(Version Finalisée) Guide D'appui 1AS BAC NHAIR Abderrahim
(Version Finalisée) Guide D'appui 1AS BAC NHAIR Abderrahim
Sommaire :
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Progression de la première année du cycle du baccalauréat Premier semestre :
MODULE 1 : Etudier une autobiographie « La boîte à merveilles » d’Ahmed Sefrioui
(A adapter en fonction de chaque filière et de l’horaire imparti)
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Résumé du roman (La Boîte à merveilles)
Chapitre 1
Le narrateur adulte, Sidi Mohamed, commence son récit en présentant les locataires de Dar
chouafa, mettant en évidence sa propre solitude. Il poursuit son récit en évoquant l’enfant et sa
Boîte à Merveilles, puis raconte le souvenir du bain maure et une dispute entre sa mère et
Rahma.
Chapitre 2
En revenant du m’sid, le narrateur trouve sa mère souffrante. Lalla Aicha son amie, vient lui
rendre visite et réussit à la convaincre de rendre visite à Sidi Boughaleb. Ensuite, le narrateur
évoque l’origine de ses parents et rappelle le souvenir d’Idris (Dris le teigneux), un individu
malveillant qui était l’élève de son père.
Chapitre 3
Le narrateur praconte les détails de sa journée au M’sid, où le temps semble passer lentement
en attendant la sortie. le soir, remarquant que Fatima Bziouiya s'éclaire avec une lampe à
pétrole, Lalla Zoubida insiste pour que son mari lui en achète une, ce qui est fait le
lendemain. Ensuite, Sidi Mohamed relate le souvenir émouvant de la disparition de Zineb et
comment sa mère parvient à la retrouver à la maison des Idrissides. Dans un geste de gratitude
envers Dieu, Rahma prépare un repas pour les mendiants, et toutes les voisines y participent
avec générosité et enthousiasme.
Chapitre 4
Les premiers jours du printemps offrent à Sidi Mohamed l’occasion de jouer avec les enfants des
voisins, profitant de la saison agréable. Plus tard, Lalla Aicha raconte à son amie les tracas de
son mari avec son associé Abdelkader. Le lendemain, la mère rapporte cette histoire
malheureuse à son mari. Celui-ci, en présence du jeune Sidi Mohamed, se remémore les
histoires racontées par Abdellah, l’épicier.
Chapitre 5
3
Un mercredi, le Fquih partage avec ses élèves ses projets pour l’Achoura, une fête religieuse.
Pendant ce temps, à la maison, Lalla Zoubida ne se lasse pas de raconter les malheurs de Lalla
Aicha à Fatima, puis à Rahma, en leur demandant de garder le secret. Ensuite, le narrateur
relate le souvenir de la mort de Sidi Md Ben Tahar. Ayant assisté à .la scène, le petit enfant
fait un cauchemar la nuit.
Chapitre 6
Pendant les préparatifs de l’Achoura au M’sid, le Fqih organise le travail et forme des équipes. Le
jeune Sidi Mohamed est désigné chef des frotteurs. Cependant, il se dispute avec Zineb, ce qui
provoque la colère de sa mère. Attristé et affamé, le petit enfant plonge dans ses rêveries. Plus
tard, le narrateur nous rapporte l’histoire de Lalla Khadija et de son mari, l’oncle Othman, telle
que Rahma l’a racontée aux voisines.
Chapitre 7
Le lendemain, le jeune Sidi Mohamed accompagne son père au souk pour acheter des jouets et
un cierge pour le Fqih. La veille de l’Achoura, il passe la soirée en jouant de ses instruments de
musique. Le jour de l’Achoura, le petit enfant se réveille tôt, revêt ses vêtements neufs et se rend
au M’sid pour célébrer cette journée spéciale. Après le repas, Lalla Aicha rend visite à la famille
du narrateur.
