
paramètres, il a été établi que la production du riz dans la zone étudiée est
principalement entravée par le pH, la salinité (CE) et le Na tandis que le Ca et les
rapports cationiques K/Na et Ca/Na sont des facteurs améliorateurs de la productivité
rizicole.
Consécutivement à ce qui précède, la réponse des sols étudiés face à la fertilisation
potassique a été investiguée par les courbes Q/I de Beckett (1964a). Les corrélations
linéaires entre les valeurs du pouvoir tampon des treize sols à l’égard du potassium
(PBC) et les variables physico-chimiques du sol ont été analysées. Il a été ainsi
remarqué que le PBC est significativement corrélé avec la CEC et avec les pourcentages
en argile et en sable. Dès lors, les variables granulométriques pourraient bien servir
d’indicateurs du PBC. Des applications fractionnées des engrais potassiques pour les
cas des sols qui ont des grands pourcentages de sable ont été alors recommandées.
2.2. Limitations
L’identification des déterminants de la production rizicole était basée sur les analyses
statistiques qui n’ont pas permis de dissocier les effets des variables colinéaires pour
identifier le facteur qui est réellement responsable de la situation. Le groupe du pH et
des ions bicarbonates ; celui de la CE, de Na et de SO4, et celui de l’ESP et de l’ECP sont
constitués par des variables significativement corrélées et dont les effets sur les
variables de rendement se sont révélés significatifs au seuil de 5%. Quelques - unes de
ces variables peuvent ne pas avoir des influences sur la physiologie de la plante et sur
le rendement et pourraient avoir été qualifiées de facteurs de réduction/augmentation
de la production rizicole par effet de colinéarité. De même, bien que les facteurs
pédologiques qui influencent la production agricole aient été identifiés, leurs effets sur
l’assimilabilité des nutriments par la plante n’ont pas été évalués puisque les parties
végétatives de la plante n’ont pas été analysées.
272
Discussion générale et perspectives
Parmi les facteurs identifiés, seul le potassium a fait l’objet d’une analyse particulière,
l’adsorption du calcium (en présence de sulfates, de chlorures ou de bicarbonates) et
les processus de sodisation ou de désodisation n’ont pas fait l’objet d’une étude
spécifique dans cette thèse. Toutefois, la mise en évidence de coefficients de
sélectivité uniques indépendants de la composition anionique des solutions porte à
croire que notre démarche présente un fondement très général à partir du moment où
l’influence de la nature des anions est prise en compte dans la spéciation chimique des
solutions. Il n’en va très vraisemblablement pas de même pour l’absorption des cations
par la plante dont les mécanismes physiologique sont naturellement influencés par la
nature des anions en présence.
Perspectives
i) Identification de l’origine de la salinité des sols étudiés par des analyses chimiques ;
ii) Evaluation des effets des anions sulfates et bicarbonates sur la productivité rizicole ;
iii) Etude du comportement du sol face aux fertilisants minéraux et aux amendements
correcteurs de la sodicité.
Une documentation fouillée sur l’origine de la salinité de la région a conclu que les sels
observés dans la localité étudiée proviendraient du volcanisme du Kivu et des
systèmes hydrothermaux de la province de Cibitoke et du fond du Lac Tanganyika. Une
étude scientifique s’impose pour vérifier ces hypothèses. Les indicateurs géochimiques
et isotopiques pourraient être utilisés pour élucider les origines des éléments
chimiques constitutifs de la salinité de la solution des sols.
En plus de participer à la salinité globale, les anions solubles HCO3 et SO4 présentent
des corrélations significatives avec les paramètres de rendement. Cependant, il est
difficile de conclure sur leurs effets sur la productivité du riz parce qu’ils sont corrélés
273
Discussion générale et perspectives
avec d’autres paramètres (pH, CE et Na). Les effets néfastes des sulfates sur la
croissance des plantes ne sont pas suffisamment documentés mais les effets négatifs
de l’ion HCO3 sur la croissance des plantes ont été signalés par beaucoup d’auteurs. Il
inhibe l’absorption du fer, du manganèse et du zinc pour de nombreuses plantes
(Woolhouse, 1966 ; Pissaloux et al., 1995 ; Hajiboland et al., 2003 ; Alhendawi, 2011) et
est responsable de la chlorose ferrique dans les sols calcaires. Ses effets ont été
qualifiés de plus graves que ceux des pH élevés (Yang et al., 2003). Des essais
comparatifs des effets de cet anion avec ceux des anions Cl et SO4 (de Ca, de Mg ou de
Na) pourraient être réalisés en champ ou en vases de végétation.
Pour étudier les effets des facteurs pédologiques sur l’assimilabilité des nutriments par
la plante, il serait intéressant d’effectuer des analyses chimiques des parties
végétatives (racines, chaumes, tiges, feuilles) et grains pour explorer les effets de
certaines variables chimiques sur l’assimilation des nutriments par la plante.
Etude de la réponse des sols face aux fertilisants minéraux et aux amendements
correcteurs de la sodicité
Le cation Na et l’anion HCO3 ont été identifiés comme des éléments nuisibles à la
productivité du riz tandis que le Ca et le K ont été reconnus comme des éléments qui
participent à l’amélioration de la production du riz. Le suivi de la chimie de ces
éléments dans le sol est alors une recommandation conséquente à cette constatation.
Des expériences visant la réduction des teneurs en Na et en HCO3 et l’enrichissement
du complexe d’échange en Ca et en K s’appliqueraient bien dans les sols de Mugerero.
L’évaluation de l’accumulation du potassium a été réalisée pour les sols des parcelles
rizicoles (chapitre 7). Des expériences sur l’application des amendements comme le
gypse ou d’autres composants sont nécessaires pour investiguer le comportement des
sols étudiés pendant les processus de désodisation eu égard au calcium et au sodium.
Cette réponse serait abordée non seulement sous les aspects chimiques mais aussi
sous les aspects physiques.
Des études des effets des différents scénarios de réhabilitation des sols salés (lessivage
et amendements) sur les propriétés physiques sont indispensables pour les sols de
Mugerero en vue de prévoir les mesures d’atténuation en cas de leur détérioration. De
même, les études des effets de l’ESP ou de l’EMP (pourcentage de Mg échangeable)
sur ces propriétés physiques sont nécessaires pour fixer les valeurs seuils au-delà
desquels des mesures de correction doivent être appliquées.
274
Discussion générale et perspectives
En plus des études d’efficacité des amendements susdits, les processus de sodisation
et de désodisation pourraient être évalués par les courbes de Quantité/Intensité pour
le Na en prenant les cations Ca et Mg sous forme de sulfates, de bicarbonates ou de
chlorure comme électrolyte de fond. On porterait beaucoup d’attention sur les
relations entre le pouvoir tampon à l’égard du Na et les propriétés physico-chimiques
des sols. Cette étude permettrait aussi de comprendre les effets des anions apportés
par l’électrolyte de fond sur l’adsorption et la désorption du Na. L’utilisation des
courbes Q/I à des fins de réhabilitation des sols sodiques ou salins sodiques a été
suggérée par Nafady et Lamm (1972) ; car l’intersection de la courbe Q/I avec l’axe du
facteur de quantité est une mesure de Na qui peut facilement être échangé avec les
cations de l’électrolyte de fond (Pasrika et Ponnamperuma, 1977). De telles études ont
été déjà menées dans des sols de l’Inde (Kundu, 1986 ; Kotur et Rao, 1988) et ont
montré que le pouvoir tampon dépend de la minéralogie des sols et varie donc selon le
milieu.
L’engrais minéral azoté est souvent fourni au sol sous forme de NH4 ; cette forme
d’azote présente l’avantage d’être moins mobile que la forme de NO 3. D’autre part, en
riziculture inondée, l’apport de NO3 est exclu en riziculture inondée parce qu’elle
conduit immédiatement à la dénitrification, raison pour laquelle il est conseillé
d’utiliser la forme réduite de N dans cette culture. Dans l’optique d’améliorer
l’efficacité de l’application de cet engrais (souvent fourni dans les sols étudiés sous la
forme de Diammonium phosphate (NH4)2HPO4)), il est intéressant d’étudier les
processus qui régissent sa répartition au sein des phases du sol. Quelques auteurs,
notamment Wang et Alva (2000), ont utilisé les courbes Q/I de Beckett (1964a) pour
étudier les phénomènes d’adsorption et de désorption de l’ammonium sur les sols.
Une telle approche pourrait être adoptée pour évaluer le pouvoir tampon vis-à-vis de
ce cation ainsi que les facteurs du sol qui lui serviraient d’indicateurs.
A l’issu de l’incubation en anaérobiose des suspensions des sols, il a été constaté que
les quantités de Fe2+ et le Mn2+ étaient soit nulles soit insignifiantes ; dans un
environnement où il y a présence excessive de bicarbonates, le fer peut se révéler un
facteur limitant. Il en est de même du phosphore dont la libération en solution suit
celle du fer (chapitre 6). Des études d’adsorption et de désorption de ces éléments
apporteraient des connaissances sur les facteurs de leur disponibilité. Des essais de
d’application de ces éléments sous forme d’engrais pourraient être menés pour
évaluer leurs effets sur la productivité du riz dans les conditions locales.
275
Discussion générale et perspectives
Les analyses physico-chimiques des sols de Mugerero faites dans le cadre de cette
étude ont révélé qu’ils accusent des niveaux élevés de salinité, de sodicité et
d’alcalinité. Ces trois phénomènes sont les principales causes de la baisse de leur
productivité rizicole. Toute tentative d’aménagement visant l’accroissement de la
production rizicole doit tenir compte des causes réelles des augmentations des niveaux
de ces paramètres.
Dans la zone étudiée, nous avons remarqué que la présence d’une nappe phréatique
suspendue près de la surface, l’évapotranspiration élevée et la faible perméabilité du
sol sont des facteurs naturels qui contribuent à la salinisation récente des rizières. En
outre, les pratiques liées à la riziculture irriguée ont contribué à l’accélération du
processus de salinisation, de sodisation et d’alcalinisation. Les quantités insuffisantes
d’eau d’irrigation, l’usage des eaux provenant des autres parcelles (parfois salées) et le
système de drainage défaillant (drains bouchés ou non entretenus) constituent des
facteurs anthropiques de salinisation dans les parcelles de la zone étudiée,
phénomène qui s’est superposé à la sodisation et à l’alcalinisation. Cependant, l’eau
d’irrigation de bonne qualité qui est captée sur la rivière Mpanda peut constituer un
atout aux succès de réhabilitation des sites affectés par ces problèmes.
Par ailleurs, les mesures de réhabilitation des parcelles dont les niveaux de salinité est
déjà critique doivent reposer sur le déplacement des sels hors de la zone racinaire tout
en maintenant les sols dans des conditions physiques favorables au développement
des plantes. Dans des cas de salinité extrême ou difficile à traiter, il faudrait envisager
la culture des variétés de riz résistantes ou d’autres espèces végétales tolérantes
notamment le coton, le sorgho, la tomate, le palmier dattier, le cocotier, etc. Dans les
cas extrêmes de salinité/sodicité, l’affectation des parcelles à la culture des plantes
fourragères (pois cajan, Pennisetum sp, ….) constituera une solution.
276
Discussion générale et perspectives
A Mugerero, les parcelles sont diversement affectées par les sels. Certaines sont
encore saines tandis que d’autres sont déjà affectées. Leur point commun est qu’elles
sont toutes soumises aux mêmes facteurs naturels de salinisation à quelques
différences d’intensité près. Dans les paragraphes qui suivent, nous décrivons d’abord
les mesures à mettre en pratique pour alléger l’intensité des facteurs naturels qui
conduisent à la salinisation ou à la sodisation ou à l’alcalinisation. Ces mesures
s’appliquent tant pour les sols sains que pour les sols déjà salés. Nous présentons
ensuite les pratiques nécessaires pour empêcher la salinisation des parcelles encore
rizicoles et nous terminons par les pratiques de réhabilitation des sols déjà affectés par
les sels.
La première opération à faire pour limiter la salinisation sur les parcelles rizicoles qui
ne sont pas encore salées est l’établissement d’un bon système de drainage pour
rabaisser le niveau de la nappe phréatique. Le drainage profond est la méthode la plus
adaptée pour lutter contre la salinité. Elle doit permettre le rabattement de la nappe
phréatique à une profondeur suffisamment grande pour empêcher/limiter les
remontées capillaires. Elle doit permettre aussi le transport souterrain des solutés hors
de la parcelle. Comme les sols sont de faible perméabilité à cause de l’augmentation
des teneurs en sable dans les horizons de profondeur, les drains devraient être plus
rapprochés les uns des autres.
A Mugerero, tous les drains primaires comme tous les canaux primaires d’irrigation
sont parallèles à la pente générale d’écoulement (direction est-ouest vers la Ninga) et
installés près des sentiers routiers qui séparent les blocs d’irrigation. Il semble que ce
système ne permette pas de couper/limiter les flux souterrains d’eau chargée en sels
d’une parcelle à l’autre. Pour limiter l’extension de la salinisation dans les parcelles
encore saines, quelques drains pourraient être installés dans la direction
perpendiculaire à la topographie.
La nappe suspendue étant à une faible profondeur, il faudrait limiter l’eau d’irrigation
aux quantités nécessaires en ajustant les apports aux besoins en eau des cultures pour
juguler la montée du niveau de la nappe.
L’ETP de cette région étant supérieure aux précipitations pendant les mois secs, les
remontées capillaires deviennent plus importantes au cours de la saison sèche par le
fait que les parcelles ne sont pas couvertes par les cultures et qu’il n’y a pas
d’approvisionnement en eau d’irrigation. Pour limiter ce phénomène, il faudrait briser
277
Discussion générale et perspectives
les capillaires du sol par un léger travail du sol superficiel pour créer en surface une
couche de terre pulvérisée au début de la saison sèche juste après chaque récolte
rizicole. Le paillage constitue aussi un bon moyen de limiter l’accumulation des sels car
il permet de conserver l’humidité en réduisant l’évaporation. Les chaumes de riz qui
proviennent de la récolte sur place pourraient servir à cette fin. L’optimisation de la
couverture de la surface du sol par les plantes de couverture (patate douce,
cucurbitacées, haricot, légumes …), en combinaison avec le paillage, contribuerait à
limiter les remontées des sels par capillarité durant la saison sèche.
