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Expo Alcoolodépendance

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Exposition aux stimuli

alcooliques
(théorie et cas clinique)
Pierluigi Graziani
Université de Provence (Aix-Marseille 1)
http://www.up.univ-mrs.fr/wpyscle/membres/enseignants/graziani.html

1
Bibliographie

„ Aubin HJ, Dupont P, et Lagrue G, Comment arrêter


de fumer ? Éditions Odile Jacob, Paris, 2003
„ Adès J et Lejoyeux M. Encore plus ! Jeu, sexe,
travail, argent. Odile Jacob, Paris, 2001
„ Cungi C. Faire face aux dépendances. Retz, Paris,
2000
• Graziani P et Eraldi D, Comment arrêter l'alcool ?
Odile Jacob, Paris, 2003
„ Ladouceur R et coll. Le jeu excessif, Montréal,
Éditions de l’Homme, 2000.
„ Lagrue G, Arrêter de fumer, Odile Jacob, Paris,
1998 et 2000

2
L'exposition aux stimuli alcooliques
„ les patients sont exposés en imaginaire et/ou
in vivo à leur boisson alcoolisée préférée et
aux détails du contexte de la situation à haut
risque d'alcoolisation

„ rarement employée en France

3
Objectifs

„ réaliser un travail autour des processus


qui activent les envies d'alcool
„ aider les patients à anticiper les situations
(positives ou négatives) à risque
d'alcoolisation,
„ faciliter l'extinction, diminuer les envies
d'alcool
„ préparer des stratégies susceptibles de
résoudre la situation

4
Modèles explicatifs

„ L’utilisation de l’exposition à des indices


associés à l'alcool se justifie par
‰ le modèle classique
‰ le modèle opérant de la dépendance alcoolique
‰ le modèle cognitif des addictions

5
Modèle classique de la dépendance

Stimulus
inconditionnel Réponse non conditionnée
ingestion de l'alcool modification rythme
cardiaque, plaisir

Stimulus neutre Îconditionnel


couleur, odeur, ambiance, moment

„ Figure : Modèle classique expliquant la transformation d'un stimulus neutre à un
stimulus conditionnel à travers la répétition de l'association avec le stimulus
inconditionnel

6
„ étude de Straiger & White (1988)
‰ des alcooliques boivent des boissons
alcoolisées pendant quatre sessions dans une
salle et des boissons non alcoolisées dans une
autre salle. Ils montrent ensuite une réponse
conditionnée (augmentation de la fréquence
cardiaque) lorsqu'ils se retrouvaient dans la
salle des alcoolisations. Les auteurs observent
également une augmentation de la réponse
cardiaque lorsque les sujets sont face à leur
boisson alcoolisée.

7
Conséquences du modèle classique
„ exposition sans prise d’alcool Î réduire
l'activation physiologique (arousal), son envie
de boire et, par conséquent, les risques de
rechute face aux indices d’alcool.
„ l’extinction n'efface pas les comportements
d’alcoolisations appris en Mémoire à Long
Terme (MLT).

8
Modèle opérant

Conditionnement classique Conditionnement opérant

Stimulus Réponse conditionnée


conditionnel Envie de boire
couleur, odeur, (tension, modifications Ingestion de
ambiance, moment … physiologiques, l'alcool
anticipation du plaisir…)

Réponse non conditionnée


modification rythme
cardiaque, plaisir

Figure 2 : Modèle classique et opérant de la consommation alcoolique 9


Consommation contrôlée

„ boire en excès est la réponse à éviter. L’effet de


la faible ingestion d’alcool = un stimulus
inconditionnel.
„ en général, il est plus facile pour le patient de
s'arrêter précocement dans la chaîne de
comportements que lorsqu’il se trouve plus près
de la réponse (Bandura, 1977).
„ il est souhaitable d'aider le patient à interrompre
la chaîne comportementale avant la
consommation (Rohsenow et al., 1995 ).