Chapitre 8
Après l’Achoura, la vie reprend son cours monotone. Un jour, le père du narrateur décide
d’emmener sa femme et son fils au souk des bijoux afin d’acheter des bracelets. Accompagnés
de Fatma Bziouya, la famille du narrateur arrive au souk des bijoutiers, mais le père se retrouve
avec le visage en sang à la suite d’une bagarre avec un courtier. Lalla Zoubida, bouleversée par
cet incident, refuse désormais d’acheter les bracelets, croyant qu’ils portent malheur. Pendant ce
temps, Sidi Mohamed tombe malade.
Chapitre 9
Le père a malheureusement perdu l’intégralité de son capital. Face à cette situation, il prend la
décision de vendre les bracelets et de partir travailler dans les environs de Fès. Pendant ce
temps, Sidi Mohamed continue de souffrir de fièvre. Le départ du père est vécu comme un grand
drame par la famille. Pendant l’absence de Si Abdslem, Lalla Zoubida rend visite à son amie
Lalla Aicha. Là-bas, elle lui suggère de consulter un voyant nommé Sidi Elarafi.
Chapitre 10
Les deux amies décident de consulter Sidi Elarafi, qui parvient à les rassurer. Lalla Zoubida
rentre chez elle en gardant le secret de leur visite. Elle prend alors la décision de garder son
enfant à la maison et de l’emmener régulièrement visiter un saint de la ville pour trouver
réconfort. Cependant, le petit enfant fait face à des moments de solitude lorsque sa mère sort
pour rendre visite à son amie. Un matin, elle reçoit la visite d’un messager envoyé par son mari.
Chapitre 11
Alors que les femmes discutent chez Lalla Aicha, elles reçoivent la visite de Salama, qui relate
son rôle dans le mariage de Si Larbi avec la fille du coiffeur et les problèmes qui affligent le
nouveau couple. Ces récits laissent présager un divorce imminent.
Chapitre 12
Dans ce dernier chapitre, le narrateur relate le retour de son père. Sidi Mohamed prend alors
l’occasion de raconter à son père les événements qui se sont déroulés pendant son absence.
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Plongés dans leur discussion, les deux adultes en oublient le petit enfant qui, toujours aussi
solitaire et rêveur qu’auparavant, sort sa Boîte à Merveilles et se laisse emporter par ses rêves.
Lalla Zoubida : c’est la mère du narrateur ; elle prétend être descendante du prophète. Elle
se vante de sa lignée noble et revendique, par là même un certain statut social et religieux, d’où
sa piété et son attachement aux traditions religieuses. Mais, elle croit également aux
superstitions populaires et les respecte presque religieusement.
Si Abdeslem : il est le père de sidi Mohamed. C’est n homme d’environ quarante ans qui
exerce le métier de tisserand, et travaille avec habileté et patience pour créer des tissus et des
tapis. Abdeslem est aimé de son fils partagent une relation chaleureuse et complice.
Le Fqih : C’est un homme barbu, maigre et violent. Il est décrit souvent avec une baguette
de cognassier avec laquelle il distribue des coups aux élèves à tout hasard et de manière
arbitraire.
Zineb : c’est la fille de Driss El Aouad et Rahma, et et voisine de Sidi Mohammed. Elle est
décrite comme étant plus âgée d’un an que le narrateur. Au début du roman, Sidi Mohammed ne
l’aime pas envers et la rejette car elle la trouve bête. Cependant, au fur et à mesure de l’histoire,
leur relation évolue et Sidi Mohammed apprend à apprécier Zineb. Ils commencent à partager
des moments de jeu et de complicité.
Rahma : c’est la femme de Driss El Aouad et la mère de Zineb. Elle occupe le premier étage
de la maison où réside la famille du narrateur, Sidi Mohammed. Elle est décrite par le narrateur
comme une femme charmante et souriante.
Fatma Bziouya : c’est la femme d’Allal, et ils habitent le deuxième étage de la maison
partagée avec la famille du narrateur, Sidi Mohammed.
Moulay Larbi Alaoui : c'est le mari de lalla Aicha. Il est babouchier. Il s'est disputé
avec son associé Abdelkader.
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Quelques exemples de figures de style employées dans La Boîte à merveilles :
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L’antithèse : Pour y renaître, il fallait d’abord mourir.
Ceux-ci en rient, ceux-là en pleurent.