Après l’établissement d’un système de drainage efficient, il faut isoler les parcelles
saines des parcelles salinisées par des drains profonds pour limiter les transferts
latéraux des solutés. Le lessivage régulier à l’eau permettra d’éviter la salinisation.
Avant chaque cycle de culture du riz, il faut opérer le lessivage des sels laissés lors du
cycle de culture précédent. Les excès de sels seront nettoyés en inondant les casiers
par une lame d’eau consistante et en vidangeant complètement la parcelle après une
courte période qui permet juste la solubilisation des sels. Cette opération doit être
répétée deux à trois fois en cas de concentrations relativement excessives de sels. Le
lessivage peut aussi être effectué pendant les stades végétatifs du riz. Dans ce cas, il
faut créer un flux continu d’apport d’eau dans la parcelle et un courant d’évacuation
d’eau en permanence pour empêcher l’accumulation des sels ; les parcelles devant
être vidangées régulièrement puis réirriguées rapidement. Le succès de cette
technique repose sur les possibilités de vidange des parcelles et donc l’existence d’un
système efficient de drainage superficiel.
278
Discussion générale et perspectives
La salinité, lorsqu’elle n’est pas accompagnée de la sodicité peut être corrigée par les
techniques de lessivage à l’eau de bonne qualité comme décrit dans le paragraphe
précédent. Néanmoins, quand elle est associée à la sodicité ou à l’alcalinité comme
c’est le cas dans les sols étudiés, le lessivage à l’eau conduit à la dispersion des
colloïdes du sol due à la persistance d’un taux élevé de Na échangeable, ce qui affecte
la perméabilité et l’aération du sol. Par conséquent, il est recommandé de les amender
avec des produits permettant le déplacement des ions Na et HCO3 préalablement à
toute opération de lessivage. Les amendements les plus préconisés en cas de sodicité
sont le gypse (CaSO4.2H2O) et, dans une moindre mesure, le chlorure de calcium
(CaCl2.2H2O) et l’acide sulfurique (H2SO4) ainsi que le soufre élémentaire. Le gypse et le
chlorure de Ca fournissent directement le Ca tandis que l’acide sulfurique et le soufre
élémentaire amplifient la dissolution de la calcite si elle est présente dans le sol (Qadir
et al., 2001). Le soufre élémentaire doit être oxydé en acide sulfurique sous des
conditions d’humidité et de température adéquates pour son efficacité (Horneck et al.,
2007). Récemment, l’usage de l’acide phosphorique (H3PO4) a été également
recommandé (Gharaibeh et al., 2009).
L’usage du gypse est mis en avant dans la réhabilitation des sols sodiques comme
source de Ca à cause de son coût relativement faible et surtout sa solubilité élevée en
conditions de pH alcalins. Cependant, sa dissolution exige beaucoup d’eau,
approximativement 20 cm d’eau pour dissoudre 5 tonnes de gypse (Strom et Norton,
2012) et son efficacité dépend du bon système de drainage ; ce qui constitue une
contrainte majeure pour les sols de Mugerero.
Le rôle de la matière organique est crucial dans la remédiation des sols dégradés par
des hautes teneurs en sels ou en Na, ou en métaux lourds. En effet, il est connu que
l’ajout de la matière organique augmente la respiration microbienne dans le sol, qui
diminue le pH par la production des acides organiques pendant la décomposition
(Chorum et Rengasamy, 1997). Par ailleurs, l’application de la matière organique sur
279
Discussion générale et perspectives
un sol qui n’en a pas assez en fait augmenter la population microbienne, améliore
l’infiltration et le drainage, réduit l’évaporation et favorise le développement racinaire
(Smith et al., 1987).
Dans le cas précis des sols salés de Mugerero, une intégration des amendements
chimiques et organiques paraît bien indiquée pour leur réhabilitation. D’une manière
synthétique, les actions suivantes pourraient être efficaces dans la réhabilitation des
sols salinisés de Mugerero :
Conclusion générale
A partir des valeurs mesurées au rapport sol/eau de 1/2, fixe et facile à réaliser, il est
possible d’estimer avec précision les variables de la solution et du complexe d’échange
valables pour un rapport sol/eau voulu. Le degré de salinisation des parcelles rizicoles
étant variable, leur rendement en riz varie aussi en fonction des paramètres
pédochimiques. Il dépend des niveaux de salinité (CE) et de sodicité (Na) qui
l’influencent négativement et des teneurs en Ca et en K dont l’influence est plutôt
positive. En conditions anaérobies, la solubilité du fer et du Mn est sous le contrôle des
minéraux carbonatés (sidérite et rhodochrosite) en raison de la valeur du pH élevée ;
leurs faibles teneurs en solution pourraient donc s’ajouter aux causes de diminution de
la productivité rizicole. En outre, l’application des engrais du K, un des éléments
améliorateurs de la productivité du riz, doit tenir compte du pouvoir tampon des sols.
Ce dernier pouvant être estimé avec précision à partir du pourcentage en argile ou en
sable, la fertilisation potassique sur des sols riches en sable doit être fractionnée pour
éviter des pertes par lixiviation. Enfin, pour une caractérisation complète de ces sols à
des fins d’agriculture, il faudrait compléter cette étude par des études visant la
correction de la sodicité.
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Annexes
Annexes
Annexes au chapitre 2: Données climatologiques de la Basse Rusizi
Mois J F M A M J J A S O N D Moy
Année
1985 30,1 28,8 29,9 29,2 29,8 29,9 30,1 30,7 30,7 30,9 29,5 29,4 29,9
1986 29,2 30,0 30,0 29,6 30,5 29,9 30,2 31,5 31,6 31,2 28,8 29,5 30,2
1987 29,7 30,5 31,3 31,3 30,6 30,5 31,4 32,1 32,1 31,6 31,0 31,8 31,1
1988 30,1 31,4 30,8 30,4 31,1 31,6 30,7 30,8 31,4 31,4 30,6 28,9 30,8
1989 29,1 29,4 29,9 30,1 30,0 30,1 30,0 31,2 31,9 30,7 31,1 29,9 30,3
1990 30,8 31,2 30,0 31,5 30,4 30,9 30,9 31,1 31,5 31,8 30,8 29,4 30,9
1991 31,1 31,1 30,2 29,7 29,9 30,3 29,3 30,9 31,5 29,9 29,6 29,5 30,2
1992 30,3 30,2 29,9 29,6 29,9 30,1 30,0 30,9 32,3 31,8 30,4 30,1 30,5
1993 30,1 29,8 29,5 29,9 29,9 30,1 30,1 31,0 32,4 32,5 30,7 30,4 30,5
1994 29,6 30,3 30,2 30,2 29,9 30,6 29,9 31,2 32,8 30,6 27,7 29,5 30,2
1995 - 30,7 30,2 29,8 29,9 - - 32,3 - - - - 30,6
1996 - - - - - - - 31,9 - 31,6 17,5 31,1 28,1
1997 30,5 31,3 30,3 29,8 30,4 31,2 30,7 32,1 33,6 31,2 - 29,6 31,0
1998 30,5 31,0 30,8 30,8 30,7 30,6 30,1 31,3 32,1 - 31,8 31,2 31,0
1999 30,6 32,0 30,0 29,7 31,0 31,2 30,7 - - - - - 30,7
2010 29,9 30,4 30,4 30,2 31,5 30,9 30,3 31,2 31,4 31,4 29,9 29,5 30,6
2011 29,6 29,6 29,3 29,5 30,1 30,2 29,9 30,6 30,9 29,8 28,8 29,5 29,8
Moy 30,1 30,5 30,2 30,1 30,3 30,5 30,3 31,3 31,9 31,2 29,1 29,9 30,4
297
Annexes
Mois J F M A M J J A S O N D Moy
Année
1985 16,9 17,4 18,1 18,0 17,6 16,6 14,6 15,4 18,3 19,8 18,5 18,6 17,5
1986 18,9 18,1 18,1 19,5 19,0 16,9 15,0 15,3 17,2 18,4 17,9 18,8 17,8
1987 18,8 19,1 19,1 19,4 19,4 17,8 15,9 16,2 18,2 18,4 19,2 19,0 18,4
1988 19,0 18,8 19,0 20,3 19,5 17,2 16,7 17,7 17,8 18,4 18,6 18,8 18,5
1989 19,2 19,3 19,1 19,4 18,9 17,2 16,2 16,4 17,6 17,9 19,2 19,0 18,3
1990 18,8 19,0 19,3 20,0 18,8 16,6 14,7 16,2 17,1 17,7 18,8 18,4 17,9
1991 19,1 18,8 19,0 19,4 19,7 18,4 15,7 15,8 16,2 17,4 17,8 18,4 18,0
1992 18,7 19,0 18,9 19,6 18,4 18,3 14,7 14,7 17,3 17,8 17,9 17,9 17,7
1993 19,4 19,1 18,3 18,8 19,1 17,9 15,3 16,8 16,7 18,1 19,0 18,2 18,1
1994 18,6 19,4 18,4 18,6 19,3 17,3 16,8 16,9 18,5 17,5 17,2 18,7 18,1
1995 - 18,1 18,7 19,2 18,7 - - 15,9 - - - - 18,1
1996 - - - - - - - 15,7 - 17,4 30,5 18,2 20,4
1997 19,9 19,6 19,9 19,8 19,8 18,1 17,6 17,5 19,0 19,9 - 20,4 19,2
1998 21,0 21,3 20,7 21,3 21,0 18,1 17,4 17,8 19,1 - 19,4 19,6 19,7
1999 19,2 20,0 19,2 19,0 18,6 - 15,9 - - - - - 18,7
2011 - - 18,5 18,8 19,1 17,9 16,7 17,0 18,7 19,0 19,0 19,1 18,4
Moy 19,0 19,1 18,9 19,4 19,1 17,6 15,9 16,4 17,8 18,3 19,5 18,8 18,3
Mois
Année J F M A M J J A S O N D Moy
1985 23,48 23,06 23,97 23,64 23,69 23,24 22,36 23,07 24,54 25,35 23,99 23,98 23,70
1986 24,06 24,06 24,04 24,59 24,74 23,41 22,57 23,41 24,43 24,83 23,33 24,12 23,96
1987 24,22 24,79 25,16 25,35 25,01 24,18 23,65 24,14 25,15 24,99 25,12 25,36 24,76
1988 24,59 25,12 24,92 25,33 25,29 24,38 23,70 24,25 24,62 24,93 24,60 23,85 24,63
1989 24,15 24,38 24,50 24,76 24,44 23,62 23,10 23,79 24,71 24,28 25,13 24,46 24,28
1990 24,82 25,12 24,65 25,73 24,59 23,77 22,81 23,63 24,31 24,77 24,77 23,90 24,41
1991 25,09 24,93 24,60 24,58 24,84 24,33 22,51 23,34 23,84 23,64 23,70 23,93 24,11
1992 24,49 24,59 24,40 24,56 24,16 24,17 22,33 22,79 24,76 24,82 24,14 23,99 24,10
1993 24,79 24,44 23,88 24,32 24,51 24,04 22,70 23,93 24,56 25,31 24,83 24,31 24,30
1994 24,12 24,84 24,32 24,39 24,60 23,98 23,33 24,06 25,65 24,03 22,40 24,07 24,15
1995 - 24,40 24,46 24,50 24,28 - - 24,09 - - - - 24,35
1996 - - - - - - - 23,81 - 24,49 24,02 24,65 24,24
1997 25,21 25,43 25,07 24,81 25,07 24,63 24,13 24,84 26,27 25,55 - 25,00 25,09
1998 25,75 26,15 25,74 26,02 25,85 24,36 23,78 24,55 25,61 - 25,61 25,42 25,35
1999 24,90 26,04 24,62 24,36 24,78 15,59 23,33 - - - - - 23,38
2011 - - 23,86 24,18 24,64 24,04 23,33 23,84 24,81 24,39 23,92 24,30 24,13
Moy. 24,59 24,81 24,55 24,74 24,70 23,41 23,12 23,84 24,86 24,72 24,27 24,38 24,31
298
Annexes
Mois
Année J F M A M J J A S O N D
