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Meurtres aux Sables: Les disparus du pont de la Chaume
Meurtres aux Sables: Les disparus du pont de la Chaume
Meurtres aux Sables: Les disparus du pont de la Chaume
Livre électronique235 pages3 heures

Meurtres aux Sables: Les disparus du pont de la Chaume

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À propos de ce livre électronique

En 2018, des ossements retrouvés dans un port de plaisance vont faire remonter des souvenirs douloureux et une affaire de disparition étrange datant de 1978...

Le 7 novembre 1978, le pont qui relie le quartier de la Chaume au centre-ville des Sables est détruit. La population est sous le choc. Il est annoncé qu’un port de plaisance, Olona, sera construit à ce même emplacement. Cette série d’évènements reste une plaie ouverte pendant des années. Quarante ans plus tard, le 7 novembre 2018, des ossements sont retrouvés dans le port. Des souvenirs douloureux remontent à la surface. Le commissaire Roullin et son équipe mênent l’enquête sur cette période trouble, malgré la réticence des vieux Chaumois. On parle d’une double disparition qui avait alors fait grand bruit. À qui appartiennent ces restes et qu’ont-ils à voir avec le port ?

Passé et présent s'entremêlent dans ce polar régional inspiré d'archives et faits historiques !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Thouars, Frédéric Bodin est journaliste dans un quotidien régional (La Nouvelle République du Centre-Ouest) à Niort, où il est arrivé à l’aube de ce XXIe siècle après avoir passé une vingtaine d’années à Nantes. Passionné de tout ce qui touche au chemin de fer depuis que, tout gamin, il voyait évoluer les énormes machines à vapeur en gare de Thouars, il est par ailleurs amateur de plongées dans les archives, il conjugue les deux dans ce premier roman.
LangueFrançais
ÉditeurGeste Éditions
Date de sortie20 janv. 2021
ISBN9791035310417
Meurtres aux Sables: Les disparus du pont de la Chaume

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    Aperçu du livre

    Meurtres aux Sables - Frédéric Bodin

    – I –

    Les Sables-d’Olonne, 7 novembre 1978

    Comme tous les matins vers 8 h 30, dimanche compris, Louis Thibaudeau s’en allait acheter son journal sur le quai de la Chaume. Rituel circuit qui passait par le tabac-presse, avant de se diriger vers le bar L’Étoile de mer ou le Bar du Pont, et parfois même les deux. Sa femme avait bien tenté à plusieurs reprises de l’abonner au portage du quotidien régional. Mais la démarche n’avait jamais abouti. La sortie faisait partie de sa journée. Et le petit blanc qui allait avec aussi.

    Ce matin-là pourtant, la tournée matinale allait durer plus longtemps que prévu.

    — Nom de Dieu de nom de Dieu. Ils l’ont fait !

    En arrivant devant le Bar du Pont, Louis jeta son vélo de rage. Derrière la porte, les habitués attendaient de voir sa réaction. Ils n’ont pas été déçus. Louis grimpa les trois marches et fit une entrée fracassante. La salle des fêtes voisine devait en trembler.

    — Vous vous rendez compte ! Ils l’ont fait, ces cons de la mairie.

    Oui, ils l’avaient fait. Le pont de la Chaume était barré. Et même définitivement barré. Dans quelques heures, on allait commencer sa démolition afin de permettre l’accès au nouveau port de plaisance Olona. Fini le lien direct entre la Chaume et Les Sables. Maintenant, il faudrait faire un détour pour aller au centre-ville, et ça rajoutait une paire de kilomètres.

    Déjà que, bien que faisant partie de la même commune, les rapports entre la station balnéaire et le quartier historique des pêcheurs étaient compliqués, ça n’allait pas aller en s’arrangeant. Circulation interdite sur le pont de la Chaume et la Cabaude, le quai situé juste en face, devenait un cul-de-sac. Certes, on en parlait depuis des mois et tout le monde savait que, avec la construction du port de plaisance, sa vie était comptée. Mais la municipalité avait pris l’engagement qu’il ne serait rien fait avant que des solutions de remplacement soient mises en place.

    Au Bar du Pont, forcément, on ne parlait que de ça. Le patron avait bien vu, la veille au soir, que quelque chose se préparait, mais de ce côté-ci du chenal du port, même si on savait que cela arriverait un jour, on n’imaginait pas que cela se ferait sous la forme d’un coup aussi bas : commencer les travaux sans prévenir.