(elle rapproche dans une Une voisine poussa un cri de joie ou un gémissement de douleur.
même phrase deux idées Ma mère m’aspergea alternativement d’eau bouillante et d’eau glacée.
opposées.)
L’anaphore : Je savais qu’une journée s’ajoutait à une autre, je savais que les jours
(elle consiste à répéter faisaient des mois.
un mot ou une A dix ans, on est presque un homme. A dix ans on parcourt tout seul le
expression au début de quartier.
plusieurs vers ou Toutes les deux avaient connu des temps meilleurs, toutes les deux en
phrases) gardaient une attitude guindée, une distinction désuète.
L’oxymore : Une des femmes monta, distribua des taloches et des insultes, traita de
démons innocents et coupables (…)
(Il rapproche deux Des nuits blanches qu’elle avait passées à gémir.
termes de sens
contradictoires dans un
même groupe de mots.)
L’énumération : Ils aimaient aussi jouer à la bataille, se prendre à la gorge avec des airs
d’assassins, crier pour imiter la voix de leur père, s’insulter pour imiter les
(Figure qui emploie une voisins, commander pour imiter le maître d’école.
Succession de termes ou Dans ma boite à merveilles il y avait des clous, des boules de verre, des
de groupes de mots qui anneaux de cuivre, un minuscule cadenas sans clef, des encriers vides….
donne une impression de
quantité ou de grandeur.)
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Progression de la première année du cycle du baccalauréat : Deuxième
semestre : MODULE 2 : Etudier une tragédie moderne Antigone de Jean
Anouilh
Objectifs de la séquence :
– Objectif global :
Comprendre comment des situations d’argumentation peuvent construire le
tragique.
– Objectifs intermédiaires :
Repérer et analyser une situation d’argumentation (réactivation, consolidation)
Repérer la thèse soutenue et la thèse rejetée
Repérer et utiliser les modalisateurs
Écrire une lettre argumentative
Comparer tragédie classique et tragédie contemporaine ; définir le genre
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L’auteur et son œuvre :
Antigone est une pièce de théâtre écrite par Jean Anouilh en 1942 et présentée pour la
première fois en 1944. Il s'agit d'une tragédie moderne. L'œuvre est clairement inspirée
de la mythologie ancienne, plus précisément d'Antigone, fille d'Œdipe.
Antigone est fille d'Œdipe et de Jocaste, les rois de Thèbes. (Mariage incestueux).
Jocaste, la mère, se suicide alors, Œdipe, lui, part en exil. Ensuite, les deux frères
d'Antigone, Polynice et Etéocle se tuent dans une lutte pour le pouvoir. Mais, le frère
de Jocaste, Créon, intervient, devient le roi de Thèbes et refuse donner de sépulture à
Polynice, par contre, il organise des grandes funérailles à Étéocle. Il va même jusqu'à
publier un édit où il interdit d'enterrer le corps de Polynice et si quelqu'un le fait, il
sera tué.
Personne n'ose se rebeller, excepté Antigone qui s’y oppose. Elle se retrouve alors
seule à se rendre auprès du corps de son frère afin de tenter de l’inhumer ; quant à sa
sœur, Ismène, elle, ne veut pas l'accompagner par peur de son oncle. Le nouveau roi
applique donc sa punition et déclare qu'il faut enterrer vivante Antigone. Mais le roi
découvre qu'en réalité, elle est enterrée avec Hémon, son propre fils devenu le fiancé
d'Antigone. Antigone est morte pendue avec sa ceinture et Hémon, lui, se tue avec
une épée. Enfin, la mère d'Hémon et épouse du roi, Eurydice, se tue en se tranchant la
gorge, désespérée par la douleur de la mort de son fils.
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Personnages de la tragédie d’Antigone :
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La Structure dramatique dans la tragédie d’Antigone :
Même si la tragédie d’Antigone est composée d’un seul acte, cependant, on peut la
décliner en trois étapes principales :
1- L’exposition :
Elle est assurée par le Prologue. Celui-ci nous présente les protagonistes de l’histoire
et résume ce qui s’est passé avant. Œdipe, roi de Thèbes et père d’Antigone, a été
victime d’une malédiction qui touche toute sa famille : sans le savoir, il a tué son père
et… épousé sa mère ! De cette union incestueuse naitra Antigone qui est donc sa fille
mais aussi sa sœur.
