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Thèse de Séverin Nijimbere_version Finale

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"Physico-chimie de sols rizicultivés affectés par la

salinité dans la basse vallée de la Rusizi au Burundi"

Nijimbere, Séverin

ABSTRACT

Although salinization of Mugerero paddy soils is the main constraint to rice production, this process has
not yet been investigated thoroughly. This work has been done to fill this gap. Physico-chemical analysis
of soils of this area show that their exchange complex is mostly occupied by nearly equal percentages
of Ca and Mg, while exchangeable sodium percentage vary up to 60% in some cases. Soil solution
is characterized by large amount of sulfate or bicarbonate and sodium while chloride anion is poorly
represented, and an alkaline pH. The Na - (Ca + Mg) exchange is well described either by a single
Vanselow selectivity coefficient equal to 0.5 or by a single Gaines-Thomas selectivity coefficient equal to
0.3, while the Ca - Mg exchange is described by a single selectivity coefficient equal to 1.5. Moreover,
analysis of correlations between yield components of rice and geochemical variables reveals positive
effects of Ca and K ions on rice yield and negative effects of pH, salinity and / or soluble Na, SO4 or
HCO3. The exploration of the cation contents of the soluble and exchangeable phases in five soil to
water ratios shows that their variations as a function of water content are in conformity to the law of ion
exchange and that the composition of solution and exchange phases for any moisture content can be
estimated accurately from measurements carried out at 1/2 soil to water ratio using regression equations.
Furthermore, incubation of the soil does not induce any important release of Fe and Mn in soil solution
probably due to high values of pH. Moreover, potassium b...

CITE THIS VERSION

Nijimbere, Séverin. Physico-chimie de sols rizicultivés affectés par la salinité dans la basse vallée de la
Rusizi au Burundi. Prom. : Dufey, Joseph ; Rufyikiri, Gervais http://hdl.handle.net/2078.1/151616

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Available at: http://hdl.handle.net/2078.1/151616 [Downloaded 2023/09/09 at 11:44:02 ]


Faculté d’ingénierie biologique, agronomique et
environnementale

Earth And Life Institute


Environmental Sciences
Soil Science and Environment Geochemistry Laboratory

Physico-chimie de sols rizicultivés affectés par la salinité dans la


basse vallée de la Rusizi au Burundi

Thèse présentée par Séverin Nijimbere en vue de l’obtention du grade de Docteur en


sciences agronomiques et ingénierie biologique

Membres du jury :

Président Prof. Bruno Henry de Frahan (UCL, Belgique)


Promoteurs Prof. Joseph Dufey (UCL, Belgique)
Prof. Gervais Rufyikiri (Université du Burundi, Burundi)
Lecteurs Prof. Charles Bielders (UCL, Belgique)
Prof. Stanley Lutts (UCL, Belgique)
Prof. Eric Van Ranst (UGent, Belgique)
Prof. Marnik Vanclooster (UCL, Belgique)

Louvain-la-Neuve, septembre 2014


Cette thèse est dédiée à ma famille et à mes parents :

A Charlotte Ndayisaba, mon épouse, et à nos enfants Luc-Brillant et Fanny-Laurette,


pour avoir supporté toute la période d’absence durant cette étude ;

A mon père Elie Karadongeye et à ma regrettée mère Colette Kagoma, pour tant de
sacrifices et d’abnégation consentis pour mes études.

i
Remerciements

Remerciements

Au terme de ce travail, voici venu le temps d’exprimer mes sentiments de


remerciements à toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à sa
réalisation.

Qu’il me soit permis de témoigner mes profonds respects et mes sincères


remerciements et reconnaissances au Professeur Joseph Dufey qui m’a bien m’accueilli
au laboratoire des sciences du sol et géochimie de l’environnement de l’Université
catholique de Louvain (UCL) et a assuré l’encadrement de cette thèse. Vous n’avez
ménagé aucun effort pour la réussite de ce travail ; votre rigueur scientifique et vos
conseils judicieux m’ont guidé tout au long de son élaboration. Merci également pour
tout le temps consacré à cette thèse dès sa conception jusqu’à son achèvement.

Je tiens à remercier vivement Dr Ir Gervais Rufyikiri, Professeur à la Faculté des


sciences agronomiques de l’Université du Burundi, pour m’avoir mis en contact avec
les académiques de l’Université catholique de Louvain, surtout avec le Professeur
Joseph Dufey, et avoir accepté d’assurer le co-encadrement de cette thèse. Votre
porte a été toujours ouverte pour d’innombrables discussions et conseils sur les
travaux de la présente thèse malgré vos nombreuses et lourdes responsabilités en tant
que Deuxième-Vice-Président de la République du Burundi ; je vous en
remercie sincèrement.

J’adresse mes sincères remerciements aux membres du comité d’accompagnement


et/ou du jury de cette thèse pour leurs nombreuses remarques et suggestions
constructives qu’ils n’ont cessé de me prodiguer pour la réussite de ce travail. Je
remercie les professeurs Charles Bielders, Stanley Lutts et Marnik Vanclooster qui ont
accepté de faire partie du comité d’accompagnement malgré leurs emplois de temps
chargés et m’avoir prodigué des conseils constructifs durant tout le déroulement de la
thèse. Je remercie également le Professeur Bruno Henry de Frahan de l’Université
catholique de Louvain, pour avoir accepté de présider le jury de cette thèse et le
Professeur Eric Van Ranst de l’Université de Gand pour avoir accepté de participer au
jury de cette thèse.

J’exprime ma profonde reconnaissance à l’Université catholique de Louvain qui m’a


appuyé financièrement durant la réalisation de cette thèse en m’octroyant une bourse
de coopération au développement.

Ce travail n’aurait pas pu prendre sa forme sans un bon environnement de travail. Je


suis reconnaissant envers tous les membres du groupe de vie SOLS pour les bons
iii
Remerciements

moments passés ensemble : Bruno Delvaux, Joseph Dufey, Philippe Sonnet, Pierre
Delmelle, Jean-Thomas, Sophie, Françoise, Anne, Claudine, André, Patrick, Lucie,
Hugues, Eléonore, Florence, Séverine, David, Benoît, Aubry, Koffi, Marie, Marie-Liesse,
Yolanda, Guevara, Carlos. Merci à tous pour votre gaieté, votre soutien et vos conseils.

Je n’oublierai jamais l’appui technique de Mesdames Claudine Givron et Anne


Iserentant dans toutes les analyses effectuées au laboratoire des sciences du sol et
géochimie de l’environnement. Cette thèse n’aurait pas été ce qu’elle est sans leur
concours. Je les remercie spécialement pour les analyses faites avec HPLC et ICP-AES
dans les délais attendus. J’adresse également un grand merci à Madame Françoise
Hauwen pour tout son encadrement administratif.

Je remercie également les compatriotes burundais qui sont passés à la faculté d’AGRO
pendant la réalisation de cette thèse pour les encouragements reçus et les bons
moments passés ensemble. Je pense spécialement à Syldie Bizimana, Anaclet
Nibasumba, Soter Ndihokubwayo, Jean-Elysée Mbonankira et Willy Irakoze pour leurs
suggestions en vue de l’avancement de ce travail. Merci à la famille Sylvestre
Sinzobakurana pour m’avoir témoigné amitié et fraternité durant mon séjour en
Belgique.

Cette thèse a été réalisée en alternance entre l’UCL et l’Université du Burundi (UB).
Une partie de ce travail a été réalisé à la Faculté des sciences agronomiques de l’UB. Je
salue les encouragements, conseils et suggestions reçus de la part des professeurs de
cette université, spécialement les Professeurs Hassan Nusura et Samuel Ndayiragije.

Je serais ingrat de ne pas remercier les personnes qui m’ont aidé pendant les travaux
de terrain. Je pense spécialement au staff de la SRDI pour les informations qu’il m’a
données concernant la zone d’étude, aux riziculteurs de Mugerero qui ont accepté de
collaborer durant cette étude. J’ai une pensée émue à Jean - Bosco Nduwimana et à
Douce - Angélique Nineza qui ont réalisé leur mémoire à la Faculté des sciences
Agronomiques de l’UB dans le cadre de cette thèse. Ils ont apporté un appui technique
précieux notamment au prélèvement et à la préparation des échantillons de sol et à la
collecte des données sur le rendement du riz.

Je remercie mille fois mes chers parents (mon père Elie Karadongeye et ma regrettée
mère Colette Kagoma) pour tous les peines et sacrifices encourus depuis ma naissance
jusqu’à ce jour dans le seul souci de me voir émergé. Que ma satisfaction à tous ces
égards soit pour vous une fierté sans égale. Je promets la reconnaissance permanente
de tous ces gestes tout au long de ma vie et de ma descendance. Je serais ingrat de ne

iv
Remerciements

pas remercier mes frères et sœurs pour avoir été toujours au côté de ma famille
durant mon absence qui a marqué le déroulement de cette thèse.

Enfin, mes profonds remerciements sont adressés à ma très chère épouse (Charlotte
Ndayisaba) et à nos enfants (Luc-Brillant Nijimbere et Fanny-Laurette Nijimbere) qui
ont trop souffert de mes absences répétitives pendant la réalisation de cette thèse. Le
courage et la patience que vous avez manifestés durant ces périodes de mon absence
seront récompensés par mon attachement grandissant envers vous.

v
Résumé

Résumé de la thèse

La salinisation des sols du périmètre rizicole de Mugerero, bien qu’elle soit la


principale contrainte à la production rizicole, n’a pas encore fait l’objet de recherche
approfondie. Ce travail a été effectué pour combler cette lacune.

Les analyses physico-chimiques de ces sols montrent que le complexe d’échange est
saturé par des taux de Ca et de Mg quasi-équivalents et des taux de Na variables
jusqu’à 60%. La salinité est de type sulfaté ou bicarbonaté avec dominance du Na et
faible part du Cl. La sélectivité du complexe d’échange pour le Na par rapport aux
divalents (Ca+Mg) est bien décrite par une valeur unique du coefficient de sélectivité
de Vanselow égale à 0,5 ou par une valeur unique du coefficient de sélectivité de
Gaines et Thomas égale à 0,3. Quant à la sélectivité de l’échangeur pour le Ca par
rapport au Mg, elle est bien décrite par une valeur unique du coefficient de sélectivité
égale à 1,5.

L’analyse des corrélations entre les composantes du rendement du riz et les variables
pédochimiques révèle des effets positifs du Ca et du K sur le rendement rizicole et des
effets négatifs du pH, de la salinité et/ou des ions solubles Na, SO4 ou HCO3.

L’analyse des teneurs en cations solubles et échangeables à cinq rapports sol/eau


montre que leurs variations en fonction de la dilution sont conformes à la loi des
échanges ioniques et que les mesures faites à la dilution 1/2 peuvent servir au calcul
des valeurs correspondantes à n’importe quelle dilution.

Par ailleurs, l’engorgement des sols en anaérobiose n’est pas suivi de libération des
cations Fe et Mn en raison des pH élevés. En outre, le pouvoir tampon vis-à-vis du K
peut être bien prédit à partir du taux d’argile ou de sable.

En définitive, les sols de Mugerero connaissent des problèmes de salinité, de sodicité


et d’alcalinité qui méritent d’être profondément étudiés en vue d’une bonne
production agricole.

vii
Summary

Summary

Although salinization of Mugerero paddy soils is the main constraint to rice production,
this process has not yet been investigated thoroughly. This work has been done to fill
this gap.

Physico-chemical analysis of soils of this area show that their exchange complex is
mostly occupied by nearly equal percentages of Ca and Mg, while exchangeable
sodium percentage vary up to 60% in some cases. Soil solution is characterized by large
amount of sulfate or bicarbonate and sodium while chloride anion is poorly
represented, and an alkaline pH. The Na - (Ca + Mg) exchange is well described either
by a single Vanselow selectivity coefficient equal to 0.5 or by a single Gaines-Thomas
selectivity coefficient equal to 0.3, while the Ca - Mg exchange is described by a single
selectivity coefficient equal to 1.5. Moreover, analysis of correlations between yield
components of rice and geochemical variables reveals positive effects of Ca and K ions
on rice yield and negative effects of pH, salinity and / or soluble Na, SO4 or HCO3. The
exploration of the cation contents of the soluble and exchangeable phases in five soil
to water ratios shows that their variations as a function of water content are in
conformity to the law of ion exchange and that the composition of solution and
exchange phases for any moisture content can be estimated accurately from
measurements carried out at 1/2 soil to water ratio using regression equations.
Furthermore, incubation of the soil does not induce any important release of Fe and
Mn in soil solution probably due to high values of pH. Moreover, potassium buffering
capacity of these soils can be well predicted from clay content or sand content.

Finally, soils of interest exhibit problems of salinity, sodicity and alkalinity that deserve
to be keenly investigated for a best management in order to increase agricultural
production.

viii
Liste des abréviations

Liste des abréviations

Adsorption ratio of potassium


Rapport d’activité du K au moment où le sol ne gagne ni ne perd de K
∆G Variation d’énergie libre de Gibbs
∆G° Variation de l’énergie libre standard de Gibbs
∆K Quantité de K retenu sur le sol
A% Teneur en sable
aCa Activité de calcium en solution
Ac-Na Acétate de sodium
Ac-NH4 Acétate d’ammonium
ACP Analyse en composantes principales
aD Activité des cations divalents en solution
Alk Alcalinité
aNa Activité du sodium en solution
ANC Acid Neutralization capacity
C% Teneur en carbone organique
Ca éch Calcium échangeable (cmolc/kg)
CCa Concentration molaire de Ca en solution
CE Conductivité électrique
CEC Capacité d’échange cationique
CEC-Na Capacité d’échange cationique mesurée avec acétate de sodium
CEC-NH4 Capacité d’échange cationique mesurée avec acétate d’ammonium
CEE Communauté économique européenne
CEfc Conductivité électrique de l’extrait à la capacité au champ
CEse Conductivité électrique de l’extrait de la pâte saturée
CK Concentration molaire de K en solution
CMg Concentration molaire de Mg en solution
CNa Concentration molaire de Na en solution
CV Coefficient de variation
D Divalent (cations)
DAP Diammonium phosphate
E° Potentiel standard d’électrode
ECP Exchangeable calcium percentage
ED Fraction équivalente des cations divalents sur la phase surface
Eh Potentiel d’oxydo-réduction ou potentiel redox
EIP Exchangeable iron percentage

ix
Liste des abréviations

EMaP Exchangeable manganese percentage


EMP Exchangeable magnesium percentage
ENa Fraction équivalente du sodium sur la phase surface
ESP Exchangeable Sodium Percentage
ESR Exchangeable Sodium Ratio
ETP Evapotranspiration potentielle
F Constante de Faraday (= 9,65.104 C.mol-1)
FED-IMBO Fonds Européen de Développement
HPLC High-performance liquid chromatography
Hz Horizon du sol
I Force ionique de la solution
ICP-AES Inductively coupled plasma atomic emission spectroscopy
IGEBU Institut Géographique du Burundi
IRRI International Rice Research Institute
ISABU Institut des Sciences Agronomiques du Burundi
K éch Potassium échangeable (cmolc/kg)
KC Coefficient de sélectivité de Gaines et Thomas
KC ’ Coefficient de sélectivité de Gaines -Thomas pour les faibles sodicités
KG Coefficient de sélectivité d’échange de Gapon
KG’ Coefficient de Gapon calculé pour les faibles sodicités
KG’* Coefficient de Gapon calculé pour les faibles sodicités avec les activités
des cations en solution
Ki Produit d’activité ionique
Kij Coefficient de sélectivité de l’échangeur pour le cation i par rapport au
cation j
Coefficient de sélectivité de l’échangeur pour le cation i par rapport au
cation j, calculé avec les activités en solution
KV Coefficient de sélectivité d’échange de Vanselow
KV ’ Coefficient de sélectivité de Vanselow calculé pour les faibles sodicités
L% Teneur en limon
MAPE Mean absolute percentage error
MD Fraction molaire des cations divalents sur la phase surface
Mg éch Magnésium échangeable (cmolc/kg)
MNa Fraction molaire du sodium sur la phase surface
MO Teneur en matière organique
MPDR Ministère de la Planification du Développement et de la Reconstruction
Na éch Sodium échangeable (cmolc/kg)
x
Liste des abréviations

Nb talles Nombre de talles par touffe


NEPAD New Partnership for Africa’s Development
Ox Oxydant
PBC Potassium Buffering Capacity (pouvoir tampon du sol vis-à-vis du K)
pH potential d’hydrogène
pKi logarithme du produit d’activité ionique
pKs logarithme du produit d’activité ionique à saturation
pmgp Poids de mille grains pleins
PO Pression osmotique
Q/I Quantité/intensité
R Constante des gaz parfaits (= 8,31 JK-1mol-1)
Rd Réducteur
Rdt Rendement
RMSE Root-mean-square error
RSC Residual sodium carbonate
S An Somme d’anions dissous
S Cat Somme de cations dissous
S% Teneur en sable
SAR Sodium Adsorption Ratio
SAR* Sodium adsorption ratio, calculé avec les activités
SD Ecart type
SEMS Station d’Expérimentation et de Multiplication des Semences
SRDI Société Régionale de Développement de l’Imbo
T Température
TDS Total Dissolved Salts
Tx St Taux de stérilité
̅m Température moyenne mensuelle
UB Université du Burundi
UCL Université catholique de Louvain
USDA United States Department of Agriculture
Ve Volume d’eau en mL par g de sol sec
W/V Masse de sol sec /volume de la solution

xi
Table des matières

Table des matières


Remerciements ............................................................................................................. iii
Résumé de la thèse ...................................................................................................... vii
Summary ..................................................................................................................... viii
Liste des abréviations ................................................................................................... ix

Table des matières.......................................................................................................... xiii

Introduction générale et objectifs .....................................................................................1

Introduction générale ....................................................................................................1


Objectifs de la thèse ......................................................................................................4

Première partie : Revue bibliographique ..........................................................................7

Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols ......................9

1.1. Introduction ............................................................................................................9


1.2. Origines des sels......................................................................................................9
1.3. Effets de la salinité et de la sodicité sur les plantes .............................................11
1.4. Détermination des propriétés de salinité et de sodicité des sols ........................11
1.4.1. Mesure de la salinité ......................................................................................12
1.4.2. Mesure de la sodicité .....................................................................................14
1.5. Classification des sols affectés par la salinité .......................................................16
1.5.1. Les sols salins..................................................................................................17
1.5.2. Les sols sodiques ............................................................................................18
1.5.3. Les sols salins sodiques ..................................................................................19
1.6. Distribution des sols affectés par la salinité au monde ........................................20

Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi ..............23

2.1. Localisation géographique ....................................................................................23


2.2. Géologie et géomorphologie ................................................................................25
2.2.1. Géologie de la plaine de la Rusizi ...................................................................25
2.2.2. Géologie, géomorphologie et pédologie de la plaine de la Basse Rusizi .......26
2.2.2.1. Géologie ...................................................................................................26
2.2.2.2. Géomorphologie et pédologie ................................................................27
2.3. Climatologie ..........................................................................................................30
2.3.1. Les précipitations ...........................................................................................31
2.3.2. Les températures ...........................................................................................32
2.3.3. L’humidité relative .........................................................................................34

xiii
Table des matières

2.3.4. Les vents .........................................................................................................35


2.3.5. L’insolation .....................................................................................................36
2.4. Hydrologie .............................................................................................................36
2.5. Occupation des sols ..............................................................................................38
2.6. Origine des sels dans la plaine de la Basse Rusizi au Burundi ..............................39
2.6.1. Facteurs de salinisation des sols de la plaine de la Rusizi ..............................39
2.6.1.1. Environnement géographique et climat .................................................39
2.6.1.2. Les colluvionnements des contreforts du Mumirwa ..............................40
2.6.1.3. Etat de drainage ......................................................................................41
2.6.1.4. Géologie et hydrogéochimie du bassin de la Rusizi ................................41
2.6.1.5. Les eaux de la Rusizi et du lac Kivu ..........................................................43
2.6.1.6. Régime d’irrigation pour la riziculture ....................................................44
2.6.2. Conclusion ......................................................................................................46

Deuxième partie : Aspects pratiques et expérimentaux de la recherche .......................49

Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre


rizicole de Mugerero dans la basse vallée de la Rusizi au Burundi .................................51

3.1. Introduction ..........................................................................................................55


3.2. Matériel et méthodes ...........................................................................................57
3.2.1. Zone d’étude ..................................................................................................57
3.2.2. Echantillonnage ..............................................................................................58
3.2.3. Analyses physico-chimiques...........................................................................60
3.2.4. Analyse statistique .........................................................................................62
3.3. Résultats et discussion ..........................................................................................62
3.3.1. Caractéristiques constitutives ........................................................................62
3.3.1.1. Texture du sol ..........................................................................................62
3.3.1.2. Minéralogie de la fraction argileuse ........................................................63
3.3.1.3. Teneur en matière organique..................................................................64
3.3.1.4. Capacité d’échange cationique ...............................................................65
3.3.2. Salinité totale et alcalinité..............................................................................68
3.3.2.1. Conductivité électrique ...........................................................................68
3.3.2.2. pH.............................................................................................................69
3.3.2.2. Carbonates totaux ...................................................................................69
3.3.3. Analyse ionique détaillée des sels solubles ...................................................69
3.3.3.1. Cohérence des résultats analytiques ......................................................69
3.3.3.2. Comparaison de pH et CE des extraits 1/2 avec les suspensions 1/5 .....71
3.3.3.3. Composition ionique des solutions extraites ..........................................73
3.3.3.4. Spéciation des solutions ..........................................................................78
3.3.4. Composition cationique du complexe d’échange ..........................................81
3.3.5. Relations entre solutions et complexes d’échange .......................................86

xiv
Table des matières

3.3.5.1. Relation entre le taux de Na échangeable et la composition de la


solution d’équilibre...............................................................................................86
3.3.5.1.1. Formalisme de Gapon ...................................................................... 86

3.3.5.1.2. Formalisme de Vanselow ................................................................. 91

3.3.5.1.3. Formalisme de Gaines & Thomas .................................................... 92

3.3.5.1.4. Comparaison théorique des trois coefficients de sélectivités ......... 94

3.3.5.2. Equilibres d’échange entre le calcium et le magnésium .........................95


3.4. Conclusion .............................................................................................................97

Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques et des pratiques agricoles sur la


production du riz dans le périmètre rizicole de Mugerero .............................................99

4.1. Introduction ........................................................................................................103


4.2. Matériels et méthodes........................................................................................105
4.2.1. Zone d’étude ................................................................................................105
4.2.2. Choix des parcelles d’échantillonnage .........................................................105
4.2.3. Méthode de collecte des paramètres du rendement ..................................105
4.2.4. Méthodes d’échantillonnage et d’analyse des sols .....................................106
4.2.5. Enquête sur la phytotechnie du riz dans les exploitations rizicoles ............107
4.2.6. Analyse des résultats ....................................................................................107
4.3. Résultats et discussion ........................................................................................108
4.3.1. Evolution des paramètres physico-chimiques des parcelles rizicoles .........108
4.3.2. Pratiques agricoles associées à la riziculture du périmètre de Mugerero ...113
4.3.3. Niveau et évolution du rendement rizicole et de ses composantes ...........114
4.3.4. Analyse de la corrélation entre les paramètres du sol, les fertilisants et les
paramètres de rendement du riz ...........................................................................119
4.3.4.1. Effets des fertilisants sur la production du riz .......................................119
4.3.4.2. Effet des propriétés physico-chimiques des sols sur la productivité du riz...121
4.3.4.2.1. Transformation des données ......................................................... 121

4.3.4.2.2. Analyse des corrélations ................................................................ 122

4.3.4.2.3. Analyse des composantes principales ........................................... 124

4.3.4.3. Modèles de prédiction du rendement à partir des propriétés chimiques


du sol par régression multiple ............................................................................127
4.3.4.4. Discussion des résultats.........................................................................133
4.4. Conclusion ...........................................................................................................135

xv
Table des matières

Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité, spéciation


et modélisation ..............................................................................................................137

5.1. Introduction et objectifs .....................................................................................141


5.2. Matériels et méthodes........................................................................................142
5.3. Résultats et discussion ........................................................................................143
5.3.1. Cohérence des résultats analytiques ...........................................................143
5.3.2. Evolution des variables pédochimiques en fonction de la dilution .............147
5.3.2.1. Effet de la dilution sur le pH ..................................................................147
5.3.2. Effet de la dilution sur la conductivité électrique des solutions ..................150
5.3.3. Relation entre les suspensions et les extraits au rapport sol/eau de 1/5 pour
le pH et la conductivité électrique .........................................................................154
5.3.4. Effet de la dilution sur les ions solubles .......................................................155
5.3.4.1. Composition des solutions d’équilibre ..................................................155
5.3.4.2. Effet de la dilution sur les concentrations ioniques des solutions
d’équilibre...........................................................................................................159
5.3.5.1. Spéciation chimique des solutions extraites .........................................162
5.3.5. Effet de la dilution sur les cations échangeables .........................................165
5.3.6. Effet de la dilution sur le taux de sodium échangeable ...............................167
5.3.7. Effet de la dilution sur l’équilibre d’échange entre le complexe d’échange et
la solution ...............................................................................................................171
5.3.7.1. Formulation théorique ..........................................................................171
5.3.7.2. Equilibre d’échange entre le sodium et les cations divalents ...............174
5.3.7.2.1. Formalisme de Gapon .................................................................... 174

5.3.7.2.2. Formalisme de Vanselow ............................................................... 178

5.3.7.2.3. Formalisme de Gaines et Thomas ................................................. 182

5.3.7.3. Equilibre d’échange entre le magnésium et le calcium ........................185


5.3.7.4. Synthèse sur les équilibres d’échange cationique ................................190
5.4. Conclusion ...........................................................................................................191

Chapitre 6. Effets de l’engorgement de sols affectés par la salinité sur leurs propriétés
physico-chimiques .........................................................................................................195

6.1. Introduction ........................................................................................................199


6.2. Matériels et méthodes........................................................................................200
6.2.1. Sols utilisés ...................................................................................................200
6.2.2. Suivi de la cinétique des propriétés chimiques des solutions des sols au
cours de l’incubation en anaérobiose ....................................................................200
6.2.3. Détermination des changements des propriétés physico-chimiques de sols
incubés en anaérobiose pendant une durée fixe ..................................................201
6.3. Résultats et discussion ........................................................................................204
xvi
Table des matières

6.3.1. Cinétique de modification des caractéristiques de la solution du sol suite à


l’incubation en anaérobiose ...................................................................................204
6.3.1.1. Evolution du pH .....................................................................................204
6.3.1.2. Evolution du potentiel d’oxydoréduction .............................................205
6.3.1.3. Evolution de la conductivité électrique .................................................210
6.3.1.4. Evolution des ions solubles ...................................................................210
6.3.2. Analyse de la composition de la solution, du complexe d’échange et de
l’équilibre d’échange cationique entre ces deux phases après une incubation de 28
jours ........................................................................................................................216
6.3.2.1. Effet de l’anaérobiose sur les paramètres de la solution ......................216
6.3.2.1.1. Effet de l’incubation sur le pH ....................................................... 216

6.3.2.1.2. Effet de l’anaérobiose sur la potentiel d’oxydoréduction Eh ........ 218

6.3.2.1.3. Effet de l’anaérobiose sur la conductivité électrique .................... 220

6.3.2.1.4. Effet de l’anaérobiose sur la composition ionique des solutions .. 220

6.3.2.1.5 Effet de l’anaérobiose sur l’équilibre de solubilité des minéraux .. 225

6.3.2.2. Effet de l’anaérobiose sur la composition du complexe d’échange .....227


6.3.2.3. Variabilité des propriétés de la solution et du complexe d’échange entre
les parcelles rizicoles et les parcelles abandonnées et variabilité verticale de ces
propriétés ...........................................................................................................228
6.3.2.4. Effet de l’anaérobiose sur les équilibres d’échange cationique ...........232
6.3.2.4.1. Echange entre le sodium et les cations divalents.......................... 233

6.3.2.4.2. Echange entre le calcium et le magnésium ................................... 238

6.3.2.4.3. Synthèse sur l’effet de l’anaérobiose sur les équilibres d’échange


cationique ...................................................................................................... 239

6.4. Conclusion ...........................................................................................................241

Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés du périmètre rizicole de


Mugerero à l’égard du potassium en relation avec les propriétés des sols .................243

7.1. Introduction ........................................................................................................247


7.2. Matériels et méthodes........................................................................................249
7.2.1. Considérations théoriques ...........................................................................249
7.2.2. Procédures expérimentales .........................................................................252
7.2.2.1. Sols utilisés ............................................................................................252
7.2.2.2. Modes de saturation des sols en potassium et traçage des courbes
Quantité-intensité ..............................................................................................253
7.3. Résultats et discussion ........................................................................................255
7.4. Conclusion ...........................................................................................................265

xvii
Table des matières

Discussion générale et perspectives .............................................................................267

Discussion générale .......................................................................................................267

Avancées et limitations ..............................................................................................270


Perspectives ...............................................................................................................273
Proposition du mode de gestion adéquat des sols de Mugerero .............................276
Conclusion générale...................................................................................................280

Références bibliographiques .........................................................................................283

Annexes .........................................................................................................................297

xviii
Introduction générale et objectifs

Introduction générale et objectifs

Introduction générale

La salinité est l’un des grands facteurs environnementaux qui limitent la production
agricole (Pitman et Läuchli, 2002). Un sol affecté par la salinité est caractérisé par la
présence d’un excès de sels solubles souvent associé à un taux élevé de sodium
échangeable qui lui confère des propriétés chimiques et physiques défavorables à la
croissance des végétaux. La salinité d’un sol affecte les plantes par des effets
osmotiques, par la toxicité induite par certains ions et/ou par des déséquilibres
nutritionnels (Marschner et al., 1995 ; Evangelou et Mcdonald, 1999). Les espèces
ioniques les plus rencontrées sont les cations Na+, Ca2+, Mg2+, et K+ et les anions Cl-,
SO42-, HCO3-, et CO32-. Les propriétés mécaniques et physiques des sols (la dispersion
des particules, l’infiltration, la structure et la stabilité des agrégats,…) dépendent
largement des ions échangeables en présence (Shainberg, 1975) et de la force ionique
de la solution. Le sodium échangeable est la cause principale des états de dispersion et
d’effondrement de la structure dont les effets se manifestent particulièrement lorsque
la concentration en sels de la solution est réduite.

Une bonne gestion des sols salins/sodiques nécessite dès lors la connaissance de leurs
teneurs en sels solubles et du pourcentage de sodium échangeable (ESP). Le calcul de
l’ESP requiert la détermination préalable du sodium échangeable et de la capacité
d’échange cationique (CEC) ou des cations Ca, Mg et K échangeables. La détermination
des cations échangeables et de la CEC au laboratoire est laborieuse, prend beaucoup
de temps et est sujette à des difficultés particulières en sols salés puisque les cations
extraits par les réactifs conventionnels tels que l’acétate-NH4 concentré incluent non
seulement les cations provenant du complexe d’échange, mais également ceux qui
proviennent des sels solubles et de la dissolution éventuelle de certains minéraux
(Abrol et al., 1988). Cette dernière raison a poussé les chercheurs à établir des
équations de prédiction de l’ESP à partir de la composition d’extraits aqueux supposés
refléter la composition de la solution du sol à un rapport sol/eau conventionnel.

Le modèle le plus souvent pris comme référence encore actuellement est celui qui a
été établi il y a déjà une soixantaine d’années par le US Salinity Laboratory (USDA,
1954) sur la base de l’analyse d’extraits de pâte saturée de 59 échantillons de sol de
l’Ouest des Etats-Unis. L’équation de régression empirique obtenue entre la garniture
sodique du complexe d’échange et la composition des extraits de pâte saturée est la
suivante :

1
Introduction générale et objectifs

ESR = -0,0126 + 0,01475 SAR

où ESR est le « Exchangeable Sodium Ratio » défini par la relation ESR = ESP/(100-ESP),
ESP étant exprimé en %, et SAR est le « Sodium Adsorption Ratio » défini par SAR =
CNa/(CCa+CMg)0,5, CNa, CCa et CMg étant respectivement les concentrations en Na, Ca et
Mg solubles dans l’extrait de la pâte saturée en millimoles par litre (mM).

Divers auteurs ont critiqué cette équation par le fait qu’elle considère les cations
divalents Ca et Mg comme ayant le même comportement d’échange (Bower, 1959),
qu’elle néglige le fait qu’une fraction des cations totaux dosés en solution sont
impliqués dans la formation de paires ioniques ne participant pas aux processus
d’échange (Sposito et Mattigod, 1977) et que, fondamentalement, elle se base sur le
formalisme de sélectivité d’échange de Gapon dont l’assise thermodynamique pose
problème (Sposito, 1977; Evangelou et Phillips, 1988), la pente de la relation ESR vs
SAR ne pouvant pas, de façon rigoureuse, être considérée comme constante dans une
gamme étendue de valeurs de ces paramètres. On peut ajouter que cette équation
basée sur les concentrations en solution devrait dépendre de la salinité totale de la
solution, ou plus précisément de la force ionique dont dépendent les coefficients
d’activité ionique, et donc la réactivité effective des cations dans les équilibres
d’échange (Evangelou et Marsi, 2003; Kopittke et al., 2006). Malgré ces critiques, de
nombreux auteurs ont établi et utilisé des équations empiriques analogues car elles
présentent un intérêt pratique vu leur simplicité (Ganjegunte et Vance, 2006), leur
utilisation devant alors être limitée aux contextes particuliers de leur établissement.

Comme rappelé ci-dessus, l’équation de l’US Salinity Laboratory a été établie sur la
base de compositions d’extraits de pâte saturée. L’obtention de tels extraits pose
toutefois de sérieuses limitations pratiques et conceptuelles. Elle demande des
quantités appréciables d’échantillons de sol puisqu’il faut récolter suffisamment de
solution pour permettre l’analyse ; les quantités d’eau ajoutées pour atteindre la
saturation peuvent varier selon l’appréciation de l’opérateur et le temps d’imbibition ;
l’équilibre sol-solution impliquant des échanges ioniques et la dissolution de sels et
minéraux peut être long à établir puisqu’il n’est pas possible d’agiter des pâtes de sol
comme on peut le faire avec des suspensions ; l’extraction des solutions nécessite un
équipement de centrifugation particulièrement performant avec un ajustement de la
vitesse de rotation et du temps de centrifugation dont peut dépendre la composition
des surnageants. Ces particularités engendrent souvent des problèmes de
reproductibilité des mesures (Zhang et al., 2005, Afzal et Yasin, 2002). D’un point de
vue conceptuel, les quantités d’eau ajoutées à une masse donnée de sol sec pour

2
Introduction générale et objectifs

atteindre la saturation peuvent varier dans une très large mesure selon la composition
granulométrique, la nature des minéraux argileux, la salinité totale et l’ESP, et d’autres
caractéristiques ; ce qui conduit à comparer des solutions de sol extraites à des
rapports sol/eau très variables, généralement dans une gamme de 1/0,5 à 1/1 (w/v).

Pour ces multiples raisons, des chercheurs ont proposé d’extraire plutôt la solution du
sol dans des suspensions à des rapports sol/eau fixes dans une gamme de l’ordre de
1/2 à 1/10 fixes permettant un équilibrage aisé par agitation, une récolte de solution
moins limitante par rapport à la masse des échantillons secs disponibles, et une
abstraction de la subjectivité éventuelle de l’opérateur quant aux quantités d’eau à
ajouter. Les résultats obtenus peuvent alors servir d’assise à l’établissement de
modèles qui devraient permettre d’extrapoler les relations entre solution et complexe
d’échange à la situation de saturation, telle que tentée par la pratique de la pâte
saturée, voire à des teneurs en eau quelconques caractéristiques des conditions
réelles. Il faut évidemment être conscient que l’équilibrage de sols avec des quantités
d’eau importantes peut conduire à la dissolution de minéraux de solubilité limitée,
dont les principaux en conditions de sols salés/alcalins sont la calcite et le gypse, et
que la dilution entraine forcément des modifications de répartition des cations entre
complexe d’échange et solution (Hogg et Henry, 1984 ; Visconti et al., 2010). Il est dès
lors indispensable de prendre en considération ces processus physico-chimiques
fondamentaux dans toute opération d’extrapolation à des teneurs en eau non
expérimentées en laboratoire, tenant compte des caractéristiques propres aux sols
auxquels on se réfère.

Notons aussi que les sols irrigués subissent un engorgement durant un certain nombre
de jours, ce qui peut induire des réactions chimiques non nécessairement reproduites
par des mesures conventionnelles sur suspensions de sol en laboratoire. Ainsi l’anoxie
plus ou moins marquée peut s’accompagner de réactions de réduction, impliquant
notamment le fer et le manganèse, dont les formes réduites Fe2+ et Mn2+ présentent
des solubilités beaucoup plus importantes que leurs formes oxydées, au point
d’induire quelquefois des phénomènes de toxicité pour les plantes (Becker et Asch,
2005 ; Dobermann et Fairhurst, 2000 ; Kyuma, 2004). D’un point de vue physico-
chimique, ces cations participent forcément aux équilibres d’échange ionique dans une
mesure qui a fait l’objet de peu d’études effectives, singulièrement en sols salés.

Le potassium est l’un des éléments essentiels aux plantes ; il participe à la fertilité des
sols et est souvent considéré comme un facteur limitant dans beaucoup de sols du
monde. Dans les sols salins ou sodiques, son assimilabilité est entravée dans une large

3
Introduction générale et objectifs

mesure par le Na. De plus, la disponibilité de ce cation dépend des propriétés


intrinsèques du sol notamment la minéralogie et de la sélectivité d’échange pour ce
cation par rapport aux autres cations accompagnateurs (Sharpley, 1989, 1989 ; Poonia
et Niederbudde, 1990). Une étude des processus chimiques d’adsorption et de
désorption de ce cation est nécessaire pour fournir des renseignements de référence
pour une bonne gestion de la fertilisation potassique des sols halomorphes.

Ces considérations démontrent qu’une connaissance approfondie de la nature, de la


quantité et de la distribution des sels solubles dans le sol et des échanges cationiques
entre les phases solubles et échangeables et les minéraux est nécessaire pour une
bonne gestion des sols affectés par la salinité, incluant d’éventuelles tentatives de
réhabilitation de sols dont la productivité agricole s’est fortement détériorée. C’est
dans cette optique que se place le présent travail de recherche qui se focalise sur une
situation effectivement observée et devenue alarmante dans la plaine de la Rusizi au
Burundi.

Objectifs de la thèse

Cette thèse a pour objectif de produire une étude physico-chimique approfondie des
caractéristiques particulières des sols à problèmes de salinité d’une zone d’étude bien
définie, le périmètre rizicole de Mugerero dans la plaine de la Rusizi au Burundi. La
méthode d’investigation choisie se veut résolument fondamentale, tant pour la qualité
de la formation que nous pouvons escompter d’une thèse de doctorat dans notre
spécialité d’enseignant-chercheur en sciences du sol, que pour l’applicabilité des
résultats que nous souhaitons mettre à disposition des experts amenés à appréhender
plus globalement et concrètement les problèmes de salinité dans la vallée de la Rusizi ;
très souvent en effet, ce sont les approches les plus fondamentales qui s’avèrent les
plus applicables à une large gamme de situations concrètes, les études empiriques ne
pouvant, en toute logique, s’appliquer qu’aux contextes qui les ont générées.

L’ambition de cette recherche doctorale n’est toutefois pas d’aboutir in fine à des
propositions concrètes de gestion courante, voire de réhabilitation, des sols étudiés.
De telles mesures ne peuvent être préconisées et appliquées que suite à des études
impliquant l’intégration de compétences fondamentales et pratiques de nombreux
experts relevant de disciplines telles que la phytotechnie dans tous ses aspects,
l’hydrodynamique des eaux de surface et souterraines, la conception et la gestion
d’ouvrages d’irrigation et drainage, la socio-économie rurale locale, et bien entendu la
pédologie.

4
Introduction générale et objectifs

Plus spécifiquement, cette étude tente d’établir les lois qui régissent la composition de
la solution du sol en conditions aérobies et anaérobies pour la zone étudiée, en
l’occurrence le périmètre de Mugerero, dont on peut déjà dire que les caractéristiques
pédologiques sont très différentes de nombreuses autres régions du monde où de
telles études ont été effectuées, et notamment de celles de l’Ouest des USA auxquelles
se réfèrent encore de nombreux auteurs, faute de données particulières à leur propre
contexte. Disposant d’une caractérisation physico-chimique fine des sols, deux
objectifs complémentaires de notre recherche seront d’identifier les variables
pédochimiques les plus déterminantes de la variabilité de la productivité rizicole dans
le périmètre étudié d’une part ; et d’évaluer les paramètres du sol dont dépend la
biodisponibilité du potassium, un des éléments essentiels à la nutrition des plantes
d’autre part.

En vue d’atteindre ces objectifs, cette recherche est réalisée cinq étapes :

1) la caractérisation physico-chimique des sols par analyse des propriétés intrinsèques


d’une collection de 53 échantillons de sols, par analyse de la composition de la solution
et du complexe d’échange au rapport sol/eau 1/2 et par l’établissement des lois
d’équilibres d’échange cationique entre les phases solution et surface à ce rapport de
dilution;

2) l’étude de l’impact des variables pédochimiques sur le rendement du riz par


l’analyse des corrélations entre les paramètres du sol et les composantes du
rendement du riz et par l’analyse en composantes principales ;

3) l’étude des variations des propriétés de la solution et du complexe d’échange en


fonction de la dilution par analyses de ces propriétés à cinq rapport sol/eau (1/2, 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12) et l’évaluation des équilibres d’échange et de solubilité à ces rapports
de dilution ;

4) l’étude de l’effet de l’engorgement des sols sur les propriétés de la solution et du


complexe d’échange et sur les équilibres d’échange ionique par analyse des
compositions des phases solution et surface des sols incubés en anaérobiose;

5) l’évaluation de la biodisponibilité du potassium par détermination des variables du


sol qui influencent le pouvoir tampon des sols vis-à-vis du potassium par la méthode
de la relation quantité-intensité de Beckett (1964a).

Cette thèse est rédigée sous forme d’articles et comprend 7 chapitres regroupés en
deux parties.

5
Introduction générale et objectifs

La première partie présente une revue bibliographique sur les processus de salinisation
des sols et les méthodes de diagnostics de la salinité et de la sodicité des sols (Chapitre
1) ; et sur les considérations générales sur la plaine de la Basse Rusizi qui constitue la
zone d’étude (Chapitre2).

La deuxième partie porte sur les aspects pratiques et expérimentaux de l’étude. Elle
commence par la caractérisation des propriétés physico-chimiques de base des
échantillons récoltés et l’étude des échanges cationiques entre les phases solubles et
échangeables (Chapitre 3), se poursuit par l’analyse des relations entre ces propriétés
pédologiques et la production du riz (Chapitre 4). Le chapitre 5 est consacré à l’étude
des effets de la variation du rapport sol/eau sur les propriétés de la solution du sol et
du complexe d’échange et sur les équilibres d’échange et de solubilité en vue de
l’établissement et de la validation d’un modèle de spéciation chimique à une teneur en
eau quelconque. Le chapitre 6 traite les effets de l’anaérobiose sur les propriétés
chimiques des sols étudiés. Enfin, le chapitre 7 parle des relations entre la quantité et
l’intensité du potassium dans les sols étudiés et vise à proposer, à partir des propriétés
simple du sol, le mode de gestion de la fertilisation potassique.

Enfin, les principales avancées et les perspectives potentielles résultant de ce travail en


matière de la physico-chimie des sols salins du monde en général et de la plaine de la
Basse Rusizi en particulier ainsi qu’une proposition d’un mode de gestion adéquat de
ces sols pour une agriculture durable clôturent le présent travail dans une discussion
générale des résultats.

6
Première partie

Revue bibliographique

7
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

1.1. Introduction

Tous les sols du monde sont soumis à un certain nombre de contraintes de nature
physique, chimique et biologique qui peuvent conduire à des dégradations (Robert et
Varet, 1996). Ces contraintes concernent soit le niveau de la production agricole qui
conditionne la nutrition de la population, soit le niveau environnemental. La
salinisation est l’un des phénomènes de dégradation des sols et peut paraître à la fois
sous les trois composantes (physique, chimique et biologique) et peut même conduire
à la désertification (Robert et Varet, 1996).

La salinisation d’un sol est un processus d’enrichissement en sels solubles jusqu’à un


niveau susceptible d’avoir des effets préjudiciables pour la production agricole, l’état
environnemental et le bien-être économique (Rengasamy, 2006). Les sols affectés par
la salinité sont caractérisés par des niveaux élevés en sels solubles et/ou en Na+ aussi
bien en solution que sur la phase surface (Qadir et al., 2007).

La saturation progressive du complexe d’échange par l’ion Na+ est appelée sodisation
(Duchaufour, 2001). Dans certaines conditions, ce dernier processus s’accompagne du
processus d’alcalinisation qui est la libération de l’ion Na+ dans la solution du sol, ce
qui élève le pH et disperse les argiles.

La salinisation et la sodisation des sols envahissent de jour en jour les terres agricoles
surtout dans les régions arides et semi-arides. Elles touchent à peu près un tiers des
terres irriguées et concernent plus de 100 pays au monde. La planète Terre compte
13,2.109 ha des terres émergées dont 7.109 ha sont arables et 1,5.109 ha seulement est
sous culture (Massoud, 1981). Parmi les terres cultivées, 0,34.109 ha (23%) est salin et
0,56.109 ha (37%) est sodique (Tanji, 2004 et Sparks, 1995).

1.2. Origines des sels

L’origine de sels d’un sol peut être naturelle ou anthropique. On parle alors de
salinisation primaire pour le premier cas et de salinisation secondaire pour le second
cas. La présence de sels dans les sols est due à une interaction complexe de la
géochimie et l’hydrologie et la végétation (Tanji, 2004).

La principale source naturelle de la salinité du sol est l'altération géochimique des


minéraux des roches en présence, des sédiments et des sols qui larguent des sels
minéraux dissous dans la solution du sol. Les principaux puits pour les sels minéraux

9
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

dissous sont les océans, les sols salins, les organismes des eaux souterraines salines, les
lacs salés, les marais salins, les playas salins, et les dômes de sel (Tanji, 2004). La
répartition des sels dans les milieux continentaux est la conséquence du
fonctionnement hydrologique et de la capacité du milieu à évacuer les sels vers les
zones avales et in fine vers les océans. L’accumulation locale de sels suppose alors
l’existence d’un mécanisme de concentration lié à l’aridité du climat. C’est donc dans
les bassins endoréiques et sous climat aride que les risques d’accumulation de sels
sont plus élevés (Marlet et Job, 2006).

D'autres sources naturelles de sels du sol incluent les dépôts atmosphériques des sels
océaniques dans les zones côtières (embruns), l’intrusion d'eau salée dans les estuaires
par submersion en cas de marées ou de tempêtes, l’intrusion d'eau salée dans les
bassins d'eaux souterraines dans les zones côtières (biseau salé) en raison du pompage
excessif de la nappe phréatique, la montée des eaux souterraines provenant des
aquifères salins dans les zones à faibles topographies ainsi que les dômes de sels, les
lacs salins et les playas et les apports des précipitations qui lessivent les formes de
terres salines (Tanji, 2004 ; Marlet et Job, 2006).

Les facteurs induits par l’homme pouvant entraîner une salinisation ou une sodisation
des sols sont liés aux pratiques d’irrigation et de drainage, de pâturage et de
déforestation (Tanji, 2004).

L’irrigation avec des quantités significatives d’eaux chargées de sels est une cause de la
salinisation des sols. L’un des grands problèmes liés à l’irrigation est que les eaux
d’irrigation, même non saline, contiennent des sels dissous qui s’accumulent dans les
zones irriguées malgré la présence des systèmes de drainage (Sparks, 1995). L’usage
des quantités excessives d’eau pour l’irrigation fait remonter le niveau de la nappe
phréatique et favorise ainsi les remontées capillaires des sels à la surface (Tanji, 2004).
Les sels précipitent ensuite sous forme d’encroûtements salins par évapoconcentration
pendant les périodes sèches. Dans les conditions de nappes phréatiques proches de la
surface, les remontées des sels à la surface sont quelquefois le résultat de
l’évaporation et de l’extraction des sels minéraux par les racines des plantes.

L’usage des engrais ainsi que d’autres apports minéraux comme les sous produits
industriels accentue l’accumulation des sels dans le profil particulièrement en cas
d’agriculture intensive sur un sol à faible perméabilité et à possibilités limitées de
lessivage.

10
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

La transformation des végétations naturelles en terres de parcours ou de cultures


annuelles déstabilise la balance précipitation-évapotranspiration ; ce qui conduit à la
salinisation de la surface du sol (Tanji, 2004). Si le terrain de surpâturage présente une
nappe phréatique peu profonde, le niveau de celle-ci va monter et les sels pourront
s’accumuler à la surface provoquant ainsi une salinisation du sol. Le même scénario se
produit en cas de déforestation (Yuvaniyama et al., 1996). Dans les zones côtières, la
baisse du niveau normal des nappes phréatiques due à la sur-extraction des eaux
souterraines à des fins industrielles, agricoles, …, peut mener à l’intrusion d’eau de
mer et causer la salinisation.

1.3. Effets de la salinité et de la sodicité sur les plantes

La présence excessive des sels solubles dans un sol, qu’ils soient d’origine naturelle ou
anthropique, entrave la croissance des plantes par trois voies (Evangelou et Mcdonald
Jr, 1999): (a) la salinité peut augmenter le potentiel osmotique, diminuant ainsi le
potentiel de l’eau du sol et donc sa disponibilité aux plantes ; c’est l’effet osmotique
(osmotic effect en anglais). (b) la salinité peut être associée aux grandes concentrations
d’ions qui ont un effet inhibiteur sur le métabolisme des plantes ; c’est l’effet ionique
spécifique (specific-ion effect en anglais). (c) Elle peut affecter la structure du sol,
diminuant ainsi la perméabilité du sol à l’eau et l’aération ; c’est l’effet physico-
chimique (physicochemical effect en anglais). Le pH élevé que présentent certains sols
affectés par la salinité réduit également la disponibilité d'un certain nombre de
micronutriments notamment les éléments Fe, Cu, Zn, et / ou Mn (Tan, 1982).

1.4. Détermination des propriétés de salinité et de sodicité des sols

Les sels sont parmi les éléments constitutifs du sol et sont nécessaires au maintien de
son état nutritionnel et physique dans de bonnes conditions. De nombreux types de
sels (par exemple, les nitrates, le potassium et les phosphates) sont des nutriments
essentiels pour les plantes. L’effet nuisible des sels solubles à la croissance des plantes
ne commence à se manifester que quand leur concentration totale en solution
dépasse un certain seuil. Cet effet peut aussi résulter de l’effet spécifique de certains
ions. L’expression de l’effet de la teneur en sel des sols sur la croissance de la plante
dépend de plusieurs facteurs parmi lesquels la texture du sol, la répartition des sels
dans le profil, la composition chimique des sels et l’espèce de plante. Pour évaluer
l’état de salinité/sodicité d’un sol, divers tests sont préconisés (USDA, 1954), les uns
d’ordre chimique (pH, cations et anions solubles, cations échangeables, teneurs en
gypse et en carbonates, …) et les autres d’ordre physique (taux d'infiltration,

11
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

perméabilité, densité, distribution de taille de pores, état d’agrégation et module de


rupture). Les informations sur l'état physique d’un sol affecté par la salinité ainsi que
sa teneur en gypse et en carbonates sont le plus souvent évaluées quand on veut
arrêter des stratégies de restauration. Dans ce paragraphe, nous parlons des
propriétés physico-chimiques indispensables à la caractérisation chimique et à la
classification d’un sol du point de vue salinité/sodicité. Nous parlerons de la salinité en
tant que concentration totale en sels dissous et du taux de sodium échangeable. On
pourrait ajouter le pH mais celui-là n’est pas un paramètre de classification très
déterminant. En effet, si les sols salins ont tous des pH inférieurs à 8,5, tous les sols
sodiques n’ont pas de pH supérieurs à 8,5. Certains sols sodiques sont neutres ou
même acides (Tan, 1998).

1.4.1. Mesure de la salinité

La salinité est définie comme étant l’accumulation des sels minéraux dans la solution
du sol et dans les eaux. Les sels minéraux dissous d’un sol salé constituent un
électrolyte mixte de cations et d’anions composé principalement de cations Na +, Ca2+,
Mg2+, et K+ et d’anions Cl-, SO42-, HCO3-, CO32- et NO3-. En cas de salinité extrêmement
élevée, les solutions de sols ou les eaux incluent aussi d'autres composants chimiques
notamment B, Sr2+, SiO2, Mo, Ba2+ et Al3+ (Tanji, 2004). Les constituants de la salinité
sont exprimés en mmol/L ou mmolc/L (meq/L) ou mg/L (ppm) pour les principaux
solutés et µmol/L ou μmolc/L ou μg/L (ppb) pour les oligo-éléments. Les activités de H+
et OH- également présents sont respectivement exprimés en termes de pH et pOH.

La salinité est couramment mesurée indirectement par la conductivité électrique (CE)


de la solution du sol qui est une estimation de la concentration de sels dissous totaux
(TDS). Plus une solution est concentrée en sels dissous, plus importante est la quantité
d’ions pouvant conduire un courant électrique et plus grande est la CE (Rengasamy et
al., 2010). De même, une solution saline offre une petite résistance au passage d'un
courant électrique et présente donc une conductance élevée alors qu’une solution
diluée offre une plus grande résistance au courant électrique et a donc une faible
conductivité électrique. La CE est un paramètre d’intensité (électrique) exprimé en
microSiemens/cm (μS/cm équivaut à μmhos/cm) pour des salinités faibles et en
deciSiemens/m (dS/m équivaut à mmhos/cm et à mS/cm) pour les salinités plus
élevées.

Le TDS est un vaste paramètre de capacité ou gravimétrique exprimé en mg/L ou g/L


pour les eaux et les sols très chargés en sels. Il est obtenu par évaporation d'un
12
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

échantillon d'eau ou de la solution et a le désavantage de provoquer la perte d’une


partie des carbonates sous forme gazeuse de dioxyde de carbone (CO2) lors de la
dessiccation. Parfois, la salinité des électrolytes est exprimée par la somme des cations
solubles (S Cat) et/ou la somme des anions solubles (S An) en meq/L ou mmolc/L. Ces
derniers paramètres (S Cat et S An) sont obtenus après analyses chimiques détaillées
des cations et des anions. Leur comparaison permet de vérifier l'exactitude des
analyses chimiques puisque la salinité est un mélange hétérogène d'électrolytes dans
lequel les charges positives (cations) et négatives (anions) doivent être équilibrées en
supposant que tous les ions majeurs ont été analysés.

Il n’existe pas de relation exacte entre les paramètres de salinité ci-haut cités.
Cependant, des facteurs de conversion approximatifs sont utilisés comme indiqués par
les relations suivantes (USDA, 1954, Bresler et al., 1982, Tanji, 2004) :

⁄ (dS/m) (pour CE < 5 dS/m) (1.1)

⁄ (dS/m) (pour CE > 5 dS/m) (1.2)

⁄ ⁄ (dS/m) (1.3)

La valeur de la CE de la solution permet aussi d’estimer la pression osmotique et la


force ionique de la solution par les formules empiriques. Ainsi, dans la gamme des CE
qui permettent la croissance des plantes, la relation suivante peut être utilisée pour
l'estimation de la pression osmotique (PO) des solutions de sol:

⁄ (USDA, 1954) (1.4)

La force ionique (I) peut être estimée par les relations :

(Griffin et Jurinak, 1973) (1.5)

La CE de la solution du sol est une mesure indirecte de la quantité de sels dans le sol
mais ne donne aucune indication sur la nature et la composition de cette solution en
sels. Elle peut être mesurée dans des rapports de dilution sol/eau divers mais l’idéal
est d’effectuer sa mesure à la teneur en eau à la capacité au champ étant donné que
celle-ci reflète la salinité du sol au champ. Cependant, à cause des difficultés d’extraire
suffisamment de solution dans ces conditions, la salinité est mesurée dans l’extrait de
la pâte saturée qu’on obtient en ajoutant progressivement de l’eau dans un sol sec
13
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

jusqu’à la limite de liquidité (Soil Survey Staff, 2009). Le choix de la méthode de la pâte
saturée est fondé sur le fait que son humidité serait égale au double de la teneur en
eau à la capacité au champ et au quadruple de la teneur en eau au point de
flétrissement permanent (USDA, 1954). La CE ainsi obtenue (CEse) est alors la moitié de
celle qu’on aurait dans la solution extraite à la capacité au champ (CEfc) comme indiqué
par la relation :

(1.6)

Les préparations de la pâte saturée sont laborieuses et, pour contourner ces
désagréments, des extraits aux rapports sol/eau fixes sont couramment d’usage. Ainsi
par exemple : avec le rapport 1/2, 100 ml d’eau sont ajoutés à 50 g de sol sec et pour
le rapport 1/5, 100 ml d’eau sont ajoutés à 20 g de sol sec. La CE mesurée dans de tels
extraits est, en théorie sur la simple loi de dilution, inversement proportionnelle au
taux d’humidité comme indiqué par la relation :

⁄ ⁄ (1.7)

Où n et m sont les quantités d’eau en mL à ajouter à 1g de sol sec.


Signalons que la relation (1.7) n’est valable que pour des sols ne contenant que des
sels très solubles comme la halite (NaCl) et la thénardite (Na2SO4). En effet, les sels
faiblement solubles, comme le gypse (CaSO4.2H2O) et la calcite (CaCO3), s’ils sont
présents dans le sol, se dissolvent dans des conditions de grandes dilutions et
précipitent en cas de faibles dilutions ; ce qui modifie les rapports des CE obtenues.

1.4.2. Mesure de la sodicité

Chaque sol a une capacité précise d’adsorber les constituants chargés positivement de
sels dissous, tels que le calcium, le magnésium, le potassium, le sodium, etc. ; c'est ce
qu'on appelle la capacité d'échange de cations (CEC). Les différents cations adsorbés
peuvent s’échanger l'un par l'autre. La force d’échange d’un cation dépend de sa
concentration relative en solution, de sa valence, de sa taille ainsi que de la nature et
des quantités d'autres cations présents dans la solution ou sur le complexe d'échange,
etc (Abrol et al., 1988). La sodicité se réfère à la proportion d'ions sodium par rapport à
d'autres cations (par exemple le calcium, le magnésium, le potassium, l'aluminium) sur
le complexe d’échange. Cette proportion, dénommée Taux de Sodium Echangeable
ESP (ESP : Sodium exchangeable Percentage en anglais), permet d’estimer le degré de

14
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

saturation du complexe d’échange cationique en sodium. C’est une expression de la


sodicité et de la tendance à la dispersion du sol. Il est défini par la relation :

ESP= Naéch* 100 / CEC (1.8)

où Na éch et CEC sont respectivement le sodium échangeable et la capacité d'échange


cationique du sol en cmolc/kg de sol.

La détermination de l’ESP d’un sol requiert donc des analyses de Na échangeable et de


la CEC au laboratoire. Comme le complexe d’échange de la plupart des sols salés est
complétement saturé en cations basiques Na, Ca, Mg et K, la formule (1.8) peut être
écrite sous la forme :

(1.9)

La composition de la solution du sol exerce une grande influence sur la composition du


complexe d’échange étant donné l’existence d’un équilibre entre les cations adsorbés
et ceux qui sont dissous. De nombreux auteurs ont étudié les relations entre les
cations en solution et les cations adsorbés sur le complexe d’échange en définissant les
coefficients de sélectivité selon la nature des minéraux argileux présents. Une relation
découlant de l’application du conceptualisme de Gapon pour l’échange entre le
sodium et les cations divalents permet d’estimer l’ESP à partir de la composition de la
solution. Cette relation est libérée ainsi en simplifiant la composition du complexe
d’échange par les seuls cations Na, Ca et Mg et en supposant la même sélectivité
d’échange pour le Mg et le Ca :

⁄√ (1.10)

où est le coefficient de sélectivité de Gapon (sa valeur approximative est de 0,015


(mmol/L)-0,5) et CNa, CCa et CMg sont les concentrations des cations en solution
d’équilibre exprimées en mmolc/L et CEC et sont la capacité d’échange
cationique et le sodium échangeable en cmolc/kg de sol.

Le membre de gauche de l’égalité, dans la relation (1.10), a été appelé Exchangeable


Sodium Ratio (ESR) par USDA (1954) tandis que le deuxième terme du membre de
droite a été dénommé Sodium Adsorption Ratio (SAR). On a donc :

é
(1.11)
é

15
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

(1.12)

Et ensuite :

⁄√ (1.13)

(1.14)

Des relations empiriques ESR-SAR ont été établies pour divers types de sols du monde
par beaucoup d’auteurs. L’une d’entre elles, celle de l’U.S. Salinity laboratory (1954),
est largement citée dans les littératures de Physicochimie du sol et est largement
utilisée au monde. Elle a été établie sur base des analyses faites sur 59 sols issus de 9
Etats de l’Ouest des Etats-Unis et est donnée par la suivante :

(1.15)

L’estimation de l’ESP par calcul à partir du SAR est préférable puisque ce dernier est
déterminé dans la même solution que celle utilisée pour les mesures de CE et de pH.
De même, cette méthode permet de contourner les problèmes associés à la
détermination de la CEC et des cations échangeables (Bresler et al., 1982).

1.5. Classification des sols affectés par la salinité

Sur base des connaissances sur la nature et les caractéristiques des sols affectés par la
salinité ainsi que leurs relations avec la croissance des plantes, on distingue trois
principales groupes de sols à savoir les sols salins (dénommés aussi saline soils,
Solonchaks, “white alkali” soils), les sols sodiques (dénommés aussi Sodic soils,
Solonetz, “black alkali”) et les sols salins sodiques ou sols salsodiques (Tableau 1.1). La
distinction entre les deux premières catégories tient compte de deux paramètres dont
les valeurs indiquent des conditions impropres à la croissance des plantes une fois
qu’elles ont dépassé un certain seuil : la concentration en sels dissous et le taux de
sodium échangeable.

16
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

Tableau 1.1 Classification des sols selon l’état de la salinité et de la sodicité (USDA, 1954)

ESP Propriétés physiques


Classe de sol CEse (dS/m) pHse
(%) du sol

Normal <4 <15 <8,5 Bonnes


Salin >4 <15 <8,5 Bonnes
Sodique <4 >15 >8,5 Mauvaises
Salin sodique >4 >15 <8,5 Bonnes
»
L’indice « se rappelle la mesure faite dans l’extrait de la de la pâte saturée

1.5.1. Les sols salins

Les sols salins sont des sols qui contiennent une salinité excessive (CEse > 4 dS/m) et un
ESP inférieur à 15%. Le pH pour ce type de sols est généralement inférieur à 8,5. La
CEse qui départage les sols salins et les sols non salins a été fixée pour la première fois à
4 dS/m par Schofield en 1942 (Tan, 1982). En réalité, les plantes les plus sensibles aux
sels sont affectées à la moitié de ce niveau de salinité (2 dS/m) tandis que les plus
tolérantes le sont au double de cette salinité (8 dS/m) ou même au-delà (Hillel et al.,
2005).

Ce critère se basant sur CEse est donc relatif car il y a des différences importantes au
niveau de la tolérance des plantes aux sels (Tanji, 2004). La valeur seuil de CEse est la
salinité du sol au-dessus de laquelle le rendement des cultures commence à diminuer
(Kotuby-Amacher et al., 1997). Elle varie d’une plante à une autre ; par exemple, la CEse
seuil pour le haricot (Phaseolus vulgaris) est de 1 dS/m alors qu’il est de 3 dS/m pour le
riz (Oryza sativa) et de 6 dS/m pour le blé (Triticum aestivum) (Bresler et al., 1982). En
outre, certains des constituants ioniques accumulés tels que Na, Cl et B peuvent être
toxiques pour certaines espèces de plantes cultivées ; ce qui nécessiterait la prise en
compte des seuils spécifiques pour ces ions toxiques.

Il n’est pas sans intérêt de retourner aux caractéristiques des sols salins et aux
méthodes souvent préconisées pour leur réhabilitation. Les sols salins sont ceux qui
ont une CE de l’extrait de la pâte saturée supérieure à 4 dS/cm à 25°C et un ESP
inférieur à 15%. Le pH pour ce type de sols est généralement inférieur à 8,5. Pour un
sol salin, le haut niveau de salinité n’altère pas les propriétés physiques du sol mais
affecte plutôt la croissance des plantes car la grande quantité de sels dissous diminue
la disponibilité de l’eau à la plante. Un sol salin est alors caractérisé par la présence
d’une couche blanche à la surface du sol, un état ameubli (traduisant la floculation des
agrégats du sol et la perméabilité du sol à l’eau, à l’air et à la pénétration des racines
des plantes), un rendement médiocre des plantes et un haut niveau de fertilité

17
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

chimique en termes de quantités d’azote, de potassium et de phosphore (Siyal et al.,


2002).

La remise en état d’un sol salin repose sur l’élimination des sels en excès (lixiviation),
de la couche superficielle sur une profondeur allant de 45 à 60 cm de la surface,
jusqu’au niveau critique voulue (correspondante au niveau de tolérance de la plante
qu’on veut y cultiver) (Keren et Miyamoto, 1990). L’eau à utiliser dans cette opération
doit être de bonne qualité, c’est-à-dire qu’elle doit avoir une faible CE, une faible
activité relative de Na et une faible alcalinité carbonatée. Cette réhabilitation des sols
salins peut être entravée par divers facteurs (Bresler et al., 1982): le mauvais drainage
dû au haut niveau de la nappe phréatique, la faible conductivité hydraulique due à la
présence des horizons durs et l’absence de source d’eau de bonne qualité.

1.5.2. Les sols sodiques

Un sol est considéré comme sodique quand il contient suffisamment de sodium


échangeable pour en altérer la structure, en réduire le taux d'infiltration, d’humidité et
de capacité de rétention et en augmenter la résistance à la pénétration des racines des
plantes. La valeur d’ESP doit être supérieure à 15% selon USDA (1954) pour cette
catégorie de sols tandis que celle de la CEse doit être inférieure à 4 dS/m. Comme pour
la CEse, cette valeur critique de 15% est relative car elle varie selon les régions du
monde en raison de plusieurs facteurs, notamment la force ionique de la solution du
sol, le pH, la teneur en matière organique et la minéralogie des argiles, qui affectent la
valeur de l’ESP au-dessus de laquelle se produit la dispersion des argiles ou la
réduction de la conductivité hydraulique du sol (Rengasamy et Marchuk, 2011). Ainsi,
par exemple, en présence du sodium, les sols dominés par les smectites (argile de type
2:1) se dispersent plus facilement que ceux qui sont dominés par la kaolinite (argile de
type 1:1).

La dispersion des argiles pour les sols sodiques est la conséquence de la saturation du
complexe d’échange par le sodium d’une part et de l’augmentation du pH qui s’en suit
d’autre part. Le faible pouvoir floculateur du Na par rapport au Ca et au Mg s’explique
par sa faible charge ionique (+1), qui ne permet pas de maintenir en cohésion les
particules d’argiles comme le font les cations de grandes valences (Ca, Mg, Al, etc) et
son rayon d’hydratation relativement grand (Horneck et al., 2007).

Les sols sodiques ont généralement un pH supérieur à 8,5 à cause de la présence de


Na2CO3 et de NaOH en solution. Ces grandes valeurs de pH résultent des réactions
d’échange entre l’ion Na+ et les protons au moment de l’humectation (Girard et al.,

18
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

2005). Ainsi, s’il s’agit d’un apport météorique toujours légèrement chargé en CO 2
dissous, la réaction d’échange est :

2Complexe Na+ + H2CO3 ⇄ 2Complexe H++ Na2CO3 (1.16)

Comme Na2CO3 est facilement soluble, des ions Na+ et OH- sont libérés en solution
selon la relation :

Na2CO3 + H2O ⇄ 2Na+ +2OH- + H2CO3 (1.17)

S’il s’agit d’une eau douce, comme pour l’irrigation, la réaction peut s’écrire:

Complexe Na+ + H2O ⇄ Complexe H+ + Na+ + OH- (1.18)

Les réactions d’échange Na/H provoquent une dégradation des propriétés physiques
du sol à cause de la protonisation des argiles et de l’augmentation du pH. En se
référant à ce qui précède, il apparaît que la sodisation des sols s’accompagne souvent
de l’alcalinisation. Néanmoins, tous les sols sodiques ne doivent pas être alcalins
(Kamphorst et Bolt, 1976). Il y en a qui affichent une réaction neutre du fait de leur
grande teneur en sels neutres comme NaCl. Les réactions fortes d’alcalinisation (pH =
10) sont dues à l’hydrolyse de Na ou de Na2CO3 comme mentionné par les équations
(1.17) et (1.18).

Quant aux caractéristiques visuelles des sols sodiques, un état d’encroûtement (dû à la
dispersion du ciment argileux et d’humus), une faible perméabilité et une croûte
noirâtre à la surface du sol (traduisant la matière organique dispersée) sont des
manifestations visuelles de la sodicité d’un sol (Siyal et al., 2002). La correction de la
sodicité se fait par application du gypse (CaSO4.2H2O) ou du chlorure de calcium (CaCl2)
pour déplacer le sodium échangeable afin de le lessiver sous une forme soluble
(Na2SO4 ou NaCl). Ces amendements augmentent la perméabilité du sol en
augmentant la concentration de la solution et en améliorant l’état de la structure. Le
soufre ou l’acide sulfurique peut aussi être efficace au déplacement du Na
échangeable en cas de présence du CaCO3 (sols calcaires).

1.5.3. Les sols salins sodiques

Les sols salins sodiques sont caractérisés par une CEse > 4dS/m et un ESP > 15%. Ils sont
donc des taux élevés de salinité et de sodicité. Comme la concentration de l’électrolyte
est élevée, le pH reste inférieur à 8,5 et le sol présente un état floculé (Sparks, 1995).
Néanmoins, toute tentative de lessivage des sels de ce type de sols aboutit à une
grande proportion du Na échangeable ; ce qui élève le pH au-delà de 8,5 et les

19
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

particules du sol dispersent (USDA, 1954). La correction des sols salins-sodiques


demande l’application d’une eau de bonne qualité pour lessiver les sels et l’usage
d’une source de calcium (CaSO4.2H2O et CaCl2) pour chasser le Na sur les sites
d’échange en le ramenant à une forme soluble (Na2SO4) facilement lessivable. Il
conviendrait alors, pour ce genre de sols, de commencer par le lessivage avec une eau
préalablement concentrée en cations divalents Ca ou Mg avant d’appliquer l’eau de
faible concentration en électrolyte (Sparks, 1995).

1.6. Distribution des sols affectés par la salinité au monde

Environ 10% de la surface totale des terres du globe terrestre est couverte par les sols
affectés par la salinité (Pessarakli et Szabolcs, 1999). Le tableau 1.2 montre la
distribution des sols affectés par la salinité à travers le monde. Ce tableau montre
qu’aucun continent de cette planète n’est épargné de la salinisation des sols. Aux
Etats-Unis d’Amérique, ce problème est essentiellement d’origine naturelle et touche
les régions de l’ouest comprenant la Californie, l’Arizona, le Dakota du Nord, le Dakota
du Sud et le Texas. La salinisation due à l’irrigation touche des fortes proportions de
terres en Inde et en Chine et des grandes proportions remarquables en Argentine, en
Egypte, en Iran, Pakistan et Etats-Unis (Pitman et Läuchli, 2002). Les sols salés se
retrouvent dans toutes les formes climatiques et ne sont pas seulement localisés dans
les zones arides à semi-arides bien que l’évapotranspiration élevée soit un des grands
facteurs de la salinisation des sols. La figure 1.1 montre la répartition des sols affectés
par la salinité à travers le monde. Au Burundi, les sols salinisés sont localisés dans la
plaine de la Rusizi, située à l’ouest du pays dans la région du graben du lac Tanganyika.
Sa description sera abordée dans le chapitre qui va suivre.

Tableau 1.2 Superficies des sols affectés par la salinité à travers les continents et les sous continents (Pessarakli et
Szabolcs, 1999)

Continent Superficie (millions de ha)


Amérique du Nord 15,7
Mexique et Amérique Centrale 2,0
Amérique du Sud 129,2
Afrique 80,5
Asie du Sud 87,6
Asie du Nord et du Centre 211,7
Asie du Sud-Est 20,0
Australasie 357,3
Europe 50,8
Total 954,8

20
Chapitre 1. Processus de salinisation, sodisation et alcalinisation des sols

Figure 1.1 Répartition des sols salés sur le globe terrestre (Pessarakli et Szabolcs, 1999)

21
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse


Rusizi

2.1. Localisation géographique

Le Burundi est situé entre 28°58’ et 30°53’ de longitude est et entre 2° 15’ et 4°30’ de
latitude sud. Il est délimité au nord par le Rwanda, à l’ouest par la République
Démocratique du Congo (R.D.C.) et, au sud et à l’est par la Tanzanie (Figure 2.1). Il est
situé dans une zone charnière entre l’Afrique orientale et l’Afrique centrale. Il couvre
une superficie de 27 834 km2 dont 2 000 km2 environ sont occupés par la partie
burundaise du lac Tanganyika.

Figure 2. 1: Localisation géographique du Burundi

23
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Ce pays est subdivisé en 5 régions éco-climatiques (Figure 2.2) à savoir, de l’ouest vers
l’est, la plaine de l’Imbo correspondant au fossé d’effondrement du Rift Valley
occidental, la région escarpée de Mumirwa, la zone montagneuse (la Crête Congo-Nil),
les plateaux centraux et les dépressions de Kumoso et de Bugesera.

La plaine côtière du lac Tanganyika au Burundi, couplée à celle de la rive est de la


Rusizi, constituent la région naturelle de l’Imbo (Figure 2.2). Cette dernière comprend
l’Imbo-Nord, l’Imbo-Centre et l’Imbo–Sud qui longe le lac Tanganyika. Cette région
appartient à la branche occidentale du Grand Rift Est-Africain et, est comprise, au
Burundi, entre 2°42’ de latitude Sud (frontière rwandaise) et 4°20’ de latitude sud
(frontière tanzanienne). Elle constitue la côte orientale du Lac Tanganyika et de la
rivière Rusizi. Elle est la plus occidentale et la plus basse en altitude du Burundi.
L’Imbo-Centre et l’Imbo-Nord constituent la plaine de la Rusizi ; l’Imbo-Centre
correspond à la plaine de la Basse Rusizi tandis que le terme Imbo-Nord désigne la
partie burundaise de la Moyenne Rusizi. La Moyenne Rusizi s’étend de la rivière Ruhwa
à la Nyamika au sud et est contigüe à la plaine de la Basse Rusizi.

Figure 2. 2: Carte de la géomorphologie et des régions naturelles du Burundi

24
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

La plaine de la Basse-Rusizi ou Imbo-Centre (Figure 2.1), objet de cette étude, est


délimitée à l’est par la route Bujumbura-Muzinda-Randa, au nord par les piémonts et
la rivière Nyamika, à l’ouest par la rivière Rusizi et au sud par le lac Tanganyika et la
ville de Bujumbura. Elle s’élève par paliers successifs vers le nord et vers l’est dans la
zone des piémonts. D’une largeur supérieure à 20 km au sud, elle se rétrécit
considérablement vers le nord pour ne plus former qu’une mince bande de largeur
inférieure à 5 km (Nsabimana, 1979).

2.2. Géologie et géomorphologie

2.2.1. Géologie de la plaine de la Rusizi

L’Afrique est géologiquement constituée de noyaux cratoniques archéens bordés par


des ceintures mobiles d’âge protérozoïque. Ces cratons sont séparés par des chaînes
mobiles qui sont elles-mêmes successivement cratonisées au cours du Précambrien, de
sorte que seules les pointes Nord et Sud du continent ont réagi aux orogenèses
paléozoïques et plus récentes (Hakiza, 2002).

Le fossé du lac Tanganyika fait partie du système des rift-valleys qui séparent la plaque
africaine à l’ouest de la plaque somalienne à l’est, selon des lignes qui vont de la mer
Rouge au Mozambique. Le rift, unique au Nord de l’Ethiopie et au Sud du Malawi, est
double au centre : le rift oriental traverse le Kenya et la Tanzanie, tandis que le rift
occidental parcours le Burundi. C’est dans ce fossé que se succèdent, du sud vers le
nord, les lacs Tanganyika, Kivu, Edouard, et Albert.

La géologie du Burundi en général et de la plaine de la Rusizi en particulier est liée aux


grands mouvements tectoniques qui ont modelé le relief de l’Est de l’Afrique et
surtout à la grande fracturation du continent qui, à la fin du tertiaire, a individualisé le
fossé du lac Tanganyika (Nzigidahera, 2003). Quatre grandes entités géologiques ont
été identifiées au Burundi. Ce sont, du plus récent au plus ancien, le Cénozoïque, le
Malagarazien, le Burundien et l’Archéen (Schl ter et Trauth, 2008). La plus récente de
ces unités, le Cénozoïque, est représentée par des dépôts de remplissage du fossé
tectonique du lac Tanganyika où on y rencontre des alluvions lacustres et fluvio-
lacustres, les encroûtements carbonatés et salés et des coulées basaltiques au nord de
la plaine dans la province Cibitoke. Ceux-ci naissent d’un volcanisme fissural, lui-même
associé à la branche occidentale du Grand Rift Est-Africain. Comme dans le Kivu, ces
coulées de lave dateraient du Pliocène-Pléiostocène. Les basaltes de l'Imbo-nord, riche
en carbonate, constituent bel et bien l'extension maximale vers le sud du champ
volcanique du Sud-Kivu qui représente un volcanisme fissural de nature alcaline
25
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

sodique (Ilunga, 2007). De façon générale, la plaine de la Rusizi est un ensemble de


plaines sédimentaires récentes à la fois lacustres et fluviatiles à l’exception des coulées
de basalte du nord de Cibitoke et des roches précambriennes par endroit (Tack et De
Paepe, 1983).

2.2.2. Géologie, géomorphologie et pédologie de la plaine de la Basse Rusizi

2.2.2.1. Géologie

La plaine de la Basse Rusizi occupe le fond d’un fossé qui, comme le fossé du lac
Tanganyika, résulterait d’un épisode antérieur à rattacher au Pléistocène inférieur ou
plus ancien (Cahen, 1954). Cette plaine pouvant atteindre 20 km de largeur constitue
une plaine fluvio-lacustre adossée à l’est aux contreforts de la dorsale et cernée à
l’ouest par la rivière Rusizi. La rivière Rusizi et ses affluents, et même les eaux de
ruissellement, charrient des matériaux alluvionnaires d’origines diverses : les unes
provenant du démantèlement de roches précambriennes de la crête Congo-Nil qui
sont métamorphiques (schistes cristallins, gneiss, amphibolites, pyroxénites, quartzites
feldspathiques) et les autres des zones volcaniques du Sud-Kivu au Congo. Ces
matériaux sédimentaires sont déposés sur les formations de la Basse Rusizi
anciennement submergées sous le lac Tanganyika et dont l’exondation a eu lieu à la
limite Pléistocène-Holocène (Ilunga, 2007).

Les dépôts lacustres (de plus de 20 km de largeur), quant à eux, résultent des
mouvements de transgression-régression des eaux du Lac Tanganyika et sont succédés
par des dépôts fluviatiles qui remanient localement les sédiments lacustres anciens.
L’Imbo-centre forme l’extension lacustre la plus importante du Burundi.

L’épaisseur des sédiments serait de l’ordre de 1500 m à 2000 m. Toutefois, des


épaisseurs de plus de 3000 m ont également été enregistrées dans les bassins du lac
(Ilunga, 2007). Ilunga (2007) distingue, dans la Basse Rusizi, des formations d’âge
holocène et d’autres du pléistocène supérieur. L’holocène comporterait des dépôts
des cônes alluviaux développés aux piémonts d’escarpements, des dépôts dus aux
ruissellements d’épandage sur une grande partie de la plaine de la Basse Rusizi, les
alluvions récentes de la Rusizi et de son delta ainsi que les plages du lac Tanganyika
avec de cordons littoraux principalement sur la rive septentrionale. Le pléistocène
serait représenté vers la partie septentrionale de la plaine de la Basse Rusizi par des
dépôts lacustres à la base suivis par des dépôts fluviatiles et d’environnements
deltaïques et enfin par des dépôts sableux au centre de la plaine de la Basse Rusizi. Des

26
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

sables rouges sont aussi signalés sous forme de formations d’épandage aux pieds des
escarpements (à la périphérie de la plaine).

2.2.2.2. Géomorphologie et pédologie

L'exondaison de la basse vallée de la Rusizi est d’une époque récente. Celle du delta de
la Rusizi remonterait à 1878 (Reekmans, 1980) et aurait suivi un affaissement du seuil
de la Lukuga sur le fleuve Congo qui a provoqué un abaissement important du niveau
des eaux du lac. Cet abaissement a permis le renouvellement des alluvions fluviatiles
et lacustres récentes du delta. C'est d'ailleurs dans ces alluvions que la Rusizi a creusé,
et creuse encore chaque jour, son lit.

La Basse Rusizi se présente sous forme de trois terrasses d’est en ouest qui sont
témoins d’anciens lits successifs de la Rusizi. Elle comprend, outre les formations
lacustres anciennes, le delta de la Rusizi et les alluvions fluviatiles actuelles et récentes.
Sur toutes ces formations pédologiques, la pente est toujours faible (< 4%).

Au Burundi, la classification des sols fait référence aux critères du système INEAC
(Institut National pour l’Etude Agronomique du Congo Belge) modifié par Tavernier et
Sys (1965) par l’introduction des notions d’horizons diagnostiques comme dans la
classification américaine. Cette classification morphogénétique est basée sur les
principes suivants :
- L’évolution du profil en relation avec le degré d’altération du matériau parental et la
présence d’horizons pédogénétiques déterminent l’ordre ; en considérant comme
dérivé du matériau récent un sol dont la CEC sur argile est supérieure à 16 cmolc/kg, et
du matériau kaolinitique dans le cas contraire ;
- Les sous-ordres reprennent le facteur hydro-climatique, soit le caractère
hydromorphe ou non-hydromorphe pour les matériaux récents et kaolinitiques, soit la
durée de la saison sèche pour les matériaux kaolinitiques ;
- Les grands groupes se basent sur la présence d’horizons génétiques
particuliers tandis que les sous-groupes se réfèrent aux variations dans le
développement d’un horizon ainsi que les caractéristiques propres aux unités de
transition entre catégories supérieures (intergrades) ;
- La nature lithologique de la roche mère détermine la famille tandis que la position
géomorphologique du profil détermine la sous-famille alors que la texture, la couleur,
le drainage sont utilisés pour déterminer la série.

27
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Une carte des sols du Burundi a été établie avec ce système de classification à une
ème
échelle de 1/50000 . Les informations nécessaires pour l’interprétation de cette
carte (ou planchette par région) sont données dans Tessens et al. (1991). Sur la coupe
de la planchette de Bubanza correspondant au périmètre rizicole de Mugerero et ses
environs (Figure 2.3), on note que les sols de ce périmètre, qui est le plus important de
toute la plaine de par sa superficie et sa production rizicole, sont des alluvions
d’origine fluvio-lacustre. Trois grands groupes de sols sont reconnaissables dans ce
périmètre : les vertisols (dominants au sud et à l’ouest du périmètre), les sols
solonetziques (au centre et au nord-est) et les sols d’altération récente eutrophe (au
sud), typique et humique (au nord du périmètre).

La zone de la présente étude, celle dont les sols sont visiblement touchés par les sels,
est située au sud-ouest de ce périmètre. Elle est constituée de deux types de sols : les
sols d’altération récente eutrophe et des vertisols.

Les sols d’altération récente eutrophe sont dérivés des alluvions fluviatiles, sont de
couleur 2,5Y dans le code Munsell, possèdent un horizon humifère de faible épaisseur
inférieure à 20 cm. Ces sols sont bien drainés, de texture argilo-limoneuse non limités
avant 100 cm par une charge graveleuse.

