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Nutrition clinique et métabolisme 36 (2022) 59–67

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

Article original

Évolution du statut nutritionnel d’une cohorte d’enfants tunisiens au


cours de l’hospitalisation : facteurs de risque de la dénutrition
hospitalière
Evolution of the nutritional status of a cohort of hospitalized Tunisian children:
Risk factors for hospital undernutrition
Ben Rabeh Rania a,b,∗ , Mazigh Sonia a,b , Babay Adel a,b , Missaoui Nada a,b ,
Yahyaoui Salem a,b , Boukthir Samir a,b
a
Université Tunis El Manar, faculté de médecine de Tunis, 15, rue Djebel Lakhdhar, La Rabta, 1007 Tunis, Tunisie
b
Hôpital d’enfants Béchir Hamza, service de médecine infantile C, no 167, boulevard du 9-Avril 1938, 1006 Tunis, Tunisie

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Objectifs. – Étudier l’évolution du statut nutritionnel d’une cohorte d’enfants hospitalisés et identifier les
Reçu le 25 septembre 2021 facteurs de risque de la dénutrition hospitalière (DH).
Reçu sous la forme révisée Méthodes. – Étude prospective, transversale, menée dans un service de pédiatrie sur une période de six
le 16 novembre 2021
mois, ayant inclus des enfants d’âge ≥ 30 jours, hospitalisés pendant une durée ≥ six jours. Les données
Accepté le 9 décembre 2021
anthropométriques ont été évaluées à l’admission et à la sortie. La consommation alimentaire a été
Disponible sur Internet le 12 janvier 2022
évaluée à l’aide de l’outil fleur. Nous avons identifié les facteurs de risque de la DH par une analyse
multivariée.
Mots clés :
Enfant
Résultats. – Nous avons inclus 120 patients, d’âge moyen de 46,3 mois. La prévalence de la dénutrition
Hospitalisation aiguë à l’admission était de 21,7 % et celle de la dénutrition chronique était de 10 %. La prévalence de la
Malnutrition dénutrition aiguë à la sortie est passée à 34 %. Une perte de poids au cours de l’hospitalisation a été notée
Évaluation nutritionnelle chez 68,3 % des enfants inclus. La prévalence de la DH était de 55 % en considérant une diminution du
État nutritionnel z-score de l’IMC ou du P/PAT ≥ 25 %. Les facteurs de risque de la DH étaient : l’âge ≤ 24 mois (p = 0,039 ;
OR IC95 % = 2,67 [1,05–6,82]), la présence d’une dénutrition à l’admission (p = 0,002 ; OR IC95 % = 2,32
[0,93–6,51]) et une consommation alimentaire moyenne < 50 % durant l’hospitalisation (p < 10−3 ; OR
IC95 % = 6,69 [2,57–17,40]).
Conclusion. – Le dépistage de la dénutrition à l’admission à l’hôpital ainsi que l’évaluation du risque
nutritionnel chez les enfants hospitalisés est indispensable afin qu’une prise en charge nutritionnelle,
préventive ou curative puisse être instituée.
© 2021 Société fran-
cophone nutrition clinique et métabolisme (SFNCM). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: Objectives. – Study the evolution of the nutritional status of a cohort of hospitalized children and identify
Child the risk factors of hospital malnutrition.
Hospitalization Methods. – Prospective, cross-sectional study carried out in a pediatric department over a period of six
Malnutrition months, including all children aged ≥ 30 days, hospitalized for a period ≥ six days. Anthropometric data
Nutrition assessment
were assessed on admission and discharge. Food consumption was assessed using the flower tool. We
Nutritional status
identified the risk factors for hospital undernutrition (HUN) by multivariate analysis.

∗ Auteur correspondant. no 14, rue Hédi Nouira, 1001 Tunis, Tunisie.


Adresses e-mail : raniabenrabeh@gmail.com, rania.benrabeh@fmt.utm.tn (B. Rabeh Rania).

https://doi.org/10.1016/j.nupar.2021.12.001
0985-0562/© 2021 Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNCM). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
B. Rabeh Rania et al. Nutrition clinique et métabolisme 36 (2022) 59–67

Results. – We included 120 patients with a mean age 46.3 months. The prevalence of acute undernutrition
at admission was 21.7% and that of chronic undernutrition was 10%. The prevalence of acute under-
nutrition at discharge rose to 34%. Weight loss during hospitalization was noted in 68.3% of cases. The
prevalence of HUN was 55% considering a decrease in BMI or P/PAT z-score ≥ 25%. The risk factors for HUN
were: age ≤ 24 months (P = 0.039; OR 95% CI = 2.67 [1.05–6.82]), the presence of undernutrition on admis-
sion (P = 0.002; OR 95% CI = 2.32 [0.93–6.51]) and average food consumption < 50% during hospitalization
(P < 10−3 ; OR 95% CI = 6.69 [2.57–17.40]).
Conclusion. – Screening for undernutrition on admission to hospital as well as assessment of the nutritional
risk in hospitalized children is essential so that preventive or curative nutritional care can be taken.
© 2021 Société fran-
cophone nutrition clinique et métabolisme (SFNCM). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction Les données ont été recueillies selon une fiche incluant les
données épidémiologiques, les antécédents pathologiques fami-
Chez l’enfant, la croissance staturopondérale nécessite des liaux et personnels de l’enfant, l’histoire alimentaire de l’enfant,
apports protéiques et énergétiques élevés et spécifiques. Toute les données anthropométriques à l’admission : poids, taille,
inadéquation entre les besoins et les apports nutritionnels peut indice de masse corporelle (IMC), indice de Waterlow, les motifs
aboutir à une dénutrition et retentir sur la croissance, la puberté d’hospitalisation, la durée d’hospitalisation et les données anthro-
et le développement cognitif. pométriques à la sortie.
Chez les enfants hospitalisés pour une pathologie aiguë ou Nous avons utilisé le même pèse-bébé électronique (précision
la décompensation d’une maladie chronique, l’état nutritionnel de 10 g près) pour tous les enfants ayant un poids inférieur à 12 kg.
initial a un impact significatif sur l’évolution de la maladie, la sur- Le même pèse-personne mécanique à colonne (DETECTO) (préci-
venue de complications et sur la durée de l’hospitalisation. En sion de 100 g près) a été utilisé pour les enfants avec un poids
outre, l’hospitalisation elle-même représente un facteur de stress supérieur à 12 kg. Toutes les mesures ont été réalisées par le même
responsable d’une augmentation des besoins en énergie et d’un médecin. Pour les nourrissons la mesure de la taille a été effectuée
hypercatabolisme secondaire à l’état pathologique, à la diminution en position couchée en décubitus dorsal moyennant une toise en
de l’appétit et aux médicaments utilisés [1]. bois, par deux opérateurs. Pour les enfants âgés de plus de deux
D’où l’émergence de la notion de la dénutrition hospitalière (DH) ans, nous avons utilisé une règle graduée murale. La mesure de la
qui est définie selon la Société américaine de nutrition parentérale taille, a été effectuée en position debout, les pieds nus et l’occiput
et entérale (ASPEN) comme un état de déséquilibre nutritionnel qui en contact avec la toise murale.
se produit pendant le séjour à l’hôpital, indépendamment de l’état
nutritionnel à l’admission [2].
La détérioration du statut nutritionnel de l’enfant hospitalisé a 2.1. Évaluation de l’état nutritionnel
pour conséquences l’augmentation de la mortalité et de la morbi-
dité. Elle allonge la durée de séjour et alourdit la prise en charge et Nous avons calculé l’indice de masse corporelle (IMC) qui est le
le coût [3]. rapport du poids (en kg) sur la taille au carré (en m), l’indice de
La dégradation de l’état nutritionnel de l’enfant hospitalisé a Waterlow qui et le rapport du poids mesuré sur le poids attendu
fait l’objet de nombreuses études ces dernières années, mais il est pour la taille (P/PAT) et le rapport de la taille mesurée sur la taille
difficile de déterminer sa prévalence exacte en raison de l’absence attendue pour l’âge (T/TA).
de critères diagnostiques standardisés [3]. Dans notre étude, l’IMC a été utilisé pour évaluer l’état nutri-
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’évolution du statut tionnel des enfants âgés de plus 60 mois vue son efficacité dans
nutritionnel d’une cohorte d’enfants hospitalisés dans un service l’évaluation de l’état nutritionnel dans cette tranche d’âge et le
de pédiatrie et d’identifier les facteurs de risque de la dénutrition P/PAT a été utilisé pour évaluer l’état nutritionnel des enfants âgés
hospitalière ainsi que ses conséquences sur la morbidité et la durée de moins de 60 mois [4–6].
d’hospitalisation. Les indicateurs de l’état nutritionnel ont été exprimés en utili-
sant le système de classification z-score (écarts-types). Ce système
2. Patients et méthodes permet d’exprimer la valeur anthropométrique sous la forme d’un
nombre d’écarts-types inférieurs ou supérieurs à la moyenne ou à
Nous avons mené une étude prospective, transversale, descrip- la valeur médiane de référence [6].
tive et analytique dans un service de pédiatrie de l’hôpital d’enfants Nous avons évalué l’état nutritionnel de nos malades selon la
Béchir Hamza de Tunis sur une période de six mois, du 1er avril classification proposée par l’OMS en se basant sur les écarts-types
2018 au 31 septembre 2018. [7,8] (Tableau 1). Dans cette étude, nous avons évalué l’état nutri-
Nous avons inclus tous les enfants âgés de plus d’un mois tionnel des enfants inclus dans l’étude à l’admission et à la sortie :
(> 30 jours) et hospitalisés dans le service pendant une durée supé- mesure du poids, mesure de la taille, calcul des z-scores pour les
rieure ou égale à six jours. Nous n’avons pas inclus les enfants indicateurs nutritionnels.
présentant une déshydratation ou un syndrome œdémateux à Nous avons utilisé trois critères pour définir la dénutrition
l’admission, les enfants ayant séjourné en réanimation pédiatrique, hospitalière (DH) qui sont la perte absolue du poids durant
les enfants grabataires ayant une encéphalopathie profonde vue l’hospitalisation par rapport au poids mesuré à l’admission [9], la
la difficulté de la réalisation des mesures anthropométriques et perte de poids à la sortie de l’hôpital supérieure à 2 % du poids
les enfants abandonnés et orphelins. Nous avons exclu les enfants mesuré à l’admission [10] et la diminution du z-score de l’IMC ou
sortis contre avis médical, les enfants transférés aux autres ser- du P/PAT par rapport à l’admission ≥ 25 % [11].
vices (chirurgie, orthopédie. . .), les enfants décédés au cours de Dans notre étude, nous avons évalué la prévalence de la DH en
l’hospitalisation et les enfants sans consentement préalable. se basant sur ces trois critères.

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B. Rabeh Rania et al. Nutrition clinique et métabolisme 36 (2022) 59–67

Tableau 1
Classification de l’état nutritionnel des enfants selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Dénutrition aiguë Sévère Modérée Légère Absente

z-score IMC (âge > 60 mois) z < −3 −3 < z < −2 −2 < z < −1 −1 < z < 2
z-score P/PAT (âge ≤ 60 mois) z < −3 −3 < z < −2 −2 < z < −1 −1 < z < 2
Dénutrition chronique Sévère Modérée Légère Absente
z-score T/TA z < −3 −3 < z < −2 −2 < z < −1 −1 < z < 2

IMC : indice de masse corporelle ; P/PAT : le rapport du poids mesuré sur le poids attendu pour la taille ; T/TA : le rapport de la taille mesurée sur la taille attendue pour l’âge.

Tableau 2
Caractéristiques épidémiocliniques des enfants inclus dans l’étude.

n (%)

Tranche d’âge
[1–24 mois] 60 50
[25–60 mois] 28 23
> 60 mois 32 27
Sexe
Masculin 71 59,2
Féminin 49 40,8
Prématurité 15 12,5
Faible poids de naissance 17 14,2
Macrosomie 15 12,5
Motifs d’hospitalisation
Dyspnée aiguë et crise d’asthme 30 25
Fièvre aiguë/prolongée 26 21,7
Diarrhée/vomissements 19 15,8
Crises convulsives 14 11,7
Intoxications 10 8,3
Anémie aiguë 8 6,7
Autres 13 10,8
Syndrome inflammatoire biologique 86 71,7

dénutrition à l’hôpital : les enfants dont le z-score du P/PAT ou de


Fig. 1. L’outil fleur utilisé pour évaluer la consommation alimentaire des enfants l’IMC a diminué de plus de 25 % durant l’hospitalisation et groupe
inclus dans notre étude.
DH− des enfants n’ayant pas acquis une dénutrition à l’hôpital : les
enfants dont le z-score du P/PAT ou de l’IMC n’a pas changé ou a
Nous avons calculé les z-scores des différents indicateurs de augmenté durant l’hospitalisation ou a diminué de moins de 25 %.
l’état nutritionnel à l’aide de deux logiciels : « WHO ANTHRO » et Afin d’identifier les facteurs de risque liés de façon indépen-
« WHO ANTHO-PLUS » (version 3.2.2, janvier 2011). Ces logiciels dante à la dénutrition acquise à l’hôpital, nous avons conduit une
ont été téléchargés directement et gratuitement du site officiel de analyse multivariée par régression logistique. L’analyse multiva-
l’OMS. Le premier nous a permis de calculer les z-scores pour les riée a permis de calculer des odds ratios (OR), mesurant le rôle
enfants âgés de moins de 60 mois et le deuxième pour les enfants propre de chaque facteur. Dans tous les tests statistiques, le seuil
âgés de plus de 60 mois. de signification a été fixé à un p ≤ 0,05.

2.2. Évaluation de la consommation alimentaire 3. Résultats

L’apport alimentaire reçu par l’enfant a été estimé en utilisant Au terme de notre étude menée sur six mois, nous avons inclus
l’outil Fleur (Fig. 1). Cet outil a été développé par l’hôpital d’Enfance 120 patients. Le diagramme de flux de l’étude est représenté dans
de Lausanne [12]. la Fig. 2. L’âge moyen était de 46,3 mois [1 mois–16 ans]. La
Pour les enfants chez qui une dénutrition modérée ou sévère a médiane d’âge était de 24,5 mois. Trente-neuf patients (32,5 %)
été diagnostiquée à l’admission, l’évaluation de la consommation étaient porteurs d’une maladie chronique à l’admission : cardiopa-
alimentaire a été réalisée J1 et J2 d’hospitalisation. thie congénitale (n = 8) ; épilepsie (n = 6) ; hépatopathie chronique
Pour les enfants non dénutris à l’admission, l’évaluation de la (n = 5) ; drépanocytose (n = 5) ; asthme (n = 4) ; mucoviscidose
consommation alimentaire a été réalisée de J1 à J5 d’hospitalisation. (n = 3) ; autres (n = 7).
Le Tableau 2 résume les principales caractéristiques épidémio-
2.3. Étude statistique cliniques de la population étudiée. La dyspnée aiguë et les crises
d’asthme, étaient les motifs d’hospitalisation dans 30 cas (25 %),
Les données ont été saisies et analysées au moyen du logiciel suivies par les états fébriles dans 26 cas (22 %).
SPSS version 20. La comparaison de deux variables qualitatives a été Parmi les enfants inclus dans l’étude 89/120 (74 %) ont été ou
effectuée par le test de Chi2 de Pearson et en cas de non-validité de étaient allaités au sein. La durée moyenne de l’allaitement maternel
ce test, par le test exact de Fischer. Nous avons analysé l’association était de 8,7 mois ± 7 mois [1–26 mois]. L’âge moyen de la diversifi-
entre les différents items étudiés (variables) et la DH. La recherche cation alimentaire était de 6 mois ± 2,2 mois [2–24 mois].
des facteurs associés d’une façon statistiquement significative à la
dénutrition hospitalière a été effectuée en calculant l’odds ratio 3.1. Évaluation de l’état nutritionnel à l’admission
(OR).
Nous avons réalisé une analyse univariée, pour identifier les À l’admission 80 patients (66,7 %) étaient non dénutris, 26
facteurs associés à la dénutrition hospitalière, en comparant (21,7 %) patients avaient une dénutrition aiguë, neuf (8 %) patients
deux groupes : groupe DH+ incluant les enfants ayant acquis une étaient en surpoids et cinq (4 %) étaient obèses. Parmi les 26 enfants

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B. Rabeh Rania et al. Nutrition clinique et métabolisme 36 (2022) 59–67

Fig. 2. Flowchart de l’étude.

Fig. 3. Répartition des enfants inclus dans l’étude selon l’état nutritionnel à l’admission et à la sortie.

qui avaient une dénutrition aiguë, 12 (10 %) avaient une dénutrition Parmi les enfants inclus dans l’étude 63/120 (52,5 %) avaient une
chronique (un retard de croissance) (Fig. 3). anémie qui était ferriprive dans 81 % des cas (51/63).
La malnutrition à l’admission (dénutrition/surnutrition) était
plus fréquente dans le groupe des enfants d’âge ≤ 60 mois (34/88 ; 3.2. Évaluation de la consommation alimentaire
39 %) par rapport au groupe des enfants d’âge > 60 mois (6/32 ; 10 %)
(p = 0,049 ; OR IC95 % = 2,70 [0,95–8,89]). La consommation alimentaire le premier jour d’hospitalisation
Pour les enfants qui avaient une dénutrition sévère à l’admission était abaissée chez 89,2 % des patients. La consomma-
(n = 6), un bilan étiologique a été réalisé au cours des 48 premières tion alimentaire moyenne pendant les cinq premiers jours
heures d’hospitalisation et une nutrition entérale a été entamée à d’hospitalisation chez les enfants non dénutris à l’admission était de
partir de J3 d’hospitalisation. 54,2 % ± 29,8 %.

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Fig. 4. Consommation alimentaire moyenne de J1 à J5 d’hospitalisation chez les enfants non dénutris à l’admission et J1 et J2 d’hospitalisation chez les enfants dénutris à
l’admission.

La Fig. 4 représente l’évaluation de la consommation ali- Le pourcentage moyen de la perte pondérale était 7,4 % ± 5,3 %
mentaire chez les enfants non dénutris à l’admission de J1 à [0,8 %–24 %] du poids initial à l’admission.
J5 d’hospitalisation et chez les enfants dénutris à l’admission J1 et
J2 d’hospitalisation.
3.6. Prévalence de la dénutrition hospitalière (DH) dans notre
étude selon les trois définitions de la littérature
3.3. Évaluation de l’état nutritionnel à la sortie
La prévalence était de 68,3 % (82/120) lorsque la DH était défi-
À la sortie 68 patients (57 %) étaient non dénutris, 41 patients nie comme la perte du poids durant l’hospitalisation par rapport
(34 %) avaient une dénutrition aiguë, sept patients (6 %) étaient en au poids mesuré à l’admission. La prévalence était de 60 % (72/120)
surpoids et quatre (3 %) étaient obèses. lorsque la DH était définie comme une perte de poids > 2 % par
La répartition des enfants inclus dans l’étude selon l’état nutri- rapport au poids mesuré à l’admission, à la sortie de l’hôpital.
tionnel à l’admission et à la sortie, est résumée dans la Fig. 3. La perte du poids de plus de 2 % du poids mesuré
à l’admission, était significativement plus fréquente chez les
enfants d’âge ≤ 60 mois (59/88 ; 67 %) par rapport aux enfants
3.4. La perte du poids durant l’hospitalisation d’âge > 60 mois (13/32 ; 41 %) (p = 0,011).
Une baisse du z-score du P/PAT et du z-score de l’IMC a été notée
Parmi les patients inclus dans l’étude 82/120 (68,3 %) dans 68,3 % des cas (72/120). Une diminution du z-score du P/PAT
ont perdu du poids au cours de l’hospitalisation, une perte d’au moins 25 % par rapport à l’admission a été notée chez 61 %
moyenne de 971 grammes a été constatée avec un minimum (54/88) des enfants d’âge ≤ 60 mois et une diminution du z-score
de 100 grammes et un maximum de 6 kg. La perte pondérale de l’IMC d’au moins 25 % par rapport à l’admission a été notée chez
était ≤ 2 % ;]2 %–5 %] ;]5 %–10 %] et > 10 % par rapport au poids 37 % (12/32) des enfants d’âge > 60 mois (p = 0,023).
mesuré à l’admission, respectivement dans 10 (12 %), 26 (32 %), 29 La prévalence de la DH était de 55 % (66/120) lorsque la DH était
(35 %) et 17 (21 %) cas. définie comme une diminution du z-score de l’IMC ou du P/PAT
d’au moins 25 % par rapport à l’admission.
3.5. Caractéristiques des enfants qui ont perdu du poids au cours
de l’hospitalisation 3.7. Facteurs de risque de la dénutrition hospitalière dans notre
étude
L’âge moyen de ces patients était de 39 mois [2 mois–14 ans].
Les enfants qui avaient perdu du poids, avaient un âge ≤ 24 mois Nous avons étudié les facteurs de risque de la dénutrition hos-
dans 47 cas (57 %), un âge entre 24 et 60 mois dans 17 cas (21 %) pitalière en considérant la définition suivante « Diminution du
et un âge > 60 mois dans 18 cas (22 %). Le sex-ratio était de 1,48 z-score de l’IMC ou du P/PAT par rapport à l’admission ≥ 25 % ».
(garçons = 49/filles = 33). Parmi ces enfants 22/82 vingt-deux (27 %) Le Tableau 3 résume l’étude des facteurs associés à la dénutrition à
étaient porteurs d’une pathologie chronique. Chez ces malades, les l’hôpital (étude univariée). L’étude multivariée a permis d’identifier
motifs d’hospitalisation étaient dominés par la dyspnée (31 %), les les facteurs de risque de la dénutrition hospitalière qui étaient :
états fébriles (26 %) et les symptômes digestifs (12 %). La durée l’âge ≤ 24 mois (p = 0,039 ; OR IC95 % = 2,67 [1,05–6,82]), la pré-
d’hospitalisation était en moyenne de 11,5 ± 7,4 jours [6–60 jours]. sence d’une dénutrition à l’admission (p = 0,002 ; OR IC95 % = 2,32

63
B. Rabeh Rania et al. Nutrition clinique et métabolisme 36 (2022) 59–67

Tableau 3
Étude des facteurs associés à l’acquisition de la dénutrition hospitalière (résultats de l’étude univariée).

Variables Groupe DH+ Groupe DH− p OR IC95 %


n = 66 (%) n = 54 (%)

Âge ≤ 24 mois (n = 60) 41 (62) 19 (35) 0,005 2,99 [1,34–6,84]


Prématurité (n = 15) 10 (15) 5 (9) 0,411 1,74 [0,5–6,95]
Faible poids de naissance (n = 17) 11 (17) 6 (11) 0,439 1,59 [0,49–5,66]
Petit pour l’âge gestationnel (n = 13) 8 (12) 5 (9) 0,770 1,34 [0,36–5,59]
Pathologies chroniques (n = 39) 27 (41) 12 (22) 0,033 2,40 [1,01–5,97]
Absence d’AM avant l’hospitalisation (n = 31) 23 (35) 8 (15) 0,020 3,04 [1,16–8,76]
Poursuite de l’AM durant l’hospitalisation (n = 25) 9 (14) 16 (30) 0,031 2,67 [1,07–6,66]
Dénutrition à l’admission (n = 26) 20 (30) 6 (11) 0,013 3,44 [1,19–11,44]
Dénutrition sévère à l’admission (n = 6) 2 (3) 4 (7) 0,012 0,06 [0,003–0,77]
Enfant fébrile à l’admission (n = 26) 19 (29) 7 (13) 0,045 2,69 [0,97–8,32]
Diarrhée/vomissements (n = 19) 11 (17) 8 (15) 0,807 1,14 [0,38–3,58]
Dyspnée (n = 30) 19 (29) 11 (20) 0,396 1,57 [0,62–4,11]
Douleurs abdominales (n = 22) 15 (23) 7 (13) 0,236 1,96 [0,68–6,21]
Douleurs (arthralgies/céphalées/myalgies/douleurs osseuses) (n = 11) 9 (14) 2 (4) 0,108 4,06 [0,78–40,36]
Anémie à l’admission (n = 63) 41 (62) 22 (41) 0,027 2,36 [1,07–5,32]
Syndrome inflammatoire (n = 86) 53 (80) 33 (61) 0,025 [1,06–6,42]
Consommation alimentaire moyenne < 50 % (n = 53) 37 (56) 16 (30) 0,005 [1,33–6,98]
Infections associées aux soins (n = 15) 12 (18) 3 (5) 0,050 3,88 [0,95–22,25]

DH : dénutrition hospitalière.

l’évolution de la maladie, la survenue de complications et sur la


durée de l’hospitalisation. Notre étude avait pour objectif de déter-
miner la prévalence de la DH dans un service de pédiatrie dans un
centre hospitalo-universitaire spécialisé en médecine infantile et
qui offre des services médicaux de niveaux tertiaires. Cette étude
a permis également d’identifier des facteurs de risque pouvant
contribuer à détériorer l’état nutritionnel de l’enfant hospitalisé.
Dans notre étude, la prévalence de la dénutrition aiguë à
l’admission, était de 21 %, et celle de la dénutrition chronique de
10 %. Cette prévalence est variable dans le monde allant de 5 %
pour la dénutrition aiguë et 12,8 % pour la dénutrition chronique
dans les pays développés jusqu’à 50 % pour la dénutrition aiguë et
35 % pour la dénutrition chronique dans les pays en développement
[13–15]. La prévalence varie d’une étude à une autre en fonction du
paramètre utilisé pour évaluer l’état nutritionnel ; certaines études
ont utilisé l’indice de Waterlow d’autres ont utilisé les z-scores de
l’IMC, du P/PAT et T/TA. En Europe, la prévalence de la dénutrition
aiguë chez l’enfant hospitalisé variait entre 7,5 % et 17 % au cours
des cinq dernières années [16,17].
Fig. 5. Le risque d’acquisition d’une dénutrition hospitalière (incidence cumulée) en
fonction de la durée d’hospitalisation en jours dans la population étudiée. Dans une étude réalisée en Corée de sud, la prévalence de la
dénutrition aiguë chez les enfants hospitalisés était de 22 % contre
12 % chez les adultes [18]. La vulnérabilité des enfants à la dénu-
[0,93–6,51]) et une consommation alimentaire moyenne < 50 % trition est expliquée par l’importance des dépenses énergétiques
(p < 10−3 ; OR IC95 % = 6,69 [2,57–17,40]). nécessaires à la croissance et les réserves énergétiques limitées à
cette tranche d’âge.
3.8. Relation entre la durée d’hospitalisation et la dénutrition
hospitalière
4.1. Prévalence de la dénutrition hospitalière
La durée d’hospitalisation moyenne dans notre étude était de
11 ± 7,2 jours [6–60 jours]. La durée moyenne d’hospitalisation Dans notre étude, nous avons évalué la prévalence de la DH en
était de 9,4 ± 9,3 jours dans le groupe DH+ et 4,3 ± 2,7 jours dans le utilisant trois définitions. Cependant pour l’étude des facteurs de
groupe DH− (p = 0,001). risque de la DH nous avons choisi comme définition de la DH « la
La Fig. 5, représente le risque d’acquisition d’une dénutrition diminution de la valeur de z-score de 25 % ou plus du P/PAT pour les
hospitalière (probabilité d’évènement ou incidence cumulée) en enfants d’âge ≤ 60 mois et de l’IMC pour les enfants d’âge > 60 mois
fonction de la durée d’hospitalisation en jours dans la popula- par rapport au z-score de l’admission » car cette définition est la
tion étudiée. Cette courbe montre que le risque ou la probabilité plus récente dans la littérature [19,20]. Elle ne surestime pas la
d’acquisition d’une dénutrition à l’hôpital était d’environ 67 % pour prévalence, puisque en considérant le critère perte de poids au
une durée d’hospitalisation de 10 jours dans la population étudiée cours de l’hospitalisation pour définir la DH, la prévalence s’élevait
(ligne rouge discontinue). à 68,3 %. En outre, le z-score est l’outil le plus précis pour détecter
une détérioration de l’état nutritionnel selon les recommandations
4. Discussion de l’OMS [5]. La DH associe deux mécanismes principaux : une aug-
mentation des besoins de l’enfant hospitalisé par augmentation de
L’enfant hospitalisé est à risque de développer une dénutri- la dépense énergétique et du catabolisme protéique, d’une part, et
tion en milieu hospitalier. Cette DH a un impact significatif sur une réduction des apports alimentaires, d’autre part [21,22].

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La prévalence de la DH varie d’une série à une autre vue la diverses dans la littérature. Une étude Italienne a révélé que les
diversité des définitions et l’absence d’un marqueur biochimique enfants dénutris à l’admission avaient perdu plus de poids à la sortie
permettant de confirmer le diagnostic de la DH [23]. Néanmoins, que ceux dont l’état nutritionnel était meilleur à l’admission [11].
elle reste élevée, entre 20–50 %, selon les études les plus récentes Différentes hypothèses peuvent expliquer ce phénomène. Selon
[24,25] et ceci quel que soit le critère utilisé. Cao et al. et Askegard et al. la dénutrition entraîne une augmenta-
En outre dans notre étude, il y a eu une détérioration de l’état tion de la comorbidité pouvant allonger le séjour à l’hôpital [29,30].
nutritionnel initial avec augmentation de la prévalence de la dénu- Jones et al. suggèrent que la dénutrition entraîne une altération
trition aiguë de 21 % à l’admission à 34 % en fin de séjour. Ce résultat des mécanismes de défense immunitaires conduisent à une aug-
est proche de celui trouvé dans une étude prospective menée dans mentation du taux d’infection et de comorbidités [31]. Ce ci a été
un centre pédiatrique tertiaire à Londres par Pichler et al. avec pas- démontré dans notre étude puisque la proportion des enfants ayant
sage de taux de la dénutrition aiguë de 27 % à l’admission à 32 % à développé une infection associée aux soins était significativement
la sortie [15]. plus élevée dans le groupe DH+.

4.2. Les facteurs de risque de la dénutrition hospitalière 4.2.5. Les signes fonctionnels
Dans notre série, la fièvre était significativement associée à la
De nombreux facteurs contribuent à la détérioration du statut DH. Cette relation a été validée dans l’étude de Campanozzi et al.
nutritionnel de l’enfant hospitalisé. Certains facteurs sont inhérents qui ont trouvé une fièvre chez 39,7 % des patients ayant acquis une
au patient, d’autres sont liés au séjour à l’hôpital. dénutrition à l’hôpital [11]. D’autres auteurs suggèrent une relation
entre l’inflammation et la malnutrition liée à la maladie [28].
4.2.1. L’âge En effet, la fièvre résulte d’une réaction inflammatoire générée
Dans notre étude, l’impact de l’hospitalisation sur l’état nutri- par des cytokines, en particulier l’interleukine 6 et le facteur de
tionnel s’est avéré particulièrement évident chez les enfants nécrose tumorale alpha, responsable d’un catabolisme rapide de la
d’âge ≤ 60 mois. Une étude italienne a trouvé une diminution de masse maigre [32].
25 % de z-score IMC chez 24,4 % des enfants âgés de moins de En outre, dans une étude récente faite par Preedy et Patel en
24 mois contre 14,4 % chez les plus âgés [11]. Notre étude a égale- 2017, il a été mis en évidence l’effet de la fièvre et des maladies
ment démontré que l’âge ≤ 24 mois était un facteur de risque de la infectieuses sur la réduction de la consommation alimentaire sur-
DH. tout par perte de l’appétit [33].

4.2.2. L’allaitement maternel 4.2.6. Durée de l’hospitalisation


Dans notre travail, les enfants non allaités au sein étaient signi- Dans notre série, nous avons trouvé que le risque ou la probabi-
ficativement plus exposés à la DH. Nous avons également noté que lité de la DH dénutrition était d’environ de 67 % pour une durée
la poursuite de l’allaitement maternel durant l’hospitalisation était d’hospitalisation de 10 jours dans la population étudiée et elle
associée à un moindre risque de DH. Ceci pourrait être expliqué par dépassait 95 % lorsque la durée d’hospitalisation dépassait 30 jours.
la persistance de la nature de l’alimentation durant l’hospitalisation Plusieurs études ont montré une corrélation entre la durée
et la présence permanente de la mère avec l’enfant. L’AM présen- de l’hospitalisation et l’installation de la DH. Cette relation a été
terait un éventuel facteur protecteur contre la DH. En effet selon démontrée par Rocha et al. [34] et dans une autre étude menée par
certaines études, des biomarqueurs présents dans le lait maternel Ferreira et al. [35] qui ont signalé qu’une hospitalisation prolongée
sont responsables des bienfaits à court et à long termes à savoir : est liée à une perte de poids.
une bonne croissance, un équilibre immunitaire et une program- Ceci pourrait être expliqué par plusieurs facteurs liés à
mation nutritionnelle équilibrée et durable dans le temps [26]. l’environnement hospitalier dans lequel l’enfant perd ses repères
habituels, la séparation de la famille qui affecte profondément
4.2.3. Les maladies chroniques la prise alimentaire, la réalisation d’examens douloureux impo-
Dans notre série, 69 % (27/39) des enfants ayant une mala- sant parfois le jeûne ou dont les horaires interfèrent avec ceux
die chronique ont acquis une DH. Les maladies chroniques étaient des repas, la douleur physique et psychique, la multiplication des
significativement associées à l’acquisition d’une dénutrition à intervenants. . .
l’hôpital. Les maladies chroniques étaient dominées par les cardio-
pathies congénitales, les pathologies neurologiques et hépatiques. 4.2.7. Diminution de la consommation alimentaire
Cette constation peut être expliquée par les hospitalisations fré- Dans notre série, nous avons utilisé l’outil « fleur » pour évaluer
quentes de ces enfants, la polymédication, et par la sévérité de la consommation alimentaire des enfants hospitalisés. Cet outil a
la pathologie sous-jacente et son retentissement sur l’état nutri- été élaboré en 2010. Il requiert la participation active des enfants
tionnel d’une façon chronique. Ce résultat est comparable à celui qui colorent proportionnellement les pétales de la Fleur en fonction
trouvé dans une étude faite par Joosten et Hulst qui ont montré que des portions consommées. La fleur est interprétée par la suite par
parmi les enfants hospitalisés, ceux atteints d’une maladie chro- l’équipe hospitalière quotidiennement pendant cinq jours consécu-
nique avaient un risque plus élevé de DH [27]. tifs. L’intervention des diététiciennes est demandée si la zone non
En effet, certains auteurs suggèrent une classification de la mal- coloriée dépasse les 50 %.
nutrition basée sur son étiologie, la malnutrition est soit liée à À notre connaissance, cet outil a été utilisé pour la première
une maladie (secondaire à une ou plusieurs maladies/blessures) fois en Tunisie chez l’enfant hospitalisé pour évaluer la consom-
soit non liée à une maladie (causée par des facteurs environne- mation alimentaire journalière. Les avantages de cet outil : il est
mentaux/comportementaux), soit les deux mécanismes à la fois simple et ludique. L’inconvénient principal est la nécessité d’un
[28]. enfant coopérant d’âge scolaire, pour les enfants avant l’âge sco-
laire, il est préconisé de remplir la fleur par la maman, c’est ce qui
4.2.4. État nutritionnel initial a été fait dans notre étude.
Dans notre étude, la présence d’une dénutrition à l’admission Cet outil nous a permis d’étudier la consommation alimen-
quelle que soit sa sévérité, multipliait le risque de la DH par 2,32. taire quotidienne. Dans notre étude, la consommation alimentaire
Les données relatives à la relation entre l’état nutritionnel ini- le premier jour d’hospitalisation était abaissée chez 89,2 % des
tial et la perte de poids pendant le séjour à l’hôpital sont multiples patients. Nous avons noté une augmentation de la consommation

