Terre de Feu
La Terre de Feu (en espagnol : Tierra del Fuego) est le nom donné à l'archipel qui se trouve à l'extrême sud du continent sud-américain. Divisé entre l'Argentine et le Chili, composante de la Patagonie, il est composé d'une île principale — la grande île de la Terre de Feu, communément appelée « Terre de Feu » — et d'une grande quantité d'îles plus petites comme les îles Dawson, Navarino, Hoste et l'île des États.
Terre de Feu Tierra del Fuego (es) | ||||
Terre de Feu vue de l'espace. | ||||
Géographie | ||||
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Pays | Argentine Chili |
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Localisation | Océan Pacifique, océan Atlantique | |||
Coordonnées | 54° S, 70° O | |||
Superficie | 73 753 km2 | |||
Île(s) principale(s) | Grande île de la Terre de Feu | |||
Point culminant | Mont Shipton (2 469 m sur Grande île de la Terre de Feu) | |||
Géologie | Îles continentales | |||
Administration | ||||
Argentine | ||||
Province | Province de Terre de Feu | |||
Chili | ||||
Région | Magallanes et Antarctique chilien | |||
Démographie | ||||
Plus grande ville | Río Grande | |||
Autres informations | ||||
Découverte | Préhistoire | |||
Fuseau horaire | UTC-4 (Chili) UTC-3 (Argentine) |
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Géolocalisation sur la carte : Terre de Feu
Géolocalisation sur la carte : Argentine
Géolocalisation sur la carte : Chili
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Île d'Argentine, Île du Chili | ||||
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Géographie
modifierLocalisation
modifierSitué à la confluence des océans Atlantique à l'est et Pacifique à l'ouest, l'archipel de la Terre de Feu est limité au nord par le détroit de Magellan qui la sépare de la Patagonie argentine puis chilienne (notamment l'île Riesco et la péninsule Muñoz Gamero). Au sud, le passage de Drake sépare les îles du continent Antarctique. Seules six îles se trouvent dans l'océan Atlantique, les îles Deceit, Freycinet, Lennox, Nueva, Picton et l'île des États.
La punta Anegada est le point le plus au nord de la grande île de la Terre de Feu ainsi que de la Terre de Feu. Le cap Horn est le point le plus méridional de la Terre de Feu et de l'Amérique du Sud. L'île des États marque l'extrémité orientale de l'archipel fuégien et est séparée de la grande île de la Terre de Feu par le détroit de Le Maire. L'île Desolación constitue avec le cabo Pilar l'aboutissement occidental de l'ensemble insulaire. Ce dernier s'étend dans ses plus grandes dimensions sur plus de 400 km du nord au sud et sur plus de 740 km d'ouest en est.
Îles principales
modifierL'archipel est composé de plusieurs milliers d'îles, la plupart très découpées et présentant de nombreux fjords, pour une superficie totale d'environ 70 000 km2. L'île principale, la grande île de la Terre de Feu, mesure 48 100 km2. Cette île est traversée au sud et à l'ouest par la cordillère Darwin, qui culmine au mont Shipton à 2 469 m d'altitude et fait partie de la cordillère des Andes. Sur sa façade atlantique, l'île est constituée d'une grande plaine. Dans l'Ouest de l'archipel, les deux plus grandes îles sont Santa Inés et l'île Desolación. Le canal Beagle sépare la grande île des îles Hoste et Navarino.
Encore plus au sud de l'île Navarino, par delà la baie Nassau, se situe un espace insulaire composé entre autres des îles Wollaston et des îles L'Hermite. Ces dernières comportent l'île Horn, la plus méridionale, sur laquelle est situé le cap Horn[1].
Frontière
modifierL'archipel est divisé entre l'Argentine et le Chili. Plus exactement, la grande île de la Terre de feu est divisée entre le Chili à l'ouest (environ deux tiers de l'île) et l'Argentine à l'est (le tiers restant) suivant le méridien 68° 36′ 38″ Ouest depuis 1881[2]. Le canal Beagle forme ensuite la frontière entre les deux pays. Au bout du détroit, trois îles, Lennox, Nueva et Picton, furent l'objet d'un différend territorial qui débuta vers 1840 et qui conduisit les deux pays au bord d'un conflit armé en 1978. Après médiation du Vatican, un traité fut signé le qui assigna au Chili la souveraineté sur les trois îlots.
La partie argentine fait partie de la province de province de Terre de Feu, la partie chilienne étant partagée entre la province de Terre de Feu (Chili) (au nord) et de l'Antarctique chilien (au sud), toutes les deux dans la région de Magallanes et de l'Antarctique chilien.
