Louis GILL
Économiste, professeur retraité de l’UQÀM
(2023)
“Agression criminelle
d’Israël au nom du
« droit de se défendre ».”
LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES
CHICOUTIMI, QUÉBEC
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Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole,
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi
Courriel: classiques.sc.soc@gmail.com
Site web pédagogique : http://jmt-sociologue.uqac.ca/
à partir du texte de :
Louis Gill, économiste québécois
Professeur retraité de l’UQAM
“Agression criminelle d’Israël au nom du « droit de se défendre ».”
Montréal, Québec : le 21 octobre 2023. Une version légèrement rac-
courcie a été publié le 10 novembre 2023 dans l’Aut’Journal.
https://lautjournal.info/
Louis GILL est économiste et professeur retraité du département de sciences
économiques de l'UQÀM où il a œuvré de 1970 à 2001. Tout au cours de cette
carrière, il a eu une activité syndicale active. Il a publié plusieurs ouvrages, sur la
théorie économique marxiste, l'économie internationale, l’économie du socialisme,
le partenariat social et le néolibéralisme, ainsi que de nombreux essais et articles de
revues et de journaux sur des questions économiques, politiques, sociales et syndi-
cales.
[Autorisation formelle accordée par l’auteur le 2 décembre 2023 de diffuser cet
article en accès libre à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]
Courriel : Louis GILL : gill.louis@uqam.ca
Police de caractères utilisés : Times New Roman, 16 points.
Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008
pour Macintosh.
Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’.
Édition numérique réalisée le 2 décembre 2023 à Chicoutimi, Québec.
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Louis Gill
[économiste, retraité de l’UQÀM.]
“Agression criminelle d’Israël
au nom du « droit de se défendre ».”
Montréal, Québec : le 21 octobre 2023. Une version légèrement rac-
courcie a été publié le 10 novembre 2023 dans l’Aut’Journal.
https://lautjournal.info/
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Louis Gill
[économiste, retraité de l’UQÀM.]
“Agression criminelle d’Israël
au nom du « droit de se défendre ».”
Montréal, Québec : le 21 octobre 2023. Une version légèrement rac-
courcie a été publié le 10 novembre 2023 dans l’Aut’Journal.
https://lautjournal.info/
Pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, je l’affirme d’entrée de
jeu : je condamne les actes du Hamas contre Israël, survenus
le 7 octobre dernier, qui sont à l’origine de la crise actuelle.
Mais je condamne tout aussi fermement ceux d’Israël qui ne
cessent de déferler, depuis ce jour, sur la population civile pa-
lestinienne, en guise de représailles. Et je récuse les scanda-
leux appuis inconditionnels qui ont été apportés à Israël par
divers gouvernements, dont ceux des États-Unis et du Canada,
au nom de ce qu’ils désignent comme « le droit d’Israël de se
défendre ».
Qu’en est-il de ce « droit » ?
Fondé comme État juif en 1948, Israël est la réalisation du
projet « sioniste », conçu par Theodor Herzl en 1897, de l’édi-
fication d’un foyer national juif en Palestine. Dans une lettre
de protestation adressée en 2017 au président de la République
française, Emmanuel Macron, à la suite de sa caractérisation
de l’antisionisme comme étant « la forme réinventée de l’an-
tisémitisme », l’historien israélien Shlomo Sand de l’Univer-
sité de Tel Aviv, auteur du remarquable ouvrage intitulé
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« Comment le peuple juif fut inventé », met quelques points sur
les « i », qu’il me semble utile de reprendre ici. Je cite :
Chacun de nous peut se prononcer sur le point de savoir si le
projet de créer un État juif exclusif sur un morceau de territoire
ultra-majoritairement peuplé d’Arabes, était une idée morale. En
1917, la Palestine comptait 700.000 musulmans et chrétiens
arabes et environ 60.000 juifs dont la moitié étaient opposés au
sionisme. […]
En 1948, il y avait en Palestine : 650 000 juifs et 1,3 million
de musulmans et chrétiens arabes dont 700.000 devinrent des ré-
fugiés : c’est sur ces bases démographiques qu’est né l’État
d’Israël.
Et vint l’année 1967 : depuis lors Israël règne sur 5,5 millions
de Palestiniens, privés de droits civiques, politiques et sociaux.