1990 1,2 1,1 0,7 1,1 1,0 1,4 1,6 1,7 1,4 1,4 1,1 1,0
1991 1,0 1,0 0,9 1,0 1,0 1,3 1,6 1,8 1,9 1,6 1,5 1,2
1992 1,1 1,1 1,3 1,2 1,4 1,5 1,8 1,9 1,9 1,7 1,5 1,4
1993 1,2 1,3 1,1 1,2 1,4 1,7 1,9 1,9 2,0 1,6 1,7 1,3
1994 1,1 1,3 1,1 1,1 1,1 1,6 1,7 1,7 1,8 1,4 1,4 1,2
1995 0,8 0,9 1,0 1,0 0,9 1,3 1,5 1,8 1,7 1,5 1,4 1,3
1996 0,9 0,9 0,8 1,1 1,2 1,3 1,3 1,5 1,6 1,4 1,5 1,2
1997 0,8 0,9 0,7 0,9 1,0 1,1 1,2 1,4 1,5 1,3 1,4 1,1
1998 0,6 0,7 0,6 1,0 1,1 1,0 1,1 0,9 1,3 0,9 0,9 0,8
1999 0,5 0,8 0,5 0,9 1,2 0,9 1,0 0,8 0,8 0,9 0,6 0,4
2000 0,7 0,6 0,4 0,8 0,9 0,8 1,0 1,1 0,8 0,7 0,8 0,5
2002 - - - - - - - - 1,2 1,1 0,5 0,6
2003 0,6 0,6 0,5 - - - - - 1,7 1,2 0,7 0,4
2004 0,8 1,0 0,7 0,6 0,4 0,6 1,1 1,5 1,7 1,4 1,1 1,2
2005 0,9 1,0 0,8 0,6 0,5 1,3 1,3 1,2 1,4 1,2 0,4 0,4
2006 0,6 0,5 0,7 0,5 1,0 1,1 1,1 1,3 1,3 1,1 0,9 0,9
2007 0,7 0,3 0,4 1,0 1,2 1,1 1,0 1,3 1,1 0,9 0,9 1,0
2008 0,7 0,3 0,4 1,0 1,2 1,1 1,0 1,3 1,1 0,9 0,9 1,0
2009 0,6 0,4 0,5 0,3 0,6 1,1 1,4 1,5 1,5 1,1 0,7 0,6
2010 0,6 0,8 0,7 0,8 0,9 0,7 - - - - - -
299
Annexes
Mois
Année J F M A M J J A S O N D
1978 174,1 149,9 125,4 155,6 244,2 239,8 259,8 257,7 221,2 184,5 129,8 114,3
1979 156,2 132,4 206,3 134,4 196,4 225,7 266,4 248,8 243,5 171,5 166,8 154,6
1980 131,5 141,6 172,6 180,3 168,1 - 254,4 248,4 186 222,1 166,7 118,6
1981 180,2 153,2 125 163,9 150,8 259,8 216,1 213,5 206 187,2 167,6 174,6
1982 169 147,7 204,2 149,4 43,2 - 199,5 230,5 211,6 160,7 - -
1984 - - - - 272,6 256,2 185,1 212,4 215,4 171,9 125 170,2
1985 171,8 95,1 173,3 164,5 216 207 272,4 240 160,9 166,9 144,3 158,6
1986 150,5 155,6 158,8 133,9 172,3 237,3 248,9 280,7 200,1 196 129,8 138,4
1987 139,6 164,4 184,8 203,7 - 191,2 278,3 261,4 186,3 215,9 142,4 -
1988 - - - 162,5 226 267,5 204,4 205,8 200,7 176,3 174,7 156,9
1989 129,7 149,1 171,7 173,2 205,5 235,2 238,6 212,3 210,2 175,1 159,7 159,5
1990 214 - 151,7 198,3 228,8 279,7 281,3 240,4 187 209,9 163,3 154,9
1991 190,7 174,8 179,2 189,8 161,7 228,7 215,7 231,2 189,1 130,6 163,8 131,3
1992 170,5 148,8 186,1 18,2 204 195 254,5 260,2 209,5 193,5 179,3 186,3
1993 167,7 147,7 194,4 196,6 209 198,2 292,6 215,3 - 225 171,8 178,9
1994 172,6 134,9 198,9 214,1 - 266,9 245,9 231,4 204,1 165,7 - 162,6
300
Annexes
Annexes au chapitre 3
Tableau 3. 5 (a): Localisation géographique et description des échantillons composites de sols (Parcelles rizicoles)
Code Bloc N° sol Longitude Est Latitude Sud Alt (m) Couleur au Texture Observations
frais
A 81 1 29°20'10" 3°13'44" 815 10YR2/2 argileux Située près de la parcelle abandonnée U
Riz de bonne vigueur
B 81 2 29°20'2" 3°13'52" 816 10YR3/1 argile sableuse Riz de vigueur moyenne
C 91 3 29°20'12" 3°13'57" 818 10YR2/1 limon sablo-argileux Située près de la parcelle abandonnée V
Riz de vigueur moyenne
Traces de couleur rouge (oxyde de fer)
D 81 4 29°19'55" 3°13'55" 815 10YR2/1 sable limoneux Riz de bonne vigueur
Trois profils pédologiques y ont été creusés
E 81 5 29°19'33" 3°13'59" 811 7.5YRN2/) argileuse Riz de vigueur moyenne
Eau d’irrigation provenant d’une parcelle abandonnée
F 81 6 29°19'22" 3°13'52" 809 7.5YRN2/) argileux Riz de mauvaise vigueur
Eau d’irrigation provenant d’une parcelle abandonnée
G 91 7 29°20'16" 3°13'55" 819 10YR2/1 limon sablo-argileux Riz de bonne vigueur
H 91 8 29°19'48" 3°13'59" 812 5YR3/1 limon argileux Riz de bonne vigueur
I 91 9 29°19'51" 3°14'5" 812 10YR2/1 limon argileux Riz de mauvaise vigueur
301
Annexes
Tableau 3. 5 (b) : Localisation géographique et description des échantillons composites de sols (Parcelles abandonnées)
Code Bloc N° sol Espèce dominante Longitude Est Latitude Sud Alt (m) Couleur au Texture Observations
frais
R 81 14 Cynodon sp 29°19'30" 3°13'55" 809 7.5YR N2/) argileux Abandon en 1978
V 91 18 Cynodon sp 29°20'10" 3°13'59" 818 7.5YR N3/ limon argilo- Abandon en 1993
sableux Traces de couleur rouge (oxyde de fer)
W 91 19 Cyperus platicaulis 29°19'54" 3°14'13" 813 10YR5/1 sable limoneux Abandon en 1988
Elle servait d’essai de canne à sucre, sorgho et
maïs par l’ISABU
Trois profils pédologiques y ont été creusés
302
Annexes
303
Annexes
304
Annexes
305
Annexes
Encroûtement salin à la parcelle W occupée par Flaque d'eau à la parcelle W traduisant un mauvais
Cyperus platicaulis (juillet 2011) état de drainage (3 jours après la pluie)
(mai 2012)
Cyperus platicaulis à la parcelle T (juillet 2011) Essais des variétés de riz résistantes à la salinité par
IRRI-burundi à la parcelle T (avril 2012)
Typha domingensis à la parcelle U (juillet 2011) Remontée saline à la parcelle U (juillet 2011)
306
Annexes
Profil pédologique S1, avec deux horizons pédologiques réellement marqués ; présence
d’une nappe phréatique à moins de 120 cm
307
Annexes
Tableau 3. 8: Résultats d'analyse granulométrique, du pH, de la CE, des teneurs en carbone organique et en
CaCO3, de la CEC-NH4 et de la CEC-Na des échantillons de sols de Mugerero
pH CaCO3
Espèce CE1/5 CEC à CEC à
N° Prof (cm) Hz eau Sable (%) Limon (%) Argile (%) C (%) (%)
dominante (dS/m) pH7 pH8,2
1/5
1° Echantillons composites de surface
1 0-25 Riz Surface 6,69 0,42 69,87 10,09 20,04 1,66 0,23 13,98 17,08
2 0-25 Riz Surface 7,37 0,10 45,67 10,23 44,09 1,04 0,26 21,43 26,76
3 0-25 Riz Surface 8,44 0,27 59,74 9,90 30,36 1,30 0,52 16,96 20,50
4 0-25 Riz Surface 8,63 0,15 72,60 8,04 19,37 0,52 0,51 11,32 16,07
5 0-25 Riz Surface 8,35 1,14 23,52 10,53 65,94 2,43 3,23 43,13 50,26
6 0-25 Riz Surface 8,3 0,21 23,45 14,75 61,80 2,35 2,84 41,36 49,05
7 0-25 Riz Surface 7,12 0,03 68,30 11,58 20,11 0,93 0,25 12,40 15,87
8 0-25 Riz Surface 8,31 0,05 74,97 12,49 12,54 1,09 0,23 11,50 15,17
9 0-25 Riz Surface 8,74 1,06 74,72 10,49 14,79 1,20 0,87 10,13 13,29
10 0-25 Riz Surface 8,12 0,28 67,37 9,59 23,04 1,00 0,24 13,08 17,21
11 0-25 Riz Surface 8,18 0,68 63,56 10,72 25,72 0,89 0,49 15,24 19,71
12 0-25 Riz Surface 6,13 0,88 78,79 10,19 11,02 1,06 0,25 9,72 9,96
13 0-25 Riz Surface 8,36 0,50 21,53 11,78 66,69 2,17 5,41 39,64 49,00
14 0-25 Cyn Surface 8,36 0,47 21,99 10,03 67,98 2,23 5,91 36,34 42,37
15 0-25 Cyn Surface 8,54 5,11 76,20 8,65 15,14 0,83 1,12 9,61 10,74
16 0-25 Cyp Surface 10,02 0,83 72,15 10,57 17,29 0,58 1,50 10,40 13,47
17 0-25 Typ Surface 7,72 0,35 67,04 12,27 20,68 1,45 0,38 14,02 18,08
18 0-25 Cyn Surface 6,73 0,31 67,04 12,68 20,28 1,38 0,38 12,77 17,17
19 0-25 Cyp Surface 10,54 1,06 81,00 8,19 10,81 0,32 1,82 8,54 11,71
2° Echantillons des profils pédologiques
20 0-35 Cyn Surface 8,44 2,13 60,86 16,16 22,98 0,41 1,28 15,06 19,66
21 35-120 Cyn Profond 8,59 2,86 55,54 9,57 34,89 0,24 2,85 17,65 21,60
22 0-31 Cyn Surface 8,48 1,85 62,91 8,21 28,88 0,38 0,90 17,10 20,07
23 31-76 Cyn Moyen 9,17 1,93 59,45 10,62 29,93 0,24 4,23 14,63 19,35
24 76-120 Cyn Profond 9,43 1,33 58,09 10,33 31,59 0,12 4,12 15,65 19,76
25 0-38 Cyn Surface 8,34 3,54 61,20 9,61 29,19 0,29 0,43 15,49 20,17
26 38-105 Cyn Profond 8,9 3,07 55,63 11,41 32,96 0,17 4,03 17,23 20,41
27 0-20 Typ Surface 7,42 0,90 72,60 10,53 16,87 1,04 0,50 11,54 15,00
28 20-75 Typ Moyen 9,22 0,62 48,79 11,52 39,69 0,49 1,17 23,66 29,35
29 75-120 Typ Profond 9,73 0,43 43,19 8,68 48,14 0,30 5,20 21,41 27,93
30 0-25 Typ Surface 8,59 0,88 62,58 10,00 27,41 1,10 0,38 17,05 22,20
31 25-60 Typ Moyen 9,53 0,62 55,94 2,10 41,97 0,54 1,61 15,91 25,38
32 60-120 Typ Profond 9,55 0,59 43,71 20,12 36,17 0,22 2,86 20,81 29,46
33 0-32 Typ Surface 8,78 0,56 69,26 9,39 21,35 0,96 0,60 10,69 18,48
34 32-70 Typ Moyen 9,56 0,61 46,14 15,02 38,84 0,48 4,50 16,60 28,19
35 70-110 Typ Profond 9,74 0,62 36,77 16,64 46,58 0,27 4,81 26,10 32,20
Cyn = Cynodon sp ; Typ = Typha domingensis ; Cyp = Cyperus platicaulis
308
Annexes
Tableau 3.8 (suite) : Résultats d'analyse granulométrique, du pH, de la CE, du pourcentage en carbone organique
et en CaCO3, de la CEC-NH4 et de la CEC-Na des échantillons de sols de Mugerero
Prof Espèce pH eau CE1/5 Sable Limon Argile CaCO3 CEC à CEC à
N° Horizon C (%)
(cm) dominante 1/5 (dS/m) (%) (%) (%) (%) pH7 pH8,2
36 0-25 Cyp Surface 9,24 1,55 83,93 7,79 8,28 0,32 0,82 5,02 5,57
37 25-77 Cyp Moyen 8,66 3,71 62,30 5,53 32,17 0,22 0,90 15,45 19,62
38 77-120 Cyp Profond 9,2 3,16 46,84 14,02 39,14 0,04 4,35 15,87 19,70
39 0-30 Cyp Surface 10,25 0,62 88,28 6,29 5,43 0,34 0,70 3,18 3,59
40 31-65 Cyp Moyen 9,68 0,56 64,69 7,42 27,89 0,31 1,14 16,44 20,89
41 65-120 Cyp Profond 9,98 0,46 49,73 23,48 26,79 0,22 5,58 18,78 24,37
42 0-28 Cyp Surface 10,49 0,84 84,16 8,37 7,47 0,35 1,47 4,52 5,31
43 28-78 Cyp Moyen 9,97 0,99 53,71 12,13 34,17 0,26 1,28 19,46 23,77
44 78-120 Cyp Profond 9,42 0,38 47,55 8,80 43,65 0,19 2,85 19,60 24,88
45 0-35 Riz Surface 8 0,06 77,63 7,82 14,55 0,56 0,68 10,47 11,87
46 35-57 Riz Moyen 9,76 0,15 66,42 9,36 24,22 0,21 4,79 13,74 18,16
47 57-120 Riz Profond 9,79 0,19 52,00 12,42 35,58 0,15 8,53 20,73 25,44
48 0-24 Riz Surface 8,59 0,08 78,87 7,20 13,93 0,60 0,67 9,11 11,92
49 24-65 Riz Moyen 9,96 0,29 62,63 9,45 27,92 0,21 4,09 15,84 20,43
50 65-120 Riz Profond 9,83 0,23 56,35 9,72 33,94 0,19 8,39 18,85 23,62
51 0-24 Riz Surface 6,81 0,00 79,73 7,88 12,39 0,78 0,34 8,53 9,37
52 24-60 Riz Moyen 9,39 0,12 59,47 9,16 31,36 0,33 0,90 17,70 22,00
53 60-120 Riz Profond 9,65 0,15 63,99 7,06 28,95 0,19 3,09 15,32 19,57
Cyn = Cynodon sp ; Typ = Typha domingensis ; Cyp = Cyperus platicaulis
309
Annexes
Tableau 3. 9: Valeurs du pH, de la conductivité électrique et composition ionique des extraits de sol au rapport
sol/eau de 1/2 en mmolc/L
Prof pH
N° (cm) H2O CE Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
1 0-25 6,73 0,98 1,81 2,14 0,19 5,90 0,03 0,06 0,00 0,00 0,16 9,22 0 0,385
2 0-25 6,93 0,23 0,07 0,11 0,04 1,70 0,00 0,01 0,03 0,00 0,10 1,55 0 0,8
3 0-25 8,07 0,56 0,86 0,76 0,05 4,58 0,18 0,03 0,00 0,00 0,06 2,22 0 3,42
4 0-25 8,19 0,30 0,50 0,25 0,03 2,70 0,14 0,02 0,03 0,00 0,04 0,28 0 2,485
5 0-25 7,94 2,68 4,37 4,38 0,29 21,19 0,00 0,22 0,07 0,00 0,23 25,66 0 2,275
6 0-25 7,99 0,42 1,23 0,81 0,12 2,24 0,06 0,03 0,05 0,00 0,13 1,89 0 1,925
7 0-25 6,77 0,14 0,12 0,15 0,08 1,86 0,05 0,02 0,00 0,00 0,05 0,91 0 0,68
8 0-25 7,01 0,17 0,13 0,13 0,08 1,99 0,07 0,03 0,00 0,00 0,05 0,69 0 1,08
9 0-25 8,12 2,48 1,69 2,06 0,18 23,46 0,00 0,21 0,00 0,06 0,15 22,54 0 2,565
10 0-25 7,26 0,80 0,30 0,50 0,08 10,11 0,29 0,03 0,01 0,00 0,11 6,38 0 3,765
11 0-25 7,52 1,73 0,64 1,12 0,12 16,52 0,11 0,10 0,00 0,00 0,06 15,12 0 1,43
12 0-25 6,31 2,09 5,89 6,42 0,26 12,01 0,00 0,00 0,00 0,00 0,07 22,89 0 0,3
13 0-25 8,09 1,10 2,20 1,64 0,21 7,53 0,05 0,09 0,07 0,00 0,10 8,43 0 2,255
14 0-25 8,03 1,03 2,25 1,80 0,23 6,71 0,05 0,09 0,00 0,00 0,13 7,44 0 2,56
15 0-25 7,90 11,12 13,24 37,74 0,21 98,65 0,00 0,82 0,00 0,00 1,58 148,87 0 1,785
16 0-25 8,63 1,80 0,31 0,32 0,06 18,78 0,48 0,15 0,00 0,06 0,58 12,79 0,12 4,02
17 0-25 6,92 0,89 0,59 0,86 0,12 7,59 0,00 0,05 0,00 0,00 0,11 7,63 0 0,875
18 0-25 6,01 0,76 0,42 0,45 0,11 6,55 0,00 0,04 0,00 0,00 0,05 6,64 0 0,325
19 0-25 10,04 2,17 0,25 0,20 0,08 25,43 0,50 0,17 0,00 0,40 0,13 10,47 3,48 9,035
20 0-35 7,32 5,14 10,04 11,55 0,08 41,31 0,00 0,41 0,00 0,00 0,24 59,57 0 1,18
21 35-120 7,63 6,98 11,71 16,38 0,09 66,46 0,00 0,44 0,00 0,00 0,75 83,46 0 0,88
22 0-31 7,32 4,40 5,67 8,89 0,10 40,84 0,05 0,22 0,00 0,00 0,11 47,82 0 1,39
23 31-76 7,98 4,72 3,22 4,77 0,09 47,98 0,21 0,21 0,00 0,00 0,23 49,76 0 1,245
24 76-120 8,18 3,19 0,94 1,63 0,04 34,13 0,08 0,20 0,00 0,00 0,21 30,99 0 1,485
25 0-38 7,01 7,72 11,65 18,45 0,09 68,27 0,00 0,97 0,00 0,00 1,25 96,27 0 0,565
26 38-105 7,62 7,18 8,59 13,74 0,11 66,59 0,00 0,93 0,00 0,00 1,10 85,57 0 0,745
27 0-20 6,99 2,03 3,51 4,15 0,17 13,91 0,00 0,09 0,00 0,00 0,15 20,33 0 0,58
28 20-75 7,42 1,41 0,56 0,70 0,03 12,63 0,40 0,11 0,00 0,00 0,05 11,09 0 2,22
29 75-120 8,35 0,84 0,26 0,21 0,03 7,84 0,27 0,07 0,00 0,00 0,08 4,92 0,06 2,8
30 0-25 7,34 2,19 1,28 1,66 0,09 18,67 0,11 0,07 0,00 0,00 0,21 19,58 0 1,14
31 25-60 7,57 1,21 0,27 0,41 0,03 10,63 0,55 0,06 0,00 0,00 0,13 8,52 0 2,375
32 60-120 8,26 1,18 0,36 0,34 0,02 10,38 0,12 0,06 0,00 0,00 0,13 8,86 0 2,185
33 0-32 7,47 1,40 0,84 1,20 0,07 11,95 0,19 0,11 0,00 0,00 0,29 10,57 0 2,75
34 32-70 7,96 1,22 0,28 0,38 0,03 11,26 0,68 0,07 0,00 0,00 0,19 8,14 0 2,89
35 70-110 8,26 1,23 0,32 0,27 0,02 11,76 0,11 0,06 0,00 0,00 0,12 8,75 0 3,08
36 0-25 7,48 3,87 0,56 1,43 0,09 38,26 0,05 0,19 0,00 0,00 0,12 37,77 0 1,27
37 25-77 7,03 9,30 5,03 7,37 0,10 95,69 0,00 0,78 0,00 0,00 0,25 102,23 0 0,53
38 77-120 7,40 7,70 3,84 7,22 0,12 78,17 0,00 0,40 0,00 0,00 0,09 85,52 0 1,05
39 0-30 9,04 1,43 0,32 0,23 0,08 15,62 0,18 0,07 0,00 0,04 0,03 8,93 0,515 4,825
40 30-65 8,13 1,19 0,21 0,23 0,04 10,99 0,39 0,06 0,00 0,00 0,05 8,20 0 2,85
41 65-120 8,93 0,85 0,19 0,39 0,08 8,46 0,18 0,03 0,00 0,00 0,13 4,36 0,41 4,875
310
Annexes
Tableau 3.9 (suite) : Valeurs du pH, de la conductivité électrique et composition ionique des extraits de sol au
rapport sol/eau de 1/2 en mmolc/L
Prof pH
N° (cm) H2O CE Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
42 0-28 9,99 1,80 0,20 0,20 0,08 19,93 0,13 0,15 0,00 0,00 0,12 9,31 3,14 9,18
43 28-78 8,70 2,05 0,13 0,22 0,02 19,47 0,48 0,10 0,00 0,00 0,03 15,50 0,09 1,82
44 78-120 8,85 0,70 0,24 0,26 0,08 7,00 0,11 0,03 0,00 0,00 0,05 3,48 0,33 3,99
45 0-35 7,72 0,26 1,45 0,86 0,03 0,45 0,06 0,02 0,02 0,00 0,03 0,09 0 2,54
46 35-57 8,45 0,28 0,18 0,22 0,03 2,50 0,38 0,02 0,00 0,00 0,04 0,24 0,06 2,365
47 57-120 8,15 0,32 0,15 0,11 0,02 3,09 0,32 0,02 0,00 0,00 0,04 0,48 0 2,51
48 0-24 7,78 0,32 0,44 0,27 0,04 2,84 0,12 0,02 0,03 0,00 0,05 0,34 0 3,105
49 24-65 9,12 0,48 0,10 0,10 0,01 4,78 0,43 0,02 0,00 0,00 0,09 2,49 0,41 3,71
50 65-120 8,73 0,40 0,15 0,14 0,03 3,74 0,33 0,02 0,01 0,00 0,09 1,16 0,15 2,45
51 0-24 6,61 0,05 0,14 0,09 0,03 0,21 0,00 0,00 0,02 0,00 0,05 0,15 0 0,285
52 24-60 8,47 0,28 0,10 0,10 0,01 2,72 0,43 0,02 0,03 0,00 0,05 0,17 0,07 2,895
53 60-120 8,64 0,25 0,16 0,17 0,04 2,45 0,32 0,02 0,03 0,00 0,06 0,36 0,09 1,94
Tableau 3. 10: Résultats d’analyses des cations extractibles et des cations échangeables calculés à la dilution 1/2
en cmolc/kg
N° Prof (cm) Extractibles à AcNH4v (cmolc/kg) Extractibles à AcNa (cmolc/kg) Echangeables calculés (cmolc/kg)
Ca 7 Mg 7 Na 7 K7 Ca 8,2 Mg8,2 K 8,2 Ca Mg K Na ESP (%)
1 0-25 7,55 6,23 1,79 0,39 7,76 6,70 0,29 7,40 6,28 0,25 0,61 4,26
2 0-25 11,66 9,46 1,63 0,50 11,86 10,08 0,31 11,85 10,06 0,30 1,29 5,57
3 0-25 11,53 7,10 1,96 0,23 12,72 7,78 0,09 12,55 7,63 0,08 1,04 4,92
4 0-25 9,35 3,75 1,08 0,15 12,01 4,66 0,07 11,91 4,61 0,06 0,54 3,19
5 0-25 31,33 20,90 9,90 1,77 28,30 20,87 0,86 27,43 20,00 0,80 5,66 10,66
6 0-25 36,73 17,05 1,55 1,99 32,24 16,54 0,87 31,99 16,38 0,84 1,10 2,22
7 0-25 6,67 5,72 0,91 0,17 6,96 6,24 0,08 6,94 6,21 0,07 0,53 3,90
8 0-25 6,86 4,51 1,10 0,19 7,53 5,14 0,13 7,50 5,11 0,12 0,70 5,29
9 0-25 8,57 6,15 6,63 0,32 8,30 6,10 0,20 7,96 5,69 0,17 1,93 12,41
10 0-25 5,35 6,14 4,47 0,29 5,77 6,84 0,17 5,71 6,74 0,15 2,44 16,40
11 0-25 5,88 8,13 6,32 0,38 6,30 8,92 0,27 6,17 8,70 0,24 3,01 16,84
12 0-25 5,35 4,86 3,13 0,23 6,17 4,50 0,11 4,99 3,21 0,05 0,72 8,12
13 0-25 45,21 18,94 4,19 2,41 30,86 17,58 1,06 30,42 17,25 1,02 2,68 5,33
14 0-25 43,46 17,67 3,56 2,25 27,94 16,37 0,99 27,49 16,01 0,95 2,22 4,86
15 0-25 6,48 16,82 24,79 0,25 6,81 14,58 0,11 4,16 7,03 0,07 5,06 31,15
16 0-25 8,46 5,92 9,22 0,22 5,04 4,92 0,10 4,98 4,86 0,09 5,46 35,71
17 0-25 7,12 7,49 2,96 0,41 7,41 7,96 0,33 7,29 7,79 0,30 1,44 8,71
18 0-25 6,77 5,61 2,71 0,36 7,23 6,23 0,29 7,14 6,14 0,27 1,40 9,53
19 0-25 6,31 2,78 12,24 0,36 2,54 1,35 0,26 2,49 1,31 0,24 7,16 65,30
20 0-35 11,34 10,32 11,24 0,24 13,06 10,66 0,08 11,05 8,35 0,06 2,98 13,31
21 35-120 15,59 13,74 17,50 0,25 12,57 13,34 0,06 10,22 10,06 0,05 4,20 17,17
22 0-31 9,73 11,35 11,42 0,32 10,85 11,42 0,12 9,71 9,64 0,10 3,25 14,38
23 31-76 24,22 10,60 14,60 0,31 9,52 9,34 0,11 8,88 8,39 0,09 5,01 22,49
24 76-120 17,80 9,85 13,11 0,26 7,96 8,78 0,07 7,77 8,45 0,07 6,28 27,90
25 0-38 7,48 12,48 18,64 0,28 9,74 13,32 0,13 7,41 9,63 0,11 4,98 22,63
26 38-105 22,14 13,19 19,29 0,32 10,55 12,25 0,13 8,83 9,50 0,11 5,97 24,58
27 0-20 7,25 5,96 3,94 0,27 7,68 6,47 0,20 6,98 5,64 0,17 1,16 8,43
28 20-75 11,96 11,65 7,78 0,26 12,08 11,93 0,10 11,96 11,79 0,09 5,25 18,09
29 75-120 22,17 11,29 7,26 0,27 12,37 11,13 0,10 12,32 11,09 0,10 5,70 19,58
311
Annexes
Tableau 3.10 (suite) : Résultats d’analyses des cations extractibles et des cations échangeables calculés à la
dilution 1/2
N° Prof (cm) Extractibles à AcNH4 (cmolc/kg) Extractibles à AcNa (cmolc/kg) Echangeables calculés (cmolc/kg)
Ca 7 Mg 7 Na 7 K 7 Ca 8,2 Mg8,2 K 8,2 Ca Mg K Na ESP (%)
30 0-25 8,42 8,61 7,37 0,33 8,77 8,91 0,22 8,52 8,58 0,20 3,64 17,54
31 25-60 10,48 11,46 8,22 0,24 10,23 11,93 0,09 10,17 11,85 0,08 6,09 21,67
32 60-120 21,95 12,12 8,83 0,24 13,56 11,72 0,09 13,49 11,65 0,09 6,76 21,18
33 0-32 7,52 7,84 4,72 0,25 8,07 8,10 0,15 7,90 7,86 0,14 2,33 12,87
34 32-70 24,55 12,21 9,24 0,24 11,22 11,77 0,07 11,16 11,69 0,06 6,98 23,40
35 70-110 29,97 13,39 11,73 0,28 12,80 12,72 0,13 12,74 12,67 0,13 9,38 26,96
36 0-25 1,49 2,91 9,79 0,15 1,55 2,77 0,08 1,43 2,49 0,06 2,14 35,29
37 25-77 4,53 7,29 27,79 0,32 5,89 7,62 0,12 4,88 6,14 0,10 8,65 43,96
38 77-120 13,60 10,09 23,89 0,28 7,23 9,03 0,14 6,46 7,59 0,12 8,25 37,01
39 0-30 2,26 1,13 4,34 0,07 2,36 1,23 0,03 2,29 1,18 0,01 1,21 25,83
40 31-65 6,23 7,09 8,78 0,21 6,77 7,53 0,07 6,73 7,49 0,06 6,58 31,65
41 65-120 27,17 11,26 9,74 0,28 8,29 9,76 0,16 8,25 9,68 0,14 8,05 30,98
42 0-28 3,44 2,52 7,24 0,10 1,96 1,48 0,04 1,92 1,44 0,03 3,26 49,23
43 28-78 6,15 6,37 16,79 0,21 5,46 6,42 0,11 5,43 6,38 0,11 12,89 52,20
44 78-120 21,35 10,83 7,57 0,20 10,87 10,31 0,09 10,82 10,26 0,08 6,17 22,65
45 0-35 8,08 3,46 0,15 0,12 8,67 3,73 0,06 8,38 3,56 0,06 0,06 0,52
46 35-57 26,29 9,59 1,78 0,19 10,06 9,28 0,10 10,02 9,24 0,10 1,28 6,24
47 57-120 34,71 10,03 3,47 0,25 15,08 9,29 0,15 15,05 9,26 0,14 2,86 10,52
48 0-24 6,59 2,94 1,08 0,13 7,38 3,25 0,06 7,30 3,20 0,05 0,51 4,67
49 24-65 22,39 8,60 4,73 0,24 10,14 8,35 0,09 10,12 8,33 0,09 3,78 17,00
50 65-120 31,57 10,28 3,79 0,23 13,05 10,24 0,08 13,02 10,21 0,08 3,04 11,57
51 0-24 5,79 2,26 0,10 0,15 5,56 2,17 0,06 5,53 2,15 0,06 0,06 0,77
52 24-60 9,16 8,77 2,62 0,22 10,61 9,89 0,08 10,59 9,87 0,08 2,08 9,21
53 60-120 16,59 7,07 2,09 0,18 12,82 7,24 0,06 12,79 7,20 0,05 1,60 7,42
312
Annexes
Annexes au chapitre 4
Caractéristiques morphologiques
313
Annexes
Identité de l’exploitation
Nom et prénom de l’exploitant :
Numéro du bloc :
Superficie de la parcelle (ares) :
Culture :……………………………………. Variété :………..
Régime foncier :…………………………………
2. Pépinière :
Date de semis:
Principales attaques (ou maladies) observées au cours de la pépinière : ……………
Produits phytosanitaires appliqués en cas d’apparition de la maladie ou de l’attaque :……………..
Taux de levée : …………..
Autres observations durant le stade de pépinière :
……………………………………………………………………………
3. Repiquage
Date du repiquage :
Types de repiquage (en désordre ou en ligne) :
Densité de repiquage (ou nombre de plants par casier ou polder):
Taux de reprise (si connu) :
Opérations culturales faites au cours du repiquage : ……………………………………………………………
5. Fertilisants, amendements
Types de fertilisants Dose en Dose en champ Commentaires
(engrais chimiques ou pépinière (kg, (kg, sac de 25 kg, (moyens
fumier) sac de 25 kg, etc) etc) d’applications,…)
Engrais chimiques
Fumier
Autre(s) amendement (s)
314
Annexes
Votre parcelle est –elle déjà affectée par la salinité ? (oui ou non).
Si oui, depuis quand ?..........
Stades végétatives attaquées : ……………………et ………………………. et ……………..
Si non, qu’avez-vous fait pour juguler ce fléau (tableau précédent)?
Si oui, comment évolue-t-elle ?
315
Annexes
Tableau 4 13 : Variables chimiques des solutions des sols des parcelles rizicoles au rapport sol/eau 1/2 pour les
années 2011 et 2012 (CE en dS/m ; cations et anions en mmolc/L)
316
Annexes
Annexe au chapitre 5
1. Composition des solutions d’équilibres des solutions extraites aux rapports sol eau
1/3, 1/5, 1/8 et 1/12
pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,48 0,69 3,28 1,09 1,37 0,14 3,97 0,00 0,00 0,03 0,00 0,13 6,52 0,00 0,25
2 6,93 0,17 0,48 0,15 0,10 0,04 1,29 0,00 0,00 0,04 0,00 0,07 1,00 0,00 0,68
3 7,96 0,42 0,82 0,60 0,54 0,05 3,25 0,19 0,01 0,01 0,00 0,05 1,58 0,00 2,60
4 7,96 0,23 0,06 0,44 0,23 0,03 1,95 0,13 0,01 0,03 0,00 0,05 0,16 0,00 2,29
5 7,77 1,88 8,90 2,57 2,69 0,18 14,97 0,00 0,07 0,23 0,00 0,15 17,67 0,00 1,86
6 7,93 0,31 0,64 0,80 0,54 0,09 1,68 0,07 0,02 0,06 0,00 0,12 1,30 0,00 1,63
7 6,93 0,16 0,31 0,15 0,19 0,07 1,37 0,04 0,00 0,01 0,00 0,14 0,63 0,00 0,38
8 6,95 0,12 0,22 1,02 0,24 0,02 0,92 0,33 0,01 0,08 0,00 0,00 0,49 0,00 0,74
9 8,01 1,75 7,98 0,98 1,21 0,11 16,05 0,00 0,06 0,07 0,05 0,14 16,17 0,00 1,61
10 7,27 0,53 1,97 0,04 0,07 0,07 4,78 0,12 0,02 0,02 0,00 0,06 3,66 0,00 1,45
11 7,47 1,22 5,85 0,37 0,63 0,09 11,77 0,08 0,04 0,03 0,12 0,10 10,76 0,00 0,93
12 6,30 1,43 7,65 3,50 4,00 0,16 7,76 0,00 0,02 0,06 0,00 0,08 15,28 0,00 0,16
13 7,84 0,77 3,22 1,47 1,19 0,15 5,83 0,03 0,03 0,10 0,00 0,08 5,85 0,00 1,66
14 7,76 0,72 2,87 1,52 1,30 0,16 5,20 0,04 0,03 0,07 0,00 0,10 5,26 0,00 1,82
15 7,60 8,18 54,98 10,00 29,68 0,23 79,12 0,00 0,09 0,26 0,00 1,30 105,26 0,00 1,11
16 9,20 1,26 4,11 0,19 0,21 0,03 12,58 0,35 0,06 0,05 0,06 0,27 8,14 1,00 2,86
17 6,67 0,62 2,69 0,32 0,43 0,08 5,11 0,00 0,01 0,02 0,00 0,09 5,29 0,00 0,64
18 5,69 0,52 2,19 0,49 0,40 0,12 4,02 0,00 0,00 0,00 0,00 0,07 4,66 0,00 0,18
19 10,14 1,62 3,65 0,17 0,13 0,06 21,31 0,35 0,07 0,02 0,39 0,08 7,40 7,70 5,83
20 7,41 3,62 21,08 6,14 7,32 0,06 27,94 0,00 0,08 0,00 0,00 0,34 41,62 0,00 0,94
21 7,70 5,07 30,32 7,10 10,28 0,05 41,93 0,00 0,07 0,00 0,00 0,51 59,83 0,00 0,88
22 7,11 3,14 18,31 3,78 6,05 0,08 29,69 0,00 0,05 0,00 0,00 0,09 34,03 0,00 0,99
23 8,01 3,36 17,35 1,81 2,81 0,05 32,78 0,12 0,06 0,05 0,00 0,19 34,58 0,00 1,15
24 8,63 2,30 10,90 0,53 0,91 0,04 22,97 0,00 0,08 0,00 0,00 0,20 21,35 0,06 1,43
25 6,86 5,47 32,03 7,15 11,43 0,08 46,76 0,00 0,13 0,30 0,26 1,14 65,92 0,00 0,46
26 7,70 5,15 31,62 5,84 8,90 0,09 50,85 0,00 0,09 0,00 0,00 0,87 59,29 0,00 0,86
27 6,87 1,44 8,29 2,52 2,96 0,14 11,42 0,00 0,02 0,03 0,00 0,12 14,40 0,00 0,40
28 7,75 0,99 3,79 0,28 0,34 0,02 8,80 0,47 0,04 0,00 0,00 0,08 8,74 0,00 1,74
29 9,03 0,62 1,52 0,12 0,13 0,02 5,26 0,15 0,05 0,27 0,00 0,08 3,37 0,52 2,10
30 7,18 1,52 7,21 0,61 0,85 0,06 12,76 0,07 0,03 0,05 0,00 0,18 13,77 0,00 0,82
31 7,88 0,91 3,24 0,16 0,23 0,02 8,32 0,52 0,03 0,02 0,00 0,09 6,01 0,00 2,29
32 8,81 0,84 3,08 0,21 0,18 0,02 7,53 0,09 0,03 0,01 0,04 0,08 5,96 0,26 1,88
33 7,61 0,99 3,74 0,42 0,68 0,06 8,10 0,12 0,03 0,02 0,00 0,24 7,27 0,00 2,18
34 8,81 0,90 2,91 0,14 0,18 0,02 8,36 0,61 0,03 0,01 0,00 0,14 5,61 0,24 1,97
35 9,00 0,87 3,01 0,15 0,11 0,01 8,09 0,06 0,04 0,01 0,00 0,09 5,88 0,57 2,20
317
Annexes
Tableau 5.7 (suite) : Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/3
pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
36 7,50 2,75 13,70 0,33 0,74 0,06 26,03 0,00 0,03 0,09 0,12 0,14 26,80 0,00 0,90
37 7,08 6,38 36,61 2,62 4,02 0,06 66,12 0,00 0,07 0,13 0,00 0,26 64,12 0,00 0,41
38 8,20 5,31 30,61 2,09 3,96 0,09 54,89 0,00 0,08 0,09 0,00 0,13 58,84 0,00 1,09
39 9,45 1,02 3,15 0,19 0,14 0,06 10,23 0,12 0,05 0,05 0,00 0,03 6,25 1,25 2,92
40 8,85 0,90 2,84 0,20 0,24 0,06 8,97 0,32 0,04 0,02 0,00 0,09 5,71 0,82 4,17
41 9,58 0,63 1,24 0,04 0,05 0,00 6,16 0,17 0,02 0,00 0,00 0,05 2,83 1,45 2,98
42 10,16 1,28 3,03 0,15 0,24 0,04 12,74 0,09 0,05 0,02 0,03 0,07 5,82 4,98 3,03
43 9,51 1,43 5,10 0,11 0,19 0,03 13,78 0,39 0,05 0,02 0,00 0,03 10,24 1,13 2,41
44 9,23 0,51 5,09 0,66 1,15 0,06 5,51 0,13 0,02 0,02 0,03 0,04 2,53 0,87 2,42
45 7,73 0,18 0,04 0,98 0,57 0,03 0,36 0,06 0,01 0,02 0,00 0,06 0,06 0,00 1,72
46 8,86 0,22 0,06 0,16 0,20 0,02 2,06 0,33 0,01 0,00 0,00 0,02 0,12 0,30 1,59
47 8,99 0,26 0,15 0,22 0,23 0,02 2,63 0,25 0,01 0,01 0,00 0,07 0,30 0,33 1,96
48 7,74 0,21 0,08 0,39 0,27 0,04 1,95 0,11 0,02 0,02 0,00 0,09 0,16 0,00 2,04
49 9,28 0,39 0,27 0,09 0,10 0,01 4,03 0,54 0,02 0,01 0,00 0,08 0,56 0,91 2,34
50 9,01 0,32 0,41 0,17 0,17 0,03 3,10 0,27 0,01 0,01 0,00 0,07 0,81 0,41 1,84
51 6,44 0,04 0,05 0,11 0,06 0,02 0,16 0,01 0,00 0,02 0,00 0,06 0,10 0,00 0,19
52 8,58 0,23 0,06 0,09 0,09 0,01 2,27 0,37 0,01 0,02 0,00 0,04 0,12 0,08 1,99
53 8,86 0,22 0,10 0,20 0,19 0,02 2,08 0,27 0,01 0,03 0,00 0,06 0,21 0,25 1,60
318
Annexes
pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,36 0,45 2,07 0,60 0,75 0,10 3,02 0,00 0,01 0,02 0,01 0,08 3,93 0,00 0,13
2 7,21 0,12 0,34 0,17 0,05 0,01 1,05 0,03 0,00 0,03 0,00 0,07 0,65 0,00 0,55
3 7,97 0,31 0,59 0,48 0,43 0,04 2,67 0,17 0,01 0,01 0,01 0,04 1,10 0,00 1,98
4 7,82 0,18 0,09 0,33 0,19 0,03 1,67 0,12 0,01 0,02 0,00 0,03 0,17 0,00 1,67
5 7,95 1,23 5,62 1,24 1,33 0,11 10,77 0,07 0,01 0,17 0,00 0,10 10,52 0,00 1,58
6 8,03 0,23 0,41 0,61 0,44 0,08 1,35 0,07 0,02 0,05 0,00 0,07 0,79 0,00 1,38
7 6,72 0,07 0,16 0,03 0,03 0,01 0,61 0,02 0,01 0,00 0,00 0,03 0,30 0,00 0,30
8 6,95 0,08 0,11 0,04 0,02 0,01 0,75 0,05 0,01 0,00 0,00 0,03 0,18 0,00 0,47
9 8,04 1,12 5,01 0,52 0,64 0,07 10,80 0,03 0,03 0,05 0,04 0,06 9,25 0,00 1,48
10 7,20 0,33 1,13 0,02 0,04 0,31 3,23 0,15 0,01 0,01 0,01 0,04 2,10 0,00 0,95
11 7,16 0,76 3,18 0,13 0,28 0,04 6,96 0,11 0,02 0,01 0,00 0,05 6,23 0,00 0,69
12 6,07 0,97 4,89 2,01 2,51 0,11 5,37 0,00 0,01 0,03 0,00 0,04 9,60 0,00 0,13
13 7,82 0,53 1,84 0,78 0,65 0,11 3,88 0,08 0,02 0,09 0,02 0,05 3,58 0,00 1,30
14 7,65 0,51 1,61 0,85 0,76 0,12 3,44 0,11 0,02 0,05 0,03 0,07 3,16 0,00 1,57
15 7,26 5,23 31,53 5,44 15,38 0,11 43,89 0,00 0,06 0,09 0,00 0,76 63,50 0,00 0,72
16 9,38 0,90 2,59 0,10 0,15 0,09 10,09 0,28 0,04 0,02 0,04 0,22 5,04 1,78 5,74
17 6,80 0,39 1,64 0,20 0,32 0,06 3,54 0,04 0,01 0,02 0,00 0,07 3,12 0,00 0,39
18 6,08 0,34 1,44 0,10 0,14 0,04 2,89 0,06 0,00 0,01 0,00 0,04 2,96 0,00 0,15
19 10,19 1,17 2,01 0,16 0,13 0,26 17,23 0,28 0,03 0,01 0,00 0,09 4,37 6,26 3,36
20 7,33 2,35 12,22 3,07 3,82 0,05 18,96 0,05 0,03 0,03 0,00 0,15 24,46 0,00 0,74
21 7,39 3,27 16,70 3,12 4,90 0,03 26,79 0,00 0,03 0,00 0,00 0,31 34,77 0,00 0,76
22 7,20 1,98 9,89 1,46 2,50 0,05 17,46 0,12 0,03 0,02 0,00 0,07 19,60 0,00 0,90
23 7,86 2,24 10,82 0,88 1,31 0,04 21,12 0,20 0,04 0,05 0,00 0,14 21,27 0,00 1,02
24 8,77 1,51 6,24 0,21 0,38 0,03 14,06 0,11 0,04 0,02 0,00 0,11 12,28 0,12 1,28
25 6,63 3,62 20,38 3,97 6,62 0,05 31,93 0,00 0,06 0,00 0,00 0,45 39,50 0,00 0,27
26 7,62 3,36 17,71 2,47 4,12 0,05 30,51 0,00 0,04 0,00 0,00 0,50 34,91 0,00 0,72
27 7,03 0,92 4,29 1,22 1,52 0,09 6,65 0,00 0,01 0,02 0,00 0,08 8,52 0,00 0,43
28 7,92 0,68 2,27 0,16 0,28 0,03 6,45 0,39 0,02 0,01 0,00 0,07 4,42 0,00 2,29
29 9,20 0,46 1,02 0,07 0,09 0,00 4,59 0,18 0,01 0,00 0,00 0,05 1,96 0,30 1,99
30 7,03 0,96 4,04 0,29 0,46 0,06 8,36 0,11 0,02 0,05 0,00 0,10 7,96 0,00 0,55
31 8,43 0,63 1,86 0,09 0,16 0,01 6,15 0,43 0,02 0,02 0,00 0,05 3,67 0,90 1,25
32 8,84 0,59 1,86 0,13 0,14 0,03 5,78 0,10 0,02 0,01 0,02 0,05 3,64 0,31 1,72
33 7,61 0,63 2,29 0,29 0,42 0,05 5,88 0,14 0,02 0,01 0,00 0,16 4,49 0,00 1,59
34 9,04 0,64 1,65 0,09 0,13 0,05 6,61 0,14 0,02 0,01 0,01 0,16 4,48 0,47 2,12
35 9,29 0,64 1,77 0,14 0,18 0,04 6,44 0,08 0,02 0,01 0,01 0,09 3,54 0,90 1,98
36 7,88 1,67 7,65 0,12 0,46 0,04 16,16 0,00 0,02 0,02 0,03 0,08 15,50 0,00 0,55
37 6,85 4,23 22,24 1,16 1,82 0,05 43,22 0,25 0,08 0,14 0,00 0,28 44,77 0,00 0,30
38 8,29 3,54 17,84 0,95 1,75 0,05 35,38 0,03 0,06 0,04 0,00 0,11 36,11 0,00 0,91
39 10,05 0,91 1,79 0,82 0,60 0,05 8,03 0,15 0,03 0,03 0,05 0,06 3,99 3,66 1,11
319
Annexes
Tableau 5.8 (suite): Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/5
pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
40 9,28 0,58 1,49 0,09 0,16 0,14 8,23 0,24 0,01 0,01 0,00 0,04 3,05 1,05 2,12
41 9,56 0,50 0,71 0,03 0,06 0,03 5,72 0,07 0,02 0,00 0,01 0,05 1,38 1,44 2,22
42 9,50 0,66 1,91 0,02 0,03 0,02 7,42 0,09 0,02 0,02 0,02 0,10 3,79 1,08 1,72
43 9,46 1,08 3,00 0,07 0,13 0,05 13,67 0,27 0,04 0,01 0,02 0,04 6,06 1,83 4,23
44 9,29 0,40 0,63 0,04 0,06 0,05 4,58 0,05 0,01 0,00 0,01 0,03 1,19 0,86 1,95
45 7,65 0,12 0,02 0,66 0,39 0,02 0,24 0,05 0,01 0,02 0,00 0,03 0,04 0,00 1,06
46 8,63 0,18 0,04 0,17 0,20 0,01 1,74 0,23 0,01 0,01 0,00 0,04 0,07 0,29 1,56
47 9,07 0,22 0,24 0,19 0,15 0,04 2,78 0,20 0,01 0,01 0,01 0,06 0,46 0,59 1,60
48 7,75 0,13 0,14 0,28 0,23 0,04 1,61 0,11 0,01 0,01 0,00 0,03 0,26 0,00 1,25
49 9,20 0,32 0,19 0,11 0,10 0,01 3,56 0,36 0,01 0,01 0,00 0,06 0,37 0,65 2,20
50 9,09 0,27 0,30 0,15 0,13 0,01 2,91 0,20 0,02 0,01 0,00 0,07 0,58 0,45 1,78
51 6,63 0,03 0,07 0,11 0,11 0,03 0,20 0,01 0,00 0,02 0,00 0,05 0,12 0,00 0,16
52 8,44 0,17 0,07 0,07 0,10 0,01 2,04 0,29 0,01 0,02 0,00 0,07 0,13 0,06 1,40
53 8,85 0,18 0,14 0,17 0,17 0,04 2,13 0,19 0,01 0,02 0,00 0,07 0,27 0,32 1,36
320
Annexes
pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,40 0,30 1,28 0,57 0,75 0,09 1,85 0,00 0,01 0,01 0,01 0,05 2,55 0,00 0,07
2 6,85 0,08 0,20 0,02 0,03 0,02 0,71 0,04 0,00 0,01 0,00 0,03 0,40 0,00 0,24
3 7,87 0,23 0,35 0,43 0,38 0,05 1,75 0,14 0,01 0,01 0,00 0,03 0,68 0,00 1,38
4 9,97 0,13 0,04 0,70 0,40 0,06 1,11 0,10 0,01 0,01 0,01 0,03 0,07 0,00 1,24
5 7,83 0,84 3,37 0,74 0,79 0,09 7,03 0,09 0,03 0,09 0,08 0,06 5,97 0,00 1,35
6 7,92 0,18 0,25 0,49 0,44 0,11 0,99 0,07 0,01 0,03 0,00 0,05 0,50 0,00 1,22
7 6,89 0,05 0,15 0,04 0,06 0,01 0,65 0,05 0,01 0,00 0,00 0,04 0,35 0,00 0,16
8 6,71 0,06 0,12 0,04 0,04 0,01 0,75 0,04 0,01 0,00 0,01 0,03 0,12 0,00 0,35
9 8,30 0,76 3,02 0,90 0,95 0,06 7,05 0,03 0,02 0,03 0,05 0,06 5,88 0,00 1,38
10 7,48 0,21 0,69 0,02 0,02 0,04 2,64 0,15 0,01 0,01 0,00 0,03 1,36 0,00 0,70
11 7,41 0,48 1,73 0,06 0,10 0,03 4,04 0,09 0,01 0,01 0,00 0,03 3,20 0,00 0,86
12 6,40 0,63 3,04 1,33 1,58 0,08 3,36 0,00 0,01 0,02 0,00 0,03 5,68 0,00 0,18
13 7,98 0,39 1,22 0,57 0,51 0,10 2,92 0,09 0,01 0,05 0,00 0,04 2,16 0,00 1,27
14 7,95 0,37 1,04 0,62 0,55 0,09 2,54 0,09 0,01 0,03 0,00 0,04 1,86 0,00 1,35
15 7,34 3,55 19,63 2,74 9,32 0,08 28,97 0,00 0,04 0,07 0,00 0,46 36,97 0,00 0,49
16 9,76 0,64 1,44 0,04 0,05 0,04 6,27 0,17 0,02 0,03 0,07 0,11 2,92 2,01 3,07
17 6,83 0,26 0,96 0,08 0,13 0,10 2,30 0,05 0,02 0,00 0,00 0,02 1,64 0,00 0,30
18 6,21 0,22 0,92 0,08 0,10 0,06 2,07 0,00 0,02 0,00 0,00 0,03 1,61 0,00 0,11
19 10,28 0,85 1,24 0,10 0,08 0,14 12,18 0,12 0,01 0,00 0,03 0,03 2,19 4,71 2,43
20 7,52 1,46 7,21 1,36 1,90 0,03 12,44 0,12 0,02 0,00 0,06 0,09 13,41 0,00 0,56
21 7,66 2,25 11,83 2,34 3,38 0,03 19,41 0,07 0,01 0,03 0,01 0,20 20,86 0,00 0,51
22 7,33 1,34 6,12 0,83 1,42 0,04 11,20 0,04 0,00 0,00 0,00 0,04 11,38 0,00 0,70
23 8,39 1,47 6,47 0,44 0,66 0,03 13,60 0,18 0,03 0,00 0,20 0,08 12,10 0,12 0,90
24 9,51 0,99 4,01 0,17 0,22 0,02 9,76 0,09 0,02 0,00 0,00 0,08 7,95 0,52 1,06
25 6,48 2,36 11,86 1,84 3,42 0,04 19,91 0,06 0,02 0,00 0,00 0,30 24,57 0,00 0,21
26 7,64 2,25 11,48 1,45 2,43 0,04 20,88 0,00 0,02 0,00 0,00 0,33 22,58 0,00 0,52
27 6,68 0,60 2,67 0,61 0,84 0,08 4,38 0,00 0,01 0,01 0,00 0,08 5,38 0,00 0,22
28 8,28 0,46 1,46 0,08 0,12 0,04 4,70 0,31 0,01 0,01 0,00 0,04 2,90 0,00 1,56
29 9,40 0,35 0,59 0,05 0,06 0,01 3,51 0,12 0,00 0,00 0,01 0,04 1,13 0,89 1,63
30 7,19 0,62 2,61 0,16 0,24 0,02 5,94 0,12 0,00 0,05 0,03 0,09 5,45 0,00 0,53
31 9,17 0,47 1,17 0,07 0,12 0,02 5,01 0,32 0,00 0,01 0,00 0,04 2,24 0,36 1,78
32 9,17 0,43 1,22 0,10 0,14 0,03 4,51 0,08 0,00 0,01 0,02 0,04 2,34 0,48 1,43
33 7,41 0,43 1,49 0,27 0,42 0,08 4,38 0,13 0,00 0,02 0,00 0,11 2,83 0,00 1,36
34 9,35 0,47 0,98 0,06 0,09 0,02 5,07 0,34 0,00 0,02 0,00 0,06 1,99 0,66 1,78
35 9,47 0,49 1,11 0,04 0,06 0,02 5,15 0,05 0,00 0,01 0,00 0,05 2,16 0,93 1,64
36 8,48 1,05 4,64 0,11 0,33 0,06 10,31 0,05 0,00 0,05 0,04 0,07 9,36 0,10 0,76
37 6,70 2,78 14,17 0,54 0,91 0,04 28,58 0,19 0,00 0,16 0,00 0,18 27,85 0,00 0,18
38 8,44 2,25 10,60 0,37 0,74 0,03 22,35 0,14 0,00 0,00 0,00 0,09 21,68 0,00 0,85
39 9,55 0,46 1,20 0,34 0,26 0,01 5,04 0,06 0,00 0,02 0,02 0,03 2,32 0,72 1,47
321
Annexes
Tableau 5.9 (suite) : Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/8
pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
40 9,40 0,41 0,94 0,05 0,08 0,07 5,53 0,17 0,00 0,01 0,00 0,04 1,96 0,78 1,58
41 9,68 0,41 0,44 0,02 0,04 0,03 4,45 0,05 0,00 0,00 0,00 0,04 0,85 1,50 1,71
42 10,07 0,68 1,21 0,13 0,14 0,02 7,94 0,06 0,00 0,01 0,02 0,05 2,41 2,87 1,69
43 9,72 0,76 1,90 0,02 0,04 0,02 7,88 0,19 0,00 0,04 0,00 0,06 3,79 2,30 2,44
44 9,51 0,33 0,37 0,03 0,04 0,02 3,40 0,04 0,00 0,00 0,00 0,03 0,74 1,08 1,41
45 7,35 0,08 0,02 0,47 0,33 0,04 0,17 0,04 0,00 0,02 0,00 0,03 0,03 0,00 0,75
46 9,01 0,14 0,03 0,16 0,25 0,03 1,32 0,16 0,00 0,01 0,00 0,02 0,05 0,24 1,10
47 9,21 0,18 0,07 0,07 0,07 0,04 1,91 0,14 0,00 0,00 0,00 0,03 0,32 0,43 1,25
48 7,37 0,09 0,03 0,12 0,08 0,01 0,95 0,08 0,00 0,01 0,00 0,03 0,05 0,00 0,89
49 9,53 0,25 0,10 0,05 0,06 0,03 2,87 0,28 0,00 0,01 0,00 0,03 0,19 0,90 1,55
50 9,24 0,21 0,17 0,06 0,07 0,01 2,12 0,14 0,00 0,01 0,00 0,04 0,33 0,57 1,06
51 6,24 0,02 0,02 0,11 0,07 0,02 0,10 0,00 0,00 0,02 0,00 0,03 0,19 0,00 0,11
52 8,24 0,12 0,03 0,03 0,05 0,00 1,38 0,22 0,00 0,02 0,00 0,04 0,23 0,00 1,14
53 8,88 0,14 0,04 0,09 0,08 0,01 1,39 0,13 0,00 0,02 0,00 0,04 0,25 0,18 1,09
322
Annexes
Tableau 5. 10: Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/12
pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,45 0,21 0,85 0,33 0,61 0,09 1,34 0,00 0,00 0,01 0,00 0,04 1,65 0,00 0,13
2 7,01 0,06 0,14 0,01 0,02 0,05 0,57 0,05 0,00 0,01 0,00 0,03 0,26 0,00 0,29
3 7,80 0,17 0,24 0,37 0,37 0,05 1,32 0,13 0,00 0,01 0,00 0,03 0,45 0,00 1,21
4 7,93 0,10 0,03 0,41 0,30 0,05 0,82 0,08 0,00 0,01 0,00 0,02 0,04 0,00 0,95
5 7,99 0,60 2,11 0,44 0,50 0,08 5,11 0,11 0,03 0,09 0,00 0,05 4,15 0,00 1,22
6 7,98 0,14 0,17 0,42 0,34 0,08 0,80 0,09 0,00 0,03 0,00 0,04 0,32 0,00 1,13
7 6,77 0,04 0,07 0,01 0,01 0,02 0,35 0,04 0,00 0,00 0,00 0,03 0,29 0,00 0,14
8 6,85 0,04 0,05 0,01 0,01 0,03 0,42 0,06 0,00 0,00 0,02 0,03 0,24 0,00 0,23
9 8,45 0,52 1,96 0,27 0,35 0,10 4,91 0,04 0,01 0,03 0,08 0,05 3,68 0,06 0,97
10 7,40 0,14 0,46 0,01 0,01 0,10 1,87 0,11 0,00 0,01 0,00 0,02 0,86 0,00 0,56
11 7,28 0,32 1,19 0,02 0,04 0,04 3,21 0,10 0,00 0,01 0,00 0,04 2,32 0,00 0,50
12 6,11 0,44 2,05 0,67 0,98 0,06 2,60 0,00 0,01 0,03 0,00 0,03 3,92 0,00 0,11
13 8,02 0,29 0,77 0,41 0,38 0,08 2,18 0,08 0,00 0,05 0,00 0,03 1,48 0,00 1,17
14 8,04 0,28 0,70 0,54 0,53 0,13 2,00 0,08 0,00 0,03 0,00 0,04 1,33 0,00 1,27
15 7,23 2,48 13,61 2,07 6,45 0,06 20,65 0,00 0,00 0,11 0,00 0,36 26,63 0,00 0,41
16 9,85 0,49 0,99 0,06 0,10 0,07 6,22 0,12 0,00 0,02 0,04 0,07 1,94 1,52 1,71
17 6,67 0,18 0,67 0,03 0,05 0,09 1,67 0,03 0,01 0,01 0,03 0,04 1,30 0,00 0,26
18 6,28 0,15 0,57 0,02 0,02 0,07 1,36 0,03 0,00 0,00 0,00 0,03 1,15 0,00 0,11
19 10,33 0,66 0,82 0,05 0,05 0,14 9,06 0,05 0,00 0,00 0,08 0,02 0,80 3,71 1,75
20 7,46 1,04 4,83 0,86 1,22 0,03 9,01 0,08 0,00 0,00 0,00 0,10 9,51 0,00 0,56
21 7,66 1,56 7,73 1,33 2,04 0,03 13,86 0,03 0,00 0,00 0,00 0,18 15,14 0,00 0,55
22 7,60 0,88 3,88 0,38 0,71 0,03 7,99 0,12 0,00 0,02 0,00 0,04 7,58 0,00 0,68
23 8,78 1,01 4,34 0,26 0,39 0,02 9,98 0,16 0,00 0,00 0,00 0,07 8,31 0,16 0,75
24 9,45 0,72 2,59 0,08 0,14 0,05 7,35 0,07 0,01 0,00 0,00 0,07 4,98 0,59 0,96
25 6,63 1,64 7,97 1,13 2,18 0,03 14,22 0,10 0,07 0,00 0,00 0,22 16,29 0,00 0,15
26 8,12 1,56 7,62 0,83 1,45 0,03 14,93 0,00 0,00 0,07 0,00 0,26 14,62 0,00 0,59
27 6,75 0,41 1,66 0,31 0,50 0,08 3,09 0,03 0,00 0,02 0,00 0,04 3,38 0,00 0,21
28 8,89 0,34 0,84 0,03 0,05 0,03 3,34 0,24 0,00 0,02 0,02 0,09 1,75 0,25 1,14
29 9,65 0,28 0,40 0,03 0,04 0,03 3,09 0,09 0,00 0,00 0,00 0,03 0,76 0,92 1,03
30 6,97 0,43 1,70 0,01 0,02 0,02 2,16 0,11 0,00 0,03 0,02 0,07 3,66 0,00 0,37
31 9,43 0,35 0,74 0,02 0,05 0,05 3,91 0,22 0,00 0,01 0,00 0,03 1,44 0,60 1,30
32 9,43 0,34 0,69 0,02 0,03 0,03 3,36 0,05 0,00 0,00 0,00 0,03 1,40 0,56 1,07
33 7,36 0,29 0,90 0,07 0,12 0,03 2,87 0,09 0,01 0,02 0,02 0,08 1,77 0,00 0,77
34 9,60 0,38 0,67 0,03 0,06 0,03 4,11 0,24 0,00 0,00 0,00 0,05 1,31 1,06 1,12
35 9,69 0,39 0,74 0,03 0,05 0,01 4,25 0,04 0,00 0,00 0,00 0,05 1,39 1,06 1,20
36 8,18 0,78 3,31 0,14 0,40 0,05 7,80 0,05 0,00 0,02 0,03 0,04 6,61 0,00 0,52
37 6,92 1,86 8,93 0,23 0,50 0,04 19,32 0,15 0,00 0,10 0,00 0,13 17,98 0,00 0,23
38 8,53 1,64 7,77 0,29 0,52 0,04 17,07 0,10 0,00 0,00 0,00 0,06 15,09 0,09 0,67
39 9,65 0,34 0,75 0,20 0,17 0,01 3,46 0,06 0,00 0,01 0,02 0,02 1,68 0,69 1,07
323
Annexes
Tableau 5.10 (suite) : Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/12
pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
40 9,63 0,29 0,60 0,01 0,02 0,05 4,01 0,11 0,00 0,01 0,02 0,02 1,21 0,65 1,13
41 9,83 0,35 0,29 0,01 0,02 0,03 3,81 0,03 0,00 0,00 0,00 0,03 0,57 1,35 1,43
42 10,13 0,48 0,72 0,04 0,06 0,03 5,39 0,03 0,02 0,02 0,04 0,04 1,45 1,96 1,36
43 9,94 0,51 1,03 0,01 0,02 0,05 6,91 0,12 0,00 0,02 0,00 0,03 2,22 1,28 1,63
44 9,63 0,28 0,25 0,02 0,03 0,05 2,87 0,00 0,00 0,00 0,00 0,02 0,50 0,81 1,23
45 7,23 0,07 0,01 0,39 0,26 0,03 0,12 0,04 0,00 0,01 0,02 0,02 0,02 0,00 0,60
46 9,19 0,11 0,02 0,10 0,16 0,04 1,05 0,11 0,00 0,00 0,00 0,02 0,03 0,11 0,82
47 9,27 0,15 0,04 0,05 0,06 0,03 1,58 0,09 0,00 0,00 0,00 0,03 0,08 0,40 1,00
48 7,19 0,07 0,02 0,07 0,06 0,04 0,72 0,06 0,00 0,01 0,00 0,02 0,04 0,00 0,70
49 9,58 0,21 0,07 0,03 0,04 0,04 2,34 0,18 0,00 0,00 0,00 0,02 0,13 0,54 1,24
50 9,33 0,17 0,12 0,06 0,08 0,04 1,82 0,09 0,00 0,01 0,00 0,02 0,22 0,50 1,03
51 6,39 0,02 0,02 0,08 0,06 0,05 0,08 0,00 0,00 0,01 0,00 0,04 0,03 0,00 0,11
52 8,42 0,08 0,02 0,01 0,02 0,06 1,00 0,14 0,00 0,01 0,00 0,02 0,03 0,06 0,67
53 8,96 0,11 0,03 0,08 0,08 0,04 1,18 0,09 0,00 0,01 0,00 0,04 0,05 0,17 0,90
324
Annexes
2. Teneurs en cations échangeables des sols de Mugerero aux rapports sol/eau 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12
Tableau 5. 11: Valeurs des cations échangeables calculées pour chaque dilution
325
Annexes
Tableau 5.11 (suite) : Valeurs des cations échangeables calculées pour chaque dilution
326
Annexes
Figure 5. 34: Comparaison de la conductivité électrique et la salinité des solutions exprimée par la moyenne des
sommes des cations et celles des anions
327
Annexes
Figure 5. 35: Comparaison entre la salinité mesurée aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et celle de la dilution 1/2
328
Annexes
Annexe au chapitre 6
Tableau 6.8: Evolution des paramètres de la solution d’équilibre au cours de l’incubation en anaérobiose
Tps
N° (jour Eh CE Ca Fe K Mg Mn Na P
Sol s) pH (mV) dS/m mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L S mg/L
1 1 6,46 171,4 0,482 14,63 1,10 4,56 11,07 0,74 61,26 0,04 64,51
1 3 6,5 131 0,509 18,97 2,59 5,25 14,43 1,34 63,85 0,05 62,39
1 6 6,68 49 0,546 22,78 3,52 4,71 17,27 1,76 62,02 0,05 65,40
1 10 6,72 -22,6 0,629 29,20 4,80 5,60 21,10 2,20 65,30 0,06 56,50
1 15 6,86 -28,2 0,603 26,67 5,26 4,83 19,55 2,03 65,12 0,08 55,00
1 21 6,76 -30,3 0,583 27,34 5,44 4,76 19,95 2,08 67,84 0,12 55,10
1 28 6,89 -26,2 0,593 27,42 4,58 5,08 20,10 2,04 66,68 0,06 54,60
1 35 7,04 -27,1 0,602 26,80 4,39 4,73 19,77 1,99 67,48 0,06 53,34
1 42 6,8 -25 0,615 28,36 4 5,704 20,45 2,027 68,15 0,058 56,63
3 1 7,84 128,1 0,358 13,11 1,27 1,65 7,08 0,11 56,96 0,08 17,88
3 3 7,35 138,4 0,424 20,36 1,01 2,08 11,01 0,48 61,24 0,07 18,03
3 6 7,24 76,1 0,49 27,07 0,68 2,04 14,84 0,80 61,46 0,06 19,78
3 10 7,35 -28,2 0,52 30,90 0,49 1,84 16,40 0,93 63,70 0,05 19,00
3 15 7,33 -50,9 0,573 35,36 1,04 1,86 18,61 1,16 64,17 0,05 19,20
3 21 7,18 -50,7 0,598 38,24 0,36 2,09 19,93 1,19 66,50 0,05 19,59
3 28 7,28 -38,3 0,594 39,46 0,10 2,14 20,08 0,98 68,28 0,03 20,86
3 35 7,24 42,8 0,611 39,06 0,25 1,98 20,18 1,15 67,12 0,04 19,90
3 42 7,16 75,5 0,626 42,5 0,0713 2,492 20,82 0,8867 67,77 0,032 21,84
4 1 8,14 129,6 0,211 9,84 5,40 2,68 4,40 0,05 36,55 0,15 2,10
4 3 7,79 198 0,228 12,06 3,06 2,10 4,69 0,19 37,19 0,11 2,13
4 6 7,65 119 0,267 16,38 1,06 1,67 5,85 0,32 37,67 0,07 2,29
4 10 7,68 49,9 0,298 19,80 0,59 1,90 6,60 0,36 39,70 0,05 2,21
4 15 7,37 -23,1 0,361 26,40 0,14 1,63 8,63 0,42 41,48 0,04 2,28
4 21 7,41 132 0,406 34,04 0,01 1,60 10,64 0,41 43,08 0,04 2,43
4 28 7,2 62,5 0,433 43,62 0,09 1,55 12,92 0,01 44,58 0,05 2,74
4 35 7,28 79,3 0,463 39,38 0,02 1,69 11,99 0,25 44,38 0,04 2,61
4 42 7,28 77 0,482 50,72 0,0104 1,354 14,13 0,0007 44,21 0,051 3,185
5 1 7,98 134,9 1,28 32,48 0,15 5,76 19,41 0,03 235,00 0,13 180,00
5 3 7,69 90,7 1,336 36,42 0,13 5,40 22,27 0,18 242,00 0,11 178,00
5 6 7,57 130 1,366 40,22 0,30 5,57 25,45 0,38 237,00 0,10 184,20
5 10 7,4 4,9 1,42 47,20 0,11 5,60 29,00 0,60 245,00 0,10 169,00
5 15 7,42 -22,6 1,453 50,37 0,07 5,35 33,00 0,75 250,00 0,12 169,00
5 21 7,21 -32,8 1,516 59,50 0,40 5,58 36,80 0,86 253,40 0,16 171,22
5 28 7,33 -28,2 1,556 67,10 0,23 5,16 41,70 1,09 259,20 0,16 169,40
5 35 7,33 -17,5 1,581 63,96 0,10 5,22 39,76 1,01 261,40 0,16 168,72
5 42 7,19 -29,5 1,573 67,46 0,2013 5,44 41,15 1,037 254,5 0,1547 170
329
Annexes
Tableau 6.8 (suite) : Evolution des paramètres de la solution d’équilibre au cours de l’incubation en anaérobiose
Tps
N° sol (jours) pH Eh (mV) CE dS/m Ca mg/L Fe mg/L K mg/L Mg mg/L Mn mg/L Na mg/L P mg/L S mg/L
15 1 8,32 104,3 5,05 120,00 0,01 4,80 156,20 0,30 995,00 0,53 1015,00
15 3 8,25 166 4,94 120,00 0,02 4,51 163,50 1,20 1000,00 0,65 1015,00
15 6 8,05 23,7 5,18 114,50 0,09 4,47 176,10 1,32 977,00 0,92 1087,00
15 10 7,95 -46,1 5,1 112,00 0,06 4,40 177,00 1,39 926,00 1,14 950,00
15 15 7,74 -96,9 5,17 129,50 0,08 3,82 223,00 1,64 955,00 1,27 1070,00
15 21 7,52 -108,2 5,15 114,00 0,09 3,85 229,00 1,69 993,00 1,45 955,00
15 28 7,68 -62,4 5,36 128,40 0,11 4,12 251,00 2,00 1022,00 1,66 973,00
15 35 7,6 -72,6 5,35 125,40 0,06 4,10 246,00 1,82 1016,00 1,57 982,00
15 42 7,44 -74 5,44 125 0,107 5,3 254 2,13 1000 2 1017
18 1 6,49 179,5 0,356 0,60 2,79 1,12 1,04 0,02 4,87 0,03 1,90
18 3 6,51 165 0,397 12,41 3,914 3,991 9,149 1,137 77,02 0,0721 44,86
18 6 6,87 6,1 0,496 11,68 3,64 3,492 8,517 1,076 86,55 0,0704 46,35
18 10 7,12 -52,9 0,572 15,70 7,00 4,30 11,50 1,45 87,70 0,10 46,40
18 15 6,96 -57,8 0,608 17,52 7,86 3,97 12,72 1,64 89,50 0,14 47,91
18 21 6,85 -50,6 0,59 18,32 7,61 4,01 13,20 1,70 93,72 0,13 47,46
18 28 6,94 -48,6 0,628 18,66 7,29 3,80 13,45 1,72 96,64 0,09 47,88
18 35 7,07 -47,9 0,634 19,00 6,72 3,85 13,70 1,77 94,98 0,09 47,86
18 42 6,62 21,4 0,521 11,05 2,36 3,967 8,156 0,9623 86,72 0,034 50,17
Tableau 6.9: Evolution du pH et du Eh (mV) durant l’exposition des solutions extractes après 28 jours d’incubation
pH pH pH pH pH pH Eh Eh Eh Eh Eh Eh
N° à t=28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5 à t = 28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5
1 6,89 8,45 8,41 8,34 8,43 8,35 -26,2 132,4 100 100,7 101,6 101,7
2 6,67 8,38 8,16 8,05 7,66 7,94 214 126,7 140 136,8 133,3 128,5
3 7,28 8,71 8,7 8,67 8,69 8,66 -38,3 124,5 95,2 95 95,6 94,8
4 7,2 8,7 8,64 8,63 8,63 8,62 62,5 124,5 96,5 95 95,4 93,2
5 7,33 8,77 8,86 8,87 8,89 8,87 -28,2 126 99,6 98,5 97,8 96,4
6 7,24 8,64 8,42 8,39 8,37 8,36 66,2 113 133,4 120,2 122,9 126,4
7 6,48 7,51 7,38 7,63 7,7 7,42 229,3 113,1 121,8 100,8 112,2 104,3
8 6,62 7,86 7,83 8,05 8,07 7,86 76,5 127,4 122,6 107,5 115,2 101
9 7,4 8,64 8,5 8,54 8,47 8,47 38,2 114 124,8 115,1 101,9 123,3
10 6,78 7,83 7,9 8,07 8,08 7,94 219,2 106,9 117,6 94,8 104 99,5
11 6,92 8,14 8,13 8,26 8,29 8,16 202,5 124,9 123,3 101,2 106,2 101,1
12 6,7 8,28 8,13 8,03 8,05 8,13 -24,2 121,6 142 144 112,2 133,2
13 7,36 8,6 8,38 8,39 8,35 8,44 89,4 110,3 127,9 133,7 120,8 121,7
14 7,27 8,6 8,49 8,44 8,38 8,51 -36,1 113,9 133,3 134,2 121,2 119,8
15 7,68 8,71 8,86 8,84 8,88 8,88 -56 118,3 99 99,2 96,7 98,2
16 8,06 8,88 8,72 8,67 8,63 8,73 98,5 102,3 115,9 127 114,6 110,8
17 6,84 8,41 8,27 8,21 8,12 8,13 98,5 110,2 135,7 140,5 124,4 121,3
18 6,94 8,51 8,61 8,64 8,66 8,65 -48,6 127,1 98,5 101,3 100,7 98,4
330
Annexes
Tableau 6.9 (suite) : Evolution du pH et du Eh (mV) durant l’exposition des solutions extractes après 28 jours
d’incubation
pH pH pH pH pH pH Eh Eh Eh Eh Eh Eh
N° à t=28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5 à t=28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5
19 8,9 8,74 8,68 8,77 8,79 8,67 139,7 105,1 104,8 86,7 91,8 88,3
20 7,58 8,44 8,22 8,28 8,18 8,26 211,8 118 132,7 124,2 111 129,7
21 8,3 8,03 7,97 7,94 7,78 7,97 190 120,1 136,2 125,9 113,9 131
22 7,58 8,57 8,37 8,37 8,29 8,41 100,8 110,7 137 139,8 124,1 126,3
23 8,56 8,15 8,17 8,2 7,97 8,22 78,7 115 130,7 140,7 123 122,8
24 8,94 8,26 8,28 8,26 8,09 8,22 172,7 111 128 134,6 116 120,2
25 7,42 8,19 8,02 8,04 7,8 7,98 98 118,5 148 146,7 122,8 137,5
26 8,39 7,99 7,91 7,96 7,75 7,92 201 126,7 148,6 145,8 118,9 136,2
27 6,7 8,16 8,14 8,11 7,98 8,13 192,1 137,7 149,6 147,6 125,4 140,2
28 7,77 8,33 8,19 8,28 8,47 8,4 175,8 128,2 96,1 150 158,9 129,6
29 8,41 8,32 8,23 8,17 8,47 8,36 157,2 122,5 88 142,2 149,6 122,6
30 7,02 8,18 8,18 8,3 8,28 8,19 198,2 124,3 123 104,2 112,4 102,7
31 7,96 8,38 8,21 8,38 8,45 8,46 169,7 125,7 94,7 141,5 148,9 127
32 8,43 8,28 8,23 8,2 8,5 8,29 159,6 124,4 98 139,4 147,8 124,9
33 7,05 8,33 8,4 8,37 8,65 8,49 204 131,6 109,9 141,9 148,1 128,5
34 8,66 8,37 8,32 8,42 8,45 8,33 96,1 112,2 112,3 97,8 103,1 94,2
35 8,63 8,43 8,38 8,36 8,43 8,39 153,9 121,5 101,6 134,1 142,4 120,3
36 7,77 8,17 8,15 8,23 8,24 8,18 178,6 121 119,2 105,1 109,7 100,6
37 7,88 7,94 7,91 7,84 7,89 8,98 175,4 136,7 121,3 149,2 155,1 135,2
38 8,37 7,95 7,96 7,92 7,92 7,98 162,8 138,7 123,4 149,5 156,1 135,8
39 7,44 8,4 8,45 8,56 8,57 8,47 176 123,6 122,3 108,4 111,8 104,2
40 8,61 8,4 8,37 8,47 8,51 8,39 162,1 107,1 110,8 101,8 102 93,6
41 8,87 8,51 8,45 8,55 8,58 8,46 141,3 104,5 110,9 102,9 103,3 92,8
42 8,58 8,61 8,62 8,68 8,72 8,64 145,8 111,3 112,8 105,3 103,9 94,7
43 9,28 8,52 8,46 8,49 8,53 8,45 143,9 108,3 109,9 104,1 104,7 95,1
44 8,77 8,42 8,37 8,48 8,52 8,35 148,4 114,3 114,1 110,7 107 98,7
45 6,51 8,1 8,04 8,06 8,14 8,19 188,3 138,9 120,7 149,8 158,5 136,2
46 8,01 8,16 8,13 8,11 8,22 8,17 166,7 131,6 113,4 140,6 149,6 128,3
47 8,08 8,21 8,22 8,17 8,32 8,26 148,1 129,3 112,6 132,2
48 6,69 8,19 8,25 8,17 8,38 8,27 199,8 137,1 120,4 144,7 153,7 133,4
49 8,5 8,29 8,34 8,26 8,41 8,34 156 125,6 109,3 135,6 143,3 122,8
50 8,14 8,17 8,14 8,17 8,33 8,24 136,4 130,3 114,6 140,2 147,4 127,5
51 6,32 7,06 7,4 7,67 7,44 7,07 239,1 125,3 133,7 131 116,6 100
52 7,74 8,15 8,09 8,15 8,34 8,24 142,7 132,9 118,1 142,7 150,1 131,2
53 7,99 8,08 8,08 8,07 8,23 8,07 167,6 136,2 119,4 143,8 151,8 132,6
331
Annexes
2. Résultats détaillés sur la chimie des solutions incubées pendant 28 jours et sur la composition du complexe d’échange
332
Annexes
333
Annexes
334
Annexes
Tableau 6. 11: Composition du complexe d'échange des sols incubés pendant 28 jours (cmolc/kg)
N° Ca Fe K Mg Mn Na N° Ca Fe K Mg Mn Na
1 5,35 0,266 0,28 4,85 0,252 0,31 28 11,76 0 0,2 9,7 0 3,14
2 6,01 0 0,28 5,27 0,119 0,5 29 11,42 0 0,18 8,17 0,001 3,87
3 8,5 0,004 0,16 5,24 0,164 0,33 30 6,57 0 0,3 6,85 0 2,3
4 6,87 0 0,13 2,67 0,034 0,29 31 10,75 0 0,19 9,47 0 3,41
5 14,29 0 0,87 10,5 0,137 1,84 32 13,06 0 0,18 8,58 0 4,4
6 19,32 0 1,15 9,53 0,11 0,42 33 6,64 0 0,21 5,75 0,033 1,03
7 5,72 0 0,19 5,25 0,01 0,47 34 11,46 0 0,2 9,61 0,006 4,82
8 5,56 0,055 0,17 3,85 0,257 0,38 35 13,97 0 0,19 10,09 0,0001 7,07
9 6,59 0 0,25 4,92 0,185 1,12 36 1,29 0 0,12 2,63 0 1,32
10 4,67 0 0,28 5,73 0,0005 2,17 37 2,64 0 0,18 3,65 0 4,51
11 5,04 0 0,38 7,54 0,123 2,25 38 8,43 0 0,2 6,45 0,001 5,41
12 3,81 0,024 0,13 2,35 0,145 0,31 39 2,98 0 0,05 1,09 0,001 0,44
13 17,26 0 1,3 9,5 0,11 0,96 40 6,24 0 0,21 6,16 0,0001 4,81
14 16,62 0 1,24 9,15 0,075 0,83 41 9,67 0 0,22 6,55 0,0124 5,22
15 2,99 0 0,17 6,28 0,046 1,61 42 4,14 0 0,09 3,12 0,008 1,66
16 5,43 0 0,19 4,5 0,002 2,51 43 5,7 0 0,18 5,28 0,002 10,6
17 5,79 0,007 0,36 6,36 0,166 0,93 44 12,27 0 0,15 7,76 0 4,26
18 5,06 0,968 0,28 4,59 0,316 0,57 45 7,18 0 0,12 2,85 0 0,04
19 5,42 0 0,38 2,49 0,003 6,06 46 10,57 0 0,17 7,32 0,001 0,66
20 10,01 0 0,19 6,42 0 1,71 47 15,98 0 0,2 8,22 0 1,8
21 8,81 0 0,14 5,94 0,0004 2,22 48 5,6 0 0,1 2,31 0,0002 0,25
22 8,23 0 0,26 7,69 0 2,48 49 11,08 0 0,17 6,53 0,002 2,39
23 9,35 0 0,2 6,22 0,001 3,34 50 13,71 0 0,18 8,33 0 1,86
24 8,44 0 0,16 5,72 0,001 4,91 51 4,95 0 0,14 1,93 0,025 0,04
25 5,06 0 0,2 6,78 0 2,63 52 8,26 0 0,18 6,98 0 0,92
26 9,75 0 0,23 8,46 0,001 3,78 53 13,52 0 0,15 6,17 0,001 0,94
27 5,69 0 0,21 4,73 0,123 0,72
335
Annexes
Annexe au chapitre 7
ΔK PBC
N° sol Ko (mM) Ca (mg/L) Keq (mg/L) Mg (mg/L) Na (mg/L) ARK (cmolc/kg) (cmolc/kg)
1 0 37,87 4,545 28,01 37 0,0028 -0,12 48,23
1 0,5 37,15 5,316 28,22 38,28 0,0033 -0,08 47,77
1 0,1 37,32 6,286 28,48 37,92 0,0039 -0,06 47,21
1 0,2 37,76 8,198 28,74 38 0,0050 0,00 46,11
1 1 42,07 24,84 31,38 37,7 0,0147 0,39 36,98
1 2 46,74 48,02 34,02 37,92 0,0273 0,79 25,00
2 0 28,23 2,42 19,55 29,32 0,0017 -0,06 99,43
2 0,5 28,33 2,952 19,516 29,76 0,0021 -0,02 98,38
2 0,1 28,16 3,392 19,848 30,42 0,0024 0,02 97,53
2 0,2 29,27 4,686 20,56 30,22 0,0033 0,09 95,14
2 1 34,09 14,766 23,64 30,68 0,0098 0,65 77,48
2 2 40,55 30,4 27,3 31,4 0,0188 1,24 52,92
3 0 34,49 1,7244 20,12 37,68 0,0012 -0,04 81,92
3 0,5 34,62 2,092 20,1 37,9 0,0014 0,00 81,31
3 0,1 34,35 2,878 20,52 38,32 0,0020 0,03 80,00
3 0,2 35,2 4,156 20,88 38,54 0,0028 0,11 77,91
3 1 39,86 16,162 23,38 38,78 0,0104 0,61 59,24
3 2 47,32 35,2 26,74 39,24 0,0211 1,11 32,78
4 0 41,54 1,3526 16,912 23,5 0,0009 -0,03 61,90
4 0,5 41,92 2,008 16,894 24,92 0,0014 0,00 61,22
4 0,1 41,77 2,578 17,388 24,06 0,0017 0,04 60,63
4 0,2 42,29 4,278 17,572 24,78 0,0028 0,10 58,88
4 1 47,66 18,558 19,524 24,68 0,0118 0,55 45,01
4 2 54,23 39,92 21,52 24,6 0,0241 0,99 25,85
5 0 34,33 5,17 21,68 148,82 0,0036 -0,13 206,00
5 0,5 34,8 5,372 21,8 147,82 0,0037 -0,09 204,91
5 0,1 34,58 5,88 22,24 150,96 0,0040 -0,05 201,96
5 0,2 34,98 6,412 22,46 152,06 0,0044 0,05 198,93
5 1 42,74 12,742 26,36 154,08 0,0080 0,70 167,18
5 2 46,54 21,92 28,9 156,46 0,0132 1,45 121,29
6 0 44,12 5,318 20,36 24,6 0,0034 -0,14 217,65
6 0,5 44,51 5,566 20,24 24,5 0,0036 -0,09 215,90
6 0,1 43,91 6,024 20,56 24,84 0,0039 -0,05 212,57
6 0,2 44,62 6,818 20,82 24,78 0,0043 0,04 207,15
6 1 54,01 13,092 24,3 25,24 0,0077 0,69 169,52
6 2 62,17 23,34 27,76 26,02 0,0129 1,41 111,00
336
Annexes
337