Après la mort du pauvre Œdipe, ses deux fils, Étéocle et Polynice (les frères
d’Antigone) se sont entretués pour le trône, et c’est Créon, l’oncle d’Antigone, qui a
fini par devenir souverain. Il a décidé de ne donner de funérailles qu’à Étéocle et pas à
Polynice, considéré comme un traître, dont le corps restera à pourrir dans la nature.
Le Chœur intervient, ensuite, pour nous dévoiler d’avance le dénouement tragique de
cette histoire, y compris la mort d’Antigone.
2- Le nœud :
Quand la pièce commence, les dés sont déjà jetés, rentrée au petit matin, elle se fait
grondée par sa nourrice et refuse de lui dire où elle était. Elle demeure tout aussi
entêtée face à sa sœur Ismène, plus raisonnable, et qui est au courant de son dessein
(contrairement à la nourrice). Antigone échange, ensuite, avec son fiancé Hémon, qui,
lui, ne se doute de rien, mais interprète autrement les propos de sa bien-aimée qui lui
avoue que même si elle l’aime, elle ne pourra jamais l’épouser.
3- Le dénouement tragique :
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Un messager vient, ensuite, annoncer à Créon qu’Antigone s’est pendue dans sa
tombe, pour éviter une mort lente et douloureuse. Le messager raconte que, fou de
désespoir, Hémon s’est suicidé, et qu’Eurydice, la femme de Créon, s’est également
suicidée en apprenant la mort de son fils. Le roi est désormais seul.
3- Le bonheur : le thème du bonheur est présent dans l’œuvre comme une idée
révolue, devenue presque impossible. C’est un bonheur lié à une enfance qui
parait lointaine, face à un monde d’adultes, un monde soumis à des lois
cruelles.
4- Le pouvoir : Dans cette tragédie, ce thème est omni présent. C’est Créon qui
incarne le pouvoir, le roi de Thèbes. C'est donc par la mise en scène de ce
personnage que se manifestent le poids de la politique et du pouvoir.
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Scénario didactique :
Séance 1 : Lecture/Oral
Connaître le mythe d’Antigone et le contexte de création de la pièce pour comprendre l’œuvre
1/ Quel grand auteur dramatique grec a présenté pour la première fois le mythe d’Antigone sur scène ? Dans
quelle pièce ?
2/ Quels dramaturges ont, par la suite, choisi le mythe d’Antigone pour sujet de leur pièce ?
3/ A quelle date est écrite la pièce d’Anouilh ? A quelle date est-elle créée sur scène ? Où ?
4/ En quoi le personnage d’Antigone n’est-il plus seulement dans cette pièce un personnage antique ? Que
représente-t-il aussi ?
Séance 2 : Lecture.
Etudier l’exposition pour définir le genre de la tragédie.
S’appuyant sur Le Prologue (pages 9 à 13), cette séance en propose une lecture méthodique dont l’objectif n’est
pas seulement de réactiver les connaissances des élèves sur la notion d’exposition, mais aussi de leur montrer
comment le tragique est d’emblée installé avant même le démarrage de la tragédie.
Trois axes d’études sont donc possibles :
1- Les portraits physiques des personnages
2- Les portraits moraux des personnages
3- La mise en place du tragique, (à travers l’intrigue annoncée)
Questions possibles :
- En quoi ce Prologue est-il une scène d’exposition ?
- Quel est donc le rôle du Prologue dans la tragédie ?
- Comment les personnages sont-ils décrits ?
- Comment se manifeste le thème de la fatalité dans ce prologue ?
On montrera aux élèves qu’Anouilh tient à la juxtaposition des registres de langue.
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Séance 3 : Lecture. (La dialogue Antigone- Ismène)
Définir le personnage d’Antigone à travers l’étude d’un échange argumentatif
Cette séance se proposera d’étudie le dialogue entre Antigone et sa sœur Ismène. La lecture
méthodique vise à réinvestir ce que les élèves savent sur la situation d’argumentation et à montrer
comment, à travers cet échange unilatéral, se construit le tragique du personnage d’Antigone.