Ils sont assujettis par Israël à un contrôle militaire : pour une par-
tie d’entre eux, dans une sorte de « réserve d’Indiens » en Cisjor-
danie, tandis que d’autres sont enfermés dans une « réserve de
barbelés » à Gaza (70% de ceux-ci sont des réfugiés ou des des-
cendants de réfugiés). Israël, qui ne cesse de proclamer son désir
de paix, considère les territoires conquis en 1967 comme faisant
intégralement partie de « la terre d’Israël », et s’y comporte selon
son bon vouloir : jusqu’à présent, 600 000 colons israéliens juifs
y ont été installés …. et cela n’est pas terminé.
Et Shlomo Sand conclut ainsi sa missive à Macron :
Voici le moment de vous expliquer pourquoi je vous écris, et
pourquoi, je me définis comme non-sioniste, ou antisioniste, sans
pour autant devenir antijuif. […] Étant démocrate et républicain,
je ne puis, comme le font sans exception tous les sionistes, de
droite comme de gauche, soutenir un État juif. […]
Selon l’esprit de ses lois, Israël n’appartient pas à l’ensemble
des Israéliens, mais aux juifs du monde entier, qui n’ont pas l’in-
tention de venir y vivre. […]
Louis Gill, “Agression criminelle d’Israël au nom du « droit de se défendre ».” (2023) 8
Voilà pourquoi, Monsieur le Président, je ne peux pas être
sioniste. Je suis un citoyen désireux que l’État dans lequel il vit
soit une République israélienne, et non pas un État communau-
taire juif. Descendant de juifs qui ont tant souffert de discrimina-
tions, je ne veux pas vivre dans un État, qui, par son autodéfini-
tion, fait de moi un citoyen doté de privilèges. A votre avis, Mon-
sieur le Président : cela fait-il de moi un antisémite ?
Voilà qui relativise la réflexion sur la question de l’appui au
« droit d’Israël de se défendre ».
État, religion, territoire
J’en viens au fait que le projet de création d’un État arabe
en Palestine, également prévu dans la résolution 181 de l’ONU
de 1947 qui est à l’origine de la création d’Israël, a été réduit
en cendres par l’envahissement, au fil des années, du territoire
palestinien par la « colonisation » illégale menée au nom du
Grand Israël (Eretz Israel, en hébreu), ainsi que par l’anéan-
tissement de la viabilité de cet hypothétique État par l’édifica-
tion d’un « mur de la honte » entourant la Cisjordanie.
Pour le groupe extrémiste religieux Gouch Emounim (Bloc
de la foi), qui a été le fer de lance de cette colonisation illégale
avec l’appui du gouvernement et de l’armée, conquérir la terre
est un impératif religieux, l’arrivée du Messie ne pouvant se
réaliser que si toute la terre d’Israël devient la possession ex-
clusive du « peuple juif ». Le Gouch Emounim, porteur extré-
miste du projet messianique, ne serait-il qu’un simple groupe
isolé d’illuminés sans influence réelle ? Pour répondre, je cite
l’extrait suivant d’un livre intitulé Israéliens et Palestiniens.
L’épreuve de la paix, d’Alain Dieckhoff, du Centre national
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de la recherche scientifique et de l’Institut d’études politiques
de Paris, qui a consacré l’essentiel de ses travaux à l’étude de
la société israélienne. Sioniste, il ne peut certes pas être soup-
çonné d’adversité à l’égard d’Israël :
L’appareil religieux d’État, étroitement contrôlé par le Parti
national religieux… a montré, à maintes reprises, son inclination
pour la théologie mystique du Gouch. Le grand rabbinat a émis
plusieurs avis interdisant, au nom de la loi religieuse (halakha),
le moindre abandon de la Terre promise et condamnant par
avance tout gouvernement qui s’engagerait dans la voie d’un
compromis territorial.
Pour sortir du cul-de-sac auquel mène une telle politique et,
au risque d’apparaître comme un idéaliste, surtout dans le con-
texte actuel, je reformule une fois de plus la seule perspective
qui m’a toujours apparu comme étant de nature à surmonter
l’impasse, celle de l’édification en Palestine d’un État binatio-
nal arabe et juif, mise de l’avant en 1948 par le rabbin Juda
Magnes, premier recteur de l’Université hébraïque de Jérusa-
lem, qui avait été appuyée par l’éminente philosophe Hannah
Arendt. Je suis convaincu qu’il existe aujourd’hui des gens de
bonne volonté d’un côté comme de l’autre pour s’emparer de
ce projet et œuvrer à sa réussite. Sinon quoi ?
Fin du texte