Les vertisols sont dérivés des alluvions fluvio-lacustres, possèdent un drainage pauvre
à très pauvre et un horizon humifère prononcé d’épaisseur supérieure ou égale à 20
cm et ne sont pas limités avant 100 cm par une charge graveleuse.

La partie du périmètre qui n’a pas été concernée par la présente étude est représentée
principalement par les sols récents texturaux solonetziques (au centre et au nord) et
par les vertisols sur un mince corridor à l’ouest du périmètre le long du drain principal
dénommé Ninga. Les sols récents texturaux solonetziques sont généralement bien
drainés mais des situations de mauvais drainage sont aussi signalées dans certaines
zones aux solonetz texturaux hydromorphes.

Dans la zone des piémonts, au nord du périmètre, on observe la présence d’un type de
sols d’altération récente humique, dérivé de matériaux sédimentaires ou faiblement
métamorphiques (formations schisto-gréseuses), de couleur 7,5YR, à horizon humifère
d’épaisseur inférieure à 20 cm. Ils accusent un développement cambique, sont de
couleur jaune ou rouge, bien drainés, argileux, argilo-sableux à limoneux et présentent

28
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

une altération modérée et moyennement profonde, non limités avant 10 cm par une
charge graveleuse.

Figure 2. 3: Carte des sols du périmètre de Mugerero

29
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Légende de la carte des sols de Mugerero

2.3. Climatologie

Dans la plaine de la Basse Rusizi, des données climatologiques enregistrées aux


stations météorologiques de Bujumbura-Aéroport, située à 3°19’ de latitude sud et
29°19’ de longitude est et éloignée d’une dizaine de km du périmètre rizicole de
Mugerero, et d’Imbo-SEMS installée dans le périmètre de Mugerero à une latitude sud
de 3°11’ et une longitude est de 29° 21’ sont recueillies par les services de l’Institut
Géographique du Burundi (IGEBU). Dans ce paragraphe, les données prises à la station
de l’Imbo - SEMS sont utilisées, sauf celles relatives à la vitesse du vent qui sont
empruntées de la station Bujumbura-Aéroport.

La plaine de la Rusizi, située dans un graben enfoncé, d’altitude variant entre 774 et
1000 m, entre des escarpements dont les crêtes peuvent atteindre 2000 à 2600 m,
jouit des conditions climatiques semi-arides, dues à une surchauffe du fond de la fosse
30
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

provoquant une forte convection locale. Les courants ascendants de masse d’air, bien
que chargés d’humidité évaporée du lac, réduisent considérablement les précipitations
dans le graben. Le climat tropical semi-aride est du type (AW4)S suivant la classification
de Köppen (Kottek et al., 2006) ; c’est-à-dire qu’il y a quatre mois (de juin à septembre)
pendant lesquels il tombe moins de 50 mm d’eau.

2.3.1. Les précipitations

Dans la Basse Rusizi, la hauteur pluviométrique annuelle moyenne est de 842 mm, des
écarts importants pouvant se produire par rapport à cette moyenne (par exemple
l’écart de près de 270 mm a été enregistré en 1993). La hauteur des pluies varie entre
572 et 1132 mm par année. Les pluies sont erratiques, irrégulières et fréquemment
orageuses (Tableau 2.1).

Les mois de mars et avril sont les plus pluvieux, celui de juillet le plus sec. Les 4 mois de
juin, juillet, août et septembre sont les plus secs avec des précipitations qui restent
inférieures à 50 mm par mois. Pendant la saison des pluies, des périodes de sécheresse
de 15 à 20 jours ne sont pas rares ; le nombre de jours de pluie varie entre 80 et 120
jours par an.

Tableau 2. 1: Relevés pluviométriques mensuelles de 1986 à 1999 et 2009 à 2011 (en mm) à la station Imbo-SEMS
(IGEBU)

Total
J F M A M J J A S O N D annuel
1986 147,0 139,8 78,3 234,2 36,7 13,8 0,0 3,0 27,6 78,7 94,6 70,1 923,8
1987 139,4 171,6 64,8 92,7 162,9 0,0 0,0 0,0 99,2 49,2 111,5 107,5 -
1988 - - - 115,6 43,6 0,1 4,3 98,8 67,0 76,3 93,4 165,1 -
1989 179,2 120,6 94,8 179,8 86,9 39,3 15,6 1,7 41,8 45,2 91,7 153,2 1049,8
1990 45,7 49,9 165,6 123,6 59,7 0,0 0,0 5,1 32,5 57,6 56,5 68,0 664,2
1991 72,3 123,0 188,4 95,9 64,3 25,8 0,1 2,3 32,4 93,4 112,1 172,3 982,3
1992 90,9 131,3 113,8 74,1 50,1 3,2 0,0 0,0 17,8 38,7 122,9 54,0 696,8
1993 110,0 63,1 125,0 77,9 76,9 0,7 0,0 1,6 0,0 27,8 51,1 38,3 572,4
1994 133,1 45,6 107,7 94,3 42,4 0,8 0,0 7,3 3,8 90,6 180,0 83,9 789,5
1995 117,2 170,3 84,0 152,6 24,8 - - 0,0 - - - - -
1996 - - - - - - - 1,6 89,2 53,7 38,3 -
1997 36,6 39,4 96,3 100,7 69,6 11,6 0,0 17,8 5,5 111,5 64,9 143,0 696,9
1998 161,9 97,8 252,7 65,2 79,0 1,2 4,0 3,2 27,4 19,4 7,4 36,0 755,2
1999 70,5 64,4 141,2 61,9 16,9 0,0 0,0 - - - - - -
2009 33,9 101,2 105,0 141,7 97,6 0,0 0,0 15,2 9,8 87,5 78,4 151,0 821,3
2010 205,8 184,0 184,2 101,5 32,4 5,9 0,0 0,0 71,7 33,1 124,9 70,9 1014,4
2011 67,0 99,1 198,0 109,9 83,7 31,4 21,7 3,8 57,5 72,5 127,1 260,3 1132,0
Moy 109,6 109,8 129,5 113,9 64,2 8,4 2,9 10,1 35,3 64,7 91,3 107,5 841,6

31
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

2.3.2. Les températures

Les températures minimales, maximales et moyennes mensuelles de la station de


l’IMBO-SEMS sont reprises dans les tableaux 2.5 à 2.7 en annexe. La figure 2.4 donne
les variations mensuelles des températures au cours de l’année pour la période de
1985 à 1999 et 2011. Elle montre que la moyenne annuelle de la température
moyenne journalière est voisine de 24,41°C. L’écart mensuel entre les températures
moyennes est d’environ 2°C. L’imbo-Centre connaît peu de variations des
températures moyennes : de 23,13°C à 24,86°C. Les températures maximum et
minimum moyennes sont respectivement de 30,4 et 18,3°C. Les maxima sont atteints
en septembre et octobre (25,4°C) tandis que les minima sont atteints en juillet
(22,5°C). La température moyenne annuelle est de 23,8°C ; les extrema absolus sont de
10°C et 38°C.

Figure 2. 4: Variation des températures moyennes, maximales et minimales au cours de


l'année à la station Imbo-SEMS

Les mesures des précipitations et des températures moyennes enregistrées à la station


météorologique de l’Imbo-SEMS permettent la construction du diagramme
ombrothermique (Figure 2.5). Ce diagramme montre que les mois de juin, juillet, août
et septembre sont effectivement les mois de sécheresse selon Gaussen et Bagnouls
(1957).

32
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Figure 2. 5: Diagramme ombrothermique pour la région d'Imbo-Centre

De nombreux auteurs ont cherché des expressions rattachant la valeur de


l’évapotranspiration potentielle (ETP) aux facteurs climatiques. Certaines formules
proposées résultent d’ajustements statistiques et peuvent de ce fait être qualifiées
d’empiriques, d’autres procèdent d’un raisonnement physique plus rigoureux de
quelques hypothèses.

En 1948, C.W. Thornthwaite établit une relation empirique permettant de calculer


l’évapotranspiration potentielle (ETP) à partir des données des températures. Elle est
donnée par la formule (Bonnet et al., 1970) :

̅
( ) (2.1)

( ) (2.2)

( ) (2.3)

ETP (m)= Evapotranspiration moyenne du mois m (m = 1 à 12) en mm ;

̅ = moyenne interannuelle des températures du mois m en °C ;

i = Indice thermique mensuel ; I = Indice thermique de l’année considérée ; il est égal à


la somme des indices mensuels des 12 mois de l’année ; ∑

F(m, ) est le facteur correctif du mois m et de la latitude . Il et donné dans une table.

La valeur de l’évaporation potentielle annuelle est la somme des 12 valeurs


d’évapotranspiration potentielle mensuelle.

33
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

En appliquant cette formule aux données de températures enregistrées à la station


Imbo-SEMS, nous constatons (Figure 2.6) que l’ETP moyenne annuelle est comprise
entre 961 et 1006, la moyenne est égale à 979 mm soit 116% de la moyenne des
précipitations. L’ETP est supérieure aux précipitations pour toutes les années
d’observations sauf pour les années 1989 et 2011. Cependant, les mois de décembre à
avril sont caractérisés par des précipitations supérieures aux ETP mensuelles ; et ce
sont logiquement les grands écarts de précipitations entre les mois de la saison
pluvieuse et les mois de la saison sèche pendant laquelle il ne pleut pratiquement pas
(Tableau 2.1, Figure 2.5) qui réduisent les précipitations annuelles aux valeurs
inférieures à l’ETP annuelle.

Figure 2. 6: Variation annuelle de l'évapotranspiration et des précipitations dans la plaine de la Basse Rusizi

2.3.3. L’humidité relative

Les données mensuelles d’humidité relative recueillies couvrent la période de 1984 à


1999. Elles sont montrées dans le tableau 2.8 en annexe. Au cours de l’année,
l’humidité relative moyenne journalière de l’air varie de 56 % à 93% avec une moyenne
de 73%. Les minima journaliers sont de l’ordre de 50% à 12h tandis que les maxima
oscillent entre 70% et 80% à 6h. Au cours de l’année, l’humidité est plus élevée
pendant la saison pluvieuse (de novembre à mai) que le reste de l’année (Figure 2.7).
Cela résulte de la couverture nuageuse beaucoup plus importante durant cette
période.

34
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Figure 2. 7: Variation de l'humidité relative au cours de l'année à la station Imbo-SEMS

2.3.4. Les vents

Deux types de vents soufflent sur la Basse Rusizi : les alizés du sud-est et les vents
locaux. Les alizés du sud-est agissent de façon déterminante sur le climat local. Ils
règlent directement les précipitations dans les zones de haute altitude et
indirectement les précipitations dans les zones de basse altitude dont la Basse Rusizi.
Ces vents secs sont dominants en saison sèche tandis qu’en saison pluvieuse le pays se
trouve sous l’influence de la zone de convergence intertropicale.

Les vents locaux observables dans la Basse Rusizi sont les brises et l’effet Foëhn
(Scaëtta, 1934). Les brises sont causées par des réchauffements différentiels des
surfaces. La brise du lac (ou brise lacustre) souffle du lac Tanganyika vers les
montagnes. Elle est diurne ; elle commence à souffler en fin de matinée et disparaît le
soir. La brise de terres, quant à elle, souffle la nuit des montagnes vers le lac. Quoi que
la force de ces brises soit faible, elles interviennent dans les phénomènes
d’évaporation et de transpiration des plantes et sont responsables d’une érosion
éolienne surtout en saison sèche sur les sols dénudés, surpâturés ou brûlés (Museruka
et Opdecamp, 1982). L’effet Foëhn est lié à la barrière topographique. Au contact avec
la crête Congo-Nil, les masses d’air subissent une déviation altitudinale et
s’engouffrent alors dans la vallée de la Rusizi, avec une grande vitesse.

Les vents violents sont rares. Les valeurs moyennes de la vitesse du vent mesurée à la
station Bujumbura-Aéroport sont illustrées sur la figure 2.8. La valeur moyenne de la
vitesse du vent pour la période de 1990 à 2010 est de 1,1 m/s. Les vitesses élevées
sont observées pendant la saison sèche (mois de juin, juillet, août et septembre).

35
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Figure 2. 8: Evolution de la vitesse du vent à la station Bujumbura-Aéroport

2.3.5. L’insolation

La moyenne annuelle d’heures d’ensoleillement est de 2245 heures soit 51% de


l’ensoleillement maximum théorique possible avec un maximum pendant les mois secs
de juin à août et un minimum pendant les mois les plus pluvieux : de novembre à avril
(Figure 2.9). Dépendant de la couverture nuageuse, l’insolation est nettement plus
élevée dans la région de l’Imbo que le reste du pays.

Figure 2. 9: Evolution de la durée d'ensoleillement au cours de l'année à la station Imbo-SEMS

2.4. Hydrologie

La Rusizi, déversoir du lac Kivu, draine l’entièreté de la plaine de la Rusizi. A la sortie de


ce lac, elle traverse, par série de chutes et de rapides, les plaines de la Haute et de la
Moyenne Rusizi et perd son caractère torrentiel à l’approche de la Basse Rusizi pour

36
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

n’être plus interrompue que par quelques rapides. Dans son cours inférieur (en
dessous de la cote 820 m environ) et jusqu’à son embouchure au lac Tanganyika (774
m), la Rusizi développe une plaine alluviale de largeur moyenne atteignant 1500 m.
Son lit ordinaire est bien individualisé et sa largeur varie entre 40 et 60 m. Toute coupe
transversale met en évidence l’encaissement de la rivière par rapport à l’ensemble des
terres de la vallée (20 à 50 m et davantage) ainsi que l’existence de diverses terrasses,
sauf dans la région du delta.

Un réseau hydrographique assez dense sillonne les escarpements. La plaine de la Basse


Rusizi est parcourue par de petites rivières ; du nord au sud : Kajeke, Ninga, Mpanda,
Mutimbuzi et Ntahangwa. Le périmètre de Mugerero est traversé par les rivières Ninga
et Mpanda. Tous les affluents de la Rusizi coulent plus ou moins perpendiculairement à
l’axe de la vallée et s’infléchissent généralement formant un angle de 45° avec l’axe de
la rivière principale. Ces rivières accusent un caractère fortement torrentiel surtout
dans leur cours supérieur. Tous les affluents sont loin d’avoir leur profil d’équilibre,
leur régime est très variable et est sujet à de fortes crues entraînant un charriage
important et une instabilité du cours inférieur.

La Rusizi prend sa source sur le lac Kivu et se jette dans le lac Tanganyika. Les eaux de
la Rusizi ont une conductivité électrique comprise entre 750 et 1400 micromhos/cm
(Frankart et Herbillon, 1971) avec d’importantes variations saisonnières affichant de
grandes valeurs en saison sèche. Les carbonates et bicarbonates sont les anions les
mieux représentés, tandis que le magnésium et le sodium dominent parmi les cations.
Cette salinité décroît d’amont en aval à cause de l’influence des affluents pauvres en
sels. Cependant, l’infiltration locale d’eau souterraine de mauvaise qualité
contrebalancerait, selon Logan, 1954 (Frankart et Herbillon, 1971), l’effet bénéfique dû
au débit des tributaires.

Suivant la classification des eaux d’irrigation de l’United States Salinity Bureau (1954),
les eaux de la Rusizi sont fortement salines (classe C3) à faible danger d’alcalinisation
(classe S1). Pour Wageningen, 1965 (Frankart et Herbillon, 1971), les eaux de la Rusizi à
coefficient d’absorption de sodium (SAR) égal à 2,66 sont très dangereuses pour
l’irrigation, vu leur « résidu Na2CO3 » extrêmement élevé. Sa valeur est voisine de 5,06
mmolc/L, or, les eaux ayant un résidu supérieur à 2,50 mmolc/L sont considérées
comme impropres à l’irrigation (Frankart et Herbillon, 1971).

Les eaux des affluents de la Rusizi sont caractérisées par une faible salinité. Les résidus
secs à 105 °C pour les affluents de la Rusizi sont compris entre 60 et 280 mg/L alors

37
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

qu’ils oscillent entre 8500 et 12200 mg/L pour la rivière Rusizi (Frankart et Herbillon,
1971). Les variations saisonnières sont insignifiantes.

Cahen (1954) renseigne d’abondantes sources thermales et thermo-minérales dans la


région des fossés tectoniques ; elles sont généralement considérées comme liées à des
failles. Dans la partie burundaise de la plaine de la Rusizi, des sources thermales sont
signalées dans la province Cibitoke au sein des régions de la Moyenne et la Haute
Rusizi. Elles sont chargées en sels solubles et se jettent directement dans la Rusizi.

2.5. Occupation des sols

Comme déjà signalé, la plaine de la Basse Rusizi présente des températures élevées, de
faibles précipitations, une humidité relative constamment basse le jour et proche de la
saturation la nuit. Avant son aménagement pour l’agriculture au cours des années
1950, un engorgement quasi-permanent d’eau caractérisait cette région à topographie
basse. A ces conditions inhospitalières à la vie humaine, s’ajoutaient la prévalence des
vecteurs du paludisme et de la bilharziose liée aux marécages et aux flaques d’eau
quasi-permanents. Les années 1950 correspondent avec les premières vagues
d’occupation des sols par les populations humaines déplacées des hautes terres pour
cultiver le coton sur des parcelles appelées « paysannats ».

Les années 1960 furent marquées par de vastes campagnes d’aménagement de la


plaine de l’Imbo sous le financement de la CEE (Communauté Economique
Européenne) en vue de l’intensification agricole. A l’Imbo-Centre, ces travaux
consistaient notamment en l’aménagement des terres en rizières et en polycultures
irrigables, en la construction d’un barrage d’irrigation sur la rivière Mpanda et en la
mise en place des ouvrages de lutte contre les inondations.

Ces aménagements furent accompagnés par des travaux d’assainissement du milieu et


d’installation des infrastructures sociales (écoles, dispensaires, …). Certaines parcelles
furent affectées à la riziculture (dont celles du périmètre rizicole de Mugerero),
d’autres à la polyculture, et d’autres à l’élevage. De petites portions de terre furent
réservées aux boisements villageois.

Ces changements rapides constituèrent un important attrait à l’installation humaine


qui connaît dès lors une grande croissance jusqu’à atteindre une densité de 177
habitants au km² en 2005 dans la commune administrative de Gihanga qui inclut le
périmètre de Mugerero selon les données de la Monographie de cette commune
établie en 2006 par le ministère burundais de la planification du développement et de
la reconstruction nationale.
38
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

En ce qui est de l’occupation végétale, la plaine de la Basse Rusizi n’a jamais été
complètement recouverte par une végétation forestière. On y trouve depuis
longtemps des savanes plus ou moins arbustives dominées par le palmier Hyphaene
petersiana et l’Acacia spp.(Reekmans, 1980). Avant les années cinquante, les
formations ligneuses denses à couvert continu occupaient la plus grande partie de la
Basse Rusizi. Au fur et à mesure que l’homme s’installe avec ses cultures, le couvert
végétal naturel régresse. Des superficies énormes furent consacrées à la riziculture
irriguée et d’autres sont devenues des zones de pâture non contrôlée entrainant
même un surpâturage. En 1959, toute végétation ligneuse avait disparu dans le secteur
des transversales et en périphérie des paysanats situés à l’est de la Route Bujumbura-
Cibitoke. Actuellement, la végétation naturelle n’est représentée que par la réserve
naturelle de la Rusizi, située à l’ouest de la Route Bujumbura-Cibitoke et dominée par
le palmier Hyphaene petersiana et Acacia spp.

2.6. Origine des sels dans la plaine de la Basse Rusizi au Burundi

Pour aborder l’origine des sels dans la plaine de la Basse Rusizi, nous explorons les
facteurs de salinisation tels que montrés dans le chapitre 1. Il s’agit notamment des
facteurs géologiques, du climat, de la composition des eaux du bassin hydrologique, de
l’état des eaux souterraines et des activités humaines.

2.6.1. Facteurs de salinisation des sols de la plaine de la Rusizi

2.6.1.1. Environnement géographique et climat

La plaine de la Rusizi, comme déjà signalé, provient du retrait progressif du lac


Tanganyika et est comblé des sédiments lacustres sur sa plus grande partie. De même,
elle accumule les sédiments fluviatiles apportés par la rivière Rusizi et ses affluents. Le
delta de la Rusizi est constitué des sols en majorité salins caractérisés par des
efflorescences salines bien visibles pendant la saison sèche. Cette région est connue
depuis longtemps des éleveurs qui recherchent ces encroûtements blanchâtres pour
leurs effets bienfaisants au bétail. Les sels qu’elles contiennent stimuleraient l’appétit
et auraient des fonctions génésiques et reproductrices et auraient même des vertus
curatives au bétail. Cette « poudre », dans le delta de la Rusizi, proviendrait de
l’ascension par capillarité des eaux du lac Tanganyika qui sont caractérisées par des
concentrations en Mg et en Na relativement élevées (Tableau 2.4.) et un rapport
Mg/Ca élevé. Tiercelin et al. (1989) signalent la présence, au niveau des côtes, de
nombreux dépôts de carbonates, à prédominance de calcite magnésienne ainsi qu’un
hydrothermalisme (générateur de sulfures massifs) dans le fossé du lac au niveau du
39
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Cap Banza. La source des sulfates seraient à mettre en relation avec


l’hydrothermalisme sous marin qui est actif sur les côtes de ce lac.

Le climat est, pour le processus de remontée de sels, un facteur déterminant. Les sols
salins ne peuvent se former en général que sous climat aride et semi-aride. Dans la
plaine de la Basse Rusizi, le climat est dans l’ensemble semi-aride. C’est au cours de la
saison sèche que l’évaporation intense ramène à la surface tous les sels dissous par
l’eau en période humide ; d’où des efflorescences salines deviennent abondantes dans
les couches superficielles.

Durant la saison des pluies, les eaux de la Rusizi et de ses affluents (de même que
celles du lac Tanganyika dans les zones côtières comme le delta de la Rusizi) débordent
et recouvrent le sol qui s’imprègne des sels solubles que ces eaux contiennent. Au
moment de la saison sèche, la concentration des sels dans les sols s’effectue de façon
intense : pompées des profondeurs du sol par l’action de la chaleur, les eaux
souterraines sont amenées à la surface entrainant avec elles les sels qu’elles gardent
en solution. Lorsqu’elles arrivent près de la surface, une précipitation progressive des
sels s’effectue, devenant totale dans les derniers centimètres. Les sols salins de la
Rusizi trouveraient donc leur origine dans les inondations périodiques qui les couvrent.

2.6.1.2. Les colluvionnements des contreforts du Mumirwa

Les formations géologiques des contreforts du Mumirwa et de la crête Congo-Nil, qui


alimentent la plaine de la Rusizi en sédiments, sont constituées par les roches
précambriennes dont les lithologies dominantes sont (Hakiza, 2002) :

- les métasédiments et les granites qui occupent les contreforts de la plaine : ce sont
des gneiss, des micaschistes, des lentilles de calcaires dolomitiques. A plusieurs
endroits, ces roches ont été traversées par de nombreuses injections magmatiques ;

- les quartzites stratifiés avec intercalations phylliteuses surmontées par des phyllites
très altérées ;

- les métapélites fort redressées qui recouvrent toute la crête Congo-Nil : ce sont des
schistes dans lesquels sont intercalés des amphibolo-chloristoschistes, avec de minces
niveaux quartzitiques.

Dans la plaine de la Basse Rusizi, des sédiments fluvio-lacustres, principalement issues


du démantèlement de roches métamorphiques précambriennes de la crête Congo-Nil,
à salinité variable, sont favorables à la formation des sels par lessivage. Enfin, les

40
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

matériaux du substratum, riches en minéraux phylliteux et en ferromagnésiens, sont


favorables pour la formation des sols salins.

2.6.1.3. Etat de drainage

Les colluvions en provenance de ces formations géologiques sont déposées dans la


plaine directement par ruissellement au niveau des piémonts ou par le courant des
rivières Mpanda, Kajeke et Ninga qui, à certains moments, submergent les terres et les
cultures de la région par inondation et y laissent les sédiments et les sels qu’ils
contiennent. Le relief plat et le drainage interne insuffisant seraient des facteurs
d’accumulation des sels. La Kajeke prend sa source dans les contreforts du Mumirwa.
Elle n’a pas de sortie directe dans la Rusizi mais est connectée à travers les marais de
Kimirabasore. La rivière Mpanda prend son origine dans la forêt de la Kibira, formation
végétale forestière de la crête Congo-Nil, entre dans la Réserve Naturelle de la Rusizi et
se déverse dans la rivière Rusizi. Cette plaine est caractérisée par l’existence d’un
horizon de profondeur dure qui défavorise le drainage et qui influencerait l’état
d’engorgement et un écoulement interne des solutions du sol suivant le gradient de la
pente dans les horizons superficielles. Ce dernier phénomène justifierait pourquoi la
partie la plus salinisée du périmètre rizicole de Mugerero se trouve au sud-ouest où les
cotes altitudinales sont les plus faibles.

Le climat semi-aride combiné avec l’existence des dépressions relativement confinées


constituent aussi des facteurs de salinisation des sols de l’Imbo-Centre. Les
occurrences des smectites sont témoins d’un confinement qui aurait prévalu dans le
passé.

2.6.1.4. Géologie et hydrogéochimie du bassin de la Rusizi

La teneur en éléments salins des eaux souterraines est en relation avec la nature des
roches ou des sols au travers desquels l’eau s’est infiltrée (Adriaens et Waegemans,
1943). Toutes les roches peuvent s’altérer et donner des cations basiques mais elles
n’ont pas toutes les mêmes capacités d’altérabilité. Certaines roches sont plus
facilement altérables que d’autres.

Les études entreprises sur le volcanisme du Sud-Kivu, ont montré la présence des laves
basaltiques et alcalines (Kampunzu et al., 1984). La composition chimique des
échantillons de laves de la Haute Rusizi, côté RDC, est montrée au tableau 2.2. Des
laves tholéïtiques et alcalines (Tack et De Paepe, 1983) faisant partie de la province
volcanique de Sud-Kivu sont observées dans la partie septentrionale de la plaine.

41
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Tableau 2. 2 : Composition chimique des laves de la Haute Rusizi en pourcent (Kampunzu et al., 1984)

Echantillon KM24 MR6 KM112


SiO2 45,50 45,64 46,68
TiO2 2,98 1,85 2,21
Al2O3 14,64 14,57 12,77
Fe2O3 4,11 5,35 3,92
FeO 6,51 6,40 8,13
MnO 0,18 0,14 0,19
MgO 9,89 8,96 11,30
CaO 8,29 10,31 8,66
Na2O 2,21 2,39 2,75
K2O 1,14 0,82 0,60
P2O5 0,88 0,63 0,51
+
H2O 1,65 1,48 1,01
-
H2O 1,29 0,88 0,41
Total 99,27 99,42 99,14

Lors de l’altération météorique, les cations K, Na, Ca, et Mg sont lixiviés de même que
la silice, l’aluminium et le fer et sont alors acheminés dans la Rusizi par les eaux de
ruissellement ou ses affluents. Par là, les roches basiques du bassin versant de la Rusizi
constitueraient la source primaire des sels présents dans les eaux de la Rusizi et dans
les sols de la plaine de la Basse Rusizi.

La vallée de la Rusizi, appartenant au grand Graben Central Africain, recoupe des bancs
volcaniques et draine les eaux des sources thermales et salines qui abondent dans ces
régions. Celles-ci sont elles-mêmes en relation avec les manifestations volcaniques qui
caractérisent ces régions (Ármannsson et Gíslason, 1983). Ainsi, de nombreuses
sources thermales sont signalées que ce soit du côté burundais que du côté congolais.
Dans la région de Cibitoke, des sources thermales sont fortement chargées en
bicarbonates, en sodium, en chlore, en potassium, en magnésium, en calcium, en
sulfate, etc… (Tableau 2.3). En analysant les compositions chimiques des eaux
thermales du Burundi, Ármannsson et Gíslason (1983) ont constaté que les eaux des
sources de Ruhwa, Ruhanga et Gasenyi de la province de Cibitoke sont très riches en
dioxyde de carbone ; c’est-à dire que leur valeur en CO2 est supérieure à 300 mg/L. De
plus, elles sont également riches en Cl et saturées par rapport à la calcite. Ces sources
thermales coulent directement vers la Rusizi qu’elles enrichissent ainsi en sels.

42
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Les eaux des rivières qui traversent la région ont une double possibilité de se charger
en éléments minéraux solubles provenant, soit de l’attaque progressive des bancs
volcaniques, soit des eaux thermales ou salines qui se jettent dans leur cours.

2.6.1.5. Les eaux de la Rusizi et du lac Kivu

Comme montrée ci-haut, la Rusizi prend source au lac Kivu. Les eaux de ce lac sont
sous l’influence des teneurs en sels des laves volcaniques de la région et accusent de
concentrations consistantes en cations et anions solubles qui augmentent avec la
profondeur (Tableau 2.4). Dans son cours supérieur, la Rusizi collecte les eaux à salinité
élevées issues des régions volcaniques du Sud-Kivu et des eaux des sources thermales.
Après la traversée des zones volcaniques au niveau de la Moyenne Rusizi, la salinité
décroît d’amont en aval (Tableau 2.3), effet probablement dû à la dilution par les
affluents de la Moyenne Rusizi à faible salinité.

Tableau 2. 3: Composition chimique de l'eau de la Rusizi, du lac Tanganyika et des eaux thermales de la région de
Cibitoke (cations et anions en mmolc/L)

Nom Statut pH Na K Ca Mg S Cat SO4 Cl F CO3 HCO3


*
Kitenge eau 6,10 0,64 0,04 0,42 0,28 1,38 0,86 0,08 0,01 - -
thermale
*
Ruhwa eau 7,00 16,92 1,75 3,17 4,52 26,36 0,18 2,34 0,14 - -
thermale
*
Ruhanga eau 6,88 36,24 4,13 4,83 9,75 54,95 0,45 15,58 0,11 - -
thermale
*
Gasenyi eau 7,08 24,75 0,86 1,00 0,66 27,27 2,52 3,53 0,26 - -
thermale
*
Cibitoke eau 5,98 2,05 0,53 4,84 4,77 12,19 6,60 0,19 0,05 - -
thermale
Rusizi (au rivière 9,01 4,58 2,50 0,52 8,36 15,96 0,40 1,02 - 5,36 10,05

Kivu)
Rusizi à rivière 9,21 6,00 2,70 0,47 8,09 17,26 0,69 0,94 - 5,32 10,42

115km
Gde Rusizi à rivière 9,18 4,72 1,90 0,45 5,78 12,85 1,00 0,71 - 3,48 7,89

50 km
Petite Rusizi rivière 9,18 4,35 1,80 0,57 5,29 12,01 0,75 0,68 - 2,66 7,76
à 2km▫

Tanganyika Lac 8,85 2,65 1,06 0,53 3,80 8,04 1,00 0,78 - 2,43 5,01

Mpanda Affluent 7,52 0,28 0,07 0,22 0,20 0,77 - - - 0,00 0,49
de Rusizi

Mpanda Affluent 7,11 0,32 0,11 0,19 0,15 0,78 - - - - -
de Rusizi

Dogodogo Lac, bassin 9,48 5,32 0,18 0,47 1,47 7,44 - - - 1,10 4,75
de Rusizi

TangaIsland Lac 8,80 2,85 0,85 0,72 3,43 7,85 0,14 0,83 0,04 - -

Tanganyika Lac 9,15 2,58 0,73 0,63 3,25 7,19 - - - 0,82 4,87

Tanganyika Lac 8,5-9,2 2,83 0,78 0,34 3,46 7,41 0,07 - - - -

Source : *Ármannsson et Gíslason (1983), données converties de mg/kg en mmolc/L ; AESED (1954) (in Frankart
◊ ○
et Herbillon (1971)); Gourdin et al. (1986); (Degens et al., 1971), données converties de mg/L en mmolc/L ;

(Kabwa, 2010) données converties de mg/L en mmolc/L

43
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Différentes indices (RSC, CE, SAR) montrent que les eaux de la Rusizi sont impropres à
l’irrigation (Frankart et Herbillon, 1971). Ses eaux sont en équilibre avec la nappe
phréatique de la plaine de la Basse Rusizi qu’elles inondent en certains moments. La
présence de sels (Chlorures, carbonates et sulfates) dans les sols de la Basse Rusizi
pourrait donc s’expliquer par des eaux de la Rusizi pompées dans les matériaux sablo-
argileux très perméables pendant les périodes arides de l’année.

Tableau 2. 4: Composition chimique de l'eau du lac Kivu et de la Rusizi (Degens et al., 1973)

Ca Mg K Na Cl SO4 N(NH4) P
Localité
mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mmol/kg mmol/kg
Kivu (0 m) 4,8 87 97,4 122 55 23,8 18 0,8
Kivu (100 m) 64 147 145 192 - 25 487 18,8
Kivu (200 m) 83,1 182 179 245 - 166 1314 32,7
Kivu (350 m) 111 394 315 465 - 214 546 53,2
Kivu (440 m) 113 417 338 487 - 220 7105 54,8
Rusizi (Près de
4,6 88 100 117 - - 2 1,1
Bukavu

2.6.1.6. Régime d’irrigation pour la riziculture

Avant les aménagements hydroagricoles des années cinquante, la plaine de la Basse


Rusizi en général et le périmètre rizicole de Mugerero en particulier était occupée par
des végétations naturelles et était périodiquement inondée par les rivières Kajeke et
Mpanda.

Après l’installation des systèmes d’irrigation et de drainage au cours des années


soixante et septante, les cultures irriguées de riz et les villages d’agriculteurs ont
occupé toute la partie Est de la route Bujumbura-Cibitoke. Le périmètre de Mugerero a
été aménagé de 1968 à 1973 dans le cadre du projet FED-IMBO sur financement de
l’Union Européenne. L’aménagement de départ concernait 1370 ha de rizières et 1120
ha de polyculture. Par la suite, au cours de la période 1977 à 1978, 280 ha de
polyculture ont été réaménagés en rizières. La réduction des superficies de polyculture
s’est également accompagnée de l’abandon de la culture de coton au profit de la
riziculture irriguée.

Ce périmètre est irrigué à partir d’un barrage érigé sur la rivière Mpanda à Gatura et
l’eau est amenée par gravité vers la zone à irriguer par un canal tête morte de 6700 m.
L’eau de la rivière Mpanda, comme d’ailleurs celles des rivières de la Basse Rusizi, est
de bonne qualité pour l’irrigation (Tableau 2.3). L’ensemble du périmètre est doté d’un
vaste réseau d’irrigation et de drainage comprenant deux canaux principaux longs de
8500 m et de 4400 m respectivement, de canaux et drains secondaires totalisant des

44
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

longueurs respectives de 30140 m et 37000 m et d’un vaste réseau de canaux et drains


tertiaires mesurant 223680 m. Le périmètre de Mugerero est également pourvu d’un
collecteur principal, la Ninga, d’une longueur totale de 13000 m.

Dès le début des années 2000, la riziculture a attiré beaucoup d’agriculteurs. Des zones
de polyculture non dotées d’infrastructures d’irrigation ont été aménagées en rizières
sans plan de l’art par les agriculteurs. La quantité d’eau normalement destinée à
irriguer les seuls 1650 ha du périmètre aménagée de Mugerero devrait dès lors être
partagée avec les parcelles nouvellement mises sous riziculture. La superficie à servir a
passé à près de 3000 ha.

Bien que chaque parcelle ait un accès direct à un canal d’irrigation, l’irrigation ne se
fait pas de façon indépendante entre les parcelles. En effet, l’insuffisance de l’eau
d’irrigation a poussé les associations de riziculteurs à organiser l’usage de l’eau
d’irrigation par tours d’eau. L’eau n’est pas appliquée continuellement dans la parcelle,
sa distribution suit un partage dans le temps et dans l’espace. Toutes les exploitations
à servir sont regroupées en quartiers d’irrigation constitués de parcelles contiguës.
L’eau est fournie à toutes les parcelles d’un même quartier simultanément au moment
où les canaux desservant les parcelles d’autres quartiers en sont dépourvus.
Cependant, malgré tous les efforts pour servir tous les utilisateurs, la satisfaction des
besoins en eau reste une préoccupation majeure.

Dès le début des années 1990, l’entretien des drains et des canaux d’irrigation, qui
était sous la responsabilité directe de la SRDI, a été confié aux associations des
riziculteurs qui doivent mobiliser leurs membres pour l’exécution de ces travaux.
N’étant pas conscients des inconvénients du mauvais entretien de drains ou par
manque de punition aux contrevenants, les agriculteurs n’ont pas répondu
efficacement à ce travail. Des drains ont été alors mal entretenus, d’autres ont été
bouchés ; ce qui a rehaussé le niveau de la nappe phréatique qui était déjà chargée en
sels. La situation s’est empirée pendant la guerre de 1993 où des situations
anarchiques n’ont pas favorisé l’entretien des drains.

L’insuffisance de l’eau d’irrigation et le manque d’entretien de drains a poussé certains


riziculteurs à utiliser l’eau des drains pour l’irrigation ou l’eau en provenance de
parcelles contiguës en amont, ce qui a augmenté la concentration en sels. Dès lors, le
rendement rizicole des certaines parcelles a baissé à cause du manque d’eau
d’irrigation et surtout à cause de l’accumulation de sels.

45
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Deux types de nappe existent au sein des formations lacustres anciennes qu’occupe le
périmètre de Mugerero (Frankart et Herbillon, 1971) : une nappe perchée qui se situe
à une grande profondeur (15 à 70 m) et une nappe suspendue temporaire qui résulte
de la compacité des horizons B et parfois du mauvais drainage externe. Pendant la
saison humide, le front d’humectation envahit l’horizon B et le transforme en une
couche plastique mais n’atteint pas l’horizon C. Vu que le niveau de la nappe perchée
est profond et que celle-ci n’est pas libre (Elle est sous pression, piégée sous une
couche d'argile), elle n’exercerait pas d’influence sur la chimie des sols de la couche
superficielle. Par contre, les eaux de la nappe suspendue sont sous l’influence de
l'évaporation. Pendant les périodes sèches, elles sont ramenées à la surface et
s’évaporent en laissant en surface les sels qui s’accumulent.

En bref, des sels auraient été laissés par le lac Tanganyika et/ou la rivière Rusizi et
auraient été lessivés vers les horizons de profondeur; ils sont solubilisés par les
inondations (riziculture et irrigation) et remontent actuellement à la surface sous
l'effet de l'évaporation et dans des conditions de mauvais drainage.

2.6.2. Conclusion

La plaine de la Basse Rusizi est constituée d’alluvions lacustres et fluviatiles issues des
contreforts kibariens aux roches métamorphiques et basiques susceptibles de générer
les sels par altération. Néanmoins, il est difficile de rechercher l’origine des sels dans
ces formations géologiques parce que les eaux des affluents de la Rusizi (côté
burundais) qui y prennent source présentent de faibles concentrations en sels.
Cependant, les roches carbonatées (marbres et encroûtements) pourraient constituer
une source de calcium.

L’analyse de la composition chimique des laves des régions volcaniques du Sud-Kivu,


du lac Kivu et des sources thermales de la région de Cibitoke, toutes localisées dans la
partie septentrionale du bassin versant de la Rusizi, révèlent des rapprochements
entre leurs teneurs en sels et celles des eaux de la Rusizi. La source primaire de la
salinité de la rivière Rusizi et des sols de la Basse Rusizi serait donc liée au volcanisme
du Kivu et à l’hydrothermalisme de son bassin versant. Des quantités appréciables de
cations (Na, K, Mg et Ca) proviendraient de l’altération des roches volcaniques. Quant
aux constituants anioniques, la source primaire du CO3 et de HCO3 serait l’atmosphère
tandis que les ions Cl et SO4 et une partie de carbonates seraient d’origine
hydrothermale et volcanique. Les sulfates proviendraient aussi d’un hydrothermalisme
actif dans le fossé du lac Tanganyika. D’importantes quantités d’ions sont déversées
dans la Rusizi et arrivent au bout de compte dans le Lac Tanganyika. Les eaux de la
46
Chapitre 2. Cadre géographique et écologique de la plaine de la Basse Rusizi

Rusizi étant en équilibre avec la nappe phréatique de la Basse Rusizi, des sels diffusent
dans le profil du sol et sont ramenés dans les couches superficielles par remontée
capillaire. En cas de débordement pendant la saison pluvieuse, les sols s’imprègnent
des sels et, en saison sèche, les sels sont ramenés à la surface par évapoconcentration.
Si la principale origine des sels se situe dans le volcanisme et l’hydrothermalisme du
Kivu, d’autres sources mineures comprendraient l’hydrothermalisme du fond du lac
Tanganyika et les concrétions calcaires des contreforts de Mumirwa. Des facteurs
comme la topographie, la proximité du lac, le climat semi-aride et l’irrigation mal
conduite faciliteraient la concentration des sols en sels dans la Basse Rusizi.

En définitive, la Rusizi aurait le rôle de transporter les ions dont la source primaire
serait l’altération météorique des roches basiques, l’hydrothermalisme et le
volcanisme récent du Sud-Kivu. Leur accumulation dans les sols de la Basse Rusizi
serait accentuée par l’effet combiné du climat, de la topographie et de la proximité du
lac. Les sols du delta de la Rusizi, du fait de la proximité avec le lac Tanganyika seraient
sous l’influence directe des eaux du lac et recevraient, en plus des sels issus du
volcanisme du Sud-Kivu, des sels provenant de l’hydrothermalisme sublacustre du
Tanganyika.

47
Deuxième partie :

Aspects pratiques et expérimentaux de la recherche

49
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du


périmètre rizicole de Mugerero dans la basse vallée de la Rusizi au
Burundi
Résumé

La salinisation des sols est une contrainte majeure à la production rizicole dans le périmètre de
Mugerero. Dans cette étude, les propriétés physico-chimiques des sols de ce périmètre sont
discutées. Les analyses ont porté sur 19 échantillons composites de surface (prélevés sur 13
parcelles rizicoles et 6 parcelles abandonnées) et 34 échantillons issus des profils pédologiques
(creusés sur trois parcelles abandonnées et sur une parcelle rizicole). Les variables analysées
étaient constituées des propriétés constitutives (granulométrie, minéralogie des argiles, taux
de matière organique et de carbonates totaux et capacité d’échange cationique) ainsi que des
propriétés de la solution au rapport sol/eau de 1/2 et du complexe d’échange propre à cette
dilution.

Les résultats d’analyse granulométrique montrent que les sols étudiés contiennent des taux
d’argile compris entre 5 et 68 % et des taux de sable qui varient entre 88 à 22% dans le sens
inverse de celui des taux d’argile tandis que les teneurs en limon oscillent autour de 10%.
L’analyse minéralogique de la fraction argileuse montre qu’elle est composée de la kaolinite,
de l’illite, des smectites et du quartz. Le taux de carbone organique varie entre 0,04 et 2,23%
tandis que celui des carbonates totaux varie entre 0,2 et 8,5%. La CEC mesurée avec l’acétate
d’ammonium à pH 7 (CEC-NH4) varie de 3 à 43 cmolc/kg et est, pour tous les sols, plus faible
que la CEC mesurée avec l’acétate de sodium à pH 8,2 (CEC-Na) qui est comprise entre 3 et 50
cmolc/kg. Les deux séries de CEC montrent de meilleures corrélations avec le taux d’argile (r2 >
0,89) qu’avec le taux de carbone organique (r2 < 0,30). Par ailleurs, la relation entre la CEC et
ses principales sources de charges superficielles du sol sont telles que CEC-Na = 2,98C% +
0,64A% (r2= 0,99) et CEC-NH4 = 3,02C% + 0,48A% (r2= 0,99) ; ce qui montre que le complexe
d’échange trouve une part importante de son origine dans les minéraux argileux 2:1. Les
solutions de sols montrent des pH alcalins à très alcalins (pH > 8 pour 45 solutions sur les 53) et
une conductivité électrique (CE) variant entre 0,05 et 11,12 dS/m avec une médiane de 1,21
dS/m. Les anions dominants sont soit les sulfates soit les bicarbonates tandis que le Na domine
parmi les cations avec une proportion moyenne de 82%. Contrairement aux observations
couramment faites dans la plupart de sols salés du monde, le Cl est faiblement représenté
avec en moyenne 1% de la charge anionique. Le complexe d’échange au rapport sol/eau de
1/2 est dominé par le Ca et le Mg pour la plupart des sols tandis que le taux de Na atteint 60%
pour certains cas; la part du K demeurant négligeable dans tous les échantillons.

D’autre part, le taux de sodium échangeable (ESP) moyen de 26% pour les parcelles
abandonnées est significativement supérieur à celui des parcelles rizicoles qui est de 8%. De
même, des augmentations significatives des taux d’argile et des carbonates totaux et de la CEC

51
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

sont observées avec la profondeur alors que les taux de carbone organique et de sable
diminuent avec la profondeur.

Par ailleurs, la sélectivité d’échange pour Na par rapport aux divalents (Ca+Mg) est
correctement décrit par un coefficient de sélectivité de Vanselow (KV) unique égal à 0,5 ou
celui de Gaines et Thomas (KC) égal à 0,3; tandis que la sélectivité de l’échangeur pour Mg par
rapport à Ca est décrit par un coefficient de sélectivité unique, KV = KC = 0,7. En outre, le
coefficient de sélectivité de Gapon (KG) n’est pas constant mais s’accroit avec l’augmentation
de l’ESP. Cependant, dans une gamme de faible sodicité (SAR < 20 mM0,5), une valeur KG de
l’ordre de 0,012 est valable pour des applications pratiques.

Abstract

Soils salinization is a major constraint to rice production in Mugerero paddy area. In this study,
the physico-chemical properties of soils of that locality are discussed. Fifty three soil samples
(19 composite samples collected from thirteen rice parcels and six abandoned parcels and 34
samples collected from three horizons of soil profiles dug in three abandoned parcels and one
rice parcel) were analyzed for intrinsic properties (texture, clay mineralogy, cation exchange
capacity (CEC), organic carbon content (C%) and limestone (CaCO3)), soluble variables and
composition in 1/2 soil to water ratio extracts (pH, electrical conductivity (CE), cations and
anions) and exchangeable cations.

Results show that our samples have clay content and sand content that vary from 5 to 68% and
from 88 and 22% respectively; silt content oscillating around 10%. X-ray diffraction of the clay
fraction shows illite, kaolinite, smectite and quartz as clay minerals. CEC measured using
CH3COONH4 (CEC-NH4) varies between 3 and 43 cmolc/kg and is less than CEC measured in
CH3COONa (CEC-Na) for all soil samples. The latter CEC varies from 3 to 50 cmolc/kg. The
relationships between CEC and the two sources of soil charge are such that CEC-Na = 2.98C% +
0.64A% (r2= 0.99) and CEC-NH4 = 3.02C% + 0.48A% (r2= 0.99); indicating that an important part
of the exchange complex has its origin in the 2:1 layer clay minerals.

Soil solution exhibit an alkaline pH and a CE varying from 0.05 to 11.12 dS/m with a median
value of 1,21 dS/m. Soil solution composition are dominated by sulfate or bicarbonate and
sodium. The latter cation represents an average proportion of 82% of cation charge. While
chloride is widely cited as dominant in salt-affected soils, its content in our soils solutions is
very low (average value of 1%). The exchange complex is dominated by Ca and Mg in many
soils while Na percentage reaches 60% in some cases. Comparing samples categories, we
found that there is no significant difference between the rice fields and those abandoned for
particle size distribution and for composition of the soil solution. However, the average
exchangeable sodium percentage (ESP) of 26% for abandoned parcels is significantly higher
than the one of rice parcels (average value of 8%). Regarding the vertical variability, significant
increases with depth are observed for clay and limestone content. Conversely, organic carbon

52
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

and sand content decreases significantly with depth. Moreover, Na – (Ca+Mg) exchange
equilibrium is well described using Vanselow and Gaines&Thomas selectivity coefficients equal
to 0.5 and 0.3 respectively. However, Gapon selectivity coefficient (KG) is not constant and
increases with the increasing sodic load; it seems constant and equal to 0.012 for low sodicity
(SAR < 20 mM0,5). Furthermore, the Mg – Ca exchange equilibrium is well described using a
unique value of selectivity coefficient equal to 0.7.

53
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.1. Introduction

La dégradation de la qualité des sols par la salinisation est un processus connu depuis
longtemps dans l’histoire de l’humanité. Ainsi, Jacobsen et Adams (1958) signalent que
ce phénomène est apparu dans le Sud de l’Irak vers l’an 2400 avant notre ère.
Actuellement, une superficie d’environ 830 millions d’hectares à travers le monde est
affectée par la salinité (Qadir et al., 2000), soit 15 % des terres agricoles (Munns, 2005)
et au moins 20 % des terres soumises à l’irrigation sont touchées par la salinité et/ou
irriguées par des eaux à forte concentration saline (Ghassemi et al., 1995). Selon Qadir
et al. (2000), plus d’une centaine de pays au monde connaissent des problèmes de
salinité des terres, principalement dans les régions arides caractérisées par des
évaporations supérieures aux précipitations.

La salinisation peut être causée par des processus naturels liés à l’altération d’alumino-
silicates primaires conduisant à la libération d’alcalinité par réaction avec l’anhydride
carbonique, et à la dissolution de roches évaporitiques au contact des nappes
souterraines (Marlet et Job, 2006). L’accumulation de sels dans les horizons
superficiels des sols peut aussi résulter de mauvaises pratiques agricoles telles que
l’irrigation par une eau salée, et un mauvais drainage des sels accumulés ; une
irrigation excessive par rapport aux besoins des plantes, même avec une eau de qualité
acceptable, peut aussi entraîner une remontée de la nappe phréatique favorisant
l’ascension capillaire des solutions et une précipitation des sels, voire même un
encroûtement salin, à la surface du sol soumise à une forte évaporation (Ghassemi et
al., 1995 ; Pitman et Lauchli, 2002).

Au Burundi, les sols affectés par la salinité sont situés dans la plaine de la Basse Rusizi
où ce processus a été suspecté depuis plusieurs décennies. Le goût salé des évaporites
de la plaine de la Rusizi laissait supposer une forte teneur en NaCl, raison pour laquelle
les éleveurs les utilisaient depuis longtemps pour accompagner l’alimentation du
bétail. Dans le périmètre de Mugerero, aménagé pour la riziculture irriguée et les
polycultures dans les années 1960 et 1970 (Kibiriti, 1981), les premiers signes de
salinité sont apparus au début des années 1980, et le phénomène s’est
particulièrement amplifié après la guerre civile de 1993. Selon un rapport récent de
Kabwa (2010), la salinité affecterait actuellement 375,52 hectares sur les 2534,06
hectares du périmètre, soit 15 % de la superficie, et 182 parcelles d’un demi-hectare
chacune particulièrement touchées ont été abandonnées par les agriculteurs. Les
pertes de production de riz de ce périmètre sont évidemment énormes.

55
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Quelques études menées sur la chimie des sols salés et de leur végétation au Rwanda-
Burundi (Adrians et Waegemans, 1943) et surtout sur la pédogénèse des sols de la
Basse Rusizi (Frankart et Herbillon, 1971) ont montré que ces sols contiennent des
minéraux relativement solubles tels que des carbonates et sulfates de sodium et de
magnésium. Ces caractéristiques particulières peuvent conduire non seulement à une
charge sodique excessive sur le complexe d’échange, mais également à un taux
important de magnésium échangeable. Cette charge particulière en Mg a fait l’objet de
beaucoup moins d’études scientifiques que celles qui sont consacrées à des charges
excessives en Na, caractéristique de très loin la plus fréquente dans les sols
salés/alcalins de par le monde.

L’objectif spécifique de ce chapitre est de caractériser finement une collection de sols


issus du périmètre de Mugerero, en vue de mettre en évidence les particularités
physico-chimiques de ces sols. Afin de disposer de sols présentant de grandes
diversités au sein de la typicité des sols locaux, des échantillons de surface ont été
prélevés dans des parcelles sous riziculture diversement affectées par la salinité et
dans des parcelles abandonnées, ainsi que des échantillons à différentes profondeurs
dans un nombre limité de parcelles. Cette série d’échantillons devrait permettre
d’identifier les processus qui gouvernent la composition de la solution du sol, et d’en
quantifier les paramètres en vue d’une insertion dans des modèles
hydropédochimiques globaux qui pourraient être utilisés pour la réhabilitation et la
gestion de périmètres irrigués dans la plaine de la basse Rusizi. Et de façon plus
générale, une compréhension fine des facteurs physico-chimiques est indispensable à
l’établissement d’indicateurs de qualité des sols dans le contexte pédologique
particulier à la zone étudiée (Bendra et al., 2012).

De façon accessoire à l’objectif ci-dessus, nous vérifierons dans quelle mesure les
parcelles abandonnées et les parcelles encore sous riziculture se différencient sur le
plan physico-chimique. Un autre chapitre tentera d’établir l’impact des
caractéristiques du sol des parcelles sous riziculture, notamment le niveau et le type
de salinité, sur les paramètres du rendement du riz.

56
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.2. Matériel et méthodes

3.2.1. Zone d’étude

Avec une altitude variant entre 775 m (dans le Delta de la Rusizi) et 1000 m (au niveau
de l’isohypse marquant le début de l’abrupt de faible pente vers l’est) (Nzigidahera,
2003), la plaine de la Basse Rusizi (Figure 3.1) est la région la plus basse et la plus
chaude du Burundi (température moyenne de 24°C). C’est une plaine fluvio-lacustre
adossée à l’est aux contreforts de la dorsale et cernée par la rivière Rusizi. Les
formations lacustres, dont la largeur peut atteindre plus de 20 km, sont ceinturées au
sud et à l’ouest d’alluvions fluviatiles et lacustres, récentes et actuelles. A l’est, des
dépôts de piémont, accrochés aux reliefs du versant oriental du graben, les
recouvrent. Des cordons sableux reposent, localement, en discordance sur ces diverses
entités morphologiques (Frankart et Herbillon, 1971). Le périmètre rizicole de
Mugerero fait partie des formations lacustres anciennes occupées par les vertisols et
les solonetz (Frankart, et al. 1965 ; Frankart et Herbillon, 1971).

La Basse Rusizi est parcourue par de petites rivières ; dans l’ordre suivant du nord au
sud : Kajeke, Ninga, Mpanda, Mutimbuzi et Ntahangwa. Le périmètre de Mugerero est
traversé par les rivières Ninga et Mpanda dont les eaux accusent une faible salinité
(AESED, 1962 ; Logan, 1954, cités par Frankart et Herbillon, 1971; Kabwa, 2010)
contrairement à celles de la Rusizi (Frankart et Herbillon, 1971).

La plaine de la Basse Rusizi bénéficie d’un climat semi-aride comme le montre sa faible
pluviométrie moyenne (806 mm/an) et son évapotranspiration potentielle moyenne
élevée (872 mm/an) (Hakiza, 2002). C’est un climat de type (AW4)S selon la
classification de Köppen repris par Lohrnann et al. (1993). Les pluies sont irrégulières
et erratiques, avec d’importantes variations entre années.

La zone sur laquelle se concentre notre étude couvre une superficie de près de 800 ha
au sud-ouest du périmètre rizicole de Mugerero (Figure 3.2), s’étendant sur les deux
blocs les plus touchés par la salinité, à savoir le bloc 81 et le bloc 91. Cette zone se
situe entre les coordonnées 29°21’ et 29°19’ de longitude est et 3°13’ et 3°15’ de
latitude sud.

Dix-neuf parcelles ont été sélectionnées au sein de cette zone, dont treize sous culture
de riz et six parcelles couvertes de végétation naturelle, abandonnées par les
agriculteurs il y a trois à deux décennies suite à une salinisation devenue

57
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

progressivement excessive. Le critère de sélection était la nature et l’état de la


végétation en place. Les 13 parcelles rizicoles ont été choisies sur base de
l’appréciation visuelle de l’aspect du riz en place (appréciation faite au stade de
montaison). On a alors choisi 4 parcelles emblavées par du riz de bonne vigueur, 4
parcelles occupées par du riz de vigueur moyenne et 5 parcelles occupées par du riz de
mauvaise vigueur.

Le choix des parcelles abandonnées était basé sur la composition du tapis végétal en
supposant que ce sont les variabilités des facteurs pédologiques qui imposent les
spécificités des espèces végétales dominantes sur les parcelles abandonnées. Dans
cette catégorie de sols, nous avons choisi trois parcelles à dominance de Cynodon sp.
(urucaca), deux parcelles à dominance de Cyperus platicaulis (indava) et une parcelle à
dominance du Typha domingensis (umubere). Les principales caractéristiques des
parcelles choisies ainsi que leurs coordonnées géographiques sont données en annexe.

3.2.2. Echantillonnage

Des échantillons de surface (0-25 cm) ont été prélevés à la tarière sur les 13 parcelles
rizicoles et les 6 parcelles abandonnées. Pour chaque parcelle, un échantillon
composite a été constitué par mélange de prises ponctuelles effectuées aux
écartements de 11 m x 12,5 m, (soit 24 prises par parcelle de 0,5ha). La méthode
d’échantillonnage systématique par quadrillage a été utilisée pour éviter toute forme
de subjectivité comme décrit par Mathieu et Pieltain (2003). Les prélèvements de sol
ont été réalisés en juillet 2011 après la récolte et le retrait de l’eau d’irrigation pour les
parcelles rizicoles.

Par ailleurs, des échantillons de profondeur ont été prélevés au sein de 4 parcelles :
une parcelle rizicole et trois parcelles abandonnées couvertes respectivement par
Cynodon sp., Typha domingensis (umubere) et Cyperus platicaulis (indava). A cet effet,
3 fosses pédologiques de 120 cm de profondeur ont été creusées sur chacune de ces
parcelles, en alignement sur la médiane principale, respectivement à 1/4, 1/2 et 3/4 de
sa longueur. La détermination des horizons a été faite sur la base de la couleur, de la
texture et de la résistance à la pénétration. Nous avons ainsi effectué des
prélèvements à 3 profondeurs à l’exception de la parcelle couverte de Cynodon sp. où
nous n’avons distingué que 2 horizons réellement marqués.

Les échantillons ont été séchés à l’air pendant deux semaines. Les sols secs ont été
ensuite broyés en pilant dans un mortier en porcelaine avec une pression modérée et

58
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

ensuite passés au tamis de 2 mm. Le tamisât ainsi obtenu a été ensaché et conservé
pour les analyses physico-chimiques.

Figure 3. 1: Localisation du périmètre rizicole de Mugerero au sein de la plaine de la Basse Rusizi

59
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 2: Localisation de la zone d'étude dans le périmètre rizicole de Mugerero

3.2.3. Analyses physico-chimiques

Les méthodes classiques d’analyse que nous avons utilisées sont décrites en détail
dans divers ouvrages tels que celui de Van Ranst et al. (1999), le Soil Survey Staff
(1996) et le Soil Survey Staff (2004). En bref, le fractionnement granulométrique a été
effectué après attaque de la matière organique par l’eau oxygénée et du calcaire par
l’acide chlorhydrique. La fraction argileuse a été dispersée par addition
d’hexaméthaphosphate de sodium suivie d’un traitement aux ultrasons. Le pH et la

60
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

conductivité électrique (CE) ont été mesurés sur des suspensions sol-eau au rapport
1/5 (w/v). La teneur en carbone oxydable a été déterminée par la méthode de Walkley
et Black et le calcaire total par addition de H2SO4 0,5M et titration en retour par NaOH
0,5M. Les cations extractibles et la capacité d’échange cationique (CEC) ont été
déterminées selon deux modalités, d’une part par la méthode Metson (extraction des
cations à l’Acétate-NH4 1M, pH 7 ; lavage de l’excès d’extractant à l’éthanol ; extraction
de NH4+ par KCl 1M), et d’autre part par la méthode Bower (extraction des cations à
l’Acétate-Na 1M, pH 8,2 ; lavage de l’excès d’extractant à l’éthanol ; extraction de Na+
par l’Acétate-NH4 1M, pH 7). Cette dernière méthode à pH plus élevé est préconisée
pour éviter, ou du moins minimiser, l’éventuelle dissolution de carbonate calcique par
une extraction à pH 7. En contrepartie, elle ne peut évidemment pas être utilisée pour
la mesure du sodium échangeable.

Par ailleurs, en vue d’identifier les éléments contribuant qualitativement et


quantitativement à la salinité des sols, nous avons préparé, dans des conditions
conventionnelles de référence pour tous les échantillons, des suspensions sol-eau au
rapport 1/2 (w/v) par ajout de 100 ml d’eau déminéralisée à 50 g de sol sec. Les
suspensions ont été laissées pour équilibrage pendant 12 heures puis agitées pendant
15 minutes avant de passer à la centrifugation à 2700 g pendant 15 min. Les solutions
décantées ont été filtrées sur papier Whatman n°41. Les concentrations en cations (Ca,
Mg, Na, K) ont été déterminées par spectroscopie d’émission atomique à plasma ICP-
AES ; les concentrations en anions non carbonatés (F, Cl, NO3, NO2, PO4 et SO4) ont été
déterminées par chromatographie ionique en phase liquide à haute performance
(HPLC) et les concentrations en CO3 et en HCO3 ont été obtenues par titrage
potentiométrique. Les teneurs de ces cations solubles à ce rapport sol/eau 1/2 ont été
aussi utilisées pour calculer les cations réellement échangeables en les déduisant des
bases extractibles à l’Acétate-NH4 1M, pH 7 et à l’Acétate-Na 1M, pH 8,2.

En outre, une analyse minéralogique de la fraction argileuse par diffraction des rayons
X a été réalisée pour les quatre échantillons composites de surface provenant des
quatre parcelles sur lesquelles on a creusé les fosses pédologiques. Cette analyse a été
faite sur la fraction argileuse décarbonatée et sans matière organique (échantillons
obtenus après traitement à l’eau oxygénée et à l’acide chlorhydrique lors de l’analyse
granulométrique). Les argiles étaient d’abord saturées en K ou en Mg. Les argiles
saturées en K étaient portées aux températures de 20°C, 150°C, 300°C et 550°C ; tandis
que celles saturées en Mg étaient analysées soit sans aucun autre traitement à 20°C,
soit après traitement à l’éthylène glycol (EG).

61
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.2.4. Analyse statistique

Lorsqu’il s’est avéré opportun, les résultats ont été soumis à une analyse de la variance
à un seul facteur avec le logiciel SAS Enterprise Guide 4.3 en vue de comparer les
moyennes des paramètres pédologiques des parcelles rizicoles à celles des parcelles
abandonnées d’une part, et entre celles des horizons des profils pédologiques d’autre
part. A cet effet, les tests multivariés de Student-Newman- Keuls (P ≤ 0,05) ont été
utilisés. Des relations corrélatives sous forme de régression linéaire ont été établies
entre certaines variables physico-chimiques des sols avec Excel 2010.

3.3. Résultats et discussion

Des tableaux détaillés de tous les résultats figurent en annexe. Dans la présentation
qui suit, les résultats seront repris en tableaux selon les besoins de comparaisons entre
groupes d’échantillons ou sous forme de graphiques reprenant l’ensemble des
échantillons.

3.3.1. Caractéristiques constitutives

Nous examinerons d’abord les caractéristiques constitutives des sols échantillonnés, à


savoir la composition granulométrique et minéralogique, la teneur en matière
organique, ainsi que la capacité d’échange des cations intrinsèquement tributaire de
ces constituants. Cet examen permettra de visualiser la diversité des caractéristiques
de base des échantillons récoltés.

3.3.1.1. Texture du sol

La composition granulométrique de tous les échantillons est reportée sur un triangle


textural à la figure 3.3. Les échantillons de surface se distinguent par une très grande
variabilité de la teneur en argile, dans une gamme de 10 à 70% ; la teneur en limon
(silt) présentant peu de variation autour d’une valeur de l’ordre de 10%, la teneur en
sable suit une variation inverse à celle de l’argile, dans une gamme de 80 à 20%. Les
échantillons issus des profils présentent clairement une augmentation de la teneur en
argile avec la profondeur.

L’examen visuel du triangle textural est complété par quelques analyses statistiques au
tableau 3.1. Pour les 19 échantillons composites de surface, aucune différence
significative de granulométrie moyenne n’est observée entre les parcelles rizicoles et
les parcelles abandonnées. Par ailleurs, l’analyse statistique confirme bien une
augmentation significative du taux d’argile avec la profondeur dans les 4 parcelles (les
62
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

valeurs moyennes pour chaque parcelle sont issues des résultats de 3 fosses
pédologiques), alors que le taux de sable varie dans en sens inverse, le taux de limon
ne présentant aucune variation significative avec la profondeur.

Figure 3. 3: Position des échantillons récoltés dans le triangle textural

3.3.1.2. Minéralogie de la fraction argileuse

Les diagrammes de diffraction des rayons X de la fraction < 2 µm de quatre


échantillons de sols sont montrés à la figure 3.4. L’observation de ces
diffractogrammes révèle que la composition minéralogique de la fraction argileuse des
échantillons analysés est plus ou moins identique. Elle est constituée d’illite, de quartz,
de kaolinite et de smectite. L’illite est reconnaissable par la constance de la distance
inter-réticulaire d001 à 10 A°, le quartz par les réflexions d001 à 4,26 A° et d002 à
3,34 ; la kaolinite par la réflexion d001 à 7 A° qui disparaît aux températures
supérieures à 300°C. La smectite est identifiable par un pic d001 à 12-15 A° qui passe à
10 A° par chauffage à 550°C et à 17 A° par traitement à l’EG des échantillons saturés en
Mg.

63
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 4: Spectres de diffraction des rayons X obtenus sur la fraction argileuse de quatre sols de Mugerero

3.3.1.3. Teneur en matière organique

Les teneurs en carbone organique au sein des échantillons composites de surface


présentent une variabilité très élevée, de 0,32 à 2,43%, résultant logiquement tant de
facteurs anthropiques que de facteurs pédogénétiques. Ainsi on note une bonne
corrélation du taux de C organique avec la teneur en argile (r2 = 0,70), traduisant une
stabilisation des composés humiques en interaction avec la fraction argileuse. On ne
note cependant aucune différence significative de teneur moyenne en C organique
entre les parcelles sous riziculture et les parcelles abandonnées (Tableau 3.1) ; il se
peut que la relation avec la texture masque l’effet éventuel de l’état cultural des
parcelles, vu que les teneurs moyennes en argile n’étaient pas non plus
significativement différentes entre les 2 groupes de parcelles.

Comme attendu, la teneur en C organique diminue systématiquement et


significativement avec la profondeur dans les 4 parcelles où des fosses pédologiques
ont été creusées (Tableau 3.1). Les valeurs plus élevées de matière organique dans les
horizons de surface sont dues aux activités agricoles et aux racines des végétaux qui les
couvrent.

64
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.1.4. Capacité d’échange cationique

Deux méthodes ont été utilisées pour la mesure de la capacité d’échange cationique,
différant par le cation saturant (NH4+ ou Na+) et le tamponnement du pH de la solution
(pH 7 ou pH 8,2 respectivement). Les valeurs de CEC obtenues pour les 53 échantillons
de cette étude sont présentées à la figure 3.5.

On note une excellente relation linéaire entre les 2 types de mesures; la pente de la
relation CEC-Na vs CEC-NH4 (forcée ou non par l’origine) indique que les mesures de
CEC à pH 8,2 sont supérieures de 18 à 25% en moyenne aux mesures à pH 7. Cette
différence peut être due à la fois à une augmentation de la déprotonation des charges
variables avec l’augmentation de pH, et à un effet du cation saturant. Dans nos sols, les
faibles teneurs en matière organique, surtout dans les horizons de profondeur, et la
présence de minéraux argileux 2 :1 comme discuté ci-dessous, donne à penser qu’il
s’agit principalement d’une exploration plus large des sites d’échange par le Na que
par le NH4. Ce dernier cation pourrait refermer les feuillets argileux en périphérie,
rendant ainsi une partie des sites interfoliaires inaccessibles, alors que le Na, toujours
fortement hydraté, explorerait plus profondément ces sites interfolaires.

Il est intéressant de tenter de relier les valeurs de CEC aux deux grands types de
constituants responsables des charges négatives superficielles, à savoir les constituants
organiques et les minéraux argileux. Des régressions simples et doubles ont été
établies entre d’une part la CEC, et d’autre part la teneur en C organique (C%) et la
teneur en argile (A%). Les équations suivantes ont été obtenues :

CEC-Na = 15,44 + 7,22 C% r2= 0,21 ; p = 0,0002 (3.1)

CEC-Na = 2,50 + 0,64 A% r2= 0,92 ; p < 0,0001 (3.2)

CEC-Na = 1,78 + 2,68 C% + 0,60 A% r2= 0,94 ; p < 0,0001 (3.3)

CEC-Na = 2,97 C% + 0,64 A% r2= 0,99 ; p < 0,0001 (3.4)

CEC-NH4 = 11,53 + 7,15 C% r2 = 0,28 ; p < 0,0001 (3.5)

CEC-NH4 = 1,31 + 0,52 A% r2 = 0,89 ; p < 0,0001 (3.6)

CEC-NH4 = 0,51 + 2,93 C% + 0,48 A% r2 = 0,93 ; p < 0,0001 (3.7)

CEC-NH4 = 3,01 C% + 0,49 A% r2 = 0,99 ; p < 0,0001 (3.8)

65
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Vu l’étroite corrélation entre CEC-Na et CEC-NH4, les mêmes observations s’imposent à


l’examen de ces équations. La variance de la CEC est davantage expliquée par la teneur
en argile que par la teneur en matière organique, tout en notant une amélioration de
la régression lorsque l’on prend en compte les deux types de constituants. Les
coefficients de régression des équations doubles permettent d’estimer que la fraction
argileuse de nos échantillons présente une CEC de l’ordre de 64 cmolc/kg à pH 8,2 et
de l’ordre de 49 cmolc/kg à pH 7. De telles valeurs impliquent que la fraction argileuse
contienne des minéraux de type 2:1 (smectites, vermiculites), vu que les minéraux de
type 1:1 (kaolinite) ont des CEC qui ne dépassent guère 10 cmolc/kg (Landon, 1991 ;
Duchaufour, 1988 ; Juo et Franzluebbers, 2003 ; Bourg et Sposito, 2011). Les
régressions doubles (forcées par l’origine) indiquent que la CEC d’origine organique est
de l’ordre de 297 cmolc/kg C à pH 8,2 et de 301 cmolc/kg C à pH 7. Si l’on admet
qu’une estimation de la teneur en matière organique (MO) puisse être obtenue en
multipliant la teneur en C organique par 1,72 (ce qui correspond à une MO organique
contenant 58% de C), la CEC de la matière organique de nos sols serait de l’ordre de
183 cmolc/kg à pH 8,2 et 182 cmolc/kg à pH 7. Ces valeurs se situent dans une
fourchette de valeurs assez faibles pour des composés humiques (150 – 250 cmolc/kg)
et pourraient traduire une humification relativement lente des résidus végétaux,
processus bien établi en sols anoxiques tels que ceux qui sont soumis à la riziculture.
Comme attendu, au vu de l’absence de différences significatives de teneurs en argile et
en C organique entre les horizons de surface des parcelles rizicoles et ceux des
parcelles abandonnées, les CEC ne présentent pas non plus de différences significatives
entre ces 2 groupes d’échantillons (Tableau 3.1). Dans les profils échantillonnés, la
logique de variation de la CEC avec la profondeur est moins évidente puisque la teneur
en argile augmente avec la profondeur alors que la teneur en matière organique
diminue. Le tableau 3.1 montre que l’horizon de surface a, de fait, une CEC plus faible
que les horizons de profondeur, mais par contre, les différences de CEC entre les 2
profondeurs suivantes ne sont pas significatives, traduisant une compensation de la
diminution de la teneur en matière organique par une augmentation de la teneur en
argile.

66
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Tableau 3. 1 : Composition granulométrique, pH, CE, teneurs en carbone organique et en CaCO3 et valeurs de la capacité d'échange cationique des échantillons de sols de
Mugerero*

Hz Pr. Sable Limon Argile C CEC-NH4 CEC-Na CE1/5 pHH2O 1/5 CaCO3
(cm) (%) (%) (%) (%) (cmolc/kg) (cmolc/kg) (dS/m) (%)
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
a a a a a a a a a
A 0-25 57,2±21,3 10,8±1,6 32,0±20,6 1,36±0,6 20,0±12,6 24,6±14,7 0,44±0,38 7,9±0,8 1,18±1,62
Parcelles abandonnées (n=6)
a a a a a a a a a
A 0-25 64,2±21,4 10,4±1,8 25,4±21,2 1,13±0,7 15,3±10,5 18,9±11,8 1,35±1,86 8,65±1,4 1,85±2,07
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
a a b a b b b b b
A 0-35 78,7±1,1 7,6±0,4 13,6±1,1 0,65±0,11 9,4±0,9 11,1±1,5 0,05±0,04 7,8±0,9 0,56±0,19
b a a b a a a a ab
B 35-58 62,8±3,5 9,3±0,1 27,8±3,6 0,25±0,07 15,8±2,0 20,2±1,1 0,18±0,09 9,7±0,3 3,26±2,07
b a a b a a a a a
C 58-120 57,4±6,1 9,7±2,7 32,8±3,5 0,17±0,02 18,3±2,7 22,9±3,0 0,19±0,04 9,76±0,1 6,67±3,10
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp.
a a a a a a a a b
A 0-35 61,7±1,1 11,33±4,2 27,02±3,5 0,36±0,06 15,9±1,1 20,0±0,3 2,51±0,9 8,42±0,1 0,87±0,42
b a a b a a a a a
C 35-120 56,4±1,5 10,4±0,9 33,2±1,7 0,18±0,06 16,8±1,1 20,6±1,0 2,42±0,9 8,97±0,4 3,67±0,71
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
a a b a b b a b b
A 0-20 68,2±5,1 9,9±0,6 21,9±5,3 1,03±0,07 13,1±3,5 18,6±3,6 0,78±0,19 8,26±0,7 0,49±0,11
b a a b ab a a a ab
B 20-75 50,3±5,1 9,5±6,7 40,17±1,7 0,5±0,03 18,7±4,3 27,6±2,0 0,62±0,01 9,44±0,2 2,43±1,81
b a a c a a a a a
C 75-120 41,2±3,9 15,2±5,9 43,6±6,6 0,26±0,04 22,8±2,9 29,9±2,2 0,54±0,10 9,67±0,1 4,29±1,26
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
a a b a b b a a b
A 0-25 85,5±2,5 7,5±1,1 7,1±1,5 0,34±0,02 4,2±1,0 4,8±1,07 1,00±0,49 9,99±0,7 1,00±0,41
b a a ab a a a a b
B 25-77 60,2±5,8 8,4±3,4 31,4±3,2 0,27±0,04 17,1±2,1 21,4±2,1 1,75±1,71 9,44±0,7 1,1±0,19
c a a b a a a a a
C 77-120 48,0±1,5 15,4±7,4 36,5±8,7 0,15±0,09 18,1±2,0 23,0±2,8 1,33±1,58 9,53±0,4 4,26±1,37
*Les valeurs sont des moyennes suivies des écart- types
a,b,c
: Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. Pour les échantillons
des profils pédologiques, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne et dans la même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%

67
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 5: Relation entre la CEC-Na pH 8,2 et la CEC-NH4 pH 7 (en trait plein : régression linéaire non forcée par
l’origine ; en pointillé : régression linéaire forcée par l’origine)

3.3.2. Salinité totale et alcalinité

3.3.2.1. Conductivité électrique

La conductivité électrique (CE) des suspensions sol/eau 1/5 varie dans une très large
gamme, de moins de 0,1 dS m-1 à plus de 5 dS m-1 sur l’une des parcelles abandonnées,
traduisant des niveaux de salinité extrêmement variables. Bien que l’analyse
statistique présentée au tableau 3.1 ne révèle pas de différence significative entre les
parcelles abandonnées et les parcelles sous riziculture pour le facteur CE, les parcelles
abandonnées présentent dans l’horizon de surface une salinité relativement plus
élevée que les parcelles sous riziculture. Cette observation est confirmée par les
mesures sur profils, où sur toute la profondeur échantillonnée, la CE de la parcelle
rizicole reste inférieure à 0,2 dS m-1 ; parmi les 3 parcelles abandonnées, la plus
affectée par la salinité est celle où la végétation naturelle est dominée par Cynodon sp.
Si l’on voulait replacer ces sols dans une classification de salinité, il faudrait disposer
des conductivités de la pâte saturée. On peut estimer que les suspensions 1/5 sont 5 à
10 fois plus diluées que des extraits de pâte saturée (pour lesquelles, selon la texture, il
faut ajouter de 50 à 100 mL d’eau à 100 g de sol sec pour arriver à saturation). Un sol
est rangé dans la catégorie des sols salins si la CE de sa pâte saturée est d’au moins 4
dS m-1, ce qui correspondrait à une CE de l’ordre de 0,4 à 0,8 dS m-1 pour l’extrait 1/5 si
l’on ne considère, en première approximation, que l’effet de dilution des sels
solubilisés. Selon ce critère, les valeurs moyennes de CE des parcelles abandonnées
(échantillons de surface et des profils) relèveraient de sols salins, alors que les valeurs
moyennes de CE des parcelles rizicultivées seraient à la limite ou inférieure au seuil de
classification comme sol salin.

68
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.2.2. pH

A l’exception de 8 échantillons, tous les sols analysés présentent des pH (des


suspensions au rapport sol/eau 1/5) supérieurs à 8, avec quelques valeurs extrêmes de
l’ordre de 10. Dans tous les profils, y compris celui de la parcelle rizicultivée, le pH est
supérieur à 9 dans les horizons de profondeur. Selon le classement de USDA (1998), les
sols échantillonnés sont alcalins à fortement alcalins. Sur le plan physico-chimique, il
est utile de rappeler que le pH de la solution du sol ne peut dépasser des valeurs de
l’ordre de 8,5 (valeur vraiment maximale d’équilibre avec la calcite) que s’il y a
présence de sels carbonatés solubles, typiquement des carbonates de Na, voire de Mg
dans des contextes géopédochimiques particuliers comme celui qui est étudié ici. Cet
aspect sera développé dans la section consacrée aux extractions de solutions de sol.

3.3.2.2. Carbonates totaux

Sur le plan analytique, la teneur en carbonates est déduite de la quantité d’acide fort
neutralisable par l’échantillon de sol. Cette consommation de protons est attribuée au
carbonate de calcium, la calcite, minéral carbonaté peu soluble dominant très
largement dans les sols à pH proche de ou supérieur à 8. Dans le cas de sols salins
alcalins, les minéraux carbonatés beaucoup plus solubles participent aussi à la réaction
et la conversion de la teneur en carbonate en teneur en CaCO3 doit donc être
effectuée avec prudence. Les résultats ont cependant été exprimés
conventionnellement en teneur en CaCO3, sous réserve d’affinement ultérieur dans ce
chapitre. Il s’avère que tous les échantillons sont carbonatés, ce qui est cohérent avec
les valeurs de pH. Les échantillons de surface présentent des teneurs de l’ordre du
pourcent de CaCO3, ces teneurs augmentant nettement avec la profondeur jusqu’à des
valeurs de 4 à 6 % dans l’horizon inférieur des profils échantillonnés.

3.3.3. Analyse ionique détaillée des sels solubles

3.3.3.1. Cohérence des résultats analytiques

Avant tout examen physico-chimique, nous avons d’abord procédé à une analyse de
cohérence de l’importante quantité de données résultant de l’analyse de solutions
extraites au rapport sol/eau 1/2 sur nos 53 échantillons. La cohérence des résultats
analytiques a été opérée sur la base d’une comparaison des CE et pH de ces solutions
avec les valeurs de ces paramètres mesurés au rapport sol/eau 1/5, sur la base d’une
comparaison entre concentrations équivalentaires totales de cations et anions, sur la
base d’une comparaison entre CE et concentrations salines totales, et sur la base de

69
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

relations d’équilibre entre cations des solutions et cations des complexes d’échange. Il
est apparu que 6 échantillons sur les 53 s’écartaient de l’allure générale des points
pour un ou plusieurs de ces critères, les « anomalies » concernant les cations et non
pas les anions. Il s’est avéré que ces échantillons correspondaient strictement à ceux
pour lesquels des concentrations non nulles d’Al et de Fe avaient été mesurées dans
les solutions extraites. Or il est clair que dans nos conditions d’extraction, il ne pouvait
y avoir d’Al ni de Fe en solution (solutions non acides, et en aérobiose), et que les
valeurs mesurées par ICP ne pouvaient dès lors provenir que de colloïdes ayant
échappé à la filtration, par accident ou par dispersion trop fine de certaines particules.
Après vérification qu’il ne s’agissait pas de colloïdes organiques, l’hypothèse logique de
la présence de fines particules argileuses a permis de soustraire des concentrations de
cations mesurées des quantités satisfaisant l’égalité entre somme des cations et
somme des anions, dans des rapports se conformant aux relations d’équilibre avec les
complexes d’échange établies sur la base des 47 échantillons ne présentant pas
d’incohérence analytique.

La figure 3.6 compare les concentrations cationiques et anioniques totales et la figure


3.7 présente la relation entre la salinité totale, estimée par la moyenne entre
concentrations cationiques et anioniques totales, et la conductivité électrique. Les
relations observées permettent de présumer d’une excellente qualité des résultats
analytiques.

Figure 3. 6: Relation entre les concentrations anioniques (S An) et cationiques (S Cat) totales dans les extraits
aqueux 1/2 (à gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique ; en trait plein : régression linéaire non
forcée par l’origine ; en pointillé : régression linaire forcée à l’origine

70
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 7: Relation entre la salinité des solutions et la conductivité électrique (CE) des extraits aqueux 1/2 (à
gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique ; en trait plein : régression linéaire non forcée par
l’origine ; en pointillé : régression linaire forcée à l’origine

3.3.3.2. Comparaison de pH et CE des extraits 1/2 avec les suspensions 1/5

Tant pour la vérification de la cohérence analytique que pour l’interprétation physico-


chimique, il est aussi intéressant de comparer les valeurs de pH et CE mesurées sur les
extraits 1/2 et les suspensions 1/5. On note une excellente relation linéaire entre les
CE aux deux rapports sol/eau, avec un coefficient de régression de 2,3 (Figure 3.8). Ce
coefficient est très proche du facteur de dilution (2,5), ce qui signifierait que la totalité
des sels solubilisés au rapport 1/5 le seraient dès le rapport 1/2, ou en d’autres termes
que les solutions extraites ne seraient pas saturées par rapport à des minéraux réputés
solubles, essentiellement des sels de sodium et de magnésium. La solubilité des sels de
Ca est par contre nettement plus faible et la différence entre le facteur 2,3 et le facteur
de dilution effectif 2,5 (en supposant une parfaite proportionnalité entre CE et
concentrations salines totales) pourrait être liée à la saturation des solutions en calcite
et éventuellement en gypse, aspects qui seront abordés ultérieurement.

71
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 8: Relation entre la CE des solutions de sols au rapport 1/2 et celle des suspensions au rapport sol/eau
1/5 (en trait plein : régression linéaire non forcée par l’origine ; en pointillé : régression linéaire forcée par
l’origine ; à gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)

Quant aux valeurs de pH aux rapports sol/eau 1/2 et 1/5, la figure 3.9a montre aussi
que la dilution de la suspension induit des valeurs de pH plus élevées, observation
couramment rapportée dans la littérature (McGeogre, 1937 ; Keaton, 1938 ;
McGeogre, 1944 ; Binkley et Richter, 1987 ; Landon, 1991 ; Soil Survey Staff, 2009). La
différence entre les valeurs mesurées aux deux rapports sol/eau est attribuable, parmi
d’autres facteurs, à des différences de pouvoir tampon, qui dépend principalement des
constituants à charge variable et donc de la teneur en matière organique. La
figure 3.9b montre de fait une tendance en ce sens pour notre série d’échantillons de
sols, mais la figure montre aussi que d’autres processus interviennent manifestement
dans cette liaison, tels que l’effet tampon des carbonates solubles dépendant
notamment du pH lui-même, ainsi que l’effet tampon lié à la solubilité de la calcite.

Figure 3. 9a: Relation entre le pH des extraits aqueux au rapport 1/2 et le pH des suspensions de sol au rapport
1/5 (à gauche) ; Figure 3.9b. Relation entre la différence de pH aux dilutions sol/eau 1/5 et 1/2 et la teneur en
carbone oxydable (à droite)

72
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.3.3. Composition ionique des solutions extraites

Globalement, les variations de salinité totale des solutions extraites, telles que
traduites par les variations de conductivité électrique, résultent de concentrations
variables en Na (Figure 3.10). Le coefficient de régression de 9,46 entre CE (dS.m-1) et
concentration en Na (mmolc. L-1) confirme que le cation largement dominant dans la
salinité totale est le Na, puisque ce coefficient est de l’ordre de celui qui lie la CE à la
concentration totale en sels. La figure 3.11 montre par ailleurs que l’anion sulfate
présente des concentrations qui suivent de près celles du sodium. Les concentrations
en Mg et sulfate sont bien corrélées (r2 = 0,82), mais le Mg présente toutefois des
concentrations 4 à 5 fois moindres que celles du sulfate. Et lorsque l’on somme les
concentrations en Na et Mg, on obtient une relation linéaire remarquable avec la
concentration en sulfate (Figure 3.12), avec une pente proche de l’unité indiquant que
la salinité de nos solutions est largement dominée par les sels sulfatés de Na et Mg.

Figure 3. 10: Relation la concentration en Na et la conductivité électrique dans l’extrait sol/eau 1/2 (à gauche:
échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)

73
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 11: Relation entre les concentrations en sulfate et les concentrations en Na des extrait sol/eau ½ (à
gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)

Figure 3. 12: Relation entre la concentration en sulfate et la somme des concentrations en Na et Mg dans les
extraits sol/eau 1/2 (en trait plein : régression linéaire non forcée par l’origine ; en pointillé : régression linéaire
forcée par l’origine ; à gauche: échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)

D’un point de vue qualitatif, le diagramme de Piper est une façon commode de
représenter les faciès chimiques d’un ensemble d’échantillons d’eaux ou de solutions
(Briel, 1993). A la figure 3.13, les triangles du bas représentent les faciès cationiques et
anioniques, et le losange du haut synthétise le faciès global.

74
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 13: Représentation des solutions de sol sur le diagramme de piper (réalisé avec le programme
DIAGRAMMES Version 5.8)

La contribution du K à la salinité étant toujours très faible, il se confirme ici que le Na


domine nettement la composition cationique relative, à raison de plus de 80% dans
une quarantaine d’échantillons sur les 53. Lorsque la proportion de Na diminue, les
points s’alignent sur une droite de rapport Ca/Mg = 1 ; en d’autres termes, la fraction
cationique non attribuable au Na est due pour moitié au Ca et pour l’autre moitié au
Mg.

Le triangle de composition anionique relative montre que la contribution des chlorures


(les concentrations en nitrate étant négligeables) à la salinité est très faible, toujours
inférieure de 5%, ce qui d’ores et déjà peut être relevé comme une caractéristique
particulière à notre contexte géopédologique, l’augmentation de la salinité des sols
étant très souvent liée à une augmentation des concentrations en NaCl. En
conséquence, nos solutions se distinguent sur le plan anionique par des proportions
variables de sulfate d’une part et de (bi)carbonate d’autre part, toutes les gammes de
composition relative étant représentées. Les concentrations en (bi)carbonate sont
étroitement liées au pH (Figure 3.14a), mais cela ne signifie pas que les plus fortes
proportions de sulfate soient observées aux pH les moins élevés, vu que, dans notre
collection de sols, la salinité non carbonatée n’est pas liée au pH (Figure 3.14b). Ainsi
nous disposons d’une collection de sols où deux types de salinités se superposent,
l’une due au sulfate et non liée au pH, et l’autre de nature carbonatée qui augmente
avec le pH, jusqu’à des valeurs traduisant une forte alcalinité.

75
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 14: Relation entre les concentrations de (bi)carbonates et le pH dans les extraits sol/eau 1/2 (à gauche) ;
relation entre la somme des concentrations en sulfate et chlorure et le pH dans les extraits sol/eau 1/2 (à droite)

La synthèse de composition cationique et anionique de nos solutions qui apparaît dans


le losange supérieur est également particulièrement éloquente. A l’exception de 5 ou 6
échantillons, les points permettent de distinguer globalement deux types de solutions,
les unes à proportion de Na supérieure à 90% présentant une large variation de
composition sulfatée et carbonatée relative, celle-ci étant toutefois toujours
supérieure à 10%, et une population de solutions dont la teneur carbonatée relative
est inférieure à 10%, mais au sein de laquelle les proportions de Ca+Mg peuvent
s’élever jusqu’à 50%. On perçoit ici l’effet de solubilité du CaCO3 (en interaction
éventuelle avec des formes magnésiennes qui seront évoquées plus loin) où de fortes
activités carbonatées vont de pair de faibles activités de Ca en solution.

Le tableau 3.2 présente les valeurs moyennes des compositions des solutions selon
diverses catégories de nos échantillons. Une comparaison des valeurs moyennes des
caractéristiques ioniques des solutions entre parcelles rizicultivées et parcelles
abandonnées met en évidence des concentrations moyennes de Na, Mg, et SO 4 très
nettement supérieures dans les parcelles abandonnées, mais la très grande variabilité
de ces parcelles de permet pas d’en dégager le caractère statistique significatif. Au sein
d’un même profil, nous n’observons pas non plus de variation statistiquement
significative des concentrations de ces ions avec la profondeur, tout en rappelant que
les profils sous parcelles abandonnées présentent des concentrations ioniques très
nettement supérieures aux profils de la parcelle rizicultivée.

76
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Tableau 3. 2: Caractéristiques chimiques des solutions des échantillons des sols de Mugerero

2+ 2+ + + - 2- 2- -
Hz Pr pH H2O CE Ca Mg K Na Cl SO4 CO3 HCO3
(cm) dS/m -------------------------------------------------------------mmolc/L--------------------------------------------------------------------------
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13
a a a a a a a a a a
A 0-25 7,46±0,65 1,05±0,9 1,52±1,77 1,57±1,88 0,13±0,09 8,6±7,6 0,1±0,05 9,06±9,4 0±0 1,8±1,12
Parcelles abandonnées (n=6)
a a a a a a a a a a
A 0-25 7,92±1,39 2,96±4,04 2,85±5,15 6,89±15,12 0,13±0,07 27,3±35,8 0,43±0,6 32,31±57,2 0,6±1,41 3,1±3,19
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
b a a a a a a a a
A 0-35 7,37±0,66 0,21±0,14 0,68±0,69 0,41±0,40 0,03±0 1,7±1,45 0,04±0,02 0,20±0,13a 0±0 1,98±1,49
a a a a a a a a a
B 36-57 8,68±0,38 0,35±0,11 0,13±0,05 0,14±0,07 0,02±0,01 3,33±1,26 0,06±0,02 0,96±1,32a 0,18±0,20 2,99±0,68
a a a a a a a a a
C 58-120 8,5±0,31 0,32±0,08 0,15±0,01 0,14±0,03 0,03±0,01 3,09±0,65 0,06±0,02 0,67±0,43a 0,08±0,08 2,30±0,31
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
a a a a a a a a a a
A 0-38 7,22±0,18 5,75±1,74 9,12±3,09 12,96±4,9 0,09±0,01 50,1±15,7 0,53±0,62 67,89±25,3 0±0 1,05±0,43
a a a a a a a a a a
C 35-120 7,81±0,32 5,78±2,25 7,08±5,54 10,58±7,9 0,08±0,04 55,7±18,7 0,69±0,45 66,67±30,9 0±0 1,04±0,39
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
b a a a a a a a a a
A 0-20 7,2±0,25 1,87±0,42 1,88±1,43 2,33±1,59 0,11±0,05 14,8±3,4 0,22±0,07 16,83±5,4 0±0 1,49±1,13
b b a a b a a b a a
B 20-75 7,65±0,28 1,28±0,11 0,37±0,17 0,50±0,17 0,03±0 11,5±1,03 0,12±0,07 9,25±1,61 0±0 2,50±0,35
a b a a b a a b a a
C 75-120 8,29±0,05 1,08±0,21 0,31±0,05 0,27±0,06 0,02±0 9,99±1,99 0,11±0,03 7,51±2,25 0,02±0,03 2,69±0,46
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
a a a a a a a a a a
A 0-25 8,8±1,27 2,36±1,32 0,36±0,18 0,62±0,70 0,08±0,01 24,61±12,0 0,09±0,05 18,67±16,5 1,22±1,68 5,09±3,96
a a a a a a a a a a
B 25-77 7,95±0,85 4,18±4,45 1,79±2,80 2,60±4,12 0,05±0,04 42,05±46,6 0,11±0,1 41,98±52,3 0,03±0,05 1,73±1,16
a a a a a a a a a a
C 77-120 8,39±0,86 3,08±4,00 1,42±2,09 2,63±3,98 0,09±0,02 31,21±40,7 0,09±0,04 31,12±47,1 0,25±0,22 3,31±2,0

*Les valeurs sont des moyennes suivies des écart- types


a,b,c
: Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%. Pour les échantillons
des profils pédologiques, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne et dans la même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%

77
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.3.4. Spéciation des solutions

Une spéciation chimique de toutes les solutions extraites a été effectuée grâce au
logiciel Visual Minteq (Gustafsson, 2010) avec comme objectif principal d’examiner
l’état de saturation de nos solutions par rapport à certains minéraux.

L’indice de saturation est défini comme suit, en prenant un minéral de formule


quelconque, AaBbCc dont l’équation de solubilité serait la suivante :

AaBbCc  aAx + bBy + cCz (3.9)

où x, y, et z sont les charges des ions en solution.


Le produit des activités ioniques (activités symbolisées par des parenthèses) de ces
éléments en solution est donné par

Ki = (Ax)a (By)b (Cz)c (3.10)

dont la valeur est définie comme étant le produit de solubilité K s dans une solution
saturée par rapport au minéral.

Si l’on considère la valeur logarithmique de Ki :

pKi = a log(Ax) + b log(By) + c log(Cz) (3.11)

l’index de saturation, Isat, est défini comme la différence entre la valeur de ce


paramètre dans la solution analysée et sa valeur à saturation, soit

Isat = pKi – pKs (3.12)

Un index négatif indique que la solution n’est pas saturée par rapport au minéral
étudié, et un index positif indique une sursaturation.

Le logiciel Visual Minteq fournit les index de saturation relatifs à tous les minéraux
constitués de compositions diverses des espèces effectivement présentes dans les
solutions analysées.

78
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Il se confirme qu’un nombre important de solutions sont caractérisées par un index de


saturation proche de 0 par rapport à la calcite. La figure 3.15 montre que l’index de
saturation par rapport à la calcite s’accorde raisonnablement bien avec nos mesures
de teneurs totales en carbonates, exprimées conventionnellement en CaCO3. Seules
quelques solutions présentant une faible teneur en carbonate total sont nettement
sous-saturées par rapport à la calcite. Dans la technique de mesure des carbonates
totaux, il est donc vraisemblable que le pouvoir neutralisant de ces quelques sols soit
surtout dû à des carbonates solubles plutôt qu’au CaCO3. Au-delà d’une teneur
équivalente en CaCO3 de l’ordre du pourcent, on peut considérer que les solutions
sont effectivement saturées par rapport à la calcite, compte tenu de la précision que
l’on peut effectivement attendre d’un calcul de spéciation très sensible à de faibles
différences de mesures expérimentales de (bi)carbonates en solution et de pH.

Figure 3. 15: Relation entre l’index de saturation en calcite et la teneur en carbonates totaux, traduite en teneur
en CaCO3

Comme nombre de nos solutions sont riches en sulfate, il est intéressant d’examiner
l’index de saturation par rapport au gypse CaSO4.2H2O. Selon la figure 3.16, les
solutions les plus concentrées en SO42- s’approchent de la saturation par rapport au
gypse. On peut donc s’attendre à ce qu’à des rapports sol/eau plus élevés que celui
auquel nos solutions ont été extraites, le gypse précipite. Outre la calcite, le gypse
constitue un minéral déterminant les concentrations en Ca. Ceci est évidemment le cas
des sols en place où la teneur pondérale en eau serait de l’ordre de 35-40% à
saturation en eau.

79
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 16: Relation entre l'index de saturation en gypse et la concentration des solutions en sulfate dans les
extraits sol/eau 1/2

En ce qui concerne le magnésium, le seul minéral répertorié par Visual Minteq dont
l’index de saturation s’approche de 0 pour quelques sols est la magnésite MgCO 3.
Aucune relation n’est toutefois observée entre l’index de saturation en magnésite et la
concentration en Mg des solutions qui, comme le Na, est bien corrélé à la
concentration en sulfate. Par contre, on note un parallélisme très étroit entre les index
de saturation en magnésite et en calcite (Figure 3.17).

Figure 3. 17: Relation entre les indices de saturation en magnésite et en calcite dans les extraits sol/eau 1/2

Cette observation est vraisemblablement à mettre en perspective avec les recherches


d’Arnaud et Herbillon (1973) qui concluent à la présence de calcites magnésiennes
dans les sols de la région étudiée ici, plutôt que de magnésite (toutes nos solutions
sauf une présentent un index de saturation négatif par rapport à ce minéral), et bien

80
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

évidemment de dolomite ; la formation de dolomite dans les écosystèmes naturelles


requiert la dégradation de la matière organique par des bactéries halophiles (Sánchez-
Román et al., 2009) qui ne pourrait pas se produire pendant la courte durée
d’incubation des suspensions de sols pour notre expérience. Les calcites sont dites
hautement magnésiennes lorsqu’elles contiennent plus de 4% de moles de MgCO3
(Milliman, 1974) et leur solubilité devient de plus en plus supérieure à celle de la
calcite pure avec l’enrichissement en Mg (Hermans, 2010).

3.3.4. Composition cationique du complexe d’échange

L’extraction des cations par percolation à l’Ac-NH4 et à l’Ac-Na inclut non seulement les
cations occupant le complexe d’échange, mais également les cations des sels
solubilisés lors de cette opération. La composition du complexe d’échange ne peut
donc être établie qu’en soustrayant les cations solubles des cations extraits. Comme
les équilibres entre complexe d’échange et solution du sol sont fonction, notamment,
de la force ionique de la solution, ce calcul n’est valable, de façon rigoureuse, que pour
une teneur en eau donnée dont est directement fonction la dilution des sels solubles.
Nous nous référerons donc ici au rapport sol/eau 1/2 ; dans un autre chapitre, nous
effectuerons la même démarche à différents rapports sol/eau afin de généraliser les
résultats exposés ici et de permettre le calcul des compositions des complexes
d’échange et solutions d’équilibre à une teneur en eau quelconque.

Comme la solubilité de certains sels ou minéraux carbonatés est tributaire du pH, nous
comparons d’abord les résultats des extractions cationiques à pH 7 (Ac-NH4) et à pH
8,2 (Ac-Na).

La comparaison des quantités de Ca extraites selon ces deux procédures est présentée
à la figure 3.18. On note que pour un bon nombre d’échantillons, la quantité de Ca
extraite à pH 7 est supérieure à la quantité extraite à pH 8,2. La raison en est évidente,
et est d’ailleurs à la base de la préconisation d’une extraction à pH supérieur pour les
sols contenant du CaCO3. En effet, on note à la figure 3.19 une liaison claire entre
l’excès de Ca extrait à pH 7 par rapport à pH 8,2 et la teneur en carbonates totaux
exprimée en CaCO3. Pour les sols peu carbonatés, les valeurs de Ca extraites sont
sensiblement identiques. Le Ca extrait à pH 7 provient donc en partie de la dissolution
de CaCO3 et il est donc clair que le calcul du Ca effectivement échangeable doit se
baser sur les extractions à pH 8,2 où la dissolution de CaCO3 ne peut être que
négligeable.
81
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 18: Comparaison entre le Ca extractible Figure 3. 19: Relation entre le Ca extrait selon les deux
avec AcNa pH8,2 et avec AcNH4 pH7 méthodes (AcNH4 pH7 – AcNa pH8,2) et la teneur totale
en carbonates exprimée en % CaCO3

En ce qui concerne le magnésium, la figure 3.20 montre que les quantités extraites aux
deux valeurs de pH sont remarquablement bien corrélées, avec un coefficient de
régression proche de l’unité. Ceci indique que le Mg extrait provient (quasi)
exclusivement du complexe d’échange et de sels très solubles dont la solubilité serait
totale aux valeurs de pH de nos deux extractifs. En d’autres termes, cela signifierait
que nos sols ne contiendraient pas, ou très peu, de minéraux magnésiens carbonatés
peu solubles, et que les carbonates totaux mesurés dans nos analyses peuvent de fait
être traduits de façon raisonnablement correcte en teneur en CaCO 3. Cette conclusion
n’est pas en contradiction avec la présence suspectée de calcites magnésiennes dans
nos sols, sachant que la libération de Mg à pH 7 par ce minéral ne peut qu’être très
faible par rapport à la libération de Ca, si l’on s’en réfère au faible niveau de dopage en
Mg de ces calcites, et à l’étroite relation entre les concentrations en Mg et sulfate des
solutions extraites.

82
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 20: Comparaison entre le Mg extrait avec AcNa pH 8,2 et avec AcNH4 pH 7

En sol non acide, bien saturé en bases, le potassium ne représente généralement


qu’une fraction réduite des cations échangeables. De plus, ce cation est généralement
peu concerné par la problématique de salinité où le sodium est le cation monovalent
largement dominant. Néanmoins, une comparaison du K extrait par les deux
procédures est présentée à la figure 3.21.

Figure 3. 21: Comparaison entre le K extrait avec AcNa pH 8,2 et avec AcNH4 pH 7

Les quantités de K extraites à pH 7 sont quelque peu supérieures aux quantités


extraites à pH 8,2. Cette différence est sans nul doute attribuable au cation utilisé pour
l’extraction, NH4+ à pH 7 et Na+ à pH 8,2, et non pas à la valeur de pH. Bien que tous
deux monovalents, le cation NH4+ présente une sélectivité d’échange par rapport à K+
nettement plus élevée que le cation Na+, tant pour des raisons d’hydratation que de
diamètre ionique. Comme K+, NH4+ a accès à des sites d’échange de bordure des
minéraux argileux 2:1, dans des espaces interfoliaires peu hydratés, alors que Na +
présente une énergie d’hydratation trop élevée pour extraire le K+ dans cette position.
83
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Il n’est évidemment pas possible de comparer le sodium extrait dans les deux
procédures puisque l’extractif de pH 8,2 est un sel de Na. Toutefois, les sels de Na sont
éminemment solubles, et on peut logiquement considérer que le Na total extrait à
l’Ac-NH4 représente effectivement la somme du Na provenant des complexes
d’échange et des sels solubilisés.
En conclusion de ces comparaisons, la composition cationique des complexes
d’échange sera calculée sur la base du Ca, Mg, et K extraits à l’Ac-Na et du Na extrait à
l’Ac-NH4. Les figures 3.22 et 3.23 confortent la validité de cette démarche. Ainsi, si on
soustrait les cations solubles des cations extraits totaux (comparés à la CEC en figure
3.22), on obtient les résultats présentés à la figure 3.23 où la somme des cations
échangeables est bien corrélée et effectivement très proche de la CEC mesurée à l’Ac-
Na pH 8,2.

Figure 3. 22: Comparaison entre la somme des Figure 3. 23: Comparaison entre somme des cations
cations extraits et CEC-Na échangeables (différence entre cations extraits totaux et
cations solubles) et CEC-Na

Le tableau 3.3 présente les valeurs moyennes de composition des complexes


d’échange selon divers regroupements de nos échantillons. Les commentaires que l’on
pourrait faire sur la somme des cations échangeables sont analogues à ceux qui ont
été présentés précédemment au point 3.3.1.4 en ce qui concerne la CEC. Il est par
contre opportun de comparer ici les cations échangeables en termes de fraction
d’occupation du complexe d’échange plutôt que d’effectuer des comparaisons sur la
base des valeurs absolues. Comme le K n’occupe qu’une fraction minime du complexe
d’échange et n’est pas concerné par les problèmes de salinité, les pourcentages de Na,
Ca, Mg échangeables sont exprimés par rapport à la somme de ces cations. On
constate que le taux moyen de Na échangeable (ESP) est significativement plus élevé

84
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

dans les parcelles abandonnées que dans les parcelles sous riziculture. Un ESP moyen
de 26% dans les parcelles abandonnées représente un niveau de sodification
réellement très élevé selon les normes USDA (1954). Ce taux très élevé de Na
échangeable se confirme sur toute la profondeur des profils creusés dans 3 parcelles
abandonnées.

Le Mg échangeable atteint dans tous les échantillons des niveaux peu fréquemment
rencontrés dans les sols du monde et, comme dit plus haut, il s’agit d’une
caractéristique propre à notre zone d’étude qui mérite donc une analyse physico-
chimique particulière des relations d’équilibre avec la solution du sol.

Tableau 3. 3: Cations échangeables calculés au rapport sol/eau 1/2 et pourcentages des cations échangeables

Hz Pr (cm) Cations échangeables (cmolc/kg) Pourcentage du cation échangeable (%)


Ca Mg Na K ESP ECP EMP
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
A 0-25 13,3±9,8a 9,07±5,4a 1,71±1,5b 0,32±0,3a 7,62±4,9b 53,5±9,6a 38,9±6,1a
Parcelles abandonnées (n=6)
A 0-25 8,9±9,3a 7,19±4,9a 3,79±2,4a 0,32±0,3a 25,9±23,2a 39,0±14,5b 35,16±12,7a
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
A 0-35 7,07±1,4c 3,0±0,7b 0,21±0,3b 0,05±0,0a 1,9±2,3b 69,2±2,6a 28,8±0,9c
b a a a a c
B 36-57 10,3±0,31 9,2±0,8 2,4±1,3 0,09±0,01 10,8±5,5 47,10±1,6 42,1±4,04a
C 58-120 13,6±1,2a 8,9±1,5a 2,5±0,8a 0,09±0,05a 9,8±2,1a 54,7±4,9b 35,4±3,0b
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
A 0-38 9,39±1,84a 9,21±0,74 a 3,74±1,09b 0,09±0,02 a 16,8±5,1a 42,0±7,91a 41,2±3,4a
a a a a
C 35-120 8,94±1,23 9,34±0,82 5,49±1,12 0,07±0,03 23,2±5,5a 37,5±3,8a 39,2±1,8a
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
A 0-20 7,80±0, 8c 7,36±1,5b 2,38±1,2b 0,17±0,03a 12,8±4,5b 45,1±4,9a 41,9±1,3a
B 20-75 11,1±0,9b 11,8±0,1a 6,11±0,9a 0,08±0,01b 21,0±2,8a 38,3±2,6a 40,7±1,5a
a a a b a a
C 75-120 12,8±0,6 11,8±0,8 7,28±1,9 0,11±0,02 22,5±3,9 40,4±3,3 37,02±0,9b
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
A 0-25 1,88±0,43c 1,70±0,69c 2,2±1,03b 0,03±0,03b 36,6±11,7a 33,9±13,3a 29,3±10,3a
B 25-77 5,68±0,95b 6,67±0,72b 9,38±3,2a 0,09±0,02a 42,4±10,3a 26,4±5,4a 31,01±5,1a
a a a a a a
C 77-120 8,51±2,19 9,18±1,41 7,49±1,2 0,11±0,03 30,1±7,2 33,5±5,6 36,3±2,0a
a,b,c
: Pour les échantillons composites, les différences des moyennes portant les mêmes lettres dans la même
colonne ne sont pas significatives au seuil de 5%.
Pour les échantillons des profils pédologiques, les différences des moyennes portant les mêmes lettres dans la
même colonne et dans la même parcelle ne sont pas significatives au seuil de 5%
ESP = Taux de sodium échangeable ; ECP = Taux de calcium échangeable ; EMP = Taux de magnésium échangeable

85
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.5. Relations entre solutions et complexes d’échange

L’objectif de cette section est de mettre en évidence les relations d’équilibre existant
entre les cations fixés sur le complexe d’échange et la composition cationique de la
solution libre telle qu’établie au rapport sol/eau 1/2. Nous examinerons d’abord les
échanges entre d’une part le sodium et d’autre part les cations divalents Ca, Mg. Nous
établirons ensuite les relations propres au couple Ca-Mg.

3.3.5.1. Relation entre le taux de Na échangeable et la composition de la solution


d’équilibre

3.3.5.1.1. Formalisme de Gapon

L’équation d’échange entre Na et le pool de divalents Ca-Mg, symbolisé par D, s’écrit


comme suit :

Sol-D1/2 + Na+  Sol-Na + ½ D2+ (3.13)

où « Sol » représente une mole-charge d’échangeur.

Selon le formalisme de Gapon (1933), le coefficient de sélectivité KG caractérisant cet


échange s’écrit :

KG = (Naéch/Déch) (CD1/2/CNa) (3.14)

où Naéch et Déch représentent les cations fixés sur le complexe d’échange, en cmolc/kg ;
et CD et CNa sont les concentrations en solution exprimées conventionnellement dans
ce formalisme en mmole/L.
En définissant le taux de sodium échangeable, ESP (%), comme suit :

ESP = 100 Naéch / (Naéch + Déch) (3.15)

et le « sodium adsorption ratio », SAR (mM1/2), comme suit :

SAR = CNa/ CD1/2 (3.16)

on obtient :

86
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

KG = (ESP/(100-ESP)) / SAR (3.17)

Reprenant la définition de l’ «Exchangeable Sodium Ratio », ESR (USDA, 1954) :

ESR = ESP/(100-ESP) (3.18)

On obtient la relation suivante entre la composition des complexes d’échange,


exprimée par le paramètre ESR, et la composition de la solution, exprimée par le
paramètre SAR :

ESR = KG SAR (3.19)

De nombreux auteurs (Paliwal et Maliwal, 1970 ; Harron et al., 1982, Franklin et


Schmehl, 1973; Bennett, 1988 ; Paliwal et Gandhi, 1976) ont utilisé cette relation entre
ESR et SAR pour ajuster leurs mesures physico-chimiques sur des sols salés/sodiques.
La relation la plus connue, publiée par l’USDA (1954), est la suivante :

ESR = -0,0126 + 0,01475 SAR (3.20)

Cette équation a été établie sur la base d’analyses de pâtes saturées effectuées sur 59
échantillons de sol récoltés dans 12 états de l’Ouest des USA. Le coefficient de
détermination r2 était de 0,852. L’ordonnée à l’origine, ESR = -0,0126, correspond à un
ESP de négatif. De même, tous les SAR < 0,85 correspondent aux ESP négatifs, valeurs
qui se situent dans la gamme de l’erreur expérimentale, et qui, en soi, n’ont pas de
sens thermodynamique puisqu’une solution partiellement concentrée en Na ne peut
être en équilibre avec un échangeur ne contenant pas de Na (ESR < 0).
En appliquant ce formalisme à l’ensemble de nos mesures, nous obtenons les résultats
présentés à la figure 3.24.

87
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 24: Relation entre ESR et SAR observée (a) pour les 53 échantillons de cette étude, et (b) pour 23
échantillons présentant les sodicités les moins élevées

On note pour l’ensemble des points une relation curvilinéaire entre ESR et SAR
(Figure 3.24a), ce qui signifierait que le coefficient de sélectivité KG augmenterait avec
l’accroissement de charge sodique sur l’échangeur. Ceci est paradoxal en ce sens que
le sodium occuperait des sites de plus en plus sélectifs à mesure que le complexe
d’échange devient de plus en plus saturé en Na. Il se conçoit au contraire qu’un cation
occupe d’abord les sites pour lesquels il marque la plus forte sélectivité, si différents
types de sites participent à la charge de l’échangeur. En réalité, ce paradoxe est lié au
fait que le formalisme de Gapon ne repose pas sur une approche thermodynamique
rigoureuse et que sa définition mathématique implique que K G tende vers l’infini
lorsque ESP tend vers 100%, ce qui n’a aucun sens physico-chimique (Evangelou et
Phillips, 1987 ; Evangelou et Phillips, 1988). Le coefficient de sélectivité de Gapon ne
peut être utilisé avec une certaine confiance que dans une gamme non excessive et
limitée de charge sodique, alors que notre collection comprend des échantillons dont
le ESP est rarement rencontré dans les études publiées. Si l’on se limite à la zone de
moindre sodicité (Figure 3.24b), on observe une relation linéaire satisfaisante entre
ESR et SAR, cette zone pouvant dès lors être caractérisée par une valeur constante de
KG de l’ordre de 0,012.

Il n’est pas sans intérêt de retourner aux données sources qui sont à la base de la
relation linéaire publiée par l’USDA (1954, p.27); la gamme de sodicité couverte
s’étend jusqu’un SAR de l’ordre de 60 mM1/2 et un ESR proche de l’unité, soit un
domaine comparable à celui de la présente étude, mais toutefois dans des extraits de
pâte saturée où l’on s’attend logiquement, selon les lois d’échange ionique, à des ESR
et SAR plus élevés que dans des systèmes plus dilués tels que les nôtres. On y relève
88
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

des points expérimentaux s’alignant de près sur une droite pour SAR < 20 et, par
contre, une grande dispersion des points au-delà de cette valeur, pour lesquels la
relation linéaire est tracée, sans pouvoir pour autant affirmer que cette zone de forte
sodicité peut être caractérisée par un coefficient de Gapon unique.

Nonobstant cette réserve, il est intéressant de noter que toutes nos mesures s’alignent
sur une relation linéaire entre ESP et SAR (Figure 3.25a), permettant ainsi de dégager
une relation empirique unique valable pour l’ensemble de nos observations malgré la
très grande diversité de salinité totale et de charge sodique.

Figure 3. 25: Relation entre ESP et SAR observée (a) pour les 53 échantillons de cette étude, et (b) pour 23
échantillons présentant les sodicités les moins élevées

Une focalisation sur la zone de moindre sodicité (Figure 3.25b) conduit à une équation
de régression dont la pente (1,07) est très proche de celle qui caractérise la totalité de
nos mesures (1,12).

Les relations obtenues pour nos sols de la basse vallée de la Rusizi peuvent être
comparées à celles qui ont été publiées par divers auteurs (Tableau 3.4). Toutes les
équations ESR vs SAR proposées comportent une ordonnée à l’origine non nulle, sans
doute non significativement différente de zéro pour la plupart d’entre elles. Il aurait
été pertinent de voir dans quelle mesure l’imposition d’un résidu nul affecte la qualité
de la régression linéaire, étant donné l’incohérence thermodynamique d’une charge
sodique non nulle, voire négative, pour SAR = 0. Les pentes se situent pour la plupart
dans une gamme de l’ordre de 0,011 à 0,017, avec une valeur extrême de 0,006. En
nous tenant à la zone de sodicité limitée telle que figurée à la Figure 3.24b où nous
observons effectivement une relation linéaire entre ESR et SAR, la pente calculée est
89
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

de 0,012, ce qui se situe dans le domaine des valeurs rapportées dans le tableau 3.4.
Une comparaison plus poussée visant à relier les pentes des équations de régression,
assimilables au coefficient de sélectivité de Gapon, à la nature des constituants des
sols étudiés serait peu pertinente. En effet, ces équations ont été établies pour des
gammes très variables de sodicité, de salinité et de rapport sol/eau ; en outre, comme
on l’a dit, l’expression de la sélectivité d’échange par le coefficient KG pose un réel
problème conceptuel.

Malgré les réserves thermodynamiques sur le formalisme de Gapon, nous avons


examiné dans quelle mesure la définition de SAR sur la base des activités ioniques de
Na, Ca et Mg au lieu des concentrations élémentaires de Na, Ca et Mg est susceptible
d’améliorer les corrélations présentées ci-dessus. Les activités ioniques diffèrent en
effet des concentrations non seulement par l’effet de la force ionique qui diminue les
coefficients d’activité, mais également par la prise en compte de complexes ou paires
ioniques qui réduisent les concentrations effectives des cations participant aux
échanges. Des paires ioniques se forment particulièrement avec le calcium, surtout en
milieu riche en sulfate (paire ionique CaSO40), et dans une mesure un peu moindre
avec le magnésium. Le sodium est par contre moins sujet à la complexation avec des
anions (Keren, 2000). Les activités cationiques effectives ont été déterminées par
spéciation chimique des solutions avec le logiciel Visual Minteq dont il est fait
référence à la section 3.3.4. Cette opération n’a pas conduit à une amélioration des
corrélations, ni à une linéarité de la relation ESR versus SAR pour l’ensemble des
échantillons.

Tableau 3. 4: Equations de régression ESR vs SAR rapportées par divers auteurs

2
Origine des Sols Equation de régression R Nombre Référence
linéaire d’échantillons

Ouest des USA ESR = -0,0126 + 0,01475 SAR 0,85 59 USDA (1954)
Inde ESR = 0,1149 + 0,0109 SAR 0,79 150 Paliwal et Gandhi (1976)
Horizon A (Duagh- ESR = 0,0076 + 0,0058 SAR 0,9 35 Harron et al. (1983)
Malmo)
Horizon B (Duagh- ESR = -0,0180 + 0,0173 SAR 0,9 35 Harron et al. (1983)
Malmo)
Punjab (Pakistan) ESR = 0,0063 + 0,0124 SAR 0,92 58 Franklin et Schmehl (1973)
Southern Alberta ESR=-0,003 + 0,013SAR 0,81 304 Bennett (1988)
(Canada)

90
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.5.1.2. Formalisme de Vanselow

Nous avons attiré l’attention sur le fait que le formalisme de Gapon ne repose pas sur
une approche thermodynamique rigoureuse des équilibres d’échange ionique. La
raison en est que dans la définition du coefficient de sélectivité, ce sont les moles-
charges, ou équivalents, d’échangeur garni de Na ou de divalents qui sont prises
comme référence en phase surface alors que ce sont les moles de cations qui sont
logiquement considérées en solution (Sposito, 1977). Or, sur le plan
thermodynamique, l’équilibre est atteint lorsque les potentiels chimiques de chaque
cation sont identiques en phase surface et en phase solution. Cette approche plus
rigoureuse est à la base du formalisme de Vanselow, partant de l’équation d’échange
suivante :

½ D2+ + Na+  Na+ + ½ D2+ (3.21)

où D2+ et Na+ désignent les cations présents en phase surface, et D2+ et Na+ les cations
en solution.
Le coefficient de sélectivité de Vanselow, KV, est alors défini sur la base des activités
cationiques en solution (aD et aNa) et des fractions molaires en phase surface (MD et
MNa) :

KV = (MNa/MD1/2) (aD1/2/aNa) (3.22)

Si l’on symbolise le « Sodium Adsorption Ratio » basé sur les activités cationiques par
SAR*, soit

SAR* = aNa / aD1/2 (3.23)

on peut écrire :

MNa/MD1/2 = KV SAR* (3.24)

L’ensemble de nos résultats sont présentés à la figure 3.26 selon cette relation.

91
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Figure 3. 26: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Vanselow (MNa et MD : fractions molaires de Na et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium
adsorption ratio défini sur la base des activités en solution)

La relation linéaire observée à la figure 3.26a indique qu’une valeur constante du


coefficient de sélectivité de Vanselow KV s’applique correctement à l’ensemble de nos
résultats, contrairement à ce que nous avions déduit de la relation curvilinéaire de la
figure 3.24a pour le coefficient de sélectivité de Gapon KG. Ceci illustre parfaitement
les limites conceptuelles du formalisme classiquement utilisé pour décrire les
équilibres d’échange ionique Na-Divalents en sols salés/sodiques. Un examen des
résultats relatifs aux plus faibles valeurs de SAR* (Figure 3.26b), peu discernables à la
figure 3.26a, conduit à une valeur de KV (0,55) très proche de la valeur de KV (0,52)
applicable à l’ensemble des résultats jusqu’à des niveaux très élevés de sodication.

En pratique, il est donc possible de se référer à une valeur unique de K V pour modéliser
les équilibres d’échange Na-Divalents dans toute la gamme de salinité et de sodicité de
notre collection très diversifiée de sols de la basse vallée de la Rusizi. Le taux de
sodium échangeable, ESP, peut être déduit de la fraction molaire de Na et des
divalents, en considérant les équations suivantes :

MD = 1 - MNa (3.25)
et
ESP = 100 MNa / (2 - MNa) (3.26)

3.3.5.1.3. Formalisme de Gaines & Thomas

Une troisième expression des coefficients de sélectivité est également fréquemment


utilisée dans la littérature en vue de modéliser les équilibres d’échange ionique. Ce

92
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

formalisme thermodynamique des équilibres d’échange, proposé par Gaines et


Thomas (1953), s’appuie sur les fractions ioniques équivalentes en phase surface
plutôt que sur les fractions molaires telles qu’utilisées dans le coefficient de Vanselow
défini ci-dessus. Notons que les traitements thermodynamiques de l’échange ionique
selon Vanselow et selon Gaines & Thomas ont fait l’objet de débats au sein des
pionniers de la discipline. Pour certains, seule l’approche de Vanselow est strictement
rigoureuse (Sposito, 1977 ; Sposito et Mattigod, 1979); pour d’autres (Goulding, 1983 ;
Townsend, 1984 ), les deux approches sont également valables arguant que la
définition des activités cationiques en phase surface est purement conventionnelle.
Quoi qu’il en soit, le coefficient de sélectivité de Gaines & Thomas, K C, se définit
comme suit :

KC = (ENa/ED1/2) (aD1/2/aNa) (3.27)

où ENa et ED sont les fractions ioniques équivalentes de Na et de divalents sur


l’échangeur. En reprenant la même symbolique que ci-dessus, la composition de la
phase surface est donc reliée à la composition de la phase solution comme suit:

ENa/ED1/2 = KC SAR* (3.28)

Nos résultats sont présentés sous cette forme à la figure 3.27 pour toute la gamme de
nos valeurs de SAR* et pour SAR* < 0,5.

Figure 3. 27: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Gaines & Thomas (ENa et ED : fractions ioniques équivalentes de Na et de divalents en phase
surface ; SAR* : sodium adsorption ratio défini avec les activités)

93
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

On note que nos résultats sont correctement représentés par une valeur unique de KC
de l’ordre de 0,29 – 0,30 (pente des droites sur la figure 3.27).

3.3.5.1.4. Comparaison théorique des trois coefficients de sélectivités

Pour illustrer le propos quant aux différences de fondement entre les coefficients de
sélectivité KG, KV et KC, nous avons simulé des équilibres d’échange avec une valeur
constante de KV = 0,5 et nous avons calculé les valeurs correspondantes de K G et KC
pour une charge sodique croissante (logiciel « Ech Kv Cst », cours de Physico-chimie
biologique de l’eau et du sol, UCL 2012). Pour la cohérence de la comparaison, nous
avons exprimé le coefficient de Gapon en termes de molarité des cations en solution
et non pas de millimolarité tel que défini traditionnellement (point 3.5.1.1).

Comme le montre la figure 3.28, malgré une sélectivité sodique constante telle
qu’exprimée par le coefficient de Vanselow KV, le coefficient de Gapon KG augmente
avec le taux de sodium échangeable et tend vers l’infini lorsque ESP tend vers 100%,
confirmant ainsi l’hiatus de formulation mathématique de ce coefficient. Le coefficient
de Gaines et Thomas, KC, augmente quant à lui légèrement avec l’ESP, ce qui pose tout
de même la question des différences de signification entre KV et KC qui ont fait débat
entre les pionniers de la thermodynamique de l’échange ionique.

Figure 3. 28: Evolution du coefficient de sélectivité de Gapon (KG) et du coefficient de sélectivité de Gaines &
Thomas (KC) avec le pourcentage de Na échangeable (ESP) pour des équilibres d’échange ionique simulés avec
une valeur constante du coefficient de Vanselow (KV = 0,5)

94
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.3.5.2. Equilibres d’échange entre le calcium et le magnésium

L’équation d’échange entre magnésium et calcium s’écrit comme suit :

Sol2-Ca + Mg2+  Sol2-Mg + Ca2+ (3.29)

Le coefficient de sélectivité, KMgCa, pour cet échange est :

KMgCa = (Mgéch/Caéch) (CCa/CMg) (3.30)

où Mgéch et Caéch se réfèrent aux cations sur le complexe d’échange, et CMg et CCa sont
les concentrations de ces cations en solution. Les unités utilisées ici, pourvu qu’elles
soient cohérentes, n’ont pas d’importance vu qu’il s’agit de cations de même valence,
par exemple cmolc/kg pour les cations adsorbés et mmolc/L pour les cations en
solution.

Cette équation conduit à la relation suivante entre la composition du complexe


d’échange et la composition de la solution d’équilibre :

Mgéch/Caéch = KMgCa (CMg/CCa) (3.31)

La figure 3.29 présente cette relation pour l’ensemble de nos échantillons.

Figure 3. 29: Relation entre les rapports Mg/Ca en solution et sur le complexe d'échange

En forçant la régression par l’origine, ce qui se justifie sur le plan thermodynamique, la


pente indique que le coefficient de sélectivité moyen pour cet échange serait de 0,71.
Cette valeur inférieure à l’unité indique une préférence du complexe d’échange pour le
95
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

Ca par rapport au Mg. Dans les modèles d’échange ionique, une valeur unitaire de
KMgCa est souvent utilisée. C’est sans doute acceptable en première approximation
dans la plupart des régions du monde où le Mg n’occupe qu’une faible fraction du
complexe d’échange. Mais il est clair que cette hypothèse de non sélectivité pour deux
cations de valence identique doit être nuancée dans notre contexte pédologique où les
sols présentent la particularité d’une charge importante de Mg sur le complexe
d’échange. Une affinité supérieure du complexe d’échange pour le Ca par rapport au
Mg est bien établie dans des sols dont la CEC est largement d’origine organique (Baes
et Bloom, 1988 ; Curtin et al., 1998) suite à la formation de chélates de Ca alors que le
Mg est nettement moins impliqué dans de tels complexes. Mais comme nous l’avons
établi précédemment dans ce chapitre, la CEC de nos échantillons relève très
largement des minéraux argileux dont la sélectivité pour des cations de valence
identique dépend de l’hydratation de ces cations (Teppen et Miller, 2005). En
l’occurrence, le Mg de plus petit rayon ionique que le Ca présente une énergie
d’hydratation supérieure et se départit plus difficilement d’une partie de son
enveloppe d’hydratation au voisinage des surfaces minérales chargées, ce qui diminue
son énergie de fixation sur les sites d’échange.

Comme pour les relations d’échange impliquant le Na, nous avons examiné dans quelle
mesure la prise en compte des activités cationiques de Mg et Ca en solution au lieu des
concentrations en éléments est susceptible d’améliorer la corrélation présentée à la
figure 3.29. Les coefficients d’activité du Mg et Ca étant identiques, on ne pouvait
s’attendre ici qu’à un effet de formation de paires ioniques avec les anions. Cette
opération n’a pas donné lieu à un coefficient de détermination supérieur.

Signalons enfin que les formalismes de Vanselow et de Gaines & Thomas pour
l’échange de cations homovalents ne diffèrent en rien de ce qui est présenté ci-dessus,
les rapports de fractions molaires MMg/MCa et des fractions équivalentes EMg/ECa en
phase surface étant identiques aux rapports de quantités de cations échangeables
Mgéch/Caéch.

96
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

3.4. Conclusion

La collection de sols faisant l’objet de cette étude s’est avérée particulièrement riche
quant à sa diversité de propriétés physico-chimiques, bien que les échantillons
proviennent d’une zone relativement restreinte de l’ordre de 200 ha. Les différences
de texture portent sur la proportion d’argile et de sable, avec un contenu silteux
relativement homogène d’une dizaine de pourcents. La CEC de ces sols est
parfaitement corrélée à leur contenu en argile et en matière organique. Les mesures
de conductivité électrique et de concentrations ioniques dans des extraits à l’eau
témoignent de niveaux de salinité extrêmement variés pouvant atteindre 300
mmolc/kg (150 mmolc/L au rapport sol/eau 1/2). Les solutions salines sont constituées
de sulfates et de bicarbonates, avec une contribution très faible des chlorures. Les
concentrations en sulfate sont hautement corrélées aux concentrations en sodium et
en magnésium. Les valeurs de pH reflètent bien la composition ionique des solutions ;
des pH particulièrement élevés, de l’ordre de 9, voire proches de 10, sont observés
pour les sols les plus riches en carbonates solubles, essentiellement des carbonates
sodiques. Les concentrations en calcium soluble sont régulées par les équilibres avec la
calcite, et restent donc faibles ; des valeurs proches de la saturation en gypse sont
observées pour les sols les plus riches en sulfate. Le taux de sodium échangeable
couvre une gamme extrêmement large, allant du pourcent jusqu’à plus de 50%. Une
particularité propre à la zone d’étude par rapport à la majorité des sols salés du monde
est que le magnésium échangeable atteint des valeurs du même ordre que celles du
calcium échangeable, conséquence de la spécificité géochimique locale.

En ce qui concerne les échantillons prélevés dans l’horizon de surface de parcelles sous
riziculture et d’anciennes parcelles rizicoles abandonnées, l’analyse statistique ne
révèle de différence significative que pour le taux de sodium échangeable, plus élevé
en moyenne dans les parcelles abandonnées. Toutefois, parmi les échantillons
récoltés, les valeurs les plus élevées de salinité totale, et plus spécifiquement de Na,
Mg et sulfate, sont le fait d’échantillons de parcelles abandonnées. Mais vu la très
grande hétérogénéité des propriétés tant au sein des parcelles sous riziculture qu’au
sein des parcelles abandonnées, l’analyse statistique ne considère pas que les
moyennes soient significativement différentes. Une étude complémentaire sera
consacrée à la comparaison entre les paramètres de rendement du riz et les
caractéristiques pédochimiques des sols.

97
Chapitre 3. Caractérisation physico-chimique des sols halomorphes du périmètre de Mugerero

L’examen des relations d’équilibre entre la composition des complexes d’échange et la


composition des solutions extraites au rapport sol/eau 1/2 a donné des résultats
particulièrement intéressants qui s’avèreront très utiles pour la modélisation de ces
réactions d’échange et pour des simulations de composition de la solution du sol dans
une grande variété de conditions hydriques et pédochimiques. Des relations uniques
ont été obtenues pour décrire les échanges Na - (Ca+Mg) dans toute la gamme de
propriétés de nos échantillons, quelles qu’en soient la texture, la teneur en matière
organique, la CEC, la garniture cationique du complexe d’échange, la salinité totale, la
composition cationique et anionique des sels solubles… Ainsi, il est apparu que les
équilibres d’échange Na - Divalents pouvaient être décrits par un coefficient de
sélectivité unique pour toutes nos mesures, selon le formalisme de Vanselow ou celui
de Gaines & Thomas. Il en est de même pour les échanges entre le calcium et le
magnésium pour lesquels on considère souvent des affinités identiques pour le
complexe d’échange, alors que nos mesures ont mis en évidence une sélectivité
favorable au Ca, ce qui est conforme aux propriétés intrinsèques d’hydratation de ces
cations.

Nous avons soumis par ailleurs nos résultats à l’approche la plus largement utilisée en
matière de relation entre le taux de sodium échangeable et la composition de la
solution, approche qui dans les faits revient à considérer que la sélectivité d’échange
Na – Divalent est correctement décrite par une valeur unique du coefficient de
sélectivité de Gapon. Vu les réserves souvent exprimées, mais aussi souvent oubliées,
quant à la rigueur thermodynamique de ce coefficient et à l’hiatus de sa formulation
mathématique, nous avons confirmé qu’un coefficient de Gapon unique est de moins
en moins pertinent au fur et à mesure que le taux de sodium échangeable augmente.
En pratique toutefois, cette formulation peut s’avérer relativement adéquate dans une
gamme limitée de sodicité, pour autant que l’on n’en déduise pas de conclusions de
nature thermodynamique.

98
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques et des pratiques agricoles


sur la production du riz dans le périmètre rizicole de Mugerero

Les sols du périmètre de Mugerero sont diversement affectés par la salinité. Certaines
parcelles sont déjà abandonnées et d’autres sont encore rizicoles. Les résultats des
analyses chimiques des solutions de sols et du complexe d’échange faites au chapitre 3
montrent qu’il y a une grande variabilité des valeurs de ces propriétés au sein des
parcelles rizicoles. Dans ce chapitre, nous allons identifier les propriétés
pédochimiques dont la variabilité serait responsable de la variabilité du rendement
rizicole et de ses composantes.

99
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Résumé

Les propriétés chimiques des sols de 13 parcelles rizicoles du périmètre rizicole de Mugerero
ainsi que les composantes de rendement du riz ont été déterminées et analysées durant deux
années culturales 2010-2011 et 2011-2012 en vue d’identifier les propriétés des sols
responsables de la diminution des rendements qui s’observe ces dernières années dans cette
localité. Par ailleurs, les quantités de fertilisants chimiques et organiques qui ont été
appliquées pour chaque parcelle durant cette période ont été collectées. Après analyses des
corrélations entre ces jeux de données et des composantes principales, il s’est dégagé que le
taux de calcium échangeable (ECP) et les rapports des cations solubles K/Na et Ca/Na sont des
facteurs pédologiques qui contribueraient à l’amélioration de la production du riz à Mugerero.
Par contre, la salinité globale (CE), le taux de sodium échangeable (ESP), les teneurs en Na et
en SO4, le pH et les ions HCO3 seraient responsables de la diminution de la productivité rizicole.
En outre, les engrais chimiques et le fumier influencent moins la production rizicole.

Abstract

Soil chemical properties and rice yield components have been monitored on 13 rice farms’
parcels of Mugerero rice growing area in Burundi during two growing seasons 2010-2011 and
2011-2012 in order to identify soil properties responsible for the decline in rice yields observed
in recent years. Furthermore, quantities of chemical and organic fertilizers that were applied
to each parcel during this period were collected. After analysis of correlation and principal
components, it has emerged that the exchangeable calcium percentage (ECP) and ratios of
soluble cations Ca/Na and K/Na may be the main soils factors that improve the rice yield.
Moreover, soil salinity (CE), the exchangeable sodium percentage (ESP), soluble ions Na, SO4
and HCO3, and pH may have negative effects on rice yield. However, chemical fertilizers and
farmyard manure seem to have less influence on rice yield in Mugerero conditions.

101
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

4.1. Introduction

Au Burundi, la riziculture occupe environ 12000 familles. Cette culture est pratiquée
dans la plaine de l’Imbo (riz irrigué), dans les dépressions du Moso et dans les marais
d’altitude des plateaux centraux. Les rendements moyens atteignent 5,5 t/ha de riz
paddy pour le riz irrigué alors qu’il est inférieur à 2 t/ha pour le riz des marais
d’altitude (Gahiro, 2011). Dans la plaine de la Basse Rusizi (région naturelle de l’Imbo)
où la riziculture est sous l’encadrement de la Société Régionale de Développement de
l’Imbo (SRDI), la production moyenne annuelle est d’environ 22.000 t de riz paddy soit
14.300 t de riz blanc. La contribution de cette culture au PIB est estimée aux environs
de 9,3 milliards de francs burundais (NEPAD, 2009). Le riz est pratiquement la céréale
la plus cultivée dans la plaine de l’Imbo - Centre ; elle occupe à elle seule une
production brute de 72% de la production vivrière totale de la commune Gihanga
(MPDR, 2006), circonscription administrative qui englobe le périmètre rizicole de
Mugerero.

Malgré cette place importante du riz, un phénomène pédologique d’accumulation de


sels dans le sol est apparu dans ce périmètre rizicole au cours des années 1980 (une
dizaine d’années après son aménagement pour la riziculture irriguée) et réduit
considérablement la production du riz d’après les riziculteurs de la localité. Des
parcelles rizicoles furent progressivement abandonnées car elles ne donnaient plus un
rendement économiquement rentable. Même celles qui sont actuellement exploitées
ne donnent pas toutes des rendements satisfaisants ; en témoignent les rendements
épars qui sont observés au sein de ces parcelles.

La salinisation est l’une des principales formes de dégradation des sols. L’accumulation
des sels affecte les propriétés physiques et chimiques des sols mais aussi la croissance
des plantes. Sur les substrats salés, les plantes subissent trois types de contraintes
(Marschner et al., 1995 ; Grattan et Grieve, 1998; Evangelou et Mcdonald, 1999) : (1) le
déficit hydrique dit aussi « sécheresse physiologique » qui résulte de l’accroissement
de la pression osmotique de la solution du sol, (2) les effets toxiques de certains ions
comme le Na et le Cl et (3) le déséquilibre nutritionnel. L’excès de sodium cause aussi
indirectement des dégâts aux plantes en provoquant la dispersion des agrégats,
détruisant ainsi la structure et provoquant l’imperméabilisation des couches profondes
du sol (Patterson, 2006) suivi d’une mauvaise aération du sol (Sharma et Swarup,
1988). Comme les sols salins possèdent généralement des concentrations excessives
en Na et Mg au détriment du K et du Ca (Muhammed et al., 1987), les déséquilibres

103
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

ioniques détériorent la sélectivité des membranes racinaires ; ce qui aboutit à une


accumulation passive du Na dans les racines et les parties aériennes et à une inhibition
de l’absorption du Ca par les plantes (Grieve et Fujiyama, 1987). De tels phénomènes
arrivent aussi quand les ratios des cations en solution Na/Ca et Na/K sont élevés
(Muhammed et al., 1987). Au-dessus d’un certain seuil critique de salinité, les sels
pénètrent passivement dans la racine et les parties aériennes et il en résulte la mort de
la plante (Javaid et al., 2001). Bresler et al. (1982) rapportent des réductions de
production en riz paddy de près de 20% quand la salinité de l’extrait de la pâte saturée
atteint le niveau de 4 dS/m. L’accumulation du sodium dans les tissus des plantes
s’accompagne généralement de celle du chlorure (Yeo et Flowers, 1985) dont les effets
néfastes sur les plantes résident en l’inhibition de l’absorption de NO3 (Grattan et
Grieve, 1999).

Le calcium et le potassium sont utiles pour le maintien de la sélectivité et l’intégrité


des membranes cellulaires des plantes (Muhammed et al., 1987 ; Song et Fujiyama,
1996). Le calcium est aussi indispensable pour le transport du potassium à travers les
membranes. En conditions salines, il améliore les propriétés physiques du sol à côté du
rôle de macronutriment. Le potassium agit positivement sur le poids des grains du riz
(Muhammed et al., 1987), sur la hauteur des chaumes, sur le nombre de talles par
plant et sur le pourcentage des grains pleins (Bohra et Doerffling, 1993).

Divers auteurs ont observé que la croissance des végétaux, y compris le riz, sur sols
enrichis en sels était corrélée positivement aux rapports ioniques Ca/Mg et Ca/Na
solubles (Javaid et al., 2001 ; Butt et al., 1995) ; d’autres comme Yeo et Flowers (1985)
n’ont par contre observé aucun effet du ratio Na/Ca sur la croissance du riz en essai
sur milieu de culture. Javaid et al. (2001) conclurent que la diminution du rapport
Ca/Na et l’augmentation de la salinité provoquent la diminution de la longueur des
épis, le poids de mille grains pleins et le rendement en grains pour le blé. L’effet de la
concentration en sulfates n’a pas fait objet de beaucoup d’études ; les quelques études
faites montrent que les cultures sont généralement plus tolérantes à la salinité des
sulfates qu’à celle des chlorures (Grattan et Grieve, 1999).

Bien que beaucoup d’études aient été menées pour comprendre les effets de la
salinité des sols sur la croissance et le rendement rizicole, peu d’études ont été
conduites en champ, encore moins en conditions paysannes et non contrôlées. La
présente étude a pour objet d’étudier les relations qui existeraient entre les variables
physico-chimiques du sol et les paramètres du rendement rizicole. Elle a été conduite

104
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

dans les exploitations des riziculteurs pendant deux années culturales successives
2010-2011 et 2011-2012.

4.2. Matériels et méthodes

4.2.1. Zone d’étude

La présente étude a été menée dans la partie burundaise de la plaine de la Basse


Rusizi, et plus précisément dans le périmètre rizicole de Mugerero. Elle se limite au
niveau des blocs d’irrigation, portant numéros 81 et 91, situés au sud-ouest de ce
périmètre. Les parcelles de ces blocs sont diversement affectées par la salinité, les
unes sont déjà abandonnées et les autres sont encore actuellement sous riziculture.

4.2.2. Choix des parcelles d’échantillonnage

Pour déterminer les paramètres du sol qui influencent le rendement rizicole, treize
parcelles rizicoles ont été choisies aléatoirement parmi celles qui sont emblavées par
la variété V14 (= IBB53) dans les deux blocs 81 et 91. La variété V14, originaire de
l’Indonésie (IRRI), a été introduite au Burundi et diffusée par l’Institut des Sciences
Agronomiques du Burundi (ISABU) en 2002 (Gahiro, 2011). C’est la variété la plus
cultivée dans la plaine de la Basse Rusizi en raison de la longueur de la graine
relativement importante et de sa qualité organoleptique très appréciée par les
consommateurs de la ville de Bujumbura. Les principales caractéristiques de cette
variété synthétisées par ISABU (2008) sont reprises en annexe.

4.2.3. Méthode de collecte des paramètres du rendement

L’évaluation du rendement d’une culture en milieu rural pose des problèmes surtout
liés au mode de semis qui ne se fait pas toujours en ligne et aussi aux difficultés
d’effectuer des mesures sur la totalité de la récolte du champ, opération requérant
entente avec le propriétaire et parfaite disponibilité de suivi de toutes les activités de
récolte. D’où le meilleur moyen auquel il faut recourir est celui des carrés de
rendement.

Dans cette étude, trois carrés de rendement de 1 m X 1 m ont été ainsi posés dans
chaque parcelle quand le riz était au stade de montaison ou floraison. Ils étaient posés
à ¼, ½ et ¾ de la médiane principale. Le rendement en grains résulte de plusieurs
composantes qui sont déterminées au cours de différentes étapes végétatives du riz
(Yoshida, 1981). Les paramètres de rendement suivants ont été récoltés à la maturité

105
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

dans chaque carré : hauteur des chaumes, nombre de touffes, nombre de grains par
panicule, rendement global et poids de mille grains pleins. La collecte des données en
rapport avec la hauteur des chaumes et le nombre de grains par panicule suivait un
prélèvement en V au sein de chaque carré. La hauteur des chaumes a été mesurée sur
cinq chaumes prises aléatoirement sur le V ; il s’agit de la hauteur depuis le niveau du
sol jusqu’au point d’insertion de la panicule. Au même moment, cinq panicules étaient
prises aléatoirement sur le V pour servir au comptage des grains pleins et vides. La
récolte a été faite aux mois de juin 2011 et juin 2012 en coupant à l’aide d’une faucille
les plants à moins de 5 cm du collet quand le riz atteignait la maturité (au moins 90%
des plantes étaient à ce stade). La récolte a été directement suivie par l’égrainage par
battage des épillets sur bâche au champ. Les grains récoltés étaient séchés et vannés.
Le séchage a continué jusqu’au taux d’humidité inférieur à 14%. Après vérification de
ce taux avec un hygromètre, ces récoltes parcellaires était pesées pour constituer le
rendement global en grains en y incluant les grains pleins provenant des panicules
prélevés pour l’évaluation du taux de stérilité. Le poids de mille grains pleins a été
déterminé en pesant mille grains dénombrés avec un compteur automatique.

4.2.4. Méthodes d’échantillonnage et d’analyse des sols

Les caractéristiques chimiques des sols des parcelles d’études ont été déterminées
après la récolte du riz pour les deux années culturales. Des échantillons composites ont
été prélevés à la profondeur de 0-25 cm au mois de juillet 2011 et juillet 2012 quand la
lame d’eau d’irrigation était presque complètement évacuée. Les échantillons ont été
séchés pendant deux semaines à l’air libre, broyés et tamisés sur mailles de 2 mm
avant de passer aux analyses physico-chimiques.

Les analyses de sols prélevés en 2011 ont porté sur le pH, la conductivité électrique
(CE), les cations (Ca, Mg, Na et K) extractibles à l’acétate d’ammonium et à l’acétate de
sodium, les cations (Ca, Mg, Na et K) et anions (SO4, Cl, HCO3) solubles au rapport
sol/eau de 1/2. Les cations échangeables ont été calculés en retranchant les cations
solubles des cations extractibles à l’acétate de sodium (pour le Ca, le Mg et le K) et à
l’acétate d’ammonium (pour le Na).

Les mesures du pH, de la CE et des ions solubles au rapport sol/eau de 1/2 ont été
répétées en 2012 sur les sols prélevés sur les mêmes parcelles pour établir une
éventuelle évolution de la salinité au cours des deux années. Les pourcentages de
saturation du complexe d’échange en cations Ca, Mg et Na calculés pour les

106
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

échantillons prélevés en 2011 ont été considérés comme valables pour l’année 2012
en négligeant quelques variations éventuelles de la courte période d’une seule année.

4.2.5. Enquête sur la phytotechnie du riz dans les exploitations rizicoles

Parallèlement à la récolte des données sur la croissance et la production du riz, nous


avons mené une enquête auprès des exploitants dans le but d'établir d’éventuelles
différences de pratiques phytotechniques vu que celles-ci pourraient ajouter une
source de variation de la production du riz aux paramètres des sols. Les données de
cette enquête se rapportaient principalement aux pratiques d’entretien, à la nature et
aux quantités d’engrais appliqués, au régime d’irrigation et drainage ainsi qu’à
l’histoire de la salinité sur les parcelles. Le guide d’entretien utilisé se trouve en
annexe.

4.2.6. Analyse des résultats

La détermination des relations entre les caractéristiques du sol et les paramètres du


rendement rizicole a été faite sur base des données des deux années pour toutes les
parcelles sauf pour la parcelle n°7 dont les seules données prises en compte sont celles
de la première année, la deuxième année ayant été marquée par un repiquage tardif
pour cette parcelle. Après avoir examiné les corrélations entre les variables
déterminées au cours des deux années 2011 et 2012, nous avons intégré toutes nos
données dans une même matrice avant de passer à l’analyse proprement dite qui a
suivi trois démarches. La première est l’analyse des coefficients de corrélation entre les
variables ; la seconde est l’analyse en composantes principales qui permet de réduire
les variables explicatives en un nombre réduit de variables synthétiques ; et la
troisième approche est la combinaison des variables du sol dont la corrélation avec
l’une ou l’autre variable du riz est significative au seuil de 5% par la méthode de
sélection pas-à-pas (stepwise regression) en modèles de régression linéaire prédictifs
des paramètres de rendement rizicole. Chaque fois que la comparaison des moyennes
de deux séries de données pour une même variable s’avérait nécessaire, le test-T de
Student (ou le test basé sur les rangs de Wilcoxon) pour séries appariées a été utilisé
avec le logiciel SAS Enterprise Guide 5.1. En outre, pour chaque parcelle, une analyse
de la variance avec ce logiciel a été utilisée pour comparer les composantes de
rendement déterminées au cours des deux années culturales.

Avant les analyses en composantes principales (ACP), les tests de Shapiro-Wilk ont été
faits sur les données pédologiques et sur les variables de production et de croissance

107
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

du riz pour vérifier si ces variables suivent une distribution normale. Dans le cas
contraire, des transformations logarithmiques ont été menées. Celles-ci ont concerné
toutes les variables pédochimiques sauf le pH, le taux de calcium échangeable (ECP) et
le taux de magnésium échangeable (EMP). Ce type de transformation a été aussi
adopté pour le taux de stérilité et le rendement global en grains paddy.

4.3. Résultats et discussion

Dans cette section, nous examinons d’abord l’évolution de l’état physico-chimique des
sols au cours des deux années culturales et nous présentons ensuite les pratiques
agricoles associées à la riziculture et les paramètres de rendement du riz avant
d’aborder les relations qui lient les paramètres du sol et ceux du rendement.

4.3.1. Evolution des paramètres physico-chimiques des parcelles rizicoles

L’évolution des variables des sols des parcelles objets de cette étude est présentée au
tableau 4.1 et détaillée au tableau 4.12 et 4.13 en annexe. Les sels solubles sont
dominés par les ions Na et SO4 pendant les deux années culturales. La comparaison
des variables des sols analysées aux deux années culturales 2011 et 2012 (Tableau 4.1
et figure 4.1) révèle que le pH a significativement diminué en une période d’une année
et que la CE et les ions solubles Ca, Na et Cl ont connu des augmentations
significatives. On constate aussi que malgré les augmentations significatives des
concentrations en chlorures au cours de cette période, les valeurs atteintes demeurent
plus faibles (< 1 mmolc/L) que celles des sulfates (moyenne > 8 mmolc/L).

L’examen des corrélations entre les paramètres pédochimiques (Tableau 4.2) montre
que le pH est significativement corrélé à l’ion HCO3, au rapport Ca/Mg et à l’EMP. Il est
aussi à remarquer que les ions bicarbonates sont positivement corrélés non seulement
au pH, mais aussi aux rapports Ca/Mg et Mg/Na et à l’EMP.

On observe aussi qu’il existe des intercorrélations positives entre la salinité (CE) et tous
les ions solubles non bicarbonatés (Ca, Mg, Ca, Mg, Na, Cl et SO4) à l’exception du K
dont la corrélation significative n’est notée qu’avec le Ca et le Mg. D’autre part, la
salinité affiche des corrélations significatives avec le rapport K/Na et les taux de
saturation en calcium (ECP) et en sodium (ESP).

Quant aux taux des cations échangeables, l’ECP présente des corrélations négatives
avec la salinité, les ions Na et SO4, l’EMP et l’ESP. Il est aussi positivement corrélé aux

108
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

rapports cationiques Ca/Mg, Ca/Na, Mg/Na et K/Na. L’ESP montre quant à lui des
corrélations opposées à celles que l’ECP affiche avec les autres variables.

Tableau 4. 1: Principales statistiques sur les propriétés chimiques des solutions des sols des 13 parcelles prélevés
et analysés pour les deux années d’observation

1
Année 2011 Année 2012 Valeur p
Propriétés Unités Moy SD Min Max Moy SD Min Max
pH1/2 - 7,43 0,63 6,31 8,12 6,86 0,71 5,61 7,82 0,007*
CE1/2 dS/m 1,05 0,9 0,14 2,68 1,61 1,32 0,09 4,32 0,01*
Ca soluble mmolc/L 1,59 1,74 0,07 5,89 2,46 2,65 0,4 9,03 0,05*
Mg soluble mmolc/L 1,95 2,09 0,11 6,42 3,2 3,05 0,45 11,22 0,09
K soluble mmolc/L 0,22 0,28 0,04 1,1 0,22 0,16 0,09 0,63 0,85
Na soluble mmolc/L 8,38 7,6 1,7 23,46 12,22 10,34 0,52 34,71 0,01*
Ca/Mg - 1,02 0,4 0,57 2 0,75 0,27 0,33 1,27 0,03*
Ca/Na - 0,19 0,17 0,03 0,55 0,34 0,44 0,05 1,73 0,23
Mg/Na - 0,18 0,15 0,05 0,53 0,59 1,02 0,16 3,85 0,03*
K/Na - 0,02 0,01 0,01 0,05 0,13 0,34 0 1,21 0,65
Cl soluble mmolc/L 0,1 0,05 0,04 0,23 0,27 0,23 0,07 0,88 0,0005*
SO4 soluble mmolc/L 8,8 9,53 0,15 25,66 8,17 7,71 0,12 24,05 0,64
HCO3 soluble mmolc/L 1,59 1,02 0,3 3,42 1,03 0,89 0,15 2,9 0,08
1.Valeur p selon les tests de Student pour échantillons appariés pour le pH et le test basé sur les rangs de
Wilcoxon pour échantillons appariés pour les autres variables. Les valeurs de p < 0,05 indiquent des
différences statistiquement significatives ; SD = Ecart type ; Moy = moyenne

Figure 4. 1: Comparaison des variables des solutions des échantillons de sols prélevés en 2011 et en 2012

109
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Figure 4.1 (Suite): Comparaison des variables des solutions des échantillons de sols prélevés en 2011 et en 2012

110
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Tableau 4. 2: Matrice des corrélations entre les variables des sols

r/p Log Log Log Log


pH Log CE Log Ca Log Mg Log K Log Na
Ca/Mg Ca/Na Mg/Na K/Na
Log CE r 0,13
p 0,51
Log Ca r 0,04 0,80
p
0,83 <0,0001
Log r
-0,09 0,75 0,93
Mg
p
0,67 <0,0001 <0,0001

Log K r -0,18 0,16 0,46 0,68


p 0,37 0,42 0,02 0,0002
Log Na r 0,17 0,98 0,70 0,69 0,14
p
0,41 <0,0001 <0,0001 0,0001 0,47
Log r
0,46 0,04 0,13 -0,20 -0,43 -0,01
Ca/Mg
p 0,02 0,83 0,53 0,33 0,03 0,97
Log r
-0,15 -0,15 0,42 0,28 0,23 -0,30 0,22
Ca/Na
p 0,47 0,47 0,04 0,16 0,26 0,14 0,28
Log r
-0,34 -0,17 0,37 0,37 0,42 -0,30 -0,20 0,91
Mg/Na
p 0,09 0,42 0,06 0,06 0,03 0,14 0,31 <0,0001
Log r
-0,32 -0,75 -0,33 -0,27 0,26 -0,80 -0,28 0,59 0,71
K/Na
p
0,11 <0,0001 0,10 0,18 0,20 <0,0001 0,17 0,002 <0,0001

Log Cl r -0,15 0,59 0,59 0,55 0,21 0,52 -0,01 0,15 0,16 -0,25
p 0,48 0,002 0,001 0,004 0,31 0,01 0,97 0,46 0,45 0,21

111
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Tableau 4.2 (suite) : Matrice des corrélations entre les variables des sols

Log Log Log Log Log Log


pH Log CE Log Ca Log Mg Log K Log Na Log K/Na ECP EMP
Ca/Mg Ca/Na Mg/Na Cl SO4 HCO3
Log r
0,09 0,93 0,68 0,65 0,11 0,92 -0,03 -0,22 -0,20 -0,67 0,52
SO4
p
0,65 <0,0001 0,0001 0,0004 0,59 <0,0001 0,90 0,29 0,32 0,0002 0,01
Log r
0,97 0,15 0,01 -0,11 -0,27 0,20 0,42 -0,21 -0,38 -0,38 -0,16 0,08
HCO3
p
<0,0001 0,47 0,95 0,58 0,19 0,33 0,03 0,31 0,05 0,06 0,44 0,70
Log r
0,22 -0,42 -0,01 -0,22 -0,17 -0,51 0,53 0,69 0,47 0,44 -0,22 -0,51 0,22
ECP
p 0,27 0,03 0,95 0,28 0,39 0,01 0,01 0,0001 0,02 0,02 0,29 0,01 0,28
Log r
-0,41 0,23 -0,14 0,02 0,00 0,30 -0,44 -0,58 -0,40 -0,29 0,25 0,38 -0,41 -0,90
EMP
p
0,04 0,26 0,50 0,93 0,99 0,14 0,03 0,002 0,04 0,15 0,22 0,06 0,04 <0,0001
Log r
0,07 0,54 0,19 0,40 0,33 0,63 -0,48 -0,61 -0,41 -0,51 0,11 0,53 0,08 -0,84 0,51
ESP
p
0,74 0,004 0,34 0,04 0,09 0,001 0,01 0,001 0,04 0,01 0,58 0,01 0,69 <0,0001 0,01

112
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

4.3.2. Pratiques agricoles associées à la riziculture du périmètre de Mugerero

Dans le périmètre rizicole de Mugerero, comme d’ailleurs pour l’agriculture


burundaise en général, toutes les opérations agricoles se font manuellement, de la
préparation du terrain à la récolte en passant par le semis, la fertilisation et le sarclage.

Le premier labour à la houe dénommé localement kugadika se fait aux mois de


septembre et octobre quand les sols sont encore secs. Le deuxième labour dénommé
gukubita se fait vers mi-novembre à la houe et procède par le battage des mottes
émanant du premier labour. L’opération suivante est la mise en place de la pépinière
au cours des mois de décembre et janvier dans l’espace labouré.

Après la mise en place des pépinières en attendant le repiquage, on entretient les


canaux d’irrigation, les digues et diguettes et on inonde les casiers par l’eau pour
niveler la surface du terrain. Le repiquage s’effectue au mois de janvier et février,
entre la troisième et la quatrième semaine à partir du semis à la pépinière, et doit
durer très peu de temps au sein d’une même exploitation (1 à 2 jours) pour assurer
l’uniformité de la maturité des plants d’une même parcelle. Cette transplantation se
fait dans un sol bien humidifié, à aspect boueux, à raison de 2 plants (rarement 3) par
poquet, aux écartements de 20 cm X 20 cm selon les instructions de la SRDI, soit à une
densité de 25 plants par m2. Le sarclage se déroule en deux temps : 4 semaines après
le repiquage et 3 semaines suivant le premier sarclage.

Dans la plaine de la Basse Rusizi, deux formules de fertilisation guident la fertilisation


minérale du riz. La première formule est constituée par l’urée, le DAP (18-46-0) (DAP :
diammonium phosphate, (NH4)2HPO4) et le KCl (0-0-60). Ces trois engrais sont
appliqués à des doses respectives de 150 kg, 50 kg et 45 kg/ha. La deuxième formule
combine l’urée et le NPK (10-20-20) qu’on applique à des doses de 150 kg et 100 kg
/ha respectivement. Dans les deux cas, l’application de l’urée est fractionnée en deux
temps : la première moitié (75 kg) à deux semaines après le repiquage en même temps
que les autres engrais, et la deuxième à quatre semaines, juste après le premier
sarclage. Durant les deux années culturales objet de cette étude, c’est la deuxième
formule qui a été adoptée ; il n’y a eu donc que l’urée, le NPK et le fumier qui ont été
appliqués.

La fumure organique n’est pas normalement utilisée pour la culture du riz. Mais, avec
l’apparition de la salinité, certains agriculteurs s’en servent pour corriger ce problème.
Des quantités de fumier frais variant de 0 à 2000 kg par ha sont épandues dans les
parcelles de la présente étude à chaque saison culturale (Tableau 4.3). Les produits
113
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

phytosanitaires sont appliqués quand il y a apparition d’une maladie quelconque. Au


cours des deux années d’études, il n’y a pas eu d’application de produits
phytosanitaires dans les parcelles étudiées suite à l’absence de maladies biotiques.

La récolte se fait en faucillant les plants avec épillets à moins de 5 cm du sol.


L’égrainage se fait directement dans le champ par battage manuel des épillets sur un
tronc d’arbre posé sur une bâche.

Tableau 4. 3 : Quantités d'engrais et de fumier appliquées dans les parcelles d'étude du périmètre rizicole de
Mugerero

Année 2011 Année 2012


code NPK Urée Fumier NPK Urée Fumier
N° parcelle (kg/ha) (kg) (kg/ha) (kg/ha) (kg/ha) (kg/ha)
1 A 100 150 0 100 150 0
2 B 100 150 2000 100 100 2000
3 C 100 100 800 100 50 0
4 D 100 150 0 100 150 0
5 E 50 50 0 100 100 0
6 F 100 50 0 0 0 0
7 G 100 150 0 100 150 0
8 H 100 100 2000 100 125 2000
9 I 0 100 700 75 150 1000
10 J 100 50 0 100 75 0
11 K 100 100 0 100 150 0
12 L 0 50 1200 100 0 0
13 M 75 100 0 75 50 0

4.3.3. Niveau et évolution du rendement rizicole et de ses composantes

Les valeurs du rendement du riz et de ses composantes observées en 2011 et en 2012


sont reprises au tableau 4.4. La figure 4.2 montre les comparaisons par parcelle des
valeurs moyennes des paramètres déterminés en 2011 et en 2012.

Les rendements en grains varient de 0,03 à 0,63 kg/m2 avec une moyenne de 0,31
kg/m2 au cours de la première année et entre 0,01 à 0,59 kg/m2 avec une moyenne de
0,29 kg/m2 pour la deuxième année ; ce qui montre une grande dispersion des
rendements parcellaires. Ces valeurs montrent que seules 4 parcelles (portant
numéros 1, 4, 7 et 8) pour la première année et 3 parcelles (portant numéros 1, 4 et 8)
pour la deuxième année ont atteint le rendement moyen en grains paddy de la région
de la Basse Rusizi qui est de 5,2 t/ha selon Gahiro (2011). Ces rendements sont de loin
inférieurs au rendement potentiel des variétés de riz modernes qui est supérieur à 10
t/ha pour les plaines des régions tropicales (Khush, 1995 ; Peng et al., 1999). Ils sont
114
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

aussi inférieurs aux rendements moyens calculés pour la Chine, les USA, l’Australie et
l’Egypte qui étaient respectivement de 6,7 ; 8,3 ; 8,9 et 9,5 t/ha en 2012 (FAOSTAT,
2014).

La hauteur des chaumes varie de 28 à 90 cm avec une moyenne de 54 cm pendant la


première année et de 35 à 85 cm avec une moyenne de 59 cm pendant la deuxième
année. Elle a significativement augmenté dans 6 parcelles tandis que des diminutions
significatives sont observées dans deux parcelles. Ce paramètre de croissance du riz est
positivement corrélé au rendement global en grains.

Le poids de mille grains pleins varie entre 18 et 27 g avec une moyenne de 23,3 g en
2011 et entre 14,3 et 28,6 g avec une moyenne de 23,3 g en 2012. Cette précédente
variable est positivement corrélée au rendement global. Notons que des rendements
globaux en grains de plus de 0,3 kg par m2 sont observés pour tous les cas de poids de
mille grains pleins supérieurs à 25 g.

Le nombre moyen de talles par touffe a été de 11 talles en 2011 et en 2012. Il varie de
6 à 19 talles et de 5 à 19 talles respectivement en 2011 et en 2012. Des augmentations
significatives de cette variable sont observées dans 4 parcelles alors qu’une diminution
n’est notée que dans une seule parcelle.

La comparaison de ces variables mesurées pendant les deux années 2011 et 2012 par
le test de Student-Newman-Keuls (Tableau 4.4) révèle que six parcelles présentent des
densités de repiquage moyennes qui sont significativement différentes. L’analyse
globale de l’ensemble des résultats de toutes les parcelles pour cette variable montre
des diminutions remarquables des densités de repiquage en l’an 2012 ; elles ont passé
de 34 touffes par m2 en moyenne à 26 touffes par m2. De plus, la dispersion des
valeurs de la densité de repiquage à la deuxième année (CV = 13%) est moins élevée
que celle de la première année (CV = 27%). La densité est, pour la deuxième année,
généralement constante, proche de 25 touffes par m2 car les agriculteurs ont
majoritairement suivi les ordres du service de la SRDI chargé des encadrements qui
harmonisent le repiquage aux écartements de 20 cm X 20 cm soit à une densité de 25
touffes par m2.

Le taux de stérilité est compris entre 10,86 et 56,48% avec une moyenne 27,82 % pour
la première année et entre 8,37 et 92,69% avec une moyenne de 34,86 % pour la
deuxième année. Cette variable a significativement augmenté dans 3 parcelles et a
diminué dans une seule parcelle. Elle est négativement corrélée au rendement global
en grains et au poids de mille grains pleins.
115
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Tableau 4. 4: Valeurs de la densité de repiquage et des composantes de rendement du riz et la p-valeur du test de
Student-Newman-Keuls au seuil de 5% comparant ces paramètres mesurés aux deux années culturales

Densité
Hauteur pmgp Rdt
N° code (touffes par Nb talles Tx st (%) 2
2 (cm) (g) (kg/m )
m)
1 A 2011 47 12 67,78 21,09 26,67 0,56
2012 24 17 84,33 22,02 25,37 0,59
p 0,01 0,01 0,01 0,80 0,44 0,11
2 B 2011 45 10 52,56 19,55 24,67 0,34
2012 25 15 58 17,45 25,77 0,43
p 0,01 0,04 0,20 0,75 0,33 0,80
3 C 2011 32 14 45,22 33,51 21 0,25
2012 25 7 58,08 33,5 23,57 0,18
p 0,40 0,003 0,05 1,00 0,20 0,44
4 D 2011 41 19 90,11 19,9 25,33 0,58
2012 25 15 85,08 8,37 27,9 0,57
p 0,44 0,11 0,20 0,06 0,10 0,89
5 E 2011 42 9 39,78 29,6 22 0,21
2012 25 7 46,33 16,96 21,2 0,08
p 0,002 0,32 0,04 0,06 0,28 0,01
6 F 2011 32 8 36,44 23,44 22,33 0,07
2012 28 5 41,42 17,99 24,47 0,07
p 0,50 0,01 0,04 0,16 0,08 0,66
7 G 2011 33 11 83,44 10,86 27 0,57
2012 - - - - - -
8 H 2011 31 13 86,89 20,82 27,33 0,63
2012 25 19 76,25 25,21 25,5 0,56
p 0,04 0,004 0,04 0,44 0,15 0,52
9 I 2011 14 6 27,67 35,94 20,33 0,03
2012 25 8 43,2 78,48 18,97 0,05
p 0,02 0,20 0,0002 0,001 0,45 0,30
10 J 2011 42 9 28,89 56,48 17,67 0,06
2012 25 11 34,75 92,69 14,3 0,01
p 0,001 0,37 0,08 0,02 0,06 0,001
11 K 2011 32 10 40 27,88 22,67 0,07
2012 25 10 60,54 62,44 18,1 0,1
p 0,17 0,80 0,02 0,03 0,01 0,56
12 L 2011 34 13 62,67 33,36 26,67 0,43
2012 36 8 63,61 19,27 28,57 0,45
p 0,76 0,004 0,79 0,002 0,19 0,59
13 M 2011 23 9 41,44 29,29 20 0,19
2012 25 13 57,1 23,95 24,67 0,33
p 0,58 0,07 0,01 0,42 0,02 0,27
Nb talles, T st, pmgp et Rdt sont respectivement le nombre de talles par touffe, le taux de stérilité, le poids de
mille grains pleins et le rendement global en riz paddy.

116
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Le constat général est que la riziculture sur nos parcelles a gardé la même réponse
durant les deux années culturales spécialement pour les variables « poids de mille
grains pleins et « rendement global en grains ». Les parcelles qui étaient relativement
meilleures pour ces variables durant la première année ont gardé leur position en
deuxième année ; ce qui renforce notre choix de combiner les variables des deux
années dans une même matrice d’analyse.

En analysant les coefficients de corrélations de Spearman entre les paramètres du


rendement et de croissance du riz donnés dans le tableau 4.5, on remarque que :

- le nombre de talles par touffe, la hauteur des chaumes et le poids de mille grains
pleins sont positivement corrélés, et d’une manière significative au seuil de 5%, au
rendement global en grains ;

- le taux de stérilité des épillets est négativement corrélé au rendement global en


grains et à la hauteur des chaumes et au poids de mille grains pleins.

Tableau 4. 5: Matrice des corrélations entre les paramètres de croissance et de rendement du riz (r = coefficient
de Spearman ; p = p-valeur)

Paramètre du r et p Densité Nb talle Hauteur Tx st pmgp


rendement

Nb talle r 0,12

p 0,57

Hauteur r 0,11 0,67

p 0,61 0,0003

Tx st r -0,16 -0,22 -0,52

p 0,45 0,29 0,01

pmgp r 0,3 0,49 0,78 -0,74

p 0,15 0,01 <0,0001 <0,0001

Rdt r 0,25 0,75 0,91 -0,59 0,84

p 0,23 <0,0001 <0,0001 0,002 <0,0001

117
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Figure 4. 2: Comparaison des valeurs des composantes de rendement mesurées en 2011 et en 2012

118
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

4.3.4. Analyse de la corrélation entre les paramètres du sol, les fertilisants et


les paramètres de rendement du riz

4.3.4.1. Effets des fertilisants sur la production du riz

Avant d’examiner les relations entre les paramètres du sol et ceux du rendement
rizicole, nous examinons d’abord si l’application des engrais sur les parcelles d’études
ne masquent pas les effets des variables pédochimiques puisque tous les agriculteurs
de la zone d’étude n’appliquent pas les mêmes quantités d’engrais par unité de
surface. Certains riziculteurs des parcelles affectées par la salinité n’appliquent pas (ou
appliquent peu) de fertilisants car ils minimisent les dépenses par crainte de ne pas
avoir assez de production qui soit économiquement rentable. Nous utilisons trois
approches : l’une basée sur l’analyse des effets des accroissements des quantités
d’engrais appliqués sur les accroissements des paramètres de croissance et de
rendement du riz ; l’autre basée sur les coefficients de corrélation de Kendall entre les
quantités d’engrais et les variables du rendement du riz, et la dernière basée sur les
analyses en composantes principales.