1/ Identifiez les deux locuteurs. Quel personnage vous semble mener le dialogue ?
2/ Quel est l’enjeu du discours d’Ismène ?
3/ En quoi peut-on dire qu’il y a une progression dans son discours ? Relevez ses arguments selon
qu’ils font référence à l’autorité familiale, à la politique ou à la force.
4/ Quel champ lexical domine dans le passage « Ils nous hueront...je ne veux pas... » Pourquoi Ismène
l’utilise-t-elle ?
5/ Antigone oppose-t-elle une contre argumentation à celle de sa sœur ?
1/ En vous aidant de la réponse précédente, dites pourquoi Antigone apparaît ici comme une héroïne
tragique.
2/Antigone a-t-elle été convaincue ? Justifiez votre réponse en identifiant le procédé grammatical utilisé
par Ismène à la fin du texte qui le prouve.
3/ Quel trait de caractère d’Antigone apparaît dans les lignes 30 à 40 ?
4/ Quel sens donnez-vous à l’expression « Pauvre Ismène » ? Quelle conception Antigone a-t-elle de la
vie ?
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Séance 4 : Lecture. Etudier un échange argumentatif pour comprendre l’évolution du
personnage d’Antigone et sa signification
– Le support
Il s’agit de la « grande » scène argumentative de la pièce : l’échange entre Antigone et Créon.
On se limitera aux pages 84 à 99.
La lecture méthodique :
Lors de cette activité, l’enseignant, tout en s’appuyant sur la compréhension des échanges
antérieurs entre les personnages, et sur les acquis antérieurs, montrera à ses apprenants
comment le personnage d’Antigone a évolué dans sa dimension tragique.
Créon donne une image nuancée de son rôle de roi. Il met en valeur tous les aspects négatifs de
son statut de roi, en reconnaissant le qu'il a conscience d'avoir "le mauvais rôle". Mais
finalement, c'est pour lui un moyen de susciter la pitié des spectateurs, sous prétexte que ce
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sont les règles du pouvoir qui l'empêchent d'être toujours honnête et juste dans sa façon de
gouverner. En définitive, Créon tente de nous faire croire que s'il agit de manière horrible, c'est
indépendant de sa volonté.
Pour Créon, dire "oui", c'est accepter le pouvoir qu'on lui confie en devenant roi de Thèbes car
selon lui, il faut bien que quelqu'un se dévoue pour que gérer le pays. Pour Antigone,
dire "oui" signifie que l'on s'avoue vaincu et qu'on cède son libre-arbitre au pouvoir, à la soif de
contrôle. Pour elle, dire "oui", c'est en quelque sorte "vendre son âme au diable", se laisser
corrompre.
Selon Antigone, être "reine" ne veut pas dire contrôler tout un pays ou un peuple, mais
simplement vivre sa vie tel qu'on l'entend, avec justesse, franchise et honneur. Pour elle,
être "reine", c'est se battre à mort pour les causes les plus justes, pour que la vérité triomphe,
c'est se sacrifier pour des causes honorables.
- D’abord, que les valeurs d'un être humain sont subjectives, c'est-à-dire qu'elles sont
individuelles, et dépendant bien souvent du passé, de la personnalité, du vécu et des
expériences de chacun.
- Ensuite, qu’on peut comprendre qu'il n'existe pas toujours de vérité "universelle" et que,
bien souvent, la réalité est complexe car elle change et évolue en fonction du point de
vue et de l'angle adopté.
- Enfin, qu’on peut retenir que même les propos les plus riches et les plus argumentés ne
suffisent pas toujours à raisonner quelqu'un ou à le faire changer d'avis. Bien souvent, il
est impossible de renverser les convictions profondes d'un individu.
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Les arguments de Créon Les arguments d’Antigone
Créon est obligé de faire peur au peuple pour On n'est vraiment libre que lorsqu'on
qu'il n'y ait plus de rébellion qui cause des morts dit "non" au pouvoir, au gouvernement, à l'Etat
et des blessés. en place.
Il faut bien que quelqu'un se désigne pour Être roi, c'est tuer et faire des choses horribles
gouverner, sans quoi le monde sombrerait dans qu'on prétend ne pas vouloir, on prétend ne pas
l'anarchie. avoir le choix.
C'est facile de dire "non" et de jouer aux Il n'est pas facile de dire "non", car c'est prendre
indignés. En attendant, le pays et le monde des risques, risquer d'être en danger, risquer de
n'avancent pas. se sacrifier.
Support : Pages 118 à 121. De « une terrible nouvelle » à « cela doit être bon de dormir ».
2/ Quelles sont les nouvelles que l’on apprend ? Quel type de discours est alors utilisé ?
Pourquoi ces événements ne sont-ils pas représentés sur scène ?
3/ Quels champs lexicaux vous paraissent dominants dans ce passage ? Pourquoi sont-ils
utilisés ?
4/ En quoi peut-on dire que les personnages de Hémon et de Créon ont changé ?
5/ Comment interpréteriez- vous ces paroles de Créon : « Ils ont fini, eux. » (page 118) et « cela
doit être bon de dormir » (page 121) ?
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Le dénouement tragique est conforme aux attentes et aux craintes du spectateur car la mort
de l'héroïne ne fait aucun doute mais il est intéressant de montrer comment le dénouement
est mis en scène et particulièrement quel sont les éléments de mise en scène qui peuvent
renforcer la dimension tragique de cette fin attendue ? à la fois dans le texte et dans la
version scénique proposée par l'adaptation de Nicolas Briançon .
Le dénouement est marqué par l'arrivée en scène d'un nouveau personnage , traditionnel : le
messager; En effet, dans le théâtre classique, le récit du messager permet au dramaturge de
donner à entendre aux spectateurs ce qu'il ne peuvent voir demeures yeux, soit pour des
raison de bienséance ou ne relation avec la règle des unités qui interdit les changements de
lieux sur el plateau et a donc comme conséquence qu'on ne peut représenter sur scène ce
qui es déroule ne dehors de l'espace délimité par le décor du plateau; Autrement dit la mort
d'Antigone n'est pas représentée sur scène : elle est donnée à entendre .
Le récit du messager s'articule en plusieurs étapes: d'abord la révélation ; " une terrible
nouvelle " Le registre est pathétique ; La présence du style direct matérialise les paroles du
roi, fou de désespoir quand il entend la voix dont l'identité va être différée pour le spectateur .
La souffrance est omniprésente avec "plaintes qui sortent du tombeau " ; les mains du roi qui
saignent tant il creuse rappellent les ongles plein de terre d' Antigone: chacun des deux
personnages remue la terre pour quelqu'un qu'il aime ; Le messager raconte d'abord la vision
du corps d'Antigone pendue : on peur ici établir un parallèle avec la mort de sa mère Jocaste
qui elle aussi se pend avec la ceinture de sa robe lorsqu'elle découvre l'inceste qu'elle a
commis avec son fils ; le choix de cette mort évoque donc la poursuite de la tragédie
familiale; Antigone paraît fortement attachée également à son père dont elle est l'orgueil et à
sa mère par la manière dont elle choisit de mourir . Le détail de la couleur des fils introduit
une touche de poésie dans cette ambiance morbide et rappelle la dimension enfantine du
personnage ; En effet dans toute la pièce Antigone représente l'enfance et la démesure, le
sens de l'absolu et l'absence d'accommodements qui combat le principe de réalité incarné
par un pouvoir adulte et raisonnable ; Elle meurt donc avec ce collier d'enfant autour du cou
comme pour rappeler sa jeunesse et pour certains peut- être, son immaturité ou son
idéalisme .