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alimentaire durant le séjour hospitalier puis qu’elle est passée de Protection des droits des sujets humains et animaux
41,8 % à j1 à 65,7 % à J5.
Dans notre étude nous avons constaté que la consommation ali- Les auteurs déclarent que les travaux décrits n’ont pas impliqué
mentaire était meilleure chez les enfants non dénutris à l’admission d’expérimentations sur les patients, sujets ou animaux.
et qu’elle s’améliorait au cours de l’hospitalisation. Le taux le
plus faible a été constaté le premier jour d’hospitalisation puisque Consentement éclairé et confidentialité des données
l’enfant vient d’être séparé de son milieu familial, il a peur de
l’environnement hospitalier et il refuse de manger. En plus, à Les auteurs déclarent que l’article ne contient aucune donnée
l’admission, l’état clinique initial de l’enfant impose souvent à personnelle pouvant identifier le patient ou le sujet.
l’équipe soignante d’arrêter l’alimentation orale à cause d’une dys-
pnée sévère, d’une intolérance digestive ou d’un état septique . . . Déclaration de liens d’intérêts
et de mettre en place une perfusion intraveineuse.
Nous avons montré que la consommation alimentaire Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
moyenne < 50 % était un facteur de risque de la DH. Ce résultat a
été démontré dans plusieurs études. Plusieurs scores pédiatriques
Financement
de dépistage de risque nutritionnel validés avaient inclus ce
facteur dans les items du score. De même, la réduction de la prise
Cette étude n’a reçu aucun financement spécifique d’une agence
alimentaire ≥ 50 % pendant plus d’une semaine par rapport à la
publique, commerciale ou à but non lucratif.
consommation alimentaire habituelle quantifiée ou aux besoins
protéino-énergétiques estimés, a été considérée parmi les critères
étiologiques du diagnostic de la dénutrition chez l’enfant selon les Contribution et responsabilité des auteurs
recommandations de l’haute autorité de santé française [36].
Les résultats de notre étude sur la prévalence de la DH suggèrent L’ensemble des auteurs attestent du respect des critères de
que les équipes médicale, paramédicale et nutritionnelle ne recon- l’International Committee of Medical Journal Editors (ICMJE) en ce
naissaient pas suffisamment les enfants à risque nutritionnel. Les qui concerne leur contribution à l’article.
autres études ont également mis en évidence cette insuffisance de
prise en charge initiale dans plusieurs pays du monde. Credit author statement
Notre étude présente certaines limites. En effet nous nous
sommes limités à prendre les paramètres anthropométriques à Ben Rabeh Rania : conception de l’étude, méthodologie, étude
l’admission et à la sortie, il aurait été plus intéressant de les statistique, analyse des données, rédaction de l’article.
mesurer quotidiennement pour savoir exactement à quel moment Mazigh Sonia : correction de l’article, supervision.
de l’hospitalisation l’enfant commence à perdre du poids. Notre Babay Adel : collecte des données, analyse des données.
cohorte est peu importante mais reste significative. Cette étude Missaoui Nada et Yahyaoui Salem : participation à l’enquête.
malgré ces limites, a le mérite d’être la première, dans notre pays, Boukthir Samir : révision, supervision.
à évaluer la prévalence de la DH et à dresser un état des lieux
pour souligner les insuffisances dans la prise en charge nutrition- Références
nelle des enfants hospitalisés dont témoigne la prévalence élevée
[1] Marino LV, Thomas PC, Beattie RM. Screening tools for paediatric malnutrition:
de la dénutrition acquise à l’hôpital dans notre série. Nous souli-
are we there yet? Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2018;21(3):184–94.
gnons le caractère prospectif de notre étude et la standardisation [2] Becker P, Carney LN, Corkins MR, Monczka J, Smith E, Smith SE, et al. Consen-
des mesures. sus Statement of the Academy of Nutrition and Dietetics/American Society for
Le soutien nutritionnel de l’enfant hospitalisé est essentiel pour Parenteral and Enteral Nutrition: indicators recommended for the identifica-
tion and documentation of pediatric malnutrition (undernutrition). Nutr Clin
prévenir les complications, raccourcir la durée du séjour à l’hôpital Pract 2015;30(1):147–61.
et doit faire partie de la prescription médicale initiale en collabo- [3] Gouveia MAC, Silvia GAP. Hospital malnutrition in pediatric patients: a review.
ration avec la diététicienne. En outre, l’évaluation nutritionnelle Ann Nutr Disord Ther 2017;4(6):1042.
[4] Le guide d’utilisation des nouvelles courbes de croissance de l’OMS à l’intention
initiale par l’équipe hospitalière est parfois insuffisante surtout en du professionnel de la santé. Paediatr Child Heal 2010;15(2):91–8.
cas d’urgence. Nous recommandons une bonne évaluation anam- [5] World Health Organization. WHO child growth standards: growth
nestique, clinique et nutritionnelle de chaque enfant hospitalisé velocity based on weight, length and head circumference:
methods and development. World Health Organization; 2009
durant les premières 48 heures. [https://apps.who.int/iris/handle/10665/44026].
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La prévalence de la DH est élevée dans notre étude. Les facteurs [8] Saha KK, Frongillo EA, Alam DS, Arifeen SE, Persson LA, Rasmussen KM. Use of
de risque de la DH étaient l’âge inférieur à 24 mois, la présence the new World Health Organization child growth standards to describe longi-
tudinal growth of breastfed rural Bangladeshi infants and young children. Food
d’une dénutrition dés l’admission à l’hôpital et la diminution de Nutr Bull 2009;30(2):137–44.
la consommation alimentaire de moins de 50 % de la ration. Une [9] Hecht C, Weber M, Grote V, Daskalou E, Dell’Era L, Flynn D, et al. Disease asso-
action préventive en agissant sur ces facteurs est indispensable, en ciated malnutrition correlates with length of hospital stay in children. Clin Nutr
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commençant par une bonne évaluation nutritionnelle de l’enfant
[10] Sermet-Gaudelus I, Poisson-Salomon A-S, Colomb V, Brusset M-C, Mosser F,
à l’admission à l’hôpital avec un dépistage du risque nutritionnel Berrier F, et al. Simple pediatric nutritional risk score to identify children at
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pratiques doivent être instaurés pour évaluer la consommation ali- [11] Campanozzi A, Russo M, Catucci A, Rutigliano I, Canestrino G, Giardino I, et al.
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mentaire chez l’enfant hospitalisé tel que l’outil fleur ou la pesée tion 2009;25(5):540–7.
du plateau du repas avant et après la consommation. Il faut mettre [12] Dony C, Ranson M-O, Gerdy P, Gehri M, Coti Bertrand P. Dépistage de la dénutri-
en place des structures qui veillent à améliorer la qualité, le goût et tion chez les enfants : nouvelles pratiques alimentaires à l’Hôpital de l’Enfance
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la présentation des plats et donc la consommation alimentaire de [13] Joosten KF, Hulst JM. Prevalence of malnutrition in pediatric hospital patients.
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