SEQUENCE 1 :
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Problématique : Modernité poétique ?
Texte n°1 : « Zone », extrait, Alcools de Guillaume APOLLINAIRE.
Zone
À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
5 Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
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Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin
15 Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
20 J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
25 Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes
1
SEQUENCE 1 :
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Problématique : Modernité poétique ?
Texte n°2 : « La Chanson du Mal-Aimé », extrait, Alcools de Guillaume APOLLINAIRE.
La Chanson du Mal-Aimé
à Paul Léautaud.
Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s’il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu’il me jeta
5 Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
10 Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon
Que tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
15 Je suis le souverain d’Égypte
Sa sœur-épouse son armée
Si tu n’es pas l’amour unique
Au tournant d’une rue brûlant
20 De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant
25 C’était son regard d’inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d’une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l’amour même
30
Lorsqu’il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d’un tapis de haute lisse
35 Sa femme attendait qu’il revînt
2
SEQUENCE 1 :
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Problématique : Modernité poétique ?
Texte n°3 : « Nuit rhénane », Alcools de Guillaume APOLLINAIRE.
Nuit rhénane
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire
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SEQUENCE 1 :
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Problématique : Modernité poétique ?
Texte n°4 : « A une passante », Les Fleurs du Mal, Charles BAUDELAIRE.
A une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit! -Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !
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SEQUENCE 1 :
Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Problématique : Modernité poétique ?
Texte n°5 : « Sonnet boiteux », Jadis et Naguères, Paul VERLAINE.
Sonnet boiteux
À Ernest Delahaye
Ah ! vraiment, c'est triste, ah ! vraiment ça finit trop mal.
Il n'est pas permis d'être à ce point infortuné.
Ah! vraiment c'est trop la mort du naïf animal
Qui voit tout son sang couler sous son regard fané.
5 Londres fume et crie. Ô quelle ville de la Bible !
Le gaz flambe et nage et les enseignes sont vermeilles.
Et les maisons dans leur ratatinement terrible
Epouvantent comme un sénat de petites vieilles.
Tout l'affreux passé saute, piaule, miaule et glapit
10 Dans le brouillard rose et jaune et sale des Soho
Avec des indeeds et des all right et des haôs.
Non vraiment c'est trop un martyre sans espérance,
Non vraiment cela finit trop mal, vraiment c'est triste :
Ô le feu du ciel sur cette ville de la Bible !
5
SEQUENCE 2 :
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Problématique : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.
Texte n°1 : Le Rouge et le Noir, STENDHAL, Livre I, chapitre 1 : Incipit.
LE ROUGE ET LE NOIR
Chronique du XIXème siècle
« La vérité, l’âpre vérité. »
DANTON.
Avertissement : Cet ouvrage était prêt à paraître lorsque les grands événements de juillet sont venus donner à tous les esprits
une direction peu favorable aux jeux de l’imagination. Nous avons lieu de croire que les feuilles suivantes furent écrites en 1827.
LE ROUGE ET LE NOIR
Chronique de 1830
LIVRE PREMIER
CHAPITRE PREMIER
Une petite Ville.
« Put thousands together
Less bad,
But the cage less gay. »
HOBBES.
La petite ville de Verrières peut passer pour l’une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses
maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges s’étendent sur la pente d’une colline, dont
des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques
centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées.
5 Verrières est abrité du côté du nord par une haute montagne, c’est une des branches du Jura. Les
cimes brisées du Verra se couvrent de neige dès les premiers froids d’octobre. Un torrent, qui se
précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à
un grand nombre de scies à bois, c’est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la
majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui
10 ont enrichi cette petite ville. C’est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l’on doit
l’aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les
maisons de Verrières.
À peine entre-t-on dans la ville que l’on est étourdi par le fracas d’une machine bruyante et
terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont
15 élevés par une roue que l’eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je
ne sais combien de milliers de clous. Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups
de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous. Ce
travail, si rude en apparence, est un de ceux qui étonnent le plus le voyageur qui pénètre pour la
première fois dans les montagnes qui séparent la France de l’Helvétie. Si, en entrant à Verrières, le
20 voyageur demande à qui appartient cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la
grande rue, on lui répond avec un accent traînard : Eh ! elle est à M. le maire.
6
SEQUENCE 2 :
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Problématique : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.
Texte n°2 : Le Rouge et le Noir, STENDHAL, Livre II, chapitre XVII.
Une vieille épée
(…) M. de La Mole était sorti. Plus mort que vif, Julien alla l’attendre dans la
bibliothèque. Que devint-il en y trouvant mademoiselle de La Mole ?