Histoire
modifierAvant l'arrivée des Européens, la région était habitée par des Autochtones d'Amérique depuis près de 12 000 ans. Les Selknams étaient essentiellement des chasseurs-cueilleurs, alors que les Yagans et Alakalufs étaient des pêcheurs nomades vivant dans les nombreux canaux[3]. Ce sont d'ailleurs les feux allumés par ceux-ci, et qui étaient visibles depuis l'océan, qui donnèrent son nom à l'archipel. Les noms de Terre des Fumées et Terre des Feux furent choisis par Fernand de Magellan, capitaine de la première expédition européenne à atteindre les îles et à traverser le détroit qui porte son nom, en 1520. Le roi d'Espagne Charles Quint nommera officiellement et définitivement l'archipel Terre de Feu.
Les navigateurs supposèrent que la Terre de Feu était un continent jusqu'en 1578, quand Sir Francis Drake descendit suffisamment au sud pour être convaincu qu'elle était entourée d'eau, mais la première circumnavigation de la Terre de Feu fut effectuée par l'expédition Garcia de Nodal en 1619. Lors du premier voyage du HMS Beagle en 1830, quatre autochtones de Terre de Feu furent capturés pour être présentés devant le roi et la reine du Royaume-Uni, où ils accédèrent d'ailleurs à une relative célébrité. Les trois survivants retournèrent en Terre de Feu avec le Beagle en compagnie de Charles Darwin.
Au XIXe siècle, les Européens installés sur ces îles (éleveurs, pêcheurs, exploitants de mines d’or) y perpétrèrent de terribles massacres et transmirent des maladies, réduisant à presque rien les populations autochtones. Les missionnaires qui recueillaient les survivants ont contribué à leur déclin par déculturation et en leur transmettant des maladies exogènes.
Dans le cadre de l'année polaire internationale, la France mena une expédition scientifique en Terre de feu entre 1882 et 1883. Depuis, l'institution en zone franche, puis la découverte de gisements de gaz naturel et de pétrole ont permis un renouveau de l'économie de cette région.
C'est à partir des années 1980 que le tourisme a fortement progressé, grâce notamment à la réputation de la région pour la pêche sportive dans les rivières des estancias et à l'image de « bout du monde » dont bénéficie la Terre de Feu. De « la ville la plus australe », Ushuaïa, partent de nombreux bateaux de croisières vers le cap Horn, vers l'Antarctique, dans les canaux fuégiens. L'Estancia Haberton (la première estancia de la Terre de Feu), le Parc national Tierra del Fuego, le canal Beagle et ses îles sont aussi très visités par de nombreux touristes du monde entier.
Climat
modifierLa Terre de Feu est divisée en deux régions climatiques : le sud, montagneux, (cordillère Darwin et mont Sarmiento) est humide et nuageux ; et le nord, steppique, est plus sec et venteux. Les différences de température, par exemple, entre Rio Grande et Ushuaïa : la température moyenne de la première qui se trouve au nord est de 10 °C alors qu'Ushuaïa au sud, est de 5 °C[4]. Au printemps (automne austral), les températures sont douces : 20 °C la journée et entre 5 et 10 °C la nuit[4].
Les vents y sont d'une violence rarement constatée en d'autres parties du monde, les pluies y sont presque quotidiennes, la température moyenne varie de 0 à 5 °C pendant la saison froide (hiver austral) et de 5 à 10 °C pendant la saison chaude (été austral).
Faune et flore
modifierParmi les animaux qui peuplent la Terre de Feu, on peut mentionner différentes espèces de rapaces nocturnes, de laridés (goélands, mouettes) et d'alcédinidés (martins-pêcheurs), le manchot royal, la conure magellanique, le colibri du Chili, le condor. On peut aussi mentionner le renard et le guanaco.
Le castor du Canada, introduit par l’Argentine dans les années 1940 pour développer un commerce de fourrure, a proliféré jusqu'au Chili et même jusqu'au continent[réf. nécessaire]. Il cause aujourd'hui d'importants dégâts aux forêts de l'archipel. Son éradication est étudiée par les autorités chiliennes et argentines. Vues du ciel, les immenses forêts qui bordent les cours d'eau et les lacs de la Terre de Feu présentent de grands vides qui révèlent les dégâts infligés par ces castors.
La Terre de Feu est également réputée pour la pêche sportive de la truite. Les forêts de la Terre de Feu offrent peu de variété, seules cinq ou six espèces de grands arbres sont connues, dont trois sont du hêtre, deux variétés d'une espèce de magnolia et un genre complètement indigène de cyprès.