La vision est pathétique et la douleur d'Hémon fait peine à imaginer : il est à genoux, gémit et
a le visage enfoui dans la robe de sa fiancée; ces notations visuelles permettent au
spectateur de s'imaginer la scène; le sacrifice d'Antigone n'en paraît que plus grand car dans
la pièce, elle refuse l'amour passionné que lui offre Créon et qui anime ce personnage
d'éternel fiancé; De plus le roi va perdre son fils adoré et c'est un facteur aggravant pour sa
douleur; La suite du récit illustre les effort vains d'un père pour garder son fils en vie; Hémon
paraît déjà au-delà de lui-même; "Il se dresse, les yeux noirs, et il n'a jamais autant ressemblé
au petit garçon d'autrefois" "ses yeux sont ceux d'un enfant, lourds de mépris " Ce nouveau
rappel à l'enfance marque comme pour Antigone la dimension absolue de leurs gestes: aucun
argument logique ne peut les atteindre ; ils ne sont nullement sensibles au raisonnement et
paraissent inflexibles.
Dans ce dénouement hautement tragique, les gestes sont lourds de sens : Hémon crache au
visage de son père et son regard est comme la lame ; les mots sont autant d'indications de
gestes scéniques : nulle place ici pour l'expression de la pensée des personnages ; Nous
sommes au théâtre et le langage des mots va se transformer en geste. Le suicide d'Hémon
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est décrit de manière sobre et l'immense flaque rouge est la preuve visible de cet amour
absolu au- delà de la mort des corps car il s'étend contre Antigone, l'embrassant "dans une
immense flaque rouge ;" Le deux amoureux semblent ainsi réunis.
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Dossier thématique.
Donc, pour qu’il y ait tragique, l’homme doit penser au-delà de ce qu’il est. Pour qu’il y ait
tragique, il ne doit pas chercher sa vérité individuelle, mais chercher la Vérité, ou mieux
chercher s’il existe la vérité par-delà la diversité, s’il existe quelque chose au-dessus de
l’homme, au-delà de l’homme, qui ne soit pas relatif mais absolu.
Tragédie et politique :
Il existe un lieu dans lequel le tragique est inacceptable, c’est la cité, car le tragique
représente un danger pour l’ordre politique
La cité, c’est le lieu où les hommes vivent ensemble. La vie ensemble suppose la
détermination d’un bien commun, qu’il faut suivre de concert.
La cité refuse donc le tragique !
Tout, dans la cité, doit se définir dans la conciliation, dans la paix. Elle doit être la
réalisation, la concrétisation de l’unité des hommes. Le prince idéal serait alors celui qui
réussirait à supprimer le tragique, à le bannir de la cité.
Elle refuse le tragique, elle doit refuser le tragique pour être ce qu’elle veut être, un lieu de
paix, d’unité, de conciliation autour du bien commun, et en même temps , elle recherche le
pouvoir absolu, elle tend vers l’absolu du pouvoir.
Antigone est au cœur de ce tragique, car elle nous place : face à ce qu’il y a de tragique
dans l’humain,
C’est une pièce qui a un sens philosophique, car elle nous parle de l’homme, des
extrémités de l’absolu en l’homme, de ce que l’homme a de tragique en lui.
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Dossier Bac Profesionnel
Fiche de lecture :
L’auteur : Alphonse Daudet (1840-1897)
La légende de l’homme à la cervelle d’or
Identification de l’œuvre :
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PRE-REQUIS OBJECTIFS
Les apprenants connaissent déjà le concept -Lire et comprendre une œuvre intégrale
de « fantastique » ainsi que certaines de ses -Etudier le schéma narratif spécifique d’un conte
caractéristiques ; -Comprendre les caractéristiques et
-Ils sont censés connaitre la différence entre le le fonctionnement d’un conte fantastique ;
« fantastique » et le « merveilleux » -Etudier l’évolution psychologique
du héros éponyme ;
-Comprendre la rhétorique de l’écriture épistolaire ;
-Maitriser les temps de l’énonciation (discours-récit)
Résumé du conte :
Un homme avait une cervelle d’or. Enfant, il ignorait la composition de son étrange
cerveau ; il apprit la vérité de la bouche de ses parents à dix-huit ans seulement. Il
décida alors de quitter la maison familiale et s’employa à dilapider son or. Se rendant
compte des ravages que provoquent ses dépenses sur son corps, il devint avare et
misanthrope. Mais un jour, l’homme tomba amoureux et ce fut là son malheur. Durant
deux ans, il satisfit tous les caprices de sa femme jusqu’à perdre l’ensemble de ses
richesses. Son épouse mourut sans raison, et l’homme utilisa ce qui lui restait d’or
pour payer son enterrement.
