Toxoplasmose Et Grossesse
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Toxoplasmose Et Grossesse
L. MANDELBROT *
(Colombes)
Résumé
Correspondance : laurent.mandelbrot@lmr.aphp.fr
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aux doutes émis par la Haute Autorité de santé (HAS), des essais thérapeutiques sont en
cours, notamment l’étude TOXOGEST chez la femme enceinte. Par ailleurs, la HAS
recommande une prise en charge experte en cas de séroconversion : en cas de suspicion de
séroconversion, les sérums doivent être contrôlés dans un laboratoire expert ; en cas de
séroconversion confirmée, la femme doit être orientée sans retard vers un centre expert. Il
est recommandé de ne pas prescrire de traitement avant ces avis biologique et clinique.
C’est à l’équipe référente de décider avec la femme, après bilan et information complets,
de prescrire un éventuel traitement et d’organiser un diagnostic anténatal.
INTRODUCTION
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2. ÉPIDÉMIOLOGIE [4]
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3. HISTOIRE NATURELLE
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Diagnostic
Aujourd’hui, le diagnostic anténatal par polymerase chain reaction
(PCR) sur liquide amniotique est le moyen le plus précoce et fiable pour
porter le diagnostic de toxoplasmose congénitale [11].
Quel que soit le résultat, et a fortiori lorsqu’une amniocentèse n’a
pas été réalisée, les examens parasitologiques et sérologiques sont indis-
pensables dès la naissance. L’examen parasitologique est maintenant la
PCR, l’inoculation aux souris étant pratiquement abandonnée à cause
de sa lourdeur et du délai de réponse. La PCR est faite sur le sang de
l’enfant. La recherche sur le placenta n’est réalisé que dans très peu de
laboratoires pour des raisons économiques, mais aussi parce que son
apport est contesté [12, 13], sa sensibilité pour le diagnostic de toxo-
plasmose congénitale étant de 60-70 % en l’absence de traitement
anténatal par pyriméthamine + sulfamides. Les anticorps spécifiques
sont recherchés sur le sang du cordon, puis chez l’enfant. Les recherches
d’IgM et d’IgA ne sont ni parfaitement sensibles, ni spécifiques. La
sensibilité des IgA est meilleure que celle des IgM (70 % et 65 %, respec-
tivement) [14, 15]. Afin de distinguer les anticorps spécifiques synthétisés
par l’enfant de ceux d’origine maternelle, des techniques d’immunoblot
(western blot) ou ELIFA sont utilisés pour les IgG (ou IgM, IgA, IgE).
Il est nécessaire d’associer et de répéter les analyses et certains labo-
ratoires spécialisés ont développé d’autres tests, le tout pour permettre
un diagnostic le plus précoce possible, en général dans les 6 premières
semaines. La durée totale de suivi jusqu’à disparition des anticorps
passifs d’orgine maternelle est de 3 à 10 mois.
Il faut savoir que lorsque l’enfant est traité par pyriméthamine/
sulfamides, sa sérologie peut transitoirement se négativer, ce qui ne
signifie pas qu’il est non infecté.
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Formes cliniques
La toxoplasmose congénitale peut être sévère, avec une fœtopathie
ou une atteinte cérébrale avec hydrocéphalie. Le plus souvent elle est
asymptomatique à la naissance, mais elle peut alors évoluer vers une
choriorétinite, qui dans de rares cas extrêmes entraînera un risque de
cécité. Les atteintes oculaires peuvent se révéler de façon retardée dans
l’enfance voire à l’adolescence. Le pronostic de la toxoplasmose congé-
nitale est multifactoriel ; il dépend surtout du moment de la séro-
conversion, le risque d’atteinte cérébrale étant plus élevé lorsqu’il s’agit
d’une contamination en début de grossesse (Figure 2). Quant aux lésions
de choriorétinite, leur incidence est moins liée à l’âge gestationnel lors
de l’infection (Figure 3).
Figure 2 - Risque d’apparition de signes cliniques avant l’age de 3 ans chez les
enfants ayant une toxoplasmose congénitale selon le terme de séroconversion
maternelle (Étude SYROCOT), N = 473
Taux
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Figure 3 - Risque de choriorétinite avant l’âge de 3 ans chez les enfants ayant une
toxoplasmose congénitale selon le terme de séroconversion maternelle (Étude
SYROCOT), N = 526
Taux
Âge gestationnel
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Évaluation du pronostic
L’évaluation repose sur le terme à la primo-infection maternelle et
surtout l’échographie. Lorsque le suivi échographique est normal, le
pronostic est favorable, même s’il existe un risque de choriorétinite
entraînant exceptionnellement des troubles visuels cliniques. Les signes
cérébraux majeurs sont clairement de mauvais pronostic, associés au
décès ou à de lourdes séquelles. Dans la plupart de cas avec signes
échographiques, il persiste une incertitude pronostique. Surtout, le suivi
anténatal doit être itératif, mensuel, car les anomalies peuvent être
d’apparition très retardée.