    Louis Thibaudeau tapait du poing sur le zinc. Lui qui aimait tant aller faire son tour à la criée située juste de l’autre côté voyait s’éloigner la perspective de se rendre en ce lieu qu’il avait tant fréquenté lorsqu’il était patron-pêcheur. Combien de sorties en mer avec son bateau de 8,5 mètres, Rose Juliette 3, s’étaient terminées sur ce quai. Période faste où la sardine abondait, recouvrant parfois le pont arrière. Impossible de tout débarquer pour ne pas faire s’écrouler les cours du poisson. Moment où l’on pouvait discrètement aller acheter sa poche de sardines contre quelques francs.

    La criée. Elle est à 300 m. Et depuis ce matin au bout du monde. Quelques bateaux rentraient de pêche en donnant un coup de corne. Au pont, un attroupement était en train de se former. En ce matin du 7 novembre 1978, la Chaume faisait sécession, contre son gré.

    – II –

    Les Sables-d’Olonne, 7 novembre 2018

    Bien de l’eau avait coulé dans l’entrée du port de plaisance, et dans les deux sens selon les marées, depuis que les bulldozers étaient intervenus en ce mercredi 7 novembre 1978. Louis Thibaudeau ne faisait plus sa tournée matinale. Il avait été enlevé à l’affection des siens vingt ans plus tôt. À 100 ans, moins un mois.

    Le pont était lui aussi dans tous les esprits. Une plaque commémorative n’a t-elle pas été posée là où se trouvait l’édifice ? « Aujourd’hui encore, lorsqu’on parle du pont, les esprits s’évadent comme si l’âme du pont était encore présente », peut-on y lire.

    Ce matin-là, à 7 heures, Philippe Thibaudeau prenait son service au pilotage du passeur. Le passeur : cette navette maritime qui reliait le quai Georges-V à la Chaume au quai Guiné, côté Les Sables. Seule solution trouvée, et dans l’urgence, par la municipalité d’alors pour assurer une liaison se substituant au fameux pont détruit. Dans l’urgence, car au tout début, on prenait place à bord du bateau en utilisant une échelle, et ce de façon très acrobatique.

    Philippe Thibaudeau n’était autre que l’arrière petit-fils de Louis. Autant dire que le quartier n’avait aucun secret pour lui. Il se souvenait de ses escapades, bien qu’étant enfant dans les années 1970. Combien de fois avait-il entendu son arrière grand-mère râler quand l’ancêtre rentrait en milieu de matinée, ayant parfois le verbe haut et l’œil un peu brillant ! Après une demi-carrière dans la Marine nationale et avoir parcouru presque toutes les mers du monde, Philippe avait choisi de revenir au pays. De la pure nostalgie qui faisait que, aujourd’hui, il se contentait fort bien de faire des allers-retours entre deux quais distants d’une centaine de mètres.

    Le passeur venait d’embarquer ses premiers passagers alors que le jour se levait à peine. Malgré le grand bol de café avalé une demi-heure plus tôt, Philippe n’était pas tout à fait réveillé. La faute sans doute à une soirée un peu trop arrosée avec des copains quelques heures plus tôt.

    Alors que le bateau, qui avait quitté le côté Sables, s’apprêtait à accoster en face, le pilote vit droit devant, à quelques mètres à peine, une forme sombre flotter à la surface de l’eau. Un sac sans doute.

    — Pffft… encore un de ces sacs poubelles jetés à l’eau. Y’en a marre, les gens pourraient quand même faire attention, dit Philippe à son copain Hervé Chauvet qui discutait avec lui.

    — Oh ! approche un peu ! Pour un sac-poubelle, il a quand même une drôle de forme, lui fit remarquer ce dernier. On dirait plutôt une boîte ?

    — Ben oui. Attends, je m’approche.

    La manœuvre ne prit que quelques secondes et les deux compères purent accrocher le sac.

    — Qu’est-ce qu’on fait, on le remonte ?

    — De toute façon, on ne va pas le laisser là, hein ? On le mettra sur le quai près de la poubelle.

    Les deux hommes n’étaient pas au bout de leurs surprises, tandis que, sur le quai Georges V, les passagers qui attendaient pour aller au travail s’impatientaient de voir le passeur faire des ronds dans l’eau.

    — Oh ! Ça va ! leur envoya Philippe. J’arrive.

    Il cramponna le sac pour le remonter et le poser à l’arrière. Impossible !

    — Attention, Hervé ! Il est attaché.

    Philippe tira sur le bout. Le sac était bien amarré… au quai. Le passeur ne pouvait interrompre son service pour une boîte enfermée dans un sac. Hervé s’occupa de l’affaire. Le sac fut hissé sur la passerelle. Sans qu’on puisse couper son lien avec un simple couteau.