Les différences absolues entre les quantités d’engrais appliqués au cours de l’année
2012 et ceux appliqués en 2011 et entre les paramètres du riz mesurés au cours de ces
deux années sont reprises au tableau 4.6 où le signe Δ signifie la différence entre la
valeur de la quantité observée en 2012 et celle observée en 2011. Il est vraisemblable
que les engrais chimiques et le fumier de ferme n’apportent pas de surplus significatifs
au-delà d’un certain degré de salinisation puisque les augmentations des quantités
appliquées n’ont pas toujours été accompagnées d’augmentations des paramètres de
production du riz. A titre d’exemple, la parcelle numéro 6 a connu des diminutions
sensibles de quantités d’engrais (zero engrais chimique appliqué au cours de l’année
2012) mais le rendement global en kg/m2 n’a pas du tout changé tandis que la hauteur
des chaumes et le poids de mille grains pleins ont connu des augmentations et que le
taux de stérilité a diminué. Les augmentations des quantités de NPK appliquées aux
parcelles 5, 9 et 12 n’ont pas amélioré la production du riz. Pareilles scénarii
contradictoires sont observées pour l’urée et le fumier de ferme.

Les coefficients de corrélation de Kendall sont applicables pour les valeurs qui ne sont
pas normalement distribuées et particulièrement lorsqu’il y a des ex-aequo dans les
variables explicatives comme celles des engrais et de la densité de semis (de cette
étude). Les coefficients de corrélation de Kendall (τ) entre les quantités de fertilisants
et les composantes du rendement du riz sont montrés au tableau 4.7. On remarque
119
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

qu’il n’y a pas de corrélation significative pour la plupart de cas entre les apports de
fertilisants et les paramètres de rendement. Seuls l’urée et le NPK semblent avoir des
effets significatifs sur le nombre de talles par touffe et sur la hauteur des chaumes.
Néanmoins, les coefficients de corrélation dont il est question ici sont faibles (ΙτΙ <
0,40) et ne permettent donc pas de déduire un effet de ces engrais et de la densité de
semis sur la production rizicole en conditions salines de Mugerero.

Tableau 4. 6: Variations des paramètres de rendement rizicole et des quantités d'engrais appliqués au cours des
deux années de culture

N° du ΔNPK ΔUrée ΔFumier ΔNb ΔHauteur ΔTx st Δpmgp ΔRdt


2
sol (kg/ha) (kg/ha) (kg/ha) talle (cm) (%) (g) (kg/m )
1 0 0 0 4,89 16,56 0,93 -1,30 0,03
2 0 -50 0 4,83 5,44 -2,10 1,10 0,09
3 0 -50 -800 -6,66 12,86 -0,01 2,57 -0,07
4 0 0 0 -4,16 -5,03 -11,52 2,57 -0,02
5 50 50 0 -1,50 6,56 -12,64 -0,80 -0,13
6 -100 -50 0 -2,77 4,97 -5,44 2,13 0,00
8 0 25 0 6,31 -10,64 4,39 -1,83 -0,06
9 75 50 300 2,32 15,53 42,54 -1,37 0,02
10 0 25 0 1,11 5,86 36,21 -3,37 -0,05
11 0 50 0 0,21 20,54 34,56 -4,57 0,03
12 100 -50 -1200 -4,30 0,94 -14,09 1,90 0,02
13 0 50 0 3,93 15,66 -5,34 4,67 0,13

Tableau 4. 7: Matrice de corrélation entre les variables de rendement et les fertilisants (τ = coefficient de Kendall;
p = p-valeur)

Coefficient de Densité Nb talle Hauteur Tx st pmgp Rdt


Type corrélation et
d’engrais p-valeur
0,17 0,3 0,33 -0,23 0,15 0,27
NPK τ
0,33 0,05 0,05 0,16 0,35 0,11
p
-0,09 0,37 0,35 -0,12 0,06 0,29
Urée τ
0,58 0,02 0,02 0,42 0,68 0,06
p
-0,03 0,25 0,1 0,04 0,14 0,13
Fumier τ
0,86 0,12 0,53 0,81 0,43 0,39
p

L’analyse en composantes principales (ACP) associant les variables de production du riz


et celles des engrais et la densité de semis montre deux facteurs à valeurs propres
supérieures à 1. La variance expliquée par les deux dimensions est de 63%. La
première composante principale compte 45,2% de la variance. Elle est fortement
corrélée au rendement global (r = 0,48), à la hauteur des chaumes (r = 0,45), au poids
de mille grains pleins (r = 0,41) et au nombre de talles par touffe (r = 0,40). Cette

120
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

composante est celle des paramètres du rendement du riz. La seconde dimension


compte 17,82% de la variance. Elle est bien corrélée avec l’urée (r = 0,54), le NPK (r =
0,47), le taux de stérilité (r = -0,32) et le poids de mille grains pleins (r = -0,41). Cette
dimension pourrait être celle des fertilisants. Le diagramme de double projection
(Figure 4.3) permet de visualiser simultanément la saturation des variables
(représentée par des flèches avec les noms des variables). La longueur d’une flèche est
directement proportionnelle à la saturation de la variable pour les deux dimensions
représentées. L’angle entre deux flèches est une indication de la corrélation entre les
deux variables correspondantes. La figure 4.3 montre l’existence de faibles saturations
de la densité des semis (nombre de touffes par m2) et du fumier de ferme dans les
deux nouvelles dimensions. Elle reconfirme l’existence des faibles effets des fertilisants
(urée et NPK) sur le rendement en grains vu que les angles entre les flèches de ces
deux fertilisants et celle du rendement sont plus proches de 90° que de 0°.

Figure 4. 3: Cercle de corrélations entre les quantités d’engrais appliqués, la densité de semis et les composantes
de rendement de riz pour les deux premières composantes principales

4.3.4.2. Effet des propriétés physico-chimiques des sols sur la productivité du riz

4.3.4.2.1. Transformation des données

Les modèles linéaires et les ACP sont sensibles à la présence des données qui ne sont
pas normalement distribuées. Ainsi, avant de passer aux analyses des corrélations
entre les variables pédologiques et les variables de production du riz et aux ACP, la
normalité de toutes les variables en jeux a été vérifiée avec le test de Shapiro-Wilk qui
est particulièrement réputé puissant pour les variables aux effectifs d’individus
inférieurs à 50 (Rakotomalala, 2008). Il s’agissait d’inspecter si les données provenaient

121
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

d'une population normalement distribuée et, dans le cas contraire, de procéder à leur
transformation pour leur concéder cette distribution.

A l’instar de Brejda et al. (2000), le constat en a été que la plupart des propriétés
chimiques du sol, à part le pH qui est mesuré sur une échelle logarithmique, suivent
une distribution log-normale. Par conséquent, la transformation logarithmique des
données pédologiques a été opérée en vue de rendre leur distribution proche de la
normale et aussi d’uniformiser leurs variances.

Une telle transformation a été aussi opérée pour le rendement en grains et le taux de
stérilité dont la distribution s’est révélée log-normale. Les autres paramètres de
rendement du riz (hauteur des chaumes, nombre de talles par touffe et poids de mille
grains pleins) connaissent une distribution normale et n’ont par conséquent subi
aucune transformation. Ce sont les variables normalisées qui ont fait l’objet des
analyses statistiques par corrélation linéaire et par ACP.

4.3.4.2.2. Analyse des corrélations

Les variables normalisées ont été soumises au test de corrélation de Pearson. Une
matrice de corrélation linéaire obtenue entre les caractéristiques chimiques du sol et
les paramètres de croissance et de rendement du riz est donnée au tableau 4.8.

Nous relevons dans cette matrice pour ce qui concerne les relations entre le
rendement global en grains et les variables pédochimiques :

- des corrélations inverses et significatives au seuil de 5% entre le rendement global


d’une part et la salinité exprimée par la CE, les ions majeurs (Na et SO4), les ions
bicarbonates et le pH d’autre part ;

- une absence de corrélation significative entre le rendement et les concentrations


absolues en cations Ca, Mg et K et en chlorure.

- des corrélations positives et significatives entre le rendement et les rapports des


cations solubles K/Na et Ca/Na ;

- des corrélations inverses hautement significatives entre le rendement et le taux de


sodium échangeable (ESP) et, des corrélations positives et significatives entre le
rendement et le taux de calcium échangeable (ECP).

122
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Les corrélations entre le poids de mille grains pleins et les paramètres du sol sont
similaires à celles qui existent entre le rendement en grains et les variables du sol mise
à part que le pH n’a pas de corrélation significative avec ce paramètre.

Tableau 4. 8: Matrice de corrélation entre les paramètres du sol et ceux du rendement (corrélation de Pearson)

Nb talle Hauteur Log Tx st pmgp Log Rdt


r p r p r p r p r p
pH -0,43 0,03 -0,57 0,003 0,15 0,47 -0,39 0,05 -0,47 0,02
LogCE -0,48 0,01 -0,49 0,01 0,54 0,01 -0,47 0,02 -0,48 0,01
LogCa -0,21 0,31 -0,26 0,21 0,27 0,19 -0,23 0,26 -0,22 0,29
Log Mg -0,19 0,36 -0,29 0,16 0,39 0,06 -0,33 0,1 -0,31 0,14
Log k 0,09 0,67 -0,09 0,67 0,16 0,44 -0,22 0,29 -0,15 0,47
Log Na -0,5 0,01 -0,48 0,01 0,58 0,003 -0,51 0,01 -0,52 0,01
Log (Ca/Mg) -0,01 0,96 0,03 0,89 -0,2 0,26 0,17 0,42 0,21 0,31
Log (Ca/Na) 0,36 0,08 0,34 0,1 -0,4 0,03 0,41 0,04 0,4 0,05
Log (Mg/Na) 0,36 0,07 0,33 0,11 -0,3 0,11 0,34 0,1 0,31 0,13
Log(K/Na) 0,48 0,02 0,46 0,02 -0,5 0,01 0,46 0,02 0,44 0,03
Log SO4 -0,56 0,004 -0,54 0,01 0,49 0,01 -0,41 0,04 -0,44 0,03
LogHCO3 -0,42 0,04 -0,49 0,01 0,18 0,38 -0,38 0,06 -0,46 0,02
ECP 0,25 0,23 0,37 0,07 -0,6 0,003 0,54 0,01 0,46 0,02
LogCl -0,21 0,3 -0,24 0,25 0,12 0,58 -0,23 0,26 -0,22 0,28
EMP -0,09 0,66 -0,16 0,44 0,34 0,1 -0,3 0,15 -0,19 0,35
LogESP -0,32 0,11 -0,48 0,02 0,69 0,0002 -0,62 0,0009 -0,54 0,005

La hauteur des chaumes présente des corrélations inverses avec le pH, la salinité, les
ions majeurs (Na et SO4), les ions bicarbonates et l’ESP. Elle a en outre une corrélation
positive et significative avec le rapport K/Na.

Le nombre de talles par touffe est inversement corrélé avec le pH, la salinité, les ions
majeurs (Na et SO4) et les ions carbonates. Il est par contre positivement corrélé avec
le rapport K/Na.

Le taux de stérilité présente des corrélations inverses à celles qu’a le rendement en


grains. Il est positivement corrélé à la salinité, aux ions majeurs (Na et SO4) et à l’ESP. Il
est par contre inversement corrélé aux rapports K/Na et Ca/Na et à l’ECP.

Brièvement, tous les composantes du rendement sont affectés par la salinité


(exprimée par CE), les ions majeurs (Na, SO4) et le pH. Ils ne présentent aucune

123
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

corrélation avec les valeurs absolues des concentrations en cations Ca, Mg et K et en


chlorure ; mais ils sont positivement corrélés avec les rapports K/Na (qui affecte tous
les paramètres) et Ca/Na (qui affecte certains paramètres du rendement). Le
magnésium et les rapports cationiques dans lesquels il est impliqué (Ca/Mg et Mg/Na)
n’ont aucune corrélation significative avec le rendement du riz et ses composantes. Par
ailleurs, les taux de saturation en cations échangeables, ESP et ECP, affectent le
rendement et ses composantes mais les corrélations entre l’EMP et les paramètres du
rendement ne sont pas significatives.

4.3.4.2.3. Analyse des composantes principales

Dans le but d’identifier les principaux facteurs chimiques des sols qui influent sur les
paramètres de rendement de riz, une ACP a été réalisée sur l’ensemble de données. Le
tableau 4.9 présente les valeurs propres des dimensions qui permettent de résumer
l’information. Pour les deux années, quatre principales composantes ont des valeurs
propres supérieures à 1 et expliquent 84% de la variance des 21 variables d’origine.
Nous présentons ici les trois premières dont les coefficients de saturation des variables
analysées dans les nouvelles dimensions (Figure 4.4) sont clairs et qui représentent
77% de la variance.

Tableau 4. 9: Valeurs propres des composantes principales et pourcentages expliqués par ces composantes

Composante Valeur propre % de la variance % cumulés

1 8,35 0,40 0,40

2 4,00 0,19 0,59

3 3,45 0,16 0,75

4 1,90 0,09 0,84

La première dimension est celle de la salinité exprimée par la CE et du Na. Cette


composante est positivement corrélée avec les variables Na (r = 0,31), CE (r = 0,30),
SO4 (r = 0,29), ESP (r = 0,28), taux de stérilité (r = 0,26). Elle est par contre
négativement corrélée avec les variables poids de mille grains pleins (r = -0,27),
rendement global (r = -0,27), hauteur des chaumes (r = -0,26), nombre de talles par
touffe (r = -0,22), ECP (r = -0,24) et K/Na (r = -0,27). Les coefficients de corrélation de
ce facteur avec les variables restantes sont inférieurs à 20 %. La première composante
présente donc un coefficient de corrélation supérieur à 20% pour 11 sur les 21
variables d’origine. On remarque que dans cette composante les paramètres du
124
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

rendement (sauf le taux de stérilité) varient dans le sens inverse de celui du groupe
constitué par la salinité (CE), les ions majoritaires (Na et SO4)) et la sodicité (ESP). Ils
sont positivement dépendants de l’ECP et du rapport K/Na.

La seconde composante peut être attribuée au pH. Elle est positivement corrélée avec
les variables Mg (r = 0,38), K (r = 0,32), Ca (r = 0,36), Mg/Na (r = 0,38), Ca/Na (r = 0,33)
et ECP (r = 0,27). Elle est négativement corrélée avec les variables pH (r = -0,27) et
HCO3 (r = -0,29).

Le diagramme des deux premières composantes (Figure 4.5 à gauche) montre la forte
influence positive de l’ECP et le rapport K/Na sur les paramètres du riz (rendement
global, nombre de talles par touffe, hauteur des chaumes, poids de mille grains pleins).
La même figure montre l’effet négatif de l’ESP, de la salinité et des ions Na et SO4 sur la
productivité du riz et l’effet positif de ces derniers sur le taux de stérilité des épillets.
Elle montre de l’autre côté, comme signalé au chapitre 3, les fortes corrélations entre
les variables de la solution du sol Na, SO4 et CE d’une part, le pH et les ions
bicarbonates (HCO3) d’autre part.

Figure 4. 4: Représentation des coefficients de saturation des variables pédochimiques et des paramètres du
rendement rizicole sur les trois premières composantes principales

La troisième composante est celle magnésium échangeable (EMP). Cette dimension est
positivement corrélée avec les variables EMP (r = 0,37), HCO3 (r = 0,36), Ca (r = 0,24),
pH (r = 0,38), Ca/Mg (r = 0,37), Ca/Na (r = 0,26). Elle est négativement corrélée avec
ESP (r = -0,43) et au nombre de talles par touffe (r = -0,21). Le diagramme de la
première et de la troisième composante (Figure 4.5 à droite) conforte le
rapprochement des composantes du rendement du riz avec le rapport K/Na. Il montre
par ailleurs les effets négatifs de l’ESP et de la salinité et des ions solubles majeurs (Na
125
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

et SO4) sur le rendement du riz et ses composantes et la corrélation positive entre ces
variables pédologiques et le taux de stérilité des épillets. Sur cette figure
réapparaissent les bonnes corrélations (positives ou négatives) entre les variables des
groupes constitués de Na, CE et SO4, de ECP, Ca/Na, Mg/Na, ESP et EMP, de pH et
HCO3.

Figure 4. 5 : Cercles de corrélations entre les variables du sol et les variables de rendement de riz pour les
composantes principales 1&2 (à gauche) et 1&3 (à droite)

Les résultats de cette ACP ont abouti à l’identification du pH, de la CE, des ions majeurs
(Na et SO4) et de l’ESP comme étant les principales espèces chimiques les plus
préjudiciables à la production rizicole dans la plaine de la Basse Rusizi. L’ECP et les
rapports K/Na et Ca/Na sont quant à eux identifiés comme ayant un effet améliorateur
sur la productivité du riz. Ces constatations sont similaires aux conclusions issues des
analyses des corrélations de Pearson. Les sols halomorphes de la Basse Rusizi
connaissent donc des contraintes chimiques de deux ordres : la salinité et la sodicité.

La salinité peut être corrigée par lessivage avec l’eau de bonne qualité mais le
traitement de la sodicité est très délicat et complexe. L’ESP dans le sol est plus stable
que les concentrations en sels solubles car il ne change guère d’année en année ; c’est
un paramètre beaucoup plus stable que les concentrations en sels solubles. Par
conséquent, le lessivage à elle seule ne peut abaisser l’ESP. L’ESP traduit une histoire
de salinisation récurrente, intégrant déjà avec un certain passé, et est donc un bon
indice de dysfonctionnement du sol pour les plantes. La réhabilitation des sols affectés
par la sodicité passe obligatoirement par l’application des amendements en vue de
remplacer le sodium par des cations divalents sur le complexe d’échange avant de
procéder au lessivage par l’eau.

126
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

4.3.4.3. Modèles de prédiction du rendement à partir des propriétés chimiques du


sol par régression multiple

Une analyse de la régression est un instrument statistique qui permet de prédire une
variable dite à expliquer à partir d’autres variables dites explicatives. Le problème
qu’on rencontre est celui du choix des variables explicatives quand on en dispose en
grand nombre. Il existe beaucoup de méthodes permettant de réduire le nombre de
variables explicatives. Dans cette étude, nous utilisons la méthode de sélection pas-à-
pas qui, dans sa réalisation, développe une séquence de modèles régressifs en
ajoutant ou en retranchant une variable indépendante à chaque étape. En introduisant
les variables dont la corrélation avec les composantes du rendement est significative
au seuil de 5%, on obtient des équations de régression dont les coefficients sont
mentionnés au tableau 4.10 qui donne aussi les contributions de chaque variable
explicative retenue dans la variabilité de la variable expliquée.

Par cette méthode de régression, deux variables, pH et ECP sont retenues pour
constituer le modèle de prédiction de la hauteur des chaumes du riz qui est donné par
l’équation :

Hauteur (cm) = 129,04 - 18,06 pH + 1,06 ECP, r2 = 0,59 (4.1)

On remarque que le pH contribue à lui seul à 33% de la variabilité de la hauteur des


chaumes du riz de la variété V14 à Mugerero et que la contribution de l’ECP à la
variabilité de ce paramètre est de 26%.

Le nombre de talles par touffe peut être prédit par une relation qui intègre les
concentrations en ions sulfates et le pH. Les deux variables contribuent
respectivement à 32 % et 14% à la variabilité de la variable dépendante (Tableau 4.10).
La relation qui les lient au nombre de talles par touffe est donnée par l’équation :

Nombre de talles par touffe = 27,04 - 2,93 log SO4 - 1,99 pH ; r2 = 0,46 (4.2)

Le poids de mille grains pleins est négativement dépendant à 53% de l’ESP et du pH.
L’ESP contribue à lui seul à 39% de la variabilité de ce paramètre. La relation
mathématique qui lie le poids de mille grains pleins à ces deux variables est :

pmgp (g) = 43,63 - 8,30 log ESP - 1,90 pH, r2 = 0,54 (4.3)

127
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Le taux de stérilité des épillets dépend essentiellement de l’ESP avec un coefficient de


détermination de 47% et il peut être prédit à partir de cette variable par la relation :

log Tx St (%) = 0,92 + 0,61 log ESP, r2 = 0,47 (4.4)

La valeur du rendement global en grains par m2 peut être expliquée par l’ESP et le pH
qui contribuent respectivement à 29 % et 21 % à sa variance. Ainsi, le rendement en riz
paddy peut être prédit par l’équation :

log Rdt (kg/m2) = 2,22 - 0,96 log ESP - 0,30 pH, r2 = 0,50 (4.5)

Tableau 4. 10: Contribution des propriétés chimiques du sol à la hauteur des chaumes et aux composantes du
rendement du riz

Variable Coefficient
2 2
dépendante Variables explicatives de régression r partiel r du modèle p-valeur
Coefficient indépendant 129,04 0,0001
Hauteur pH -18,06 0,33 0,33 <0,0001
ECP 1,06 0,26 0,59 0,0012
nb de talle Coefficient indépendant 27,04 0,0004
log SO4 -2,93 0,32 0,32 0,034
pH -1,99 0,14 0,46 0,024
pmgp Coefficient indépendant 43,63 <0,0001
log ESP -8,30 0,39 0,39 0,0009
pH -1,90 0,15 0,54 0,0151
log Tx St Coefficient indépendant 0,93 <0,0001
log ESP 0,61 0,47 0,47 0,0002
log Rdt Coefficient indépendant 2,22 0,0068
log ESP -0,96 0,29 0,29 0,0053
pH -0,30 0,21 0,50 0,0059

En analysant de près les relations corrélatives précédemment établies, on remarque


que les paramètres du rendement du riz dépendent de trois groupes de variables
pédologiques :
- le groupe de la salinité (CE) et des variables qui lui sont corrélées (Na et SO4),
- le groupe du pH et de l’ion HCO3,
- l’ECP ou l’ESP selon le cas.

On peut donc imposer aux modèles trois variables explicatives qui représentent les
trois groupes. Ainsi, en combinant le pH, le logarithme de la CE et celui de l’ESP, on
obtient les relations suivantes :

128
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Hauteur = 176,29 - 14,10 pH - 8,40 log CE - 24,30 log ESP, r2 = 0,58 ; p = 0,0004 (4.6)

Nb talle = 26,13 – 1,98 pH – 2,87 log CE – 1,42 log ESP ; r2 = 0,38 ; p = 0,0177 (4.7)

Log Tx St = 0,73 + 0,04 pH + 0,09 log CE + 0,51 log ESP, r2 = 0,51 ; p = 0,0016 (4.8)

pmgp = 42,70 – 1,85 pH – 0,58 log CE – 7,68 log ESP, r2 = 0,54 ; p = 0,0009 (4.9)

log Rdt = 1,96 – 0,29 pH – 0,16 log CE – 0,78 log ESP, r2 = 0,52 ; p = 0,0014 (4.10)

Si on remplace le logESP par l’ECP, ces relations deviennent :

Hauteur = 129,53 – 16,59 pH - 8,90 log CE + 0,84 ECP, r2 = 0,63 ; p < 0,0001 (4.11)

Nb talle = 22,58 – 2,24 pH – 2,62 log CE – 0,08 ECP ; r2 = 0,40 ; p = 0,0123 (4.12)

Log Tx St = 1,59 + 0,07 pH + 0,15 log CE - 0,01 ECP, r2 = 0,48 ; p = 0,0028 (4.13)

pmgp = 28,96 – 2,49 pH – 1,09 log CE + 0,22 ECP, r2=0,58 ; p = 0,0003 (4.14)

log Rdt = 0,50 – 0,36 pH – 0,19 log CE + 0,03 ECP, r2=0,58; p = 0,0004 (4.15)

Il existe plusieurs techniques de validation des modèles mathématiques. Les unes sont
qualitatives et d’autres quantitatives. Une manière de vérifier qualitativement la
validité d’un modèle est de représenter sur un même graphique les variables prédites
et celles observées (Ni et al., 2004). En adoptant une telle approche, on obtient les
graphiques obtenus qui sont donnés à la figure 4.6 pour les modèles formulés avec le
pH, la CE et l’ESP et à la figure 4.7 pour les modèles formulés avec la combinaison de
pH, CE et ECP. Il apparait que les points sont localisés à proximité et de chaque côté de
la droite d’égalité pour les modèles établis avec les variables explicatives pH, CE et ESP
(équations 4.6 à 4.10). Quant aux relations établies avec les variables pH, CE et ECP
(équations 4.11 à 4.12), deux d’entre elles semblent s’éloigner des critères de
précision : celles relatives au rendement global et au taux de stérilité. Pour ces deux
paramètres, la plupart des points sont situés à gauche de la droite d’égalité; ce qui
indique une surestimation des rendements globaux en riz paddy et du taux de stérilité
des épillets avec ces deux modèles.
Pour plus d’objectivité, nous avons aussi vérifié la validité des modèles retenus avec
des techniques quantitatives. Ainsi, la racine de l'erreur quadratique moyenne (Root-
Mean-Square Error (RMSE) et le pourcentage moyen de l’erreur absolue (Mean
Absolute Percentage Error = MAPE) ainsi que le test-t de Student pour les échantillons
appariés ont été utilisées.
129
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Le RMSE et le MARPE permettent de comparer deux séries de données pour un même


échantillon d’individus. En supposant deux séries de données Y (série des données
calculées) et X (série des données observées) : x1, x2, x3,….xn ; y1, y2, y3, …, yn où n est le
nombre d’échantillons ; RMSE est donné par :

√ ∑ (4.16)

MAPE est quant à lui donné par :


∑ | | (4.17)

Le test-T de Student pour échantillons appariés procède par le calcul des différences
entre deux modalités d’un facteur pour chaque sujet et la comparaison de la moyenne
de ces différences pour tous les individus avec la valeur "0". Pour notre cas, il est basé
sur l’analyse des différences entre les valeurs calculées et celles observées au niveau
de chaque paire d’éléments, di = yi-xi, et la comparaison la moyenne des différences di
à 0 ; l’hypothèse nulle étant : « la moyenne des différences (calculée-observée) est
égale à 0 ». Les valeurs p inférieures au seuil de signification (p < 0,05) indiquent des
différences statistiquement significatives.

Les valeurs de RMSE et de MARPE ainsi que les résultats du test de Student sont
condensés dans le tableau 4.11.
Tableau 4. 11: Résumé des statistiques sur les valeurs des paramètres du rendement observées et celles prédites
en utilisant les équations qui font intervenir le pH, log CE et log ESP et les équations qui font intervenir le pH, log
CE et ECP

Rendement Valeur Valeurs prédites avec les variables Valeurs prédites avec les
et ses mesurée pH, log CE et log ESP variables pH, log CE et ECP
composantes
̅ ̅ MAPE Valeur ̅ MAPE Valeur
RMSE RMSE
(%) p (%) p
log Rdt
2 -0,7±0,5 -0,7±0,3 50,6 0,36 0,833 -0,5±0,4 48,4 0,34 0,0003
(kg/m )
pmgp (g) 23,3±3,6 23,3±2,7 9,1 2,65 0,983 23,0±2,8 8,5 2,50 0,609
Nb talle 11,1±3,8 11,1±2,3 21,6 3,24 0,970 11,1±2,4 22 3,18 0,979
Hauteur (cm) 56,5±19,3 56,5±14,6 18,3 13,39 0,994 56,7±15,3 17,7 12,56 0,926
Log Tx St (%) 1,4±0,2 1,4±0,2 9,5 0,181 0,906 1,5±0,1 12,9 0,19 0,003
̅ et ̅ sont les moyennes des valeurs mesurées et celles prédites respectivement ; et est l’écart type

Les valeurs de RMSE et de MAPE pour tous les paramètres du rendement du riz, sont
comparables et ne permettent pas de juger lequel des deux types de modèles est plus
valable que l’autre.

130
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Les valeurs p obtenues par le test de Student permettent de remarquer que les valeurs
prédites avec les relations (4.13) et (4.15) correspondantes aux paramètres log Rdt et
log Tx St sont significativement différentes des valeurs observées (p < 0,05). La
meilleure méthode de prédire avec précision le rendement global et le taux de stérilité
est donc celle qui fait recours aux variables pH, CE et ESP. Tous les autres paramètres
peuvent donc être estimés en utilisant les deux modèles.
En bref, le rendement global en grains peut être prédit en utilisant l’équation (4.10) ; le
poids de mille grains peut être estimé en utilisant les relations (4.9) et (4.14) ; le
nombre de talles par touffe peut être prédit avec les relations (4.7) et (4.12) ; la
hauteur des chaumes peut être calculée en utilisant les équations (4.6) et (4.11) tandis
que le taux de stérilité peut être estimé à partir des variables du sol en utilisant
l’équation (4.8).

Les modèles précédemment établis présentent un grand intérêt en riziculture dans les
conditions locales de la zone étudiée parce qu’ils permettent de prédire le rendement
du riz de même variété (et ses composantes) auquel on pourrait s’attendre en
recourant aux variables chimiques du sol. Néanmoins, leur fiabilité suppose que les
variables environnementales telles que le climat et le stress pathologique soient les
mêmes que celles qui ont prévalu au moment de leur élaboration.

131
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Figure 4. 6: Comparaison entre les paramètres de rendement calculés à l’aide des modèles obtenus par combinaison des variables pH, log CE et log ESP avec les paramètres de
rendement observés

Figure 4. 7: Comparaison entre les paramètres de rendement calculés à l’aide des modèles obtenus par combinaison des variables pH, log CE et ECP avec les paramètres de
rendement observés

132
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

4.3.4.4. Discussion des résultats

A travers cette étude, des corrélations négatives entre la salinité exprimée par la CE et
le rendement du riz et ses composantes ont été dégagées. Cette constatation
corrobore avec de nombreuses études menées dans le domaine de la nutrition des
plantes. Maas et Grattan, (1999) signalent que le riz est rangé parmi les plantes les plus
sensibles à la salinité. Le stress salin affecte tous les stades végétatifs du riz, de la
germination à la maturation des grains ; les stades les plus particulièrement affectés
étant le stade de la levée (Maas et Hoffman, 1977) et l’initiation paniculaire (Grattan et
al., 2002 ; Zeng et al., 2001). Contrairement à la plupart des céréales dont les
conditions salines raccourcissent le début de la floraison (Grieve et al., 1993), ce stade
est retardé chez certaines variétés de riz en cas de salinité excessive (Khatun et al.,
1995). Le rendement en grains diminue avec l’augmentation de la salinité et
l’application du calcium réduit les pertes (Butt et al., 1995). La salinité présente un
impact négatif au taux de levée des plantules et aux composantes du rendement (Zeng
et Shannon, 2000, Grattan et al., 2002). Les déséquilibres nutritionnels qui
apparaissent en cas de salinité excessive résultent de ses effets sur la disponibilité des
nutriments, leur fixation compétitive aux sites apoplasmiques qui favorisent
anormalement le sodium au dépens du Ca et du K, leur transport et leur répartition
dans les différents organes de la plante (Grattan et Grieve, 1999). Elle réduit en effet
par exemple la disponibilité du phosphore. L’étude menée par Zeng et Shannon (2000)
a abouti à l’expression des effets de la salinité sur les composantes du rendement, sauf
le poids de mille grains, par des équations de régression linéaire hautement
significatives.

Dans cette étude, le pH s’est révélé préjudiciable au rendement en grains, au nombre


de talles par touffe et à la hauteur des chaumes. Le caractère impropre des sols salins
à l’agriculture proviendrait de leur pH trop élevé. En effet, il est connu que le pH et le
potentiel redox influencent la spéciation des nutriments et les rendent non disponibles
à la plante dans certains cas (Grattan et Grieve, 1999). L’élévation du pH d’un sol peut
affecter le rendement d’une culture par les mécanismes suivants :

- Apparition de profonds déséquilibres entre les ions de la solution du sol en raison de


la faible solubilité, de la forte adsorption ou de la complexation de certains minéraux
(Marlet et Job, 2006). Ces mécanismes sont susceptibles de causer des déficiences de
la plante en Ca, Cu, Zn, P, Fe et Mn (Kopittke et Menzies, 2005 ; Tan, 1998). A cette
liste, Marlet et al. (1998) en ajoutent N, P et K ;

133
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

- Les pertes d’azote par volatilisation (Qadir et al., 2006) ;

- la toxicité du bore : Au-delà des valeurs de pH 9, la concentration du bore devient


soluble et absorbable par la plante sous forme anionique B(OH)4- (Qadir et al., 2006).

- Les effets directs de toxicité des anions OH- ou indirects des ions HCO3- sur la
croissance racinaire (Marlet et Job, 2006).

Trois types de cations Ca, K et Na ont été identifiés comme influençant le rendement
du riz. Le sodium soluble et échangeable exprimé par ESP s’est révélé nuisible au
meilleur rendement du riz. Cet effet est opposé à ceux du calcium soluble et
échangeable (ECP) et du potassium qui améliorent plutôt le rendement.

Les effets néfastes du sodium en cas de sols salins résident en :

- l’augmentation des dépôts du sodium dans les organes de croissance racinaire et la


diminution de l’assimilation du potassium et du calcium (Zhong et Läuchli, 1993;
Grattan et Grieve, 1999) ;

- les effets physiques, dus aux valeurs élevées d’ESP et de pH, de dispersion des argiles
qui s’accompagnent de l’imperméabilisation du sol et de la baisse de l'aération de
l’environnement racinaire ;

- la perturbation de l’intégrité des membranes racinaires par l’absorption massive du


sodium et, par voie de conséquence, l’altération de leurs sélectivités vis-à-vis du
sodium (Grattan et Grieve, 1999).

Le calcium influence les paramètres du rendement parce qu’il joue un grand rôle dans
la nutrition de la plante. Il agit notamment à la préservation de la structure et de
l’intégrité des membranes cellulaires, à la régulation des transports sélectifs des ions
(Qadir et al., 2006) et à la réduction de la perméabilité des membranes cellulaires des
racines vis-à-vis du sodium (Muhammed et al., 1987). La disponibilité du Ca pour la
plante dépend de la nature de l’ion accompagnateur, du pH du substrat et de sa
concentration relative par rapport aux autres cations (Grattan et Grieve, 1999). Le
sodium présente un effet important sur la mobilité et la distribution du calcium dans la
plante. La réduction du rapport Ca/Na dans la solution du sol diminue la concentration
en Ca des organes du riz (Grattan et Grieve, 1999). Des symptômes de déficiences en
calcium apparaissent en cas de rapports Na/Ca élevés. Le maintien des taux adéquats
de calcium en solution du sol est un facteur important de contrôle des toxicités
spécifiques liées aux ions (Grattan et Grieve, 1999).

134
Chapitre 4. Effet des propriétés pédochimiques sur le rendement du riz

Dans les conditions de concentrations excessives de Na, l’absorption du K par la plante


et l’intégrité de la membrane racinaire sont perturbées et, la sélectivité de la
membrane vis-à-vis des ions est altérée. Ces effets néfastes du Na peuvent être évités
par des applications de calcium qui favorise l’assimilation du K au détriment du Na
(Grattan et Grieve, 1999). En champ, les concentrations en K des solutions du sol sont
toujours faibles même après l’application de fertilisants potassiques. Donc, il est
difficile de s’imaginer des situations dans lesquelles les ajouts des quantités de K
complémentaires influenceraient la correction des déficiences en K dues aux excès de
Na (Grattan et Grieve, 1999).

4.4. Conclusion

Cette étude avait pour objectif d’examiner les relations existantes entre les propriétés
chimiques des parcelles rizicoles de Mugerero et le rendement du riz. Elle visait
spécialement l’identification des facteurs de chutes de rendement qui s’observent ces
dernières années. L’analyse des corrélations de Kendall a montré que l’application des
engrais chimiques et de la matère organique sur les parcelles affectées par la salinité
n’a pas d’effet significatif sur le rendement en grains et sur le poids de mille grains
pleins. Ces dernières sont plutôt dépendantes des propriétés chimiques des sols.

A travers les analyses des corrélations de Pearson, les analyses en composantes


principales et les régressions par sélection pas à pas, le pH et les ions HCO3, la CE et les
deux ions majeurs dont elle dépend (Na et SO4) et l’ESP ont été identifiés comme étant
des facteurs qui restreignent la production rizicole et qui accroissent le taux de
stérilité. L’ECP et les rapports cationiques K/Na et Ca/Na présentent quant à eux des
effets positifs sur la production rizicole. Ces résultats indiquent que la riziculture de la
zone étudiée connaît des problèmes de salinité, de sodicité et d’alcalinité qui
nécessitent d’être corrigés par l’augmentation des niveaux de calcium et de potassium,
par la réduction de la charge sodique par amendement calcique et, par la diminution
de la charge saline totale par lessivage pour améliorer la production rizicole.

135
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de


solubilité, spéciation et modélisation

La composition de la solution et du complexe d’échange des sols de Mugerero ainsi


que les équilibres d’échange et de solubilité, montrés au chapitre 3, ont été
déterminés au rapport sol/eau de 1/2. Dans ce chapitre, nous allons déterminer les
relations qui existent entre les valeurs des paramètres établis à quatre autres rapports
sol/eau (1/3, 1/5, 1/8 et 1/12) en prenant le rapport 1/2 comme référence ; ce qui
aboutira à l’établissement des modèles de calcul de ces paramètres à n’importe quel
rapport sol/eau à partir des mesures prises au rapport 1/2. Nous évaluerons aussi la
possibilité d’avoir des coefficients de sélectivités uniques indépendamment du rapport
sol/eau, de la salinité et de la nature des échantillons.

137
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Résumé

Les propriétés d’échange cationique des sols affectés par la salinité ont fait l’objet de
beaucoup d’études à travers le monde. La plupart de ces études sont focalisées sur les
échanges entre les cations Na et Ca. Les coefficients de sélectivité pour ces échanges varient
selon les propriétés intrinsèques des sols et ne sont valables que dans les contextes
minéralogiques dans lesquels ils sont établis. De même, ces paramètres varient selon le
concept d’analyse utilisé. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’effet du rapport sol/eau sur
les propriétés chimiques des sols affectés par la salinité du périmètre rizicole de Mugerero et
d’établir les équilibres d’échanges cationiques entre la solution et le complexe d’échange dans
les systèmes Na - (Ca+Mg) et Ca - Mg. A cet effet, 53 échantillons de sols ont été utilisés (19
échantillons composites et 34 issus des horizons des profils pédologiques). Après séchage à
l’air libre, les cations (Ca, Mg, Na et K) extractibles à Ac-NH4, pH7 et à Ac-Na, pH 8,2 ont été
dosés par ICP-AES. Les solutions de sol ont été extraites par centrifugation des suspensions de
sol correspondant aux rapports sol/eau (w/v) 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12. Le pH et la
conductivité électrique (CE) ont été mesurés dans chaque solution. Les cations solubles ont été
dosés par ICP-AES. Les anions non carbonatés (Cl et SO4) ont été dosés par HPLC. Les anions
CO3 et HCO3 ont été analysés par titrage potentiométrique. Les cations échangeables ont été
calculés pour chaque dilution par la différence entre les teneurs des cations extractibles et
celles des cations solubles. Les formalismes de Gapon (1933), de Vanselow (1932) et de
Gaines-Thomas (1953) ont été utilisés pour décrire les équilibres d’échange. Les résultats
montrent que la composition des solutions de sol est dominée par le cation Na et l’anion SO4
ou HCO3. Il a été noté que les concentrations en cations monovalents (K et Na) exprimés en
millimoles de charges par unité de masse du sol sec augmentent avec l’accroissement de la
dilution tandis que les cations divalents solubles diminuent avec la dilution. Logiquement, des
tendances inverses ont été observées pour les cations échangeables. Ces tendances sont
conformes à la théorie des échanges ioniques. Le taux de sodium échangeable (ESP) diminue
avec la dilution. Dès lors, des modèles de calculs des paramètres de la solution et du complexe
d’échange à une dilution voulue à partir d’une dilution 1/2 choisie comme référence ont été
établis. La relation entre le pourcentage de sodium échangeable (ESP) et le rapport
d’adsorption du sodium (SAR) est de type curvilinéaire de la forme ESR = 0,0003 SAR2 + 0,0074
SAR (r2=0,84) (ESR = ESP/(100-ESP)) ; indiquant que le coefficient de Gapon n’est pas constant
et croît avec l’augmentation de la charge sodique. Cependant, sur base des approches
thermodynamiquement très rigoureuses de Vanselow et de Gaines et Thomas, des coefficients
de sélectivité uniques respectivement égaux à 0,5 et 0,3 ont été établis pour toute la gamme
de sodicité des sols étudiés (ESP atteignant 60%). Par ailleurs, avec ces deux dernières
approches, un coefficient de sélectivité de 1,5 a été déterminé pour l’échange entre le Ca et
Mg ; ce qui montre que les sols étudiés ont une affinité plus forte au Ca qu’au Mg bien que les
approches classiques de modélisation de l’échange entre le Na et les cations divalents
considèrent que les deux cations ont une même sélectivité d’échange.

139
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Abstract

Cation exchange properties of salt-affected soils have been studied extensively all over the
world. Most of these studies focused on Na-Ca exchange using selectivity coefficients that may
vary with intrinsic properties of the soil. The aim of this study was to investigate the effects of
soil to water ratios on chemical properties of salt-affected soils of Mugerero paddy area in
burundian lower Rusizi plain and to establish the relationship between Exchangeable Sodium
Percentage (ESP) and Sodium Adsorption Ratio (SAR). To attain this purpose, nineteen
composite samples of the surface horizon were taken from 13 paddy parcels and 6 ancient
paddy fields currently abandoned; 34 other samples were collected from three horizons of soil
profiles dug in 3 abandoned fields and a rice parcel. After drying and sieving, extractable
cations (Ca, Mg, Na and K) were analyzed in ammonium acetate (pH 7) and sodium acetate (pH
8.2) extracts using ICP-AES. Soluble ions, pH and electrical conductivity were analyzed in soil
solutions extracted from five soil/water ratio suspensions (w/v) (i.e. ratio 1/2, 1/3, 1/5, 1/8
and 1/12). Exchangeable cations, for each moisture content, were calculated by difference
between extractable cations (Na at pH 7 and K, Ca, Mg at pH 8.2) and soluble cations. Gapon,
Vanselow and Gaines-Thomas conventions were adopted to assess Na - (Ca+Mg) exchange, for
estimating ESP-SAR relationship, and Ca – Mg exchange equilibria. The results show that all soil
extracts, for all soil to water ratios, are dominated by the cation Na and the anion SO4 or HCO3.
It has been noticed that univalent soluble cation concentrations (K and Na) expressed in
millequivalents per weight unit of soil, exhibit an increase tendency with dilution whilst
divalent soluble cations (Ca and Mg) decrease with dilution. Moreover, due to valence effect,
exchangeable Na and K increase whereas Ca and Mg decrease with increase of water content;
ESP therefore decreases with moisture content. Thus, using conversion factors of variables
from 1/2 ratio to 1/Ve ratio, prediction models of chemicals variables for any 1/Ve ratio from
values measured at 1/2 ratio taken as reference have been established. Relationship between
Exchangeable Sodium Ratio (ESR = ESP/(100-ESP)) and SAR reveals a curvilinear relationship of
the form ESR = 0.0003 SAR2 + 0.0074 SAR (r2=0.84) that characterizes Na - (Ca+Mg) exchange
equilibrium between the solution and exchangeable phases indicating that Gapon coefficient
(KG) is not constant and increases with the increasing of sodic load. However, based on a more
rigorous thermodynamic approaches of Vanselow and Gaines-Thomas, we found that our data
are well depicted using a single values of the Vanselow selectivity coefficient (KV = 0.5) and
Gaines-Thomas selectivity (KC = 0.3) over the entire range of sodic charge (i.e. up to ESP = 60%
in our soil collection). As far as Ca-Mg equilibria are concerned, we found a selectivity
coefficient of 1.5 in favor of Ca whereas the classical ESR-SAR approach considers a single pool
of divalent cations assuming a same affinity of these cations for the exchange complex.

140
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

5.1. Introduction et objectifs

La salinité des sols est conventionnellement mesurée dans l’extrait de la pâte saturée.
Cette méthode tente de s’approcher des conditions naturelles maximales de
l’humidité en champ tout en étant réalisable en laboratoire (USDA, 1954 ; Zhang et al.,
2005). Néanmoins, cette méthode présente le désavantage d’être trop laborieuse en
terme de préparation des échantillons (Abrol et al., 1988), de ne pas être reproductible
parce que les manières de mixer les pâtes varient selon les individus, et de présenter
l’incertitude de la détermination du pourcentage d’eau à saturation avec exactitude
(Hogg et Henry, 1984).

Pour contourner ces désagréments, les chercheurs utilisent la méthode des extraits
sol/eau à rapports fixes. Cette méthode permet d’obtenir l’extrait avec rapidité,
d’opérer des répétitions (USDA, 1954 ; Visconti et al., 2010) car les volumes d’eau sont
fixés à l’avance, et n’exige pas d’équipements très performants. Les valeurs obtenues
peuvent être extrapolées aux conditions de saturation par des équations de régression
préalablement établies et validées. Cependant, les extraits au rapport sol/eau fixé ne
sont pas sans reproche. Visconti et al., (2010) relèvent trois incohérences dues à
l’usage des extraits sol/eau. La première réside en l’absence d’un rapport sol/eau
constant pour l’extrait de saturation, ce rapport varie avec la texture, la teneur en
matière organique et la minéralogie des argiles en place. La seconde est la non
conservation des rapports cationiques aux grandes dilutions. Cette discordance est
causée notamment par la dissolution des minéraux comme le gypse et la calcite, les
échanges ioniques qui diffèrent d’une dilution à une autre. La troisième tient au fait
que les variations de la conductivité électrique (CE) dépendent non seulement de la
variation de la concentration en ions mais aussi de la composition des ions en solution.
Grâce aux facilités offertes par les méthodes des extraits sol/eau pour l’évaluation de
la salinité des sols, diverses relations de régression entre les extraits sol/eau et l’extrait
de pâte saturée ont été établies pour la CE, les cations (Ca, Mg, K, Na) et les anions (Cl
et SO4). Ce genre de relations entre les extraits au rapport sol/eau de 1/1 et l’extrait de
la pâte saturée ont été étudiés par USDA (1954), Hogg et Henry (1984), Franzen (2012),
Ozcan et al. (2006) et Zhang et al. (2005). Celles reliant l’extrait 1/2 à l’extrait de
saturation ont été investiguées par Hogg et Henry (1984). Sonmez et al. (2008) ont
ajouté les relations impliquant les extraits aux rapports 1/2,5 et 1/5. Afzal et Yasin
(2002) ont étudié l’évolution de la CE, du pH, des cations solubles et échangeables et
des anions solubles en passant de l’extrait de saturation aux dilutions 1/1, 1/2, 1/5 et
1/10. Ces relations sont loin d’avoir une portée universelle dans la mesure où elles
dépendent des propriétés intrinsèques des sols étudiés (Hogg et Henry, 1984). Il
141
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

convient donc de disposer d’une relation propre à un sol pour prétendre extrapoler
aux conditions de saturation les résultats d’analyse correspondants à un rapport
sol/eau donné.

L’objectif principal de cette étude est l’établissement des paramètres d’échange


ionique et de solubilité de minéraux en vue de simulations à un rapport sol/eau
quelconque en partant des dilutions aux rapports sol/eau 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12.
Nous calculerons les cations échangeables à ces différents rapports sol/eau en suivant
la même approche que celle suivie au chapitre 3 ; ce qui va aboutir à des modèles
permettant le calcul des compositions des complexes d’échange et solutions
d’équilibre à une teneur en eau quelconque.
Nous évaluerons les relations existantes entre le pH, la CE, les cations solubles et
échangeables ainsi que les anions obtenus à différentes dilutions sol/eau. Il est connu
que la dilution influence la dissolution des minéraux et favorise l’adsorption des
cations de valence élevée sur le complexe d’échange. Nous évaluerons, par spéciation
chimique des solutions, les index de saturation des solutions extraites par rapport aux
minéraux. Les coefficients de sélectivité pour le Na par rapport aux cations divalents
(Ca et Mg) d’une part et entre les divalents d’autre part, seront déterminés pour
chaque dilution. L’idée sous-jacente à ces mesures est qu’il est vraisemblablement
possible d’établir des coefficients de sélectivité uniques indépendants de la dilution, de
la salinité et de la nature propres à chaque échantillon. S’il en est ainsi, l’utilisation de
ces coefficients de sélectivité devrait permettre de calculer la composition du
complexe d’échange et de la solution à une teneur en eau quelconque.

5.2. Matériels et méthodes

Les échantillons de sols analysés sont ceux déjà cités au chapitre 3. Nous avons
préparé des suspensions à cinq rapports sol/eau (W/V) : 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 en
ajoutant respectivement 100 ml d’eau déminéralisée à 50 g de sol ; 120 ml pour 40 g,
70 ml pour 14 g ; 72 ml pour 9 g et 72 ml pour 6 g de sol. Les suspensions ont été
homogénéisées manuellement pendant une minute et ont été laissées pour
équilibrage pendant 12 heures puis agitées pendant 15 minutes avant de passer à la
centrifugation à 2700 g pendant 15 min. Les solutions décantées ont été filtrées sur
papier Whatman n°41 avant d’être soumises aux analyses chimiques par spectroscopie
d’émission atomique à plasma (ICP-AES) pour les cations (Ca, Mg, Na, K), par
chromatographie ionique en phase liquide à haute performance (HPLC) pour les anions
non carbonatés (F, Cl, NO3, NO2, PO4 et SO4), et par titrage potentiométrique pour les
anions CO3 et HCO3.

142
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Pour chaque dilution et chaque échantillon de sol, les teneurs en cations échangeables
ont été obtenues par différence entre leurs teneurs dans l’extrait de CH3COONa à pH
8,2 (sauf pour Na où c’est l’extrait de CH3COONH4 à pH 7 qui est pris en compte) et
celles des solutions d’équilibre.

Pour chaque variable chimique, à chaque rapport sol/eau 1/Ve (Ve est le volume d’eau
ajoutée en mL par g de sol sec), un facteur de conversion à partir de ses valeurs au
rapport 1/2 pris comme référence a été déterminé par régression linéaire. Les
relations reliant la série des facteurs de conversion ainsi déterminés et celle des
volumes d’eau Ve ont été ensuite établies. Ces relations permettent de calculer la
valeur de la variable au rapport quelconque 1/Ve à partir de ses valeurs au rapport
1/2. Les coefficients de sélectivité d’échange entre Na et les cations divalents (Ca+Mg)
et entre Ca et Mg ont été établis en suivant les formalismes de Gapon (1933), de
Vanselow (1932) et de Gaines et Thomas (1953).

5.3. Résultats et discussion

5.3.1. Cohérence des résultats analytiques

Disposant d’une grande collection de solutions extraites à cinq rapports sol/eau, 53


solutions pour chaque rapport sol/eau, il est prudent de vérifier la cohérence des
résultats préalablement aux analyses approfondies. Comme procédé au chapitre 3,
cette fiabilité des analyses a été examinée en comparant les sommes des
concentrations des cations et celle des anions exprimées en mmolc/L et en comparant
la CE et les concentrations salines totales. Quelques points (5 à 7 points par rapport
sol/eau) se sont révélés atypiques puisqu’ils accusaient des concentrations excessives
en cations sur celles des anions. C’étaient des points correspondants aux extraits
possédant de grandes concentrations en Al et en Fe, traduisant la présence des
colloïdes argileux. La correction de ces points a été effectuée en soustrayant
progressivement les concentrations des cations Ca et/ou Mg jusqu’à la satisfaction du
principe de l’égalité des cations et des anions et des équilibres entre la solution et le
complexe d’échange. Une comparaison des valeurs du soufre dosé par ICP-AES et des
ions SO42- a aussi servi d’indice d’appréciation de la qualité d’analyses. L’observation
des relations ainsi obtenues et présentées aux figures 5.1, 5.2 et 5.3 permet de
présumer la fiabilité des résultats d’analyses chimiques de tous nos échantillons.

L’analyse de la balance ionique qui suppose que la somme des charges négatives doit
égaler celles des cations a été effectuée pour nos solutions en comparant la somme

143
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

des cations majeurs (Ca, Mg, Na et K) et celle des anions (F, Cl, NO, NO3, SO4, CO3 et
HCO3). La figure 5.1 montre qu’il existe des parfaites corrélations entre les somme des
cations et celles des anions pour toutes les dilutions.

La figure 5.2 compare la CE des solutions et la salinité totale, estimée par la moyenne
de la somme des cations et celle des anions. On observe une parfaite corrélation (r 2 =
0,99) entre les deux variables pour toutes les dilutions et une valeur de la pente
proche de 10, valeur empirique souvent utilisée pour convertir la CE (dS/m) en
concentration saline (mmolc/L).

Figure 5. 1: Comparaison entre la somme des cations et la somme des anions pour quatre dilutions
expérimentales (à gauche : échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)

144
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.1 (suite). Comparaison entre la somme des cations et la somme des anions pour quatre dilutions
expérimentales (à gauche : échelle linéaire ; à droite : échelle logarithmique)

Figure 5. 2: Relation entre la salinité et la CE pour quatre dilutions expérimentales (à gauche : échelle linéaire ; à
droite : figures avec échelle logarithmique)

145
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.2 (Suite): Relation entre la salinité et la CE pour quatre dilutions expérimentales (à gauche : échelle
linéaire ; à droite : figures avec échelle logarithmique)

Le soufre a été dosé de deux manières ; la première en même temps que les cations
avec la méthode de l’ICP-AES et la deuxième avec la méthode HPLC sous forme de
sulfates (SO4). La comparaison des concentrations obtenues pour les deux types de

146
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

mesures exprimées en mmol/L est représentée à la figure 5.3. L’existence d’une


excellente corrélation (r2 ≅ 1) entre ces deux séries garantit la validité de la qualité
expérimentale des analyses. La pente de la droite de régression qui est proche de
l’unité indique par ailleurs que la quasi-totalité (96%) du soufre en solution est sous
forme de sulfates.

Figure 5. 3: Comparaison entre les concentrations en ions SO4 analysés par HPLC et le soufre totale soluble dosé
par ICP-AES (à gauche : pour toutes les solutions des cinq dilutions ; à droite : pour les valeurs de S-ICP < 10 mM)

5.3.2. Evolution des variables pédochimiques en fonction de la dilution

5.3.2.1. Effet de la dilution sur le pH

Les valeurs de pH des solutions des sols extraites aux cinq dilutions sont condensées
sous forme de statistiques dans le tableau 5.1. Le plus grand nombre de solutions (plus
de 75%) présentent des pH supérieurs à 7 avec des valeurs qui atteignent 10 dans
toutes les cinq dilutions; ce qui témoigne le caractère alcalin de nos solutions (Figure
5.4). La forte réaction alcaline est causée par le phénomène d’alcalinisation qui est due
à l’augmentation des concentrations en OH- provenant de l’hydrolyse des sels Na2CO3
ou de NaHCO3 (Kovda et Samoilova, 1969) ; l’hydrolyse des précipités carbonatés
CaCO3 et MgCO3 ne provoquant pas des élévations de pH au-delà de 8,2 - 8,3 (Abrol et
al., 1988) à cause de leur faible solubilité. D’autre part, l’alcalinité et la pression du CO2
déterminent le pH d’un sol alcalin (Ponnamperuma, 1972 ; Mashhady et Rowell, 1978).

147
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Tableau 5. 1: Caractéristiques chimiques des solutions des échantillons des sols extraites aux cinq rapports
sol/eau (CE en dS/m ; ions et salinité moyenne en cmolc/kg)

Statistique D pH CE Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3 Salinité


Minimum

2 6,01 0,05 0,01 0,02 0 0,04 0 0 0 0 0,01 0,02 0 0,06 0,10


3 5,69 0,04 0,01 0,02 0 0,05 0 0 0 0 0 0,02 0 0,05 0,11
5 6,07 0,03 0,01 0,01 0 0,1 0 0 0 0 0,01 0,02 0 0,06 0,20
8 6,21 0,02 0,02 0,01 0 0,08 0 0 0 0 0,02 0,02 0 0,06 0,25

12 6,11 0,02 0,01 0,01 0,01 0,1 0 0 0 0 0,02 0,02 0 0,13 0,27
Quartile1

2 7,32 0,48 0,04 0,04 0,01 0,92 0 0,01 0 0 0,01 0,44 0 0,22 1,21
3 7,27 0,39 0,05 0,06 0,01 0,97 0 0 0 0 0,02 0,39 0 0,26 1,30

5 7,2 0,31 0,05 0,07 0,01 1,44 0,02 0,01 0 0 0,02 0,4 0 0,35 1,60

8 7,34 0,21 0,04 0,05 0,01 1,53 0,04 0 0 0 0,03 0,4 0 0,42 1,76

12 7,23 0,15 0,03 0,05 0,04 1,63 0,05 0 0 0 0,03 0,38 0 0,6 2,11
Médiane

2 7,94 1,21 0,1 0,1 0,02 2,2 0,02 0,01 0 0 0,02 1,75 0 0,44 2,30

3 7,84 0,9 0,12 0,12 0,02 2,43 0,02 0,01 0,01 0 0,03 1,76 0 0,49 2,60
5 7,88 0,63 0,1 0,14 0,02 2,94 0,05 0,01 0,01 0 0,03 1,84 0 0,64 3,26

8 7,98 0,43 0,1 0,11 0,03 3,51 0,07 0 0,01 0 0,03 1,75 0 0,87 3,84

12 8,04 0,34 0,08 0,1 0,05 3,71 0,1 0 0,01 0 0,04 1,68 0 0,98 3,94
Quartile3

2 8,26 2,19 0,44 0,41 0,02 4,24 0,06 0,03 0 0 0,03 4,51 0 0,57 5,01
3 8,86 1,62 0,44 0,39 0,02 4,49 0,08 0,02 0,02 0 0,04 4,58 0,09 0,65 5,47
5 9,04 1,12 0,41 0,38 0,03 5,4 0,1 0,01 0,01 0 0,05 4,62 0,23 0,86 6,47

8 9,35 0,76 0,45 0,52 0,05 6,31 0,11 0,01 0,02 0 0,05 4,54 0,42 1,14 6,57

12 9,43 0,52 0,44 0,48 0,07 7,47 0,13 0 0,02 0 0,06 4,42 0,67 1,36 7,13
Maximum

2 10,04 11,12 2,65 7,55 0,06 19,73 0,14 0,19 0,01 0,08 0,32 29,77 0,7 1,84 30,29
3 10,16 8,18 3 8,9 0,07 23,74 0,18 0,04 0,09 0,12 0,39 31,58 2,31 1,75 34,06
5 10,19 5,23 2,72 7,69 0,16 21,94 0,22 0,04 0,09 0,02 0,38 31,75 3,13 2,87 32,49

8 10,28 3,55 2,19 7,46 0,11 23,18 0,27 0,03 0,13 0,16 0,37 29,58 3,77 2,45 31,65

12 10,33 2,48 2,49 7,74 0,17 24,78 0,29 0,08 0,13 0,09 0,43 31,95 4,45 2,09 34,04
Moyenne

2 7,86 2,17 0,42 0,63 0,02 4,02 0,033 0,031 0,002 0,002 0,040 4,327 0,034 0,459 5,01
3 8,01 1,55 0,41 0,63 0,02 4,29 0,042 0,011 0,014 0,006 0,051 4,473 0,131 0,489 5,28
5 8,02 1,03 0,35 0,55 0,03 4,82 0,062 0,011 0,013 0,004 0,054 4,511 0,220 0,675 5,64
8 8,18 0,70 0,33 0,53 0,03 5,23 0,083 0,006 0,015 0,010 0,056 4,346 0,337 0,837 5,91

12 8,22 0,50 0,30 0,51 0,06 5,76 0,097 0,004 0,020 0,010 0,068 4,394 0,432 0,968 6,32

L’examen des corrélations entre le pH et les anions majoritaires montre que le pH est
plus influencé par les (bi)carbonates que par les chlorures et les sulfates (Figures 5.4 et
5.5). C’est un fait évident vu que dans une solution avec une ANC (Acid Neutralization
Capacity) nulle, contenant par exemple NaCl, Na2SO4, …, le pH n’est pas fonction des
concentrations en Cl et en SO4. Il dépend plutôt de l’alcalinité (Alk) qui est définie
comme la différence de la somme des charges cationiques et celle des charges
anioniques non (bi)carbonatées en molc/L par la relation (Stumm et Morgan, 1996):
148
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

⁄ [ ] (5.1)

Cette dernière relation peut également s’écrire en prenant en compte la neutralité


électrique de la solution sous la forme:

(5.2)
Des augmentations de pH avec la dilution ont été observées dans certaines solutions
caractérisées par des teneurs en CaCO3 relativement élevées. Cette augmentation
s’expliquerait par une légère montée des concentrations en Ca due à la dissolution des
carbonates qui largue du Ca en solution et en augmente ainsi l’alcalinité.

Figure 5. 4: Relation entre le pH des solutions extraites aux 4 rapports sol/eau et les concentrations en
(bi)carbonates

149
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 5: Relation entre le pH et les concentrations en ions (bi)carbonates dans toutes les solutions extraites

5.3.2. Effet de la dilution sur la conductivité électrique des solutions

Les valeurs de la CE des solutions extraites aux cinq dilutions montrent que cette
variable diminue avec l’accroissement de la dilution (Tableau 5.1, Figure 5.6). Il est
évident qu’en augmentant le volume d’eau des suspensions, la diminution de la
conductivité électrique doit s’en suivre. Si on a une loi de simple dilution et en prenant
la dilution 1/2 comme référence, la CE à une autre dilution 1/Ve peut être calculée par
le produit de la CE à la dilution 1/2 par un facteur f qui équivaut au quotient 2/Ve (Ve
étant le volume d’eau en mL par g de sol). Ce facteur multiplicatif, qui n’est rien
d’autre que l’inverse du facteur de dilution, doit égaler le rapport de la CE à la dilution
1/Ve (notée CE1/Ve) par la CE à la dilution 1/2 (notée CE1/2) si on a une loi de simple
dilution. Pour les sols de Mugerero, les valeurs expérimentales de f, observées aux
quatre dilutions ont été déterminées par régressions linéaires entre les CE aux
dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et la CE à la dilution 1/2 (Figure 5.7). Ces valeurs du
facteur f obtenues avec les graphiques de la figure 5.7 ainsi que ses valeurs théoriques
sont reprises dans le tableau 5.2. On constate que les valeurs de f déterminées
expérimentalement sont légèrement supérieures aux facteurs théoriques.

Il est connu que la CE est fonction de la salinité exprimée par la somme des cations ou
des anions ; ce qui peut s’écrire par la relation :

⁄ ⁄ (5.3)

Où k est un coefficient de proportionnalité proche de 0,1.

150
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Dans cette étude, ce coefficient k équivaut pour chacune des cinq dilutions à l’inverse
de la pente de la droite de régression correspondante montrée à la figure 5.2, ses
valeurs sont montrées à la figure 5.34 en annexe et reprises dans le tableau 5.2. Le
facteur f pour la dilution 1/Ve peut alors être exprimé par :

(5.4)

où les indices 1/Ve et 1/2 rappellent la dilution 1/Ve et 1/2.

La relation (5.4) montre que le facteur f dépend des variations des niveaux de salinité
et du coefficient k. En observant les valeurs du coefficient k pour toutes les cinq
dilutions, on constate qu’il augmente avec la dilution et que le rapport qui
en découle doit augmenter avec dilution. Par ailleurs, le rapport de salinité,
, est légèrement élevé que les valeurs théoriques prévues par
la loi de simple dilution (Tableau 5.2 ; Figure 5.35 en annexe), effet qui peut être
attribué à une éventuelle dissolution du CaCO3 et/ou du gypse dans les cas où il est
présent. La supériorité des facteurs expérimentaux de f par rapport aux valeurs
théoriques est donc liée aux effets de la salinité et de la dissolution des sels faiblement
solubles.
Des cas de diminutions non proportionnelles de CE avec la dilution ont été observés
dans d’autres études notamment celle de Afzal et Yasin (2002) qui ont comparé les CE
obtenues dans les solutions extraites aux rapports sol/eau de 1/1, 1/2, 1/5 et 1/10.

Tableau 5. 2: Valeurs théoriques et observées du facteur multiplicatif f de la CE à la dilution 1/2 pour le calcul de
la CE à une dilution quelconque

Dilution k1/Ve f théorique f observé

1/2 0,082 1 1 1

1/3 0,083 0,70 0,67 0,71

1/5 0,089 0,43 0,40 0,47

1/8 0,094 0,27 0,25 0,31

1/12 0,094 0,19 0,17 0,22

Avec ces facteurs f théoriques et observés, une relation de prédiction de la CE d’une


solution à un rapport sol/eau voulu ( ⁄ ) en fonction de la CE mesurée à la dilution
1/2 ( ⁄ ) a été établie avec la régression ajustée à une fonction puissance (r 2 = 1)

151
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

montrée à la figure 5.8 de gauche. On réalise que la CE d’une solution à une dilution
voulue peut être calculée par la relation :

⁄ ⁄ ⁄ (5.5)

Un autre moyen de rechercher une relation entre la CE à une dilution quelconque en


se référant à la dilution 1/2 est de relier les valeurs du facteur f expérimental à celles
de Ve correspondantes. La relation adéquate établie (Figure 5.8 de droite) montre que
la CE à une dilution voulue peut être calculée par la relation :

⁄ ⁄ (5.6)

Avec les deux équations de régression 5.5 et 5.6, il est possible de calculer la CE à un
rapport sol/eau plausible en champ, à partir des mesures de laboratoire au rapport
sol/eau de 1/2 non réaliste sur terrain mais qui est le plus proche des conditions
réelles parmi les cinq rapports réalisés, par extrapolation au rapport sol/eau
caractéristique des conditions de saturation. Ce rapport dépend bien sûr de la
porosité, de la texture et du type de constituants solides du sol (organique ou minéral).
En supposant une porosité de l’ordre de 50% et une masse volumique réelle de la
phase solide de l’ordre de 2600 kg/m3, le rapport sol/eau à la saturation est de 1300
kg/0,5 m3 ou 1 g/0,385 mL ; le rapport sol/eau à considérer est donc de l’ordre de
grandeur de 1/0,4. De toutes les façons, ce rapport est compris entre 1/0,4 et 1/1. Les
valeurs des principales statistiques de la CE extrapolée à ces deux rapports de dilution
sont données au tableau 5.3. On constate que plus de 50% des solutions de nos sols
ont des CE1/0,4 > 4,79 dS/m et des CE1/1 > 2,2 dS/m.

Tableau 5. 3: Valeurs des principales statistiques des CE obtenues par extrapolation aux rapports sol/eau de 1/0,4
et 1/1 à partir de CE1/2

Statistique Minimum Quartile 1 Médiane Quartile 3 Maximum Moyenne


CE1/0,4 0,2 1,9 4,79 8,67 44,01 8,59
CE1/1 0,09 0,87 2,2 3,97 20,18 3,94

152
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 6: Diagramme des quartiles des CE des solutions extraites aux cinq rapports sol/eau

Figure 5. 7: Comparaison entre les CE aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 avec la CE à la dilution 1/2

153
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 8: Relation entre les rapports observés et théoriques des CE aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par la CE
à la dilution 1/2 (à gauche) ; relation entre les rapports observés des CE aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par la
CE à la dilution 1/2 et le volume d’eau en mL par g de sol (à droite)

5.3.3. Relation entre les suspensions et les extraits au rapport sol/eau de 1/5
pour le pH et la conductivité électrique

Dans ce chapitre, les propriétés chimiques incluant le pH et la CE des extraits aqueux


obtenus par centrifugation des suspensions sol/eau laissées pour équilibrage pendant
12 heures sont commentées. Disposant également des mesures de routine de pH et de
CE des sols effectuées dans les mélanges de particules de sols et de l’eau à la dilution
1/5 après 1h d’équilibrage en agitant à chaque 20 minutes (résultats commentées au
chapitre 3), il est intéressant d’évaluer sous quelles conditions les valeurs obtenues
avec les mesures de routine pourraient être valables pour les solutions extraites des
suspensions de même rapport sol/eau après un temps d’équilibrage de 12 heures.

Ainsi, une comparaison des pH et des CE mesurés avec les deux méthodes a été opérée
et présentée à la figure 5.9. Il apparaît que les pH des solutions extraites sont
inférieurs à ceux des suspensions réalisées au même rapport. Cet écart pourrait être
dû au fait que l’équilibre avec la pression de CO2 atmosphérique n’est pas atteint dans
les suspensions sol/eau après une heure de contact avec l’air ambiant et une agitation
sporadique de ces suspensions. Ainsi la mise en contact d’un sol sec avec de l’eau
ouverte à l’air entraine une consommation de l’acide carbonique contenu dans cette
eau pour la dissolution des composés carbonatés, ce qui s’accompagne d’une hausse
immédiate de pH. Le déficit de CO2 dans la solution de la suspension sera alors
progressivement compensé par une diffusion du CO2 de l’air ambiant vers la solution,
accompagnée d’une baisse de pH, étape dont la cinétique est relativement lente vu
qu’elle implique une diffusion au travers de l’interface air-solution. Un réétablissement

154
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

rapide de l’équilibre air-solution demanderait une agitation vigoureuse des


suspensions par un système d’insufflation de fines bulles d’air dans la suspension, ce
qui n’est pas le cas dans la pratique routinière de mesure du pH dans une suspension
de sol. La même figure montre qu’il existe une bonne relation entre les deux séries de
mesures de pH (r2 = 0,84).

Contrairement aux pH, les CE des extraits aqueux sont légèrement supérieures à celles
des suspensions (Figure 5.9 à droite), et les deux séries de CE sont linéairement
corrélées (r2 = 0,99). Des résultats similaires ont été trouvés par Hogg et Henry (1984)
pour les suspensions et les extraits de rapport sol/eau de 1/1 et 1/2. L’infériorité des
CE des suspensions par rapport aux extraits pourrait s’expliquer par l’effet de la
relative longue durée d’équilibrage des mélanges de sol et d’eau pour les solutions (12
heures) par rapport à celle mise pour l’équilibrage des suspensions de sol (1 heure).

Figure 5. 9: Relation entre les solutions extraites et les suspensions au rapport sol/eau 1/5 pour le pH (à gauche)
et pour la conductivité électrique (à droite)

5.3.4. Effet de la dilution sur les ions solubles

5.3.4.1. Composition des solutions d’équilibre

Les compositions chimiques des extraits des 53 solutions pour les cinq rapports
sol/eau sont présentées en annexe et d’une manière synthétique au tableau 5.1. Pour
toutes les cinq dilutions, les solutions sont dominées par le sodium parmi les cations et
par les sulfates et les (bi)carbonates du côté des anions. Une bonne corrélation (r2 >
0,97) entre les concentrations en Na et la CE est dégagée (Figure 5.10 à gauche); ce qui
montre que la salinité est sous la dominance du Na quelle que soit la teneur en eau.
On remarque aussi qu’il y a une représentation non moins importante du Ca et du Mg
155
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

et une faible représentation du potassium dans toutes les solutions. En outre, la quasi-
totalité de la charge anionique des solutions est occupée par les ions SO 4, CO3 et HCO3;
les anions Cl, NO2, NO3, PO4 et F occupant un faible pourcentage.

Dans toutes les dilutions, le Na est bien corrélé avec les sulfates (Figure 5.10 au milieu).
Cette bonne corrélation entre les deux types de cations confirme que ce sont les
cations et anions dominants. Il est à noter cependant que la concentration en Na est
généralement inférieure à celle de SO4. Si par contre on compare les concentrations en
sulfates et les sommes des concentrations en Na et en Mg, on remarque que le
coefficient de détermination r2 augmente et que les pentes des droites de régression
se rapprochent de 1 pour toutes les dilutions (Figure 5.10 à droite). Il convient de
rappeler que plus la part du Na en solution s’accroît, plus les parts du Ca et de Mg
diminuent. La part du K reste cependant sans corrélation avec celle du Na (Figure
5.11).

La dominance des ions sulfatés et la proportion considérable du magnésium dans les


sols de la Basse Rusizi constituent une caractéristique particulière de cette région étant
donné que la plupart des sols affectés par la salinité de par le monde sont
généralement dominés par les chlorures et que le magnésium prend une part
importante avec un rapport Ca / Mg < 2 pour la majorité d’échantillons de sols de
Mugerero. Un tel faciès carbonato-sulfaté à dominance sodique est signalé dans les
polders du lac Tchad (Cheverry, 1969), dans les sols de Durango au Mexique (Loyer et
al., 1992),... Les teneurs en magnésium relativement importantes ont été rapportées
dans quelques autres régions du monde notamment dans les sols alluvionnaires des
plaines du Cheliff en Algérie dans lesquels le Mg prend une proportion moyenne de
20% dans la pâte saturée (Daoud et al., 1993), dans la vallée de Causta River Valley en
Colombie (Garcia-Ocampo, 2003), dans l’Etat de New South Wales (Mckenzie et al.,
1993), dans le bassin du lac Aral au Kazakhstan (Karimov et al., 2009).

156
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

+ 2- +
Figure 5. 10: Relation entre le Na soluble et la CE (à gauche); Relation entre les ions SO4 et Na soluble (au
+ 2+ 2-
milieu); Relation entre la somme des concentrations en Na et en Mg et la concentration en SO4 des solutions
(à droite)

157
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

+ 2- +
Figure 5.10 (Suite) : Relation entre le Na soluble et la CE (à gauche); Relation entre les ions SO4 et Na soluble
+ 2+ 2-
(au milieu); Relation entre la somme des concentrations en Na et en Mg et la concentration en SO4 des
solutions (à droite)

Figure 5. 11: Relation entre la proportion de Na soluble et celles de Ca, Mg et K solubles; et entre les
pourcentages de Ca et de Mg solubles

158
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

5.3.4.2. Effet de la dilution sur les concentrations ioniques des solutions d’équilibre

Les principales statistiques sur les cations solubles sont présentées au tableau 5.1. La
figure 5.12 montre les valeurs minimales et maximales ainsi que des quartiles des
concentrations des cations solubles à différentes dilutions. Il est évident que
l’augmentation de la dilution des suspensions sol/eau s’accompagne des diminutions
des concentrations en mmolc/L de tous les ions dans les extraits qui en résultent.
Cependant, exprimées en quantité de charges électriques par unité de masse de sol
sec, les teneurs en ions solubles devraient logiquement demeurer indépendantes de la
dilution s’ils obéissent à la loi de simple dilution. Néanmoins, des processus comme la
dissolution des minéraux faiblement solubles tels la calcite et le gypse, l’échange
ionique, l’adsorption négative et les différences de pression de CO2 produit sont
susceptibles d’en modifier les quantités selon la teneur en eau (Rhoades et al., 1999).

Pour examiner l’ampleur de ces facteurs, des quantités d’ions (rapportées en


cmolc/kg) contenus dans les extraits aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 ont été
comparées à celles des ions analysées à la dilution 1/2. Pour chaque dilution, le
coefficient directeur de la droite de régression entre les deux séries de données
(droites non montrées) devrait logiquement égaler l’unité quelle que soit la dilution si
on a une loi de simple dilution. Cependant, un coefficient inférieur à cette valeur et qui
diminue avec l’augmentation de la dilution a été trouvé pour les cations divalents (Ca
et Mg) ; ce coefficient est supérieur à l’unité et augmente avec la dilution pour les
cations monovalents (K et Na). Autrement dit, au fur et à mesure que l’humidité
augmente, les quantités par unité de masse de sol sec des cations divalents (Ca et Mg)
diminuent (Figure 5.13) tandis que celles des cations monovalents (K et Na)
augmentent (Figure 5.14). Cet effet est conforme aux lois théoriques d’échange de
cations selon lesquelles la dilution favorise l'adsorption des divalents (dont les
concentrations diminuent en solution) et défavorise l'adsorption des monovalents
(dont les concentrations en solution augmentent) (Bourg et Sposito, 2011).

En mettant en relation les coefficients ci-haut mentionnés avec la quantité d’eau Ve,
on obtient des équations de régression (Figures 5.13 et 5.14) qui permettent de
prédire les teneurs en ces quatre cations majoritaires à n’importe quel rapport sol/eau
1/Ve à partir des mesures effectuées à la dilution 1/2 (correspondante à Ve = 2 mL/g
de sol).

159
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Les équations obtenues montrent que les teneurs (en cmolc/kg) des solutions en
cations Ca, Mg, Na et les sommes des cations divalents et monovalents à une teneur
en eau quelconque peuvent être calculées avec les formules suivantes :

Ca1/Ve = 1,211 Ca1/2 Ve -0,242 (5.7)

Mg1/Ve = 1,029 Mg1/2 Ve-0,038 (5.8)

Na1/Ve = 0,910 Na1/2 Ve0,141 (5.9)

(Ca+Mg)1/Ve = 1,152 (Ca+Mg)1/2 Ve-0,157 (5.10)

(Na+K)1/Ve = 0,909 (Na+K)1/2 Ve0,142 (5.11)

Notons qu’il n’a pas été possible d’obtenir une relation de cette forme pour le
potassium ; ses valeurs extrêmement petites n’ont pas permis d’établir des régressions
significatives du genre.

Pour ce qui concerne les anions, leurs teneurs rapportées à la masse de sol sec dont ils
sont issus en cmolc/kg restent stables pour toutes les dilutions et ne varient presque
pas ; ils obéissent à la simple loi de dilution. Seule une légère augmentation des
(bi)carbonates est observée. Les concentrations en ions SO4 par unité de poids ne
varient pas de façon systématique avec la dilution. Ils restent en solution et obéissent
à une loi de simple dilution ; on les retrouve donc inchangés en mmolc/kg. Une
conclusion conséquente à cette constatation est que les minéraux qui pourraient avoir
été objet de dissolution seraient ceux qui sont riches en CO3 (calcite) et pas en SO4. En
outre, comme montré au chapitre 3 pour la dilution 1/2 et comme on le verra plus loin
pour les autres dilutions, peu de solutions sont saturées en gypse même à la dilution
1/2 et a fortiori l’index de saturation par rapport à ce minéral diminue avec
l’augmentation de la dilution ; ce qui ne veut pas dire que les échantillons ne
contiennent pas de gypse quand ils sont secs ou à une faible teneur en eau.

160
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 12: Représentations schématiques des quartiles des concentrations en cations solubles aux différentes
dilutions

Figure 5. 13: Relation entre les rapports des concentrations des cations divalents en solution aux dilutions 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12 par rapport à la dilution 1/2 et le volume d'eau en mL par g de sol

161
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 14: Relation entre les rapports des concentrations des cations monovalents en solution aux dilutions
1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par leurs concentrations à la dilution 1/2 et le volume d'eau en mL par g de sol

5.3.5.1. Spéciation chimique des solutions extraites

Avant de procéder à l’analyse des équilibres d’échange entre la solution et le complexe


d’échange, il s’avère nécessaire de procéder à la spéciation chimique des solutions
puisque les ions dosés comprennent non seulement ceux qui sont libres en solution
mais aussi des paires d’ions qui ne participent pas aux échanges ioniques. De telles
associations sont plus fréquentes pour les cations de grandes valences que pour les
monovalents. Quant aux programmes outillés pour de tels calculs, le logiciel Visual
Minteq 3.0. mis au point par Gustafsson (2010) est l’un des modèles de spéciation des
ions et des complexes inorganiques solubles dans l’eau. Il aide aussi à évaluer l'effet de
dissolution ou de précipitation des phases solides sur la chimie des solutions aqueuses.
En nous servant de ce logiciel, nous avons obtenu des indices de saturation des
minéraux qui comportent les espèces ioniques en solution. Ces indices, définis au
chapitre 3 (relation 3.12), indiquent les tendances des phases à se dissoudre ou à
précipiter ; ils permettent ainsi de prédire les minéraux qui pourraient précipiter dans
les conditions obtenues avec les concentrations introduites dans le logiciel. Nous avons
aussi pu obtenir des activités de ces ions, lesquelles seront utiles dans la modélisation
des équilibres d’échange.
L’examen des indices de saturation a révélé que trois minéraux, la calcite, le gypse et la
magnésite, présentent des indices proches de zéro pour au moins quelques solutions
au sein d’une dilution. L’indice de saturation de la calcite est positivement corrélé avec
le pourcentage en CaCO3 ; il est proche de zéro pour tous les sols dont la teneur en
CaCO3 est supérieure à 2% (Figure 5.15). L’indice de saturation du gypse est bien
corrélé avec les concentrations en sulfates même si aucune solution n’est saturée par
rapport à ce minéral (Figure 5.16). La magnésite présente un indice de saturation
162
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

proche de celui de la calcite (Figure 5.17) ; ce qui se traduirait par l’existence d’un
minéral commun pour les ions Ca et Mg notamment la calcite magnésienne tel que
consigné par les recherches d’Arnaud et Herbillon (1973) pour les sols de la Basse
Rusizi au Burundi.

Figure 5. 15: Relation entre l’indice de saturation de la calcite et le pourcentage en CaCO3 pour les dilutions 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12

163
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 16: Relation entre l'indice de saturation du gypse et la concentration en sulfates pour les dilutions 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12

Figure 5. 17: Relation entre l’indice de saturation de la magnésite et celui de la calcite pour les dilutions 1/3, 1/5,
1/8 et 1/12

164
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.17 (Suite) : Relation entre l’indice de saturation de la magnésite et celui de la calcite pour les dilutions
1/3, 1/5, 1/8 et 1/12

5.3.5. Effet de la dilution sur les cations échangeables

Les cations échangeables déterminés pour les cinq dilutions en soustrayant les cations
solubles des cations extractibles (à l’acétate de sodium à pH 8,2 pour le Ca, le Mg et le
K et à l’acétate d’ammonium pour le sodium) sont présentés dans le tableau 5.11 en
annexe. La raison de cette démarche de calcul a été présentée au chapitre 3; elle est
basée sur le fait que les extraits à l’acétate d’ammonium et à l’acétate de sodium
contiennent non seulement des cations échangeables mais aussi des sels solubles. Les
concentrations des cations dosés dans les éluâts d’Ac-Na à pH 8,2 et d’Ac-NH4 à pH 7
sont donc supérieures aux valeurs réelles des cations échangeables (Figure 3.22 du
chapitre 3). Une manière de remédier à cette contrainte serait de lessiver les sels avec
l’éthanol 60% avant tout traitement avec les extractants (Rhoades, 1982). Néanmoins,
Amrhein et Suarez (1990) et Amrhein et Suarez (1991) indiquent que ce produit
augmente la solubilité du CaCO3 et CaSO4 et ne solubilise pas les sels de Na (Na2SO4,
Na2CO3, et NaHCO3); il en découle alors des valeurs élevées de Na échangeable. En
outre, ces techniques modifient les rapports cationiques du complexe d’échange
puisqu’elles modifient la force ionique de la solution d’équilibre. D’où il a fallu recourir
à cette méthode ci-haut décrite avec bien évidemment des inconvénients que l’eau
peut dissoudre certains minéraux normalement moins solubles comme le gypse et la
calcite entraînant la surestimation des cations solubles qu’ils contiennent surtout dans
les cas des grandes dilutions. En adoptant cette démarche, nous avons trouvé des
valeurs des cations échangeables dont les sommes approximent effectivement la CEC
pour tous les rapports sol/eau (Figure 5.18).

165
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Les principales statistiques sur les cations échangeables des sols calculés aux cinq
dilutions et les valeurs d’ESP correspondantes sont présentées au tableau 5.4. Le
cation qui domine le complexe d’échange est le Ca avec une moyenne de
représentation globale de 46% ; il est suivi du Mg représenté en moyenne par 38% et
du Na dont la part moyenne est de 14%; le potassium est très faiblement représenté
(0,7%) comme dans les solutions d’équilibre.

En poursuivant la même démarche utilisée pour les ions solubles, les teneurs en
cations échangeables aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 ont été comparées à celles qui
sont calculées à la dilution 1/2 (figures non montrées dans ce document). Les
coefficients multiplicatifs obtenus ont été mis en relation avec la teneur en eau (Ve)
pour établir une équation de prédiction de ces cations échangeables à n’importe
quelle dilution en partant de la dilution 1/2 prise comme référence. Ces coefficients
permettent aussi d’examiner l’effet de l’humidité sur les valeurs des cations
échangeables. Le constat a été que le rapport (Ca+Mg)1/Ve / (Ca+Mg)1/2 est supérieur à
l’unité et augmente avec la dilution et que, par contre, le rapport (Na+K) 1/Ve / (Na+K)1/2
est inférieur à l’unité et diminue avec la dilution (Figure 5.19). L’explication n’y est
nulle autre que la loi sur les échanges ioniques qui stipule que la dilution agit en faveur
de l’adsorption des cations de grandes valences (Helfferich, 1995). Nous retrouvons
donc la même conclusion que celle faite précédemment sur les compositions des
solutions d’équilibre.

Figure 5. 18: Relation entre la somme des cations échangeables calculés pour toutes les dilutions et la CEC-Na

166
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 19: Relation entre les cations échangeables et la quantité d’eau en mL/g de sol (cations divalents à
gauche ; cations monovalents à droite)

5.3.6. Effet de la dilution sur le taux de sodium échangeable

La détermination de l’ESP pour les sols salés est d’une grande importance. En effet,
l’excès du sodium échangeable est préjudiciable à la bonne structure du sol et est
responsable de la dispersion des argiles et de l’encroûtement. Dans les conditions de
grandes valeurs d’ESP, le pouvoir drainant du sol et la circulation de l’air sont mis en
cause, ce qui affecte la croissance des plantes. Sa détermination pour les sols qui
contiennent des sels hydrosolubles pose toujours problème étant donné que, de par sa
définition, on doit disposer préalablement de la teneur en Na échangeable et de la CEC
(ou des teneurs des trois autres cations échangeables majeurs pour les sols
halomorphes Ca, Mg et K dont la somme avec le Na approxime la CEC) dont la
détermination est laborieuse et délicate comme évoqué précédemment. Pour les cinq
dilutions et pour chaque solution, nous avons calculé sa valeur, en ignorant le
potassium dont les valeurs sont très négligeables, avec la formule :

é é é é (5.12)

où rappelle la teneur de l’élément sur le complexe d’échange en cmolc/kg.

Les valeurs d’ESP calculées pour toutes les solutions sont présentées en annexe et
synthétisées au tableau 5.4. La comparaison des ESP des quatre dilutions à ceux de la
dilution 1/2 prise comme référence est schématisée à la figure 5.20. Les pentes des
droites de régression obtenues diminuent avec la diminution du rapport sol/eau ; ce
qui traduit la diminution de l’ESP avec la dilution. Cette observation pourrait aussi être
expliquée par la loi des échanges ioniques déjà évoquée. Elle se comprend aisément

167
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

par une simple analyse mathématique de la formule de calcul de l’ESP : quand le


numérateur du second membre de l’égalité (Na éch) a tendance à diminuer avec la
dilution et que le dénominateur se stabilise (compensation des augmentations de (Ca
éch + Mg éch) par la diminution de Na éch), le quotient qui en résulte tendra à la
diminution.

Le traçage de la courbe des pentes obtenues (ESP1/Ve / ESP1/2) en fonction de l’humidité


Ve tout en forçant l’ordonnée à l’origine à 0 (Ve est le volume d’eau en mL par g de sol
sec) (Figure 5.21), on obtient une relation de prédiction de l’ESP à partir du rapport
sol/eau de 1/2 prise comme référence.
Le modèle obtenu est de la forme :

⁄ (5.13)

Cette équation permet d’extrapoler, comme opéré pour la CE, la valeur d’ESP aux
dilutions 1/0,4 et 1/1 plausibles en cas de submersion pratiquée en riziculture. Les
valeurs trouvées (Tableau 5.5) montrent que les deux niveaux d’humidité ne sont pas
éloignés du point de vue sodicité et que plus de 50 % de nos sols sont dans la catégorie
des sols à problème de sodicité si on se place dans la classification des sols
halomorphes selon USDA (1954).

Du point de vue expérimental, l’utilisation dudit modèle ne résout pas les difficultés de
détermination de l’ESP évoquées plus haut car il faut préalablement disposer des
valeurs des cations échangeables au rapport 1/2. Il serait donc intéressant de le
calculer en recourant aux résultats d’analyse de la composition cationique de la
solution d’équilibre du moment que la loi des rapports (ratio law) de Schofield stipule
que le ratio des cations en solution dépend du ratio des mêmes cations sur l’échangeur
(Tan, 1998). Ceci fait l’objet de la modélisation des équilibres d’échange qui sera
abordée dans le paragraphe qui va suivre.

168
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Tableau 5. 4: Principales statistiques sur les cations échangeables (cmolc/kg) et le pourcentage en sodium
échangeable (ESP %) pour les cinq rapports sol/eau

Statistique Ve Ca Mg K Na ESP
Minimum 2 1,43 1,18 0,01 0,06 0,52
3 1,45 1,19 0,01 0,04 0,37
5 1,49 0,93 0,00 0,00 0,03
8 1,46 1,02 0,02 0,02 0,15
12 1,38 1,02 0,00 0,01 0,06
Quartile 1 2 6,73 6,14 0,07 1,29 7,42
3 6,71 5,74 0,06 1,24 6,31
5 6,75 6,16 0,05 1,03 4,92
8 6,93 6,10 0,05 0,89 4,62
12 6,88 5,97 0,03 0,52 3,21
Médiane 2 8,38 8,33 0,10 3,01 16,40
3 8,38 8,32 0,10 2,78 12,68
5 8,34 8,30 0,09 2,67 11,71
8 8,29 8,44 0,08 1,95 8,96
12 8,38 8,41 0,06 1,37 7,27
Quartile 3 2 11,85 10,06 0,15 5,70 24,58
3 11,82 9,97 0,15 5,45 22,29
5 11,78 10,17 0,13 4,51 20,00
8 11,85 10,29 0,14 4,20 17,23
12 11,85 10,51 0,11 3,53 15,20
Maximum 2 31,99 20,00 1,02 12,89 65,30
3 32,00 20,07 1,01 12,65 60,59
5 31,94 20,21 1,00 9,95 50,84
8 31,84 20,24 0,97 10,48 46,97
12 31,73 20,28 0,96 8,50 41,79
Moyenne 2 9,93 8,18 0,17 3,73 18,17
3 9,94 8,18 0,17 3,46 17,09
5 10,00 8,26 0,16 2,93 14,81
8 10,01 8,27 0,15 2,52 12,65
12 10,05 8,29 0,13 1,99 9,87

Figure 5. 20: Relation entre l'ESP aux rapports sol/eau 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et l'ESP au rapport sol/eau 1/2

169
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.20 (Suite) : Relation entre l'ESP aux rapports sol/eau 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et l'ESP au rapport sol/eau 1/2

Tableau 5. 5: Valeurs des principales statistiques des valeurs d’ESP obtenues par extrapolation aux rapports
sol/eau de 1/0,4 et 1/1 à partir de l’ESP calculé au rapport 1/2

Statistique Minimum Quartile 1 Médiane Quartile 3 Maximum Moyenne


ESP1/0,4 0,57 8,24 18,21 27,29 72,52 20,18
ESP1/1 0,55 7,95 17,56 26,31 69,91 19,46

Figure 5. 21: Relation entre les rapports d'ESP aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 par l'ESP à la dilution 1/2 et la
teneur en eau en mL/g

170
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

5.3.7. Effet de la dilution sur l’équilibre d’échange entre le complexe


d’échange et la solution

5.3.7.1. Formulation théorique

Diverses recherches se sont penchées sur la modélisation des équilibres d’échange


entre la solution d’équilibre et l’échangeur. Les concepts les plus utilisés sont
notamment celles de Vanselow (1932), de Gapon (1933) et de Gaines et Thomas
(1955).

Partant de la réaction entre le complexe d’échange contenant initialement le cation


Bb+ et une solution contenant le contre-ion Aa+, l’équilibre d’échange cationique entre
les deux cations d’après Gaines et Thomas (1953) peut être écrit sous la forme :

 (5.14)

où a et b sont les valences des ions A et B et les barres en dessous de A et B rappelle la


phase solide.

L’application de la loi d’action de masse à la précédente équation chimique donne la


relation:

( ) (5.15)

où K est la constante d’équilibre ; les variables et sont les activités des


cations A et B en phase surface et et sont les activités des cations A et B en
phase solution.

En divisant par b les deux membres de l’équation chimique 5.14 ci-haut indiquée, nous
obtenons le coefficient de K’ modifié, adopté dans bon nombre de recherches sur les
sélectivités d’échanges ioniques des sols comme celle d’Evangelou et Marsi (2003),
exprimé comme suit :

⁄ ⁄
( ) ( ) (5.16)

C’est cette dernière que nous allons appliquer dans cette étude. Signalons que les deux
coefficients sont liés par la relation

(5.17)

La valeur de la constante d’équilibre K (ou K’) renseigne sur l’affinité de l’échangeur


pour le cation ou pour le cation ; d’où son appellation de coefficient de
sélectivité. Lorsque K est égal à 1, l'échangeur n’a pas de préférence ni pour ni
171
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

pour . S’il est par contre supérieur à 1, l’échangeur affiche une préférence pour
, tandis qu’une valeur inférieure à 1 indique une préférence du complexe
d’échange pour le cation .

Dans le système binaire Na - Ca dans lequel le complexe d’échange contenant


initialement le cation Ca2+ est mis en équilibre avec la solution contenant le contre-ion
Na+, le coefficient K’ devient :

⁄ ⁄
( ) ( ) (5.18)

Cette formulation est valable pour le formalisme de Gaines et Thomas (1953) et celui
de Vanselow (1932) ; la différence entre les deux résidant au fait que Vanselow
considère que la charge de l’échangeur est égale à -1 et que l’activité d’un ion adsorbé
sur l’échangeur est égale à sa fraction molaire (Robbins et al., 1980; Sposito, 1977)
alors que Gaines et Thomas considèrent que l’activité de l’ion sur l’échangeur égale sa
fraction équivalente. Dans la relation précédente, et ] peuvent être
remplacés par les fractions molaires du Na et du Ca de la phase surface ( et
respectivement) dans le calcul du coefficient de sélectivité de Vanselow ( ), et par les
fractions équivalentes de ces deux cations ( et ) pour le cas du coefficient de
sélectivité de Gaines et Thomas ( ).

Dès lors, le coefficient de sélectivité de Vanselow devient :

⁄ ⁄
( ) ( ) (5.19)

En réarrangeant, l’équation 5.19 peut s’écrire :

⁄ ⁄
( ) ( ) (5.20)

Le coefficient de Gaines et Thomas peut quant à lui s’écrire comme:

⁄ ⁄
( ) ( ) (5.21)

En réarrangeant, l’équation 5.21 peut être écrite comme :

⁄ ⁄
( ) ( ) (5.22)

Le formalisme de Gapon (1933) peut quant à lui être décrit à l’aide de la formule de
réaction ci-après (Sposito, 1977):

172
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

⁄  ⁄ (5.23)

La particularité du modèle de Gapon est de ramener les échanges à un seul site


d'échange fixé sur le complexe d’échange et de considérer la fraction molaire d’un site
lié à 1/b ion Bb+.

En divisant les deux membres de l’équation 5.23 par b, on obtient:

⁄  ⁄ (5.24)

Cette conceptualisation considère que les cations adsorbés réagissent en équivalents


et que les cations solubles réagissent en concentrations molaires. En appliquant la loi
d’action de masse, on a :


( ) (5.25)

Où et représentent les activités des cations solubles A et B ; et sont


les cations échangeables en cmolc/kg.

Dans le système binaire Na-Ca, le coefficient K devient


( ) (5.26)

En réarrangeant, on obtient:


⁄ ⁄ (5.27)

En incluant le Mg dans l’échange au même titre que le Ca, c'est-à-dire dans l’échange
Na-(Ca+Mg), cette dernière relation devient :


⁄ ⁄( ) (5.28)

En assimilant les coefficients d’activité à l’unité, on obtient :


⁄ ⁄( ) (5.29)

où , et représentent les cations solubles exprimés en mmol/L, et ,


et représentent les cations Na, Ca et Mg échangeables en cmolc/kg.

Le membre de gauche peut être réécrit comme ESP/(1-ESP) et a été dénommé


Exchangeable Sodium Ratio (ESR) par USDA (1954). Dans cet ouvrage qui est devenu la
référence pour les études des propriétés des sols salés, le deuxième terme du membre
173
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité


de droite ⁄( ) est de son côté nommé Sodium Adsorption Ratio (SAR) ;
d’où équation 5.29 devient :

(5.30)

5.3.7.2. Equilibre d’échange entre le sodium et les cations divalents

5.3.7.2.1. Formalisme de Gapon

L’application du conceptualisme de Gapon aux 53 échantillons de sols pour l’échange


Na - (Ca + Mg) et pour chaque rapport sol/eau en utilisant le SAR calculé avec les
concentrations millimolaires donne des graphiques schématisés à la figure 5.22. Une
remarque importante est que la relation ESR versus SAR n’est pas linéaire pour tous les
niveaux d’humidité considérés et qu’elle est plutôt curvilinéaire. Cette augmentation
du KG (rapport ESR/SAR) avec l’augmentation de SAR traduit l’instabilité du coefficient
de Gapon qui s’accroîtrait avec la charge sodique sur le complexe d’échange. Il
conviendrait de signaler que, dans le domaine des faibles valeurs de Na (en solution et
sur le complexe d’échange), KG paraît constant et une valeur unique de 0,012
caractérise l’échange Na - (Ca + Mg) si on combine toutes les solutions aux faibles
valeurs de SAR pour toutes les dilutions (Figure 5.23). Ces constatations rejoignent les
évidences des études antérieures qui arguent que la considération des concentrations
équivalentaires des cations à la phase surface et des concentrations molaires des
cations en solution n’est pas thermodynamiquement correcte (Sposito et Mattigod,
1977) et que KG n’est constant qu’aux faibles saturations en Na (Sposito, 1977 ;
Evangelou et Phillips, 1987).

Comme procédé pour les extraits au rapport 1/2 au chapitre 3, nous avons vérifié si
l’utilisation des activités déterminées par spéciation avec le logiciel Visual Minteq 3.0
n’améliorerait la linéarité de la relation ESR - SAR mais cette opération n’a affiné ni les
corrélations, ni les linéarités de ces relations pour toutes les dilutions.

174
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 22: Relation entre ESR et SAR pour les cinq dilutions et pour la totalité des points

La prédiction de l’ESP à partir de la composition de la solution par le conceptualisme


de Gapon est indirecte du fait qu’elle se calcule via un autre paramètre (ESR). En
portant sur un graphique ESP versus SAR, des excellentes relations linéaires
175
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

apparaissent (Figure 5.24). En combinant toutes les solutions de toutes les dilutions
(Figure 5.25), nous obtenons les relations suivantes, en utilisant respectivement les
concentrations millimolaires et les activités dans le calcul du Sodium Adsorption Ratio :

ESP = 1,016 SAR + 0,087 (r2 = 0,89) (5.31)

ESP = 20,998 (SAR*) + 1,823 (r2 = 0,88) (5.32)

Signalons que ces relations directes ESP versus SAR n’ont apparemment pas de base
théorique précise mais que ce défaut n’exclut pas leur valeur pratique.

L’observation des coefficients angulaires des droites de la figure 5.24 (à gauche) laisse
voir que ceux-ci diminuent au fur et à mesure que la dilution augmente. Une telle
constatation est encore une fois à relier avec le processus d’échange ionique qui,
comme signalé au point 5.3.6, cause la diminution de l’ESP avec la dilution. Il a été
montré au point 5.3.4.2 que la dilution provoque l’augmentation du Na soluble et la
diminution des divalents Ca et Mg dans la phase solution ; ces deux tendances
suffisent pour expliquer que le SAR doit augmenter avec la dilution. Une conséquence
de ces variations est que le quotient entre ESP (qui tend à la diminution) et le SAR (qui
augmente avec la diminution) tendra à la diminution.

0,5
Figure 5. 23: Relation entre ESR et SAR (pour les faibles sodicités: SAR < 15mM )

176
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 24: Relation entre ESR et SAR (à gauche) et relation entre ESR et SAR* (à droite) pour les rapports
sol/eau 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12

177
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.24 (Suite) : Relation entre ESR et SAR (à gauche) et relation entre ESR et SAR* (à droite) pour les quatre
dilutions

Figure 5. 25: Relation entre ESR et SAR (à gauche) et (à droite) relation entre ESR et SAR* pour toutes les
solutions

5.3.7.2.2. Formalisme de Vanselow

La force ionique de la solution est l’un des facteurs qui influencent la sélectivité
d’échange entre les cations (Shainberg et al., 1980). Le niveau d’humidité doit-il donc
être tenu en considération dans l’établissement et dans l’interprétation des
coefficients de sélectivité. Dans cette étude, les coefficients de sélectivité de Vanselow
dans les cinq dilutions ont été déterminés par les relations entre le rapport de la
fraction molaire de Na par celle de l’ensemble des cations Ca et Mg et le paramètre de
la solution SAR*. Ces relations sont illustrées par les courbes de la figure 5.26. En
observant les valeurs de KV ainsi déterminées, on constate que, contrairement au
coefficient de Gapon qui s’est révélé non constant, la relation MNa/MD1/2 versus SAR*
est linéaire dans toutes les cinq dilutions. En outre, les pentes des droites tracées sont

178
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

proches de 0,5 pour les cinq dilutions et pour la totalité des points portés sur un même
graphique (Figure 5.27) ; ce qui traduit qu’une valeur unique de KV de 0,5 pourrait
représenter correctement tous les sols étudiés à toutes les gammes d’humidité. Cette
grandeur de KV, qui est inférieure à l’unité, indique l’affinité des sols étudiés aux
cations divalents. L’indépendance des sélectivités d’échange de la nature des minéraux
en présence et de la force ionique a été montrée par Amrhein et Suarez (1991). La
sélectivité de l’échangeur plus marquée pour le Ca que pour le Na a été aussi
constatée par Kopittke et al.(2006) sur une montmorillonite dans la gamme de la force
ionique allant de 25 mM à 200 mM alors que le même matériel affichait une
préférence pour Na par rapport à Ca à une force ionique faible de 10 mM. La kaolinite
par contre montre une préférence du Na qui augmente avec l’augmentation de la
force ionique.

Afin d’examiner la validité de ce coefficient KV = 0,5 ainsi trouvé, on va tenter de


recalculer l’ESP de chaque échantillon pour toutes les dilutions avec K V de 0,5 et de le
comparer avec l’ESP observé expérimentalement. L’ESP prédit par ce coefficient est
calculé par le recours aux formules suivantes :


(5.33)
et

ESP = 100 MNa / (2 - MNa) (5.34)

Après avoir ressimulé les valeurs d’ESP pour toutes les dilutions, des graphiques des
valeurs observées et celles prédites ont été tracées (Figure 5.28). La linéarité des
relations obtenues et les pentes des droites de régression obtenues qui sont proches
de l’unité confortent la validité pratique du coefficient de vanselow de 0,5 pour nos
sols.

179
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 26: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Vanselow (MNa et MD : fractions molaires de Na et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium
adsorption ratio défini avec les activités) (à droite : avec les faibles valeurs de SAR* < 0,5)

180
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.26 (Suite): Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon
le formalisme de Vanselow (MNa et MD : fractions molaires de Na et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium
adsorption ratio défini avec les activités) (à droite : avec les faibles valeurs de SAR* < 0,5)

Figure 5. 27: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Vanselow pour toutes les solutions des cinq rapports sol/eau (MNa et MD : fractions molaires de Na
et de divalents en phase surface ; SAR* : sodium adsorption ratio défini avec les activités) (à droite : avec SAR*<
0,5)

181
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 28: Comparaison entre les valeurs d'ESP prédites avec KV = 0,5 et les valeurs expérimentales

5.3.7.2.3. Formalisme de Gaines et Thomas

L’application du formalisme de Gaines et Thomas pour les solutions extraites aux cinq
rapports sol/eau a montré des résultats similaires à ceux qui ont été obtenus avec le
concept de Vanselow. La figure 5.29 montre les relations qui existent entre le ratio
182
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

ENa/ED1/2 et le SAR* pour les quatre dilutions 1/3, 1/4, 1/5, 1/8 et 1/12 (le graphique
propre à la dilution 1/2 a été présenté au chapitre 3). La figure 5.30 reprend la même
représentation en combinant toutes les solutions sur un même graphique.
L’observation de ces graphiques révèle qu’un coefficient de 0,3 peut être applicable
pour toutes les solutions. Nous avons vérifié dans quelle mesure ce coefficient peut
être valable en calculant l’ESP pour toutes les solutions. Les valeurs trouvées sont
comparées avec les valeurs réellement observées (Figure 5.31). Le constat a été que
les pentes des droites de régression qui caractérisent ces comparaisons sont proches
de l’unité ; ce qui conforte la validité de l’usage pratique de ce coeffient de
Gaines&Thomas de 0,3 pour les sols de la plaine de la Basse Rusizi.

Figure 5. 29: Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon le
formalisme de Gaines-Thomas (ENa et ED : fractions ioniques équivalents de Na et de divalents en phase surface ;
SAR* : sodium adsorption ratio défini avec les activités) pour les cinq rapports sol/eau (à droite : relation pour de
faibles valeurs de SAR*)

183
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.29 (Suite): Relation entre la composition de la phase surface et la composition de la phase solution selon
le formalisme de Gaines-Thomas (ENa et ED : fractions ioniques équivalents de Na et de divalents en phase surface
; SAR* : SAR défini avec les activités) pour les cinq rapports sol/eau (à droite : pour de faibles sodicités)

1/2
Figure 5. 30: Relation entre ENa/ED et SAR* pour toutes des solutions (à gauche : pour de faibles valeurs de
SAR*)

184
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 31: Comparaison entre les valeurs d'ESP prédites avec K C = 0,3 et les valeurs expérimentales

5.3.7.3. Equilibre d’échange entre le magnésium et le calcium

La relation d’échange entre le Ca et le Mg selon Vanselow et Gaines et Thomas peut


être décrite par l’équation :
 (5.35)

185
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Le coefficient de sélectivité d’échange entre le Ca et le Mg est calculé avec les


formules:

(5.36)
et

(5.37)

où et sont le Ca et le Mg échangeables en cmolc/kg (ou en mol/kg) ; et


et représentent les activités de Ca et de Mg ; et et sont les
concentrations molaires (ou équivalentes) de Ca et de Mg en solution en mol/L (ou en
mmolc/L).

Vu que les fractions équivalentaires sont égales aux fractions molaires pour les
échanges homovalents, les expressions des coefficients de Vanselow et de
Gaines&Thomas sont analogues. Pour l’échange di-divalent, comme l’échange Ca - Mg,
le coefficient de Gapon qui est défini par rapport à un équivalent de sol est calculé
suivant les relations :

√ (5.38)
et
√ (5.39)

En utilisant les relations conformes au conceptualisme de Vanselow et de Gaines et


Thomas, la sélectivité d’échange entre le calcium et le magnésium a été étudiée pour
les cinq dilutions par régression linéaire entre les rapports et
(ou ) ; les pentes des droites obtenues indiquant la valeur du coefficient de
sélectivité entre Ca et Mg. Les graphiques obtenus (Figure 5.32) montrent que KCaMg
est supérieur à l’unité pour toutes les dilutions et est de 1,5 si on combine toutes les
solutions dans une même relation de régression en utilisant les concentrations
molaires en solution. Cette constatation témoigne la préférence du Ca par rapport au
Mg. La préférence du calcium par rapport au magnésium a été rapporté dans les sols
montmorillonitiques (Levy et Shainberg, 1972) et sur les sols kaolinitiques (Udo, 1978),
et a été attribuée à la richesse en matière organique (Curtin et al., 1998 ; Fletcher et al.
1984a) et au grand rayon d’hydratation du Mg (Wild et Keay, 1964 ; Peterson et al.,
1965). En observant les valeurs du coefficient de sélectivité KCaMg trouvés pour les cinq
dilutions, on remarque une petite augmentation avec l’augmentation de la dilution.

186
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Afin d’examiner la validité de ce coefficient de sélectivité dans les sols étudiés, les
rapports de cations échangeables ont été calculés et comparés avec les
rapports observés. La figure 5.33 donne les relations entre ces deux séries de rapports
dans toutes les dilutions. Les pentes des droites caractéristiques de cette comparaison
sont proches de l’unité; ce qui traduit la validité du coefficient de sélectivité de 1,5.

Il est à remarquer à la figure 5.32 que les coefficients KCaMg établis en utilisant les
activités sont très proches de ceux qui sont déterminés avec les concentrations
molaires ; c’est un fait évident vu que les coefficients d’activités des ions de même
valence sont très proches malgré les différences dans les formations des pairs
ioniques.

Figure 5. 32: Relation entre les rapports des cations Ca et Mg en phase surface et en phase solution pour les cinq
rapports sol/eau et pour toutes les solutions combinées (à gauche : en utilisant les rapports des concentrations
molaires en solution ; à droite : utilisant les rapports d’activités en solution)

187
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.32 (Suite): Relation entre les rapports des cations Ca et Mg en phase surface et en phase solution pour
les cinq rapports sol/eau et pour toutes les solutions combinées (à gauche : en utilisant les rapports des
concentrations molaires en solution ; à droite : utilisant les rapports d’activités en solution

188
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5.32 (Suite): Relation entre les rapports des cations Ca et Mg en phase surface et en phase solution pour
les cinq rapports sol/eau et pour toutes les solutions combinées (à gauche : en utilisant les rapports des
concentrations molaires en solution ; à droite : utilisant les rapports d’activités en solution)

Figure 5. 33: Comparaison entre les valeurs du rapport entre le calcium échangeable et le magnésium
échangeable calculées en utilisant un coefficient de sélectivité de 1,5 et celles de ce rapport observées
expérimentalement

189
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Figure 5. 33 (Suite) : Comparaison entre les valeurs du rapport entre le calcium échangeable et le magnésium
échangeable calculées en utilisant un coefficient de sélectivité de 1,5 et celles de ce rapport observées
expérimentalement

5.3.7.4. Synthèse sur les équilibres d’échange cationique

Les coefficients de sélectivité de Gapon pour les faibles sodicités (K G’ et KG’*), de


Vanselow (KV et KV’), de Gaines et Thomas (KC et KC’) pour l’échange Na - (Ca+Mg) et les
coefficients de sélectivité KV et KC pour l’échange Ca - Mg établis pour chaque dilution
sont repris dans le tableau 5.6.

En observant l’évolution des coefficients de Vanselow et de Gaines et Thomas avec la


dilution pour l’échange Na - (Ca+Mg), on se rend compte qu’ils diminuent légèrement
avec l’augmentation du niveau d’humidité ; ce qui traduit l’accroissement de la
préférence du Ca avec la dilution. Cette tendance serait liée à la minéralogie propre de
nos sols. L’augmentation de l’affinité de l’échangeur pour Ca par rapport à Na avec la
dilution a été observée par Shainberg et al. (1980) et Kopittke et al. (2006) pour une
montmorillonite de Wyoming. Ces auteurs ont attribué cette tendance aux
changements du potentiel électrique de la double couche diffuse des surfaces internes
(entre les feuillets d’argile). Pour ce type de surfaces d’échange, l’augmentation du
potentiel électrique qui accompagne la dilution cause une augmentation de la
préférence du Ca ; et inversement, la diminution du potentiel électrique à la faible
dilution provoque la préférence du Na.

Nonobstant ce qui précède, les coefficients de sélectivité établis pour toutes les cinq
dilutions ne sont pas si éloignés pour mettre en cause la validité d’une valeur unique
surtout pour KV et KC. Les gammes de variation de KV (entre 0,38 et 0,52) et de KC
(entre 0,21 et 0,31) ne sont pas assez étendues pour empêcher la validité des
coefficients uniques KV = 0,5 et KC = 0,3 établis pour toutes les solutions.
190
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

Le coefficient de sélectivité pour le calcium par rapport au magnésium affiche des


légères augmentations au fur et à mesure que l’humidité augmente. Cette tendance
signifierait qu’au fur et à mesure que le complexe d’échange se sature en Ca avec
l’augmentation de la force ionique, son affinité pour le Ca diminue. Cette observation
corrobore avec celle faite par Curtin et al. (1998) sur les prairies à dominance
smectitique du Canada. Dans cette étude, les augmentations de K V sont plus
importantes dans les grandes dilutions que dans les faibles dilutions, ce qui traduirait
la présence des sites aux grandes affinités pour le Ca ; qui pourraient provenir de la
matière organique dont l’affinité plus grande au Ca qu’au Mg est connue (Curtin et al.,
1998 ; Fletcher et al. 1984a).

Tableau 5. 6: Variations des coefficients de sélectivité avec la dilution

Rapport
Sol/eau ESP/SAR ESP/SAR* KG’ KG*’ KV KV’ KC KC’ KCaMg
1/2 1,118 23,072 0,0119 0,292 0,516 0,553 0,305 0,289 1,341 1,406
1/3 1,511 23,712 0,0133 0,329 0,524 0,635 0,308 0,289 1,345 1,410
1/5 1,044 23,699 0,0112 0,2673 0,510 0,537 0,294 0,278 1,462 1,531
1/8 0,982 23,218 0,0119 0,274 0,489 0,509 0,277 0,267 1,546 1,645
1/12 0,744 18,247 0,0082 0,22 0,378 0,485 0,210 0,249 1,751 1,843
Toutes les
solutions 1,019 22,649 0,0115 0,283 0,492 0,508 0,286 0,253 1,483 1,558
KG’, KG*’, KV’, KC’ se réfèrent aux faibles valeurs de SAR ou SAR*

5.4. Conclusion

Cette étude avait pour objectif d’établir les paramètres d’échange ionique et de
solubilité des minéraux et de les intégrer dans un modèle permettant le calcul de la
composition de la solution et du complexe d’échange à une teneur en eau quelconque.
Elle avait en outre l’objectif d’évaluer l’effet du rapport sol/eau sur les variables
pédochimiques de la solution et du complexe d’échange.

Elle a procédé par l’analyse des cations extractibles, des cations solubles à cinq
rapports sol/eau et des cations échangeables calculés par la différence entre les deux
précédents types de variables. Des valeurs de pH et de CE à ces niveaux d’humidité ont
été également analysées.

Les résultats obtenus ont montré que les sols étudiés présentent une réaction alcaline
avec des pH dépendant de divers processus notamment les teneurs en (bi)carbonates.
A un même rapport sol/eau de 1/5, les pH des solutions extraites après 12 heures
d’équilibrage se sont révélés un peu plus faibles que les pH des suspensions sol/eau
mélangées pendant 1 heure.

191
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

La CE des solutions extraites à un rapport sol/eau donné est légèrement supérieure à


celle des suspensions au même rapport. Du fait de la variation du facteur qui la lie à la
somme des charges cationiques ou anioniques et d’une probable dissolution des
minéraux solubles comme la calcite et le gypse, l’augmentation de la dilution provoque
des diminutions de CE légèrement inférieures à celles qui sont prévues par la loi de
simple dilution.

L’analyse de la composition ionique de la solution a révélé une particularité


pédochimique des sols de la Basse Rusizi ; ce sont des sols qui présentent un faciès
carbonato-sulfaté à dominance sodique avec des proportions remarquables en Mg et
en Ca et des faibles représentations de K, de Cl, de NO2, de NO3 et de F.

Les concentrations des cations divalents solubles par unité de masse de sol diminuent
quand la dilution augmente alors que celles des cations monovalents affichent une
augmentation concomitante. Hormis les ions (bi)carbonatés dont les teneurs
augmentent avec la dilution, tous les autres anions ne montrent pas de fluctuation en
fonction des quantités d’eau.

L’examen des teneurs en cations échangeables a relevé des augmentations des


niveaux des cations échangeables divalents et des diminutions des monovalents quand
la teneur en eau augmente. Ces observations corroborent avec la théorie des échanges
ioniques. L’ESP diminue avec l’augmentation de l’humidité ; sa valeur à une teneur en
eau quelconque peut être calculée selon une équation bien établie par la présente
étude.

Disposant d’une grande collection de sols aux propriétés diversifiées, il a été possible
de modéliser les relations d’échange cationique entre la solution et le complexe
d’échange. L’application du formalisme de Gapon a révélé que le coefficient de Gapon
n’est pas constant, contrairement à ce que prévoit l’USDA (1954), mais qu’il augmente
avec l’augmentation de la charge sodique de l’échangeur. Nonobstant cette instabilité
de KG, un coefficient constant pouvant être pratique a été trouvé pour des faibles
valeurs de Na.

Au-delà des considérations théoriques, une autre forme d’équation empirique de type
linéaire mais non conforme à la rigueur thermodynamique pourtant applicable à la
prédiction d’ESP à partir du SAR a été établie.

Si le coefficient de Gapon n’est pas constant pour toute la gamme de sodicité, il n’en
est pas de même pour les coefficients de Vanselow et de Gaines et Thomas. Ceux-ci se

192
Chapitre 5. Effet de la dilution sur les équilibres d’échange et de solubilité

sont révélés constants pour toutes les dilutions avec des valeurs pratiques de 0,5 et 0,3
respectivement.

La présente étude a aussi montré que, bien qu’une multitude de recherches sur les
équilibres d’échanges ioniques considèrent les cations Ca et Mg comme présentant
des comportements de sélectivité identiques, le complexe d’échange des sols de la
Rusizi affiche une préférence pour Ca par rapport à Mg.

En définitive, les paramètres de la solution et du complexe d’échange pour les sols de


Mugerero peuvent être bien établis pour n’importe quelle dilution en recourant aux
mesures faites à la dilution 1/2 et aux relations mathématiques établies par cette
étude. De même, les coefficients de sélectivité uniques KV et KC, établis pour les
contextes des sols considérés, peuvent être utilisés dans des modèles hydro-
géochimiques globaux afin de modéliser les mécanismes de transfert de masse et les
réactions géochimiques à des fins d’irrigation et/ou pour modéliser l’évolution de la
salinité de la localité étudiée.

193
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Chapitre 6. Effets de l’engorgement de sols affectés par la salinité sur


leurs propriétés physico-chimiques

Les caractéristiques des sols de Mugerero telles que montrées aux chapitres 3 et 5 ont
été déterminées en conditions ouvertes à l’air. Dans ce chapitre, nous évaluerons la
cinétique des propriétés chimiques de la solution au cours de l’anaérobiose qui
caractérise la riziculture irriguée. Par ailleurs, nous évaluerons les différences qui
existeraient entre les propriétés établies en conditions anaérobies et celles qui sont
déterminées en conditions ouvertes à l’air au chapitre 5. Nous évaluerons les
différences qui existeraient, pour les facteurs analysés en anaérobiose, entre les
parcelles rizicoles et les parcelles abandonnées d’une part, et entre les horizons des
profils pédologiques d’autre part, comme procédé au chapitre 3 pour les variables
physico-chimiques de ces catégories de sols déterminées en conditions aérobies.

195
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Résumé

Les changements des propriétés chimiques des solutions des sols halomorphes soumis à un
engorgement en anaérobiose ont été suivis sur base des analyses chimiques faites après
incubation des suspensions de sol au rapport sol/eau de 1/5 à 30°C à l’obscurité dans des
tubes à centrifuger de 50 ml. Les échantillons utilisés ont été prélevés sur les sols halomorphes
du périmètre rizicole de Mugerero. L’expérience s’est déroulée en deux étapes. La première
consistait à suivre l’évolution des propriétés de la solution de six sols pendant 7 semaines
d’incubation. Après 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, 35 et 42 jours d’incubation, le pH, le potentiel redox
(Eh) et la conductivité électrique (CE) étaient mesurés avec les électrodes spécifiques tandis
que les cations solubles (Ca, Mg, Na, Fe, Mn, K et Na) et les anions totaux solubles (P et S)
étaient dosés par ICP-AES. La deuxième étape était d’évaluer les effets de l’incubation d’une
période fixe de 4 semaines sur les variables de la solution et du complexe d’échange et sur les
équilibres d’échange ionique. Elle a concerné 53 échantillons de sols (19 échantillons
composites de surface et 34 échantillons issus des profils pédologiques). Les analyses
chimiques effectuées concernaient les variables de solution susmentionnées auxquelles on a
ajouté celles des anions solubles (Cl et SO4) et des cations échangeables (extraits par le NH4Cl,
1M). Les paramètres de solution ont été comparés à ceux qui ont été déterminés dans des
conditions ouvertes à l’air. Les résultats sur la cinétique des propriétés de la solution (première
étape) montrent que les pH tendent vers la neutralité (pH de 7) quelle que soit la valeur
originale. Des augmentations de la CE et des cations solubles Ca, Mg et Mn ont été observées
au cours de l’incubation. Le fer et le P montrent des similarités de libération avec la durée
d’incubation. Le potentiel redox a diminué rapidement dans toutes les 6 solutions avant de se
stabiliser aux valeurs faibles généralement < 0mV. Dans les solutions incubées pendant 28
jours (seconde étape), une dominance des ions Na et SO4 a été remarquée. Le pH était compris
entre 6 et 9. Probablement à cause des pH élevés qui occasionnent la précipitation des
carbonates de fer et de manganèse, des faibles valeurs de Fe et de Mn (quelque fois nulles)
ont été notées. En comparaison avec les variables des conditions aérobies, les concentrations
des cations Ca et Mg des solutions incubées sont plus élevées que celles des solutions non
incubées tandis que celles du Na et de K n’ont augmenté que dans les solutions au teneur en
carbone organique > 0,7%. Les concentrations en chlorures et en sulfates n’ont presque pas
changé suite à l’anaérobiose. Le potentiel redox varie entre -56 mV et +236 mV ; la plupart des
solutions (36 sur les 53) ont des Eh > 100 mV tandis qu’un petit nombre (6 solutions sur les 53)
ont des Eh négatifs. Les faibles valeurs d’Eh sont observées pour les sols au taux de carbone
organique relativement élevé. Que ce soit pour l’échange Na - (Ca+Mg) ou pour l’échange Na -
(Ca+Mg+Fe+Mn), l’application de l’équation de Gapon (KG) donne les mêmes renseignements
que ceux qui sont donnés pour l’échange Na - (Ca+Mg) en conditions aérobies: ce coefficient
n’est pas constant mais augmente avec l’augmentation de la charge sodique. De même, les
coefficients de sélectivité de Vanselow (KV) et de Gaines-Thomas (KC) respectivement égaux à
0,85 et 0,39 ont été déterminés et conviennent mieux pour modéliser les équilibres d’échange
susdits. Il est à remarquer que ces coefficients sont du même ordre de grandeur de ceux qui
197
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

ont été établis en conditions ouvertes à l’air et que la prise en compte des cations Fe et Mn ne
montre aucune importance du fait de leurs valeurs faibles.

Abstract

Changes in chemical properties induced by submergence of salt-affected soils were monitored


by incubating aqueous suspensions of Mugerero paddy soils in centrifuge tubes at 30°C in the
dark. The study is conducted in two stages: The first step is the follow up the kinetic of
properties of soluble phase of six soil samples during 7 weeks. Soil solutions were extracted by
centrifugation successively after 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, 35 and 42 days of incubation. Then, pH,
redox potential (Eh), electrical conductivity (CE) were measured using specific electrodes,
soluble cations (Ca, Mg, Na, Fe, Mn, K, and Na), and anions (P and S) were measured using ICP-
AES. In the second step, 53 soil samples from the same area were incubated in the same
manner for 4 weeks. Extracted solutions were then analyzed for the above-mentioned
parameters. These analyses have been complemented with soluble anions (Cl and SO4) and
exchangeable cations (extracted with NH4Cl, 1M) analyses. All these parameters have been
checked against those determined in non-incubated soils. The results of kinetics of chemical
properties showed that, during incubation, the alkaline pH decreased whereas acid or slightly
acid pH increased and tends to stabilize near neutrality for the two cases. The CE of soil
solutions increased with waterlogging period. At the same time, Ca, Mg and Mn increase were
observed. Fe and total P contents showed similarities in variation with incubation duration. Eh
decreased rapidly in all solutions and leveled off after. Chemical properties of incubated soils
for 4 weeks (second step) show that pH comprises between 6 and 9 after incubation. Eh values
ranged from -56 mV to +236 mV and are related to organic carbon content. Most of the
solutions (36 of 53 solutions) have Eh > 100 mV while a few of them (6 of 53 solutions) have
negative values. Ca and Mg are higher in solutions extracted from incubated soils than in non-
incubated solutions whereas Na and K increased only in case of organic carbon content > 0.7%.
Sulfates and chloride concentrations in solution have not markedly changed during incubation.
Probably due to high value of pH that could have induced precipitation of Fe and Mn as
carbonates minerals, Fe and Mn have low contents in the incubated solutions and exchange
phase. Whether for Na - (Ca+Mg) exchange or for Na – (Ca+Mg+Fe+Mn) exchange, Gapon
selectivity coefficient (KG) is not constant and increases with increase of sodium load while
Vanselow coefficient (KV) of 0.85 and Gaines-Thomas coefficient (KC) of 0.39 fitted well for
modeling the above cation exchange equilibria. It is noticed that these coefficients are not far
different from KV = 0.5 and KC = 0.3 that characterize the above equilibria in case of aerobic
conditions for these soils.

198
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

6.1. Introduction

Le riz est la plus importante culture alimentaire du monde en développement. Il est


l'aliment de base de plus de la moitié de la population mondiale (Tonini et Cabrera,
2011). La riziculture irriguée est la forme de riziculture la plus productive. Au Burundi,
ce type de riziculture est pratiqué dans la plaine de l’Imbo grâce aux facilités offertes
par la topographie de cette plaine et la présence de rivières permettant une irrigation
par gravité.

En conditions inondées, les microorganismes aérobies consomment rapidement tout


l’oxygène disponible dans la solution du sol et cessent ensuite tout développement
(Vizier, 1971). Ce sont alors les microorganismes anaérobies (facultatifs ou stricts) qui
peuvent continuer à survivre en utilisant d’autres éléments comme accepteurs
d’électrons parallèlement à l’oxydation du carbone organique qui est leur source
d’énergie. Il s’en suit successivement la réduction des nitrates, du dioxyde de
manganèse, des composés ferriques et des sulfates (Ponnamperuma, 1972). Ces
phénomènes réducteurs aboutissent à une augmentation des teneurs en Mn 2+ et en
Fe2+. Le FeIII présent sous forme d’oxydes et/ou d’hydroxydes est réduit en Fe 2+ dont la
mobilité est plus grande que sa forme oxydée. Les augmentations des concentrations
en Fe2+ et en Mn2+ dans la solution s’accompagnent d’une augmentation de la force
ionique de la solution et de leur entrée en compétition avec les cations fixés sur le
complexe d’échange (Lu et al., 2004). Le potentiel d’oxydoréduction (Eh) baisse
généralement après inondation d’un sol sec pour se stabiliser après quelques
semaines, indiquant une absence d’oxygène moléculaire dans les sols submergés
(Ponnamperuma, 1972). Le pH des sols acides augmente par inondation tandis que le
pH des sols basiques diminue. Vizier (1971) signale toutefois que ces variations de pH
se manifestent essentiellement dans les horizons dont le taux de matière organique
est d’au moins 1%.

Les propriétés physico-chimiques des sols de Mugerero ont été présentées dans les
chapitres précédents. Il en est de même des fluctuations des équilibres d’échange et
de solubilité en fonction de la dilution. Ces propriétés sont le résultat d’analyses faites
en conditions aérobies. Les sols rizicoles de Mugerero subissent durant une période
d’au moins 4 mois par an une inondation par l’eau d’irrigation, il est important
d’investiguer les réactions d’échange qui se développent dans les conditions
d’engorgement d’eau pour ces sols. Une autre caractéristique non moins importante à
signaler est l’existence d’une nappe suspendue dans ces sols au-dessus d’une couche
compacte à moins de 2 m de profondeur (Frankart et Herbillon, 1971). Ces conditions

199
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

imposent à ces sols des conditions d’anaérobiose d’intensité variable induisant des
réactions chimiques spécifiques. Divers auteurs se sont penchés sur la physico-chimie
des sols engorgés (Vizier, 1971 ; Ponnamperuma, 1972 ; Favre et al., 2002 ; Boivin et
al., 2002 ; Lu et al., 2004 ; Kyuma, 2004) mais peu de recherches ont abordé les
échanges ioniques qui s’opèrent dans ces conditions. L’objectif de ce travail est
d’examiner les effets des conditions d’anaérobiose sur la dynamique du pH, du
potentiel redox et de la composition de la phase solution, d’évaluer les modifications
concomitantes de la garniture ionique sur le complexe d’échange et les changements
dus à l’engorgement sur les équilibres entre la solution et le complexe d’échange. Il est
mené à travers des mesures faites sur sols incubés au laboratoire.

6.2. Matériels et méthodes

6.2.1. Sols utilisés

Cette étude sur les changements des propriétés chimiques des sols périodiquement
inondés a été faite sur base des analyses chimiques des mêmes échantillons que ceux
qui ont été utilisés dans le chapitre 3 (sur la caractérisation des sols). En guise de
rappel, ils ont été prélevés dans 19 parcelles du périmètre rizicole de Mugerero. Les
parcelles choisies comprennent 13 parcelles rizicoles et 6 parcelles anciennement
rizicoles mais déjà abandonnées suite à la salinisation progressive et occupées par des
végétations naturelles non cultivées. La collection d’échantillons analysés comprend 19
échantillons composites de surface issus de toutes ces parcelles d’étude et 34
échantillons issus des horizons des profils pédologiques creusés sur une parcelle
rizicole et sur trois parcelles abandonnées. Les échantillons prélevés ont été séchés à
l’air libre et tamisés à 2 mm avant de passer aux traitements et analyses chimiques.

6.2.2. Suivi de la cinétique des propriétés chimiques des solutions des sols au
cours de l’incubation en anaérobiose

A titre d’expérience préliminaire visant à fixer les conditions de traitement des 53


échantillons de sols, six échantillons composites de surface aux propriétés contrastées
ont été choisis. Leurs caractéristiques sont données dans le tableau 6.1. Il s’agit des
propriétés déjà décrites au chapitre 3 auxquelles s’ajoutent les résultats d’analyse
minérale totale (attaque successive à chaud des échantillons de sols secs broyés par un
mélange de HF et de HNO3 et par HCIO4, suivie de la solubilisation du résidu à l’eau
régale) (Sahwney et Stilwell, 1994) et des compositions des extraits d’oxalate
d’ammonium (Blakemore et al., 1987) et de Dithionite-Citrate-Bicarbonates (DCB)
(Mehra et Jackson, 1960). L’oxalate d’ammonium dissout les complexes inorganiques

200
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

ou formes mal cristallisées de Fe, d’Al ou de Si (formes amorphes et cryptocristallines :


oxydes et hydroxydes) ainsi que les complexes organiques, tandis que la méthode au
DCB permet de dissoudre toutes les formes libres d’oxydes de fer (amorphes et
cristallines) sans détériorer les argiles silicatées.

Les échantillons utilisés proviennent aussi bien des parcelles rizicoles (sols 1, 3, 4 et 5)
que des parcelles déjà abandonnées (sols 15 et 18). Il n’est pas sans intérêt de rappeler
d’une manière succincte leurs principales propriétés physico-chimiques. Les sols 1 et
18 ont des pH inférieurs à 7 tandis que les autres sols ont des pH alcalins. Les sols 3 et
4 sont dominés par les ions bicarbonates parmi les anions tandis que les autres sols
sont dominés par les sulfates. Les sols 3 et 18 ont la particularité d’avoir une grande
teneur en fer libre et total par rapport aux autres. Le sol 15 présente une salinité plus
élevée que les autres, une plus grande teneur en sable et une sodicité élevée. Le sol 5
est quant à lui caractérisé par des teneurs élevées en argile, en matière organique et
en carbonates totaux CaCO3.

Les échantillons de ces six sols ont été soumis à l’incubation à 30°C durant des
périodes croissantes selon le protocole décrit ci-après. Dans un tube à centrifuger de
50 ml, on a pesé une masse de 9 g de sol tamisé à 2 mm et on a ajouté 45 ml d’eau
déminéralisée. Neuf tubes par échantillon ont été préparés de cette manière. Les
tubes ont été fermés hermétiquement pour empêcher tout contact avec l’air et
incubés à 30°C à l’obscurité pour avoir des conditions optimales à l’activité
microbienne. Ces suspensions de sols ont été homogénéisées quotidiennement par
agitation manuelle pendant une minute. Après 1, 3, 6, 10, 15, 21, 28, 35 et 42 jours,
une solution par échantillon était extraite par centrifugation à 2700 g pendant 45
minutes après homogénéisation de la suspension sur agitateur va-et-vient pendant 30
minutes. Les solutions décantées étaient filtrées sur papier Whatman n°41. Le
potentiel redox (Eh), le pH et la conductivité électrique (CE) étaient directement
mesurés dans une partie de l’extrait (à peu près 20 ml). Un volume de 15 ml était
réservé au dosage des cations (Ca2+, Mg2+, Na2+, K+, Fe2+, Mn2+) et des anions (P et S)
par spectroscopie d’émission atomique à plasma (ICP-AES). Le volume ayant servi à la
mesure du pH, de Eh et CE a été exposé à l’air libre pendant 5 jours au cours desquels
le pH et le Eh étaient journellement mesurés.

6.2.3. Détermination des changements des propriétés physico-chimiques de


sols incubés en anaérobiose pendant une durée fixe

Des suspensions au rapport sol/eau 1/5 de tous les 53 échantillons de sols ont été
préparées (un seul tube par échantillon sans répétition) comme décrit dans le
201
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

paragraphe précédent, et mises en incubation à 30°C pour une période de 4 semaines


fixée sur base des résultats déjà acquis dans l’expérience cinétique pour l’analyse de la
composition de la solution d’équilibre et du complexe d’échange. Après incubation de
4 semaines, les extraits obtenus par centrifugation ont été soumis aux mêmes analyses
que celles décrites ci-haut pour l’étude de la dynamique de libération des éléments
chimiques suite à l’anaérobiose. Les analyses cationiques ont été complétées par celles
des anions non carbonatés (F, Cl, NO3, NO2, PO4 et SO4) par chromatographie ionique
en phase liquide à haute performance (HPLC). Les concentrations en CO3 et en HCO3
ont été estimées à partir du bilan ionique entre la somme des cations et la somme des
anions.

En outre, dans l’optique de déterminer les effets de l’incubation sur la composition du


complexe d’échange en général et la part prise par les cations Fe et Mn en particulier,
les culots de sol restant dans les tubes à centrifuger après décantation des solutions
d’équilibre ont été soumis à une extraction rapide des cations échangeables selon la
méthode proposée par Shuman et Duncan (1990) avec NH4Cl, 1M. Pour cet effet, un
volume de 40 mL de NH4Cl, 1M a été ajouté dans le tube à centrifuger contenant le
culot. Le mélange a été vigoureusement homogénéisé à la main pendant 2 minutes
puis sur agitateur va-et-vient pendant 60 minutes avant de passer à la centrifugation
pendant 30 minutes. La solution extraite était directement acidifiée avec HNO3, 0,5%
pour éviter une réoxydation ou une précipitation du Fe2+ et Mn2+.

Les changements des propriétés chimiques occasionnés par l’incubation ont été
évalués par des comparaisons de leurs valeurs (mesurées en anaérobiose) avec celles
qui ont été mesurées en conditions ouvertes à l’air au même rapport sol/eau 1/5 telles
que commentées au chapitre 5. Pour comparer les parcelles rizicoles et les parcelles
abandonnées d’une part, et les horizons des profils pédologiques d’autre part, une
analyse de la variance a été conduite pour les variables chimiques étudiées en
recourant au logiciel SAS Enterprise Guide 5.1. Lorsqu’un facteur s’est révélé
significatif au seuil de 5%, les moyennes étaient comparées en utilisant les tests
multivariés de Student-Newman Keuls.

202
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Tableau 6.1: Caractéristiques physico-chimiques des échantillons de sols utilisés pour l’expérience sur la cinétique
de modification des caractéristiques de la solution des sols sous engorgement

Variable Unité sol 1 sol n° 3 sol n° 4 sol n° 5 sol n° 15 sol n° 18

Propriétés générales Sable % 69,90 59,70 72,60 23,50 76,20 67,00


Limon % 10,10 9,90 8,00 10,50 8,70 12,70
Argile % 20,00 30,40 19,40 65,90 15,10 20,30
C.O. % 1,62 1,23 0,51 2,23 0,82 1,34
CaCO3 % 0,23 0,52 0,51 3,23 1,12 0,38
CEC-Na cmolc/kg 17,08 20,50 16,07 50,26 10,74 17,17
Solution au rapport 1/5

pH H2O - 6,36 7,97 7,82 7,95 7,26 6,08


CE dS/m 0,45 0,31 0,18 1,23 5,23 0,34
Ca2+ mg/L 12,06 9,60 6,64 24,85 108,95 2,00
2+
Mg mg/L 9,15 5,17 2,28 16,14 186,90 1,66
+
K mg/L 3,76 1,40 1,02 4,30 4,18 1,63
+
Na mg/L 69,35 61,47 38,29 247,65 1009,01 66,35
F- mg/L 0,00 3,26 2,35 1,31 0,00 1,11
NO2- mg/L 0,29 0,51 0,54 0,57 2,69 0,15
NO3- mg/L 1,01 0,36 1,20 10,70 5,69 0,36
PO43- mg/L 0,19 0,32 0,10 0,00 0,00 0,11
Cl- mg/L 2,83 1,28 0,96 3,47 27,09 1,44
SO42- mg/L 188,71 52,61 7,99 505,19 3049,89 142,21
HCO3- mg/L 7,63 120,51 101,59 96,10 43,63 9,15
d’échange
Complexe

Ca cmolc/kg 7,46 12,48 11,84 27,68 4,09 7,18


Mg cmolc/kg 6,33 7,57 4,57 20,21 6,89 6,16
K cmolc/kg 0,24 0,08 0,05 0,81 0,05 0,27
Na cmolc/kg 0,28 0,62 0,25 4,51 2,85 1,27
Extrait d'oxalate

Al mg/kg 538 607 524 1836 542 428


Fe mg/kg 862 1736 492 878 322 2030
Mg mg/kg 809 990 592 2856 3131 768
Mn mg/kg 137 134 127 243 124 166
Si mg/kg 118 339 238 780 316 203
Extrait de DCB

Al mg/kg 482 504 434 1054 441 449


Fe mg/kg 1202 2647 1025 1558 667 2762
Mg mg/kg 800 998 594 2908 3144 677
Mn mg/kg 137 129 117 244 121 144
Si mg/kg 950 1289 898 1864 1519 1288
Minéralisation totale

Al mg/kg 33582 46731 34650 78331 27466 42072


Ca mg/kg 2566 4243 3453 13988 2347 2551
Fe mg/kg 9566 15271 9869 26768 6847 12797
K mg/kg 7789 10235 7995 17394 6720 10295
Mg mg/kg 2785 4497 2965 10545 4739 3388
Mn mg/kg 204 216 193 404 175 234
Na mg/kg 5604 6252 5999 5636 10184 6320
P mg/kg 150 170 139 403 194 160
S mg/kg 582 261 89 1448 4957 421
C.O. = carbone organique

203
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

6.3. Résultats et discussion

6.3.1. Cinétique de modification des caractéristiques de la solution du sol suite


à l’incubation en anaérobiose

Les valeurs des paramètres chimiques des solutions correspondantes aux 9 dates
d’incubation sont données dans le tableau 6.8 en annexe. Les variables mesurées sont
le pH, la CE, le Eh, les cations solubles (Ca, Mg, Na, K, Fe et Mn) et les anions solubles
totaux (S et P). Dans cette section, les schémas d’évolution de ces variables chimiques
au cours de l’incubation ainsi que les éventuelles similitudes de variation observées
entre ces paramètres sont présentés.

6.3.1.1. Evolution du pH

La dynamique du pH des solutions au cours de l’incubation en anaérobiose est


représentée à la figure 6.1. On remarque que les pH des sols 3, 4, 5 et 15, qui sont
supérieurs à 7 en conditions ouvertes à l’air, diminuent avec le temps d’incubation et
se stabilisent autour des valeurs proches de 7 après 3 semaines d’incubation. En même
temps, les sols dont les pH en conditions aérobies sont inférieurs à 7 (sols 1 et sol 18)
augmentent avec le temps d’incubation pour se stabiliser aux valeurs proches de 7
vers le 21ème jour. Cette convergence des pH vers la neutralité pour les sols soumis aux
conditions d’anaérobiose a été montrée par Ponnamperuma (1972) ; Kirk (2004) et
Sahrawat (2005). La diminution des pH des sols calcaires et sodiques est attribuée aux
protons générés par les processus de précipitation des ions métalliques, solubilisés par
les réactions de réduction, sous forme de carbonates, d’hydroxydes ou de sulfures
(McBride, 1994). L’augmentation des pH acides en conditions d’engorgement quant à
elle peut être expliquée par les réactions de réduction qui impliquent la consommation
de protons H+ ou la production d’ions hydroxyle OH- au cours des processus de
réduction (Narteh et Sahrawat, 1999 ; Kirk, 2004). Les valeurs de pH se stabilisent
autour de 7 grâce à l’effet tampon du CO2 par l’intermédiaire de la réaction H2CO3 
HCO3- (McBride, 1994). Le tableau 6.2 reprend les principales réactions
d’oxydoréduction impliquées dans la montée du pH dans de telles conditions.

Juste après l’exposition à l’air libre des solutions, leur pH augmente rapidement pour
atteindre le palier dans les 24 heures qui suivent (Figure 6.2). Cette augmentation du
pH est observée quel que soit le type de sol et la durée d’incubation en anaérobiose.
La valeur finale atteinte après 5 jours d’exposition est supérieure au pH des solutions
extraites en conditions ouvertes à l’air pour les six échantillons.

204
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.1: Evolution des pH des solutions de sols au cours de l'incubation

Figure 6.2: Evolution des pH des solutions exposées à l'air libre après incubation en anaérobiose

6.3.1.2. Evolution du potentiel d’oxydoréduction

Une réaction d’oxydoréduction est une réaction chimique au cours de laquelle se


produit un échange d’électrons entre un réducteur (ou donneur d’électrons) qui cède
les électrons et un oxydant (ou accepteur d’électrons) qui capte les électrons. Le
donneur d’électrons est alors oxydé par la perte d’électrons tandis que l’accepteur en

205
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

devient réduit par le gain d’électrons. Une réaction d’oxydation est donc toujours
couplée à celle de réduction ; c’est pourquoi ce genre de réactions sont parfois
appelées « réactions redox ». L’état d’oxydoréduction d’un système peut être examiné
de façon globale par la mesure du potentiel d’oxydoréduction (aussi appelé potentiel
redox et symbolisé par Eh). C’est une grandeur qui indique la tendance de la solution
de sol à céder des électrons ou à accepter des électrons des espèces chimiques ou des
électrons introduits dans la solution (McBride, 1994). Plus la valeur de Eh est elevée
plus le système est oxydant ; plus elle est basse, plus il est réducteur.

Une demi-réaction redox qui se passe dans l’environnement terrestre ou aquatique


peut être représentée par l’équation de réduction suivante (Rappelons comme déjà dit
ci-haut que cette réaction représentée dans cette équation doit naturellement être
accompagnée par une autre réaction d’oxydation):

(6.1)

Où est l’oxydant ou accepteur d’électron, est le réducteur ou donneur


d’électron, est le nombre d’ions d’hydrogène impliqués dans la réaction, et est le
nombre d’électrons impliqués dans la réaction.

Tableau 6.2: Principales réactions d’oxydoréduction dans les sols submergés et les valeurs des potentiels
standards d’oxydoréduction E° et pE° associées à leurs demi-réactions

Demi-équations des réactions Redox E°(V) pE°


+
O2(g) + 4H + 4e = 2H2O 1,23 0,82 20,8 13,8
+
(1/5)NO3+(6/5)H +e = (1/10)N2+(3/5)H2O 1,24 0,74 21,0 12,6
+
(1/2)NO3+H +e = (1/2)NO2+(1/2)H2O 0,83 0,42 14,1 7,1
+ +
(1/8)NO3+(5/4)H +e = (1/8)NH4 +(3/8)H2O 0,88 0,36 14,9 6,2
- +
*(1/2)MnO2(s)+(1/2)HCO3 + (3/2)H +e=(1/2)MnCO3(s)+H2O 1,12 0,50 19,0 8,5
+ +
(1/2)MnO2 (s)+2H +e = (1/2)Mn +H2O 1,23 0,40 20,8 6,8
- +
*FeOOH(s)+HCO3 +2H +e = FeCO3(s)+H2O 0,73 -0,096 12,3 -1,67
+ 2+
Fe(OH)3(s)+3H +e = Fe +3H2O 1,06 -0,18 17,9 -3,13
+
(1/2)CH2O+H +e = (1/2)CH3OH 0,24 -0,178 4,0 -3,01
2- + -
(1/8)SO4 +(9/8)H +e = (1/8)HS +(1/2)H2O 0,24 -0,221 4,1 -3,75
+
(1/8)CO2(g)+H +e = (1/8)CH4(g)+(1/4)H2O 0,16 -0,244 2,9 -4,14
+ +
(1/6)N2(g)+(4/3)H +e = (1/3)NH4 0,27 -0,277 4,6 -4,69
+
H +e = (1/2)H2(g) 0,00 -4,413 0,0 -7,00
+
(1/4)CO2+H +e = (1/4)CH2O+(1/4)H2O -0,071 -0,484 -1,2 -8,2
- -3
*La concentration en HCO3 dans cette équation est fixée à 10 M
(Sources: Ponnamperuma, 1972; Stumm et Morgan, 1996)

206
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Dans les sols inondés, les réducteurs comprennent la matière organique et divers
composés organiques ainsi que les composés inorganiques tels NH4+, Fe2+, Mn2+, CH4 et
H2. Les oxydants sont quant à eux constitués des substances inorganiques tels O 2, NO3-,
MnO2, FeOOH, SO42- et HCO3- (Delaune et Reddy, 2005).

La réaction de réduction représentée à l’équation (6.1) peut être quantitativement


définie par le changement de l’énergie libre de Gibbs (ΔG) par la relation :

° ( ) (6.2)

Où ° est la variation de l’énergie libre standard de Gibbs, est la constante des gaz
parfaits, et est la température absolue.

L’équation de Nernst exprime la réaction de réduction en termes de l’énergie


électrochimique en millivolts, en connaissant que , par l’équation :

( ) (6.3)

Où est le potentiel de l’électrode, est le potentiel standard de la demi-cellule,


est la constante de Faraday, et les activités des composés oxydés ou réduits sont
données entre parenthèses. En considérant une température de 25°C et en remplaçant
R par 8,31 JK-1mol-1, F par 9,65. 104 C. mol-1 et T par 298K, cette équation se simplifie
en :

( ) (6.4)

Cette équation montre que le potentiel redox augmente avec l’augmentation des
composants oxydés, diminue avec l’augmentation des composés réduits, et augmente
avec l’augmentation de l’activité du proton H+ (ou diminution du pH).

La réaction de réduction représentée à l’équation (6.1) peut être définie par la


constante d’équilibre :

(6.5)

Cette relation peut s’écrire sous la forme logarithmique suivante :

(6.6)

Comme le pH est défini par , peut être défini par pE (activité


relative de l’électron) et, en réarrangeant, on obtient :

207
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

(6.7)

Connaissant que la variation de l’énergie libre qui accompagne la réaction de


l’équation (6.1) est donnée par lorsque tous les réactifs et les produits
sont à l’état standard et que cette même variation peut être exprimée sous la forme
, on peut montrer que pE peut être calculé à partir de Eh par la
relation :

(6.8)

Les réactions redox sont à la base de la régulation des réactions biogéochimiques de


l’environnement de la surface terrestre. Dans la réalisation de ce genre de réactions,
les sols submergés sont généralement limités par les accepteurs d’électrons et
possèdent un excès de donneurs d’électrons, et sont donc le siège des réactions de
réduction. Après submersion, les accepteurs d’électrons sont successivement réduits
en commençant par l’oxygène suivi par les nitrates et les composés du manganèse
oxydé, et puis les composés de fer ferrique. Après la réduction du fer ferrique, ce sont
les sulfates qui peuvent alors être réduits, et en dernier lieu le dioxyde de carbone est
réduit en méthane (Ponnamperuma et al., 1967 ; Ponnamperuma, 1972 ; Delaune et
Reddy, 2005). Au cours de ce processus de réduction, le potentiel redox diminue,
passant des valeurs positives aux valeurs négatives. Tandis que le Eh des sols bien
aérés est généralement supérieur à +400 mV, celui des sols continuellement inondés
est généralement inférieur à +350 mV et peut atteindre des valeurs inférieures à -300
mV (Pezeshki et DeLaune, 2012 ; Pearsall et Mortimer, 1939).

Dans les six sols de Mugerero incubés en anaérobiose pour le suivi des changements
électrochimiques, les valeurs d’Eh ont été mesurées au cours de l’incubation et sont
montrées à la figure 6.3. Elles variaient entre +104 à +179 mV après une journée
d’incubation. Elles ont ensuite rapidement diminué jusqu’aux valeurs comprises entre -
97 et -23 mV après 15 jours d’incubation. Au même moment, les Eh des sols 1, 3, 4, 15
et 18 étaient au niveau minimal alors que celui du sol 5, plus riche en matière
organique et en argile que les autres, l’a atteint après 21 jours d’incubation. On note
que les Eh semblent se stabiliser après avoir atteint le minimum jusqu’à la fin de
l’expérience pour les sols 1 et 5. Il y a eu par contre des remontées de Eh après le 21ème
jour pour les sols 3 et 15 et après 35 jours d’incubation pour le sol 18. Les chutes de
potentiel redox durant les premiers temps d’anaérobiose sont reconnues être dues à
la diminution rapide de l’oxygène par respiration des microorganismes aérobies stricts
et anaérobies facultatifs. Les diminutions qui s’observent dans les périodes qui suivent

208
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

les premiers temps d’incubation sont attribuables aux espèces chimiques solubles
telles que le fer ferrique et les composés manganiques.

L’examen des variations des concentrations des espèces chimiques solubles, du pH et


du Eh au cours de l’incubation révèle des similarités des schémas d’évolution des pH et
des Eh. Les deux variables diminuent au même moment et se stabilisent en même
temps pour les sols aux pH alcalins tandis qu’ils évoluent en sens inverse tout en
affichant des paliers au même moment pour les sols au pH inférieurs à 7. Des
observations pareilles de stabilisation des pH au moment de l’arrêt des diminutions
d’Eh ont été faites par les études antérieures notamment celle menée sur les sols
acides par Takai et al. (1957), cité par Kyuma (2004) et celle de Narteh et Sahrawat
(1999), et peuvent être expliquées par la relation (6.4).

Figure 6.3: Evolution du potentiel redox des solutions au cours de l'incubation en anaérobiose

Par exposition à l’air libre, les Eh des solutions ont d’une manière générale augmenté
et semble se stabiliser après une courte période d’un jour (Figure 6.4). Des cas de
diminution de cette variable ont été notés pour quelques solutions incubées pendant
une période relativement courte (1 à 6 jours). Les Eh qui s’étendaient dans une gamme
variant entre -108 et 198 mV juste après extraction ont évolué vers des valeurs
comprises entre 42 à 165 mV avec une moyenne de 116 mV après une journée
d’exposition et entre 93 et 175 mV avec une moyenne de 133 mV après 5 jours
d’exposition. Ces augmentations du Eh seraient la conséquence de l’oxydation des
formes réduites de Fe, de Mn par l’O2 de l’air.

209
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.4: Evolution du potentiel redox des solutions exposées à l'air après incubation en anaérobiose

6.3.1.3. Evolution de la conductivité électrique

L’évolution des CE des solutions extraites au cours de la période d’incubation des sols
dans l’eau est montrée à la figure 6.5. Sur cette figure, l’échelle des CE du sol 15 très
chargé en sels est représentée à l’axe vertical secondaire. Dans tous les sols incubés,
des augmentations de la CE sont observées au début de l’anaérobiose. Néanmoins, le
schéma d’évolution n’est pas uniforme pour tous les sols : alors que les CE des sols 1,
3, 5 et 18 augmentent dès le début de l’incubation et atteignent des valeurs maximales
après 10 jours, 21 jours, 35 jours et 15 jours respectivement, celles des sols 4 et 15
augmentent continuellement durant l’incubation avec une inflexion au 21ème jour pour
le sol 4.

6.3.1.4. Evolution des ions solubles

Les schémas d’évolution des concentrations des solutions incubées en cations solubles
(Ca, Mg, Fe, Mn, Na et K) et en anions P et S sont montrés à la figure 6.6. On note que
le Na se taille la plus grande part parmi les cations dans toutes les solutions extraites
aux 9 dates d’extraction.

Les concentrations en Ca et en Mg solubles dans le sol 1 augmentent et atteignent les


valeurs maximales après 10 jours d’incubation puis diminuent et atteignent une valeur
stable au 15ème jour. Les concentrations de ces éléments pour les sols 3 et 4
210
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

augmentent continuellement jusqu’à la fin de l’expérience. Pour le sol 5, ces variables


augmentent et atteignent le maximum après 28 jours d’incubation; ce schéma est
aussi affiché pour le Mg du sol 15. Dans le sol 18, ces deux variables augmentent
remarquablement jusqu’au 15ème jour et connaissent ensuite de faibles augmentations
jusqu’au 35ème jour et des diminutions jusqu’à la fin de l’expérience sur la cinétique au
42ème jour.

Figure 6.5: Evolution de la conductivité électrique des solutions au cours de l'incubation en anaérobiose

Les concentrations en sodium ont continué d’augmenter d’une manière générale dans
tous les sols mais les augmentations sont faibles pour le cas des sols 1 et 5. Dans les
solutions des sols 2, 3 et 18, le maximum est atteint après 28 jours d’incubation. Après
cette date, l’évolution de la concentration en Na prend des schémas différents dans
ces 3 sols : elle devient stable pour les sols 2 et 3 alors qu’elle diminue pour le sol 18.
Dans le sol très salin (sol 15), la concentration en Na augmente au début de
l’incubation puis diminue jusqu’à la valeur de 926 mg/L au 10ème jour ; elle réaugmente
jusqu’au maximum de 1022 mg/L au 28ème jour et décroit ensuite jusqu’à la fin de
l’expérience.

La dynamique du potassium au cours de l’incubation est caractérisée par une


stabilisation des concentrations aux valeurs proches de 5 mg/L pour le sol 1 et situées
entre 5 et 6 mg/L pour le sol 5. Dans les sols 4 et 15 par contre, on remarque que les
concentrations en potassium diminuent jusqu’au 6ème et 21ème jour respectivement.

Les sols incubés ont affiché des comportements différents vis-à-vis de la libération du
fer en solution. Les sols 1, 15 et 18 ont connu des augmentations en fer avec
l’incubation les premiers jours avant de connaître des diminutions au 15ème jour pour
le sol 18, au 21ème jour pour le sol 1 et au 28ème jour pour le sol 15. Les sols 3 et 4, très

211
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

riches en bicarbonates, ont connu des diminutions en fer avec l’incubation, le sol 4
ayant atteint un palier minimal au 15ème jour d’incubation.

Les teneurs en manganèse augmentent rapidement au début de l’expérience et


atteignent le maximum après 10, 21, 21, 28, 28, 15 jours respectivement dans les
solutions des sols 1, 3, 4, 5, 15 et 18. Des diminutions en teneurs de cet élément sont
ensuite observées dans les sols 3, 4 et 18.

Les concentrations en phosphore évoluent suivant deux schémas dans les six sols. Elles
connaissent des légères augmentations durant les premiers jours d’incubation pour les
sols 1, 15 et 18 alors qu’elles diminuent dans les sols 3, 4 et 5. La concentration
maximale en P est atteinte au 15ème jour, date à laquelle commence à se manifester
des diminutions en P pour le sol 18. La teneur en P dans le sol 1 atteint le maximum
après 21 jours d’incubation et diminue ensuite jusqu’au 28 ème jour et se stabilise. Les
augmentations du P avec l’incubation dans le sol très salé (sol 15) semblent
continuelles tout au long de l’expérience. La diminution de la concentration du P
continue respectivement jusqu’au 28ème jour et 15ème jour respectivement pour les sols
3 et 4. Les teneurs en P du sol 5 ont atteint le minimum après 10 jours d’incubation et
ont augmenté pour se stabiliser au 21ème jour.

L’évolution du soufre n’a pas été uniforme pour tous les six sols. Les sols 1 et 5
connaissent au début de l’incubation des légères diminutions en soufre soluble total
jusqu’au 10ème jour ; ses valeurs se stabilisent par après jusqu’à la fin de l’expérience.
Les sols 3, 15 et 18 ont connu d’abord des augmentations en concentrations du soufre
jusqu’à la stabilisation après 3 et 6 jours pour les sols 18 et 3. L’évolution du soufre
pour le sol très salé (sol 15) a été chaotique ; elle a été caractérisée par des
alternances des augmentations et des diminutions de sa concentration.

L’analyse des évolutions des concentrations en éléments solubles au cours de


l’incubation montre que le calcium et le magnésium présentent un même schéma
d’évolution pour tous les sols sauf pour le sol plus salé (sol 15) et que ces deux
éléments influencent l’évolution de la CE. De même, le Fe et le P présentent une
cinétique de libération identique pour tous les sols sauf pour le sol 5 très riche en
argile (Figure 6.7).

Ces évolutions analogues des concentrations du fer et du phosphore laissent penser


que les libérations du phosphore au cours de l’incubation seraient dues à la dissolution
des minéraux contenant du fer. Cette constatation rejoint les résultats de Peretyazhko
et Sposito (2005) qui ont travaillé sur des ultisols de Puerto Rico. Les principaux

212
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

processus à la base des augmentations des teneurs en P soluble dans les sols
submergés sont, selon Kirk (2004), la réduction des minéraux ferriques qui fixent le P
sous des formes adsorbée ou occluse, le déplacement du P adsorbé par les ligands
organiques, la complexation des ions métalliques solubles (ex. Fe et Al) empêchant
ainsi la précipitation de ces minéraux et la libération du P organique issu de la
décomposition de la biomasse microbienne.

Une analogie allant dans le sens inverse est observée entre la dynamique de libération
du Mn en solution et l’évolution du Eh pour tous les sols. Au moment des diminutions
considérables d’Eh durant les premiers jours de l’incubation, on observe des
augmentations rapides de Mn et, des paliers sont observés au même moment pour les
deux variables. Pareil rapprochement des dynamiques en sens inverse sont observés
pour le Eh et le fer libéré pour les sols 1, 15 et 18 tandis que le fer diminue avec
l’incubation pour les sols 3 et 4.

Figure 6. 6: Evolution des espèces ioniques des solutions au cours de l’incubation


Note : Les figures de droite sont des agrandissements des figures de gauche pour les concentrations en Fe, Mn et
K ; elles ne montrent pas par conséquent les teneurs en Ca et Mg

213
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.6 (Suite) Evolution des espèces ioniques des solutions au cours de l’incubation
Note : Les figures de droite sont des agrandissements des figures de gauche pour les concentrations en Fe, Mn et
K ; elles ne montrent pas par conséquent les teneurs en Ca et Mg

214
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.6 (Suite) Evolution des espèces ioniques des solutions au cours de l’incubation
Note : Les figures de droite sont des agrandissements des figures de gauche pour les concentrations en Fe, Mn et
K ; elles ne montrent pas par conséquent les teneurs en Ca et Mg

Figure 6. 7: Relation entre les teneurs en Fe et en P dans les solutions incubées

215
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.7 (Suite) : Relation entre les teneurs en Fe et en P dans les solutions incubées

6.3.2. Analyse de la composition de la solution, du complexe d’échange et de


l’équilibre d’échange cationique entre ces deux phases après une incubation
de 28 jours

6.3.2.1. Effet de l’anaérobiose sur les paramètres de la solution

L’analyse des résultats sur la dynamique des propriétés de la solution au cours de


l’anaérobiose qui vient d’être présentée a montré que certains paramètres
augmentent alors que d’autres diminuent pendant les premiers jours d’incubation. Elle
a permis aussi de remarquer qu’une stabilisation des paramètres est observée
généralement entre la troisième et la quatrième semaine d’incubation. Disposant de
cette information, tous les 53 échantillons de sols objets de cette étude ont été
incubés pendant 4 semaines pour en examiner les propriétés physico-chimiques
caractéristiques des conditions anaérobies. Les résultats obtenus sont donnés dans les
tableaux 6.9 et 6.10 en annexe. Dans ce paragraphe, nous confrontons pour chaque
variable chimique les valeurs mesurées dans les solutions obtenues après anaérobiose
et celles mesurées dans les solutions non incubées et dosées après 12 heures
d’équilibrage. Des corrélations entre certaines variables sont établies ; elles apportent
une aide à l’explication de certains phénomènes observés.

6.3.2.1.1. Effet de l’incubation sur le pH

Les pH des solutions incubées pendant 28 jours ont varié différemment selon les sols.
La confrontation des pH des solutions extraites après 28 jours d’incubation et ceux des
solutions non incubées départage les sols étudiés en deux groupes selon qu’il y a un
effet de diminution ou d’augmentation du pH due à l’incubation (Figure 6.8). Un
examen des caractéristiques chimiques des sols montre qu’il y a un effet de l’alcalinité

216
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

bicarbonatée sur la variation du pH durant l’anaérobiose. En effet, les pH des solutions


dont la part des (bi)carbonates dans la salinité anionique est faible n’ont pas diminué
durant l’incubation (Figure 6.8 à droite). On pourrait alors dire que, durant
l’anaérobiose, l’alcalinité de nos sols serait engagée dans des réactions chimiques
génératrices de protons notamment la précipitation des minéraux carbonatés, ce qui
réduit le pH de la solution.

Figure 6.8: Comparaison entre les pH des solutions incubées et les pH des solutions non incubées (à gauche) ;
effet du pourcentage des ions (bi)carbonates sur les variations du pH

L’exposition à l’air libre des solutions obtenues après incubation en anaérobiose a fait
remonter leur pH. Bien que la plupart des solutions aient atteint des pH supérieurs à
ceux des solutions extraites des suspensions non incubées et ouvertes à l’air, il n’en a
pas été le cas pour toutes. Vingt échantillons sur cinquante trois ont gardé des pH
inférieurs à ceux des solutions non incubées extraites dans des conditions non
réductrices et ouvertes à l’air (Figure 6.9). Alors que les pH des solutions issues des
suspensions non incubées variaient entre 6 et 10, ceux des solutions exposées à l’air
libre après incubation de 28 jours varient entre 7 et 9.

217
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.9: Comparaison entre les pH des solutions incubées et exposées à l’air pendant 5 jours et ceux des
solutions non incubées

6.3.2.1.2. Effet de l’anaérobiose sur la potentiel d’oxydoréduction Eh

La caractéristique principale qui distingue un sol submergé sous eau d’un sol bien
drainé est qu’il est en état de réduction. Un sol engorgé est le siège des réactions de
réduction et possède de surcroît un potentiel d’oxydoréduction (Eh) faible. Dans de
telles conditions, les formes chimiques NO3-, Mn4+, Fe3+, SO42- et CO2 sont réduites en
N2 ou NH4+, H2S, Mn2+, Fe2+ et CH4 par des réactions accompagnant la respiration
anaérobie des bactéries du sol qui utilisent la matière organique, comme donneur
d’électrons (Ponnamperuma, 1972 ; Kyuma, 2004; Kirk, 2004 ; Delaune et Reddy,
2005).

Le potentiel redox des sols, qui est généralement compris entre +400 et +700 mV en
conditions aérobies, chute jusqu’aux valeurs pouvant atteindre -300 mV selon les
caractéristiques du sol notamment la teneur en matière organique, en nitrate, en
manganèse, en sulfate et en fer ferrique.

Il existe une divergence des potentiels mesurés dans les sols et ceux mesurés dans les
solutions du sol. Les solutions des sols ont rarement des Eh inférieurs à 0 mV tandis
que les Eh des sols réduits peuvent descendre jusqu’aux valeurs inférieures -300 mV
(Kyuma, 2004). Dans les solutions des sols de Mugerero, des valeurs comprises entre -
56 mV et +239 mV ont été mesurées dans les solutions après 28 jours d’incubation. En
observant la distribution des valeurs de Eh, on se rend compte que seules 7 solutions
sur les 53 ont des Eh négatifs et que 36 solutions ont des Eh supérieurs à 100 mV (ou
pE > 1,7).

218
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Bien que la relation (6.4) montre que le Eh peut être prédit à partir du pH, on n’a pas
trouvé de relation linéaire entre les deux variables pour les sols étudiés (Figure 6.10).
Cela s’expliquerait par l’hétérogénéité des composants qui participent au pouvoir
tampon dans les sols étudiés. En effet, la relation (6.4) suppose que Eh contrôle le pH
du système, phénomène valable pour les solutions mais pas toujours valable dans les
sols car le pouvoir tampon du sol vis-à-vis du pH est affecté par les composants du sol,
tels que les silicates, les carbonates, les oxydes, la matière organique et les minéraux
argileux, qui ne sont pas impliqués dans les réactions d’oxydo-réduction. Dans la
fourchette des pH compris entre 8,6 et 6,2, ce sont les carbonates qui entrent en jeu
(Gabat et al., 2010). Pour le cas des sols étudiés, la matière organique semble avoir
une influence sur le Eh puisqu’une corrélation entre les deux variables est observée
(Figure 6.11).

Figure 6. 10: Relation entre le potentiel redox et le pH

Figure 6.11: Relation entre le potentiel redox et le pourcentage en carbone organique

219
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

6.3.2.1.3. Effet de l’anaérobiose sur la conductivité électrique

Les CE des extraits des sols incubés sous anaérobiose sont plus élevées que celles des
extraits des sols non incubés. Ces augmentations sont illustrées à la figure 6.12 (à
gauche). La valeur minimale qui était de 0,03 dS/m pour les solutions non incubées est
devenue 0,09 dS/m après incubation tandis que la médiane a évolué de 0,63 dS/m à
0,84 dS/m ; traduisant des effets de l’anaérobiose sur l’augmentation des charges
ioniques en solution.

Connaissant que la CE est fonction de la somme des cations et que l’anaérobiose


provoque la libération des cations en solution, il est certain que c’est ce dernier
phénomène qui est à la base des augmentations des CE des solutions incubées. Ces
augmentations de CE sont plus visibles pour les solutions à faible salinité (Figure 6.12 à
droite) car les augmentations des cations solubles sont proportionnellement plus
importantes dans ce groupe de solutions.

Figure 6.12: Comparaison entre la CE des solutions incubées et celles de solutions non incubées (à gauche) ;
Comparaison entre les deux séries de CE pour les faibles salinités (à droite)

6.3.2.1.4. Effet de l’anaérobiose sur la composition ionique des solutions

Au cours de la submersion, des ions sont libérés en solution et leurs concentrations


augmentent. Les formes réduites de fer et de manganèse (FeII et MnII), normalement
absentes en conditions aérobies, apparaissent en solution et sur le complexe
d’échange. Les formes oxydées du fer et du manganèse (Fe III et MnIV), retenus sous
forme d’oxydes et/ou d’hydroxydes insolubles ou sous formes associées à la matière
organique, sont réduites et libérées en solution avec d’autres composés chimiques qui
leur sont associés. Selon les conditions de pH et les concentrations des ions
accompagnateurs, une partie des cations Fe2+ et le Mn2+ se répartit aux phases

220
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

échangeable et minérale après leur libération; ce qui en réduit les concentrations dans
la phase soluble.

Dans les sols calcaires et sodiques au pH élevé, le Fe2+ et Mn2+ libérés réagissent avec
les ions CO32- pour produire des minéraux insolubles (FeCO3 et MnCO3) et des protons
qui contrebalancent ceux qui sont consommés par des réactions de réduction
(McBride, 1994). Dans de tels cas, la précipitation de ces minéraux réduit les
concentrations en Fe2+ et Mn2+ de la phase solution.

Pour les sols de Mugerero, la composition des solutions incubées en anaérobiose


pendant 28 jours est montrée au tableau 6.10 en annexe. Les principales statistiques
des proportions de chacun des cations analysés dans les solutions (incubées et non
incubées) sont données dans le tableau 6.3. Le Fe2+ et le Mn2+ sont quasi-inexistants
dans les solutions incubées. Vingt-deux solutions ont d’ailleurs des concentrations
nulles en Mn et trois solutions ont des teneurs en fer nulles. La raison la plus probable
de ces faibles concentrations en Fe et en Mn dans les solutions incubées serait le
processus de précipitation des minéraux insolubles. Une telle hypothèse a été aussi
émise par Ma et Dong, 2004) suite à une observation de la diminution des
concentrations du fer dans les solutions d’équilibre de sols alcalins de Montréal
incubés en anaérobiose. Par ailleurs, l’effet des ions carbonates sur la solubilité du Mn
des sols de Mugerero pourrait se justifier par le fait que toutes les solutions au pH
supérieur à 8 ont des concentrations nulles en Mn (Tableau 6.10 en annexe).

Une analyse globale de la composition de la phase solution des sols étudiés montre
que les extraits incubés sont largement dominés par le sodium et les sulfates à l’instar
des solutions non incubées en anaérobiose. Les parts des cations Ca et Mg en solution
ont augmenté avec l’anaérobiose, celles des monovalents K et Na ont diminué; tandis
que celles du Fe et du Mn sont largement faibles dans les solutions incubées (Tableau
6.3).

Pour examiner les changements dus à l’engorgement au niveau des concentrations de


chaque ion, une comparaison des concentrations en ions des solutions incubées et
celles des solutions non incubées a été faite pour les ions Ca, Mg, K, Na, SO4 et Cl. Ces
comparaisons sont montrées à la figure 6.13. Les concentrations en Ca ont augmenté
avec l’incubation. Il en est de même du Mg dans la majorité de cas. Les augmentations
de ces cations divalents ont été rapportées dans d’autres études similaires dont celles
menées par Lu et al. (2004) et celle de Narteh et Sahrawat (1999). Ces augmentations
peuvent provenir de (1) la dissolution des carbonates et des bicarbonates sous
l’influence des conditions réductrices, (2) la perte des sites d’échange par solubilisation
221
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

du carbone organique et des hydroxydes de Fe2+ et de Mn2+, et (3) le déplacement des


cations échangeables par les cations Fe et Mn libérés dans la solution suite à
l’anaérobiose (Lu et al., 2004). Pour notre cas, les augmentations des teneurs en Ca et
en Mg en solution seraient principalement dues au deuxième processus puisque les
gains en ces cations semblent dépendre de la teneur en carbone organique (Figure
6.14).

Concernant les variations des concentrations en cations monovalents, dix-neuf


solutions incubées ont des plus faibles teneurs en Na que les solutions issues des
suspensions non incubées. Ce sont essentiellement des solutions des sols au faible
taux de carbone organique (C% < 0,7%). Les augmentations des teneurs en Na
observées dans certains cas pourraient donc être imputées à la libération du Na
adsorbé sur la matière organique. Des diminutions des concentrations en potassium
solubles ont été remarquées dans 21 solutions. Une autre remarque intéressante est
que toutes les solutions dont les concentrations en Na et en K ont régressé suite à
l’anaérobiose ont des concentrations négligeables, nulles ou quasi-nulles en Fe et en
Mn.

Les concentrations en SO42- semblent être inchangées ; les écarts entre les
concentrations en sulfate des solutions incubées et celles non incubées oscillent entre
-1 et 1 mmolc/L sauf pour quelques solutions dans lesquelles des augmentations
remarquables de ces ions ont été observées avec l’incubation en anaérobiose. Ces
dernières solutions comptent parmi celles qui ont des plus faibles valeurs de Fe et de
Mn.

Le rôle de la matière organique dans les réactions de réduction dans les sols est
déterminant. C’est le principal donneur d’électrons dans de telles réactions. Plus les
sols sont riches en matière organique, plus importantes sont les réactions d’oxydo-
réduction et ; plus importantes sont les augmentations des concentrations des cations
solubles. Ainsi, des corrélations entre les gains (ou pertes) de charges de Ca2+, de Mg2+,
de K+ et de Na+ en solution et le pourcentage en carbone organique ont été observées
(Figure 6.14).

Les concentrations en sulfates n’ayant pas remarquablement changé, il y a lieu de


supposer que ces ions sont moins impliqués dans les réactions chimiques induites par
les conditions réductrices dans les sols étudiés. Une absence de corrélation entre le S
total et le pourcentage en carbone organique est aussi notée pour les solutions des
sols de Mugerero ; ce qui traduirait l’origine minérale de la grande proportion du S
présent en solution. Par ailleurs, une bonne corrélation positive (r 2 = 0,99) entre le S
222
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

total et les ions SO42- dans les solutions incubées est observée et est représentée à la
figure 6.15. La pente de la relation entre ces deux séries étant presque égale à l’unité,
on pourrait présumer l’absence ou le faible degré de réduction des sulfates au cours
de l’incubation.

Tableau 6.3: Proportions des charges des cations en solution pour les conditions aérobies et anaérobies

Minimum Quartile 1 Médiane Quartile 3 Maximum Moyenne


Cation A An A An A An A An A An A An
Ca 0,29 0,96 1,75 3,73 4,36 9,2 9,32 17,63 50,1 60,02 7,36 13,32
Mg 0,33 1,12 2,59 5,31 4,8 12,99 11,66 18,3 29,54 30,34 7,81 12,56
K 0,1 0,1 0,27 0,24 0,6 0,57 1,35 0,94 8,6 7,53 1,11 0,84
Na 18,49 9,32 75,34 61,83 89,6 77,32 94,63 90,69 99,1 97,5 83,72 72,62
Fe 0 0,02 0,06 0,23 7,86 0,51
Mn 0 0 0,005 0,218 1,397 0,16
A = conditions aérobies ; An = conditions anaérobies

Figure 6.13: Comparaison des concentrations en ions des solutions incubées et celles des ions des solutions non
incubées

La réduction des sulfates s’opère en conditions fortement réductrices caractérisées par


des valeurs largement négatives du Eh (entre -150 et -200 mV) après l’épuisement de
l’oxygène et des nitrates mais aussi en présence de la matière organique. Le retard de
réduction des sulfates en sulfure est donc contrôlé par les quantités d’oxygène et

223
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

d’autres oxydants tels les nitrates et les oxydes de Mn et de Fe qui sont supposés subir
une réduction avant les sulfates tel que prédit dans le schéma séquentiel de Patrick et
Reddy (1978) des réactions de réduction dans le sol (Kyuma, 2004). Dans le même
ordre d’idée, on pourrait attribuer à cette absence de réduction des sulfates dans nos
sols à leur faible teneur en matière organique. De même, la persistance des ions NO 3-
dans les solutions même en faibles concentrations et les valeurs du potentiel redox qui
sont positives pour la plupart (Tableau 6.9 de l’annexe) ne peuvent pas être propices à
ce processus. La réduction des sulfates en sulfure H2S ne peut se réaliser
naturellement que dans les faibles valeurs de Eh sauf dans les cas des sols sulfatés
acides où la possibilité d’une telle réaction est rapportée dans des conditions de Eh
supérieur à 350 mV (Howarth et Teal, 1979 ; Howes et al., 1981).

Figure 6.14: Effet du pourcentage en carbone organique sur les changements des concentrations équivalentaires
des cations solubles au cours de l'anaérobiose

224
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.15: Comparaison entre les teneurs en soufre total analysées par ICP et en ion sulfate analysées par HPLC
(à gauche : échelle normale ; à droite : échelle logarithmique)

6.3.2.1.5 Effet de l’anaérobiose sur l’équilibre de solubilité des minéraux

La spéciation chimique des solutions extraites après l’incubation et la présence


éventuelle de minéraux précipités dans ces solutions ont été déterminées avec le
logiciel Visual Minteq 3.0. mis au point par Gustafsson (2010). L’analyse des index de
saturation des minéraux a permis d’identifier des minéraux qui auraient précipité par
anaérobiose. Les équilibres de solubilité du Ca, du Mg et du Na ont été largement
débattus dans les chapitres 3 et 5. Dans ce paragraphe, nous parlerons des équilibres
qui font intervenir le Fe et le Mn qui n’apparaissent en solution qu’en cas
d’anaérobiose dans les sols au pH élevé comme ceux qui sont l’objet de cette étude.
Des minéraux ferriques et manganiques susceptibles de précipiter en conditions
anaérobiques sont la sidérite, la vivianite et rhodochrosite (Kyuma, 2004 ; Diatta,
2008).

Les faibles concentrations en Fe et en Mn des solutions incubées pendant 28 jours


laissent présumer qu’il y aurait eu un phénomène de précipitation des minéraux
comme la rhodochrosite (MnCO3) et la sidérite (FeCO3). En effet, dans les sols au pH
alcalin, la solubilité du fer et du manganèse est limitée par la précipitation des
carbonates insolubles de fer (sidérite) et de manganèse (rhodochrosite) suite à la
réaction de ces cations avec le H2CO3 (lui-même lié au CO2) suivant les relations
(McBride, 1994) :

 (6.9)

 (6.10)

225
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

L’examen des index de saturation des minéraux donnés par Visual Minteq 3.0
montrent que dix solutions contenant du Mn (même en faibles quantités) sont plus ou
moins en équilibre par rapport à la rhodochrosite (MnCO3). La moindre présence de
Mn2+ en solution suffit donc pour provoquer la précipitation de ce minéral (Figure
6.16).

Les échantillons aux concentrations en fer relativement élevées sont en équilibre par
rapport à la sidérite (FeCO3) comme le montre la figure 6.17 (à gauche). La même
figure montre que d’autres facteurs influencent cette sursaturation notamment le pH
de la solution (Figure 6.17 à droite).

Figure 6.16: Effet des teneurs en Mn sur l'index de saturation rhodochrosite

Figure 6.17: Effet des teneurs en Fe et du pH sur l'index de saturation de la sidérite

226
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

6.3.2.2. Effet de l’anaérobiose sur la composition du complexe d’échange

Dans les sols inondés, une partie du FeII et du MnII formés et solubilisés influencent les
processus d’échange ionique et les réactions d’adsorption. Naturellement absents
dans les solutions des sols et sur le complexe d’échange en conditions aérobies, ces
formes réduites de fer et de manganèse sont libérées en solution et entrent en
compétition sur le complexe d’échange avec les autres cations en cas de submersion.
Dans les sols calcaires et sodiques au pH élevé, les minéraux insolubles à base du Fe et
du Mn (sidérite, rhodochrosite) précipitent juste après leur libération en solution avant
qu’ils n’entrent en compétition avec les autres cations sur le complexe d’échange.
Ainsi, dans les sols de Mugerero soumis à l’anaérobiose, des teneurs nulles et quasi-
nulles de fer et de manganèse ont été trouvées dans les extraits de chlorure
d’ammonium à pH 7 (Tableau 6.11 en annexe).

Les principales statistiques sur les taux de saturation des cations échangeables en
pourcents sont données au tableau 6.4. Le constat est que le complexe d’échange des
sols incubés en anaérobiose est globalement dominé par le Ca suivi du Mg et du Na. Le
potassium vient en quatrième position et est faiblement représenté. Comme dans la
phase solution, une quasi-absence du Fe et du Mn sur le complexe d’échange est
notée. Le Fe n’est détecté que dans 6 échantillons ; mais aussi avec des valeurs
extrêmement petites. Cette faible représentation pourrait être expliquée par les
raisons ci-haut évoquées pour la phase solution. Quant à l’influence de l’alcalinité sur
ces taux de saturation en manganèse, on note que les solutions au pH supérieur à 8
ont des valeurs nulles en Mn échangeable; ce qui justifie l’effet limitant des
carbonates sur sa disponibilité en conditions alcalines. L’ESP étant une caractéristique
intéressante dans les études sur les sols affectés par la salinité, on peut tenter
d’examiner les changements dus à l’incubation. Par comparaison de ses valeurs en
conditions aérobies et anaérobies (Tableau 6.4 et Figure 6.18), on constate que des
légères diminutions de ce paramètre surviennent avec l’anaérobiose.

Tableau 6.4: Taux de saturation du complexe d'échange en cations (%) pour les conditions aérobies et anaérobies

Minimum Quartile 1 Médiane Quartile 3 Maximum Moyenne


Cation A An A An A An A An A An A An
Ca 24,85 24,07 37,36 42,97 44,04 48,9 52,83 56,27 71,77 70,48 46,26 48,7
Mg 17,19 17,36 34,89 31,77 38,88 35,03 43,25 41,19 49,62 56,6 38,34 36,11
K 0,02 0,61 0,32 0,87 0,45 1,19 0,96 1,93 2,02 4,45 0,68 1,56
Na 0,03 0,37 4,91 4,51 11,66 11,86 19,95 17,47 50,6 48,71 14,72 13,05
Fe 0 0 0 0 8,22 0,22
Mn 0 0 0,01 0,36 2,69 0,37
A = aérobies ; An = anaérobies

227
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.18: Comparaison entre les valeurs d'ESP obtenues en conditions aérobies et anaérobies

6.3.2.3. Variabilité des propriétés de la solution et du complexe d’échange entre les


parcelles rizicoles et les parcelles abandonnées et variabilité verticale de ces
propriétés

Pour examiner d’éventuelles différences entre les sols des parcelles rizicoles et ceux
des parcelles abandonnées d’une part, et entre les horizons des profils pédologiques
d’autre part, une analyse de la variance (ANOVA) a été réalisée avec SAS Enterprise
Guide 5.1. Les moyennes étaient comparées en utilisant le test multivarié de Student-
Newman-Keuls (p < 0,05).

Les moyennes des variables des solutions des sols incubés en anaérobiose selon
diverses catégories sont présentées au tableau 6.5. La comparaison entre les 13
parcelles rizicoles et les 6 parcelles abandonnées montre que :

- la moyenne des pH des parcelles abandonnées, égale à 7,62, est significativement


plus élevée que celle des parcelles rizicoles dont la valeur est 7,00 ;
- la moyenne des Eh des parcelles rizicoles (Eh moyen de 83,2 mV) est supérieure à
celle des parcelles abandonnées (Eh moyen de 32,7 mV) malgré l’absence de
différence significative entre les deux moyennes ;
- les moyennes des concentrations en Ca, Mg, Na, Cl et SO4 solubles des parcelles
abandonnées sont nettement plus élevées que celles des parcelles rizicoles.
Cependant, exception faite pour le Na, leurs différences ne sont pas significatives à
cause de la grande variabilité des sols de chaque catégorie.

La variation verticale des variables de la solution est évaluée sur les échantillons des
profils pédologiques creusés sur une parcelle rizicole et trois parcelles abandonnées où

228
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

la végétation naturelle est dominée par Cynodon sp, Typha domingensis et Cyperus
platicaulis. Les valeurs des variables pour chaque horizon et chaque parcelle sont
présentées au tableau 6.5 ; ce sont des moyennes des horizons de même type pour les
trois profils de la parcelle. On note des augmentations significatives des moyennes de
pH avec la profondeur au sein de la parcelle rizicole et au sein de la parcelle à
végétation naturelle dominée par Typha domingensis. Nous remarquons en outre des
augmentations non significatives de cette variable avec la profondeur dans les
parcelles occupées par les végétations dominées par Cynodon sp et Cyperus platicaulis.
Des diminutions non significatives des moyennes d’Eh sont observées dans toutes les 4
parcelles. Le Ca et le Mg montrent des augmentations non significatives avec la
profondeur, sauf pour la parcelle à dominance de Typha domingensis pour le Ca. Le Na
est, dans toutes les parcelles, moins concentré dans les horizons de surface que dans
les horizons sous-jacents. Les concentrations en sulfates diminuent avec la profondeur
dans les parcelles occupées par des végétations dominées par Cynodon sp et Cyperus
platicaulis tandis qu’elles augmentent avec la profondeur dans la parcelle rizicole. Les
concentrations en chlorure montrent des augmentations (non significatives) avec la
profondeur dans toutes les parcelles sauf dans la parcelle à dominance de Typha
domingensis où la moyenne des teneurs de cet anion dans les horizons de surface est
significativement plus élevée que dans les horizons de profondeur.

Les moyennes des cations échangeables des divers groupes d’échantillons (analysés
dans les extraits de NH4Cl, 1M et exprimés sous la forme de pourcentages
d’occupation du complexe d’échange) sont données dans le tableau 6.6. On constate
que la moyenne du taux de saturation en sodium (ESP) des parcelles rizicoles (ESP
moyen de 5,8%) est significativement plus basse que celle des parcelles abandonnées
(ESP moyen de 15,2%). Par contre, on observe une situation inverse pour le taux de
saturation en Ca (ECP) bien que l’analyse statistique ne révèle pas de différence
significative entre les deux catégories de sols. Les taux de saturation moyens du
complexe d’échange en magnésium (EMP), en fer (EIP) et en manganèse (EMaP) des
parcelles rizicoles sont presqu’identiques à ceux des parcelles abandonnées.

L’analyse de la variabilité verticale des taux d’occupation du complexe d’échange par


les cations montre que l’horizon de surface présente des valeurs d’ESP plus faibles que
celles des horizons de profondeur dans toutes les 4 parcelles. Cependant, les
différences ne sont pas significatives pour la parcelle rizicole et pour la parcelle dont la
végétation naturelle est dominée par Cynodon sp. Des fluctuations inverses sont
notées pour les taux de saturation en Ca (ECP) et en K (EPP) pour lesquels les
moyennes des horizons de surface sont plus élevées que celles des horizons de

229
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

profondeur. Toutefois, la significativité statistique des différences est seulement notée


pour la parcelle rizicole pour les deux variables (ECP et EPP) et pour les parcelles
dominées par le Cynodon sp et Typha domingensis pour le K.

Si on analyse les conclusions des précédentes comparaisons entre les catégories


d’échantillons pour les variables de la solution et du complexe d’échange en conditions
anaérobies, on constate qu’elles sont analogues à celles qui ont été tirées des
comparaisons de ces catégories de sols en conditions ouvertes à l’air au rapport
sol/eau de 1/2 au chapitre 3. Cette analogie s’expliquerait par les faibles libérations de
Fe2+ et de Mn2+ en cas d’anaérobiose et par les faibles teneurs en matière organique
des échantillons de sols étudiés.

230
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Tableau 6. 5: Caractéristiques chimiques des solutions des sols de Mugerero soumis à l’anaérobiose*

Ca Fe K Mg Mn Na Cl SO4
Hz Pr. pH Eh (mV) CE (dS/m)
(mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L) (mmolc/L)
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
A 0-25 6,99±0,32b 83,2±101,9a 0,74±0,46a 1,73±1,24a 0,05±0,08a 0,09±0,04a 1,61±1,06a 0,04±0,04a 4,59±3,6b 0,05±0,02b 3,75±3,88a
Parcelles abandonnées (n=6)
A 0-25 7,62±0,78a 32,7±88,7a 1,74±1,89a 2,04±2,41a 0,05±0,1a 0,1±0,03a 4,4±8,02a 0,03±0,03a 14,28±15,6a 0,18±0,22a 13,18±23,68a
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
A 0-35 6,51±0,19b 209,1±26,6a 0,23±0,12a 0,98±0,8a 0±0a 0,03±0a 0,5±0,39a 0±0a 0,71±0,94b 0,05±0,01a 0,1±0,04a
B 36-57 8,08±0,39a 155,1±12,0a 0,36±0,08a 0,36±0,15a 0,03±0,02a 0,03±0,02a 0,39±0,12a 0±0a 4,37±2,35a 0,04±0,01a 0,24±0,22a
C 58-120 8,07±0,08b 150,7±15,8a 0,35±0,04a 0,3±0,05a 0,01±0,01a 0,02±0,01a 0,26±0,02a 0±0a 2,72±0,36ab 0,06±0,01a 0,47±0,22a
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
A 0-38 7,53±0,09a 136,87±64,9a 3,04±0,81a 4,25±2,27a 0±1a 0,05±0,02a 5,03±2,59a 0±1a 17,78±9,29 0,21±0,2a 30,18±10,68a
C 35-120 8,54±0,35a 187,9±14,3a 2,99±1,16a 2,74±2,34a 0±0a 0,03±0,02a 3,55±2,92a 0±0a 19,95±11,3a 0,3±0,18a 29,72±14,68a
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
A 0-20 6,92±0,19b 198,1±5,9a 1,13±0,13a 1,35±0,6a 0±0a 0,08±0,03a 1,58±0,59a 0,02±0,02a 7,7±1,67a 0,12±0,04a 7,24±2,54a
B 20-75 8,13±0,47a 147,2±44,4a 0,925±0,08b 0,39±0,13b 0,01±0a 0,02±0b 0,46±0,19b 0±0a 8,03±0,24a 0,08±0,02ab 3,93±0,54b
C 76-120 8,49±0,12a 156,9±2,9a 0,74±0,07b 0,21±0,02b 0,01±0a 0,02±0,01b 0,2±0,02b 0±0a 6,63±0,60a 0,06±0,01b 3,28±0,79b
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
A 0-25 7,93±0,59a 166,8±18,2a 1,4±0,51a 0,71±0,63a 0±0a 0,04±01a 0,74±0,41a 0±2a 11,64±4,07a 0,06±0,02a 7,88±7,14a
B 25-77 8,59±0,7a 160,5±15,8a 2,18±2,07a 0,62±0,85a 0,01±0,1a 0,03±0,01a 0,82±1,17a 0±0a 18,35±16,38a 0,1±0,08a 18,67±24,31a
C 77-120 8,67±0,26a 150,8±11a 1,66±1,76a 0,53±0,68a 0,01±0a 0,03±0,02a 0,71±0,97a 0±1a 14,36±14,58a 0,09±0,08a 13,19±20,40a
*Les valeurs des moyennes suivies des écart-types
abc : Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont pas significativement différentes au seuil de 5% ; pour les
échantillons des profils pédologiques, les moyennes portant la même lettre pour une même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%

231
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Tableau 6. 6: Caractéristiques chimiques des solutions des sols de Mugerero soumis à l’anaérobiose*

Hz Pr (cm) ESP (%) ECP (%) EMP (%) EIP (%) EMaP (%) EPP (%)
1. Echantillons composites
Parcelles rizicoles (n=13)
A 0-25 5,8±4,8b 52,2±9,9a 38,5±6,4a 0,25±0,65a 0,99±0,65a 2,34±0,96a
Parcelles abandonnées (n=6)
A 0-25 15,2±14,7a 42,1±10,5a 38,0±13,3a 1,38±3,35a 0,77±1,04a 2,52±1,06a
2. Echantillons des profils pédologiques
Parcelle rizicole
A 0-35 1,32±1,5a 69,4±1,4a 27,7±0,4c 0±0a 0,12±0,2a 1,41±0,44a
B 36-57 7±4,3a 54,0±3,1c 38,1±5,3a 0±0a 0±0a 0,96±0,14ab
C 58-120 6,4±1,7a 61±4,1b 31,9±2,5ab 0±0a 0±0a 0,74±0,02b
Parcelle abandonnée à dominance de Cynodon sp
A 0-38 13,5±4,3a 44,4±10,1a 40,8±5,6a 0±0a 0,003±0a 1,28±0,19a
C 35-120 18,5±6,4a 46,4±4,4a 34,2±4,2a 0±0a 0±0b 0,88±0,12b
Parcelle abandonnée à dominance de Typha domingensis
A 0-20 9,4±4,4b 46,4±4,7a 42,01±0,8a 0±0a 0,44±0,56a 1,76±0,19a
B 20-75 15,2±3,0ab 45,5±1,8a 38,57±1,5b 0±0a 0,01±0,01a 0,79±0,03b
C 76-120 18,6±3,5a 47,6±2,7a 33,17±1,2c 0±0a 0±0a 0,69±0,07b
Parcelle abandonnée à dominance de Cyperus platicaulis
A 0-25 17, 6±7,5b 45,1±20,6a 35,8±12,7a 0±0a 0,04±0,04a 1,47±0,7a
B 25-77 39,1±10,7a 28,7±6,3a 31,0±5,9a 0±0a 0±0,01a 1,22±0,4a
C 77-120 22,6±4,6b 45,3±4,6a 31,2±0,8a 0±0a 0,02±0,03a 0,87±0,23a
ESP, ECP, EMP ; EIP ; EMaP et EPP sont respectivement les taux de saturation du complexe d’échange en Na, Ca,
Mg, Fe, Mn et K
*Les valeurs des moyennes suivies des écart-types
abc : Pour les échantillons composites, les moyennes portant les mêmes lettres dans la même colonne ne sont
pas significativement différentes au seuil de 5% ; pour les échantillons des profils pédologiques, les moyennes
portant la même lettre pour une même parcelle ne sont pas significativement différentes au seuil de 5%

6.3.2.4. Effet de l’anaérobiose sur les équilibres d’échange cationique

Dans les sols affectés par la salinité, le sodium attire l’attention d’un nombre
important de recherches parce qu’il présente des effets néfastes sur la croissance de
plantes cultivées mais aussi sur les propriétés physiques des sols. Les effets néfastes du
Na dépendent non seulement de ses concentrations absolues dans les phases solution
et échangeable du sol mais aussi des teneurs d’autres cations en présence.

Les équilibres d’échange ionique impliquant le Na et les cations divalents Ca et Mg ont


été discutés dans les chapitres 3 et 5. Des coefficients de sélectivité d’échange ont été
évalués en conditions de laboratoire ouvertes à l’air. Or, les sols objet de cette étude
sont soumis à une submersion durant toute la période végétative du riz. Il est donc
important de mener une telle étude en conditions anaérobies. Dans ce paragraphe, il
s’agit d’établir les paramètres d’échange du sodium vis-à-vis du calcium et du
magnésium, du sodium vis-à-vis du pool des cations divalents incluant le Fe et le Mn et

232
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

du calcium vis-à-vis du magnésium. Les coefficients de sélectivité trouvés sont


comparés à ceux qui ont été calculés pour les conditions aérobies dans les chapitres 3
et 5. Du point de vue analytique, rappelons que les cations solubles ont été analysés
dans les extraits à eau et que les cations échangeables ont été obtenus en recourant à
deux méthodes différentes : différence entre les teneurs en cations extractibles (à l’Ac-
Na, pH 8,2 pour Ca et Mg et à l’Ac-NH4, pH 7 pour Na) et les cations solubles à la
dilution 1/5 pour les conditions aérobies, et extraction au NH4Cl à pH 7 pour les sols
incubés en anaérobiose. Les formulations chimiques et mathématiques utilisées sont
détaillées aux chapitres 3 et 5. Nous emprunterons les écritures ESR’, SAR’ et SAR’*
pour l’échange Na - (Ca+Mg+Fe+Mn) et nous garderons les écritures ESR, SAR et SAR*
pour l’échange Na - (Ca+Mg); le symbole D sera désormais réservé à l’ensemble des
cations Ca2+, Fe2+, Mg2+ et Mn2+.

6.3.2.4.1. Echange entre le sodium et les cations divalents

a) Formalisme de Gapon

L’application de la formulation de Gapon pour l’échange entre la Na et le pool des


cations divalents D constitué par Ca2+, Fe2+, Mg2+ et Mn2+ est opérée en utilisant les
relations (3.13) à (3.19) du chapitre 3. En portant sur un graphique ESR’ et SAR’
calculés à base des teneurs en Na et cations divalents des phases surface et soluble des
sols incubés pendant 28 jours, on obtient la figure 6.19 qui montre l’évolution de la
grandeur de KG en fonction de SAR’. Comme pour les sols non incubés, on remarque
que le coefficient de Gapon n’est pas constant et qu’il augmente avec l’augmentation
de la charge sodique. Nonobstant cette croissance de avec la sodicité, une valeur
constante de de 0,015 est obtenue dans la gamme des faibles valeurs de SAR
(Figure 6.19 à droite). On note que cette valeur n’est pas loin de 0,01475 qui a été
trouvé pour 59 sols de l’Ouest des USA par le US Salinity Laboratory (USDA, 1954).

233
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.19: Relation entre ESR’ et SAR’ pour les sols incubés en anaérobiose (à gauche); relation entre ESR’ et
SAR’ pour les sols incubés aux faibles valeurs de SAR’ (à droite)

Nous avons tenté de chercher si ce coefficient serait constant en remplaçant SAR’ par
SAR’* calculé avec les activités des cations en solution. La courbe obtenue est
représentée à la figure 6.20. On constate que la relation ESR’ versus SAR’* demeure
curvilinéaire et ne permet pas de discerner le coefficient de sélectivité de K G pour des
sols à grande sodicité. Un coefficient KG de 0,37 est pourtant valable pour des faibles
valeurs de SAR’*.

Figure 6.20: Relation entre ESR’ et SAR’* pour les sols incubés de Mugerero (à gauche); Relation entre ESR’ et
SAR’* pour les sols incubés à faibles valeurs de SAR’*

Comme il a été observé que les teneurs en Fe et Mn solubles et échangeables sont


faibles, il est intéressant de chercher le coefficient de sélectivité de Gapon dans
l’échange Na - (Ca+Mg) en faisant abstraction du Fe et du Mn. Les courbes obtenues et
illustrées à la figure 6.21 montrent que les relations ESR-SAR sont similaires à celles
trouvées en incluant le Fe et le Mn dans le pool des cations divalents. De même, en
utilisant les activités des cations de la phase solution au lieu des concentrations
234
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

molaires, la relation reste curvilinéaire et présente un coefficient de sélectivité unique


KG = 0,36 dans les faibles saturations en Na (Figure 6.22).

Figure 6.21: Relation entre ESR et SAR (à gauche: avec tous les sols ; à droite : avec les faibles valeurs de SAR)

Figure 6.22: Relation entre ESR et SAR* calculé en utilisant les activités en solution (à gauche: avec toutes les
valeurs de SAR*; à droite: avec les faibles valeurs de SAR*)

b) Formalisme de Vanselow

La détermination du coefficient de sélectivité de Vanselow (1932) pour l’échange entre


le Na et le pool des cations divalents D est opérée en appliquant la relation (3.24) du
chapitre 3. La grandeur de KV renseigne sur l’affinité des colloïdes du sol pour le Na par
rapport aux cations divalents (Ca, Fe, Mg et Mn). Lorsque KV est égal à 1, le complexe
d’échange n’a pas de préférence pour les deux cations. Si KV est supérieur à 1,
l’échangeur affiche une préférence pour Na, tandis qu’un coefficient de sélectivité

235
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

inférieur à 1 indique une préférence du complexe d’échange pour les cations divalents
que pour le Na.

Le graphique obtenu en mettant en ordonnée le rapport des fractions molaires


⁄ et le ratio SAR’* en abscisse est une droite dont la pente indique un
coefficient de sélectivité de Vanselow KV = 0,85 caractéristique des conditions
réductrices des sols étudiés (Figure 6.23 à gauche). Cette valeur est d’autant plus
pratique pour ces sols qu’un coefficient de sélectivité, KV = 0,89, proche de cette valeur
a été trouvé pour les faibles sodicités (Figure 6.23 à droite).

Figure 6.23: Relation entre le ratio des fractions molaires du Na et des cations divalents en solution et le SAR’* (à
gauche : pour toute la gamme de sodicité ; à droite : pour les faibles valeurs de SAR’*)

En procédant de la même manière pour l’échange Na - (Ca+Mg), c’est-à-dire en


laissant de côté le Fe et le Mn, on trouve un coefficient de sélectivité unique K V = 0,68
(Figure 6.24) qui n’est pas éloigné de celui qui caractérise l’échange Na -
(Ca+Mg+Fe+Mn).

En examinant les coefficients KV obtenus pour l’échange Na - (Ca+Mg) en conditions


aérobies (KV = 0,5) et anaérobies (KV = 0,68), et pour l’échange Na - (Ca+Fe+Mg+Mn) en
anaérobiose (KV = 0,85), on constate que les trois coefficients sont étendus entre 0,5 et
0,9.

236
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Figure 6.24: Relation entre le ratio des fractions molaires du Na et du pool du Ca et du Mg et le SAR’ (à gauche :
pour toute la gamme de sodicité ; à droite : pour les faibles valeurs de SAR’*)

c) Formalisme de Gaines et Thomas

L’étude de l’échange entre le Na et les tous cations divalents analysés (Ca, Fe, Mg et
Mn) par le conceptualisme de Gaines et Thomas (1953) procède par le traçage du
graphique du rapport des fractions équivalentes des cations de la phase surface et du
SAR’* en appliquant la relation 3.28 du chapitre 3. La figure 6.25 de gauche montre
qu’un coefficient de sélectivité KC = 0,39 caractérise l’échange entre le Na et le pool
des cations divalents. La figure 6.25 de droite montre la valeur du coefficient K C = 0,36
calculé pour les faibles valeurs de SAR’*. Ce dernier étant du même ordre que le
coefficient KC déterminé avec tous les sols, on pourrait affirmer l’applicabilité de la
valeur KC de 0,39 pour les sols soumis à l’anaérobiose.

Figure 6.25: Relation entre le rapport des fractions équivalentes du sodium par rapport aux cations divalents et
du SAR’* (à gauche : établie toute la gamme de sodicité; à droite : avec les faibles valeurs de SAR’*)

237
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

En faisant abstraction du Fe et du Mn dans l’application du conceptualisme de Gaines


et Thomas (1932), on obtient le coefficient de sélectivité d’échange entre le Na et les
cations Ca et Mg. La courbe obtenue est illustrée à la figure 6.26. On remarque qu’une
valeur unique KC de 0,38 peut être applicable pour la modélisation des équilibres
d’échange entre le Na et les divalents Ca+Mg et qu’il est aussi valable aux faibles
valeurs de SAR* puisqu’un coefficient égal à 0,36 (qui est n’est pas éloigné de 0,38) est
trouvé avec les seuls échantillons aux faibles valeurs de SAR* (Figure 6.26 à droite).

On note qu’il n’y a pas de grandes différences entre les coefficients de sélectivités de
Gaines et Thomas établis pour l’échange Na - (Ca +Mg) en conditions ouvertes à l’air
(KC = 0,29 et 0,28) et ceux qui sont établis en conditions d’anaérobiose pour cet
échange (KC = 0,38 et 0,36) d’une part, et ceux de l’échange entre le Na et le pool des
cations divalents qui incluent le Fe et le Mn en conditions anaérobies (K C = 0,39 et 0,36)
d’autre part ; les coefficients calculés avec ou sans le Fe et le Mn en conditions
anaérobies se révélant très proches.

Figure 6.26: Relation entre le rapport des fractions équivalentes du Na par rapport aux cations Ca et Mg et SAR*
(à gauche: toute la gamme de sodicité; à droite: avec les faibles valeurs de SAR*

6.3.2.4.2. Echange entre le calcium et le magnésium

Les analyses de la composition de la solution et du complexe d’échange en conditions


aérobies des sols de Mugerero ont montré, dans les chapitres précédents, que ces sols
présentent une préférence plus grande pour le Ca que pour le Mg. Néanmoins, cette
conclusion ne peut être valable que pour les seules périodes où les sols ne sont pas
submergés à des fins de riziculture ; l’extension du coefficient de sélectivité entre les
deux cations trouvés en conditions ouvertes à l’air aux périodes de submersion est à
faire avec précaution. D’où l’importance de procéder à l’analyse de la sélectivité
d’échange entre ces deux cations divalents en conditions anaérobies dont les
238
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

propriétés physico-chimiques ne sont pas tout à fait les mêmes que celles des
conditions aérobies.

Ainsi, le coefficient de sélectivité d’échange de Vanselow et de Gaines et Thomas (qui


sont les mêmes pour les échanges entre les cations de même valence) entre le Ca et le
Mg est établi en utilisant les relations (5.36) et (5.37) du chapitre 5 qui recourent
respectivement aux activités et aux concentrations molaires du Ca et du Mg en
solution. Le Ca et le Mg ayant les mêmes coefficients d’activité, on ne peut pas
s’attendre à une différence remarquable entre les deux expressions. En appliquant
cette conceptualisation de l’échange pour les sols soumis à l’anaérobiose, on obtient
un coefficient de sélectivité unique KC = KV = 1,4 pour cet échange Ca - Mg (Figure
6.27). On remarque que ce coefficient de sélectivité d’échange entre le Ca et le Mg est
dans le même ordre de grandeur que celui établi pour les sols non incubés (K = 1,5). Sa
supériorité à l’unité indique que les sols étudiés présentent une préférence plus
grande pour le Ca que pour le Mg que ce soit en conditions aérobies ou en conditions
anaérobies.

Figure 6.27: Relation entre le rapport des cations échangeables sur les rapports des cations solubles

6.3.2.4.3. Synthèse sur l’effet de l’anaérobiose sur les équilibres d’échange


cationique

Disposant des coefficients de sélectivité établis dans deux conditions différentes


(aérobies et anaérobies) sur base de trois théories conceptuelles montrées dans les
paragraphes précédents et dans les chapitres 3 et 5, il est important d’en faire un
commentaire global. Les valeurs de tous les coefficients de sélectivité établis dans les
deux conditions en appliquant les trois concepts sont reprises dans le tableau 6.7.
L’examen des valeurs de ces coefficients de sélectivité révèle quelques constatations :

239
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

(i) le coefficient de Gapon KG n’est pas constant dans toutes les deux situations
expérimentales; il augmente avec les augmentations des charges sodiques en solution
et sur le complexe d’échange. Il est cependant constant dans la gamme de faible
sodicité et prend les valeurs de 0,011 et 0,015 respectivement en conditions ouvertes
à l’air et en conditions d’anaérobiose. On remarque que ces valeurs sont proches de
0,01475, valeur de KG établie pour 59 sols de l’Ouest des Etats-Unis par le US Salinity
Laboratory (USDA, 1954).

(ii) Les coefficients de sélectivité KG, KV et KC pour l’échange Na - (Ca + Mg) établis en
conditions d’anaérobiose sont légèrement supérieurs à ceux qui sont établis en
conditions ouvertes à l’air. L’incubation en anaérobiose provoquerait donc la
diminution de la sélectivité des divalents par rapport au Na ; effet explicable par la
perte de la matière organique dont l’affinité aux cations divalents particulièrement le
Ca est connue.

(iii) En conditions anaérobies, les coefficients de sélectivité KG, KV et KC pour l’échange


Na - (Ca+Mg) ne diffèrent pas de ceux qui caractérisent l’échange Na -
(Ca+Mg+Fe+Mn). Le rapprochement des deux sortes de sélectivité est certainement la
conséquence des faibles concentrations des cations Fe et Mn en solution et sur le
complexe d’échange ; la prise en compte du Fe et du Mn dans le calcul des sélectivités
d’échange n’est donc pas nécessaire.

(iv) le complexe d ‘échange a plus de préférences pour Ca que pour Mg que ce soit en
conditions aérobies et anaérobies.

Tableau 6.7: Récapitulation des coefficients de sélectivités établis en conditions aérobies et en conditions
anaérobies

Type d’échange Coefficient de Conditions aérobies Conditions anaérobies


sélectivité (KG, KV, Toutes Faibles charges Toutes Faibles charges
KC et KCaMg) valeurs du Na valeurs du Na
Echange KG - 0,011 - 0,015
Na – (Ca+Mg) KG* - 0,267 - 0,362
KV 0,51 0,537 0,676 0,666
KC 0,294 0,278 0,385 0,356
Echange Na - KG - - - 0,015
(Ca+Mg+Fe+Mn) KG* - - - 0,369
KV - - 0,848 0,885
KC - - 0,387 0,357
Echange Ca - Mg KCaMg 1,462 - 1,42 -

240
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

6.4. Conclusion

Les propriétés des sols soumis à l’anaérobiose par incubation à une température fixe
se sont révélées intéressantes par leur dynamique au cours de l’anaérobiose et les
caractéristiques particulières qui les différencient de celles des sols maintenus en
conditions d’aérobie.

Les résultats sur la cinétique des propriétés de la solution du sol ont montré que les pH
des sols engorgés en anaérobiose tendent vers la neutralité. Les pH acides ou même
légèrement acides augmentent avec la durée d’incubation alors que les pH alcalins
décroissent avec la durée d’incubation. Dans les deux cas, le pH se stabilise aux
environs de 7 après 3 semaines d’incubation.

Le potentiel redox diminue au cours de l’anaérobiose et atteint des valeurs minimales


généralement après une incubation de 2 à 4 semaines selon la teneur en matière
organique. Des variations similaires de pH et de Eh avec le temps d’incubation sont
notées. Ces deux variables diminuent en même temps et se stabilisent simultanément
pour les sols au pH alcalin tandis qu’ils évoluent en sens inverse tout en affichant des
paliers au même moment pour les sols au pH acide. La CE augmente avec la durée
d’incubation et sa dynamique suit celle du Ca et du Mg ; elle affiche en outre des
similarités d’évolution avec le Na sauf dans un sol très salin. Les teneurs en Fe et en P
présentent un même schéma d’évolution. Ils augmentent dans certains sols avec le
temps d’incubation et diminuent dans les sols à dominance de bicarbonates. Un
schéma similaire d’évolution de Eh et de Mn a été aussi observé ; des augmentations
rapides de Mn sont juxtaposées aux diminutions rapides de Eh et les deux variables
montrent des paliers au même moment. Les augmentations (ou les diminutions selon
les cas) de fer en solution se juxtaposent avec les diminutions de Eh et les deux
variables se stabilisent au même moment.

Cette analyse de la dynamique de ces éléments a permis de conclure que la plupart de


ces variables sont déjà stables après 4 semaines d’incubation et de choisir cette durée
pour l’incubation des suspensions de tous les échantillons pour cette durée afin d’en
déterminer les paramètres de la solution et du complexe d’échange. L’analyse du pH
des solutions incubées pendant 28 jours a montré que cette variable varie entre 7 et 9
alors qu’elle s’étalait de 6 à 10 dans les solutions non incubées. Le potentiel redox des
solutions incubées est compris entre -56 mV et +239 mV, et la correspondance des
faibles valeurs de Eh et des teneurs en carbone organique relativement élevées
traduirait l’importance de la matière organique sur l’état d’oxydoréduction des sols
étudiés.
241
Chapitre 6. Effet de l’anaérobiose sur les propriétés des phases soluble et échangeable des sols

Par suite de la libération des cations en solution, la salinité augmente dans toutes les
solutions. La composition des solutions extraites après incubation demeure
qualitativement identique à celle des solutions non incubées en montrant une
dominance des ions Na+ et SO42-. Néanmoins, du point de vue quantitatif,
l’anaérobiose a provoqué des augmentations des cations surtout le Ca et le Mg en
relation avec le pourcentage en matière organique. Les analyses du fer et du
manganèse ont montré que l’anaérobiose ne provoque pas toujours leur présence
effective en solution et sur le complexe d’échange ; effet vraisemblablement dû à la
précipitation de ces cations en nouvelles formes minérales non solubles dans les
conditions de pH élevé.

L’analyse des équilibres d’échange entre le Na et le pool des cations divalents a montré
qu’il n’existe pas de différence de comportement du coefficient de Gapon K G selon
l’état d’oxydo-réduction des sols ; ce coefficient n’est constant que pour les faibles
charges sodiques. Par ailleurs, les coefficients Vanselow et de Gaines et Thomas
montrent que l’anaérobiose s’accompagne des légères augmentations de la sélectivité
du complexe d’échange vis-à-vis du sodium et que l’anaérobiose ne modifie en rien la
préférence du complexe d’échange pour le Ca par rapport au Mg.

En définitive, cette étude a permis de montrer qu’un bon nombre de propriétés des
phases surface et liquide varient selon qu’elles sont déterminées en conditions
ouvertes à l’air ou en anaérobiose.

242
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés du périmètre


rizicole de Mugerero à l’égard du potassium en relation avec les
propriétés des sols

Le potassium a été identifié comme étant un des éléments nutritifs dont dépend la
productivité rizicole des sols étudiés au chapitre 4. Dans ce chapitre, nous allons
évaluer dans quelle mesure les propriétés intrinsèques des sols, déterminées au
chapitre 3, serviraient d’indicateurs du pouvoir tampon vis-à-vis du potassium.

243
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Résumé

L’évaluation des relations entre les paramètres de quantité et d’intensité pour le potassium et
des propriétés intrinsèques des sols est bénéfique pour une gestion appropriée de la
fertilisation en potassium. Dans cette étude, les courbes de quantité et d’intensité (courbe Q/I)
ont été établies pour 13 sols rizicoles de Mugerero en suivant la méthode de Beckett (1964a)
pour décrire la disponibilité de K dans le sol en tenant compte de la compétition de ce cation
avec le Ca et le Mg. Les relations entre le pouvoir tampon vis-à-vis du potassium (PBC) et les
propriétés intrinsèques des sols ont été étudiées. Les résultats montrent que le PBC varie de
16 à 208 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2. De même, ce paramètre présente des corrélations
significatives avec les pourcentages en argile (r = 0,97; p<0,0001) et en sable (r = 0,97 ;
p<0,0001) et avec la capacité d’échange cationique (r = 0,98 ; p<0,0001). Ces résultats
suggèrent que le PBC peut être bien prédit à partir du taux d’argile ou de sable ou de la CEC en
utilisant des équations de régression linéaire finement établies. Il a par ailleurs été établi que
le PBC est presque égale au produit de la CEC et du coefficient de sélectivité de Gapon. Ce
dernier paramètre varie dans une fourchette moins étendue comprise entre 3 et 4,5 mol-0,5.L0,5
pour 12 des 13 sols.

En définitive, les taux d’argile et de sable ainsi que la CEC sont des bons indices de prédiction
du pouvoir tampon des sols de Mugerero à l’égard du K. Dans la pratique, du fait de sa
détermination aisée par des mesures de routine, le pourcentage en sable est mieux indiqué
pour définir le mode de gestion de la fertilisation potassique des sols étudiés. Ainsi, les sols
riches en sable doivent être soumis à un régime de fertilisation fractionnée en engrais
potassique.

Abstract

An assessment of relationships between parameters of potassium bioavailability and soil


intrinsic variables is of important for an appropriate application of K fertilizer. In this study,
quantity/intensity curves have been plotted for 13 soils paddy soil samples from Mugerero
paddy area in lower Rusizi plain (Burundi) using Beckett’s method for describing K
bioavailability taking into account the competition between K ions and Ca and Mg ions for
exchange sites. Relationships between potassium buffering capacity (PBC) and soil properties
have been then assessed. The results show that PBC for these soils are ranged between 16 and
208 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2. Correlation analysis show that PBC is significantly correlated with
clay content (r = 0.97; p <0.0001), with sand content (r = 0.97 ; p<0.0001) and with cation
exchange capacity (CEC) (r = 0.98 ; p<0.0001). These results suggest that PBC can be well
predicted from clay content, sand content and CEC using linear regression. Moreover, our data
demonstrate well the equality of PBC and the product of CEC and Gapon selectivity coefficient
(KG). The latter for the (Ca+Mg)-K exchange varies from 3 to 4.5 mol-0,5. L0,5 for 12 of the 13
soils.

245
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Finally, clay and sand content and CEC are good indicators of PBC in Mugerero soils. In
practice, the percentage of sand is more appropriate for defining the rate of potassium
fertilizer because of the ease of its determination by routine measurements. Thus, the soils
with high contents of sand should be subject to fractional fertilization of potassium fertilizer.

246
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

7.1. Introduction

Le potassium est un élément essentiel pour la croissance des plantes. Il entre dans la
composition des tissus végétaux dans des proportions pondérales de 1 à 3% (Malvi,
2011). Il est très mobile dans la plante mais l’est modérément dans les sols. Dans les
sols affectés par la salinité, la disponibilité du K en quantité suffisante est
indispensable pour la turgescence de la stèle de la racine afin de contrer la grande
pression osmotique de la solution du sol (Marschner et al., 1995). Dans les conditions
de salinité et/ou sodicité, le statut nutritionnel du K dans les plantes dépend
significativement du ratio molaire Na/K dans la solution (Devitt et al., 1981).

Un nombre important d’études sur la disponibilité des nutriments dans les sols se
basent sur les méthodes utilisant les réactifs chimiques (acides chimiques concentrés
ou dilués, sels neutres et acides organiques). Cependant, la présence d’une grande
quantité d’un nutriment ne garantit pas sa disponibilité aux plantes parce que d’autres
facteurs comme la salinité, l’humidité, la température, le pH, les conditions physiques
et la présence d’éléments toxiques peuvent être des limitations (Fageria et al., 2011).
Le K échangeable extrait par percolation à l’acétate d’ammonium à pH 7 a été depuis
longtemps un moyen de caractériser le statut du K et d’estimer les besoins en K des
sols pour la croissance des plantes cultivées mais cette fraction peut s’avérer inexacte
car une partie du K non échangeable (potassium rétrogradé fixé en position
interfoliaire des micas, de l’illite ou de la vermiculite et le potassium structural des
feldspaths) peut être rendu disponible aux plantes spécialement dans les sols pauvres
en K (Bertsch, 1985). Des recherches ont été menées dans le but de caractériser la
capacité du K total à être disponible aux plantes (Richards et Bates, 1988); mais la
dynamique de cette fraction n’est pas encore maîtrisée car seule une partie du K non
échangeable est disponible aux plantes (Wang et al., 2004).

Au cours des six dernières décennies, une nouvelle approche intégrant les concepts de
quantité et d’intensité a été employée pour investiguer l’état de la fertilité des sols par
rapport au K et enfin en estimer la disponibilité. Certaines études du genre étaient
basées sur l’estimation du pouvoir tampon des sols à l’égard de cet élément sur base
de la CEC (McLean, 1976). Néanmoins, cette méthode s’est révélée inadéquate pour
les sols qui peuvent fixer ou libérer du K dans le pool non échangeable (Cox et al.,
1999). Un autre moyen de détermination du pouvoir tampon du sol est la
détermination de la pente de la partie linéaire du graphique Q/I qui relie le K adsorbé
par le sol et le rapport d’activité du potassium et des cations divalents les plus

247
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

abondants ( ) (Beckett, 1964b). Cette approche dérive des travaux de Woodruff


(1955) sur le changement de l’énergie libre dans une réaction d’échange d’ions et de
l’application de l’équation de Gapon sur l’équilibre entre le sol et la solution, et est
largement adoptée dans les études de la disponibilité des nutriments dans le sol. Cette
relation implique que la capacité d'un système de sol à maintenir une certaine
concentration d'un cation en solution est déterminée par la quantité totale présente
dans les formes facilement disponibles (échangeable et soluble) et de l'intensité par
laquelle il est libéré en solution (LeRoux et Sumner, 1968).

Le vrai potentiel du potassium, ou l’intensité, est défini (Addiscott et Talibudeen, 1969)


comme le changement d’énergie libre ( ̅ ) lorsqu’un équivalent de K s’échange dans
le sol avec un équivalent de Ca (ou de Mg) ; soit par la formule suivante dans le cas de
l’échange K - (Ca+Mg) :

̅ (7.1)

Où R et T sont la constante de gaz parfait et la température et ; , et


représentent les activités de K, Ca et Mg en solution.

Pour les potentiels déterminés à une température constante, le dernier terme du


membre de droite de cette équation, c’est-à-dire le rapport d’activité du potassium
(activity ratio of potassium), est aussi utilisé directement dans ce contexte. L’intensité
du potassium est alors exprimée par :

⁄√ (7.2)

Le facteur d’intensité correspond alors à la quantité d’ions présents dans la solution du


sol, susceptibles d’assurer les besoins instantanés des plantes (Girard et al., 2005).

L’intérêt du pouvoir tampon est fondé sur le fait que le potentiel nutritif est le meilleur
moyen pour mesurer la disponibilité en éléments nutritifs pour une culture. Le pouvoir
tampon mesure ainsi le changement de disponibilité résultant de l’apport d’éléments
nutritifs ou de leurs prélèvements pour une culture (Addiscott et Talibudeen, 1969).

De nombreuses études se sont penchées sur les équilibres d’échange cationique


impliquant le potassium dans beaucoup de sols du monde. Les paramètres de
sélectivité de ce cation par rapport au Ca et au Mg dépendent largement des
propriétés du sol telles que la minéralogie (Sharpley, 1989), la texture et la matière
organique (Poonia et Niederbudde, 1990) et ne sont donc valables que dans les
contextes dans lesquels ils sont établis.

248
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Les propriétés physico-chimiques des sols rizicoles de Mugerero ont été montrées au
chapitre 3. Il a été montré, à travers l’étude de l’influence des variables chimiques de
la solution et de la phase surface sur les paramètres de production du riz (chapitre 4),
que le K est un élément clé dans l’amélioration de la productivité rizicole de cette
région. A notre connaissance, aucune étude n’a jusqu’ici été menée pour caractériser
le statut du potassium de ces sols à grand intérêt agricole et dont les aspects physico-
chimiques sont particulièrement distinctifs des autres sols. La dominance du Na et des
sulfates/bicarbonates dans la phase solution et la part non négligeable du Mg sur le
complexe d’échange sont des exemples d’illustrations des propriétés exceptionnelles
de ces sols.

La présente étude se propose de déterminer pour les sols de Mugerero les rapports
fondamentaux entre le pouvoir tampon vis-à-vis du potassium établi par la relation
Quantité/Intensité et les caractéristiques intrinsèques de ces sols affectés par la
salinité.

7.2. Matériels et méthodes

7.2.1. Considérations théoriques

Le pouvoir tampon d’un sol à l’égard du potassium peut être bien étudié à partir d’une
réaction simple d’échange qui implique le potassium et le(s) cation(s) de valence élevé
le(s) plus abondant(s) dans la solution du sol. Le Ca et le Mg étant les cations divalents
les plus représentés dans la solution des sols de Mugerero, la réaction d’échange entre
le K et le pool de ces deux cations divalents (Ca et Mg) conviendrait mieux pour une
telle étude. Cette réaction peut être décrite selon le formalisme de Gapon (1933) par
l’équation chimique suivante :

⇄ (7.3)

où représente une mole charge des sites d’échange, et D symbolise les cations
divalents Ca et Mg.

Le coefficient de Gapon, KG, pour cette réaction d’échange est défini par :

[ ] [ ] (7.4)

où et sont les cations échangeables K+ et D2+ en cmolc/kg; et leurs


activités dans la solution.

249
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

La relation (7.4) peut être écrite sous la forme :

⁄ (7.5)

En tenant compte de la relation 7.2, l’équation 7.5 devient :

(7.6)

Le pouvoir tampon d’un sol vis-à-vis du potassium (PBC) est l’aptitude du sol à
maintenir l’intensité constante à partir de la mobilisation des quantités retenues sur la
phase solide du sol (Girard et al., 2005). Pour la réaction 7.3, le PBC est défini par :

(7.7)

Comme il n’est pas toujours possible de déterminer avec précision , surtout


lorsqu’il y a présence d’un type d’argile qui permet une libération lente du K
initialement non labile, l’état d’adsorption de K peut être calculé par la variation de K
dans la solution d’équilibre (∆K) qui accompagne l’échange entre les cations K+ et D2+.
L’équation 7.7 devient alors :

(7.8)

Selon cette précédente équation, le PBC dépend de deux facteurs, le coefficient de


sélectivité d’échange KG et les teneurs des cations en compétition avec le K sur la
phase échangeable. Le coefficient de sélectivité d’échange dépend du type de sites
d’échange et du taux de saturation en potassium sur le complexe d’échange. Le
coefficient de sélectivité de Gapon a été mis en cause par divers auteurs (ex :
Evangelou et Phillips, 1987; Evangelou et Phillips, 1988 ; Delvaux et al., 1989) qui lui
reprochent de ne pas reposer sur une approche thermodynamique rigoureuse et qu’en
effet, sa définition mathématique implique que KG tende vers l’infini aux grandes
saturations du K sur le complexe d’échange. Néanmoins, le K ne représente qu’une
faible proportion de la CEC dans la plupart des sols naturels, et le coefficient de Gapon
est donc un bon outil d’évaluation de la sélectivité d’échange et spécialement dans
une moindre mesure dans des études ayant des implications pratiques.

Cette conceptualisation a été étendue à la pratique par Beckett (1964a) pour la


caractérisation des sols en ce qui concerne leur capacité de tamponner les variations
du K dans la solution d’équilibre résultant de l’ajout du K par fertilisation ou par le
retrait du K par absorption des plantes. Dans cette optique, des expériences sont
conduites au laboratoire pour suivre les changements de la distribution du K entre les

250
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

phases solution et surface aux différents niveaux de K ajouté en solution. Les


échantillons de sols sont mis en équilibre avec des solutions contenant un mélange de
K et des cations compétiteurs (Ca et/ou Mg). Le facteur d’intensité est calculé à
partir des concentrations des solutions d’équilibre en recourant à l’équation 7.2. Le
facteur de quantité ΔK représente les changements de K sur le complexe d’échange ;
c’est la quantité de K perdue ou gagnée par le sol. Son calcul est opéré par la formule :

( é ) ⁄ (7.9)

où est la concentration de K dans la solution avant le mélange avec le sol, é est la


concentration de K dans la phase solution après équilibration avec l’échantillon de sol,
V est le volume de la solution ajouté au sol, et W est la masse du sol sec impliqué.

Les valeurs positives de ΔK indiquent qu’une proportion de K ajouté en solution a été


adsorbée au sol tandis que les valeurs négatives indiquent qu’une partie de K du sol
(adsorbé ou rétrogradé) a été larguée en solution à partir du sol.

En traçant un graphique entre ΔK et , on peut visualiser le PBC pour le K par la


pente de la courbe du graphique obtenu. La forme typique de la relation ΔK - ,
aussi appelée courbe Quantité/Intensité (Q/I), est montrée à la figure 7.1. Sur cette
figure, l’axe des ordonnées représente le paramètre de quantité (ΔK) tandis que l’axe
des abscisses représente le facteur d’intensité ( )

Dans le sol, quand les valeurs sont réduites suite à l’absorption de K par les
plantes, le sol libère progressivement du K en solution ; si par contre cette activité
augmente, le sol va adsorber les cations K+. Le PBC du K est défini par la pente de cette
courbe. En général, cette pente est élevée en faibles valeurs de et diminue
progressivement vers une valeur plus ou moins constante, comme indiqué par la partie
linéaire de la courbe Q/I. Selon Beckett et Nafady (1967), cette partie linéaire peut être
attribuée aux sites non spécifiques pour K (ex : surface planes des minéraux argileux)
alors que la partie très courbée correspondante aux faibles valeurs de peut être
attribuée aux sites spécifiques du K qui ont une affinité plus grande pour le K (ex : sites
de bordure des minéraux altérés d’illite et de mica). Les interactions entre le K
échangeable et le K dit « non échangeable » des espaces interfoliaires jouent aussi une
influence sur la forme de la courbe Q/I, spécialement dans les sols pauvres en K
échangeable. Le prolongement de la partie linéaire de la courbe Q/I à l’intersection de
l’axe du facteur de quantité (à ) donne qui représente la quantité de K
retenue dans le sol sur des emplacements ou des surfaces dont l’équilibre est décrit
par la partie linéaire du rapport Q/I ; c'est-à-dire la quantité du potassium adsorbé

251
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

d’une manière non spécifique. La différence entre la valeur correspondante au


prolongement de la partie très courbée à l’axe de ΔK (qui équivaut approximativement
au potassium échangeable) et donne ExK qui représente la capacité des
emplacements ou des surfaces dont l’équilibre d’échange K-D est décrit par la partie
courbée inférieure du rapport Q/I ; en d’autres termes, c’est la quantité de potassium
fortement lié aux sites spécifiques.

Figure 7. 1: Forme typique du graphique Q/I (Lin, 2011)

Un autre paramètre important dans les courbes Q/I est le correspondant à ΔK = 0


(noté ). Celui-ci serait une bonne estimation de la situation actuelle de la fertilité
du sol en K, parce qu’il reflète le facteur d’intensité de K à la période
d’échantillonnage. Il indique aussi mieux la disponibilité à court terme du K pour les
plantes que le potassium échangeable (Bedrossian et Singh, 2004) ; en effet, différents
niveaux de K échangeable peuvent correspondre à diverses concentrations de K en
solution en fonction des caractéristiques du sol comme le type d’argile, la teneur en
matière organique, et la CEC. Une importante documentation sur l’usage des courbes
Q/I pour la gestion des sols est présentée dans divers ouvrages dont celui d’Evangelou
et al. (1994).

7.2.2. Procédures expérimentales

7.2.2.1. Sols utilisés

Dans cette étude sur le statut du potassium dans les sols affectés par la salinité, treize
échantillons composites de surface prélevés dans les parcelles rizicoles du périmètre
de Mugerero dans la plaine de la Basse Rusizi au Burundi ont été utilisés. Leur mode de
prélèvement et de préparation avant les analyses est décrit en détail au chapitre 3. En

252
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

bref, après le prélèvement, les échantillons ont été séchés à l’air libre, broyés et
tamisés à 2 mm avant de subir les traitements spéciaux relatifs à l’étude proprement
dite. Les principales caractéristiques physico-chimiques de ces sols ont été étudiées
aux chapitres précédents et sont reprises au tableau 7.1. Dans ce tableau, nous
rajoutons le potassium dosé par analyse minérale totale (Sahwney et Stilwell, 1994).
D’une façon succincte, ce sont des sols aux propriétés variées bien qu’ils proviennent
d’une superficie relativement petite. Le pH au rapport sol/eau de 1/2 se situe entre
6,31 et 8,19 ; la moitié des sols ont un pH supérieur ou égal à 7,52 ; illustrant leur
caractère alcalin. La conductivité électrique (CE) des solutions extraites à la rapport
sol/ea 1/2 s’étend de 0,14 à 2,68 dS/m (valeurs correspondantes à 0,55 et 10,57 dS/m
en extrapolant au rapport sol/eau de 1/0,4 plausible à la saturation par référence à la
formule 5.6 établie au chapitre 5). Le potassium est moins représenté en solution et
sur la phase surface. Ce sont des sols dont le pourcentage en argile varie de 11 à 67 %
et dont le pourcentage en limon tourne autour de 10%. Dans tous les 13 échantillons
de sol étudiés, le K minéral et fixé de manière spécifique, calculé par la différence
entre le K total et le K extractible à l’Ac-Na, pH 8,2, l’emporte énormément sur les
autres formes de K dans le sol avec des pourcentages allant de 98% à près de 100%.
Les sols qui ont les plus grandes teneurs en K total, en K fixé et structural et en K
échangeable sont ceux qui sont caractérisés par un grand pourcentage en argile.

7.2.2.2. Modes de saturation des sols en potassium et traçage des courbes Quantité-
intensité

La technique de Beckett (1964a) a été adoptée pour la détermination des paramètres


de quantité et d’intensité. Une quantité de 3 g par échantillon de sol sec a été pesée
sur balance électronique à haute précision et mise dans un tube à centrifuger de 50 ml.
Dans ce tube, 30 ml d’une solution de CaCl2 1mM et MgCl2 1 mM contenant
respectivement 0 ; 0,05 ; 0,1 ; 0,2 ; 1 et 2 mM de KCl y ont été ajoutés. Ces suspensions
ont subi une agitation de 30 minutes à température ambiante (20°C); durée qui paraît
adéquate pour assurer l’équilibre d’échange (Moss et Beckett, 1971). Elles ont été par
la suite centrifugées à 4000 tours par minute (c’est-à-dire 2700 g) pendant 15 minutes
pour l’extraction de la solution. Le surnageant a été récupéré, filtré sur papier
Whatman n°41 et soumis aux analyses chimiques de K, Ca, Mg et Na par spectroscopie
d’émission atomique à plasma (ICP-AES).

Le facteur d’intensité a été calculé en utilisant les activités des cations K, Ca et Mg


obtenues à partir des concentrations molaires par conversion à l’aide de l’équation de
Debye - Hückel (Lindsay, 1979) :

253
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

( ) (7.10)

Où est le coefficient d’activité de l’ion i qui dépend de la valence et de la force


ionique . La force ionique a été déterminée à partir de la conductivité électrique (CE)
de la solution d’équilibre en utilisant une relation empiriquement déterminée dans les
solutions aux rapports sol/eau 1/8 et 1/12 pour les mêmes sols (chapitre 5) après
spéciation chimique avec le logiciel Visual Minteq 3.0. Il a été ainsi trouvé que la force
ionique des solutions des sols étudiés est reliée à la CE par la relation :

⁄ (7.11)

Les courbes Q/I ont été tracées pour chaque sol en affectant les variations de la
quantité de potassium échangeable (ΔK) en ordonnée et le rapport d’activité
potassique ( ) en abscisse. Leur intersection avec l’axe de donne le , c’est-
à-dire le rapport d’activité potassique au moment où le sol ne perd ni ne gagne de K.

En vue de l’établissement de la constante de Gapon, les cations échangeables K, Ca et


Mg ont été déterminés par la différence de la somme de leurs teneurs dans l’extrait
d’acétate de sodium à pH 8,2 et dans l’électrolyte de fond mélangé avec les sols secs et
leurs teneurs dans les solutions d’équilibre.

Tableau 7. 1: Principales caractéristiques chimiques des échantillons de sols utilisés dans l'expérience

N° S L A C CEC-Na pH 1/2 CE1/2 EPP 1/2 K tot K Ext K Str K sol K ech 1/2
(%) (%) (%) (%) cmolc/kg (dS/m) (%) mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg mg/kg
1 69,9 10,1 20 1,62 17,08 6,73 0,98 1,48 7789 113,79 7675 15,14 98,8
2 45,7 10,2 44,1 1 26,76 6,93 0,23 1,13 11965 121,48 11843 3,02 118,6
3 59,7 9,9 30,4 1,23 20,5 8,07 0,56 0,41 10235 36,73 10198 3,97 32,8
4 72,6 8 19,4 0,51 16,07 8,19 0,3 0,38 7995 26,04 7969 2,29 23,8
5 23,5 10,5 65,9 2,23 50,26 7,94 2,68 1,6 17394 336,96 17056 22,58 314,7
6 23,5 14,7 61,8 2,15 49,05 7,99 0,42 1,72 20161 338,19 19822 9,06 329,4
7 68,3 11,6 20,1 0,91 15,87 6,77 0,14 0,43 8559 32,60 8526 64,88 26,8
8 75 12,5 12,5 1,07 15,17 7,01 0,17 0,79 8472 52,56 8420 60,94 46,7
9 74,7 10,5 14,8 1,18 13,29 8,12 2,48 1,25 8418 79,18 8339 14,36 64,9
10 67,4 9,6 23 0,98 17,21 7,26 0,8 0,9 9559 66,05 9493 398,00 60,2
11 63,6 10,7 25,7 0,86 19,71 7,52 1,73 1,24 10214 104,83 10109 9,56 95,4
12 78,8 10,2 11 1,05 9,96 6,31 2,09 0,54 8104 41,55 8062 20,46 21,1
13 21,5 11,8 66,7 1,98 49 8,09 1,1 2,08 20434 413,59 20020 16,38 397,6
S, A, L, C sont respectivement les pourcentages en sable, en argile, en limon et en carbone organique
EPP = taux de saturation du complexe d’échange en K ; donné par la formule : EPP = Kéchx100/(Naéch + Caéch +
Mgéch +Kéch)
K tot, K Ext, K str, K sol et K éch 1/2 sont le K total, K extractible à Ac-Na, K structural et fixé, K soluble et K
échangeable calculé au rapport sol/eau 1/2

254
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

7.3. Résultats et discussion

La composition chimique des solutions d’équilibre en cations K, Na, Ca et Mg ainsi que


les valeurs correspondantes des paramètres et ΔK sont donnés dans le tableau
7.7 en annexe. Les courbes Q/I pour les 13 sols rizicoles de Mugerero sont données à la
figure 7.2.

Figure 7. 2: Courbes Q/I obtenues pour les sols salés de Mugerero

255
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Figure 7.2 (suite) : Courbes Q/I obtenues pour les sols salés de Mugerero

On remarque que la forme graphique des courbes de la relation Q/I obtenues pour les
sols étudiés n’est pas parfaitement linéaire. Elle est plutôt curvilinéaire et continue, et
présente avec incurvation plus prononcée à des rapports d’activité plus faibles que
pour des rapports élevés. Une telle forme est attribuée à la dominance du Ca selon
Addiscott et Talibudeen (1969). Les équations polynômiales de second ordre
conviennent mieux pour représenter les données expérimentales et leurs dérivées
premières peuvent être utilisées pour calculer le PBC. Dans tous les sols, la pente de la
courbe Q/I (= PBC) diminue quand ARK augmente ; ce qui indique que l’affinité de ces
sols au K diminue avec les augmentations de K ajouté.

Il n’est pas sans intérêt de retourner aux conditions réalistes sur terrain en ce qui
concerne la fertilisation potassique qui est appliquée en raison 100 kg de NPK (10-20-
20) ou encore 45 kg de KCl (0-0-60) par hectare (cfr chapitre 4). Ces doses
correspondent aux concentrations de 0,3 et 0,5 mmol/L de K au rapport sol/eau 1/0,4
plausible au champ en considérant une répartition uniforme des fertilisants dans une
solution du sol qui remplit une porosité de 50 % sur une profondeur de 25 cm d’une
masse de terre sèche de 3000 t ; ce qui revient à considérer les concentrations 0,01 et
0,02 mmol/L à la rapport sol/eau 1/10 adopté dans cette expérience. On déduit donc
que les deux grandes doses expérimentales de K (1 mmol/L et 2 mmol/L) se situent au-
delà de la réalité et que les quatre points expérimentaux des plus faibles doses de K
(de 0 à 0,2 mmol/L) peuvent être utilisés pour la détermination du PBC de K réaliste
dans nos sols.

Ainsi, en se situant dans la gamme des concentrations de K ajouté réaliste dans les
pratiques agricoles sur terrain avec les quatre plus faibles doses de K, on constate que
les relations entre les variables et ΔK sont caractérisées par des courbes linéaires
pour tous les sols (Figure 7.3) ; ce qui permet d’obtenir aisément une valeur unique de
PBC pour chaque sol. Les équations de régression linéaire qui en sont issues et qui sont

256
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

données dans le tableau 7.2 indiquent la pente de la droite d’ajustement qui est le
PBC. Les coefficients de détermination r2 associés à ces droites sont tous supérieurs à
0,97 (Tableau 7.2) ; ce qui indique la bonne qualité d’ajustement de ces droites et la
validité des pouvoirs tampon ainsi établis pour les treize sols.

Les PBC ainsi déterminés sont compris entre 16,2 et 207,9 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2
(Tableau 7.2 et 7.3). Les sols les plus riches en argile (sols 5, 6 et 13) présentent des
plus grandes valeurs de PBC (≥ 167 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2) que les autres tandis que
les sols riches en sable (sols 12, 8, 9 et 1) ont des PBC les plus faibles (≤ 52 cmolc.kg-1
/(mol.L-1)1/2).

Figure 7. 3: Relation entre les variations de la quantité de potassium échangeable et le rapport d’activité
potassique pour les quatre points aux plus faibles valeurs d’ARK

En comparaison avec les valeurs des PBC des autres sols du monde rapportés dans la
littérature, les PBC des échantillons les plus riches en argile sont légèrement faibles par
rapport à ceux qui ont été trouvés dans les vertisols argileux de la zone aride de
Karnataka en Inde (PBC compris entre 254,54 et 298,35 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2) par
Yeledhalli et al. (2007). Ils sont comparables aux PBC moyens de 186, 83 cmolc.kg-1
/(mol.L-1)1/2déterminés pour les sols dominés par les smectites des régions arides et
semi-arides de l’Iran (Bahmani et al., 2013). Les échantillons aux teneurs relativement
élevées en sable (sols 12, 8, 9 et 1) présentent des PBC comparables à ceux qui ont été
trouvés dans les échantillons des horizons superficiels des sols limoneux par Wang et
al. (2004) (PBC compris entre 36 et 66 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2). Ils surpassent par contre

257
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

les sols sableux de la province de Thua Thien Hue au Vientnam dont les PBC sont
compris entre 2 et 10 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2(Ninh et al., 2009) et les sols limoneux
sableux chaulés et fertilisés avec K de la plaine côtière de Delaware dont les PBC sont
inférieurs à 8 cmolc.kg-1 /(mol.L-1)1/2.

Tableau 7. 2: Equations de régression associées aux droites Q/I représentant les quatre points expérimentaux aux
plus faibles valeurs de K ajouté

2
N° de sol Equations de régression r
1 ΔK = 52,336 ARK - 0,261 0,997
2 ΔK = 98,641 ARK - 0,232 0,995

3 ΔK = 87,491 ARK - 0,139 0,982


4 ΔK = 70,436 ARK - 0,094 0,988
5 ΔK = 207,947 ARK - 0,871 0,967

6 ΔK = 179,401 ARK - 0,739 0,990

7 ΔK = 57,519 ARK - 0,118 0,998

8 ΔK = 51,285 ARK - 0,129 0,992

9 ΔK = 46,367 ARK - 0,189 0,998

10 ΔK = 67,739 ARK - 0,183 0,990

11 ΔK = 78,329 ARK - 0,264 0,995

12 ΔK = 16,209 ARK - 0,087 0,984

13 ΔK = 166,89 ARK - 0,826 0,999

Tableau 7. 3: Caractéristiques des courbes Q/I des sols de Mugerero


-1
PBC (cmolc.kg )/
-1 0,5 -0,5 0,5 0,5 -0,5
N° de sol (mol.L ) KG (mol .L ) (mol .L )
1 52,336 3,74 0,00513
2 98,641 4,40 0,00235
3 87,491 4,18 0,00157
4 70,436 4,14 0,00128
5 207,95 4,25 0,00420
6 179,4 3,71 0,00406
7 57,519 4,19 0,00204
8 51,285 3,84 0,00253
9 46,367 3,08 0,00409
10 63,516 4,53 0,00294
11 78,329 4,54 0,00337
12 16,209 1,81 0,00501
13 166,89 3,48 0,00486

258
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

En analysant les coefficients de corrélation entre le PBC et les propriétés intrinsèques


des sols à savoir le taux d’argile, de sable et la CEC présentés au tableau 7.4 et à la
figure 7.4, on remarque que le pouvoir tampon présente des bonnes corrélations avec
la CEC (r2 = 0,96) et avec les taux d’argile (r2 = 0,94) et de sable (r2 = 0,94). Le
coefficient de détermination de la corrélation entre le PBC et le pourcentage de
carbone organique (r2 = 0,64) est plus faible que ceux des corrélations précédentes.
Celui-ci est par ailleurs influencé par le leverage élevé de trois points par rapport aux
autres (Figure 7.4). Ces points correspondent aux sols 5, 6 et 13 qui sont caractérisés
par des taux élevés de matière organique et d’argile et des CEC élevées. On ne saurait
donc pas affirmer qu’il y a une bonne relation entre le PBC et le carbone organique
parce qu’il est connu que la matière organique n’a pas d’affinité préférentielle pour le
potassium et n’influence donc pas le PBC pour ce cation (Beckett et Nafady, 1967). La
grande affinité de la matière organique pour les cations divalents est due non
seulement aux interactions électrostatiques, mais aussi à la formation de complexes
organo-minéraux, processus non effectifs pour les cations monovalents.

Dès lors, le pouvoir tampon de ces sols à l’égard du potassium peut être estimé par les
teneurs en argile ou en sable ou par la CEC en utilisant les équations de régression
linéaire illustrées à la figure 7.4 par les relations suivantes:

; r2 = 0,94 (7.12)

; r2 = 0,94 (7.13)

; r2 = 0,96 (7.14)

Tableau 7. 4: Matrice de corrélation entre les paramètres intrinsèques des sols et le PBC et le coefficient de
sélectivité de Gapon

pH CE Sable Argile C CEC PBC KG


CE 0,14
Sable -0,47 -0,07
Argile 0,48 0,08 -0,998 (***)
C 0,30 0,30 -0,81 (***) 0,80 (**)
CEC 0,50 0,11 -0,99 (***) 0,98 (***) 0,85 (***)
PBC 0,57 (*) 0,12 -0,97 (***) 0,97 (***) 0,80 (**) 0,98 (***)
KG 0,27 -0,41 -0,21 0,23 -0,11 0,18 0,30
-0,16 0,62 (*) -0,28 0,26 0,63 (*) 0,32 0,19 -0,59 (*)
* : significatif au seuil de 5% ; ** : Significatif au seuil de 5‰ ; *** : Significatif au seuil de 1‰

Un commentaire qu’on peut faire de l’équation 7.6 est que le coefficient de


proportionnalité entre et le rapport entre le potassium échangeable et le pool des
divalents Ca et Mg (noté Kéch/Déch) est le coefficient de sélectivité d’échange de Gapon
259
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

pour l’échange K - (Ca+Mg). Ce dernier exprime d'affinité relative que les sols peuvent
développer pour K par rapport aux cations Ca et Mg.

Par des graphiques de Kéch/Déch versus , nous avons déterminé le coefficient de


Gapon pour chaque échantillon de sol en vue d’examiner ses relations avec le pouvoir
tampon vis-à-vis du potassium. Les courbes obtenues étaient curvilinéaires et ne
permettaient pas d’avoir une valeur unique de KG. Cependant, en procédant de la
même manière que pour le pouvoir tampon avec les quatre points aux doses de K
réalistes sur terrain, on constate que des droites conviennent mieux pour cette
relation (Figure 7.5). La pente de la droite de régression ainsi tracée est le coefficient
de Gapon. Les valeurs KG pour les treize sols sont reprises dans le tableau 7.3. Elles
varient de 1,81 à 4,54 mol.L-0,5. La quasi-totalité des sols (sauf le sol 12) ayant des
valeurs de KG qui fluctuent dans la fourchette de 3 à 4,54 mol.L-0,5, on pourrait dire que
l’affinité relative de ces sols au K est du même ordre de grandeur (Tableau 7.3).

L’examen des corrélations entre KG et les paramètres de quantité et d’intensité du K et


les variables du sol (Tableau 7.4 et Figure 7.6) montre que le coefficient de Gapon n’a
pas de corrélation significative avec aucune autre variable analysée.

Bien que KG seul ne permette pas de prédire le PBC de ces sols de Mugerero (r = 0,3),
une quasi-égalité de PBC et le produit de la CEC par KG est observée. Cette égalité est
illustrée à la figure 7.6 où on observe que les points des deux séries de données se
rangent près de la première bissectrice et qu’une droite ajuste bien les données avec
une pente de 0,99 proche de l’unité et un coefficient de détermination r 2 = 0,98
également proche de l’unité.

260
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Figure 7. 4: Relation entre le PBC du potassium et les propriétés constitutives des sols

+ 2+ 2+
Figure 7. 5: Relation entre le rapport de K sur les cations divalents Ca et Mg des phases surface et solution

261
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

+ 2+ 2+
Figure 7.5 (Suite) : Relation entre le rapport de K sur les cations divalents Ca et Mg des phases surface et
solution

L’égalité entre PBC et le produit de KG par la CEC peut être justifiée par la relation (7.6)
pour les cas des sols où les cations divalents prennent une proportion largement
importante que celle des monovalents sur le complexe d’échange. En effet, dans le
système K-(Ca+Mg), la relation (7.8) peut être écrite sous la forme:

(7.15)

Comme le taux de saturation en K est très petite dans les sols, (K éch <<< CEC), cette
relation (7.15) devient :

≅ (7.16)

Au vu de cette relation (7.16), on pourrait annoncer les conditions d’égalité des valeurs
de PBC pour deux sols. Ainsi, pour que deux sols aient même PBC pour K, il faudrait

262
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

qu’ils aient également mêmes valeurs de KG et de CEC ou que la valeur élevée de l’une
des deux variables soit compensée par une valeur faible de l’autre variable.

Figure 7. 6: Relation entre le PBC du potassium et le coefficient de Gapon (à gauche); Relation entre le PBC et le
produit du coefficient de Gapon et la CEC

Le paramètre est une mesure d’intensité pour le K que la solution du sol peut
fournir directement à la plante. Il est donné par l’intersection de la courbe Q/I et l’axe
des . Ses valeurs varient de 0,00128 à 0,00513 dans les sols de la présente étude.
Des valeurs de élevées sont observées pour les sols 1 et 12 tandis que les plus
faibles sont notées pour les sols 3 et 4, suggérant que les sols aux plus grandes valeurs
de ce paramètre ont une grande intensité de fourniture de K en solution. Pour ces sols,
une grande quantité de K peut être absorbée par les plantes d’une manière
instantanée. Si on adopte la logique de Woodruff (1955) selon laquelle des valeurs de
doivent se situer entre 0,0027 et 0,034 pour une nutrition potassique équilibrée
de la plante, on se rend compte que cinq sols (sol 2, 3, 4, 7 et 8) ont des valeurs
insuffisantes de cette variable. Par comparaison aux valeurs de cette variable trouvées
dans d’autres régions du monde, les sols de Mugerero possèdent des valeurs faibles
par rapport à celles trouvées pour les sols limoneux sableux chaulés et fertilisés avec K
issus de la plaine côtière de Delaware qui sont comprises entre 0,043 et 0,053 (Sparks
et Liebhardt, 1981).

Il est intéressant de déterminer la relation qui existerait entre ce paramètre qui


correspond au statut potassique au moment de l’échantillonnage par des corrélations
avec les paramètres de rendement du riz. Les coefficients de corrélation établis sont
donnés dans le tableau 7.5. On remarque qu’il n’y a pas de corrélation entre ce
paramètre et le rendement rizicole. D’autres facteurs tels que la salinité auraient plus
d’influence sur le rendement du riz dans les sols étudiés que le ARKe.

263
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Tableau 7. 5: Corrélation entre le pouvoir tampon vis à vis du K et les composantes du rendement du riz

Variables Nb talle Hauteur Tx st pmgp Rdt


du sol unité cm % g kg/m2
0,5 r 0,2 0,23 -0,02 0,47 0,37
ARKe (mol.L)
p 0,52 0,46 0,94 0,11 0,21

Quelques applications pratiques peuvent être tirées des résultats de cette étude. La
capacité d’un sol à préserver les apports de K contre le lessivage est proportionnelle à
sa teneur en argile et à sa capacité à tamponner la concentration du K dans la phase
soluble, qui régule dans le temps l’absorption du K par les plantes.

Les valeurs minimales, maximales et moyennes des proportions des apports


potassiques qui sont retenus par les sites d’échange des sols étudiés sont données
dans le tableau 7.6 en pourcentages. On remarque que les sols les plus riches en argile
(sols 5, 6 et 13) et dont les PBC pour le K sont relativement élevés retiennent plus de K
apporté que les plus riches en sable (sols 12, 9 et 1). L’évolution de la proportion de K
retenu par le sol en fonction des augmentations des apports potassiques est illustrée à
la figure 7.7 pour deux échantillons (sol 6 et sol 12) aux valeurs contrastées de cette
proportion. Cette figure montre que cette proportion diminue avec les augmentations
des apports en K. Le sol 6 retient plus de K (77 à 88%) que le sol 12 (25 à 50%). Dans la
pratique, les fertilisants potassiques peuvent être appliqués en une fois pour les sols
aux PBC pour K élevés (ex : sol 6) tandis qu’une application fractionnée de K est
recommandable pour les sols aux faibles PBC pour K (ex : sol 12) pour éviter les pertes
par lessivage.