En le voyant paraître, elle prit un air de méchanceté auquel il lui fut impossible de se
méprendre.
5 Emporté par son malheur, égaré par la surprise, Julien eut la faiblesse de lui dire, du ton le
plus tendre et qui venait de l’âme : Ainsi, vous ne m’aimez plus ?
– J’ai horreur de m’être livrée au premier venu, dit Mathilde en pleurant de rage contre elle-
même.
– Au premier venu ! s’écria Julien, et il s’élança sur une vieille épée du moyen âge, qui était
10 conservée dans la bibliothèque comme une curiosité.
Sa douleur, qu’il croyait extrême au moment où il avait adressé la parole à mademoiselle de
La Mole, venait d’être centuplée par les larmes de honte qu’il lui voyait répandre. Il eût été le
plus heureux des hommes de pouvoir la tuer.
Au moment où il venait de tirer l’épée, avec quelque peine, de son fourreau antique,
15 Mathilde, heureuse d’une sensation si nouvelle, s’avança fièrement vers lui ; ses larmes
s’étaient taries.
L’idée du marquis de La Mole, son bienfaiteur, se présenta vivement à Julien. Je tuerais sa
fille ! se dit-il, quelle horreur ! Il fit un mouvement pour jeter l’épée. Certainement, pensa-t-il,
elle va éclater de rire à la vue de ce mouvement de mélodrame : il dut à cette idée le retour de
20 tout son sang-froid. Il regarda la lame de la vieille épée curieusement et comme s’il y eût
cherché quelque tache de rouille, puis il la remit dans le fourreau, et avec la plus grande
tranquillité la replaça au clou de bronze doré qui la soutenait.
Tout ce mouvement, fort lent sur la fin, dura bien une minute ; mademoiselle de La Mole le
regardait étonnée. J’ai donc été sur le point d’être tuée par mon amant ! se disait-elle.
25 Cette idée la transportait dans les plus beaux temps du siècle de Charles IX et de Henri III.
Elle était immobile devant Julien qui venait de replacer l’épée, elle le regardait avec des
yeux où il n’y avait plus de haine. Il faut convenir qu’elle était bien séduisante en ce moment,
certainement jamais femme n’avait moins ressemblé à une poupée parisienne (ce mot était la
grande objection de Julien contre les femmes de ce pays).
30 Je vais retomber dans quelque faiblesse pour lui, pensa Mathilde ; c’est bien pour le coup
qu’il se croirait mon seigneur et maître, après une rechute, et au moment précis où je viens de
lui parler si ferme. Elle s’enfuit.
7
SEQUENCE 2 :
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Problématique : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.
Texte n°3 : Le Rouge et le Noir, STENDHAL, Livre II, chapitre XLV, explicit.
Fouqué réussit dans cette triste négociation. Il passait la nuit seul dans sa chambre, auprès du corps de
son ami, lorsqu’à sa grande surprise, il vit entrer Mathilde. Peu d’heures auparavant, il l’avait laissée à
dix lieues de Besançon. Elle avait le regard et les yeux égarés.
— Je veux le voir, lui dit-elle.
5 Fouqué n’eut pas le courage de parler ni de se lever. Il lui montra du doigt un grand manteau bleu
sur le plancher ; là était enveloppé ce qui restait de Julien.
Elle se jeta à genoux. Le souvenir de Boniface de La Mole et de Marguerite de Navarre lui donna sans
doute un courage surhumain. Ses mains tremblantes ouvrirent le manteau. Fouqué détourna les yeux.
Il entendit Mathilde marcher avec précipitation dans la chambre. Elle allumait plusieurs bougies.
10 Lorsque Fouqué eut la force de la regarder, elle avait placé sur une petite table de marbre, devant elle,
la tête de Julien, et la baisait au front…
Mathilde suivit son amant jusqu’au tombeau qu’il s’était choisi. Un grand nombre de prêtres
escortaient la bière et, à l’insu de tous, seule dans sa voiture drapée, elle porta sur ses genoux la tête de
l’homme qu’elle avait tant aimé.
15 Arrivés ainsi vers le point le plus élevé d’une des hautes montagnes du Jura, au milieu de la nuit,
dans cette petite grotte magnifiquement illuminée d’un nombre infini de cierges, vingt prêtres
célébrèrent le service des morts. Tous les habitants des petits villages de montagne traversés par le
convoi l’avaient suivi, attirés par la singularité de cette étrange cérémonie.
Mathilde parut au milieu d’eux en longs vêtements de deuil, et, à la fin du service, leur fit jeter
20 plusieurs milliers de pièces de cinq francs.
Restée seule avec Fouqué, elle voulut ensevelir de ses propres mains la tête de son amant. Fouqué
faillit en devenir fou de douleur.
Par les soins de Mathilde, cette grotte sauvage fut ornée de marbres sculptés à grands frais, en Italie.
Madame de Rênal fut fidèle à sa promesse. Elle ne chercha en aucune manière à attenter à sa vie ;
25 mais trois jours après Julien, elle mourut en embrassant ses enfants.
FIN
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SEQUENCE 2 :
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Problématique : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.
Texte n°4 : Bouvard et Pécuchet, Gustave FLAUBERT, chapitre VII.
(…) Bouvard faisait assidûment la cour à Mme Bordin.
Elle le recevait, un peu sanglée dans sa robe de soie gorge-pigeon qui craquait
comme le harnais d’un cheval, tout en maniant par contenance sa longue chaîne d’or.
5 Leurs dialogues roulaient sur les gens de Chavignolles, ou « défunt son mari »,
autrefois huissier à Livarot.
Puis, elle s’informa du passé de Bouvard, curieuse de connaître « ses farces de
jeune homme », sa fortune incidemment, par quels intérêts il était lié à Pécuchet ?
Il admirait la tenue de sa maison, et quand il dînait chez elle, la netteté du service,
10 l’excellence de la table. Une suite de plats, d’une saveur profonde, que coupait à
intervalles égaux un vieux pommard, les menait jusqu’au dessert où ils étaient fort
longtemps à prendre le café ; – et Mme Bordin, en dilatant les narines, trempait dans
la soucoupe sa lèvre charnue, ombrée légèrement d’un duvet noir.
Un jour, elle apparut décolletée. Ses épaules fascinèrent Bouvard. Comme il était
15 sur une petite chaise devant elle, il se mit à lui passer les deux mains le long des bras.
La veuve se fâcha. Il ne recommença plus mais il se figurait des rondeurs d’une
amplitude et d’une consistance merveilleuses.
Un soir, que la cuisine de Mélie l’avait dégoûté, il eut une joie en entrant dans le
salon de Mme Bordin. C’est là qu’il aurait fallu vivre !
20 Le globe de la lampe, couvert d’un papier rose, épandait une lumière tranquille.
Elle était assise auprès du feu ; et son pied passait le bord de sa robe. Dès les premiers
mots, l’entretien tomba.
Cependant, elle le regardait, les cils à demi fermés, d’une manière langoureuse,
avec obstination.
25 Bouvard n’y tint plus ! – et s’agenouillant sur le parquet, il bredouilla : — « Je
vous aime ! Marions-nous ! »
9
SEQUENCE 2 :
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Problématique : Le personnage de roman, esthétiques et valeurs.
Texte n°5 : L'Étranger, Albert Camus.
Première Partie
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un
télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. »
Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger. Je prendrai
5 l’autobus à deux heures et j’arriverai dans l’après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je
rentrerai demain soir. J’ai demandé deux jours de congé à mon patron et il ne pouvait
pas me les refuser avec une excuse pareille. Mais il n’avait pas l’air content. Je lui ai
même dit : « Ce n’est pas de ma faute. » II n’a pas répondu. J’ai pensé alors que je
n’aurais pas dû lui dire cela. En somme, je n’avais pas à m’excuser. C’était plutôt à lui
10 de me présenter ses condoléances. Mais il le fera sans doute après-demain, quand il
me verra en deuil. Pour le moment, c’est un peu comme si maman n’était pas morte.
Après l’enterrement, au contraire, ce sera une affaire classée et tout aura revêtu une
allure plus officielle.
J’ai pris l’autobus à deux heures. II faisait très chaud. J’ai mangé au restaurant, chez
15 Céleste, comme d’habitude. Ils avaient tous beaucoup de peine pour moi et Céleste
m’a dit : « On n’a qu’une mère ». Quand je suis parti, ils m’ont accompagné à la porte.
J’étais un peu étourdi parce qu’il a fallu que je monte chez Emmanuel pour lui
emprunter une cravate noire et un brassard. Il a perdu son oncle, il y a quelques mois.
J’ai couru pour ne pas manquer le départ. Cette hâte, cette course, c’est à cause de
20 tout cela sans doute, ajouté aux cahots, à l’odeur d’essence, à la réverbération de la
route et du ciel, que je me suis assoupi. J’ai dormi pendant presque tout le trajet. Et
quand je me suis réveillé, j’étais tassé contre un militaire qui m’a souri et qui m’a
demandé si je venais de loin. J’ai dit « oui » pour n’avoir plus à parler.
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