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L'Egaré: Les Quatre Royaumes de Lakoele
L'Egaré: Les Quatre Royaumes de Lakoele
L'Egaré: Les Quatre Royaumes de Lakoele
Livre électronique519 pages11 heures

L'Egaré: Les Quatre Royaumes de Lakoele

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À propos de ce livre électronique

Je ne sais plus rien de moi. Tous mes souvenirs ont disparu. Qu'est-ce que je fais nu au milieu de cette prairie ?
Qui sont ces mystérieux cavaliers orientaux et leur terrifiant chef qui me traquent ? Et pourquoi, suis-je le seul à voir ces sphères métalliques flotter dans les airs ?
L'Egaré, c'est comme ça, que la fille m'a appelé.
En compagnie d'une jeune princesse rebelle et d'une sorcière nordique, je vais devoir parcourir les terres hostiles des Quatre Royaumes de Lakoele à la recherche de souvenirs que j'aurais sans doute dû oublier.
Ce roman d'Héroïc Fantasy comporte des scènes parfois choquantes et explicites. Il s'adresse à un public averti.
LangueFrançais
ÉditeurBoD - Books on Demand
Date de sortie4 sept. 2024
ISBN9782322514281
L'Egaré: Les Quatre Royaumes de Lakoele
Auteur

Sebastien Hourticq

Sébastien HOURTICQ, ingénieur dans un laboratoire de contrôles en environnement, est titulaire d'un diplôme scientifique d'études supérieures spécialisées de l'université de Paris-Saclay. Il est également président de l'association La Confrérie Ludik. Passionné par le fantastique et la science-fiction, il souhaite faire partager à ses lecteurs des aventures souvent sulfureuses, hors du commun et divertissantes.

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    Aperçu du livre

    L'Egaré - Sebastien Hourticq

    CHAPITRE 1 : CHADIA

    Impossible d’ouvrir les yeux. Tout mon corps semblait endolori. Je ne pouvais pas dire que j’avais réellement mal mais je me sentais faible et courbaturé. Cependant, mon inquiétude ne vint pas de cet état de faiblesse physique mais plutôt de son origine. Je n’avais plus aucun souvenir. Rien ne me revenait en tête.

    Puis, une odeur d’herbe fraichement foulée titilla agréablement mes narines. Finalement, j’entrouvris mes paupières laissant ma vue s’habituer à la lumière environnante. Qui étais-je ? Où étais-je ? Je n’en avais pour le moment aucune idée. Mes muscles se contractèrent, mon ouïe perçut des bruits un peu plus loin. Je les identifiais comme ceux de chevaux. Oui, je savais ce qu’étaient des chevaux ou bien encore de l’herbe. Mais des données me manquaient. Quelque chose se bloquait dans mon esprit m’interdisant d’en savoir plus car j’en savais assurément plus. J’en avais l’intime conviction.

    Une légère brise me fit frissonner. J’étais nu. En clignant des yeux, je parvins finalement à retrouver ma vision et à chasser ce flou handicapant. J’étais étendu dans une plaine à même l’herbe grasse. De nombreux bosquets se dressaient fièrement sur des collines verdoyantes cherchant la lumière réconfortante d’un soleil massif. Une rivière slalomait autour des monticules de verdures. Un peu plus loin, la lisière d’une vaste forêt composée de grands arbres centenaires marquait le début d’un nouveau territoire.

    Les chevaux se rapprochaient et mon instinct me dicta de ne pas rester étendu là à attendre l’arrivée des cavaliers. Certes, cela aurait été sans doute la meilleure façon de savoir pourquoi j’étais là au milieu de nulle part, dans un endroit que je ne connaissais pas. D’ailleurs, à dire vrai, je ne me rappelais pas connaitre un quelconque autre endroit. Aussi, ai-je préféré infliger un effort douloureux à mon corps pourtant très musclé pour le forcer à me porter dans un bosquet non loin.

    Je me jetais dans un fourré touffu et me dissimulais le long d’un tronc d’arbre pour observer discrètement les arrivants. Ma peau d’ébène m’aida à me fondre dans la pénombre.

    Ils avaient plutôt fière allure. La troupe était composée d’une dizaine de cavaliers montés sur des purs sangs. Tous portaient la même tenue d’aspect oriental. Une grande robe noire de bédouin et un pantalon bouffant de la même étoffe se mariaient parfaitement avec le large turban noué qui dissimulait complètement leurs traits. Une ceinture en bandoulière supportait un lourd cimeterre à la crosse d’argent richement décorée. Certains avaient même un arc court accroché dans le dos.

    Le groupe fit halte à l’endroit même où je m’étais réveillé quelques minutes auparavant. L’un des guerriers, car de tout évidence ils n’avaient pas l’apparence de marchands, mit pied à terre et scruta attentivement la zone. Si parmi eux, un seul avait des notions de pistage, ils ne mettraient pas longtemps à me trouver. Il suffisait d’observer la trace que j’avais laissée dans l’herbe en me trainant lamentablement jusqu’au bosquet.

    J’allais m’enfoncer un peu plus dans le bois quand une lame acérée se posa délicatement sur ma gorge. Une agréable odeur d’ambre et de jasmin me signala que mon agresseur était sans doute une femme. Une jeune voix suave avec un léger accent oriental me chuchota l’ordre de ne pas bouger. Nous regardâmes approcher le cavalier. De toute évidence dans quelques secondes, il découvrirait notre cachette.

    Suivant sans difficulté mes traces, l’homme écarta les premiers arbustes et avança dans notre direction. Il fallait fuir maintenant. Le fille collée à moi dut ressentir la crispation de mes muscles et intensifia immédiatement la pression de son couteau recourbé sur ma gorge. Je pus deviner de nombreux tatouages subtils dessinés au Khôl sur le dessus de sa main armée. Ses ongles subtilement peints étaient incrustés de minuscules pierres précieuses multicolores. Les effluves de son parfum m’enivrèrent rapidement.

    A ma grande surprise, le guerrier passa à quelques centimètres de nous sans nous voir. Je n’osais à peine respirer et me demandais par quel subterfuge il ne pouvait pas nous remarquer. L’homme s’éloigna puis finalement rebroussa chemin avant de rejoindre ses compagnons. Il parla dans une langue gutturale que je ne connaissais pas puis enfourcha habillement sa monture avant d’entrainer ses comparses loin de notre cachette.

    La pression de la lame se fit moins forte. Je pris un moment pour reprendre mon souffle et me retournais doucement. La mystérieuse inconnue tenait toujours dans sa main son poignard recourbé, finement ouvragé et le pointait en direction de ma poitrine. Elle portait une robe orientale en soie noire qui lui couvrait tout le corps. Un voile dissimulait ses cheveux et son visage. On ne pouvait voir que ses magnifiques yeux bleus très clairs mis en valeur par un rimmel sombre. Sa tenue partiellement transparente et légèrement indécente laissait deviner des formes parfaites, malgré son jeune âge. Elle devait à peine être sortie de l’adolescence. Des bijoux en or décoraient ses poignets et j’entraperçus un collier de perles à son cou. Poser mes yeux sur elle fut tout simplement un enchantement. Mon cœur se mit à battre la chamade. Je me sentis envouté ou plus justement ensorcelé par l’aura et le charisme qu’elle dégageait.

    - Je ne sais pas trop comment tu t’y es prise mais je te remercie de ne pas m’avoir livré à ces gens-là.

    - Je ne l’ai pas fait pour vous mais pour moi. Ces hommes étaient à ma recherche. Ce n’est que par le plus grand des hasards que vous vous êtes retrouvé à fuir en direction de ma cachette, dit-elle d’un ton légèrement hautain, voir agacé.

    Sa voix n’en était pas moins suave, teintée d’un accent oriental plutôt exotique. Décidément cette jeune femme avait bien des charmes en sa possession.

    - Qui sont ces hommes ?

    - Des Yényitchéri, les membres de la garde personnelle du tout puissant Sultan Omek III.

    - Tu vas me prendre pour un fou, mais je n’ai pas la moindre idée de ce que je fais ici, ni de qui je suis. Je me suis réveillé nu sans aucun souvenir de mon existence passée.

    Elle fouilla sa besace et en sortit une large étoffe en coton qu’elle me jeta au visage.

    - Commencez par dissimuler votre intimité. Qui que vous soyez, il est évident que l’on ne vous a pas appris les bonnes manières.

    Je me confectionnais un pagne légèrement honteux d’avoir exposé ma virilité à ses yeux.

    - Etant donnée votre allure, vous avez du vous faire détrousser par des malandrins ou bien encore vos acolytes n’ont pas voulu partager avec vous le butin que vous avez dérobé à une jeune et jolie princesse.

    Elle se mit à sourire.

    - Ça pourrait être toi, la princesse.

    La fille reprit son allure hautaine.

    - Je ne suis pas une princesse et ne me croyez pas démunie face à vous. Je vous ai déjà montré que je possédais des facultés particulières.

    - Alors dis-moi ce qu’une si jolie créature fait cachée dans un bosquet en plein milieu de nulle part ?

    - Ça ne vous regarde pas. Disons pour votre gouverne que j’ai pris la poudre d’escampette sans y être officiellement autorisée.

    Elle sembla apercevoir quelque chose sur mon épaule et son attitude changea brusquement. Elle recula vivement l’air affolé et brandit son arme devant elle pour mieux se protéger.

    - Ne m’approchez pas, dit-elle d’une voix bredouillante.

    - Qu’est ce qui se passe ?

    - Le tatouage, vous … vous êtes un Égaré.

    Je regardais vivement mon épaule et j’aperçus avec surprise un tatouage coloré représentant une sphère emprisonnant trois étoiles et la lettre E. Une savante illusion d’optique donnait l’impression que les astres finement dessinés tourbillonnaient dans la boule autour du E avec un effet en trois dimensions. Pourtant mon esprit ne sembla pas s’affoler face à ce spectacle déroutant.

    - Un Égaré, dis-tu ? Qu’est-ce que c’est ?

    - Je ne veux rien avoir à faire avec un paria. Je suis en danger en restant ici à vos côtés. Les Yényitchéri seront le cadet de mes soucis si on me prend en compagnie d’un Égaré.

    Elle semblait réellement paniquée.

    - Calme-toi. La situation est déjà compliquée pour moi. Accorde-moi quelques explications et tu pourras reprendre ta route seule en toute sérénité.

    Sa respiration haletante sembla se calmer et elle baissa son arme.

    - C’est bien ma chance, se dit-elle pour elle-même.

    - Quel est ton nom, jeune fille ?

    - Mon nom ne regarde que moi. Quand ils vous auront mis la main dessus, vous gouterez à la trépanation. En tout cas, ils tentent toujours de faire parler ceux qu’ils capturent en utilisant la trépanation.

    Elle tapota son index sur sa tempe.

    - Dis-m’en plus, s’il te plait !

    - Les Égarés apparaissent toujours vers cette période de l’année. Ils ne sont jamais très nombreux parfois cinq, rarement plus de dix. Nul ne sait d’où ils viennent vraiment. On raconte qu’ils auraient été bannis du royaume des dieux. Des anges déchus en quelque sorte. Ils sont alors envoyés ici avec le commun des mortels pour expier leur faute.

    - Charmant ! Donc je serais un paria divin. Et ici c’est où ?

    - Bienvenue dans les resplendissants Quatre Royaumes de Lakoele, répondit-elle sur un ton ironique.

    - Et qui veut ma peau ?

    - De ce que je sais, presque tout le monde. Les Égarés intéressent beaucoup de personnes car elles pensent pouvoir communiquer avec les dieux par leur intermédiaire. Certains déboursent des sommes folles pour pouvoir en capturer un. Mais les plus impitoyables sont les membres de la légion Wolfen à la solde du ténébreux roi Géhofft, seigneur incontesté des baronnies Teutoniques. Ils ont fait de la traque des Égarés un art parfaitement maitrisé.

    La gamine se redressa et se faufila plus profondément dans le bosquet sans dire un mot de plus. Elle se déplaçait agilement et gracieusement exhibant de façon outrecuidante ses formes trop généreuses pour son jeune âge. Je la suivais sur mes gardes sans rien manquer du spectacle. De toute évidence, tout en elle éveillait au plaisir. Elle était beaucoup trop parfaite.

    Au centre du bois se trouvait une petite clairière dans laquelle broutait paisiblement un cheval puissant et majestueux.

    - Je vous présente Melkor, il vient directement de l’écurie royale du Sultan. C’est une de ses plus belles montures.

    - Tu lui as volé ?

    - Pas exactement.

    Elle retira une gourde en cuir et un sachet d’une besace suspendue à la selle de l’étalon.

    - Buvez et mangez, vous en aurez plus besoin que moi.

    Je me jetais sur la nourriture offerte : du pain aux épices et des fruits secs. Puis, j’avalais goulument une désaltérante gorgée de boisson sucrée.

    Voyant la jeune fille pouffer de rire, je lui tendis la gourde, tout penaud.

    - Un vrai goinfre. Vous mangez sans aucune manière et vous allez devoir apprendre à vous rationner pour survivre. Je ne sais pas si vous êtes lié aux dieux mais j’en doute fortement. Et pensez-vous vraiment que je vais boire et manger après vous ? Là d’où je viens, bon nombre d’hommes ont eu la tête coupée pour juste oser me regarder.

    - Mademoiselle, semble être une personne d’importance. Une princesse ou une reine peut-être ?

    - Mangez et buvez. Nous reprendrons la route en pleine nuit. Le village de Folfougère n’est pas très loin. Une fois là-bas, je vous achèterai de quoi vous vêtir et vous défendre et nos routes pourront enfin se séparer.

    - Pourquoi fais-tu tout ça pour moi ? Tu ne me connais même pas et tu m’as dit que je représentais un danger pour toi.

    - Je suis comme vous : une traquée. Et une loi du Sultan dit « Si tu viens en aide à l’Égaré alors mort et souffrance seront tiennes pour l’éternité » mais un vieil adage transmis de génération en génération raconte que « l’Égaré est un dieu déchu. Aide le à retrouver sa place dans les cieux et tu recevras ton dû».

    - Je saurai te remercier une fois que j’aurai retrouvé cette mémoire qui me fait défaut. Comment as-tu fait tout à l’heure pour échapper à nos poursuivants ?

    - Le harem du Sultan est une des meilleures écoles des Royaumes de Lakoele. On y apprend dès le plus tendre âge à servir le Sultan sous toutes les formes possibles et inimaginables. La manipulation mentale et psychique est un art que peu de personnes se vantent de maitriser. Mon enseignante dans ce domaine fut la meilleure qui soit.

    - Tu servais dans un harem ?

    - J’acquerrais les connaissances et techniques nécessaires à faire de moi une bonne épouse. Mais les choses ont tourné court récemment et j’ai dû mettre un terme à ma formation.

    - Je vois. Chacun a ses secrets. Pour ma part, je n’ai rien à te révéler car je ne sais rien de moi. Je te dois sans doute la vie et je ne supporte pas l’idée qu’une enfant mette la sienne en danger pour moi.

    Elle sembla se vexer un instant.

    - Je ne suis plus une enfant. D’ailleurs, j’ai passé l’âge de la procréation cette année. Melkor m’a été offert par le Sultan en personne à cette occasion.

    - Je ne voulais pas te manquer de respect. Tu es ravissante et surprenante. Je te confie ma vie, les yeux fermés.

    Elle me sourit sous son voile. Décidément, cette fille était un don des dieux.

    - Gardez-les ouvert. Je vais devoir prendre un peu de repos pour récupérer des efforts que j’ai dû faire pour manipuler l’esprit du Yényitchéri. Réveillez-moi lorsque le soleil se sera couché.

    La fille alla s’étendre sur l’herbe à l’ombre et sembla trouver rapidement le sommeil. Comment faisait-elle pour ne laisser transparaitre aucune peur? J’étais convaincu que là d’où je venais les jeunes adultes n’avaient pas autant d’assurance et de bravoure. Je m’assis dos à un arbre et finis mon frugale repas en contemplant la petite princesse se retourner dans son sommeil. La nuit tomba rapidement et ce fut le cri d’un oiseau nocturne qui me fit sortir de mon sommeil. Comment avais-je pu piquer du nez dans une situation pareille ?

    Ma sauveuse était toujours étendue dans l’herbe et elle gémissait doucement. Je m’approchais discrètement quand quelque chose passa en volant sans bruit à quelques mètres d’elle. S’agissait-il d’une chouette ou d’une chauve-souris ? Dans la pénombre, je n’en étais pas sûr mais cela ressemblait bougrement à une sphère ronde et brillante de la taille d’un melon. La chose flotta un instant au-dessus d’elle, sembla se tourner vers moi et fila en direction de la forêt pour disparaitre dans l’obscurité.

    Quelle étrangeté est-ce donc ? J’allais réveiller ma compagne mais je ne pouvais me résoudre à le faire immédiatement. Elle était si magnifique, couchée sur l’herbe. Sa robe de soie transparente laissait parfaitement transparaitre son corps de déesse au clair de lune. Sa peau était bronzée et sans défaut. Je pouvais deviner la naissance d’une poitrine proéminente grâce à un décolleté inopinément entrouvert. A l’instant où j’allais poser une main sur son épaule pour la faire quitter les bras de Morphée, une lame surgit de sous ses étoffes. Elle bondit agilement sur ses deux pieds en me menaçant.

    - Garde ton calme ! Je ne te veux pas de mal. La nuit est tombée. Il est temps de partir, dis-je, surpris.

    Je me demandais si elle m’avait vu la contempler pendant une bonne minute. Elle s’étira gracieusement.

    - Oui, nous devons profiter de l’obscurité pour nous échapper. Sais-tu monter à cheval ? dit-elle en jonglant avec son arme.

    - Ma foi, tant que je n’aurai pas essayé, je ne pourrai pas répondre à ta question.

    Il s’avéra que j’étais un piètre cavalier. Aussi, elle prit les reines et accepta de bonne grâce de me faire monter derrière elle pour m’éviter de marcher. Nous quittâmes discrètement les sous-bois, à l’affut du moindre bruit et du moindre mouvement. Au loin, on pouvait deviner la position de plusieurs feux de camps.

    Melkor prit un peu de vitesse sous l’impulsion de sa maitresse et le cheval se mit à galoper en direction du nord. Le vent me fouettait le visage. Je tentais de faire bonne figure en me cramponnant tant bien que mal à la selle mais finalement je dus me résoudre à me coller à la cavalière et à passer mes bras autour de sa taille. Elle ne dit aucun mot. Son contact était réconfortant. Les effluves de son parfum, diffusées par le vent, m’envoutaient aussi surement qu’une puissante drogue. Je réprimais l’envie de la caresser et de chercher un contact encore plus charnel avec ce fruit interdit.

    Alors que nous étions à mi-parcours de notre objectif, la grande forêt salvatrice, des cris retentirent non loin de nous. Des cavaliers surgirent des bosquets alentours et convergèrent dans notre direction. Je ne pouvais pas voir exactement de qui il s’agissait. Pour moi, c’était déjà un miracle que notre monture puisse galoper à pleine vitesse uniquement sous le blafard rayonnement de deux lunes jumelles. Je sentis le corps de ma compagne se rigidifier et elle incita sa monture à accélérer sans prononcer aucune parole. Melkor parvint un temps à accroitre la distance qui nous séparait des poursuivants. Notre joie fut de courte durée quand, non loin des bois, une meute de cavaliers fit son apparition. Pris en étau, notre situation commençait à se compliquer dangereusement.

    La fille tenta de lancer sa monture vers la droite puis vers la gauche mais à chaque fois des assaillants surgissaient toujours en plus grand nombre. Une compagnie avait dû être missionnée pour nous mettre la main dessus.

    Les premiers cavaliers nous rattrapèrent non loin de la rivière : des Yényitchéri, à n’en pas douter.

    L’un d’eux fit tourner des boules de métal reliées à une lanière en cuir au-dessus de sa tête puis projeta son arme en direction des pattes de notre cheval. Habillement, la fille esquiva le redoutable projectile. L’animal se démenait, écoutant les ordres de sa maitresse. Tous deux semblaient faire corps et réagissaient comme une seule et même créature. Mais bientôt la demoiselle montra des signes de faiblesse. Une fatigue soudaine sembla l’assaillir et je dus la serrer fortement contre moi pour lui éviter de défaillir.

    L’un de nos assaillants se porta sur notre gauche alors que notre monture galopait dans l’eau sur la berge. A l’instant même où il allait lever son sabre pour me frapper, j’esquivais de façon vive et surprenante son coup pour lui porter un douloureux uppercut au menton. Il chuta et roula dans la boue. De toute évidence et à ma grande surprise, je disposais d’une connaissance avancée dans l’art de nuire physiquement à mon prochain. Ma condition physique était excellente et je semblais avoir d’une force accrue supérieure à la normale. Hélas, un nouveau tir fit mouche et emprisonna les pattes arrière de Melkor. L’animal perdit l’équilibre et nous entraina la tête la première dans les flots glacés du fleuve.

    Nos poursuivants ne mirent que quelques minutes à nous repêcher pour nous trainer jusqu’à la rive bouseuse. Je n’étais pas beau à voir, étalé sur le sol. Agenouillée à côté de moi, ma belle inconnue gardait toute sa splendeur. Sa fine robe souillée collait à son corps nu. Elle retira sa coiffe laissant voler au vent une longue chevelure noire et soyeuse. Un regard fier et combatif transfigurait son visage fin et sans défaut. De façon surprenante, elle se laissa tomber sur moi et étala discrètement une pleine poignée de boue sur mon tatouage d’Égaré. Je la regardais un instant dans les yeux, profitant de ce contact charnel inattendu. Elle me rendit mon regard avec connivence et je compris alors à cet instant qu’elle venait de me voler mon cœur à jamais.

    Elle fut relevée avec fort ménagement alors qu’on me bourra de coups pour me redresser. Un cavalier tourna autour de nous un moment avant de mettre pied à terre pendant que des hommes s’activaient à allumer des torches. Il avait bien l’apparence d’un Yényitchéri mais ses vêtements bleus foncés semblaient plus luxueux. L’homme impressionnant avait le visage dissimulé par un masque oblongue parfaitement lisse et sans aucun trou fait d’argent poli qui brillait à la lueur des flammes. Cela lui donnait une apparence surnaturelle et effrayante. Sa voix grave et profonde m’inspira la plus grande peur. Cet homme était-il vraiment un homme ?

    - La gracieuse Chadia ne perd jamais de sa superbe. Cet accoutrement vous va à ravir.

    Plusieurs hommes se mirent à rire.

    Le colosse s’approcha, dégaina un lourd cimeterre et sans prévenir transperça de part en part l’un d’eux. Il le souleva du sol d’une seule main avec une facilité déconcertante et après un moment le laissa retomber sans vie dans la vase ensanglantée.

    - Mille excuses, princesse. Ce vaurien a osé vous manquer de respect.

    A cet instant tous les hommes baissèrent les yeux et je suivais prestement leur exemple.

    Il dégrafa sa cape en peau de fauve et la posa sur les épaules de Chadia.

    - Vous semblez avoir froid, vos mamelons pointent comme ceux d’une nourrice prête à allaiter. Couvrez-vous avant qu’il ne prenne l’envie à l’un de mes soldats de vous contempler à nouveau.

    - Seigneur Falkomed, qui d’autre que vous, mon père aurait-il pu envoyer pour me ramener ?

    - Vous auriez pu tomber dans les griffes des pisteurs de votre futur époux, mademoiselle. Je ne pense pas que la légion Wolfen aurait pris autant de peine à vous ménager. Heureusement, nous avons eu la chance de vous trouver avant eux.

    - Auriez-vous rêvé en secret de me posséder, Seigneur ? Hélas, un autre que vous aura cette joie, moi le 5e joyau royal du Sultanat d’Abakour. C’est le choix du sultan mon père et il est dicté par les dieux.

    Elle se mit à rire insolemment et passa sa langue sur ses lèvres de façon provocante.

    - Vous venez de fêter votre dix-huitième anniversaire et vous avez toujours la langue de vipère de vos jeunes années. Je n’ai sans doute pas été suffisamment autoritaire lorsque je vous ai enseigné l’art de la guerre.

    Il se tourna vers moi.

    - Qui est ce vaurien qui vous accompagne ?

    - Un vaurien qui m’est cher.

    - Il vous a sans doute aidé à fuir. Serait-ce une vaine tentative pour retrouver votre sœur ? Je ferai bien de tuer ce bougre sur le champ afin de lui épargner mille tortures à Abakour.

    Le guerrier souleva de nouveau son arme mais Chadia se jeta à ses pieds.

    - Je vous en supplie seigneur, ne le tuez pas. C’est un fidèle esclave qui n’a fait qu’écouter mes ordres sans rien savoir de mes projets. Je lui dois plusieurs fois la vie.

    - L’instant d’avant vous me ralliez et maintenant vous vous prosternez à mes pieds. Quel genre de femme êtes-vous ?

    - Malgré votre rudesse, vous m’avez protégé depuis ma naissance. Je vous le demande comme une faveur personnelle.

    - Votre perfidie n’a donc aucune limite ? Vous usez de vos charmes pour me convaincre de lui laisser la vie sauve. Est-il votre amant ? Ce chien a-t-il abusé de vous ? Vous a-t-il ôté votre précieuse virginité ?

    - La route est longue jusqu’à Abakour. Je saurai vous divertir comme une parfaite demoiselle élevée dans le plus prestigieux des harems sait le faire.

    - Pensez-vous que j’ai hâte de sentir vos lèvres de pucelle sur ma virilité? La jouissance par la bouche de la fille adorée de notre Sultan serait une bonne contrepartie à la vie sauve de cet homme. Seriez-vous une catin prête à cela, ma tendre enfant ?

    - Seigneur Falkomed, vous êtes un pourceau. Si mon père vous entendait, il vous ferait couper la langue, dit-elle, manifestement offensée.

    - Vous avez perdu votre sens de l’humour, princesse. Je n’abuserai ni de vos charmes, ni de vos compétences. Votre sœur a déjà perdu sa virginité et la voilà bannie à jamais du pays. Je suis votre serviteur et celui de votre père depuis des années. J’ai mille fois désiré vous posséder comme tous les membres du palais à dire vrai. Vous êtes la plus belle réussite de notre vénéré Sultan. Votre esclave aura la vie sauve mais il sera torturé et emprisonné à vie comme le prévoit la loi du Sultanat. La mort aurait sans doute été plus douce que le calvaire qu’il va avoir à supporter.

    Les soldats me ligotèrent sans ménagement et on m’enferma dans une cage de fer juchée sur une carriole tirée par quatre chevaux de traits. Je n’étais pas seul dans mon étroite prison. Deux bougres se serraient dans un coin à l’opposée d’une vielle femme en guenilles. Ils croupissaient sur une couche en paille malodorante couverte de déjections. Personne ne m’adressa la parole et je trouvais rapidement un coin inoccupé pour réfléchir à ma situation. Mon mental en prenait un sérieux coup. Toujours aucun souvenir précis mais une conviction se gravait de plus en plus surement en moi : ce pays n’était pas le mien. Je n’avais rien à voir avec ces gens-là. Alors pourquoi je me retrouvais ici dans une cage à ruminer comme un lion en captivité.

    Vers la fin de journée, on m’apporta du pain, de la viande séchée, une orange et un pichet d’eau. Je soupçonnais Chadia d’avoir corrompu le geôlier pour transformer un repas frugal en diner parfaitement honorable. J’en profitais pour partager mes rations avec les autres prisonniers. J’allais m’approcher de la vieille femme quand l’un des hommes me retint le bras.

    - Ne t’approche pas d’elle, c’est une seiðkona, elle va te jeter un sort.

    - Ce n’est qu’une vieille femme épuisée.

    Je le repoussais sans ménagement et tendis le reste de mon pichet et un peu de nourriture à la prisonnière. Elle était fortement ridée et l’un de ses yeux vitreux lui donnait une apparence effrayante. Sa robe grise en lambeaux avait du mal à dissimuler sa maigreur squelettique. Pourtant, son œil valide était animé d’une lueur de vie pétillante. Elle attrapa vivement mes offrandes et se mit à mordre dedans, dévoilant une mâchoire partiellement édentée.

    - Merci, les dieux sauront te rendre ton don.

    Elle se mit à parler dans une autre langue plus chantante que je reconnus de suite comme étant ma langue natale.

    - Toute sorcière, toute conjureuse, toute nécromancienne ou toute prostituée manifestement infectée qui sera trouvée sur le territoire sera expulsée. Nous demandons à chaque prêtre d'éradiquer le paganisme et d'interdire la wilweorthunga, la licwiglunga, la hwata, la galdra, l'idolâtrie et toutes les abominations pratiquées par les hommes comme sorcellerie, et frithspottum avec des ormes et autres arbres, des alignements de pierre, et toute sorte de fantômes. Voilà la nouvelle loi de l’église qui fait de moi une créature démoniaque.

    - D’où viens-tu ? répondis-je dans la même langue.

    La femme sembla surprise.

    - Comment connais-tu la langue divine ? A part les prêtres et les érudits, peu de monde est capable de parler ce langage interdit. Approche.

    Je m’exécutais tout en restant sur ma défensive. Elle passa sa main sur mon épaule sans pour autant y effacer la boue qui masquait mon tatouage.

    - Je ressens bien mieux que je ne vois. Tu es donc un Égaré arrivé fraichement dans les Quatre Royaumes, n’est-ce pas ?

    Il était inutile de lui mentir. Je tenais peut-être ma chance d’en savoir plus sur ma condition.

    - Oui, je suis ici depuis un peu plus d’un jour. Peux-tu m’aider et m’en dire plus ? Je ne me rappelle de rien.

    - C’est le propre de l’Égaré. Je peux sans doute te guider mais nous ne pourrons rien faire tant que nous serons dans cette cage.

    - Je n’ai pas l’intention de pourrir dans une prison en plein désert. Je vais trouver un moyen de nous faire sortir d’ici.

    - Bien, l’Égaré doit toujours garder espoir. On a déjà du t’enseigner qu’il valait mieux dissimuler ta condition que de la dévoiler à tous. Tes capacités vont se révéler au fil des jours, si tu réussis à survivre assez longtemps ! Tu es plus rapide, plus fort et plus intelligent que le commun des mortels. Certains Égarés développent même des dons extraordinaires. Les puissants de ce monde ne souhaitent pas voir leur suprématie remise en question. Aussi, ils s’attachent à éliminer ces bannis par les dieux après les avoir utilisés pour communier avec leurs créateurs.

    - Mais quel est mon but exactement ? Est-ce uniquement de mourir entre les mains de despotes pour leur servir de communicateur avec les cieux ?

    - L’une des tablettes runiques explique que l’Égaré pourra retourner dans les cieux auprès des dieux, s’il prouve sa grandeur d’âme. Alors, le jour du jugement dans le temple divin primitif, il remontera parmi les siens ou finira par bruler dans les flammes du dragon.

    - Il suffit donc de faire le bien et de se rendre dans ce temple pour que tout soit pardonné.

    - Ce n’est pas aussi simple que cela, hélas. La divine bonté est très relative. Le bien et le mal n’ont pas de frontière explicite. Parfois, tu croiras faire le bien mais ceux d’en haut attendaient de toi autre chose, voir que tu fasses le mal. Ils restent seuls juges et leurs désirs te sont rarement connus.

    - Je vois. Des Égarés ont-ils réussi leur quête ?

    - De mémoire de seiðkona, très peu mais ça arrive. Donc la chose n’est pas impossible.

    - Où se trouve ce temple que je puisse être confronté au jugement ?

    - Dans le nord, à l’extrême frontière du territoire des Côtes Gelées d’où je viens. C’est un voyage long et périlleux, semé d’embuches. Es-tu prêt à l’affronter ?

    - Ai-je le choix ?

    - Alors, je t’y aiderai du mieux que je puisse si tu parviens à nous sortir d’ici.

    Elle cracha dans sa paume et me tendit sa main décharnée. Je fis de même et nous sellâmes ensemble notre pacte en nous serrant la main devant les yeux outrés des deux autres incarcérés.

    - Quel est ton nom, veille femme ?

    - Je porte de nombreux noms sur cette terre mais tu peux m’appeler Maëvilis, dit-elle d’un sourire étrangement carnassier.

    La troupe avait dressé son campement pour la nuit sur une petite colline. Malgré les conditions ambiantes exécrables, je réussis à trouver un semblant de sommeil. Mon repos fut agité par un terrible cauchemar.

    Je me tenais sur une femme partiellement dévêtue. Mes mains enserraient son cou avec violence. Ses yeux étaient exorbités et elle cherchait désespérément un peu d’air. J’étais en train de l’étrangler. Ses larmes coulaient sur ses joues tuméfiées. Je me rendis très vite compte que je n’étais pas maitre de la situation. J’étais en train de violer sans vergogne cette femme. Son rouge à lèvre se mélangeait au filet de sang qui s’écoulait lentement de sa bouche blessée. Je voulais desserrer ma prise et lui permettre de respirer mais je n’y parvenais pas. J’étais écœuré mais aucun son ne sortait de ma gorge. Tétanisé dans mon propre corps, j’assistais à la mort de cette femme inconnue. Son visage exprimait la terreur et la souffrance. Ses longs cheveux châtains s’étaient emmêlés entre eux au cours de la lutte. Elle essaya une dernière fois de se débattre et je me sentis jouir en elle à l’instant même où son cou se brisa entre mes poignes d’acier. Ses yeux gris me dévisagèrent une dernière fois avant qu’ils ne s’injectent de sang.

    Je me réveillais en hurlant. Chadia se trouvait à quelques centimètres de moi derrière les barreaux. Elle avait passé une robe orientale violette très féminine, à manches longues. Elle était ornée de jolies coutures de couleur ocre parsemées sur sa face avant et sur ses extrémités. Une ceinture d'ornement était nouée autour de sa taille et cintrait la robe mettant en exergue sa poitrine parfaitement sculptée.

    La princesse me sourit.

    - Votre nuit semblait particulièrement agitée ! dit-elle avec compassion.

    - Un cauchemar, rien de plus. As-tu réglé son compte à ce Falkomed ?

    Elle me sourit.

    - Falkomed est un ḥašašyīn. Il appartient à la secte des Nizârites dirigée par leur grand maître le mystérieux vieux de la montagne Hassan ibn al-Sabbah. Les « djins de Hassan », comme on les appelle chez nous, sont redoutés par tous et même par les puissants califes et autres vizirs. Ils mènent à bien des missions d'espionnage et des assassinats d'ennemis importants.

    J’allais lui prendre la main quand des cris d’alerte retentirent. Il se passait quelque chose dans le camp. Plusieurs soldats passèrent en courant à côté de nous. On ne voyait pas grand-chose car les torches et les feux de camp s’éteignaient un à un. Soudain, notre geôlier fut projeté en arrière et s’écrasa sur la cage. Chadia cria. Une giclée de sang avait aspergé son visage. L’homme avait été transpercé et son corps était maintenant cloué à l’attelage par une longue lance. Quelques secondes après, un bruit de charge se fit entendre et nous aperçûmes au clair des lunes une colonne de chevaliers en armures lourdes montés sur des destriers de guerre caparaçonnés de métal.

    Je m’empressais de fouiller la poche du cadavre pour en tirer les clefs et faire sauter le lourd cadenas afin de recouvrer la liberté. Les cris redoublèrent. Les premières escarmouches s’accompagnèrent des sempiternels entrechoquements d’armes. J’aidais la sorcière et les deux bougres à sortir de la cage. Ces derniers filèrent sans demander leurs restes. Il fallait profiter du chaos ambiant pour fuir rapidement. Inutile d’attendre de savoir qui allait remporter le combat. De toute façon, je ne donnais pas chère de notre peau qu’elle que soit l’issue de la bataille.

    - Grimpez sur le chariot, nous allons l’utiliser pour foutre le camp d’ici, ordonnais-je à la veille femme et à la princesse.

    Je pris les rênes de l’attelage et fouettais les chevaux pour qu’ils prennent rapidement de la vitesse. La carriole s’élança et dévala la colline projetant sur le bas-côté toute personne qui tentait de se mettre sur notre chemin. Par miracle aucun chevalier en armure ne croisa notre route. Nous nous enfonçâmes dans la nuit en direction de la grande forêt qui se trouvait non loin.

    - Qui sont ces guerriers ? criais-je à Chadia qui se cramponnait tant bien que mal au chariot.

    - Une escouade de Chevaliers Teutoniques. Nous sommes sur leur territoire et ils n’ont pas dû apprécier d’y voir camper une garnison du Sultanat. Les deux royaumes ne sont pas en guerre mais dès que l’occasion se présente, ils n’hésitent pas à en découdre. Après quelques morts de part et d’autre, ils repartiront chacun dans leurs pénates respectifs.

    - J’espère que ton mentor au masque de fer y laissera la peau et que personne ne cherchera à nous pister.

    - C’est bien mal le connaitre. En restant avec moi, tu mets ta vie en danger car je suis sans doute aussi recherchée qu’un Égaré.

    - Dites-moi les enfants, je ne voudrais pas vous inquiéter mais il semblerait qu’on se soit lancé à notre poursuite. Ma vue est faible mais mon ouïe très fine. Ils sont deux et galopent à vive allure dans notre direction, cria la vieille femme.

    - Je ne vois rien. Des chevaliers ou des camarades de la princesse ?

    - Juge par toi-même, ils seront sur nous dans un instant.

    Le premier Yényitchéri sortit de l’obscurité à notre droite et fondit sur nous. Le second nous prit en étau par l’autre côté. Une flèche siffla à quelques centimètres de mon visage. Ces satanés guerriers savaient parfaitement tirer tout en chevauchant en pleine nuit.

    Nous étions trop lourds pour les semer, il fallait les affronter sans arme. L’un des cavaliers se porta à notre niveau et sauta adroitement sur la cage en s’agrippant aux barreaux. Il dégaina un poignard et le plaça entre ses dents pour faciliter son ascension. Je confiais les rênes de la carriole à la princesse et grimpais à mon tour sur la cage pour recevoir comme il se devait notre invité. Je fus surpris par ma vélocité et mon agilité à exécuter cette périlleuse tâche. Le soldat avait à peine eu le temps de se redresser sur la carlingue qu’il recevait déjà un violent coup de pied au visage. Malheureusement pour lui, mon attaque enfonça son arme profondément dans sa bouche. Partiellement décapité, son corps resta un instant immobile en équilibre avant de s’effondrer sans vie et chuter lourdement hors du chariot.

    Son camarade tira une nouvelle flèche qui s’enfonça douloureusement dans ma cuisse gauche. Mon pied passa à travers les barreaux et je me retrouvais bloqué au sommet de la cage. Déjà, l’archer armait son arc pour me décocher un second trait mortel. Tout en criant de rage, je bandais mes muscles et me projetais à

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