Tableau 7. 6: Valeurs minimales, maximales et moyennes du pourcentage de K retenu par rapport à K apporté

N° du sol Minimum Maximum Moyenne


1 44,85 61,64 53,78
2 64,51 75,87 71,20
3 57,53 81,71 69,10
4 51,08 69,59 62,02
5 78,75 89,95 83,46
6 77,14 87,66 81,98
7 46,83 64,97 57,60
8 46,46 63,12 56,35
9 43,61 57,86 53,18
10 37,03 76,53 62,49
11 61,11 74,52 70,19
12 24,69 49,55 35,13
13 76,75 80,77 79,44

264
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

Figure 7. 7: Proportion de K retenu (%) par les sols à différentes doses de K ajouté

Les courbes Q/I peuvent être aussi utilisées pour estimer la quantité d’engrais
potassique nécessaire pour atteindre la valeur critique de ARK qui est requise pour la
croissance optimale d’une culture donnée ( ). La valeur critique de K échangeable
correspondante peut alors être calculée par la relation :

(7.17)

Le PBC étant proportionnel à la teneur en argile et en sable (Equations 7.12 et 7.13), le


K échangeable critique peut être calculé par les relations :

(7.18)

(7.19)

D’une manière pratique, l’usage de la relation (7.19) est préférable du fait de la


détermination aisée de la teneur en sable que celle d’argile. La détermination des
valeurs critiques de pour différentes cultures serait à déterminer par des essais de
terrain.

7.4. Conclusion

Des propriétés intrinsèques diversifiées, les sols halomorphes du périmètre de


Mugerero dans la plaine de la Basse Rusizi présentent des comportements aussi
contrastés vis-à-vis de la fertilisation potassique. Dépendant de la CEC et du coefficient
de Gapon KG, le pouvoir tampon de ces sols à l’égard du potassium est en relation avec
le taux d’argile. La CEC et le taux d’argile ainsi que le taux de sable (dont la corrélation
au taux d’argile est assurée pour les sols étudiés) constituent de bons indicateurs du
pouvoir tampon vis-à-vis du potassium. Cependant, à cause de sa détermination rapide
265
Chapitre 7. Evaluation du pouvoir tampon des sols salés de Mugerero vis-à-vis du potassium

par des analyses de routine, le pourcentage en sable serait mieux indiqué à la


prédiction du pouvoir tampon. Dès lors, les sols les plus riches en sable devraient être
soumis aux applications fractionnées des fertilisants potassiques pour limiter les pertes
de K par lessivage.

266
Discussion générale et perspectives

Discussion générale et perspectives


Discussion générale

Les sols affectés par la salinité retiennent l’attention de nombreuses recherches


scientifiques. Une des raisons agronomiques de cette préoccupation est qu’ils
possèdent des propriétés physico-chimiques particulières qui, au-delà d’un certain
niveau, peuvent affecter la croissance des plantes. Dans des conditions de salinité
et/ou de sodicité, la grande pression osmotique de la solution du sol, le déséquilibre
nutritionnel entre les ions engendrant des situations de déficit ou de toxicité ainsi que
les détériorations de la structure, de la perméabilité et de la conductivité hydraulique
en cas d’une grande saturation du complexe d’échange en Na limitent la production
agricole (Marschner et al., 1995 ; Grattan et Grieve, 1999 ; Rengasamy, 2010) ; Fageria
et al., 2011). La salinisation étant quelquefois induite par des activités anthropiques
comme les pratiques d’irrigation, la connaissance des propriétés physico-chimiques
des sols irrigués apparait nécessaire pour la durabilité de leur exploitation.

Eu égard à ce qui précède, la description de l’état de salinité d’un sol commence par la
caractérisation de deux variables : la concentration en électrolyte totale et le taux de
sodium échangeable (ESP). La concentration en sels totaux dans la solution est souvent
exprimée par la conductivité électrique (CE) qui est mesurée dans l’extrait de la pâte
saturée ; tandis que l’ESP est calculé à partir des cations échangeables et/ou de la CEC.

La méthode de la pâte saturée fournit une mesure plus représentative de la quantité


totale des sels solubles de la solution du sol car l’humidité à saturation est
proportionnelle à la teneur en eau du sol à la capacité au champ. Cependant, la
réalisation de la pâte saturée est plus longue et est plus sensible à l'erreur due à
l’appréciation subjective de l’humidité du sol à saturation (Gartley, 2011). Dans la
plupart des laboratoires d'analyse de sol où un grand nombre d'échantillons doivent
être traités, la mesure de la CE à un rapport sol/eau fixe et plus petit que celui de la
saturation convient mieux pour des raisons de rapidité, de facilité, et de
reproductibilité. Comme les résultats de la CE varient selon la méthode choisie, il faut
prendre soin d'utiliser l'échelle d'interprétation correcte dans l’évaluation des résultats
de la CE (Rhoades, 1982).

Le taux de saturation en sodium (ESP) est un indicateur de la sodicité du sol puisque le


dépassement d’un certain seuil, fixé à 15% pour les sols des Etats-Unis (USDA, 1954) et
à 6% pour les sols d’Australie (Northcote et Skene, 1972), provoque des phénomènes
indésirables, tels que la fragilisation de la structure du sol, la détérioration des
267
Discussion générale et perspectives

propriétés hydrauliques du sol, et une susceptibilité accrue à l’encroûtement et à


l’érosion (Qadir et Schubert, 2002). Ce seuil dépend de la salinité de la solution, de la
nature des cations en présence, de la texture et de la minéralogie propre du sol (Qadir
et Schubert, 2002) et doit faire objet d’études préalables pour sa fixation. La
détermination de l’ESP requiert celle des cations échangeables majeurs (Ca, Mg, Na et
K) et/ou de la CEC. Or, la détermination expérimentale des cations échangeables n’est
pas aisée d’autant plus que les concentrations cationiques des extraits obtenus avec
les réactifs conventionnels (ex : Ac-NH4, pH7 et Ac-Na, pH 8,2) cumulent les cations
échangeables et ceux qui proviennent des sels contenus dans le sol. On est donc obligé
d’analyser aussi les cations solubles afin de pouvoir les déduire. Tenant compte de ce
qui précède, bon nombre d’auteurs ont développé d’autres méthodes de
détermination des cations échangeables. Le qualificatif commun à ces méthodes est
qu’elles sont laborieuses et prennent beaucoup de temps.

Une manière de simplifier les démarches expérimentales laborieuses de détermination


de l’ESP est de l’inférer à partir des variables de la solution à l’aide d’un modèle de
calcul préétabli. L’un des modèles utilisés dans ce sens et qui a été rendu célèbre par
son utilisation dans de nombreuses recherches est celui du US Salinity Laboratory
Bureau (USDA, 1954). Ce modèle doit son succès d’utilisation à la gamme de variation
de SAR des sols utilisés pour son établissement (SAR variant de 0 à 60 (mmol/L)1/2) qui
couvre la plupart des sols du monde. Cependant, cette relation n’est qu’empirique et
n’a pas de portée universelle. En effet, les relations ESP-SAR varient selon la teneur en
argile et la minéralogie, la salinité de la solution d’équilibre et le pourcentage de
saturation des sols (Levy et Hillel, 196 ; Endo et al., 2002). De même, cette équation du
USDA (1954) a été critiquée par beaucoup d’auteurs qui lui reprochent de ne pas
reposer sur une assise thermodynamiquement rigoureuse dans le sens où elle
considère que les cations de la phase surface, exprimés sous forme d’équivalents,
réagissent avec les cations solubles exprimés sous forme de concentrations
millimolaires ; or la loi de Raoult prévoit l’égalité des potentiels chimiques de chaque
cation en phases solution et surface. C’est alors que d’autres formalismes sont utilisés
pour modéliser les équilibres d’échange ionique entre la solution et la phase surface.
Les plus utilisés sont ceux de Vanselow (1932) et de Gaines et Thomas (1953). Bien
qu’ils soient réputés d’être plus rigoureux du point de vue thermodynamique, leur
application donne des valeurs des coefficients de sélectivité qui diffèrent d’un sol à
l’autre ; d’où la nécessité d’établir pour chaque contexte géochimique les coefficients
de sélectivité qui lui sont propres.

268
Discussion générale et perspectives

Le régime d’irrigation soumet les sols aux conditions d’anaérobiose qui leur confèrent
des propriétés différentes de celles des conditions aérobies. Les effets de
l’engorgement sur la chimie des sols ont été étudiés par beaucoup d’auteurs
(Ponnamperuma et al., 1967 ; Ponnamperuma, 1972 ; Kirk, 2004 ; Kyuma, 2004; …).
Cependant, les changements des propriétés chimiques de tous les sols sont loin d’être
similaires ; ils dépendent aussi des conditions propres de chaque milieu.

La physico-chimie de beaucoup de sols du monde a déjà été étudiée. Celle de sols du


périmètre de Mugerero dans la plaine de la Basse Rusizi affectés par la salinité n’a
jusqu’ici fait objet d’aucune étude approfondie. C’est dans cette optique que la
présente étude a été menée en vue de comprendre les processus physico-chimiques
des sols halomorphes du périmètre rizicole de Mugerero.

Objectifs de l’étude

L’objectif de cette thèse était d’étudier, à travers une étude de cas, les processus
chimiques qui gouvernent les paramètres de la solution et du complexe d’échange
ainsi que les échanges qui s’opèrent entre les deux phases pour les sols affectés par la
salinité. Elle a été réalisée par des analyses des échantillons de sols prélevés sur les
parcelles rizicoles et abandonnées du périmètre rizicole de Mugerero, situé dans la
plaine de la Basse Rusizi au Burundi.

Les objectifs spécifiques étaient :

i) de diagnostiquer les propriétés physico-chimiques de ces sols par des analyses de


routine et de la solution aqueuse au rapport sol/eau de 1/2 ;

ii) d’identifier les principales variables physico-chimiques des sols qui limiteraient la
production rizicole et d’établir des modèles de prédiction des composantes de
rendement à partir des paramètres du sol ;

ii) d’évaluer les effets du rapport sol/eau sur la composition ionique de la solution
d’équilibre et de la phase surface mais aussi sur les équilibres d’échange cationique
entre les deux phases ; de montrer les relations qui existent entre les paramètres de la
solution ou du complexe d’échange déterminés à des rapports sol/eau différents ;

iv) d’examiner les effets de l’incubation en anaérobiose sur les propriétés de la


solution et du complexe d’échange ;

269
Discussion générale et perspectives

v) d’évaluer les indicateurs physico-chimiques du pouvoir tampon des sols vis-à-vis du


potassium en vue de proposer un mode de gestion de la fertilisation potassique de ces
sols.

Avancées et limitations

1. Caractérisation des propriétés physico-chimiques des sols de Mugerero et étude


de l’effet de la dilution sur la composition des phases solution et échangeable et sur
les équilibres d’échange entre les deux phases (chapitre 3, 5 et 6)

1.1. Avancées

La présente étude fait suite à quelques travaux antérieurs effectués par Frankart et al.,
(1965) et Frankart et Herbillon (1971) sur les sols de la localité étudiée pour leur
aménagement à des fins d’agriculture irriguée. La spécificité de la garniture cationique
saturée en proportion quasi-équivalente par Ca et en Mg (±40%) et en proportion de
Na variant de 0 à 20%, et les CEC relativement élevées ont été soulignées par ces
travaux. Cependant, toutes ces propriétés ont été déterminées avant la mise en valeur
de ce périmètre pour l’agriculture. De même, ces études anciennes n’ont pas abordé
les lois qui régissent la composition de la solution et du complexe d’échange. La
présente étude fournit des renseignements sur les caractéristiques physico-chimiques
des sols de Mugerero après 4 décennies d’exploitation par la riziculture irriguée et
apporte des informations en rapport avec les équilibres d’échange ionique et de
solubilité des minéraux ainsi que les variations des propriétés chimiques engendrées
par des conditions d’anaérobiose.

Les analyses de routine montrent que les sols de Mugerero sont caractérisés par des
pH alcalins, des CE relativement élevées, et des CEC élevées évoquant la dominance
des minéraux de type 2/1. La CEC est significativement corrélée au pourcentage en
argile qui est lui-même positivement corrélé au taux de sable ; indiquant que les taux
d’argile et de sable sont des bons indicateurs de la CEC des sols étudiés. L’analyse de la
solution aqueuse à la dilution 1/2 a mis en évidence la dominance du cation Na et de
l’anion SO4 ou HCO3 dans la phase solution. Le complexe d’échange est complètement
garni des cations basiques (Ca, Mg, Na et K) avec une grande représentation de Ca, Mg
et Na et une faible représentation de K. Le taux de saturation en Na varie de 0,5 à
65,3% avec une moyenne de 18,2% et une médiane de 16,4% à la dilution 1/2 ; ce qui
montre que le niveau de sodicité des sols étudiés est inquiétant si on se réfère à la
valeur critique de 15% fixée par le US Salinity Laboratory (USDA, 1954).
270
Discussion générale et perspectives

A l’aide des résultats d’analyses chimiques des solutions extraites à cinq rapports
sol/eau (rapports 1/2, 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12) et des extraits d’Ac-NH4, pH 7 et d’Ac-Na,
pH 8,2, des modèles de calcul des variables de la solution (CE, cations solubles) et de la
phase surface (cations échangeables et ESP) à une teneur en eau quelconque à partir
des mesures faites à une dilution de référence (dilution 1/2) ont été établis. Les
analyses des équilibres d’échange cationique pour les systèmes Na - (Ca+Mg) et Ca –
Mg aux cinq dilutions ont montré que des valeurs uniques des coefficients de
sélectivité de Vanselow (KV = 0,5) et de Gaines et Thomas (KC = 0,3) sont applicables
pour l’échange Na - (Ca+Mg) (coefficients exprimés selon la sélectivité du complexe
d’échange pour le Na) et que le complexe d’échange est plus sélectif pour le Ca que
pour le Mg (KV = KC = 1,5). Il a été par ailleurs montré que le formalisme de Gapon,
dans le contexte des sols de la Basse Rusizi, n’est applicable en pratique que dans une
gamme limitée de charge sodique, confirmant ainsi les limites de la cohérence
thermodynamique de cette approche.

Par ailleurs, pour comprendre l’évolution des variables de la solution en périodes


inondées qui caractérisent la riziculture, les analyses chimiques des solutions extraites
après incubation des échantillons des sols ont montré que les pH des sols soumis à
l’anaérobiose évoluent vers la neutralité. Les teneurs en cations Ca, Mg, Na et K
augmentent comparativement aux solutions non incubées en relation avec les teneurs
en matière organique. Il a été aussi noté que les concentrations en Fe et en Mn sont
faibles voire nulles et que les coefficients de sélectivité d’échange cationique restent
dans le même ordre de grandeur que ceux qui caractérisent les conditions aérobies.

1.2. Limitations

A travers la revue bibliographique du chapitre 2, des hypothèses ont été émises sur
l’origine des sels de la plaine de la Basse Rusizi. Comme rappel, ils proviendraient du
volcanisme de la région de Kivu au Congo et des phénomènes d’hydrothermalisme
dans le bassin versant de la Rusizi et du fond du Tanganyika. Néanmoins, la présente
étude n’a pas exploré profondément ces hypothèses, tout en confirmant leur
plausibilité au vu de la dominance des sels sodiques, magnésiens et sulfatés dans les
solutions de sols.

Le succès des opérations de désalinisation ou désodisation des sols dépend


énormément des propriétés physiques notamment la conductivité hydraulique,
l’infiltrabilité et la stabilité structurale. Cependant, cette étude s’est focalisée sur les
propriétés chimiques et n’a pas abordé ces caractéristiques physiques.
271
Discussion générale et perspectives

2. Effet des paramètres du sol sur la production du riz et évaluation des processus
chimiques qui gouvernent la disponibilité des facteurs de la productivité du riz
(chapitres 4 et 7).

2.1. Avancées

Par des analyses des corrélations entre les variables physico-chimiques du sol (pH, CE,
cations et anions solubles et rapports entre les cations et pourcentages de cations
échangeables) et les composantes du rendement du riz mesurées dans les champs
rizicoles et par l’analyse en composantes principales combinant les deux groupes de
paramètres, il a été établi que la production du riz dans la zone étudiée est
principalement entravée par le pH, la salinité (CE) et le Na tandis que le Ca et les
rapports cationiques K/Na et Ca/Na sont des facteurs améliorateurs de la productivité
rizicole.
Consécutivement à ce qui précède, la réponse des sols étudiés face à la fertilisation
potassique a été investiguée par les courbes Q/I de Beckett (1964a). Les corrélations
linéaires entre les valeurs du pouvoir tampon des treize sols à l’égard du potassium
(PBC) et les variables physico-chimiques du sol ont été analysées. Il a été ainsi
remarqué que le PBC est significativement corrélé avec la CEC et avec les pourcentages
en argile et en sable. Dès lors, les variables granulométriques pourraient bien servir
d’indicateurs du PBC. Des applications fractionnées des engrais potassiques pour les
cas des sols qui ont des grands pourcentages de sable ont été alors recommandées.

2.2. Limitations

L’identification des déterminants de la production rizicole était basée sur les analyses
statistiques qui n’ont pas permis de dissocier les effets des variables colinéaires pour
identifier le facteur qui est réellement responsable de la situation. Le groupe du pH et
des ions bicarbonates ; celui de la CE, de Na et de SO4, et celui de l’ESP et de l’ECP sont
constitués par des variables significativement corrélées et dont les effets sur les
variables de rendement se sont révélés significatifs au seuil de 5%. Quelques - unes de
ces variables peuvent ne pas avoir des influences sur la physiologie de la plante et sur
le rendement et pourraient avoir été qualifiées de facteurs de réduction/augmentation
de la production rizicole par effet de colinéarité. De même, bien que les facteurs
pédologiques qui influencent la production agricole aient été identifiés, leurs effets sur
l’assimilabilité des nutriments par la plante n’ont pas été évalués puisque les parties
végétatives de la plante n’ont pas été analysées.

272
Discussion générale et perspectives

Parmi les facteurs identifiés, seul le potassium a fait l’objet d’une analyse particulière,
l’adsorption du calcium (en présence de sulfates, de chlorures ou de bicarbonates) et
les processus de sodisation ou de désodisation n’ont pas fait l’objet d’une étude
spécifique dans cette thèse. Toutefois, la mise en évidence de coefficients de
sélectivité uniques indépendants de la composition anionique des solutions porte à
croire que notre démarche présente un fondement très général à partir du moment où
l’influence de la nature des anions est prise en compte dans la spéciation chimique des
solutions. Il n’en va très vraisemblablement pas de même pour l’absorption des cations
par la plante dont les mécanismes physiologique sont naturellement influencés par la
nature des anions en présence.

A côté du potassium, l’azote et le phosphore constituent des éléments majeurs pour la


croissance de la plante mais les processus chimiques qui les régissent n’ont pas été
abordés dans cette étude sur la chimie des sols de Mugerero.

Perspectives

Les perspectives formulées sont groupées en trois points :

i) Identification de l’origine de la salinité des sols étudiés par des analyses chimiques ;
ii) Evaluation des effets des anions sulfates et bicarbonates sur la productivité rizicole ;
iii) Etude du comportement du sol face aux fertilisants minéraux et aux amendements
correcteurs de la sodicité.

Identification de l’origine de la salinité

Une documentation fouillée sur l’origine de la salinité de la région a conclu que les sels
observés dans la localité étudiée proviendraient du volcanisme du Kivu et des
systèmes hydrothermaux de la province de Cibitoke et du fond du Lac Tanganyika. Une
étude scientifique s’impose pour vérifier ces hypothèses. Les indicateurs géochimiques
et isotopiques pourraient être utilisés pour élucider les origines des éléments
chimiques constitutifs de la salinité de la solution des sols.

Evaluation de l’effet des anions sulfates et bicarbonates sur la productivité rizicole

En plus de participer à la salinité globale, les anions solubles HCO3 et SO4 présentent
des corrélations significatives avec les paramètres de rendement. Cependant, il est
difficile de conclure sur leurs effets sur la productivité du riz parce qu’ils sont corrélés

273
Discussion générale et perspectives

avec d’autres paramètres (pH, CE et Na). Les effets néfastes des sulfates sur la
croissance des plantes ne sont pas suffisamment documentés mais les effets négatifs
de l’ion HCO3 sur la croissance des plantes ont été signalés par beaucoup d’auteurs. Il
inhibe l’absorption du fer, du manganèse et du zinc pour de nombreuses plantes
(Woolhouse, 1966 ; Pissaloux et al., 1995 ; Hajiboland et al., 2003 ; Alhendawi, 2011) et
est responsable de la chlorose ferrique dans les sols calcaires. Ses effets ont été
qualifiés de plus graves que ceux des pH élevés (Yang et al., 2003). Des essais
comparatifs des effets de cet anion avec ceux des anions Cl et SO4 (de Ca, de Mg ou de
Na) pourraient être réalisés en champ ou en vases de végétation.

Pour étudier les effets des facteurs pédologiques sur l’assimilabilité des nutriments par
la plante, il serait intéressant d’effectuer des analyses chimiques des parties
végétatives (racines, chaumes, tiges, feuilles) et grains pour explorer les effets de
certaines variables chimiques sur l’assimilation des nutriments par la plante.

Etude de la réponse des sols face aux fertilisants minéraux et aux amendements
correcteurs de la sodicité

Le cation Na et l’anion HCO3 ont été identifiés comme des éléments nuisibles à la
productivité du riz tandis que le Ca et le K ont été reconnus comme des éléments qui
participent à l’amélioration de la production du riz. Le suivi de la chimie de ces
éléments dans le sol est alors une recommandation conséquente à cette constatation.
Des expériences visant la réduction des teneurs en Na et en HCO3 et l’enrichissement
du complexe d’échange en Ca et en K s’appliqueraient bien dans les sols de Mugerero.
L’évaluation de l’accumulation du potassium a été réalisée pour les sols des parcelles
rizicoles (chapitre 7). Des expériences sur l’application des amendements comme le
gypse ou d’autres composants sont nécessaires pour investiguer le comportement des
sols étudiés pendant les processus de désodisation eu égard au calcium et au sodium.
Cette réponse serait abordée non seulement sous les aspects chimiques mais aussi
sous les aspects physiques.

Des études des effets des différents scénarios de réhabilitation des sols salés (lessivage
et amendements) sur les propriétés physiques sont indispensables pour les sols de
Mugerero en vue de prévoir les mesures d’atténuation en cas de leur détérioration. De
même, les études des effets de l’ESP ou de l’EMP (pourcentage de Mg échangeable)
sur ces propriétés physiques sont nécessaires pour fixer les valeurs seuils au-delà
desquels des mesures de correction doivent être appliquées.

274
Discussion générale et perspectives

En plus des études d’efficacité des amendements susdits, les processus de sodisation
et de désodisation pourraient être évalués par les courbes de Quantité/Intensité pour
le Na en prenant les cations Ca et Mg sous forme de sulfates, de bicarbonates ou de
chlorure comme électrolyte de fond. On porterait beaucoup d’attention sur les
relations entre le pouvoir tampon à l’égard du Na et les propriétés physico-chimiques
des sols. Cette étude permettrait aussi de comprendre les effets des anions apportés
par l’électrolyte de fond sur l’adsorption et la désorption du Na. L’utilisation des
courbes Q/I à des fins de réhabilitation des sols sodiques ou salins sodiques a été
suggérée par Nafady et Lamm (1972) ; car l’intersection de la courbe Q/I avec l’axe du
facteur de quantité est une mesure de Na qui peut facilement être échangé avec les
cations de l’électrolyte de fond (Pasrika et Ponnamperuma, 1977). De telles études ont
été déjà menées dans des sols de l’Inde (Kundu, 1986 ; Kotur et Rao, 1988) et ont
montré que le pouvoir tampon dépend de la minéralogie des sols et varie donc selon le
milieu.

L’engrais minéral azoté est souvent fourni au sol sous forme de NH4 ; cette forme
d’azote présente l’avantage d’être moins mobile que la forme de NO 3. D’autre part, en
riziculture inondée, l’apport de NO3 est exclu en riziculture inondée parce qu’elle
conduit immédiatement à la dénitrification, raison pour laquelle il est conseillé
d’utiliser la forme réduite de N dans cette culture. Dans l’optique d’améliorer
l’efficacité de l’application de cet engrais (souvent fourni dans les sols étudiés sous la
forme de Diammonium phosphate (NH4)2HPO4)), il est intéressant d’étudier les
processus qui régissent sa répartition au sein des phases du sol. Quelques auteurs,
notamment Wang et Alva (2000), ont utilisé les courbes Q/I de Beckett (1964a) pour
étudier les phénomènes d’adsorption et de désorption de l’ammonium sur les sols.
Une telle approche pourrait être adoptée pour évaluer le pouvoir tampon vis-à-vis de
ce cation ainsi que les facteurs du sol qui lui serviraient d’indicateurs.

A l’issu de l’incubation en anaérobiose des suspensions des sols, il a été constaté que
les quantités de Fe2+ et le Mn2+ étaient soit nulles soit insignifiantes ; dans un
environnement où il y a présence excessive de bicarbonates, le fer peut se révéler un
facteur limitant. Il en est de même du phosphore dont la libération en solution suit
celle du fer (chapitre 6). Des études d’adsorption et de désorption de ces éléments
apporteraient des connaissances sur les facteurs de leur disponibilité. Des essais de
d’application de ces éléments sous forme d’engrais pourraient être menés pour
évaluer leurs effets sur la productivité du riz dans les conditions locales.

275
Discussion générale et perspectives

Proposition du mode de gestion adéquat des sols de Mugerero

Les analyses physico-chimiques des sols de Mugerero faites dans le cadre de cette
étude ont révélé qu’ils accusent des niveaux élevés de salinité, de sodicité et
d’alcalinité. Ces trois phénomènes sont les principales causes de la baisse de leur
productivité rizicole. Toute tentative d’aménagement visant l’accroissement de la
production rizicole doit tenir compte des causes réelles des augmentations des niveaux
de ces paramètres.

Dans la zone étudiée, nous avons remarqué que la présence d’une nappe phréatique
suspendue près de la surface, l’évapotranspiration élevée et la faible perméabilité du
sol sont des facteurs naturels qui contribuent à la salinisation récente des rizières. En
outre, les pratiques liées à la riziculture irriguée ont contribué à l’accélération du
processus de salinisation, de sodisation et d’alcalinisation. Les quantités insuffisantes
d’eau d’irrigation, l’usage des eaux provenant des autres parcelles (parfois salées) et le
système de drainage défaillant (drains bouchés ou non entretenus) constituent des
facteurs anthropiques de salinisation dans les parcelles de la zone étudiée,
phénomène qui s’est superposé à la sodisation et à l’alcalinisation. Cependant, l’eau
d’irrigation de bonne qualité qui est captée sur la rivière Mpanda peut constituer un
atout aux succès de réhabilitation des sites affectés par ces problèmes.

En tenant compte de ce qui précède, toute mesure envisageable pour freiner le


processus de salinisation des parcelles rizicoles doit reposer sur les techniques qui
permettent d’éviter (ou de limiter) les processus à la base de l’accumulation des sels, à
savoir :

- la remontée de la nappe phréatique,


- l’ascension des sels par capillarité, et
- les mouvements de sels d’une parcelle à une autre (mouvements de surface ou de
profondeur).

Par ailleurs, les mesures de réhabilitation des parcelles dont les niveaux de salinité est
déjà critique doivent reposer sur le déplacement des sels hors de la zone racinaire tout
en maintenant les sols dans des conditions physiques favorables au développement
des plantes. Dans des cas de salinité extrême ou difficile à traiter, il faudrait envisager
la culture des variétés de riz résistantes ou d’autres espèces végétales tolérantes
notamment le coton, le sorgho, la tomate, le palmier dattier, le cocotier, etc. Dans les
cas extrêmes de salinité/sodicité, l’affectation des parcelles à la culture des plantes
fourragères (pois cajan, Pennisetum sp, ….) constituera une solution.
276
Discussion générale et perspectives

A Mugerero, les parcelles sont diversement affectées par les sels. Certaines sont
encore saines tandis que d’autres sont déjà affectées. Leur point commun est qu’elles
sont toutes soumises aux mêmes facteurs naturels de salinisation à quelques
différences d’intensité près. Dans les paragraphes qui suivent, nous décrivons d’abord
les mesures à mettre en pratique pour alléger l’intensité des facteurs naturels qui
conduisent à la salinisation ou à la sodisation ou à l’alcalinisation. Ces mesures
s’appliquent tant pour les sols sains que pour les sols déjà salés. Nous présentons
ensuite les pratiques nécessaires pour empêcher la salinisation des parcelles encore
rizicoles et nous terminons par les pratiques de réhabilitation des sols déjà affectés par
les sels.

Mesures d’atténuation des facteurs primaires de salinisation des sols de Mugerero

La première opération à faire pour limiter la salinisation sur les parcelles rizicoles qui
ne sont pas encore salées est l’établissement d’un bon système de drainage pour
rabaisser le niveau de la nappe phréatique. Le drainage profond est la méthode la plus
adaptée pour lutter contre la salinité. Elle doit permettre le rabattement de la nappe
phréatique à une profondeur suffisamment grande pour empêcher/limiter les
remontées capillaires. Elle doit permettre aussi le transport souterrain des solutés hors
de la parcelle. Comme les sols sont de faible perméabilité à cause de l’augmentation
des teneurs en sable dans les horizons de profondeur, les drains devraient être plus
rapprochés les uns des autres.

A Mugerero, tous les drains primaires comme tous les canaux primaires d’irrigation
sont parallèles à la pente générale d’écoulement (direction est-ouest vers la Ninga) et
installés près des sentiers routiers qui séparent les blocs d’irrigation. Il semble que ce
système ne permette pas de couper/limiter les flux souterrains d’eau chargée en sels
d’une parcelle à l’autre. Pour limiter l’extension de la salinisation dans les parcelles
encore saines, quelques drains pourraient être installés dans la direction
perpendiculaire à la topographie.

La nappe suspendue étant à une faible profondeur, il faudrait limiter l’eau d’irrigation
aux quantités nécessaires en ajustant les apports aux besoins en eau des cultures pour
juguler la montée du niveau de la nappe.

L’ETP de cette région étant supérieure aux précipitations pendant les mois secs, les
remontées capillaires deviennent plus importantes au cours de la saison sèche par le
fait que les parcelles ne sont pas couvertes par les cultures et qu’il n’y a pas
d’approvisionnement en eau d’irrigation. Pour limiter ce phénomène, il faudrait briser

277
Discussion générale et perspectives

les capillaires du sol par un léger travail du sol superficiel pour créer en surface une
couche de terre pulvérisée au début de la saison sèche juste après chaque récolte
rizicole. Le paillage constitue aussi un bon moyen de limiter l’accumulation des sels car
il permet de conserver l’humidité en réduisant l’évaporation. Les chaumes de riz qui
proviennent de la récolte sur place pourraient servir à cette fin. L’optimisation de la
couverture de la surface du sol par les plantes de couverture (patate douce,
cucurbitacées, haricot, légumes …), en combinaison avec le paillage, contribuerait à
limiter les remontées des sels par capillarité durant la saison sèche.

Modes de gestion des parcelles non encore salinisées

Après l’établissement d’un système de drainage efficient, il faut isoler les parcelles
saines des parcelles salinisées par des drains profonds pour limiter les transferts
latéraux des solutés. Le lessivage régulier à l’eau permettra d’éviter la salinisation.

Avant chaque cycle de culture du riz, il faut opérer le lessivage des sels laissés lors du
cycle de culture précédent. Les excès de sels seront nettoyés en inondant les casiers
par une lame d’eau consistante et en vidangeant complètement la parcelle après une
courte période qui permet juste la solubilisation des sels. Cette opération doit être
répétée deux à trois fois en cas de concentrations relativement excessives de sels. Le
lessivage peut aussi être effectué pendant les stades végétatifs du riz. Dans ce cas, il
faut créer un flux continu d’apport d’eau dans la parcelle et un courant d’évacuation
d’eau en permanence pour empêcher l’accumulation des sels ; les parcelles devant
être vidangées régulièrement puis réirriguées rapidement. Le succès de cette
technique repose sur les possibilités de vidange des parcelles et donc l’existence d’un
système efficient de drainage superficiel.

La plupart des parcelles de la zone d’étude (rizicoles et abandonnées) connaissent un


problème d’alcalinité qui induiraient même des cas de déficience en nutriments tels
que le fer, le zinc, le cuivre etc. L’incorporation de la matière organique (fumier de
ferme, compost, sciures d’arbres, …) pourrait contribuer à la diminution du pH par
effet des acides organiques et du CO2 produit lors de la décomposition microbienne.

Réhabilitation des parcelles affectées de salinité

Les parcelles du périmètre de Mugerero qui connaissent des problèmes de salinité, de


sodicité et d’alcalinité nécessitent un déplacement des sels, plus particulièrement des
ions responsables de la sodicité (Na) et de l’alcalinité (HCO3), hors de la zone racinaire
des plantes.

278
Discussion générale et perspectives

La salinité, lorsqu’elle n’est pas accompagnée de la sodicité peut être corrigée par les
techniques de lessivage à l’eau de bonne qualité comme décrit dans le paragraphe
précédent. Néanmoins, quand elle est associée à la sodicité ou à l’alcalinité comme
c’est le cas dans les sols étudiés, le lessivage à l’eau conduit à la dispersion des
colloïdes du sol due à la persistance d’un taux élevé de Na échangeable, ce qui affecte
la perméabilité et l’aération du sol. Par conséquent, il est recommandé de les amender
avec des produits permettant le déplacement des ions Na et HCO3 préalablement à
toute opération de lessivage. Les amendements les plus préconisés en cas de sodicité
sont le gypse (CaSO4.2H2O) et, dans une moindre mesure, le chlorure de calcium
(CaCl2.2H2O) et l’acide sulfurique (H2SO4) ainsi que le soufre élémentaire. Le gypse et le
chlorure de Ca fournissent directement le Ca tandis que l’acide sulfurique et le soufre
élémentaire amplifient la dissolution de la calcite si elle est présente dans le sol (Qadir
et al., 2001). Le soufre élémentaire doit être oxydé en acide sulfurique sous des
conditions d’humidité et de température adéquates pour son efficacité (Horneck et al.,
2007). Récemment, l’usage de l’acide phosphorique (H3PO4) a été également
recommandé (Gharaibeh et al., 2009).

L’usage du gypse est mis en avant dans la réhabilitation des sols sodiques comme
source de Ca à cause de son coût relativement faible et surtout sa solubilité élevée en
conditions de pH alcalins. Cependant, sa dissolution exige beaucoup d’eau,
approximativement 20 cm d’eau pour dissoudre 5 tonnes de gypse (Strom et Norton,
2012) et son efficacité dépend du bon système de drainage ; ce qui constitue une
contrainte majeure pour les sols de Mugerero.

Les composants acides et le soufre sont efficaces en présence du carbonate de Ca dans


le sol qu’ils solubilisent. Le Ca ainsi rendu disponible remplace le Na du complexe
d’échange et/ou se combine avec les ions bicarbonates. L’application de l’acide
sulfurique sur les sols sodiques améliore la vitesse d’infiltration de l’eau et réduit
l’encroûtement de surface du sol en diminuant le pH et l’ESP. L’existence des
concrétions de calcaire dans les sols de Mugerero, surtout dans les horizons de
profondeur, peut donc être mise à profit dans les opérations de correction de la
sodicité et/ou d’alcalinité.

Le rôle de la matière organique est crucial dans la remédiation des sols dégradés par
des hautes teneurs en sels ou en Na, ou en métaux lourds. En effet, il est connu que
l’ajout de la matière organique augmente la respiration microbienne dans le sol, qui
diminue le pH par la production des acides organiques pendant la décomposition
(Chorum et Rengasamy, 1997). Par ailleurs, l’application de la matière organique sur

279
Discussion générale et perspectives

un sol qui n’en a pas assez en fait augmenter la population microbienne, améliore
l’infiltration et le drainage, réduit l’évaporation et favorise le développement racinaire
(Smith et al., 1987).

Dans le cas précis des sols salés de Mugerero, une intégration des amendements
chimiques et organiques paraît bien indiquée pour leur réhabilitation. D’une manière
synthétique, les actions suivantes pourraient être efficaces dans la réhabilitation des
sols salinisés de Mugerero :

1° Instaurer un bon système de drainage profond permettant de rabaisser le niveau de


la nappe ;
2° Isoler ces parcelles pour ne pas transférer les sels vers les parcelles saines lors du
lessivage ;
3° Faire un labour profond pour casser les couches imperméables des horizons B et
permettre une circulation de l’eau;
4° Incorporer du gypse dans les horizons de profondeur et la matière organique dans
les horizons de surface ; le soufre élémentaire pourrait aussi être incorporé dans les
horizons de profondeur pour profiter du CaCO3 présent ;
5° Inonder les parcelles pendant une durée nécessaire pour la décomposition
microbienne de la matière organique et pour la dissolution du gypse/oxydation du
soufre ;
6° Vidanger les parcelles ;
7° Laisser pousser la végétation naturelle ou mettre des engrais verts (composées des
plantes halophytes de la région) pour produire des exsudats et du CO2 qui rabaissent le
pH et provoquent la dissolution du CaCO3 ;
8° enfouir la biomasse végétale produite ;
9° Inonder pendant un temps nécessaire pour la décomposition de cette matière
organique (à ce stade, on pourra ajouter un peu de gypse) ;
10° Vidanger et mettre les cultures.

Conclusion générale

Les sols du périmètre de Mugerero présentent une salinité sulfatée ou bicarbonatée


avec dominance du Na et un complexe d’échange garni en cations basiques dont le Mg
atteint des taux inhabituellement rencontrés dans les sols du monde. Que ce soit en
conditions ouvertes à l’air ou en anaérobiose, des coefficients de sélectivité d’échange
de Vanselow (KV) d’une valeur de 0,5 et de Gaines et Thomas (KC) de 0,3 décrivent
correctement l’échange entre le Na et les cations divalents Ca et Mg pris ensemble, et
pourraient être utilisés pour les simulations du mouvement des sels dans le profil.
280
Discussion générale et perspectives

A partir des valeurs mesurées au rapport sol/eau de 1/2, fixe et facile à réaliser, il est
possible d’estimer avec précision les variables de la solution et du complexe d’échange
valables pour un rapport sol/eau voulu. Le degré de salinisation des parcelles rizicoles
étant variable, leur rendement en riz varie aussi en fonction des paramètres
pédochimiques. Il dépend des niveaux de salinité (CE) et de sodicité (Na) qui
l’influencent négativement et des teneurs en Ca et en K dont l’influence est plutôt
positive. En conditions anaérobies, la solubilité du fer et du Mn est sous le contrôle des
minéraux carbonatés (sidérite et rhodochrosite) en raison de la valeur du pH élevée ;
leurs faibles teneurs en solution pourraient donc s’ajouter aux causes de diminution de
la productivité rizicole. En outre, l’application des engrais du K, un des éléments
améliorateurs de la productivité du riz, doit tenir compte du pouvoir tampon des sols.
Ce dernier pouvant être estimé avec précision à partir du pourcentage en argile ou en
sable, la fertilisation potassique sur des sols riches en sable doit être fractionnée pour
éviter des pertes par lixiviation. Enfin, pour une caractérisation complète de ces sols à
des fins d’agriculture, il faudrait compléter cette étude par des études visant la
correction de la sodicité.

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296
Annexes

Annexes
Annexes au chapitre 2: Données climatologiques de la Basse Rusizi

Tableau 2. 5: Température maximale journalière moyenne à la station Imbo-SEMS

Mois J F M A M J J A S O N D Moy
Année
1985 30,1 28,8 29,9 29,2 29,8 29,9 30,1 30,7 30,7 30,9 29,5 29,4 29,9
1986 29,2 30,0 30,0 29,6 30,5 29,9 30,2 31,5 31,6 31,2 28,8 29,5 30,2
1987 29,7 30,5 31,3 31,3 30,6 30,5 31,4 32,1 32,1 31,6 31,0 31,8 31,1
1988 30,1 31,4 30,8 30,4 31,1 31,6 30,7 30,8 31,4 31,4 30,6 28,9 30,8
1989 29,1 29,4 29,9 30,1 30,0 30,1 30,0 31,2 31,9 30,7 31,1 29,9 30,3
1990 30,8 31,2 30,0 31,5 30,4 30,9 30,9 31,1 31,5 31,8 30,8 29,4 30,9
1991 31,1 31,1 30,2 29,7 29,9 30,3 29,3 30,9 31,5 29,9 29,6 29,5 30,2
1992 30,3 30,2 29,9 29,6 29,9 30,1 30,0 30,9 32,3 31,8 30,4 30,1 30,5
1993 30,1 29,8 29,5 29,9 29,9 30,1 30,1 31,0 32,4 32,5 30,7 30,4 30,5
1994 29,6 30,3 30,2 30,2 29,9 30,6 29,9 31,2 32,8 30,6 27,7 29,5 30,2
1995 - 30,7 30,2 29,8 29,9 - - 32,3 - - - - 30,6
1996 - - - - - - - 31,9 - 31,6 17,5 31,1 28,1
1997 30,5 31,3 30,3 29,8 30,4 31,2 30,7 32,1 33,6 31,2 - 29,6 31,0
1998 30,5 31,0 30,8 30,8 30,7 30,6 30,1 31,3 32,1 - 31,8 31,2 31,0
1999 30,6 32,0 30,0 29,7 31,0 31,2 30,7 - - - - - 30,7
2010 29,9 30,4 30,4 30,2 31,5 30,9 30,3 31,2 31,4 31,4 29,9 29,5 30,6
2011 29,6 29,6 29,3 29,5 30,1 30,2 29,9 30,6 30,9 29,8 28,8 29,5 29,8
Moy 30,1 30,5 30,2 30,1 30,3 30,5 30,3 31,3 31,9 31,2 29,1 29,9 30,4

297
Annexes

Tableau 2. 6: Température minimale à la station Imbo-SEMS

Mois J F M A M J J A S O N D Moy
Année
1985 16,9 17,4 18,1 18,0 17,6 16,6 14,6 15,4 18,3 19,8 18,5 18,6 17,5
1986 18,9 18,1 18,1 19,5 19,0 16,9 15,0 15,3 17,2 18,4 17,9 18,8 17,8
1987 18,8 19,1 19,1 19,4 19,4 17,8 15,9 16,2 18,2 18,4 19,2 19,0 18,4
1988 19,0 18,8 19,0 20,3 19,5 17,2 16,7 17,7 17,8 18,4 18,6 18,8 18,5
1989 19,2 19,3 19,1 19,4 18,9 17,2 16,2 16,4 17,6 17,9 19,2 19,0 18,3
1990 18,8 19,0 19,3 20,0 18,8 16,6 14,7 16,2 17,1 17,7 18,8 18,4 17,9
1991 19,1 18,8 19,0 19,4 19,7 18,4 15,7 15,8 16,2 17,4 17,8 18,4 18,0
1992 18,7 19,0 18,9 19,6 18,4 18,3 14,7 14,7 17,3 17,8 17,9 17,9 17,7
1993 19,4 19,1 18,3 18,8 19,1 17,9 15,3 16,8 16,7 18,1 19,0 18,2 18,1
1994 18,6 19,4 18,4 18,6 19,3 17,3 16,8 16,9 18,5 17,5 17,2 18,7 18,1
1995 - 18,1 18,7 19,2 18,7 - - 15,9 - - - - 18,1
1996 - - - - - - - 15,7 - 17,4 30,5 18,2 20,4
1997 19,9 19,6 19,9 19,8 19,8 18,1 17,6 17,5 19,0 19,9 - 20,4 19,2
1998 21,0 21,3 20,7 21,3 21,0 18,1 17,4 17,8 19,1 - 19,4 19,6 19,7
1999 19,2 20,0 19,2 19,0 18,6 - 15,9 - - - - - 18,7
2011 - - 18,5 18,8 19,1 17,9 16,7 17,0 18,7 19,0 19,0 19,1 18,4
Moy 19,0 19,1 18,9 19,4 19,1 17,6 15,9 16,4 17,8 18,3 19,5 18,8 18,3

Tableau 2. 7: Température moyenne mensuelle à la station Imbo-SEMS

Mois
Année J F M A M J J A S O N D Moy
1985 23,48 23,06 23,97 23,64 23,69 23,24 22,36 23,07 24,54 25,35 23,99 23,98 23,70
1986 24,06 24,06 24,04 24,59 24,74 23,41 22,57 23,41 24,43 24,83 23,33 24,12 23,96
1987 24,22 24,79 25,16 25,35 25,01 24,18 23,65 24,14 25,15 24,99 25,12 25,36 24,76
1988 24,59 25,12 24,92 25,33 25,29 24,38 23,70 24,25 24,62 24,93 24,60 23,85 24,63
1989 24,15 24,38 24,50 24,76 24,44 23,62 23,10 23,79 24,71 24,28 25,13 24,46 24,28
1990 24,82 25,12 24,65 25,73 24,59 23,77 22,81 23,63 24,31 24,77 24,77 23,90 24,41
1991 25,09 24,93 24,60 24,58 24,84 24,33 22,51 23,34 23,84 23,64 23,70 23,93 24,11
1992 24,49 24,59 24,40 24,56 24,16 24,17 22,33 22,79 24,76 24,82 24,14 23,99 24,10
1993 24,79 24,44 23,88 24,32 24,51 24,04 22,70 23,93 24,56 25,31 24,83 24,31 24,30
1994 24,12 24,84 24,32 24,39 24,60 23,98 23,33 24,06 25,65 24,03 22,40 24,07 24,15
1995 - 24,40 24,46 24,50 24,28 - - 24,09 - - - - 24,35
1996 - - - - - - - 23,81 - 24,49 24,02 24,65 24,24
1997 25,21 25,43 25,07 24,81 25,07 24,63 24,13 24,84 26,27 25,55 - 25,00 25,09
1998 25,75 26,15 25,74 26,02 25,85 24,36 23,78 24,55 25,61 - 25,61 25,42 25,35
1999 24,90 26,04 24,62 24,36 24,78 15,59 23,33 - - - - - 23,38
2011 - - 23,86 24,18 24,64 24,04 23,33 23,84 24,81 24,39 23,92 24,30 24,13
Moy. 24,59 24,81 24,55 24,74 24,70 23,41 23,12 23,84 24,86 24,72 24,27 24,38 24,31

298
Annexes

Tableau 2. 8: Humidité relative (en %) à la station Imbo-SEMS


Mois
Année J F M A M J J A S O N D
1984 - - - - 70 63 71 66 62 62 63 70
1985 74 75 75 78 75 71 72 70 74 75 76 91
1986 92 86 91 93 92 85 88 84 86 84 89 90
1987 89 89 90 76 78 72 68 68 72 74 78 78
1988 - - - 81 76 69 68 70 70 73 76 79
1989 79 79 78 79 78 73 67 64 67 - 73 76
1990 74 75 75 75 75 69 67 63 66 68 72 71
1991 73 74 76 76 77 71 69 66 64 74 77 78
1992 76 78 78 76 75 73 68 61 61 69 73 75
1993 75 76 76 76 75 71 66 63 57 63 73 73
1994 75 74 74 74 72 67 64 64 63 70 87 80
1995 74 73 75 75 75 - - 66 - - -
1996 - - - - - - 68 - - 64 66 67
1997 67 68 72 71 70 64 61 59 56 65 73 74
1998 74 74 75 74 74 67 64 60 62 61 66 70
1999 71 67 77 73 68 68 68 - - - - -

Tableau 2. 9: Vitesse du vent (en m/s) à la Station Bujumbura-Aéroport

Mois
Année J F M A M J J A S O N D
1990 1,2 1,1 0,7 1,1 1,0 1,4 1,6 1,7 1,4 1,4 1,1 1,0
1991 1,0 1,0 0,9 1,0 1,0 1,3 1,6 1,8 1,9 1,6 1,5 1,2
1992 1,1 1,1 1,3 1,2 1,4 1,5 1,8 1,9 1,9 1,7 1,5 1,4
1993 1,2 1,3 1,1 1,2 1,4 1,7 1,9 1,9 2,0 1,6 1,7 1,3
1994 1,1 1,3 1,1 1,1 1,1 1,6 1,7 1,7 1,8 1,4 1,4 1,2
1995 0,8 0,9 1,0 1,0 0,9 1,3 1,5 1,8 1,7 1,5 1,4 1,3
1996 0,9 0,9 0,8 1,1 1,2 1,3 1,3 1,5 1,6 1,4 1,5 1,2
1997 0,8 0,9 0,7 0,9 1,0 1,1 1,2 1,4 1,5 1,3 1,4 1,1
1998 0,6 0,7 0,6 1,0 1,1 1,0 1,1 0,9 1,3 0,9 0,9 0,8
1999 0,5 0,8 0,5 0,9 1,2 0,9 1,0 0,8 0,8 0,9 0,6 0,4
2000 0,7 0,6 0,4 0,8 0,9 0,8 1,0 1,1 0,8 0,7 0,8 0,5
2002 - - - - - - - - 1,2 1,1 0,5 0,6
2003 0,6 0,6 0,5 - - - - - 1,7 1,2 0,7 0,4
2004 0,8 1,0 0,7 0,6 0,4 0,6 1,1 1,5 1,7 1,4 1,1 1,2
2005 0,9 1,0 0,8 0,6 0,5 1,3 1,3 1,2 1,4 1,2 0,4 0,4
2006 0,6 0,5 0,7 0,5 1,0 1,1 1,1 1,3 1,3 1,1 0,9 0,9
2007 0,7 0,3 0,4 1,0 1,2 1,1 1,0 1,3 1,1 0,9 0,9 1,0
2008 0,7 0,3 0,4 1,0 1,2 1,1 1,0 1,3 1,1 0,9 0,9 1,0
2009 0,6 0,4 0,5 0,3 0,6 1,1 1,4 1,5 1,5 1,1 0,7 0,6
2010 0,6 0,8 0,7 0,8 0,9 0,7 - - - - - -

299
Annexes

Tableau 2. 10: Durée d'insolation (en heures) à la Station Imbo-SEMS

Mois
Année J F M A M J J A S O N D
1978 174,1 149,9 125,4 155,6 244,2 239,8 259,8 257,7 221,2 184,5 129,8 114,3
1979 156,2 132,4 206,3 134,4 196,4 225,7 266,4 248,8 243,5 171,5 166,8 154,6
1980 131,5 141,6 172,6 180,3 168,1 - 254,4 248,4 186 222,1 166,7 118,6
1981 180,2 153,2 125 163,9 150,8 259,8 216,1 213,5 206 187,2 167,6 174,6
1982 169 147,7 204,2 149,4 43,2 - 199,5 230,5 211,6 160,7 - -
1984 - - - - 272,6 256,2 185,1 212,4 215,4 171,9 125 170,2
1985 171,8 95,1 173,3 164,5 216 207 272,4 240 160,9 166,9 144,3 158,6
1986 150,5 155,6 158,8 133,9 172,3 237,3 248,9 280,7 200,1 196 129,8 138,4
1987 139,6 164,4 184,8 203,7 - 191,2 278,3 261,4 186,3 215,9 142,4 -
1988 - - - 162,5 226 267,5 204,4 205,8 200,7 176,3 174,7 156,9
1989 129,7 149,1 171,7 173,2 205,5 235,2 238,6 212,3 210,2 175,1 159,7 159,5
1990 214 - 151,7 198,3 228,8 279,7 281,3 240,4 187 209,9 163,3 154,9
1991 190,7 174,8 179,2 189,8 161,7 228,7 215,7 231,2 189,1 130,6 163,8 131,3
1992 170,5 148,8 186,1 18,2 204 195 254,5 260,2 209,5 193,5 179,3 186,3
1993 167,7 147,7 194,4 196,6 209 198,2 292,6 215,3 - 225 171,8 178,9
1994 172,6 134,9 198,9 214,1 - 266,9 245,9 231,4 204,1 165,7 - 162,6

300
Annexes

Annexes au chapitre 3
Tableau 3. 5 (a): Localisation géographique et description des échantillons composites de sols (Parcelles rizicoles)

Code Bloc N° sol Longitude Est Latitude Sud Alt (m) Couleur au Texture Observations
frais
A 81 1 29°20'10" 3°13'44" 815 10YR2/2 argileux Située près de la parcelle abandonnée U
Riz de bonne vigueur
B 81 2 29°20'2" 3°13'52" 816 10YR3/1 argile sableuse Riz de vigueur moyenne
C 91 3 29°20'12" 3°13'57" 818 10YR2/1 limon sablo-argileux Située près de la parcelle abandonnée V
Riz de vigueur moyenne
Traces de couleur rouge (oxyde de fer)
D 81 4 29°19'55" 3°13'55" 815 10YR2/1 sable limoneux Riz de bonne vigueur
Trois profils pédologiques y ont été creusés
E 81 5 29°19'33" 3°13'59" 811 7.5YRN2/) argileuse Riz de vigueur moyenne
Eau d’irrigation provenant d’une parcelle abandonnée
F 81 6 29°19'22" 3°13'52" 809 7.5YRN2/) argileux Riz de mauvaise vigueur
Eau d’irrigation provenant d’une parcelle abandonnée
G 91 7 29°20'16" 3°13'55" 819 10YR2/1 limon sablo-argileux Riz de bonne vigueur
H 91 8 29°19'48" 3°13'59" 812 5YR3/1 limon argileux Riz de bonne vigueur
I 91 9 29°19'51" 3°14'5" 812 10YR2/1 limon argileux Riz de mauvaise vigueur

J 91 10 29°19'53" 3°14'6" 813 5YR2.5/1 limon sablo-argileux Riz de mauvaise vigueur

K 91 11 29°19'44" 3°14'6" 814 5YR2.5/1 limon sablo-argileux Riz de mauvaise vigueur

L 91 12 29°19'59" 3°14'13" 814 5YR2.5/1 limon sableux Riz de vigueur moyenne


Eau d’irrigation provenant d’un drain
M 81 13 29°19'34" 3°13'44" 810 10YR2/1 argileux Riz de mauvaise vigueur
Eau d’irrigation provenant d’une parcelle abandonnée

301
Annexes

Tableau 3. 5 (b) : Localisation géographique et description des échantillons composites de sols (Parcelles abandonnées)

Code Bloc N° sol Espèce dominante Longitude Est Latitude Sud Alt (m) Couleur au Texture Observations
frais
R 81 14 Cynodon sp 29°19'30" 3°13'55" 809 7.5YR N2/) argileux Abandon en 1978

S 81 15 Cynodon sp 29°19'44" 3°13'55" 813 10YR3/1 limon sableux Abandon en 1985


Trois profils pédologiques y ont été creusés
T 91 16 Cyperus platicaulis 29°19'44" 3°13'59" 812 10YR4/1 limon sableux Abandon au cours des années 1980
Parcelle d’essai variétale de l’IRRI-Burundi (aucune
variété n’a pu résister à la salinité)
U 81 17 Typha domingensis 29°20'10" 3°13'52" 817 7.5YR N3/) limon argilo- Abandon en 2000
sableux Trois profils pédologiques y ont été creusés

V 91 18 Cynodon sp 29°20'10" 3°13'59" 818 7.5YR N3/ limon argilo- Abandon en 1993
sableux Traces de couleur rouge (oxyde de fer)

W 91 19 Cyperus platicaulis 29°19'54" 3°14'13" 813 10YR5/1 sable limoneux Abandon en 1988
Elle servait d’essai de canne à sucre, sorgho et
maïs par l’ISABU
Trois profils pédologiques y ont été creusés

302
Annexes

Tableau 3. 6: Brève description des profils pédologiques

Profil Hz N° Pr Couleur Texture Limite Observations


sol (cm) au frais
S1 A 20 0-35 10YR5/1 limon sablo-argileux graduelle et Nombreuses
régulière racines
B 21 35-120 10YR5/1 limon sablo-argileux graduelle et Concrétions
régulière de calcaire
S2 A 22 0-31 7.5YRN3 limon sablo-argileux graduelle et
régulière
B 23 31-76 10YR4/1 limon sablo-argileux graduelle et Concrétions
régulière de calcaire
C 24 76-120 2.5YR6/2 limon sablo-argileux Concrétions
de calcaire
S3 A 25 0-38 10YR5/1 limon sablo-argileux graduelle et Nombreuses
régulière racines
B 26 38-105 10YR5/1 limon sablo-argileux Concrétions
de calcaire
U1 A 27 0-20 10YR2/1 limon sableux graduelle et Nombreuses
régulière racines
B 28 20-75 10YR4/1 argilo - sableux distincte et
régulière
C 29 75-120 10YR5/1 argileux Concrétions
de calcaire
U2 A 30 0-25 10YR2/1 limon sablo-argileux distincte et
régulière
B 31 25-60 10YR4/1 argilo-sableux distincte et
régulière
C 32 60-120 10YR5/1 limon argileux Concrétions
de calcaire
U3 A 33 0-32 10YR2/1 limon sablo-argileux distincte et
régulière
B 34 32-70 10YR4/1 argilo-sableux distincte et
régulière
C 35 70-110 10YR5/1 argileux concrétions
de calcaires
W1 A 36 0-25 10YR5/1 sable limoneux distincte et
régulière
B 37 25-77 10YR4/1 limon sablo-argileux distincte et
régulière
C 38 77-120 2.5YR7/4 argile sableux Concrétions
de calcaire
W2 A 39 0-30 10YR5/1 sableux distincte et
régulière
B 40 30-65 10YR4/1 limon sablo-argileux distincte et
régulière
C 41 65-120 2.5YR7/4 limon sablo-argileux Concrétions
de calcaire
W3 A 42 0-28 10YR5/1 limoneux distincte et
régulière
B 43 28-78 10YR5/1 limon sablo-argileux graduelle et
régulière
C 44 78-120 10YR6/1 argile sableux Coquilles,
Concrétions
de calcaire

303
Annexes

Tableau 3.6 (Suite) : Brève description des profils pédologiques

Profil Hz N° Pr Couleur Texture Limite Observations


sol (cm) au frais
D1 A 45 0-35 7.5YRN3/ sable limoneux graduelle et
régulière
B 46 35-57 7.5YRN4/ limon sablo-argileux distincte et
régulière
C 47 57-120 10YR5/1 argile sableux Coquilles,
concrétions de
calcaire
D2 A 48 0-24 7.5YRN3/ limon sableux graduelle et
régulière
B 49 24-65 7.5YRN4/ limon sablo-argileux distincte et Concrétions
régulière de calcaire
C 50 65-120 10YR5/1 limon sablo-argileux Concrétions
de calcaire
D3 A 51 0-24 7.5YRN3/ limon sableux graduelle et
régulière
B 52 24-60 7.5YRN5/ limon sablo-argileux distincte et Concrétions
régulière de calcaire
C 53 60-120 10YR5/1 limon sablo-argileux Coquilles,
Concrétions
de calcaire

Tableau 3. 7: Localisation géographique des profils pédologiques

Code Bloc N° sol Espèce végétale Longitude Latitude Sud Alt


dominante Est (m)
S1 81 20-21 Cynodon sp 29°19'45" 3°13'58 813
S2 81 22-24 Cynodon sp 29°19'45" 3°13'57 813
S3 81 25-26 Cynodon sp 29°19'45" 3°13'56 813
U1 81 27-29 Typha domingensis 29°20'10" 3°13'54 817
U2 81 30-32 Typha domingensis 29°20'11" 3°13'53 817
U3 81 33-35 Typha domingensis 29°20'10" 3°13'52 817
W1 91 36-38 Cyperus platicaulis 29°19'55" 3°14'15 813
W2 91 39-41 Cyperus platicaulis 29°19'52" 3°14'17 813
W3 91 42-44 Cyperus platicaulis 29°19'54" 3°14'18 813
D1 81 45-47 Riz 29°19'57" 3°13'56 815
D2 81 48-50 Riz 29°19'56" 3°13'56 815
D3 81 51-53 Riz 29°19'55" 3°13'57 815

304
Annexes

Illustrations photographiques de quelques parcelles échantillonnées


Illustrations de quelques parcellles couvertes par du riz
1. Riz de bonne vigueur à la phase de mûrissement

Parcelle D (mai 2011) Parcelle H (mai 2011)

2. Riz de vigueur moyenne à la phase de mûrissement

Parcelle L (mai 2011) Parcelle B (mai 2011)

3. Riz de mauvaise vigueur à la phase reproductive

Parcelle I (mai 2011) Parcelle J (mai 2011)

305
Annexes

Illustrations photographiques de quelques parcelles abandonnées

Encroûtement salin à la parcelle W occupée par Flaque d'eau à la parcelle W traduisant un mauvais
Cyperus platicaulis (juillet 2011) état de drainage (3 jours après la pluie)
(mai 2012)

Cyperus platicaulis à la parcelle T (juillet 2011) Essais des variétés de riz résistantes à la salinité par
IRRI-burundi à la parcelle T (avril 2012)

Typha domingensis à la parcelle U (juillet 2011) Remontée saline à la parcelle U (juillet 2011)

306
Annexes

Illustrations photographiques de deux profils pédologiques

Profil pédologique S1, avec deux horizons pédologiques réellement marqués ; présence
d’une nappe phréatique à moins de 120 cm

Profil pédologique W1 à la parcelle avec 3 horizons pédologiques ; présence d’une nappe


phréatique à moins de 120 cm

307
Annexes

Tableau 3. 8: Résultats d'analyse granulométrique, du pH, de la CE, des teneurs en carbone organique et en
CaCO3, de la CEC-NH4 et de la CEC-Na des échantillons de sols de Mugerero

pH CaCO3
Espèce CE1/5 CEC à CEC à
N° Prof (cm) Hz eau Sable (%) Limon (%) Argile (%) C (%) (%)
dominante (dS/m) pH7 pH8,2
1/5
1° Echantillons composites de surface
1 0-25 Riz Surface 6,69 0,42 69,87 10,09 20,04 1,66 0,23 13,98 17,08
2 0-25 Riz Surface 7,37 0,10 45,67 10,23 44,09 1,04 0,26 21,43 26,76
3 0-25 Riz Surface 8,44 0,27 59,74 9,90 30,36 1,30 0,52 16,96 20,50
4 0-25 Riz Surface 8,63 0,15 72,60 8,04 19,37 0,52 0,51 11,32 16,07
5 0-25 Riz Surface 8,35 1,14 23,52 10,53 65,94 2,43 3,23 43,13 50,26
6 0-25 Riz Surface 8,3 0,21 23,45 14,75 61,80 2,35 2,84 41,36 49,05
7 0-25 Riz Surface 7,12 0,03 68,30 11,58 20,11 0,93 0,25 12,40 15,87
8 0-25 Riz Surface 8,31 0,05 74,97 12,49 12,54 1,09 0,23 11,50 15,17
9 0-25 Riz Surface 8,74 1,06 74,72 10,49 14,79 1,20 0,87 10,13 13,29
10 0-25 Riz Surface 8,12 0,28 67,37 9,59 23,04 1,00 0,24 13,08 17,21
11 0-25 Riz Surface 8,18 0,68 63,56 10,72 25,72 0,89 0,49 15,24 19,71
12 0-25 Riz Surface 6,13 0,88 78,79 10,19 11,02 1,06 0,25 9,72 9,96
13 0-25 Riz Surface 8,36 0,50 21,53 11,78 66,69 2,17 5,41 39,64 49,00
14 0-25 Cyn Surface 8,36 0,47 21,99 10,03 67,98 2,23 5,91 36,34 42,37
15 0-25 Cyn Surface 8,54 5,11 76,20 8,65 15,14 0,83 1,12 9,61 10,74
16 0-25 Cyp Surface 10,02 0,83 72,15 10,57 17,29 0,58 1,50 10,40 13,47
17 0-25 Typ Surface 7,72 0,35 67,04 12,27 20,68 1,45 0,38 14,02 18,08
18 0-25 Cyn Surface 6,73 0,31 67,04 12,68 20,28 1,38 0,38 12,77 17,17
19 0-25 Cyp Surface 10,54 1,06 81,00 8,19 10,81 0,32 1,82 8,54 11,71
2° Echantillons des profils pédologiques
20 0-35 Cyn Surface 8,44 2,13 60,86 16,16 22,98 0,41 1,28 15,06 19,66
21 35-120 Cyn Profond 8,59 2,86 55,54 9,57 34,89 0,24 2,85 17,65 21,60
22 0-31 Cyn Surface 8,48 1,85 62,91 8,21 28,88 0,38 0,90 17,10 20,07
23 31-76 Cyn Moyen 9,17 1,93 59,45 10,62 29,93 0,24 4,23 14,63 19,35
24 76-120 Cyn Profond 9,43 1,33 58,09 10,33 31,59 0,12 4,12 15,65 19,76
25 0-38 Cyn Surface 8,34 3,54 61,20 9,61 29,19 0,29 0,43 15,49 20,17
26 38-105 Cyn Profond 8,9 3,07 55,63 11,41 32,96 0,17 4,03 17,23 20,41
27 0-20 Typ Surface 7,42 0,90 72,60 10,53 16,87 1,04 0,50 11,54 15,00
28 20-75 Typ Moyen 9,22 0,62 48,79 11,52 39,69 0,49 1,17 23,66 29,35
29 75-120 Typ Profond 9,73 0,43 43,19 8,68 48,14 0,30 5,20 21,41 27,93
30 0-25 Typ Surface 8,59 0,88 62,58 10,00 27,41 1,10 0,38 17,05 22,20
31 25-60 Typ Moyen 9,53 0,62 55,94 2,10 41,97 0,54 1,61 15,91 25,38
32 60-120 Typ Profond 9,55 0,59 43,71 20,12 36,17 0,22 2,86 20,81 29,46
33 0-32 Typ Surface 8,78 0,56 69,26 9,39 21,35 0,96 0,60 10,69 18,48
34 32-70 Typ Moyen 9,56 0,61 46,14 15,02 38,84 0,48 4,50 16,60 28,19
35 70-110 Typ Profond 9,74 0,62 36,77 16,64 46,58 0,27 4,81 26,10 32,20
Cyn = Cynodon sp ; Typ = Typha domingensis ; Cyp = Cyperus platicaulis

308
Annexes

Tableau 3.8 (suite) : Résultats d'analyse granulométrique, du pH, de la CE, du pourcentage en carbone organique
et en CaCO3, de la CEC-NH4 et de la CEC-Na des échantillons de sols de Mugerero

Prof Espèce pH eau CE1/5 Sable Limon Argile CaCO3 CEC à CEC à
N° Horizon C (%)
(cm) dominante 1/5 (dS/m) (%) (%) (%) (%) pH7 pH8,2
36 0-25 Cyp Surface 9,24 1,55 83,93 7,79 8,28 0,32 0,82 5,02 5,57
37 25-77 Cyp Moyen 8,66 3,71 62,30 5,53 32,17 0,22 0,90 15,45 19,62
38 77-120 Cyp Profond 9,2 3,16 46,84 14,02 39,14 0,04 4,35 15,87 19,70
39 0-30 Cyp Surface 10,25 0,62 88,28 6,29 5,43 0,34 0,70 3,18 3,59
40 31-65 Cyp Moyen 9,68 0,56 64,69 7,42 27,89 0,31 1,14 16,44 20,89
41 65-120 Cyp Profond 9,98 0,46 49,73 23,48 26,79 0,22 5,58 18,78 24,37
42 0-28 Cyp Surface 10,49 0,84 84,16 8,37 7,47 0,35 1,47 4,52 5,31
43 28-78 Cyp Moyen 9,97 0,99 53,71 12,13 34,17 0,26 1,28 19,46 23,77
44 78-120 Cyp Profond 9,42 0,38 47,55 8,80 43,65 0,19 2,85 19,60 24,88
45 0-35 Riz Surface 8 0,06 77,63 7,82 14,55 0,56 0,68 10,47 11,87
46 35-57 Riz Moyen 9,76 0,15 66,42 9,36 24,22 0,21 4,79 13,74 18,16
47 57-120 Riz Profond 9,79 0,19 52,00 12,42 35,58 0,15 8,53 20,73 25,44
48 0-24 Riz Surface 8,59 0,08 78,87 7,20 13,93 0,60 0,67 9,11 11,92
49 24-65 Riz Moyen 9,96 0,29 62,63 9,45 27,92 0,21 4,09 15,84 20,43
50 65-120 Riz Profond 9,83 0,23 56,35 9,72 33,94 0,19 8,39 18,85 23,62
51 0-24 Riz Surface 6,81 0,00 79,73 7,88 12,39 0,78 0,34 8,53 9,37
52 24-60 Riz Moyen 9,39 0,12 59,47 9,16 31,36 0,33 0,90 17,70 22,00
53 60-120 Riz Profond 9,65 0,15 63,99 7,06 28,95 0,19 3,09 15,32 19,57
Cyn = Cynodon sp ; Typ = Typha domingensis ; Cyp = Cyperus platicaulis

309
Annexes

Tableau 3. 9: Valeurs du pH, de la conductivité électrique et composition ionique des extraits de sol au rapport
sol/eau de 1/2 en mmolc/L
Prof pH
N° (cm) H2O CE Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
1 0-25 6,73 0,98 1,81 2,14 0,19 5,90 0,03 0,06 0,00 0,00 0,16 9,22 0 0,385
2 0-25 6,93 0,23 0,07 0,11 0,04 1,70 0,00 0,01 0,03 0,00 0,10 1,55 0 0,8
3 0-25 8,07 0,56 0,86 0,76 0,05 4,58 0,18 0,03 0,00 0,00 0,06 2,22 0 3,42
4 0-25 8,19 0,30 0,50 0,25 0,03 2,70 0,14 0,02 0,03 0,00 0,04 0,28 0 2,485
5 0-25 7,94 2,68 4,37 4,38 0,29 21,19 0,00 0,22 0,07 0,00 0,23 25,66 0 2,275
6 0-25 7,99 0,42 1,23 0,81 0,12 2,24 0,06 0,03 0,05 0,00 0,13 1,89 0 1,925
7 0-25 6,77 0,14 0,12 0,15 0,08 1,86 0,05 0,02 0,00 0,00 0,05 0,91 0 0,68
8 0-25 7,01 0,17 0,13 0,13 0,08 1,99 0,07 0,03 0,00 0,00 0,05 0,69 0 1,08
9 0-25 8,12 2,48 1,69 2,06 0,18 23,46 0,00 0,21 0,00 0,06 0,15 22,54 0 2,565
10 0-25 7,26 0,80 0,30 0,50 0,08 10,11 0,29 0,03 0,01 0,00 0,11 6,38 0 3,765
11 0-25 7,52 1,73 0,64 1,12 0,12 16,52 0,11 0,10 0,00 0,00 0,06 15,12 0 1,43
12 0-25 6,31 2,09 5,89 6,42 0,26 12,01 0,00 0,00 0,00 0,00 0,07 22,89 0 0,3
13 0-25 8,09 1,10 2,20 1,64 0,21 7,53 0,05 0,09 0,07 0,00 0,10 8,43 0 2,255
14 0-25 8,03 1,03 2,25 1,80 0,23 6,71 0,05 0,09 0,00 0,00 0,13 7,44 0 2,56
15 0-25 7,90 11,12 13,24 37,74 0,21 98,65 0,00 0,82 0,00 0,00 1,58 148,87 0 1,785
16 0-25 8,63 1,80 0,31 0,32 0,06 18,78 0,48 0,15 0,00 0,06 0,58 12,79 0,12 4,02
17 0-25 6,92 0,89 0,59 0,86 0,12 7,59 0,00 0,05 0,00 0,00 0,11 7,63 0 0,875
18 0-25 6,01 0,76 0,42 0,45 0,11 6,55 0,00 0,04 0,00 0,00 0,05 6,64 0 0,325
19 0-25 10,04 2,17 0,25 0,20 0,08 25,43 0,50 0,17 0,00 0,40 0,13 10,47 3,48 9,035
20 0-35 7,32 5,14 10,04 11,55 0,08 41,31 0,00 0,41 0,00 0,00 0,24 59,57 0 1,18
21 35-120 7,63 6,98 11,71 16,38 0,09 66,46 0,00 0,44 0,00 0,00 0,75 83,46 0 0,88
22 0-31 7,32 4,40 5,67 8,89 0,10 40,84 0,05 0,22 0,00 0,00 0,11 47,82 0 1,39
23 31-76 7,98 4,72 3,22 4,77 0,09 47,98 0,21 0,21 0,00 0,00 0,23 49,76 0 1,245
24 76-120 8,18 3,19 0,94 1,63 0,04 34,13 0,08 0,20 0,00 0,00 0,21 30,99 0 1,485
25 0-38 7,01 7,72 11,65 18,45 0,09 68,27 0,00 0,97 0,00 0,00 1,25 96,27 0 0,565
26 38-105 7,62 7,18 8,59 13,74 0,11 66,59 0,00 0,93 0,00 0,00 1,10 85,57 0 0,745
27 0-20 6,99 2,03 3,51 4,15 0,17 13,91 0,00 0,09 0,00 0,00 0,15 20,33 0 0,58
28 20-75 7,42 1,41 0,56 0,70 0,03 12,63 0,40 0,11 0,00 0,00 0,05 11,09 0 2,22
29 75-120 8,35 0,84 0,26 0,21 0,03 7,84 0,27 0,07 0,00 0,00 0,08 4,92 0,06 2,8
30 0-25 7,34 2,19 1,28 1,66 0,09 18,67 0,11 0,07 0,00 0,00 0,21 19,58 0 1,14
31 25-60 7,57 1,21 0,27 0,41 0,03 10,63 0,55 0,06 0,00 0,00 0,13 8,52 0 2,375
32 60-120 8,26 1,18 0,36 0,34 0,02 10,38 0,12 0,06 0,00 0,00 0,13 8,86 0 2,185
33 0-32 7,47 1,40 0,84 1,20 0,07 11,95 0,19 0,11 0,00 0,00 0,29 10,57 0 2,75
34 32-70 7,96 1,22 0,28 0,38 0,03 11,26 0,68 0,07 0,00 0,00 0,19 8,14 0 2,89
35 70-110 8,26 1,23 0,32 0,27 0,02 11,76 0,11 0,06 0,00 0,00 0,12 8,75 0 3,08
36 0-25 7,48 3,87 0,56 1,43 0,09 38,26 0,05 0,19 0,00 0,00 0,12 37,77 0 1,27
37 25-77 7,03 9,30 5,03 7,37 0,10 95,69 0,00 0,78 0,00 0,00 0,25 102,23 0 0,53
38 77-120 7,40 7,70 3,84 7,22 0,12 78,17 0,00 0,40 0,00 0,00 0,09 85,52 0 1,05
39 0-30 9,04 1,43 0,32 0,23 0,08 15,62 0,18 0,07 0,00 0,04 0,03 8,93 0,515 4,825
40 30-65 8,13 1,19 0,21 0,23 0,04 10,99 0,39 0,06 0,00 0,00 0,05 8,20 0 2,85
41 65-120 8,93 0,85 0,19 0,39 0,08 8,46 0,18 0,03 0,00 0,00 0,13 4,36 0,41 4,875

310
Annexes

Tableau 3.9 (suite) : Valeurs du pH, de la conductivité électrique et composition ionique des extraits de sol au
rapport sol/eau de 1/2 en mmolc/L

Prof pH
N° (cm) H2O CE Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
42 0-28 9,99 1,80 0,20 0,20 0,08 19,93 0,13 0,15 0,00 0,00 0,12 9,31 3,14 9,18
43 28-78 8,70 2,05 0,13 0,22 0,02 19,47 0,48 0,10 0,00 0,00 0,03 15,50 0,09 1,82
44 78-120 8,85 0,70 0,24 0,26 0,08 7,00 0,11 0,03 0,00 0,00 0,05 3,48 0,33 3,99
45 0-35 7,72 0,26 1,45 0,86 0,03 0,45 0,06 0,02 0,02 0,00 0,03 0,09 0 2,54
46 35-57 8,45 0,28 0,18 0,22 0,03 2,50 0,38 0,02 0,00 0,00 0,04 0,24 0,06 2,365
47 57-120 8,15 0,32 0,15 0,11 0,02 3,09 0,32 0,02 0,00 0,00 0,04 0,48 0 2,51
48 0-24 7,78 0,32 0,44 0,27 0,04 2,84 0,12 0,02 0,03 0,00 0,05 0,34 0 3,105
49 24-65 9,12 0,48 0,10 0,10 0,01 4,78 0,43 0,02 0,00 0,00 0,09 2,49 0,41 3,71
50 65-120 8,73 0,40 0,15 0,14 0,03 3,74 0,33 0,02 0,01 0,00 0,09 1,16 0,15 2,45
51 0-24 6,61 0,05 0,14 0,09 0,03 0,21 0,00 0,00 0,02 0,00 0,05 0,15 0 0,285
52 24-60 8,47 0,28 0,10 0,10 0,01 2,72 0,43 0,02 0,03 0,00 0,05 0,17 0,07 2,895
53 60-120 8,64 0,25 0,16 0,17 0,04 2,45 0,32 0,02 0,03 0,00 0,06 0,36 0,09 1,94

Tableau 3. 10: Résultats d’analyses des cations extractibles et des cations échangeables calculés à la dilution 1/2
en cmolc/kg

N° Prof (cm) Extractibles à AcNH4v (cmolc/kg) Extractibles à AcNa (cmolc/kg) Echangeables calculés (cmolc/kg)
Ca 7 Mg 7 Na 7 K7 Ca 8,2 Mg8,2 K 8,2 Ca Mg K Na ESP (%)
1 0-25 7,55 6,23 1,79 0,39 7,76 6,70 0,29 7,40 6,28 0,25 0,61 4,26
2 0-25 11,66 9,46 1,63 0,50 11,86 10,08 0,31 11,85 10,06 0,30 1,29 5,57
3 0-25 11,53 7,10 1,96 0,23 12,72 7,78 0,09 12,55 7,63 0,08 1,04 4,92
4 0-25 9,35 3,75 1,08 0,15 12,01 4,66 0,07 11,91 4,61 0,06 0,54 3,19
5 0-25 31,33 20,90 9,90 1,77 28,30 20,87 0,86 27,43 20,00 0,80 5,66 10,66
6 0-25 36,73 17,05 1,55 1,99 32,24 16,54 0,87 31,99 16,38 0,84 1,10 2,22
7 0-25 6,67 5,72 0,91 0,17 6,96 6,24 0,08 6,94 6,21 0,07 0,53 3,90
8 0-25 6,86 4,51 1,10 0,19 7,53 5,14 0,13 7,50 5,11 0,12 0,70 5,29
9 0-25 8,57 6,15 6,63 0,32 8,30 6,10 0,20 7,96 5,69 0,17 1,93 12,41
10 0-25 5,35 6,14 4,47 0,29 5,77 6,84 0,17 5,71 6,74 0,15 2,44 16,40
11 0-25 5,88 8,13 6,32 0,38 6,30 8,92 0,27 6,17 8,70 0,24 3,01 16,84
12 0-25 5,35 4,86 3,13 0,23 6,17 4,50 0,11 4,99 3,21 0,05 0,72 8,12
13 0-25 45,21 18,94 4,19 2,41 30,86 17,58 1,06 30,42 17,25 1,02 2,68 5,33
14 0-25 43,46 17,67 3,56 2,25 27,94 16,37 0,99 27,49 16,01 0,95 2,22 4,86
15 0-25 6,48 16,82 24,79 0,25 6,81 14,58 0,11 4,16 7,03 0,07 5,06 31,15
16 0-25 8,46 5,92 9,22 0,22 5,04 4,92 0,10 4,98 4,86 0,09 5,46 35,71
17 0-25 7,12 7,49 2,96 0,41 7,41 7,96 0,33 7,29 7,79 0,30 1,44 8,71
18 0-25 6,77 5,61 2,71 0,36 7,23 6,23 0,29 7,14 6,14 0,27 1,40 9,53
19 0-25 6,31 2,78 12,24 0,36 2,54 1,35 0,26 2,49 1,31 0,24 7,16 65,30
20 0-35 11,34 10,32 11,24 0,24 13,06 10,66 0,08 11,05 8,35 0,06 2,98 13,31
21 35-120 15,59 13,74 17,50 0,25 12,57 13,34 0,06 10,22 10,06 0,05 4,20 17,17
22 0-31 9,73 11,35 11,42 0,32 10,85 11,42 0,12 9,71 9,64 0,10 3,25 14,38
23 31-76 24,22 10,60 14,60 0,31 9,52 9,34 0,11 8,88 8,39 0,09 5,01 22,49
24 76-120 17,80 9,85 13,11 0,26 7,96 8,78 0,07 7,77 8,45 0,07 6,28 27,90
25 0-38 7,48 12,48 18,64 0,28 9,74 13,32 0,13 7,41 9,63 0,11 4,98 22,63
26 38-105 22,14 13,19 19,29 0,32 10,55 12,25 0,13 8,83 9,50 0,11 5,97 24,58
27 0-20 7,25 5,96 3,94 0,27 7,68 6,47 0,20 6,98 5,64 0,17 1,16 8,43
28 20-75 11,96 11,65 7,78 0,26 12,08 11,93 0,10 11,96 11,79 0,09 5,25 18,09
29 75-120 22,17 11,29 7,26 0,27 12,37 11,13 0,10 12,32 11,09 0,10 5,70 19,58

311
Annexes

Tableau 3.10 (suite) : Résultats d’analyses des cations extractibles et des cations échangeables calculés à la
dilution 1/2
N° Prof (cm) Extractibles à AcNH4 (cmolc/kg) Extractibles à AcNa (cmolc/kg) Echangeables calculés (cmolc/kg)
Ca 7 Mg 7 Na 7 K 7 Ca 8,2 Mg8,2 K 8,2 Ca Mg K Na ESP (%)
30 0-25 8,42 8,61 7,37 0,33 8,77 8,91 0,22 8,52 8,58 0,20 3,64 17,54
31 25-60 10,48 11,46 8,22 0,24 10,23 11,93 0,09 10,17 11,85 0,08 6,09 21,67
32 60-120 21,95 12,12 8,83 0,24 13,56 11,72 0,09 13,49 11,65 0,09 6,76 21,18
33 0-32 7,52 7,84 4,72 0,25 8,07 8,10 0,15 7,90 7,86 0,14 2,33 12,87
34 32-70 24,55 12,21 9,24 0,24 11,22 11,77 0,07 11,16 11,69 0,06 6,98 23,40
35 70-110 29,97 13,39 11,73 0,28 12,80 12,72 0,13 12,74 12,67 0,13 9,38 26,96
36 0-25 1,49 2,91 9,79 0,15 1,55 2,77 0,08 1,43 2,49 0,06 2,14 35,29
37 25-77 4,53 7,29 27,79 0,32 5,89 7,62 0,12 4,88 6,14 0,10 8,65 43,96
38 77-120 13,60 10,09 23,89 0,28 7,23 9,03 0,14 6,46 7,59 0,12 8,25 37,01
39 0-30 2,26 1,13 4,34 0,07 2,36 1,23 0,03 2,29 1,18 0,01 1,21 25,83
40 31-65 6,23 7,09 8,78 0,21 6,77 7,53 0,07 6,73 7,49 0,06 6,58 31,65
41 65-120 27,17 11,26 9,74 0,28 8,29 9,76 0,16 8,25 9,68 0,14 8,05 30,98
42 0-28 3,44 2,52 7,24 0,10 1,96 1,48 0,04 1,92 1,44 0,03 3,26 49,23
43 28-78 6,15 6,37 16,79 0,21 5,46 6,42 0,11 5,43 6,38 0,11 12,89 52,20
44 78-120 21,35 10,83 7,57 0,20 10,87 10,31 0,09 10,82 10,26 0,08 6,17 22,65
45 0-35 8,08 3,46 0,15 0,12 8,67 3,73 0,06 8,38 3,56 0,06 0,06 0,52
46 35-57 26,29 9,59 1,78 0,19 10,06 9,28 0,10 10,02 9,24 0,10 1,28 6,24
47 57-120 34,71 10,03 3,47 0,25 15,08 9,29 0,15 15,05 9,26 0,14 2,86 10,52
48 0-24 6,59 2,94 1,08 0,13 7,38 3,25 0,06 7,30 3,20 0,05 0,51 4,67
49 24-65 22,39 8,60 4,73 0,24 10,14 8,35 0,09 10,12 8,33 0,09 3,78 17,00
50 65-120 31,57 10,28 3,79 0,23 13,05 10,24 0,08 13,02 10,21 0,08 3,04 11,57
51 0-24 5,79 2,26 0,10 0,15 5,56 2,17 0,06 5,53 2,15 0,06 0,06 0,77
52 24-60 9,16 8,77 2,62 0,22 10,61 9,89 0,08 10,59 9,87 0,08 2,08 9,21
53 60-120 16,59 7,07 2,09 0,18 12,82 7,24 0,06 12,79 7,20 0,05 1,60 7,42

312
Annexes

Annexes au chapitre 4

1. Description variétale du riz V14 (ISABU, 2008)

Espèce: Oryza sativa


Variété : V14

Caractéristiques morphologiques

Hauteur du plant : 90-100cm


Longueur de la panicule : 20-22cm
Type de la panicule : semi-compact
Tallage utile par m2 : 90-100
50% floraison : 111-115 jours
Sénescence foliaire : tardive
Nombre de grains par panicule : 60-80
Poids de mille grains (paddy) : 26-28
Vitrosité : qualité bonne
Groupe morphologique : Japonica
Rendement à l’usinage : 60-80%
Taux de brisures : 26%
Caractéristiques agronomiques
Cycle végétatif : 150-160 jours
Rendement : 5-6 tonnes/ha
Zones de culture : 800-900m

Comportement vis-à-vis des maladies et ravageurs

-résistance à la pyriculariose et à l’helminthosporiose


-sensible au Sitotroga au stockage

313
Annexes

2. Guide d’entretien avec les riziculteurs du périmètre de Mugerero

Identité de l’exploitation
Nom et prénom de l’exploitant :
Numéro du bloc :
Superficie de la parcelle (ares) :
Culture :……………………………………. Variété :………..
Régime foncier :…………………………………

1. Travaux de préparation du terrain :


a) Labour : Types : ……………………. ; Date (approximative) :…………
b) Description du labour :

2. Pépinière :
Date de semis:
Principales attaques (ou maladies) observées au cours de la pépinière : ……………
Produits phytosanitaires appliqués en cas d’apparition de la maladie ou de l’attaque :……………..
Taux de levée : …………..
Autres observations durant le stade de pépinière :
……………………………………………………………………………

3. Repiquage
Date du repiquage :
Types de repiquage (en désordre ou en ligne) :
Densité de repiquage (ou nombre de plants par casier ou polder):
Taux de reprise (si connu) :
Opérations culturales faites au cours du repiquage : ……………………………………………………………

4. Entretiens (Modes et date de sarclage) :

5. Fertilisants, amendements
Types de fertilisants Dose en Dose en champ Commentaires
(engrais chimiques ou pépinière (kg, (kg, sac de 25 kg, (moyens
fumier) sac de 25 kg, etc) etc) d’applications,…)
Engrais chimiques

Fumier
Autre(s) amendement (s)

5. Régime d’irrigation et de drainage


Source d’eau d’irrigation :
- arroseur aménagé
-canaux d’irrigation mal aménagé (sans règle de l’art)
-parcelle contiguë en amont
-parcelle abandonné en amont

314
Annexes

Modes de drainage : Où sont déversées les eaux issues de votre parcelle ?


-dans le drain aménagé
-dans la parcelle contigüe en aval
-dans l’exutoire naturel
-dans un canal aménagé par moi-même sans règle de l’art
-Autres :…………………………………………………………………………
Principales attaques (ou maladies) observées au champ : ……………

6. Lutte contre les maladies

Produits phytosanitaires appliqués en cas d’apparition de la maladie ou de l’attaque :……………..

7. Questions générales sur la salinisation des sols

Que savez-vous de la salinité des sols (caractéristiques et causes)?

En savez-vous des solutions ?

Solutions envisageables proposées appliquées


Application de la chaux
Application du fumier de ferme (vache, chèvre, mouton, porc,
volailles, autres)
Application des déjections de la chauve-souris
Lessivage avec de l’eau
Bon entretien des canaux de drainage
Bonne gestion de l’eau (quantité et moment opportun)
Application du gypse
Engrais vert (et préciser l’espèce)
Autres méthodes :
…………………………………………………………………………………………

Votre parcelle est –elle déjà affectée par la salinité ? (oui ou non).
Si oui, depuis quand ?..........
Stades végétatives attaquées : ……………………et ………………………. et ……………..
Si non, qu’avez-vous fait pour juguler ce fléau (tableau précédent)?
Si oui, comment évolue-t-elle ?

315
Annexes

3. Propriétés physico-chimiques des échantillons de sols des parcelles rizicoles


Tableau 4. 12: Propriétés physico-chimiques communes aux deux années culturales

N° code Granulométrie C. O. (%) CEC-Na CEC-NH4 ECP EMP (%) ESP


Parcelle S (%) L (%) A (%) (cmolc/kg) (cmolc/kg) (%) (%)
1 A 69,9 10,1 20 1,62 17,1 14 51,79 43,95 4,26
2 B 45,7 10,2 44,1 0,99 26,8 21,4 51,07 43,36 5,57
3 C 59,7 9,9 30,4 1,22 20,5 17 59,12 35,96 4,92
4 D 72,6 8,04 19,4 0,51 16,1 11,3 69,78 27,04 3,19
5 E 23,5 10,5 65,9 2,22 50,3 43,1 51,67 37,67 10,66
6 F 23,5 14,8 61,8 2,14 49,1 41,4 64,67 33,11 2,22
7 G 68,3 11,6 20,1 0,91 15,9 12,4 50,71 45,39 3,9
8 H 75 12,5 12,5 1,07 15,2 11,5 56,33 38,38 5,29
9 I 74,7 10,5 14,8 1,18 13,3 10,1 51,08 36,5 12,41
10 J 67,4 9,59 23 0,98 17,2 13,1 38,33 45,27 16,4
11 K 63,6 10,7 25,7 0,86 19,7 15,2 34,51 48,65 16,84
12 L 78,8 10,2 11 1,05 9,96 9,72 55,88 36 8,12
13 M 21,5 11,8 66,7 1,98 49 39,6 60,42 34,25 5,33

Tableau 4 13 : Variables chimiques des solutions des sols des parcelles rizicoles au rapport sol/eau 1/2 pour les
années 2011 et 2012 (CE en dS/m ; cations et anions en mmolc/L)

N° Année pH CE Ca Mg K Na Cl SO4 HCO3


2011 6,73 0,98 1,81 2,14 0,19 5,9 0,16 9,22 0,39
1 2012 5,61 3,4 9,03 11,22 0,31 21,1 0,57 20,77 0,15
2011 6,93 0,23 0,07 0,11 0,04 1,7 0,1 1,55 0,8
2 2012 5,98 0,29 0,4 0,45 0,11 1,76 0,29 0,95 0,15
2011 8,07 0,56 0,86 0,76 0,05 4,58 0,06 2,22 3,42
3 2012 6,62 0,98 1,04 1,35 0,12 7,16 0,14 4,38 0,53
2011 8,19 0,3 0,5 0,25 0,03 2,7 0,04 0,28 2,49
4 2012 6,48 0,09 0,89 1,99 0,63 0,52 0,07 0,12 0,45
2011 7,94 2,68 4,37 4,38 0,29 21,19 0,23 25,66 2,28
5 2012 7,73 4,32 7,24 7,84 0,25 34,71 0,88 24,05 1,85
2011 7,99 0,42 1,23 0,81 0,12 2,24 0,13 1,89 1,93
6 2012 7,82 0,65 1,33 1,19 0,09 4,17 0,11 2,33 2,15
2011 6,77 0,14 0,12 0,15 0,08 1,86 0,05 0,91 0,68
7 2012 6,91 1,15 1,65 1,88 0,14 7,7 0,43 5,18 0,85
2011 7,01 0,17 0,13 0,13 0,08 1,99 0,05 0,69 1,08
8 2012 6,64 0,13 0,53 1,33 0,37 1,13 0,08 0,4 0,35
2011 8,12 2,48 1,69 2,06 0,18 23,46 0,15 22,54 2,57
9 2012 7,6 2,83 3,04 4,3 0,1 23,44 0,18 14,09 2,9
2011 7,26 0,8 0,3 0,5 0,08 10,11 0,11 6,38 3,77
10 2012 7,21 1,54 0,76 2,3 0,37 14,22 0,17 6,93 1,29
2011 7,52 1,73 0,64 1,12 0,12 16,52 0,06 15,12 1,43
11 2012 6,16 2,43 2,06 3,09 0,13 19,79 0,17 12,27 0,27
2011 6,31 2,09 5,89 6,42 0,26 12,01 0,07 22,89 0,3
12 2012 6,75 1,97 1,75 2,98 0,14 15,48 0,12 9,93 0,68
2011 8,09 1,1 2,2 1,64 0,21 7,53 0,1 8,43 2,26
13 2012 7,67 1,15 2,21 1,74 0,13 7,66 0,31 4,78 1,8

316
Annexes

Annexe au chapitre 5
1. Composition des solutions d’équilibres des solutions extraites aux rapports sol eau
1/3, 1/5, 1/8 et 1/12

Tableau 5. 7: Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/3

pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,48 0,69 3,28 1,09 1,37 0,14 3,97 0,00 0,00 0,03 0,00 0,13 6,52 0,00 0,25
2 6,93 0,17 0,48 0,15 0,10 0,04 1,29 0,00 0,00 0,04 0,00 0,07 1,00 0,00 0,68
3 7,96 0,42 0,82 0,60 0,54 0,05 3,25 0,19 0,01 0,01 0,00 0,05 1,58 0,00 2,60
4 7,96 0,23 0,06 0,44 0,23 0,03 1,95 0,13 0,01 0,03 0,00 0,05 0,16 0,00 2,29
5 7,77 1,88 8,90 2,57 2,69 0,18 14,97 0,00 0,07 0,23 0,00 0,15 17,67 0,00 1,86
6 7,93 0,31 0,64 0,80 0,54 0,09 1,68 0,07 0,02 0,06 0,00 0,12 1,30 0,00 1,63
7 6,93 0,16 0,31 0,15 0,19 0,07 1,37 0,04 0,00 0,01 0,00 0,14 0,63 0,00 0,38
8 6,95 0,12 0,22 1,02 0,24 0,02 0,92 0,33 0,01 0,08 0,00 0,00 0,49 0,00 0,74
9 8,01 1,75 7,98 0,98 1,21 0,11 16,05 0,00 0,06 0,07 0,05 0,14 16,17 0,00 1,61
10 7,27 0,53 1,97 0,04 0,07 0,07 4,78 0,12 0,02 0,02 0,00 0,06 3,66 0,00 1,45
11 7,47 1,22 5,85 0,37 0,63 0,09 11,77 0,08 0,04 0,03 0,12 0,10 10,76 0,00 0,93
12 6,30 1,43 7,65 3,50 4,00 0,16 7,76 0,00 0,02 0,06 0,00 0,08 15,28 0,00 0,16
13 7,84 0,77 3,22 1,47 1,19 0,15 5,83 0,03 0,03 0,10 0,00 0,08 5,85 0,00 1,66
14 7,76 0,72 2,87 1,52 1,30 0,16 5,20 0,04 0,03 0,07 0,00 0,10 5,26 0,00 1,82
15 7,60 8,18 54,98 10,00 29,68 0,23 79,12 0,00 0,09 0,26 0,00 1,30 105,26 0,00 1,11
16 9,20 1,26 4,11 0,19 0,21 0,03 12,58 0,35 0,06 0,05 0,06 0,27 8,14 1,00 2,86
17 6,67 0,62 2,69 0,32 0,43 0,08 5,11 0,00 0,01 0,02 0,00 0,09 5,29 0,00 0,64
18 5,69 0,52 2,19 0,49 0,40 0,12 4,02 0,00 0,00 0,00 0,00 0,07 4,66 0,00 0,18
19 10,14 1,62 3,65 0,17 0,13 0,06 21,31 0,35 0,07 0,02 0,39 0,08 7,40 7,70 5,83
20 7,41 3,62 21,08 6,14 7,32 0,06 27,94 0,00 0,08 0,00 0,00 0,34 41,62 0,00 0,94
21 7,70 5,07 30,32 7,10 10,28 0,05 41,93 0,00 0,07 0,00 0,00 0,51 59,83 0,00 0,88
22 7,11 3,14 18,31 3,78 6,05 0,08 29,69 0,00 0,05 0,00 0,00 0,09 34,03 0,00 0,99
23 8,01 3,36 17,35 1,81 2,81 0,05 32,78 0,12 0,06 0,05 0,00 0,19 34,58 0,00 1,15
24 8,63 2,30 10,90 0,53 0,91 0,04 22,97 0,00 0,08 0,00 0,00 0,20 21,35 0,06 1,43
25 6,86 5,47 32,03 7,15 11,43 0,08 46,76 0,00 0,13 0,30 0,26 1,14 65,92 0,00 0,46
26 7,70 5,15 31,62 5,84 8,90 0,09 50,85 0,00 0,09 0,00 0,00 0,87 59,29 0,00 0,86
27 6,87 1,44 8,29 2,52 2,96 0,14 11,42 0,00 0,02 0,03 0,00 0,12 14,40 0,00 0,40
28 7,75 0,99 3,79 0,28 0,34 0,02 8,80 0,47 0,04 0,00 0,00 0,08 8,74 0,00 1,74
29 9,03 0,62 1,52 0,12 0,13 0,02 5,26 0,15 0,05 0,27 0,00 0,08 3,37 0,52 2,10
30 7,18 1,52 7,21 0,61 0,85 0,06 12,76 0,07 0,03 0,05 0,00 0,18 13,77 0,00 0,82
31 7,88 0,91 3,24 0,16 0,23 0,02 8,32 0,52 0,03 0,02 0,00 0,09 6,01 0,00 2,29
32 8,81 0,84 3,08 0,21 0,18 0,02 7,53 0,09 0,03 0,01 0,04 0,08 5,96 0,26 1,88
33 7,61 0,99 3,74 0,42 0,68 0,06 8,10 0,12 0,03 0,02 0,00 0,24 7,27 0,00 2,18
34 8,81 0,90 2,91 0,14 0,18 0,02 8,36 0,61 0,03 0,01 0,00 0,14 5,61 0,24 1,97
35 9,00 0,87 3,01 0,15 0,11 0,01 8,09 0,06 0,04 0,01 0,00 0,09 5,88 0,57 2,20

317
Annexes

Tableau 5.7 (suite) : Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/3

pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
36 7,50 2,75 13,70 0,33 0,74 0,06 26,03 0,00 0,03 0,09 0,12 0,14 26,80 0,00 0,90
37 7,08 6,38 36,61 2,62 4,02 0,06 66,12 0,00 0,07 0,13 0,00 0,26 64,12 0,00 0,41
38 8,20 5,31 30,61 2,09 3,96 0,09 54,89 0,00 0,08 0,09 0,00 0,13 58,84 0,00 1,09
39 9,45 1,02 3,15 0,19 0,14 0,06 10,23 0,12 0,05 0,05 0,00 0,03 6,25 1,25 2,92
40 8,85 0,90 2,84 0,20 0,24 0,06 8,97 0,32 0,04 0,02 0,00 0,09 5,71 0,82 4,17
41 9,58 0,63 1,24 0,04 0,05 0,00 6,16 0,17 0,02 0,00 0,00 0,05 2,83 1,45 2,98
42 10,16 1,28 3,03 0,15 0,24 0,04 12,74 0,09 0,05 0,02 0,03 0,07 5,82 4,98 3,03
43 9,51 1,43 5,10 0,11 0,19 0,03 13,78 0,39 0,05 0,02 0,00 0,03 10,24 1,13 2,41
44 9,23 0,51 5,09 0,66 1,15 0,06 5,51 0,13 0,02 0,02 0,03 0,04 2,53 0,87 2,42
45 7,73 0,18 0,04 0,98 0,57 0,03 0,36 0,06 0,01 0,02 0,00 0,06 0,06 0,00 1,72
46 8,86 0,22 0,06 0,16 0,20 0,02 2,06 0,33 0,01 0,00 0,00 0,02 0,12 0,30 1,59
47 8,99 0,26 0,15 0,22 0,23 0,02 2,63 0,25 0,01 0,01 0,00 0,07 0,30 0,33 1,96
48 7,74 0,21 0,08 0,39 0,27 0,04 1,95 0,11 0,02 0,02 0,00 0,09 0,16 0,00 2,04
49 9,28 0,39 0,27 0,09 0,10 0,01 4,03 0,54 0,02 0,01 0,00 0,08 0,56 0,91 2,34
50 9,01 0,32 0,41 0,17 0,17 0,03 3,10 0,27 0,01 0,01 0,00 0,07 0,81 0,41 1,84
51 6,44 0,04 0,05 0,11 0,06 0,02 0,16 0,01 0,00 0,02 0,00 0,06 0,10 0,00 0,19
52 8,58 0,23 0,06 0,09 0,09 0,01 2,27 0,37 0,01 0,02 0,00 0,04 0,12 0,08 1,99
53 8,86 0,22 0,10 0,20 0,19 0,02 2,08 0,27 0,01 0,03 0,00 0,06 0,21 0,25 1,60

318
Annexes

Tableau 5. 8: Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/5

pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,36 0,45 2,07 0,60 0,75 0,10 3,02 0,00 0,01 0,02 0,01 0,08 3,93 0,00 0,13
2 7,21 0,12 0,34 0,17 0,05 0,01 1,05 0,03 0,00 0,03 0,00 0,07 0,65 0,00 0,55
3 7,97 0,31 0,59 0,48 0,43 0,04 2,67 0,17 0,01 0,01 0,01 0,04 1,10 0,00 1,98
4 7,82 0,18 0,09 0,33 0,19 0,03 1,67 0,12 0,01 0,02 0,00 0,03 0,17 0,00 1,67
5 7,95 1,23 5,62 1,24 1,33 0,11 10,77 0,07 0,01 0,17 0,00 0,10 10,52 0,00 1,58
6 8,03 0,23 0,41 0,61 0,44 0,08 1,35 0,07 0,02 0,05 0,00 0,07 0,79 0,00 1,38
7 6,72 0,07 0,16 0,03 0,03 0,01 0,61 0,02 0,01 0,00 0,00 0,03 0,30 0,00 0,30
8 6,95 0,08 0,11 0,04 0,02 0,01 0,75 0,05 0,01 0,00 0,00 0,03 0,18 0,00 0,47
9 8,04 1,12 5,01 0,52 0,64 0,07 10,80 0,03 0,03 0,05 0,04 0,06 9,25 0,00 1,48
10 7,20 0,33 1,13 0,02 0,04 0,31 3,23 0,15 0,01 0,01 0,01 0,04 2,10 0,00 0,95
11 7,16 0,76 3,18 0,13 0,28 0,04 6,96 0,11 0,02 0,01 0,00 0,05 6,23 0,00 0,69
12 6,07 0,97 4,89 2,01 2,51 0,11 5,37 0,00 0,01 0,03 0,00 0,04 9,60 0,00 0,13
13 7,82 0,53 1,84 0,78 0,65 0,11 3,88 0,08 0,02 0,09 0,02 0,05 3,58 0,00 1,30
14 7,65 0,51 1,61 0,85 0,76 0,12 3,44 0,11 0,02 0,05 0,03 0,07 3,16 0,00 1,57
15 7,26 5,23 31,53 5,44 15,38 0,11 43,89 0,00 0,06 0,09 0,00 0,76 63,50 0,00 0,72
16 9,38 0,90 2,59 0,10 0,15 0,09 10,09 0,28 0,04 0,02 0,04 0,22 5,04 1,78 5,74
17 6,80 0,39 1,64 0,20 0,32 0,06 3,54 0,04 0,01 0,02 0,00 0,07 3,12 0,00 0,39
18 6,08 0,34 1,44 0,10 0,14 0,04 2,89 0,06 0,00 0,01 0,00 0,04 2,96 0,00 0,15
19 10,19 1,17 2,01 0,16 0,13 0,26 17,23 0,28 0,03 0,01 0,00 0,09 4,37 6,26 3,36
20 7,33 2,35 12,22 3,07 3,82 0,05 18,96 0,05 0,03 0,03 0,00 0,15 24,46 0,00 0,74
21 7,39 3,27 16,70 3,12 4,90 0,03 26,79 0,00 0,03 0,00 0,00 0,31 34,77 0,00 0,76
22 7,20 1,98 9,89 1,46 2,50 0,05 17,46 0,12 0,03 0,02 0,00 0,07 19,60 0,00 0,90
23 7,86 2,24 10,82 0,88 1,31 0,04 21,12 0,20 0,04 0,05 0,00 0,14 21,27 0,00 1,02
24 8,77 1,51 6,24 0,21 0,38 0,03 14,06 0,11 0,04 0,02 0,00 0,11 12,28 0,12 1,28
25 6,63 3,62 20,38 3,97 6,62 0,05 31,93 0,00 0,06 0,00 0,00 0,45 39,50 0,00 0,27
26 7,62 3,36 17,71 2,47 4,12 0,05 30,51 0,00 0,04 0,00 0,00 0,50 34,91 0,00 0,72
27 7,03 0,92 4,29 1,22 1,52 0,09 6,65 0,00 0,01 0,02 0,00 0,08 8,52 0,00 0,43
28 7,92 0,68 2,27 0,16 0,28 0,03 6,45 0,39 0,02 0,01 0,00 0,07 4,42 0,00 2,29
29 9,20 0,46 1,02 0,07 0,09 0,00 4,59 0,18 0,01 0,00 0,00 0,05 1,96 0,30 1,99
30 7,03 0,96 4,04 0,29 0,46 0,06 8,36 0,11 0,02 0,05 0,00 0,10 7,96 0,00 0,55
31 8,43 0,63 1,86 0,09 0,16 0,01 6,15 0,43 0,02 0,02 0,00 0,05 3,67 0,90 1,25
32 8,84 0,59 1,86 0,13 0,14 0,03 5,78 0,10 0,02 0,01 0,02 0,05 3,64 0,31 1,72
33 7,61 0,63 2,29 0,29 0,42 0,05 5,88 0,14 0,02 0,01 0,00 0,16 4,49 0,00 1,59
34 9,04 0,64 1,65 0,09 0,13 0,05 6,61 0,14 0,02 0,01 0,01 0,16 4,48 0,47 2,12
35 9,29 0,64 1,77 0,14 0,18 0,04 6,44 0,08 0,02 0,01 0,01 0,09 3,54 0,90 1,98
36 7,88 1,67 7,65 0,12 0,46 0,04 16,16 0,00 0,02 0,02 0,03 0,08 15,50 0,00 0,55
37 6,85 4,23 22,24 1,16 1,82 0,05 43,22 0,25 0,08 0,14 0,00 0,28 44,77 0,00 0,30
38 8,29 3,54 17,84 0,95 1,75 0,05 35,38 0,03 0,06 0,04 0,00 0,11 36,11 0,00 0,91
39 10,05 0,91 1,79 0,82 0,60 0,05 8,03 0,15 0,03 0,03 0,05 0,06 3,99 3,66 1,11

319
Annexes

Tableau 5.8 (suite): Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/5

pH
H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
N° dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
40 9,28 0,58 1,49 0,09 0,16 0,14 8,23 0,24 0,01 0,01 0,00 0,04 3,05 1,05 2,12
41 9,56 0,50 0,71 0,03 0,06 0,03 5,72 0,07 0,02 0,00 0,01 0,05 1,38 1,44 2,22
42 9,50 0,66 1,91 0,02 0,03 0,02 7,42 0,09 0,02 0,02 0,02 0,10 3,79 1,08 1,72
43 9,46 1,08 3,00 0,07 0,13 0,05 13,67 0,27 0,04 0,01 0,02 0,04 6,06 1,83 4,23
44 9,29 0,40 0,63 0,04 0,06 0,05 4,58 0,05 0,01 0,00 0,01 0,03 1,19 0,86 1,95
45 7,65 0,12 0,02 0,66 0,39 0,02 0,24 0,05 0,01 0,02 0,00 0,03 0,04 0,00 1,06
46 8,63 0,18 0,04 0,17 0,20 0,01 1,74 0,23 0,01 0,01 0,00 0,04 0,07 0,29 1,56
47 9,07 0,22 0,24 0,19 0,15 0,04 2,78 0,20 0,01 0,01 0,01 0,06 0,46 0,59 1,60
48 7,75 0,13 0,14 0,28 0,23 0,04 1,61 0,11 0,01 0,01 0,00 0,03 0,26 0,00 1,25
49 9,20 0,32 0,19 0,11 0,10 0,01 3,56 0,36 0,01 0,01 0,00 0,06 0,37 0,65 2,20
50 9,09 0,27 0,30 0,15 0,13 0,01 2,91 0,20 0,02 0,01 0,00 0,07 0,58 0,45 1,78
51 6,63 0,03 0,07 0,11 0,11 0,03 0,20 0,01 0,00 0,02 0,00 0,05 0,12 0,00 0,16
52 8,44 0,17 0,07 0,07 0,10 0,01 2,04 0,29 0,01 0,02 0,00 0,07 0,13 0,06 1,40
53 8,85 0,18 0,14 0,17 0,17 0,04 2,13 0,19 0,01 0,02 0,00 0,07 0,27 0,32 1,36

320
Annexes

Tableau 5. 9: Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/8

pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,40 0,30 1,28 0,57 0,75 0,09 1,85 0,00 0,01 0,01 0,01 0,05 2,55 0,00 0,07
2 6,85 0,08 0,20 0,02 0,03 0,02 0,71 0,04 0,00 0,01 0,00 0,03 0,40 0,00 0,24
3 7,87 0,23 0,35 0,43 0,38 0,05 1,75 0,14 0,01 0,01 0,00 0,03 0,68 0,00 1,38
4 9,97 0,13 0,04 0,70 0,40 0,06 1,11 0,10 0,01 0,01 0,01 0,03 0,07 0,00 1,24
5 7,83 0,84 3,37 0,74 0,79 0,09 7,03 0,09 0,03 0,09 0,08 0,06 5,97 0,00 1,35
6 7,92 0,18 0,25 0,49 0,44 0,11 0,99 0,07 0,01 0,03 0,00 0,05 0,50 0,00 1,22
7 6,89 0,05 0,15 0,04 0,06 0,01 0,65 0,05 0,01 0,00 0,00 0,04 0,35 0,00 0,16
8 6,71 0,06 0,12 0,04 0,04 0,01 0,75 0,04 0,01 0,00 0,01 0,03 0,12 0,00 0,35
9 8,30 0,76 3,02 0,90 0,95 0,06 7,05 0,03 0,02 0,03 0,05 0,06 5,88 0,00 1,38
10 7,48 0,21 0,69 0,02 0,02 0,04 2,64 0,15 0,01 0,01 0,00 0,03 1,36 0,00 0,70
11 7,41 0,48 1,73 0,06 0,10 0,03 4,04 0,09 0,01 0,01 0,00 0,03 3,20 0,00 0,86
12 6,40 0,63 3,04 1,33 1,58 0,08 3,36 0,00 0,01 0,02 0,00 0,03 5,68 0,00 0,18
13 7,98 0,39 1,22 0,57 0,51 0,10 2,92 0,09 0,01 0,05 0,00 0,04 2,16 0,00 1,27
14 7,95 0,37 1,04 0,62 0,55 0,09 2,54 0,09 0,01 0,03 0,00 0,04 1,86 0,00 1,35
15 7,34 3,55 19,63 2,74 9,32 0,08 28,97 0,00 0,04 0,07 0,00 0,46 36,97 0,00 0,49
16 9,76 0,64 1,44 0,04 0,05 0,04 6,27 0,17 0,02 0,03 0,07 0,11 2,92 2,01 3,07
17 6,83 0,26 0,96 0,08 0,13 0,10 2,30 0,05 0,02 0,00 0,00 0,02 1,64 0,00 0,30
18 6,21 0,22 0,92 0,08 0,10 0,06 2,07 0,00 0,02 0,00 0,00 0,03 1,61 0,00 0,11
19 10,28 0,85 1,24 0,10 0,08 0,14 12,18 0,12 0,01 0,00 0,03 0,03 2,19 4,71 2,43
20 7,52 1,46 7,21 1,36 1,90 0,03 12,44 0,12 0,02 0,00 0,06 0,09 13,41 0,00 0,56
21 7,66 2,25 11,83 2,34 3,38 0,03 19,41 0,07 0,01 0,03 0,01 0,20 20,86 0,00 0,51
22 7,33 1,34 6,12 0,83 1,42 0,04 11,20 0,04 0,00 0,00 0,00 0,04 11,38 0,00 0,70
23 8,39 1,47 6,47 0,44 0,66 0,03 13,60 0,18 0,03 0,00 0,20 0,08 12,10 0,12 0,90
24 9,51 0,99 4,01 0,17 0,22 0,02 9,76 0,09 0,02 0,00 0,00 0,08 7,95 0,52 1,06
25 6,48 2,36 11,86 1,84 3,42 0,04 19,91 0,06 0,02 0,00 0,00 0,30 24,57 0,00 0,21
26 7,64 2,25 11,48 1,45 2,43 0,04 20,88 0,00 0,02 0,00 0,00 0,33 22,58 0,00 0,52
27 6,68 0,60 2,67 0,61 0,84 0,08 4,38 0,00 0,01 0,01 0,00 0,08 5,38 0,00 0,22
28 8,28 0,46 1,46 0,08 0,12 0,04 4,70 0,31 0,01 0,01 0,00 0,04 2,90 0,00 1,56
29 9,40 0,35 0,59 0,05 0,06 0,01 3,51 0,12 0,00 0,00 0,01 0,04 1,13 0,89 1,63
30 7,19 0,62 2,61 0,16 0,24 0,02 5,94 0,12 0,00 0,05 0,03 0,09 5,45 0,00 0,53
31 9,17 0,47 1,17 0,07 0,12 0,02 5,01 0,32 0,00 0,01 0,00 0,04 2,24 0,36 1,78
32 9,17 0,43 1,22 0,10 0,14 0,03 4,51 0,08 0,00 0,01 0,02 0,04 2,34 0,48 1,43
33 7,41 0,43 1,49 0,27 0,42 0,08 4,38 0,13 0,00 0,02 0,00 0,11 2,83 0,00 1,36
34 9,35 0,47 0,98 0,06 0,09 0,02 5,07 0,34 0,00 0,02 0,00 0,06 1,99 0,66 1,78
35 9,47 0,49 1,11 0,04 0,06 0,02 5,15 0,05 0,00 0,01 0,00 0,05 2,16 0,93 1,64
36 8,48 1,05 4,64 0,11 0,33 0,06 10,31 0,05 0,00 0,05 0,04 0,07 9,36 0,10 0,76
37 6,70 2,78 14,17 0,54 0,91 0,04 28,58 0,19 0,00 0,16 0,00 0,18 27,85 0,00 0,18
38 8,44 2,25 10,60 0,37 0,74 0,03 22,35 0,14 0,00 0,00 0,00 0,09 21,68 0,00 0,85
39 9,55 0,46 1,20 0,34 0,26 0,01 5,04 0,06 0,00 0,02 0,02 0,03 2,32 0,72 1,47

321
Annexes

Tableau 5.9 (suite) : Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/8

pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
40 9,40 0,41 0,94 0,05 0,08 0,07 5,53 0,17 0,00 0,01 0,00 0,04 1,96 0,78 1,58
41 9,68 0,41 0,44 0,02 0,04 0,03 4,45 0,05 0,00 0,00 0,00 0,04 0,85 1,50 1,71
42 10,07 0,68 1,21 0,13 0,14 0,02 7,94 0,06 0,00 0,01 0,02 0,05 2,41 2,87 1,69
43 9,72 0,76 1,90 0,02 0,04 0,02 7,88 0,19 0,00 0,04 0,00 0,06 3,79 2,30 2,44
44 9,51 0,33 0,37 0,03 0,04 0,02 3,40 0,04 0,00 0,00 0,00 0,03 0,74 1,08 1,41
45 7,35 0,08 0,02 0,47 0,33 0,04 0,17 0,04 0,00 0,02 0,00 0,03 0,03 0,00 0,75
46 9,01 0,14 0,03 0,16 0,25 0,03 1,32 0,16 0,00 0,01 0,00 0,02 0,05 0,24 1,10
47 9,21 0,18 0,07 0,07 0,07 0,04 1,91 0,14 0,00 0,00 0,00 0,03 0,32 0,43 1,25
48 7,37 0,09 0,03 0,12 0,08 0,01 0,95 0,08 0,00 0,01 0,00 0,03 0,05 0,00 0,89
49 9,53 0,25 0,10 0,05 0,06 0,03 2,87 0,28 0,00 0,01 0,00 0,03 0,19 0,90 1,55
50 9,24 0,21 0,17 0,06 0,07 0,01 2,12 0,14 0,00 0,01 0,00 0,04 0,33 0,57 1,06
51 6,24 0,02 0,02 0,11 0,07 0,02 0,10 0,00 0,00 0,02 0,00 0,03 0,19 0,00 0,11
52 8,24 0,12 0,03 0,03 0,05 0,00 1,38 0,22 0,00 0,02 0,00 0,04 0,23 0,00 1,14
53 8,88 0,14 0,04 0,09 0,08 0,01 1,39 0,13 0,00 0,02 0,00 0,04 0,25 0,18 1,09

322
Annexes

Tableau 5. 10: Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/12

pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
1 6,45 0,21 0,85 0,33 0,61 0,09 1,34 0,00 0,00 0,01 0,00 0,04 1,65 0,00 0,13
2 7,01 0,06 0,14 0,01 0,02 0,05 0,57 0,05 0,00 0,01 0,00 0,03 0,26 0,00 0,29
3 7,80 0,17 0,24 0,37 0,37 0,05 1,32 0,13 0,00 0,01 0,00 0,03 0,45 0,00 1,21
4 7,93 0,10 0,03 0,41 0,30 0,05 0,82 0,08 0,00 0,01 0,00 0,02 0,04 0,00 0,95
5 7,99 0,60 2,11 0,44 0,50 0,08 5,11 0,11 0,03 0,09 0,00 0,05 4,15 0,00 1,22
6 7,98 0,14 0,17 0,42 0,34 0,08 0,80 0,09 0,00 0,03 0,00 0,04 0,32 0,00 1,13
7 6,77 0,04 0,07 0,01 0,01 0,02 0,35 0,04 0,00 0,00 0,00 0,03 0,29 0,00 0,14
8 6,85 0,04 0,05 0,01 0,01 0,03 0,42 0,06 0,00 0,00 0,02 0,03 0,24 0,00 0,23
9 8,45 0,52 1,96 0,27 0,35 0,10 4,91 0,04 0,01 0,03 0,08 0,05 3,68 0,06 0,97
10 7,40 0,14 0,46 0,01 0,01 0,10 1,87 0,11 0,00 0,01 0,00 0,02 0,86 0,00 0,56
11 7,28 0,32 1,19 0,02 0,04 0,04 3,21 0,10 0,00 0,01 0,00 0,04 2,32 0,00 0,50
12 6,11 0,44 2,05 0,67 0,98 0,06 2,60 0,00 0,01 0,03 0,00 0,03 3,92 0,00 0,11
13 8,02 0,29 0,77 0,41 0,38 0,08 2,18 0,08 0,00 0,05 0,00 0,03 1,48 0,00 1,17
14 8,04 0,28 0,70 0,54 0,53 0,13 2,00 0,08 0,00 0,03 0,00 0,04 1,33 0,00 1,27
15 7,23 2,48 13,61 2,07 6,45 0,06 20,65 0,00 0,00 0,11 0,00 0,36 26,63 0,00 0,41
16 9,85 0,49 0,99 0,06 0,10 0,07 6,22 0,12 0,00 0,02 0,04 0,07 1,94 1,52 1,71
17 6,67 0,18 0,67 0,03 0,05 0,09 1,67 0,03 0,01 0,01 0,03 0,04 1,30 0,00 0,26
18 6,28 0,15 0,57 0,02 0,02 0,07 1,36 0,03 0,00 0,00 0,00 0,03 1,15 0,00 0,11
19 10,33 0,66 0,82 0,05 0,05 0,14 9,06 0,05 0,00 0,00 0,08 0,02 0,80 3,71 1,75
20 7,46 1,04 4,83 0,86 1,22 0,03 9,01 0,08 0,00 0,00 0,00 0,10 9,51 0,00 0,56
21 7,66 1,56 7,73 1,33 2,04 0,03 13,86 0,03 0,00 0,00 0,00 0,18 15,14 0,00 0,55
22 7,60 0,88 3,88 0,38 0,71 0,03 7,99 0,12 0,00 0,02 0,00 0,04 7,58 0,00 0,68
23 8,78 1,01 4,34 0,26 0,39 0,02 9,98 0,16 0,00 0,00 0,00 0,07 8,31 0,16 0,75
24 9,45 0,72 2,59 0,08 0,14 0,05 7,35 0,07 0,01 0,00 0,00 0,07 4,98 0,59 0,96
25 6,63 1,64 7,97 1,13 2,18 0,03 14,22 0,10 0,07 0,00 0,00 0,22 16,29 0,00 0,15
26 8,12 1,56 7,62 0,83 1,45 0,03 14,93 0,00 0,00 0,07 0,00 0,26 14,62 0,00 0,59
27 6,75 0,41 1,66 0,31 0,50 0,08 3,09 0,03 0,00 0,02 0,00 0,04 3,38 0,00 0,21
28 8,89 0,34 0,84 0,03 0,05 0,03 3,34 0,24 0,00 0,02 0,02 0,09 1,75 0,25 1,14
29 9,65 0,28 0,40 0,03 0,04 0,03 3,09 0,09 0,00 0,00 0,00 0,03 0,76 0,92 1,03
30 6,97 0,43 1,70 0,01 0,02 0,02 2,16 0,11 0,00 0,03 0,02 0,07 3,66 0,00 0,37
31 9,43 0,35 0,74 0,02 0,05 0,05 3,91 0,22 0,00 0,01 0,00 0,03 1,44 0,60 1,30
32 9,43 0,34 0,69 0,02 0,03 0,03 3,36 0,05 0,00 0,00 0,00 0,03 1,40 0,56 1,07
33 7,36 0,29 0,90 0,07 0,12 0,03 2,87 0,09 0,01 0,02 0,02 0,08 1,77 0,00 0,77
34 9,60 0,38 0,67 0,03 0,06 0,03 4,11 0,24 0,00 0,00 0,00 0,05 1,31 1,06 1,12
35 9,69 0,39 0,74 0,03 0,05 0,01 4,25 0,04 0,00 0,00 0,00 0,05 1,39 1,06 1,20
36 8,18 0,78 3,31 0,14 0,40 0,05 7,80 0,05 0,00 0,02 0,03 0,04 6,61 0,00 0,52
37 6,92 1,86 8,93 0,23 0,50 0,04 19,32 0,15 0,00 0,10 0,00 0,13 17,98 0,00 0,23
38 8,53 1,64 7,77 0,29 0,52 0,04 17,07 0,10 0,00 0,00 0,00 0,06 15,09 0,09 0,67
39 9,65 0,34 0,75 0,20 0,17 0,01 3,46 0,06 0,00 0,01 0,02 0,02 1,68 0,69 1,07

323
Annexes

Tableau 5.10 (suite) : Composition des solutions extraites aux rapports sol/eau 1/12

pH
N° H2O CE S Ca Mg K Na F NO2 NO3 PO4 Cl SO4 CO3 HCO3
dS/m mM meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L meq/L
40 9,63 0,29 0,60 0,01 0,02 0,05 4,01 0,11 0,00 0,01 0,02 0,02 1,21 0,65 1,13
41 9,83 0,35 0,29 0,01 0,02 0,03 3,81 0,03 0,00 0,00 0,00 0,03 0,57 1,35 1,43
42 10,13 0,48 0,72 0,04 0,06 0,03 5,39 0,03 0,02 0,02 0,04 0,04 1,45 1,96 1,36
43 9,94 0,51 1,03 0,01 0,02 0,05 6,91 0,12 0,00 0,02 0,00 0,03 2,22 1,28 1,63
44 9,63 0,28 0,25 0,02 0,03 0,05 2,87 0,00 0,00 0,00 0,00 0,02 0,50 0,81 1,23
45 7,23 0,07 0,01 0,39 0,26 0,03 0,12 0,04 0,00 0,01 0,02 0,02 0,02 0,00 0,60
46 9,19 0,11 0,02 0,10 0,16 0,04 1,05 0,11 0,00 0,00 0,00 0,02 0,03 0,11 0,82
47 9,27 0,15 0,04 0,05 0,06 0,03 1,58 0,09 0,00 0,00 0,00 0,03 0,08 0,40 1,00
48 7,19 0,07 0,02 0,07 0,06 0,04 0,72 0,06 0,00 0,01 0,00 0,02 0,04 0,00 0,70
49 9,58 0,21 0,07 0,03 0,04 0,04 2,34 0,18 0,00 0,00 0,00 0,02 0,13 0,54 1,24
50 9,33 0,17 0,12 0,06 0,08 0,04 1,82 0,09 0,00 0,01 0,00 0,02 0,22 0,50 1,03
51 6,39 0,02 0,02 0,08 0,06 0,05 0,08 0,00 0,00 0,01 0,00 0,04 0,03 0,00 0,11
52 8,42 0,08 0,02 0,01 0,02 0,06 1,00 0,14 0,00 0,01 0,00 0,02 0,03 0,06 0,67
53 8,96 0,11 0,03 0,08 0,08 0,04 1,18 0,09 0,00 0,01 0,00 0,04 0,05 0,17 0,90

324
Annexes

2. Teneurs en cations échangeables des sols de Mugerero aux rapports sol/eau 1/3,
1/5, 1/8 et 1/12

Tableau 5. 11: Valeurs des cations échangeables calculées pour chaque dilution

Dilution 1/3 Dilution 1/5 Dilution 1/8 Dilution 1/12


N° Ca Mg K Na Ca Mg K Na Ca Mg K Na Ca Mg K Na
1 7,43 6,29 0,25 0,60 7,46 6,33 0,24 0,28 7,30 6,10 0,22 0,30 7,36 5,97 0,18 0,17
2 11,82 10,05 0,30 1,24 11,78 10,05 0,30 1,11 11,85 10,06 0,30 1,06 11,85 10,06 0,25 0,95
3 12,54 7,62 0,08 0,99 12,48 7,57 0,08 0,62 12,38 7,48 0,05 0,56 12,28 7,34 0,03 0,37
4 11,87 4,59 0,06 0,50 11,84 4,57 0,05 0,25 11,45 4,34 0,02 0,20 11,51 4,30 0,01 0,10
5 27,53 20,07 0,81 5,41 27,68 20,21 0,81 4,51 27,71 20,24 0,79 4,27 27,77 20,28 0,77 3,77
6 32,00 16,38 0,84 1,04 31,94 16,32 0,83 0,87 31,84 16,19 0,78 0,76 31,73 16,13 0,78 0,59
7 6,92 6,19 0,06 0,49 6,95 6,23 0,08 0,60 6,93 6,20 0,07 0,39 6,95 6,23 0,06 0,48
8 7,22 5,07 0,13 0,83 7,51 5,13 0,13 0,73 7,50 5,11 0,12 0,50 7,52 5,13 0,10 0,60
9 8,00 5,74 0,17 1,81 8,04 5,78 0,17 1,23 7,58 5,34 0,15 0,99 7,97 5,68 0,09 0,74
10 5,76 6,82 0,15 3,03 5,76 6,82 0,01 2,85 5,75 6,83 0,14 2,36 5,76 6,83 0,05 2,22
11 6,18 8,73 0,24 2,78 6,23 8,78 0,25 2,84 6,25 8,84 0,25 3,08 6,28 8,87 0,22 2,46
12 5,12 3,30 0,06 0,80 5,16 3,24 0,05 0,44 5,10 3,23 0,05 0,43 5,36 3,32 0,03 0,01
13 30,42 17,22 1,01 2,44 30,47 17,25 1,00 2,25 30,41 17,17 0,97 1,85 30,37 17,12 0,96 1,57
14 27,48 15,98 0,94 2,00 27,51 15,99 0,93 1,84 27,44 15,93 0,92 1,53 27,30 15,74 0,84 1,16
15 3,81 5,67 0,04 1,06 4,09 6,89 0,05 2,85 4,62 7,12 0,05 1,62 4,32 6,84 0,03 0,01
16 4,99 4,86 0,09 5,45 4,99 4,85 0,05 4,17 5,01 4,88 0,07 4,20 4,97 4,80 0,01 1,75
17 7,32 7,83 0,31 1,42 7,31 7,80 0,30 1,19 7,35 7,86 0,25 1,12 7,38 7,90 0,22 0,96
18 7,08 6,11 0,26 1,50 7,18 6,16 0,27 1,27 7,16 6,15 0,25 1,05 7,21 6,20 0,21 1,08
19 2,49 1,31 0,24 5,85 2,46 1,29 0,13 3,63 2,46 1,29 0,15 2,50 2,48 1,29 0,09 1,37
20 11,22 8,47 0,06 2,86 11,52 8,75 0,05 1,76 11,97 9,15 0,05 1,29 12,03 9,20 0,03 0,43
21 10,44 10,25 0,05 4,92 11,01 10,89 0,05 4,10 10,70 10,63 0,04 1,97 10,97 10,89 0,03 0,86
22 9,71 9,61 0,10 2,51 10,11 10,17 0,09 2,69 10,18 10,29 0,09 2,46 10,39 10,56 0,09 1,83
23 8,98 8,50 0,09 4,77 9,09 8,69 0,09 4,04 9,17 8,82 0,08 3,72 9,21 8,87 0,08 2,63
24 7,80 8,51 0,06 6,22 7,86 8,59 0,06 6,08 7,82 8,61 0,06 5,30 7,86 8,61 0,01 4,29
25 7,59 9,89 0,10 4,61 7,75 10,01 0,10 2,67 8,27 10,58 0,10 2,71 8,38 10,71 0,09 1,57
26 8,80 9,58 0,10 4,04 9,31 10,19 0,11 4,03 9,39 10,30 0,10 2,59 9,55 10,51 0,10 1,37
27 6,92 5,58 0,16 0,52 7,07 5,71 0,15 0,62 7,19 5,79 0,14 0,44 7,31 5,87 0,10 0,23
28 11,99 11,83 0,09 5,14 12,00 11,79 0,08 4,55 12,01 11,84 0,06 4,01 12,04 11,87 0,06 3,77
29 12,33 11,09 0,10 5,69 12,34 11,09 0,10 4,97 12,33 11,08 0,10 4,46 12,34 11,09 0,07 3,55
30 8,59 8,66 0,20 3,54 8,63 8,68 0,19 3,19 8,65 8,72 0,20 2,62 8,76 8,89 0,19 4,77
31 10,18 11,86 0,08 5,72 10,19 11,85 0,08 5,14 10,17 11,84 0,07 4,21 10,20 11,87 0,03 3,53
32 13,50 11,67 0,09 6,57 13,49 11,65 0,08 5,94 13,48 11,61 0,07 5,22 13,53 11,68 0,06 4,80
33 7,94 7,89 0,13 2,29 7,92 7,89 0,12 1,78 7,85 7,76 0,08 1,21 7,98 7,95 0,11 1,28
34 11,18 11,71 0,06 6,73 11,18 11,70 0,04 5,93 11,18 11,70 0,06 5,18 11,18 11,70 0,03 4,31
35 12,76 12,69 0,13 9,30 12,73 12,63 0,11 8,51 12,77 12,67 0,12 7,61 12,77 12,66 0,12 6,64

325
Annexes

Tableau 5.11 (suite) : Valeurs des cations échangeables calculées pour chaque dilution

Dilution 1/3 Dilution 1/5 Dilution 1/8 Dilution 1/12



Ca Mg K Na Ca Mg K Na Ca Mg K Na Ca Mg K Na
36 1,45 2,55 0,06 1,98 1,49 2,55 0,06 1,71 1,46 2,51 0,03 1,54 1,38 2,29 0,02 0,44
37 5,10 6,41 0,10 7,95 5,31 6,71 0,10 6,18 5,46 6,89 0,09 4,93 5,62 7,02 0,07 4,60
38 6,60 7,84 0,12 7,42 6,75 8,16 0,12 6,20 6,94 8,44 0,12 6,01 6,88 8,41 0,09 3,40
39 2,30 1,19 0,01 1,27 1,95 0,93 0,00 0,32 2,09 1,02 0,02 0,31 2,12 1,02 0,02 0,18
40 6,71 7,46 0,05 6,09 6,73 7,45 0,00 4,67 6,74 7,47 0,02 4,36 6,76 7,51 0,01 3,97
41 8,28 9,75 0,15 7,90 8,27 9,73 0,14 6,89 8,27 9,73 0,13 6,18 8,28 9,74 0,12 5,17
42 1,91 1,41 0,03 3,42 1,95 1,47 0,03 3,53 1,86 1,37 0,03 0,89 1,91 1,41 0,01 0,78
43 5,42 6,36 0,10 12,65 5,42 6,35 0,09 9,95 5,44 6,39 0,10 10,48 5,44 6,39 0,05 8,50
44 10,68 9,97 0,08 5,92 10,85 10,28 0,07 5,28 10,85 10,28 0,08 4,86 10,85 10,28 0,03 4,13
45 8,38 3,56 0,05 0,04 8,34 3,53 0,05 0,03 8,29 3,46 0,03 0,02 8,20 3,41 0,03 0,01
46 10,01 9,22 0,10 1,17 9,97 9,18 0,10 0,91 9,93 9,09 0,07 0,73 9,94 9,09 0,05 0,52
47 15,01 9,22 0,14 2,69 14,98 9,21 0,12 2,08 15,03 9,23 0,11 1,95 15,02 9,22 0,11 1,58
48 7,27 3,17 0,04 0,50 7,24 3,14 0,04 0,28 7,29 3,19 0,05 0,32 7,30 3,18 0,01 0,22
49 10,12 8,32 0,09 3,53 10,09 8,30 0,09 2,95 10,10 8,30 0,07 2,43 10,11 8,30 0,04 1,93
50 13,00 10,19 0,08 2,86 12,98 10,17 0,08 2,33 13,01 10,18 0,08 2,10 12,98 10,14 0,04 1,60
51 5,52 2,15 0,06 0,05 5,50 2,11 0,05 0,00 5,47 2,12 0,05 0,03 5,46 2,10 0,00 0,01
52 10,59 9,86 0,08 1,94 10,58 9,84 0,08 1,60 10,59 9,85 0,08 1,52 10,60 9,86 0,01 1,42
53 12,76 7,18 0,05 1,47 12,74 7,15 0,04 1,03 12,75 7,18 0,05 0,98 12,73 7,14 0,01 0,68

326
Annexes

3. Illustration des relations entre la conductivité électrique et la salinité globale pour


les cinq dilutions et la comparaison de la salinité globale des dilutions 1/3, 1/5, 1/8
et 1/12 et celle de la dilution 1/2 prise comme référence

Figure 5. 34: Comparaison de la conductivité électrique et la salinité des solutions exprimée par la moyenne des
sommes des cations et celles des anions

327
Annexes

Figure 5. 35: Comparaison entre la salinité mesurée aux dilutions 1/3, 1/5, 1/8 et 1/12 et celle de la dilution 1/2

328
Annexes

Annexe au chapitre 6

1. Résultats détaillés des variables chimiques mesurées au cours de l’expérience sur


la cinétique

Tableau 6.8: Evolution des paramètres de la solution d’équilibre au cours de l’incubation en anaérobiose

Tps
N° (jour Eh CE Ca Fe K Mg Mn Na P
Sol s) pH (mV) dS/m mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L mg/L S mg/L
1 1 6,46 171,4 0,482 14,63 1,10 4,56 11,07 0,74 61,26 0,04 64,51
1 3 6,5 131 0,509 18,97 2,59 5,25 14,43 1,34 63,85 0,05 62,39
1 6 6,68 49 0,546 22,78 3,52 4,71 17,27 1,76 62,02 0,05 65,40
1 10 6,72 -22,6 0,629 29,20 4,80 5,60 21,10 2,20 65,30 0,06 56,50
1 15 6,86 -28,2 0,603 26,67 5,26 4,83 19,55 2,03 65,12 0,08 55,00
1 21 6,76 -30,3 0,583 27,34 5,44 4,76 19,95 2,08 67,84 0,12 55,10
1 28 6,89 -26,2 0,593 27,42 4,58 5,08 20,10 2,04 66,68 0,06 54,60
1 35 7,04 -27,1 0,602 26,80 4,39 4,73 19,77 1,99 67,48 0,06 53,34
1 42 6,8 -25 0,615 28,36 4 5,704 20,45 2,027 68,15 0,058 56,63
3 1 7,84 128,1 0,358 13,11 1,27 1,65 7,08 0,11 56,96 0,08 17,88
3 3 7,35 138,4 0,424 20,36 1,01 2,08 11,01 0,48 61,24 0,07 18,03
3 6 7,24 76,1 0,49 27,07 0,68 2,04 14,84 0,80 61,46 0,06 19,78
3 10 7,35 -28,2 0,52 30,90 0,49 1,84 16,40 0,93 63,70 0,05 19,00
3 15 7,33 -50,9 0,573 35,36 1,04 1,86 18,61 1,16 64,17 0,05 19,20
3 21 7,18 -50,7 0,598 38,24 0,36 2,09 19,93 1,19 66,50 0,05 19,59
3 28 7,28 -38,3 0,594 39,46 0,10 2,14 20,08 0,98 68,28 0,03 20,86
3 35 7,24 42,8 0,611 39,06 0,25 1,98 20,18 1,15 67,12 0,04 19,90
3 42 7,16 75,5 0,626 42,5 0,0713 2,492 20,82 0,8867 67,77 0,032 21,84
4 1 8,14 129,6 0,211 9,84 5,40 2,68 4,40 0,05 36,55 0,15 2,10
4 3 7,79 198 0,228 12,06 3,06 2,10 4,69 0,19 37,19 0,11 2,13
4 6 7,65 119 0,267 16,38 1,06 1,67 5,85 0,32 37,67 0,07 2,29
4 10 7,68 49,9 0,298 19,80 0,59 1,90 6,60 0,36 39,70 0,05 2,21
4 15 7,37 -23,1 0,361 26,40 0,14 1,63 8,63 0,42 41,48 0,04 2,28
4 21 7,41 132 0,406 34,04 0,01 1,60 10,64 0,41 43,08 0,04 2,43
4 28 7,2 62,5 0,433 43,62 0,09 1,55 12,92 0,01 44,58 0,05 2,74
4 35 7,28 79,3 0,463 39,38 0,02 1,69 11,99 0,25 44,38 0,04 2,61
4 42 7,28 77 0,482 50,72 0,0104 1,354 14,13 0,0007 44,21 0,051 3,185
5 1 7,98 134,9 1,28 32,48 0,15 5,76 19,41 0,03 235,00 0,13 180,00
5 3 7,69 90,7 1,336 36,42 0,13 5,40 22,27 0,18 242,00 0,11 178,00
5 6 7,57 130 1,366 40,22 0,30 5,57 25,45 0,38 237,00 0,10 184,20
5 10 7,4 4,9 1,42 47,20 0,11 5,60 29,00 0,60 245,00 0,10 169,00
5 15 7,42 -22,6 1,453 50,37 0,07 5,35 33,00 0,75 250,00 0,12 169,00
5 21 7,21 -32,8 1,516 59,50 0,40 5,58 36,80 0,86 253,40 0,16 171,22
5 28 7,33 -28,2 1,556 67,10 0,23 5,16 41,70 1,09 259,20 0,16 169,40
5 35 7,33 -17,5 1,581 63,96 0,10 5,22 39,76 1,01 261,40 0,16 168,72
5 42 7,19 -29,5 1,573 67,46 0,2013 5,44 41,15 1,037 254,5 0,1547 170

329
Annexes

Tableau 6.8 (suite) : Evolution des paramètres de la solution d’équilibre au cours de l’incubation en anaérobiose

Tps
N° sol (jours) pH Eh (mV) CE dS/m Ca mg/L Fe mg/L K mg/L Mg mg/L Mn mg/L Na mg/L P mg/L S mg/L
15 1 8,32 104,3 5,05 120,00 0,01 4,80 156,20 0,30 995,00 0,53 1015,00
15 3 8,25 166 4,94 120,00 0,02 4,51 163,50 1,20 1000,00 0,65 1015,00
15 6 8,05 23,7 5,18 114,50 0,09 4,47 176,10 1,32 977,00 0,92 1087,00
15 10 7,95 -46,1 5,1 112,00 0,06 4,40 177,00 1,39 926,00 1,14 950,00
15 15 7,74 -96,9 5,17 129,50 0,08 3,82 223,00 1,64 955,00 1,27 1070,00
15 21 7,52 -108,2 5,15 114,00 0,09 3,85 229,00 1,69 993,00 1,45 955,00
15 28 7,68 -62,4 5,36 128,40 0,11 4,12 251,00 2,00 1022,00 1,66 973,00
15 35 7,6 -72,6 5,35 125,40 0,06 4,10 246,00 1,82 1016,00 1,57 982,00
15 42 7,44 -74 5,44 125 0,107 5,3 254 2,13 1000 2 1017
18 1 6,49 179,5 0,356 0,60 2,79 1,12 1,04 0,02 4,87 0,03 1,90
18 3 6,51 165 0,397 12,41 3,914 3,991 9,149 1,137 77,02 0,0721 44,86
18 6 6,87 6,1 0,496 11,68 3,64 3,492 8,517 1,076 86,55 0,0704 46,35
18 10 7,12 -52,9 0,572 15,70 7,00 4,30 11,50 1,45 87,70 0,10 46,40
18 15 6,96 -57,8 0,608 17,52 7,86 3,97 12,72 1,64 89,50 0,14 47,91
18 21 6,85 -50,6 0,59 18,32 7,61 4,01 13,20 1,70 93,72 0,13 47,46
18 28 6,94 -48,6 0,628 18,66 7,29 3,80 13,45 1,72 96,64 0,09 47,88
18 35 7,07 -47,9 0,634 19,00 6,72 3,85 13,70 1,77 94,98 0,09 47,86
18 42 6,62 21,4 0,521 11,05 2,36 3,967 8,156 0,9623 86,72 0,034 50,17

Tableau 6.9: Evolution du pH et du Eh (mV) durant l’exposition des solutions extractes après 28 jours d’incubation

pH pH pH pH pH pH Eh Eh Eh Eh Eh Eh
N° à t=28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5 à t = 28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5
1 6,89 8,45 8,41 8,34 8,43 8,35 -26,2 132,4 100 100,7 101,6 101,7
2 6,67 8,38 8,16 8,05 7,66 7,94 214 126,7 140 136,8 133,3 128,5
3 7,28 8,71 8,7 8,67 8,69 8,66 -38,3 124,5 95,2 95 95,6 94,8
4 7,2 8,7 8,64 8,63 8,63 8,62 62,5 124,5 96,5 95 95,4 93,2
5 7,33 8,77 8,86 8,87 8,89 8,87 -28,2 126 99,6 98,5 97,8 96,4
6 7,24 8,64 8,42 8,39 8,37 8,36 66,2 113 133,4 120,2 122,9 126,4
7 6,48 7,51 7,38 7,63 7,7 7,42 229,3 113,1 121,8 100,8 112,2 104,3
8 6,62 7,86 7,83 8,05 8,07 7,86 76,5 127,4 122,6 107,5 115,2 101
9 7,4 8,64 8,5 8,54 8,47 8,47 38,2 114 124,8 115,1 101,9 123,3
10 6,78 7,83 7,9 8,07 8,08 7,94 219,2 106,9 117,6 94,8 104 99,5
11 6,92 8,14 8,13 8,26 8,29 8,16 202,5 124,9 123,3 101,2 106,2 101,1
12 6,7 8,28 8,13 8,03 8,05 8,13 -24,2 121,6 142 144 112,2 133,2
13 7,36 8,6 8,38 8,39 8,35 8,44 89,4 110,3 127,9 133,7 120,8 121,7
14 7,27 8,6 8,49 8,44 8,38 8,51 -36,1 113,9 133,3 134,2 121,2 119,8
15 7,68 8,71 8,86 8,84 8,88 8,88 -56 118,3 99 99,2 96,7 98,2
16 8,06 8,88 8,72 8,67 8,63 8,73 98,5 102,3 115,9 127 114,6 110,8
17 6,84 8,41 8,27 8,21 8,12 8,13 98,5 110,2 135,7 140,5 124,4 121,3
18 6,94 8,51 8,61 8,64 8,66 8,65 -48,6 127,1 98,5 101,3 100,7 98,4

330
Annexes

Tableau 6.9 (suite) : Evolution du pH et du Eh (mV) durant l’exposition des solutions extractes après 28 jours
d’incubation

pH pH pH pH pH pH Eh Eh Eh Eh Eh Eh
N° à t=28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5 à t=28 jr t=j+1 t=j+2 t=j+3 t=j+4 t=j+5
19 8,9 8,74 8,68 8,77 8,79 8,67 139,7 105,1 104,8 86,7 91,8 88,3
20 7,58 8,44 8,22 8,28 8,18 8,26 211,8 118 132,7 124,2 111 129,7
21 8,3 8,03 7,97 7,94 7,78 7,97 190 120,1 136,2 125,9 113,9 131
22 7,58 8,57 8,37 8,37 8,29 8,41 100,8 110,7 137 139,8 124,1 126,3
23 8,56 8,15 8,17 8,2 7,97 8,22 78,7 115 130,7 140,7 123 122,8
24 8,94 8,26 8,28 8,26 8,09 8,22 172,7 111 128 134,6 116 120,2
25 7,42 8,19 8,02 8,04 7,8 7,98 98 118,5 148 146,7 122,8 137,5
26 8,39 7,99 7,91 7,96 7,75 7,92 201 126,7 148,6 145,8 118,9 136,2
27 6,7 8,16 8,14 8,11 7,98 8,13 192,1 137,7 149,6 147,6 125,4 140,2
28 7,77 8,33 8,19 8,28 8,47 8,4 175,8 128,2 96,1 150 158,9 129,6
29 8,41 8,32 8,23 8,17 8,47 8,36 157,2 122,5 88 142,2 149,6 122,6
30 7,02 8,18 8,18 8,3 8,28 8,19 198,2 124,3 123 104,2 112,4 102,7
31 7,96 8,38 8,21 8,38 8,45 8,46 169,7 125,7 94,7 141,5 148,9 127
32 8,43 8,28 8,23 8,2 8,5 8,29 159,6 124,4 98 139,4 147,8 124,9
33 7,05 8,33 8,4 8,37 8,65 8,49 204 131,6 109,9 141,9 148,1 128,5
34 8,66 8,37 8,32 8,42 8,45 8,33 96,1 112,2 112,3 97,8 103,1 94,2
35 8,63 8,43 8,38 8,36 8,43 8,39 153,9 121,5 101,6 134,1 142,4 120,3
36 7,77 8,17 8,15 8,23 8,24 8,18 178,6 121 119,2 105,1 109,7 100,6
37 7,88 7,94 7,91 7,84 7,89 8,98 175,4 136,7 121,3 149,2 155,1 135,2
38 8,37 7,95 7,96 7,92 7,92 7,98 162,8 138,7 123,4 149,5 156,1 135,8
39 7,44 8,4 8,45 8,56 8,57 8,47 176 123,6 122,3 108,4 111,8 104,2
40 8,61 8,4 8,37 8,47 8,51 8,39 162,1 107,1 110,8 101,8 102 93,6
41 8,87 8,51 8,45 8,55 8,58 8,46 141,3 104,5 110,9 102,9 103,3 92,8
42 8,58 8,61 8,62 8,68 8,72 8,64 145,8 111,3 112,8 105,3 103,9 94,7
43 9,28 8,52 8,46 8,49 8,53 8,45 143,9 108,3 109,9 104,1 104,7 95,1
44 8,77 8,42 8,37 8,48 8,52 8,35 148,4 114,3 114,1 110,7 107 98,7
45 6,51 8,1 8,04 8,06 8,14 8,19 188,3 138,9 120,7 149,8 158,5 136,2
46 8,01 8,16 8,13 8,11 8,22 8,17 166,7 131,6 113,4 140,6 149,6 128,3
47 8,08 8,21 8,22 8,17 8,32 8,26 148,1 129,3 112,6 132,2
48 6,69 8,19 8,25 8,17 8,38 8,27 199,8 137,1 120,4 144,7 153,7 133,4
49 8,5 8,29 8,34 8,26 8,41 8,34 156 125,6 109,3 135,6 143,3 122,8
50 8,14 8,17 8,14 8,17 8,33 8,24 136,4 130,3 114,6 140,2 147,4 127,5
51 6,32 7,06 7,4 7,67 7,44 7,07 239,1 125,3 133,7 131 116,6 100
52 7,74 8,15 8,09 8,15 8,34 8,24 142,7 132,9 118,1 142,7 150,1 131,2
53 7,99 8,08 8,08 8,07 8,23 8,07 167,6 136,2 119,4 143,8 151,8 132,6

331
Annexes

2. Résultats détaillés sur la chimie des solutions incubées pendant 28 jours et sur la composition du complexe d’échange

Tableau 6.10: Composition de la solution d’équilibre après incubation de 28 jours

N° pH CE Ca Fe K Mg Mn Na P-ICP S-ICP F Cl NO2 SO4 NO3 PO4


dS/m -------------------------------------------------------------------------mmolc/L------------------------------------------------------------------------
1 6,89 0,62 1,37 0,16 0,13 1,65 0,07 2,90 0,06 54,60 0,00 0,07 0,00 3,32 0,00 0,00
2 6,67 0,28 0,33 0,01 0,06 0,38 0,01 1,73 0,00 11,34 0,00 0,07 0,01 0,68 0,01 0,00
3 7,28 0,60 1,97 0,00 0,05 1,65 0,04 2,97 0,03 20,86 0,10 0,04 0,03 1,21 0,01 0,00
4 7,20 0,45 2,18 0,00 0,04 1,06 0,00 1,94 0,05 2,74 0,04 0,02 0,12 0,15 0,01 0,00
5 7,33 1,61 3,35 0,01 0,13 3,43 0,04 11,27 0,16 169,40 0,03 0,08 0,00 10,84 0,00 0,00
6 7,24 1,54 3,13 0,00 0,14 2,23 0,02 1,83 0,04 13,09 0,00 0,06 0,00 0,78 0,00 0,00
7 6,48 0,15 0,17 0,12 0,05 0,21 0,00 1,01 0,00 5,97 0,00 0,04 0,00 0,35 0,01 0,00
8 6,62 0,27 0,46 0,03 0,05 0,44 0,02 1,61 0,06 4,29 0,00 0,04 0,00 0,23 0,00 0,00
9 7,40 1,52 1,99 0,01 0,10 2,41 0,07 11,17 1,03 156,70 0,03 0,07 0,07 9,48 0,00 0,12
10 6,78 0,55 0,63 0,09 0,08 1,00 0,01 5,07 0,17 45,96 0,09 0,05 0,00 2,77 0,02 0,00
11 6,92 1,07 0,45 0,01 0,09 0,83 0,01 8,79 0,04 107,92 0,06 0,05 0,00 6,60 0,00 0,00
12 6,70 1,09 3,16 0,26 0,12 3,04 0,16 4,52 0,02 145,60 0,00 0,04 0,00 8,90 0,00 0,00
13 7,36 0,85 3,29 0,00 0,16 2,64 0,02 4,90 0,06 57,16 0,00 0,06 0,00 3,47 0,00 0,00
14 7,27 0,78 3,38 0,02 0,14 2,93 0,02 4,38 0,07 38,03 0,00 0,07 0,00 2,29 0,00 0,00
15 7,68 5,52 6,41 0,00 0,11 20,65 0,07 44,45 1,66 973,00 0,00 0,62 0,00 61,48 0,00 0,00
16 8,06 1,35 0,47 0,01 0,04 0,61 0,00 12,59 0,51 78,62 0,16 0,17 0,00 4,74 0,26 0,05
17 6,84 0,61 0,61 0,01 0,11 0,92 0,02 4,21 0,06 53,54 0,00 0,08 0,05 3,20 0,00 0,00
18 6,94 0,63 0,93 0,26 0,10 1,11 0,06 4,20 0,09 47,88 0,05 0,04 0,00 2,95 0,00 0,00
19 8,90 1,54 0,44 0,01 0,09 0,19 0,00 15,86 3,56 74,76 0,22 0,10 0,00 4,40 0,32 0,31
20 7,58 2,79 5,89 0,00 0,05 5,64 0,00 17,69 0,03 436,50 0,05 0,12 0,00 27,58 0,36 0,00
21 8,30 3,56 4,78 0,00 0,04 5,72 0,00 24,75 0,02 592,70 0,03 0,26 0,00 37,13 0,00 0,00
22 7,58 2,38 1,66 0,00 0,03 2,19 0,00 8,54 0,02 169,30 0,08 0,07 0,20 21,03 0,17 0,00

332
Annexes

Tableau 6.10 (suite) : Composition de la solution d’équilibre après incubation de 28 jours

N° pH CE Ca Fe K Mg Mn Na P-ICP S-ICP F Cl NO2 SO4 NO3 PO4


dS/m -------------------------------------------------------------------------mmolc/L------------------------------------------------------------------------
23 8,56 2,38 1,11 0,00 0,04 1,46 0,00 18,78 0,02 339,40 0,18 0,11 0,00 20,94 0,21 0,00
24 8,94 1,66 0,18 0,00 0,01 0,23 0,00 7,04 0,05 106,60 0,13 0,13 0,00 12,82 0,06 0,00
25 7,42 3,95 5,18 0,00 0,06 7,25 0,00 27,12 0,03 667,60 0,07 0,43 0,00 41,92 0,41 0,00
26 8,39 3,76 3,27 0,00 0,05 4,68 0,00 28,06 0,03 627,50 0,06 0,49 0,00 39,22 0,00 0,00
27 6,70 1,14 1,94 0,00 0,12 2,13 0,04 6,39 0,02 144,70 0,00 0,08 0,04 8,87 0,00 0,00
28 7,77 1,00 0,54 0,01 0,02 0,63 0,00 8,03 0,04 74,00 0,23 0,06 0,00 4,50 0,24 0,00
29 8,41 0,67 0,23 0,01 0,02 0,22 0,00 6,09 0,15 39,30 0,16 0,07 0,00 2,37 0,07 0,00
30 7,02 1,25 0,74 0,01 0,07 0,95 0,00 9,58 0,04 140,00 0,04 0,11 0,04 8,52 0,06 0,00
31 7,96 0,94 0,34 0,00 0,02 0,48 0,00 8,27 0,07 61,43 0,29 0,08 0,00 3,85 0,23 0,00
32 8,43 0,75 0,22 0,00 0,01 0,20 0,00 6,52 0,31 61,33 0,09 0,06 0,00 3,79 0,00 0,00
33 7,05 1,00 1,37 0,00 0,06 1,65 0,02 7,12 0,05 71,80 0,06 0,15 0,06 4,32 0,00 0,00
34 8,66 0,84 0,29 0,01 0,02 0,26 0,00 7,78 0,10 54,40 0,43 0,09 0,00 3,44 0,03 0,00
35 8,63 0,80 0,19 0,01 0,01 0,17 0,00 7,27 0,33 59,88 0,06 0,07 0,00 3,67 0,02 0,00
36 7,77 1,98 0,42 0,01 0,06 1,11 0,00 15,89 0,65 257,00 0,07 0,08 0,00 16,12 0,25 0,09
37 7,88 4,56 1,60 0,00 0,04 2,17 0,00 37,15 0,02 729,90 0,22 0,19 0,00 46,69 0,32 0,00
38 8,37 3,69 1,32 0,00 0,05 1,83 0,00 31,18 0,03 581,20 0,15 0,17 0,00 36,74 0,00 0,00
39 7,44 1,02 1,43 0,00 0,03 0,81 0,00 7,78 0,41 60,88 0,08 0,04 0,28 3,74 0,03 0,04
40 8,61 0,80 0,14 0,01 0,02 0,17 0,00 7,18 0,08 50,64 0,22 0,06 0,00 3,11 0,10 0,00
41 8,87 0,69 0,15 0,01 0,02 0,17 0,00 6,61 0,15 24,40 0,08 0,05 0,00 1,50 0,01 0,00
42 8,58 1,21 0,30 0,00 0,03 0,29 0,00 11,24 0,50 61,62 0,09 0,06 0,00 3,77 0,24 0,04
43 9,28 1,17 0,11 0,02 0,03 0,12 0,00 10,70 0,13 99,08 0,32 0,06 0,00 6,21 0,07 0,00
44 8,77 0,59 0,13 0,01 0,01 0,14 0,00 5,28 0,21 21,28 0,05 0,04 0,00 1,33 0,00 0,00
45 6,51 0,27 1,73 0,00 0,03 0,85 0,00 0,27 0,02 1,25 0,03 0,04 0,01 0,07 0,06 0,00
46 8,01 0,29 0,35 0,00 0,02 0,44 0,00 2,12 0,07 1,77 0,20 0,03 0,03 0,10 0,09 0,00
47 8,08 0,34 0,30 0,02 0,03 0,23 0,00 3,04 0,32 7,06 0,18 0,06 0,02 0,43 0,03 0,00

333
Annexes

Tableau 6.10 (suite) : Composition de la solution d’équilibre après incubation de 28 jours

N° pH CE Ca Fe K Mg Mn Na P-ICP S-ICP F Cl NO2 SO4 NO3 PO4


dS/m ------------------------------------------------------------------------mmolc/L-------------------------------------------------------------------
48 6,69 0,33 1,07 0,00 0,03 0,57 0,00 1,79 0,03 2,53 0,03 0,06 0,04 0,14 0,01 0,00
49 8,50 0,45 0,20 0,05 0,03 0,25 0,00 4,20 0,18 8,01 0,37 0,04 0,00 0,49 0,15 0,00
50 8,14 0,39 0,25 0,02 0,02 0,28 0,00 2,80 0,05 1,97 0,17 0,06 0,01 0,71 0,09 0,00
51 6,32 0,09 0,13 0,01 0,02 0,07 0,00 0,08 0,01 0,76 0,01 0,05 0,01 0,09 0,01 0,00
52 7,74 0,34 0,51 0,03 0,05 0,47 0,00 6,80 0,62 23,28 0,22 0,06 0,00 0,11 0,14 0,00
53 7,99 0,30 0,36 0,01 0,02 0,25 0,00 2,33 0,15 4,50 0,16 0,04 0,00 0,27 0,17 0,00

334
Annexes

Tableau 6. 11: Composition du complexe d'échange des sols incubés pendant 28 jours (cmolc/kg)

N° Ca Fe K Mg Mn Na N° Ca Fe K Mg Mn Na
1 5,35 0,266 0,28 4,85 0,252 0,31 28 11,76 0 0,2 9,7 0 3,14
2 6,01 0 0,28 5,27 0,119 0,5 29 11,42 0 0,18 8,17 0,001 3,87
3 8,5 0,004 0,16 5,24 0,164 0,33 30 6,57 0 0,3 6,85 0 2,3
4 6,87 0 0,13 2,67 0,034 0,29 31 10,75 0 0,19 9,47 0 3,41
5 14,29 0 0,87 10,5 0,137 1,84 32 13,06 0 0,18 8,58 0 4,4
6 19,32 0 1,15 9,53 0,11 0,42 33 6,64 0 0,21 5,75 0,033 1,03
7 5,72 0 0,19 5,25 0,01 0,47 34 11,46 0 0,2 9,61 0,006 4,82
8 5,56 0,055 0,17 3,85 0,257 0,38 35 13,97 0 0,19 10,09 0,0001 7,07
9 6,59 0 0,25 4,92 0,185 1,12 36 1,29 0 0,12 2,63 0 1,32
10 4,67 0 0,28 5,73 0,0005 2,17 37 2,64 0 0,18 3,65 0 4,51
11 5,04 0 0,38 7,54 0,123 2,25 38 8,43 0 0,2 6,45 0,001 5,41
12 3,81 0,024 0,13 2,35 0,145 0,31 39 2,98 0 0,05 1,09 0,001 0,44
13 17,26 0 1,3 9,5 0,11 0,96 40 6,24 0 0,21 6,16 0,0001 4,81
14 16,62 0 1,24 9,15 0,075 0,83 41 9,67 0 0,22 6,55 0,0124 5,22
15 2,99 0 0,17 6,28 0,046 1,61 42 4,14 0 0,09 3,12 0,008 1,66
16 5,43 0 0,19 4,5 0,002 2,51 43 5,7 0 0,18 5,28 0,002 10,6
17 5,79 0,007 0,36 6,36 0,166 0,93 44 12,27 0 0,15 7,76 0 4,26
18 5,06 0,968 0,28 4,59 0,316 0,57 45 7,18 0 0,12 2,85 0 0,04
19 5,42 0 0,38 2,49 0,003 6,06 46 10,57 0 0,17 7,32 0,001 0,66
20 10,01 0 0,19 6,42 0 1,71 47 15,98 0 0,2 8,22 0 1,8
21 8,81 0 0,14 5,94 0,0004 2,22 48 5,6 0 0,1 2,31 0,0002 0,25
22 8,23 0 0,26 7,69 0 2,48 49 11,08 0 0,17 6,53 0,002 2,39
23 9,35 0 0,2 6,22 0,001 3,34 50 13,71 0 0,18 8,33 0 1,86
24 8,44 0 0,16 5,72 0,001 4,91 51 4,95 0 0,14 1,93 0,025 0,04
25 5,06 0 0,2 6,78 0 2,63 52 8,26 0 0,18 6,98 0 0,92
26 9,75 0 0,23 8,46 0,001 3,78 53 13,52 0 0,15 6,17 0,001 0,94
27 5,69 0 0,21 4,73 0,123 0,72

335
Annexes

Annexe au chapitre 7

1 Résultats d’analyses de la composition des solutions d’équilibre

Tableau 7. 7: Composition des solutions d'équilibre

ΔK PBC
N° sol Ko (mM) Ca (mg/L) Keq (mg/L) Mg (mg/L) Na (mg/L) ARK (cmolc/kg) (cmolc/kg)
1 0 37,87 4,545 28,01 37 0,0028 -0,12 48,23
1 0,5 37,15 5,316 28,22 38,28 0,0033 -0,08 47,77
1 0,1 37,32 6,286 28,48 37,92 0,0039 -0,06 47,21
1 0,2 37,76 8,198 28,74 38 0,0050 0,00 46,11
1 1 42,07 24,84 31,38 37,7 0,0147 0,39 36,98
1 2 46,74 48,02 34,02 37,92 0,0273 0,79 25,00
2 0 28,23 2,42 19,55 29,32 0,0017 -0,06 99,43
2 0,5 28,33 2,952 19,516 29,76 0,0021 -0,02 98,38
2 0,1 28,16 3,392 19,848 30,42 0,0024 0,02 97,53
2 0,2 29,27 4,686 20,56 30,22 0,0033 0,09 95,14
2 1 34,09 14,766 23,64 30,68 0,0098 0,65 77,48
2 2 40,55 30,4 27,3 31,4 0,0188 1,24 52,92
3 0 34,49 1,7244 20,12 37,68 0,0012 -0,04 81,92
3 0,5 34,62 2,092 20,1 37,9 0,0014 0,00 81,31
3 0,1 34,35 2,878 20,52 38,32 0,0020 0,03 80,00
3 0,2 35,2 4,156 20,88 38,54 0,0028 0,11 77,91
3 1 39,86 16,162 23,38 38,78 0,0104 0,61 59,24
3 2 47,32 35,2 26,74 39,24 0,0211 1,11 32,78
4 0 41,54 1,3526 16,912 23,5 0,0009 -0,03 61,90
4 0,5 41,92 2,008 16,894 24,92 0,0014 0,00 61,22
4 0,1 41,77 2,578 17,388 24,06 0,0017 0,04 60,63
4 0,2 42,29 4,278 17,572 24,78 0,0028 0,10 58,88
4 1 47,66 18,558 19,524 24,68 0,0118 0,55 45,01
4 2 54,23 39,92 21,52 24,6 0,0241 0,99 25,85
5 0 34,33 5,17 21,68 148,82 0,0036 -0,13 206,00
5 0,5 34,8 5,372 21,8 147,82 0,0037 -0,09 204,91
5 0,1 34,58 5,88 22,24 150,96 0,0040 -0,05 201,96
5 0,2 34,98 6,412 22,46 152,06 0,0044 0,05 198,93
5 1 42,74 12,742 26,36 154,08 0,0080 0,70 167,18
5 2 46,54 21,92 28,9 156,46 0,0132 1,45 121,29
6 0 44,12 5,318 20,36 24,6 0,0034 -0,14 217,65
6 0,5 44,51 5,566 20,24 24,5 0,0036 -0,09 215,90
6 0,1 43,91 6,024 20,56 24,84 0,0039 -0,05 212,57
6 0,2 44,62 6,818 20,82 24,78 0,0043 0,04 207,15
6 1 54,01 13,092 24,3 25,24 0,0077 0,69 169,52
6 2 62,17 23,34 27,76 26,02 0,0129 1,41 111,00

336
Annexes

Tableau 7.7 (Suite) : Composition des solutions d'équilibre

N° sol Ko Ca Keq Mg Na ARK ΔK PBC


7 0 28,89 1,8498 22,52 18,856 0,0013 -0,05 54,96
7 0,5 29,38 2,554 22,54 18,386 0,0018 -0,01 54,27
7 0,1 28,87 3,408 22,78 19,268 0,0023 0,02 53,42
7 0,2 29,52 5,108 23,3 19,126 0,0035 0,08 51,78
7 1 33,93 20,34 25,76 19,112 0,0132 0,51 37,84
7 2 38,19 43,76 28,64 19,144 0,0270 0,90 17,88
8 0 30,34 2,156 19,436 23,06 0,0015 -0,05 47,03
8 0,5 30,72 2,92 19,39 22,92 0,0021 -0,02 46,53
8 0,1 30,29 3,642 19,542 23,56 0,0026 0,01 46,05
8 0,2 30,94 5,6 19,946 23,5 0,0039 0,07 44,80
8 1 36,42 21,64 22,62 23,46 0,0143 0,47 35,22
8 2 39,86 44,36 24,38 23,54 0,0283 0,88 22,20
9 0 26,47 3,146 19,424 138,68 0,0024 -0,08 46,12
9 0,5 28,29 4,016 20,04 139,66 0,0030 -0,05 45,47
9 0,1 28,37 4,844 20,38 143,68 0,0036 -0,02 44,81
9 0,2 28,15 6,754 20,54 143,34 0,0050 0,04 43,25
9 1 32,06 22,82 22,76 144,78 0,0159 0,44 31,15
9 2 36,12 47,6 25,13 144,8 0,0316 0,80 13,78
10 0 10,111 1,8664 9,548 88,34 0,0021 -0,05 65,04
10 0,5 10,717 3,132 10,422 87,76 0,0033 -0,03 63,16
10 0,1 10,906 2,812 10,144 90,1 0,0030 0,03 63,64
10 0,2 11,213 4,12 10,682 88,7 0,0043 0,11 61,70
10 1 14,745 15,396 13,46 91,8 0,0144 0,63 46,87
10 2 18,256 33,72 16,666 95,86 0,0286 1,15 26,02
11 0 11,711 2,586 13,046 124,8 0,0026 -0,07 74,34
11 0,5 12,756 3,102 13,836 125,94 0,0029 -0,03 73,63
11 0,1 12,469 3,66 13,602 128,16 0,0035 0,01 72,47
11 0,2 12,402 4,706 13,884 127,92 0,0045 0,09 70,57
11 1 16,288 15,604 17,488 131,12 0,0133 0,63 53,75
11 2 19,439 33,24 20,88 132,04 0,0262 1,17 29,09
12 0 57,95 3,134 37,68 54,9 0,0016 -0,08 22,01
12 0,5 60,49 4,148 38,1 54,18 0,0022 -0,05 21,81
12 0,1 56,4 5,494 37,84 57,08 0,0029 -0,04 21,52
12 0,2 56,01 8,81 37,68 56,1 0,0047 -0,01 20,83
12 1 62,02 32 40,34 56,62 0,0163 0,21 16,27
12 2 61,81 62,5 41,18 59,66 0,0320 0,42 10,17
13 0 37,6 5,912 18,944 64,84 0,0041 -0,15 209,22
13 0,5 38,37 6,306 19,126 65,18 0,0043 -0,11 206,67
13 0,1 39,67 6,758 19,668 66,3 0,0045 -0,07 204,11
13 0,2 38,63 7,512 19,64 66,38 0,0051 0,02 198,21
13 1 47,75 13,846 23,4 68,2 0,0085 0,67 161,05
13 2 54,49 24,24 26,76 69,9 0,0141 1,39 101,48

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