    Rejoint par quelques Chaumois matinaux intrigués par la scène, Hervé Chauvet hésita à aller plus loin.

    — Qu’est-ce qu’on fait, les gars ? On l’ouvre ?

    Bien que tout le monde eût un avis, on s’accorda finalement sur le fait qu’il fallait mieux appeler la police, car le colis semblait pour le moins suspect. Le contenu du sac flottait parfaitement. Ce qui fit dire à l’un des présents qu’il s’agissait vraisemblablement d’une boîte en polystyrène.

    — Et où est-ce qu’on en trouve des boîtes comme ça dans le coin ? À part la criée, je vois pas, analysa t-il finement.

    Quinze minutes plus tard, une patrouille de police arriva sur place. Le brigadier Boré qui la dirigeait connaissait bien Hervé Chauvet avec qui il avait fait du foot dans un temps passé.

    — Putain, Hervé ! me dis pas que tu nous as fait venir pour un sac-poubelle qui traînait dans le chenal, quand même ?

    — Ouais, ben… ton sac-poubelle il est attaché à un bout. T’en connais beaucoup des gens qui balancent les trucs comme ça ? Et c’est pas de la ficelle de cuisine, je te prie de me croire. Alors, si on vous a dérangé pour rien, eh bien ! je vous paierai le café au bar en face !

    Le brigadier Boré et un de ses hommes entreprirent d’ouvrir le sac en l’arrachant, à défaut de pouvoir enlever le lien. À l’intérieur, se trouvait une caisse en polystyrène, comme l’avait supposé Hervé Chauvet. Les policiers la sortirent. Le brigadier souleva le couvercle qui tenait juste avec une bande de ruban adhésif d’emballage. Et le referma aussitôt.

    — Je te montre pas. C’est pas beau. T’as bien fait de nous appeler.

    Philippe Thibaudeau finissait une rotation avec le bateau.

    — Alors, les gars, vous avez trouvé un corps découpé ?

    — Ah ! déconne pas avec ça ! lui lança Boré.

    À l’intérieur, il y avait effectivement des ossements. Un crâne, deux tibias, une cage thoracique. Classique, somme toute, et révélateur d’un corps passé de vie à trépas depuis un bon bout de temps. Le brigadier appela Joël Barteau. Celui qu’on appelait encore « l’inspecteur de permanence ». Ce dernier arriva quelques minutes plus tard, sorti à la hâte de son lit.

    — Ça ne pouvait pas attendre, non ?

    — Non, ça ne pouvait pas attendre. Regarde.

    Le permanencier descendit la passerelle du ponton. Et dut se rendre à l’évidence.

    — Et merde, tu parles d’un réveil. Allez, raconte ce que tu sais.

    Le brigadier Boré fit un premier rapport rapide : le passeur, son copain, la manœuvre d’accostage, le sac aperçu dans la pénombre puis remonté, la découverte du fait qu’il était attaché à un gros bout, l’ouverture… et les os.

    — Bon, ben, on ne touche à rien et on libère le ponton. Opération « scène de crime », décréta Barteau.

    — Et pour les navettes du bateau, on fait comment ? l’interpella le brigadier.

    — On fait quoi, on fait quoi. On interrompt le trafic, tout bonnement.

    Sur le quai, on commençait à s’impatienter.

    — Allez, hop ! on ferme. Les navettes par bus de la mairie vont arriver.

    Le jour était maintenant complètement levé sur le quai de la Chaume. Une bonne heure maintenant que le ballet des policiers perturbait le quotidien. Au Bar du Pont, les discussions allaient bon train. Comme elles allaient bon train quarante ans plus tôt quand Louis venait prendre son petit blanc matinal. L’endroit était un hymne à la mer. À droite, derrière la porte, le tronc pour les dons à la SNSM. Au-dessus du bar, les maquettes de bateaux. Au fond, un grand tableau de photos évoquait les bons moments de l’établissement. Derrière le bar, la patronne essuyait les tasses et les premiers verres. Dans cette petite salle tout en long, les tables étaient soigneusement alignées deux par deux. Tables pour deux, tables pour quatre. En ce mois de novembre aux températures rafraîchissantes, une délicieuse odeur de cannelle associée au vin chaud régnait dans toute la pièce, tandis qu’un ampli Marshall sortait des notes de musique jazzy. On se sentait vraiment bien au Bar du Pont. On s’y appelait par son prénom. On se disait « à tout à l’heure !» quand un client sortait.