10
Conditionnement et cognitions
„ la dépendance n’est pas du tout un apprentissage
mécanique
„ les croyances influencent la réactivité à l’alcool
(Bradizza et al., 1994 ) et le désir de boire peut
apparaître en fonction de la seule présence de
certaines cognitions, sans autres stimuli externes
(Davies, 1987).
„ l’interprétation cognitive des stimuli entraîne ou non
des réponses conditionnées à l’alcool (Laberg,
1990).

11
Le modèle cognitif de Beck
„ les processus cognitifs sont au premier plan dans
les comportements addictifs (Beck et al., 1993).
„ « schémas » (Beck et Clark, 1997): système
d’analyse et d’interprétation des stimuli.
‰ représentations non spécifiques mais organisées de
l’expérience préalable qui facilitent le rappel mnésique
et peuvent entraîner des constructions mentales
nouvelles (et des distorsions) systématiques (Neisser,
1976; Hautekèete, 1998).
‰ structures abstraites, fonctionnelles et relativement
stables qui gèrent toutes les étapes du traitement de
l’information.

12
Activité des schémas

„L’activité des schémas est la suivante :


‰ filtrage et sélection des informations
nouvelles ;
‰ organisation des informations stockées en
mémoire à long terme (MLT)
‰ récupération des informations en MLT
‰ gestion de l’action

13
Schéma cognitif dysfonctionnel

„ Le modèle cognitif de l’alcoolodépendance


(Beck et Clark, 1997 ) fait appel à la notion
de schéma cognitif dysfonctionnel
„ Lorsqu’un schéma dysfonctionnel est
hyperactif, le raisonnement logique et
volontaire cède place aux distorsions
cognitives. Sur la base de ces erreurs de
logique, on assiste à l’émergence de
comportements et d’émotions inadaptés.

14
Les croyances alcooliques

„ L'utilisation du produit alcool pour obtenir des


effets précis amène le sujet à développer, dans
le temps, 3 types de croyances :
‰ anticipatoires : attentes positives liées à l’alcool (ex :
« je serai gai et amusant avec l'alcool»)
‰ soulageantes : attentes de réduction du manque ou
d’un malaise (ex: «l'alcool m'aide à oublier»; «si je bois,
je suis moins anxieux»)
‰ permissives : autorisent la consommation d’alcool (ex :
« je l’ai bien mérité après ce travail»; «je suis invité; je
ne peux pas réfuser à un copain »).

15
Schémas dysfonctionnels et
rechute…
„ Dans le cadre de la rechute après une période
d'abstinence, la réalcoolisation provoque très
souvent l’émergence de schémas
dysfonctionnels dépressifs et d’émotions
négatives (culpabilité, déception…) qui vont
initier de nouvelles croyances soulageantes et
à terme, amplifier la rechute.

16
Rôle des croyances…
Sujet Ù Environnement

Schéma central dysfonctionnel


Je suis nul, je suis inférieur aux
autres

Pensées automatiques Émotions


Il pense que je n’ai pas bien fait Tristesse, anxiété,
mon travail. Je suis incompétent… frustration…

Schéma anticipatoire Schémas


soulageant permissifs
Si je ne bois pas je ne réussirai craving
« Un verre ne fait
pas mon entretien; boire me pas de mal »
calmera!

consommation
d'alcool 17
Motivation à l’arrêt…

„ le patient perçoit que les attentes


soulageantes ne sont plus obtenues ou
que les conséquences négatives sont
tellement importantes qu'elles effacent le
gain de la consommation.

18
Conditions pour une exposition efficace

„ Les comportements précoces.


‰ Il est important de remonter à des
comportements précoces dans la chaîne
comportementale qui entraîne l’alcoolisation
„ l’endroit, l’ambiance, les gens, les événements, les
émotions, les pensées peuvent provoquer une
rechute (Marlatt & Gordon, 1985 ). Il est donc
important de recenser tous les indices associés à
l’alcool pour chaque individu.