- C’est une lettre triste qui reflète le vécu et la tristesse de l’auteur (fonction
affective).
- C’est Cadeau (dédicace) à la dame qui demande des histoires gaies ;
- C’est un conte fantastique ;
- Il y expose une idée pessimiste de l’amour
- Ce conte emploie un récit à visée didactique
- Le narrateur y décline une leçon (une morale)
- Il y présente une critique de la frivolité
- Il y dénonce une société matérialiste
- L’épuisement de l’or permet de mettre à nu la cupidité des gens qui abusent de
la générosité du héros (personnage- auteur).
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Autobiographie ? Texte épistolaire ? Ou conte fantastique ?
Ce texte est l’un des contes les plus sombres et inattendus de ce recueil, Daudet
l’appelle une « légende mélancolique ». Celui-ci est un genre autobiographique car
l’enfant à la cervelle d’or rend un hommage indirect à son ami, Charles Barbara qui
s’est suicidé après la mort de sa femme.
Ce conte se présente sous forme d’une lettre, se poursuit comme un conte fantastique
et se termine en apologue. Le texte devient une réflexion, non seulement sur la
condition de l’écrivain, mais aussi sur la condition humaine. Il révèle en lui un auteur
angoissé comme certains écrivains de l’époque romantique.
Au–delà de cet aspect autobiographique, ce conte nous dévoile une partie sombre
cachée de Daudet qu’on ne connaissait pas. Mais en quoi La légende de l’homme à la
cervelle d’or illustre-t- elle la situation de l’écrivain ?
L’auteur y développe, en référence à son cher ami, un récit entre conte fantastique et
légende où un homme né avec une cervelle d’or, dépense tout son argent par amour
jusqu’à mourir de chagrin.
Dans cette lettre, le narrateur exprime ses sentiments et les faire connaître à sa
destinataire. Bien qu’il s’étonne de sa tristesse : Pourquoi serais-je triste, après tout ?
Il est anéanti pour différentes raisons : il broie régulièrement du noir : couleur un peu
trop demi-deuil de mes historiettes, Paris qui lui envoie des éclaboussures de ses
tristesses. Puis il est en deuil, il a perdu son ami Charles Barbara (qui lui inspire en
partie la légende de l’homme …) : je viens d’apprendre la mort misérable du pauvre
Charles Barbara ; et mon moulin en est tout en deuil.
Puis débute la légende qui est une histoire vraie d’après son auteur : la légende
de L’homme à la cervelle d’or commence par la locution verbale impersonnelle « il y
a » et elle ne s’embarrasse pas de vraisemblance scientifique. L’enfant naît avec une
cervelle d’or. C’est un enfant prodigue. Puis il devient un homme. Toute sa vie, ses
proches en profitent (parents, amis et femme) que ce soit de manière consciente ou
inconsciente. Toutefois l’homme à la cervelle d’or ne tire pas d’avantages de cette
situation : il ne semble pas vraiment heureux (enfance gâchée, cupidité de sa famille et
de sa femme, décès de sa femme) et connaît une fin tragique car il semble proche de la
mort à la fin du conte.
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Cette nouvelle peut se comprendre en partie par cette phrase, : « Il y a par le monde de
pauvres gens qui sont condamnés à vivre de leur cerveau et paient en bel or fin, avec
leur moelle et leur substance, les moindres choses de la vie. C’est pour eux une douleur
de chaque jour »
Cette « Légende est donc la métaphore de l’épuisement intellectuel des écrivains : Ces
pauvres gens, ce sont les créateurs, les écrivains dont c’est le métier, qui souffrent
chaque jour pour produire et gagner leur vie. L’homme à la cervelle d’or est donc une
métaphore des écrivains qui créent leurs œuvres en épuisant leurs ressources
intérieures, jusqu’à ce que celles-ci soient anéanties. Ils signent alors leur mort (réelle
ou artistique).
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