    Philippe Thibaudeau avait quitté son poste de passeur par obligation. La ville avait mis en place des navettes par bus le temps que les investigations aillent jusqu’à leur terme.

    — Je crois que, depuis que je fais ce boulot, le service n’a jamais été interrompu. C’est quand même une grande première. Bon d’accord, il y a bien eu des pannes parfois. Mais ça ne compte pas.

    Les clients présents dans le bistrot l’écoutaient religieusement. Philippe, c’était plutôt du genre à carburer au café. « Une certaine hygiène de vie » comme il se plaisait à le dire lui-même. Sauf que, parfois, il se lâchait un peu, comme ce jour-là où il avait « des scooters qui lui traversaient la tête ».

    Sur le ponton, les policiers avaient remonté la boîte en polystyrène. Des têtes se penchèrent pour tenter d’apercevoir quelque chose.

    — Allez, circulez, cria « l’inspecteur », en fait un capitaine de police.

    Mais, allez savoir pourquoi, il était arrivé aux Sables dans des temps lointains avec le grade d’inspecteur, donc, on l’appelait toujours comme ça. La foule se dispersa donc, le brigadier enleva lui-même le ruban matérialisant la scène de crime… même si celui-ci, – à savoir s’il s’agissait bien d’un crime – avait été perpétré il y a sans doute bien longtemps. Tout ce petit monde se transporta vers le commissariat de police. Et la caisse fut envoyée à l’hôpital pour être déposée à la morgue.

    Philippe Thibaudeau pouvait enfin regagner son bateau et reprendre ses traversées.

    Il était 9 h 30. Les travailleurs matinaux avaient utilisé le système D pour rejoindre Les Sables.

    Le père Rambert était de la première traversée.

    — Tu parles d’une affaire, mon petit Philippe. Et tu te rends compte ? Juste le jour anniversaire de la fermeture du pont ! Ça en est-y d’un hasard ?

    — Oh ! père Rambert, comme vous allez un peu vite en besogne ! un hasard, sans doute. Rien de plus. N’empêche que j’aimerais quand même savoir comment ces foutus ossements sont arrivés là.

    — Tu sais, moi, mon petit gars, je ne crois pas au hasard. Ils n’auraient jamais dû démolir ce pont comme ils l’ont fait. On se doutait bien que ça arriverait un jour, avec leur construction de port de plaisance. Mais ils n’auraient jamais dû le faire comme ça. Il y avait quelques précautions qu’ils n’ont pas prises. Des trucs qu’ils ne pouvaient pas savoir, ces Sablais. Écoute-moi bien, bonhomme, on en reparlera.

    Le bateau accosta quai Guiné. Le père Rambert s’en allait faire quelques courses en ville. Il y avait bien des commerces qu’on trouvait de ce côté et pas de l’autre.

    Au commissariat, le capitaine Barteau était planté devant la machine à café. Rien bu, rien mangé depuis hier soir. Et le nez dans une caisse en polystyrène qui sentait encore la marée depuis trois heures. Il s’avachit dans son fauteuil, jeta ses deux pieds sur le bureau.

    — Ah ! quand je pense que je dormais à l’aise.

    À l’aise, il ne le resta pas longtemps. Le commissaire pointa son nez. Le nouveau commissaire, en fait. En poste depuis une semaine seulement. Alexandre Roullin en finissait avec sa formation et le commissariat des Sables était son premier vrai poste avec ce grade. Mais il n’était cependant pas novice dans le métier. Ancien lieutenant, il avait travaillé sur de belles enquêtes à la PJ de La Rochelle avant de passer le concours. Alors La Rochelle, Les Sables, on peut dire qu’il connaissait un peu la région et aussi le milieu maritime. Il savait respirer l’air de la mer.

    — C’est quoi cette histoire d’ossements ? lui demanda Roullin.

    — Ah ! un crâne, deux tibias et quelques côtes retrouvés dans une caisse flottant dans le chenal. Un vieux truc sans doute, ronchonna Barteau.

    — Un vieux truc peut-être, mais dans une boîte récente et qui, à ce qu’on m’a dit, n’était pas là hier soir. Alors, il va y avoir quelque chose à gratter, vous ne croyez pas ?

    — Ouaissss, renâcla «  l’inspecteur ». Je vais aller faire un tour à l’hosto, il y a bien un toubib qui va pouvoir me renseigner.

    Roullin était à deux doigts d’exploser, mais sa formation en management se rappelait à son bon souvenir. On ne traite pas un subordonné de tous les noms, c’est un coup à

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