19
Conditions pour une exposition efficace

„ La généralisation.
‰ pour faciliter la généralisation de l’extinction acquise
pendant le traitement aux situations de la vie
quotidienne, il faut reproduire des indices et des
contextes les plus réalistes possibles et variés
(O’Brien, 1990 ).
‰ si le patient est exposé à des situations à hauts
risques très différentes des situations utilisées
pendant l’exposition et d’autres sources de stress, ils
peuvent exprimer des envies fortes, malgré un grand
entraînement à l’exposition.

20
Conditions pour une exposition efficace
„ La compétition de réponses.
‰ il ne suffit pas de diminuer une réponse mais il est
nécessaire de la remplacer par une autre.
‰ il est important de fournir au patient des
stratégies alternatives aux réponses
conditionnées à l’alcool qui seraient
systématiquement consolidées pendant
l’entraînement.
‰ l’idéal Î réponses incompatibles avec le
comportement d’alcoolisation (O’Brien, 1990).

21
Conditions pour une exposition efficace
„ Disponibilité de l’alcool.
‰ la perception de la disponibilité de l’alcool est un point
crucial dans l’exposition (Powel, 1995). Les résultats
d’une étude montrent une diminution des indices de
sevrage auto-évalués déjà pendant le rituel de
préparation, ce qui n’est pas le cas dans les études de
laboratoire où les drogues ne sont pas utilisables.

22
Conditions pour une exposition efficace

„ Durée et fréquence des séances.


‰ un programme d’exposition long et fréquent entraîne
un meilleur taux de succès (Bluck & Bruce, 1989).
Chez les toxicomanes, des séances d’une heure sont
plus efficaces que des séances de dix minutes
(Rohsenow et al.,1995).
‰ chez les alcoolodependants, dix-huit séances de dix
minutes ne suffisent pas à éteindre l’envie d’alcool
(Childress et al., 1984 ). Par contre, six sessions de 45
minutes l’éteignent (Rankin et al., 1983).

23
Conditions pour une exposition efficace
„ Hiérarchisation des stimuli
‰ Hodgson (1989) recommande de hiérarchiser les
stimuli de l’exposition, en présentant les situations
les moins tentantes en premier, puis
graduellement, les situations plus tentantes.
‰ Drummond et al. (1994) utilisent d’abord une
boisson que le patient consomme peu
fréquemment pendant cinq jours, puis une boisson
qu’il consomme fréquemment pendant les cinq
jours suivants.
‰ Dans des services où la durée de l’hospitalisation
est incertaine, l’utilisation d’une hiérarchie
contraire n’a pas posé de problème (Monti et al.,
1993).

24
Conditions pour une exposition efficace
„ Assignation de tâches
‰ Entre les séances, on peut demander au patient, pour
qu’il apprenne à faire face à toute situation
imprévisible, de pratiquer l’exposition avec des
techniques de prévention de la réponse dès qu’il
expérimente “ l’urge ” de boire (Rohsenow et al., 1995
). Si les patients ne sont pas hospitalisés, ils peuvent
réaliser des tâches assignées chez eux entre les
séances (Neisser, 1976). La réalisation des tâches
fournit des résultats positifs (Rankin, 1982 ).

25
Conditions pour une exposition efficace
„ Focalisation de l’attention sur les indices
‰ l’évitement cognitif des stimuli pourrait empêcher
l’extinction de la réponse en diminuant la réactivité
aux indices (Cooney et al., 1987).
‰ focaliser l’attention sur l’alcool entraîne une plus
grande habituation (Grayson et al. 1982; Sartory et al.,
1982).

26
Caractéristiques des indices

„ les indices doivent être idiosyncratiques


(Moring &, Strang,1989 ).
„ les indices saillants de consommation ne sont
pas forcément pour tous les sujets la vue,
l’odeur, le goût (Greeley, 1993). Ceci pourrait
en partie expliquer le manque d’efficacité de
certains traitements par exposition.

27
Caractéristiques des indices

„ les mêmes indices peuvent provoquer un désir


de boire différent selon le contexte (l’odeur de
la boisson peut être déterminant à une fête,
mais pas au travail).
„ la réactivité aux indices est supérieure pour les
boissons qui sont plus similaires aux boissons
usuelles de l’individu (Staiger & White, 1991).

28
Caractéristiques des indices

„ la vue et l’odeur de la boisson favorite


entraînent des réactions plus fortes que la vue
seule de la bouteille.

29
Évolution de l’envie

„ L’intensité de l’envie
‰ après exposition à la vue et à l’odeur pendant 18
minutes, puis à la vue de l’alcool pendant 15 minutes,
“ l’urge ” de boire des patients alcooliques est
maximale à six minutes, puis elle diminue
significativement pendant les douze minutes suivantes
(Monti et al., 1993). “ L’urge ” de boire continue de
diminuer significativement pendant les quinze minutes
suivantes d’exposition visuelle seulement (Rohsenow
et al., 1989).

30
„ Réactivité aux indices
‰ les changements de fréquence cardiaque se
stabilisent dans les neuf minutes et les mesures
subjectives dans les treize minutes (Staiger et al.
1988 ).
‰ une habituation significative intra-session peut
apparaître dans les 18-20 minutes d’exposition et
peut continuer si la boisson reste visible.
‰ six expositions de 55 minutes entraînent une
diminution significative de la réactivité à l’indice
(Monti et al., 1993)

31
Quand exposer?

„ aucune différence significative dans l’amplitude


de “ l’urge ” de boire ou de la salivation entre
des groupes d’alcooliques dans leur deuxième,
quatrième ou sixième jour de désintoxication
non médicalisée, ni entre ces groupes et des
alcooliques dans leur quatrième semaine de
sevrage, ni entre des alcooliques recevant un
sevrage médicalisé (Monti et al., 1993).

32
Habituation

„ l’habituation intra-session est identique quelle


que soit la semaine ce qui permet de réaliser le
traitement d’exposition dès la première
semaine de désintoxication.

33
Une technique dans un programme

„ Programme complet de soins


‰ Si d’autres problèmes ne sont pas traités, tels que les
difficultés professionnelles, les troubles
psychiatriques, médicaux, familiaux et sociaux, ils
peuvent précipiter la rechute. Le traitement
d’exposition n’est qu’une composante importante,
rarement traitée, d’un programme de traitement
complet (Rohsenow et al., 1995).

34
Conditions pour une exposition efficace

„ Entraînement aux capacités d'affrontement


„ un programme complet de prévention de la rechute
est plus efficace s'il combine les techniques
d’exposition à l’indice classique (exposition et
prévention de la rechute) avec entraînement aux
stratégies permettant de faire face efficacement
aux situations réelles ou simulées à haut risque
d'alcoolisation (Monti et al.,1989; Pead et al. 1993).

35
Interaction Expo - Médicaments

„ les médicaments qui diminuent “ l’urge ” de boire ou


l’anxiété peuvent interférer avec le traitement d’exposition
en ne permettant pas une réactivité suffisante comme c’est
le cas pour certains médicaments qui interfèrent avec
l’efficacité du traitement d’exposition pour les troubles
anxieux (Merluzzi et al., 1991 ). Il est préférable de
commencer l’exposition sans médicament et les prescrire
après si c’est nécessaire, pour fournir une aide
supplémentaire pendant le temps où le patient est à haut
risque de rechute.

36
Un exemple d’exposition

37
„ Déroulement :
‰ un entretien d’analyse fonctionnelle pour
déterminer et détailler 3 situations à risques pour
le patient
‰ 6 séances d’exposition (2 par situation x risque
croissant)
„ Patients montrant une réactivité aux stimuli
alcooliques
„ Moment :
‰ quatrième et dernière semaine d’hospitalisation

38
Analyse fonctionnelle

Description de la situation :

Boisson(s) consommée(s) :

sensations émotions pensées comportements

39
Déroulement d’une séance type
Imaginer la situation à risque
X (ou Y ou Z), les yeux fermés
Phases Imaginer la situation à risque,
d’induction pendant 5 minutes, face à
de l’envie l’alcool préféré
Verser la boisson dans un
verre et sentir l’odeur
Chercher des stratégies de
Phase de coping pour baisser l’envie de
coping boire et s’imaginer en train de
les mettre en acte dans la
situation
Debriefing

40
Cas clinique

„ Pascal est âgé de 36 ans, marié, deux


enfants (8 et 6 ans). Il présente une
alcoolodépendance physique et
psychologique, selon DSM-4 (APA, 1994).
„ une hospitalisation a été envisagée afin
de participer au programme de prise en
charge de 4 semaines.

41
Indications

„ craintes par rapport à certaines situations qu'il


rencontrera après l'hospitalisation et qui
impliquent des forts risques d'alcoolisation.
„ se sent en difficulté face aux envies d'alcool.

42
Consignes

„ rappel objectifs de l'exposition


„ envies d'alcool = expression normale et
automatique de l’activation des processus
d’alcoolisation.
„ déculpabiliser le patient face aux envies et
baisser ses résistances.
„ laisser les envies monter afin que l'on puisse
"jouer" avec elles et déterminer des stratégies
efficaces pour les diminuer.

43
Description de 3 situations

„ Analyse fonctionnelle des situations à haut


risque d'alcoolisation.
‰ Le patient évoque le mariage de son frère prévu
dans quelques mois. Il est inquiet à l'idée de
participer à cet événement où il serait confronté à
la présence de l'alcool et probablement aux
sollicitations d'autres invités. Il donne les éléments
pour construire le scénario .
‰ Le patient décrit deux autres situations : rester
seul à la maison et un deuil. Le patient souhaite
commencer le travail d'exposition par la situation
"mariage" qui contient le plus de risques.

44
„ Chaque situation est détaillée et on construit
un scénario que le patient doit imaginer lors
de l’exposition

45
Niveau de base

„ Niveau de base
„ Avant de commencer l'exposition, Pascal
quantifie ses envies d'alcool : "Pouvez-vous me
dire sur une échelle de 0 à 100, quelle est votre
envie maintenant,0 signifie que vous n'avez pas
du tout d'envie d'alcool, et 100 signifie que
votre envie est maximale, ". Il ne ressent pas
d’envie, donc 0/100.

46
Présentation de la boisson

„ bouteille de champagne,
„ évaluation envie à la vue de la bouteille (30/100).
„ « surpris par la bouteille, mains moites »
„ déboucher et se servir un verre (envie = 50/100).
„ sent l'odeur (envie = 70/100).
„ "Il doit être bon, c'est une bonne marque, il est frais,
quand je vois ces bulles j'en prendrais bien une coupe".
„ le patient peut observer l'augmentation de l'envie (dans
des conditions "normales", le patient aurait
probablement déjà bu).

47
Phase de visualisation de la situation

„ les yeux fermé, il imagine les détails de la situation


(mariage de son frère) et son déroulement.
„ suggestion de certains détails le patient imagine de vivre le
début de la situation (envie modérée/faible = 30/100).
„ il se voit en attente pour féliciter les mariés (envieÒ)
„ expliciter le discours intérieur et le ressenti émotionnel (en
quantifiant l’envie)
„ repérer les pensées/perceptions qui jouent le rôle de
déclencheur des envies

48
„ aspects positifs de l'alcool, "petites bulles du
champagne, l'humidité autour du verre, soif,
tendu, mains moites, j'aimerais prendre un
verre, un verre ne me ferait pas de mal, le
mariage ne se passe qu'une fois, ce ne sera pas
pour un verre..., je demanderais à ma femme si
je peux en prendre un".
„ focalisation de l’attention sur les stimuli
alcooliques : l'envie passe rapidement de 40 à
50, puis 60 et 75/100. Elle est à 95 ou 100/100
quand le patient imagine de passer devant le
serveur et de l'entendre lui proposer un verre.
„ ne pas chercher des stratégies maintenant
pour faire baisser les envies et arrêter cette
première séquence imaginaire avant de
commencer à mettre en œuvre des solutions.

49
„ Visualisation de la deuxième partie de la
situation à risque
‰ seul dans un coin de la salle des fêtes où a lieu le
vin d'honneur. Sa femme et ses parents ne le
regardent pas et un serveur lui propose un verre.
Le patient évoque les idées suivantes :
" Je suis seul (envie= 50/100), je me dis que personne
ne m'observe (envie= 70/100), ils ne vont pas voir
si je bois un verre, c'est un jour de fête, un verre ne
me fera pas replonger (envie= 100/100), je peux
boire un ou deux verres (envie= 100/100). Je pense
que je boirais le premier très vite, puis un
deuxième, puis…"

50
Recherche des stratégies

„ Le patient analyse ce qu'il aurait pu faire pour


éviter que l'envie d'alcool augmente ou pour la
faire baisser. Il liste les stratégies suivantes :
‰ éviter de rester avec le serveur, surtout de se retrouver
seul avec lui
‰ demander un jus de fruit
‰ aller discuter avec les invités
‰ prendre l'air à l'extérieur
‰ jouer avec mes enfants au ballon
‰ si on me propose de l'alcool dire "J'ai un problème de
santé"
„ Examen des stratégies

51
Rechercher d’autres stratégies

„ analyser ce qui se passe déjà à la vue de


l'alcool et "attraper" les pensées permissives et
soulageantes à ce moment là.
‰ "Qu'et ce que vous pouvez faire quand vous attendez
de féliciter votre frère et votre belle-sœur ? Qu'est ce
que vous pouvez vous dire pour faire face à ces
pensées qui activent votre envie? Pouvez –vous les
critiquer? "

52
Stratégies alternatives

„ Le patient donne seulement la stratégie


suivante :
‰ me dire que si je bois un verre c'est réparti. Tout sera
comme avant.
„ Suggestions
‰ repérer le pire souvenir associé à ses alcoolisations
‰ faire la liste des avantages à ne pas consommer, des
aspects positifs de l'abstinence.

53
Souvenir négatif

„ Souvenir négatif : Le patient se rappelle alors


d'une fois où, en état d'alcoolisation, il avait pris
le train, un soir. Il s'était retrouvé à 30 Km de la
maison sans savoir pour quelle raison il était là,
sans argent. Il se voit dans le jardin à côté de la
gare, sale, assis sur un banc, triste, confus. A la
maison, sa femme était très inquiète.

54
Avantages abstinence

„ Avantages à l'arrêt : Le patient retrouve


la confiance de sa femme et de toute sa
famille. Il n'est plus affalé sur le canapé le
WE, mais peut s'occuper des enfants,
jouer avec eux, passer de bons moments.
Il retrouve ses capacités intellectuelles,
du goût à la vie, il constate une nette
amélioration de son état de santé. Il a
envie de faire du sport.

55
Rééquilibrer les balances

„ le bilan des avantages de l'abstinence lorsqu'il


a envie de consommer.
„ envie de consommer Í le patient perçoit des
aspects négatifs de l'abstinence et/ou des
aspects positifs de l'alcoolisation.
„ rééquilibrer les aspects positifs de l'alcool qui
donnent envie de consommer avec les
conséquences négatives

56
Balances décisionnelles

Avantages et inconvénients de la
consommation d'alcool

+ -
ƒbien-être ƒproblèmes de santé
ƒanxiolytique conflits familiaux,
ƒgai ƒperte de confiance
ƒaffirmé ƒdéprime
ƒfacilité relationnelle ƒlaisse aller
ƒpour m'endormir ƒperte de memoire
ƒfaire n'importe quoi

57
Balances décisionnelles

Avantages et inconvénients de l’arrêt de


l'alcool

+ -
§ confiance retrouvée de § me sentir différent parce
ma femme que je ne bois pas
§ m'occuper des enfants § devoir refuser un verre
§ jouer avec eux § anxiété
§ capacités intellectuelles § solitude
§ goût de vivre, § rumination du passé
§ meilleure santé
§ sport.

58
Balances décisionnelles

„ Les processus cognitifs, automatiques ou


pas, qui gèrent le comportement
d'alcoolisation n'intègrent pas
nécessairement les inconvénients de
l'alcoolisation et les avantages de
l'abstinence. Il est donc important de les
intégrer au traitement cognitif chaque fois
que le patient ressent une envie de
consommer.

59
Re-focalisation sur la boisson

„ Nous reprenons la première partie de la


situation. La bouteille de champagne est
toujours posée sur la table devant le
patient. Nous lui demandons de prendre
la coupe qu'il a rempli et de sentir l’odeur
du champagne (envie = 50/100).

60
Re-Exposition à la situation "mariage".

„ le patient imagine à nouveau les détails de la situation :


„ nous lui demandons de "ralentir" le déroulement de la
situation d'exposition au moment où il attend de féliciter
son frère.
„ il raconte ce qu'il "voit" et répète à haute voix son
discours intérieur : "Je vois la coupe de champagne, les
bulles, il doit être bon, j'ai soif, je suis tendu, j'ai les
mains moites, j'aimerais prendre un verre, un seul pour
voir, c'est un jour de fête, c'est dommage de ne pas
consommer". l'envie monte à 100.
„ il bouge sur sa chaise et se "lèche" les lèvres (bouche
sèche), il s'essuie les mains sur ses pantalons.

61
Application des stratégies décidées à l'avance.

„ mise en place des stratégies que nous avons examinées


pour baisser l'envie
„ le patient applique une stratégie cognitive: "Je peux me
dire que si je prends un verre je ne m'arrêterai pas là. J'en
prendrai un et puis deux et puis trois... et je m'isolerai dans
un coin saoul. Je gâcherai la fête de mon frère (envie=
60/100)".

62
Application des stratégies décidées à l'avance.

„ focalisation sur le verre de champagne : "Regardez


pendant quelques instant la bouteille de champagne en
face de vous, prenez un verre et sentez-le" (envie= 50/100).
„ autre stratégie: la recherche d'aspects positifs à la non
consommation d'alcool :"Le plus beau cadeau que je puisse
lui faire serait de ne pas consommer. En plus, je n'ai plus
de conflit avec ma femme et j'ai du temps pour jouer avec
mes enfants, ma santé est nettement améliorée (envie=
40/100)".

63
Application des stratégies décidées à l'avance.

„ focalisation à nouveau sur la bouteille devant lui:


"Continuez à regarder la bouteille de champagne en face
de vous, tenez le verre dans la main, sentez-le et quantifiez
l'envie (envie= 40/100)".
„ autre stratégie: image négative associée au comportement
d'alcoolisation : "Si je reprends la consommation je me vois
seul, sale, à 30 km de la maison, confus, alcoolisé dans le
jardin de la gare, sans savoir comment j'ai atterri là.
J'imagine ma femme inquiète à la maison et mes enfants en
larmes (envie = 0/100)".

64
Application des stratégies décidées à l'avance.

„ sentir le champagne et s'imaginer devant le serveur qui


tient le plateau rempli de coupes de champagne. L'envie
monte à 30.
„ autre stratégie : le patient se dit à nouveau qu'il risque de
gâcher la fête, qu'il ne s'arrêtera pas à une seule coupe et
imagine les conséquences à nouveau. L'envie descend à
zéro et ne remontera plus au cours de cette séance.

65
Conclusions

„ les stratégies "cognitives" utilisées pendant cette séance


d'exposition semblent efficaces pour baisser les envies
pendant la phase imaginaire de la situation à haut risque de
réalcoolisation.
„ le patient exprime un sentiment d'auto-efficacité accru, il
se rend compte que les envies ne sont pas inéluctables et
qu'il peut les manipuler.

66

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