Terme à la séroconversion
Il s’agit du principal facteur de risque, puisque le risque de formes
symptomatiques sévères avec atteinte cérébrale survient essentiellement
pour des infections de début de grossesse. Parmi les fœtus infectés au
premier trimestre, un tiers présente des signes cérébraux alors que ces
signes sont exceptionnels après une infection du troisième trimestre
(Figure 2). En l’absence de signes échographiques cérébraux prénatals,
le risque de séquelles neurologiques est faible. Dans une série de Berrébi
et al. [2], sur 36 enfants avec toxoplasmose du premier trimestre et sans
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Marqueurs biologiques
On ne dispose pas de marqueur utile en pratique pour établir le
pronostic. Les études anciennes sur le sang fœtal n’ont pas mis en
évidence de relation entre les signes de fœtopathie et l’évolution, ce
d’autant que le taux d’interruption de grossesse était élevé à l’époque.
Une étude de Romand et al. [23] a montré que pour des infections avant
20 SA, une charge parasitaire élevée dans le liquide amniotique était
associée à un moins bon pronostic, mais la valeur prédictive n’est pas
suffisante pour en faire un élément décisionnel.
Signes échographiques
La mise en évidence de signes échographiques est l’élément le plus
important. Toutefois, cette évaluation est souvent délicate car les signes
peuvent être non spécifiques, transitoires, de signification pronostique
mal définie. Surtout, comme pour toutes les fœtopathies infectieuses, la
mise en évidence des anomalies échographiques est retardée par
rapport à la contamination.
Dilatation ventriculaire
L’hydrocéphalie est le signe le plus clairement péjoratif en cas de
toxoplasmose congénitale, car elle est associée à un risque élevé de
retard mental, même s’il est souvent modéré, et d’autres troubles
neurosensoriels et neurologiques, dont des convulsions. Deux méca-
nismes physiopathologiques sont en cause, une obstruction de l’aqueduc
de Sylvius et/ou des abcès périventriculaires. Dans les cas extrêmes, il
peut y avoir une atteinte corticale diffuse [28]. Les dilatations ventri-
culaires de la toxoplasmose sont typiquement bilatérales et rapidement
évolutives [29], passant d’une mesure à peine supérieure au seuil à un
aspect de ventricule latéral « soufflé ». Il n’y a pas d’augmentation du
périmètre crânien. Les dilatations ventriculaires sont souvent associées
à des densités intracérébrales et autres lésions corticales ou parfois
cérébelleuses, voire de la ligne médiane.
Densités intracérébrales
Les densités, souvent appelées à tort calcifications en raison de leur
évolution en imagerie postnatale, peuvent être détectées en échographie
anténatale, mais apparaissent avec un certain délai après l’infection. Elles
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Signes extra-cérébraux
Les autres signes [30] sont liés à la fœtopathie, d’une part la
placentomégalie, l’ascite (en général peu volumineuse), ou plus
rarement des épanchements pleural ou péricardique, une hépatomégalie
ou des densités intrahépatiques. L’évolution peut se faire vers la mort
fœtale, la stabilisation ou souvent la régression. La signification
pronostique est difficile à établir lorsque les signes sont isolés.
Place de l’IRM
Avec la technologie actuelle, l’IRM fœtale est un complément utile
pour interpréter des images échographiques anormales ou suspectes du
cerveau fœtal. Elle n’a en revanche pas de place dans le dépistage des
anomalies, qu’il s’agisse de dilatations ventriculaires ou de densités
intracérébrales.
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6. TRAITEMENT
Il n’y a pas de preuve directe, car il n’a jamais été réalisé d’essai
clinique du traitement in utero après DAN positif contre un groupe
contrôle comparable, donc randomisé.
Il existe plusieurs arguments indirects en faveur de ce traitement in
utero :
– l’expérience du traitement postnatal (pyriméthamine + sulfa-
mide), bien qu’il faille être prudent devant l’absence d’essai théra-
peutique contrôlé et compte tenu de la variabilité des schémas
thérapeutiques proposés, avec des durées de 3, 12 ou 24 mois ;
– la diminution du nombre d’enfants suivis pour des formes sévères
de toxoplasmose congénitale, toutefois d’autres facteurs peuvent
jouer, en particulier la diminution des séroconversions et l’impact
des IMG pratiquées pour les formes graves ;
– la comparaison avec les cohortes des États-Unis, où la morbidité
due à la toxoplasmose congénitale reste élevée par rapport à la
France, mais il y a un biais de recrutement en l’absence de dépis-
tage, car seuls les cas symptomatiques sont diagnostiqués et
suivis.
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CONCLUSION
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Bibliographie
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