Démographie
modifierDu côté argentin, sur la côte sud de l'île, et baignée par le canal Beagle, se trouve Ushuaïa, avec 81 007 habitants[5] sur la côte atlantique se trouve la ville de Río Grande avec 98 277 habitants[6] ; entre les deux villes se trouve Tolhuin, avec 9 879 habitants[7].
Du côté chilien, la plus grande ville est Porvenir, sur Isla Grande, baignée par le Détroit de Magellan, habitée par 9 707 personnes. Puerto Williams, sur l'île Navarino, sur la côte sud du canal Beagle, compte environ 1 868 habitants, puisque selon le recensement 2012 l'ensemble de Cabo de Hornos compte 3 180 habitants. Cette localité est plus au sud que Ushuaïa et son titre de ville la plus méridionale du monde est donc contesté.
Habitants
modifierL'archipel de Terre de Feu est assez peu peuplé. Les premiers habitants (les fuégiens), des autochtones au mode de vie de chasseurs ou de pêcheurs, ont disparu de même que leur culture, du fait de génocides, de maladies importées par les colons, de l'alcoolisme, de l'appropriation de leurs terres et du métissage. Quatre ethnies se partageaient le territoire : à l'extrême est de la grande île, les Mánekenks ou Haush, dans le reste de cette dernière, les Onas ou Selknams, au sud du canal Beagle et dans les îles du sud, les Yagans ou Yamanas, à l'ouest et le long du Détroit de Magellan, les Alakalufs ou Kawésqars.
Du côté argentin se trouve Ushuaïa, 56 825 habitants (2010), sur la rive sud de la grande île, baignée par le canal Beagle. Sur le côté atlantique se situe la ville de Río Grande, 66 475 habitants (2010). Et entre ces deux villes, Tolhuin, un village de 2 000 habitants environ. Du côté chilien, la plus grande agglomération est Porvenir, sur la grande île, baignée par le détroit de Magellan, habitée par 5 400 personnes. Puerto Williams, sur l'île Navarino compte environ 2 262 habitants ; ce village est légèrement plus au Sud qu'Ushuaïa et de ce fait détient le titre de village le plus au sud de la planète (si on ne considère pas Puerto Toro ou les stations scientifiques de l'Antarctique comme des villages).
Dans les arts
modifierCinéma
modifier- Les Colons, film sorti en 2023 et réalisé par Felipe Gálvez.
Notes et références
modifier- « Terre de Feu », sur encarta.msn.com, web.archive.org (consulté le ).
- (es) José Luis Alonso Marchante, Menéndez, el rey de la Patagonia, Santiago, Catalonia, .
- (es) Alberto Harambour, Soberanías Fronterizas. Estados y capital en la colonización de Patagonia (Argentina y Chile, 1830-1922)., Valdivia, Universidad Austral de Chile, (lire en ligne).
- « Futura voyages : Géographie de la Terre de Feu », web.archive.org (consulté le ).
- (es) « Censo 2010 ».
- (es) « Census 2010 » (archivé sur Internet Archive).
- (es) « Censo 2010- Dirección Provincial De Estadística y Censos », sur economia.tierradelfuego.gov.ar.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Jean Raspail, Adios, Tierra del Fuego, éd. Robert Laffont, 2001, (ISBN 2-221-09517-0) L'auteur a été consul général du Royaume d'Araucanie et de Patagonie.
- Jean Raspail, Qui se souvient des hommes, Robert Laffont, 2001, (ISBN 2-221-09517-0)L'auteur décrit, de manière romancée, la vie des Kawéskars et le pays où évoluent ces nomades de la mer en canots, depuis le paléolithique.
- Francisco Coloane, Tierra del Fuego, Phébus, 2005, (ISBN 2-85940-874-6)
- Francisco Coloane, Le Golfe des peines, Phébus, 1997, (ISBN 2-85940-479-1)
- Francisco Coloane, Cap Horn, Phébus, collection « Libretto », 2005, (ISBN 2-7529-0081-3)
- Patricio Manns, Cavalier seul, Phébus, collection « Libretto », 1996, (ISBN 2-85940-624-7)
- Georges Perec, W ou le Souvenir d'enfance, 1975
- José Emperaire, Les Nomades de la mer, Sdemer Capharnaum Éditions 2003, (ISBN 978-2-913490-14-7)
- Bernard Boyer, Terre de Feu, extrême Patagonie, Éditions Bernard Boyer, 2008, (ISBN 2-9514142-2-6)
- Bernard Boyer, Patagonie et bouts du monde, Éditions Bernard Boyer, 2014, (ISBN 2-9514142-3-4)
Articles connexes
modifier- Région de Magallanes et de l'Antarctique chilien
- Séisme de 1949 en Terre de Feu
- Ruée vers l'or en Terre de Feu
- Extermination des Selknam
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :