La noyée de Zanflamme
Par Régine Le Jeune
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Régine Le Jeune débute sa carrière d’auteure après un atelier d’écriture où elle rencontre Ricardo Montserrat. Elle publie sa première contribution en 1997 chez Gallimard avec Zone mortuaire. Marquée par la crise du Covid, elle présente un roman qui interroge la peur, les bouleversements de nos vies et la fragilité de notre liberté.
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Aperçu du livre
La noyée de Zanflamme - Régine Le Jeune
Préface
En effeuillant la Marguerite du (très beau) roman de Philippe GUILLERME, « À la folie », j’ai apprécié cette rare authenticité d’un vécu immersif dans les structures psychiatriques.
Ce récit réaliste illustre de manière existentielle les déséquilibres psychiques et leurs tentatives de remédiation. Une meilleure connaissance des conditions dans lesquelles un individu en souffrance est pris en charge par la société est éclairante pour nous qui sous-estimons sa complexité. Et il est remarquable d’y constater l’importance des dialogues entre soignants et soignés.
Corollairement, nous découvrirons à terme la lucidité qui conduit à la seule véritable issue :
« La pair-aidance (qui) est une trajectoire de rétablissement laquelle repose sur une entraide entre personnes étant ou ayant été atteintes d’une maladie somatique, psychique ou vivant une problématique sociale. »¹
Notons que ce roman réaliste mais à dimension poïétique constitue une excellente base pour un séminaire de type « ciné-débat » où les participant(e)s échangeront leurs propres expériences et ressentis, comme cela se fait si bien au sein de l’UNAFAM. C’est d’ailleurs ce que nous envisageons de faire au sein d’une exposition où l’iconographie et l’art-thérapie auront leur juste place. (…)
Il nous semble qu’ayant puisé dans ces épreuves une telle lucidité et solidarité ces êtres souvent hypersensibles que l’on pourrait qualifier « d’autrement capables »² (selon le terme d’Eric PLAISANCE…) mériteraient tout particulièrement d’accéder au bonheur, et la société devrait être plus attentive à cette postface…
Patrick Curran (HDR) dit O’corrain,
Scénographe
La vraie vie
8 janvier 2022
— J’ai cru devenir fou. Des phrases hurlaient dans ma tête, aussi vraies que la radio à plein tube : ils vont tuer ta mère et égorger son ami ! avait raconté Christian, j’avais le pied enfoncé sur l’accélérateur.
Il avait roulé vite sans penser faire un seul arrêt. Des paragraphes entiers faisaient irruption, par le sommet de son crâne descendant jusqu’aux oreilles, et les mots ne baissaient pas en intensité. Ne sachant ni le vrai ni le faux, il se devait d’être sur place, voir quel secours il pouvait porter à ses anciens.
Sur huit cents kilomètres au volant, traversant la France en diagonale, il ne s’était arrêté qu’une fois pour vérifier si les voix persistaient où qu’il aille. Elles venaient habiter toute sa tête comme une violence faite à un animal. Il ne pouvait plus penser. Son « moi » avait disparu Il agissait par réflexes, rapidement, comme s’il n’y avait plus une seconde à perdre devant sa propre mort imminente où l’emprise totale de la folie sur sa personne.
Du haut de ses quarante ans, il rechignait à faire marche arrière sur son passé. Il y avait pourtant eu des prémices : une décennie auparavant, il s’était senti un peu borderline, un peu clivé et avait eu droit à une première hospitalisation pendant une semaine dans le sud de la France. L’angoisse à fleur de peau, il s’était exprimé de manière intelligible sur son mal-être si bien que les moyens coercitifs n’avaient pas été employés, ce qui n’était pas le cas de tous. Il avait simplement, après quelques cachets, eu la visite de la psychiatre accompagnée d’une dizaine de « blouses blanches », des stagiaires, pour voir de près ce qu’était un patient à la pathologie plurielle.
10 janvier 2022
À cette époque et en ce lieu du sud-est de la France, Christian avait pu écouter, les yeux écarquillés, le récit de Sofiane, un patient qui partageait sa chambre : arrivé également dans une grande agitation, celui-ci avait directement pris la direction de la chambre d’isolement, habillé de vêtements de contention, avec l’injection d’un puissant sédatif. Alors que Sofiane résistait, dans l’espoir de trouver une oreille bienveillante qui comprendrait son mal-être et sa souffrance, il avait vu la mort de près et, à défaut, une annihilation totale de son être : un infirmier lui avait collé un oreiller sur le visage, en faisant pression pour qu’il ne puisse plus respirer. Puis, après avoir relâché la pression, cet infirmier en blouse blanche avait souri de très près à Sofiane, avant de recommencer. Ceci pendant sept bonnes minutes. Drôle de jeu qui intimait une obligation intenable d’abandon et de soumission. Peut-être avait-il commis l’erreur de s’appeler Sofiane.
Christian, lui, qualifié de psychotique chronique, avait gardé le plus de distance possible avec le personnel soignant de ce service. « Ils n’ont pas vu qui j’étais », dira-t-il plus tard. Ravalant sa souffrance de ne pas être reconnu comme sujet, il avait décidé de dire « oui » à tous les médicaments qui lui avaient été prescrits. C’était la seule solution pour sortir de cet ersatz de psychiatrie publique qui tenait tant bien que mal au sein de l’hôpital général, face aux nombreuses cliniques payantes. Comme Christian n’avait aucune attache, il ne s’est pas fait prier pour partir se faire soigner ailleurs. Direction le sud-ouest, avec le fourgon qui le déplaçait, de petit boulot en petit boulot, comme en quête d’une terre d’asile.
11 février 2022
Un mois s’était écoulé, avant la deuxième véritable hospitalisation. Cette fois, il fut accueilli avec une forme de convivialité et de bonhomie de la part du personnel soignant. Mais lorsqu’il avait demandé à la psychiatre référente, combien de temps il allait devoir absorber des médicaments, somme toute anodins, celle-ci lui avait répondu, avec la certitude tranchante de celles et ceux qui ont vu de nombreux cas passer sous leurs yeux : « Toute la vie ». Stupeur sur le coup, puis abattement. Il avait pris tout son temps pour absorber l’information, mais une inquiétude, comme une petite arête de poisson dans la gorge, le ramenait souvent à la maladie. À cette époque, il inhibait ses angoisses, mesurait ses mots et sa réflexion mais il ne cessait pas de tourner en rond, autour de son propre sort. C’était le bon moment dans ce nouvel hôpital, pour cerner cette maladie mentale et trouver les bons moyens pour en sortir. Il était encore loin de savoir ce qu’il allait découvrir : l’amour-passion ou la démence.
12 février 2022
À cette époque, Christian parvenait, grâce aux médicaments, à distinguer les voix hallucinatoires de celles qui, bien réelles, venaient de l’extérieur. Également, certains sons indistincts formaient, dans sa tête, des phrases cohérentes auxquelles il ne prêtait pas de crédibilité. Il s’était alors résolu à un traitement sur le fond qui ne pouvait être fait qu’en un lieu dédié à la maladie mentale : l’hôpital psychiatrique public. En proie à une grande anxiété, il ferait une entrée dont il se souviendrait longtemps, dans cette région proche de l’atlantique. Lui, d’habitude discret et conciliant, se voit encore dire :
— Je veux qu’elles me quittent… en haussant fortement le ton. Qu’elles me laissent vivre ma vie.
Pendant quelques secondes, les soignants ont bien cru qu’il s’agissait d’une femme et qu’il allait mettre le bureau en miettes, avec son mètre quatre-vingt-dix pour cent kilos. Il s’était emparé d’une chaise, et frappait sur le sol, invectivant les infirmiers. La réaction fut immédiate : l’un saisit un des deux bras pendant qu’un autre tentait de le ceinturer pour qu’il s’assoie. Trop tard : le poing de Christian était parti d’un coup, accompagné d’un « pauvre type ». Mais l’infirmier avait eu le réflexe d’esquiver, ce qui avait déstabilisé Christian qui avait cessé de vouloir se battre. Christian avait continué à vociférer, et là, chacun a compris la colère qui l’habitait. Elle n’était pas dirigée contre une femme, mais contre la folie qui revenait dans sa vie d’une manière inattendue et violente.
Ce « elles » qu’étaient les voix, chaque être humain mortel ne pouvait pas l’envisager sans une peur terrifiante : la folie sans espoir de retour. Malgré cette angoisse très vive, pendant laquelle il voyait parfois le tableau de Munch, « le cri » qu’il voulait pousser, Christian devenait incohérent dans ses propos et l’équipe infirmière ne l’écoutait plus.
— Pourquoi ne m’avez-vous rien dit, vous les soignants, continuait-il, pourquoi vos collègues du sud-est de la France ne m’ont rien dit de précis ?!?! Les psychiatres ont un devoir d’information auprès des soignés. Je n’aurais pas eu peur, si on m’avait dit les choses auparavant… Vous croyez peut-être que c’est hilarant, drôle à raconter aux copains !
— Mais non monsieur, nous sommes là pour vous soigner, avait finalement rétorqué une infirmière qui faisait, malgré tout encore preuve de bienveillance. Vous savez, l’évolution de la maladie est différente selon chaque personne. On ne peut pas prévoir ce genre de crise. En dernier ressort, c’est au malade de comprendre sa maladie et de prendre en main les contre-feux.
— Mais lâchez-moi donc !!! Lâchez-moi, demandait Christian. J’ai encore quelques trucs à vous dire calmement : vous voudriez que la psychiatrie se montre comme une science ! Mon œil, oui ! La psychiatrie ne fait que tendre vers la science, avec son objet de prédilection qui est le cerveau. Mais c’est au patient de faire tout le boulot. J’ai eu le temps de lire quelques bouquins, figurez-vous. Bon courage aux scientifiques pour déballer toutes ses synapses et recréer des connexions perdues ! Je compte l’exploration du cerveau en centaines d’années. Je leur souhaite bien du bon temps à tous les scientistes !!!
À nouveau, Christian tentait de se lever en agitant les bras et les poings :
— Le moteur principal de la guérison est la prise à bras le corps de sa maladie, soi-disant. Reconnaître l’arrivée des moments de crise, des moments où ça ne va pas fort et avoir un dosage adapté. Mais le moteur est avant tout l’homo sapiens. Et là, dans la mise en mot des maux, l’hôpital vaut zéro ! Avec quelque vingtaine de neuroleptiques, vous croyez pouvoir soigner toutes les maladies psychiques… le management que vous subissez vous a fait perdre le sens profond de votre travail : l’humain au centre d’un service public pour tous. Accueillir la personne dans sa totalité, avec les moyens de la recevoir sous toutes ses acceptions. Mais maintenant, il est trop tard. Le droit à la santé, c’est le fric !
— Maintenant on se calme !!! On se calme !!! disait un infirmier.
Puis le second s’était fait plus pressant :
— Maintenant on se calme vraiment. Là, voilà ! restez assis !!! Vous êtes venus pour quoi au juste ?!?! dit le plus costaud avec une voix grave. Pour retrouver la quiétude et le calme, non ? Alors, commencez par vous-même et arrêtez de dire n’importe quoi !
— Se calmer ?!?! Je vous ennuie, hein ? Rassurez-vous, vous n’avez pas fini
