Voyage au Maroc
Par Ligaran et Étienne Richet
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Avis sur Voyage au Maroc
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Aperçu du livre
Voyage au Maroc - Ligaran
EAN : 9782335038323
©Ligaran 2015
En guise de préface
De tous les pays musulmans le plus mystérieux est l’empire chérifien. Si proche qu’il soit de l’Europe, il a su se rendre inaccessible et les explorateurs ont besoin de circonstances exceptionnellement propices pour y promener leurs curiosités. Les représentants des Puissances habitent une ville du littoral où le Sultan ne réside jamais et ce n’est pas s’offrir un voyage d’agrément que d’aller de Tanger à Fez.
Le Maroc est aussi, en apparence du moins, le pays le plus recueilli en lui-même. Il a eu jadis une grosse querelle avec l’Espagne, après quoi il a repris sa tranquillité. Mais qu’on ne s’y trompe pas ; les sociétés improgressives ne connaissent point le vrai repos ; leur condition est plutôt l’immobilité dans la fièvre et, quand le reste de l’univers se tait, l’inquiète Europe, prêtant l’oreille, croit entendre, en face de Gibraltar, comme un murmure de marmite qui bout. Qu’y a-t-il dans cette marmite ? Tout le monde l’ignore. Ce n’est rien, disent les uns. C’est quelque chose affirment les autres – et les journaux s’empressent d’annoncer que le Maghreb s’agite et menace la paix générale. On apprend également, de temps à autre, qu’un gouvernement vient d’envoyer au Dar-el-Maghzen une ambassade chargée d’offrir un cadeau au Sultan, que cette ambassade est arrivée à destination, que le souverain s’est donné le plaisir rare de la laisser se morfondre plus d’une heure aux ardeurs du soleil, qu’il a daigné paraître enfin, monté sur un cheval richement harnaché, et qu’après un échange de vagues politesses, il a tourné bride pour regagner ses appartements. Quelques mois se passent et le bruit se répand qu’un sujet ou protégé européen a eu des avanies. Cet incident donne lieu à une négociation que la nonchalance musulmane s’applique à traîner en longueur. Tout se termine par une indemnité accordée de mauvaise grâce, acceptée sans reconnaissance.
Quelque incident qui se produise au Maroc, l’Europe s’en émeut ; ce qui l’a ému plus que tout le reste, c’est l’escale de Guillaume II à Tanger, en 1905. À Berlin on s’empressa de dénoncer avec indignation les insatiables convoitises, les perfides menées de la France qui se disposait à mettre la main sur le Maghreb. Les assurances données par notre gouvernement, sa participation à la conférence d’Algésiras calmèrent les esprits échauffés. Mais il y a encore une question marocaine qu’est venue compliquer singulièrement notre occupation de Casablanca et la chute d’Abd-el-Azis. Par bonheur l’empire chérifien est un pays où les choses qui vont mal peuvent aller longtemps encore. Quand, la marmite menacera de faire sauter son couvercle, il se trouvera quelqu’un pour l’écumer, après quoi, elle recommencera à bouillir à petit feu.
Les voyageurs français qui m’ont précédé au Maroc, le vicomte de Foucault, le marquis de Segonzac et d’autres, s’accordent à déplorer qu’il soit si mal gouverné et si mai administré. Il a sur l’Algérie, la Tunisie et la Tripolitaine, l’avantage de faire front sur deux mers, d’avoir des ports dans la Méditerranée et dans l’Océan. Il jouit encore de cet avantage que, possédant les massifs les plus élevés de l’Atlas, il a plus d’eau courante ; et que nombre de ses fleuves ne tarissent jamais. On y trouve presque partout un climat sain et des terres fertiles. Ses montagnes sont riches en minerai. En matière d’industrie, les Marocains vivent sur leur passé ; mais ce passé est si beau que les restes en sont intéressants. On sait qu’ils excellent dans la fabrication des tapis, dans le travail des cuirs, dans la poterie. Leurs ancêtres étaient des maîtres en architecture. On jouit de ce qu’ils ont fait, mais on ne s’entend pas même à le conserver. Faut-il signaler comme exemples les palais de Fez, de Méquinez et de Marrakech qui tombent en ruine ?
Ennemi de tout progrès, le Maghzen, partout où s’étend sa domination, semble s’appliquer à décourager l’agriculture et l’industrie. Par un attachement inexplicable à d’anciens usages, il interdit l’exploitation des céréales. À quoi bon mettre en valeur des terres incultes ? Ne pouvant envoyer ses grains en Europe, que ferait-on de l’excédent des récoltes ? On se contente de cultiver tant bien que mal son petit champ en employant de vieilles méthodes et des outils primitifs. Dans le Sud, le grand obstacle aux entreprises agricoles est le brigandage. Maintes vallées, telle l’oued Sous, jadis province productive et populeuse, sont aujourd’hui infestées par des malfaiteurs qui tiennent la campagne et qu’aucune police n’inquiète. Les troupeaux y sont gardés par des pâtres qui ont toujours l’œil aux aguets et la carabine au poing, et les caravanes qui les traversent doivent s’armer jusqu’aux dents. Dans les tribus qu’épargnent les pillards, le commerce languit, faute de moyens de communication.
Aux maux que produit l’apathique indolence du Maghzen s’ajoutent les abus dont souffrent la plupart des contrées qui vivent sous les lois de l’Islam. C’est d’abord une justice vénale, administrée par des gouverneurs qui ne subsistent que de Sa libéralité des plaideurs. Ne touchant aucune indemnité, c’est dans la répartition de l’impôt qu’ils trouvent leur profit, en exigeant des contribuables une somme trois fois supérieure à celle qu’ils doivent verser au Trésor. Le Maroc est un pays où il est prudent de paraître pauvre, sous peine d’être pillé et pressuré.
Le Sultan est propriétaire, nominativement du moins, de tout son empire et chaque caïd, soumis à son autorité va, chaque année, lui apporter le produit de l’impôt. La caisse de l’État est sa caisse particulière. Et c’est là qu’il puise à pleines mains pour l’entretien du harem, des favoris, des fondations ecclésiastiques et de la mahalla.
Le plus grand mal dont souffre le Maroc, c’est le fanatisme. Nulle part il n’enfante tant de sottises et de haines ; nulle part le roumi n’est plus méprisé ; le juif condamné à une existence plus humble, plus outragée et plus précaire. Sans doute les Maures qui s’enrichissent dans les villes ont des mœurs plus douces et ne sont pas étrangers à tout sentiment de tolérance. Mais s’ils s’avisaient, ouvertement du moins d’ouvrir leurs cœurs aux chiens que nous sommes, ils seraient bien vite rappelés à leurs devoirs par les confréries que dirigent des hommes pour lesquels la religion n’est qu’une sublime épilepsie. Ne les voit-on pas, pendant les fêtes religieuses, courir les rues, l’écume aux lèvres déchirant de leurs ongles tous les animaux qu’ils rencontrent et se repaissant de leurs chairs saignantes en l’honneur d’Allah et de son prophète ? De tels spectacles – dans ces magnifiques contrées d’Afrique où un hasard fabuleux a prodigué ses dons, – font songer involontairement à ces lacs limpides aux eaux d’azur où se prélassent des crocodiles…
Le Sultan est plus éclairé, sans doute, qu’un grand nombre de ses sujets. Du haut de son cheval qui lui sert de trône, il aperçoit beaucoup de choses que la canaille convulsive et hurlante de Fez ne saurait voir. Ce descendant de Fatime, fille de Mahomet est, en principe, le maître absolu de son peuple et de ses destinées. Mais, en réalité s’il peut impunément faire le mal, il est impuissant à améliorer la situation de ses sujets. Il ne tient qu’à lui de trancher la tête d’un vizir qui a perdu sa confiance ; par contre, il ne sait comment s’y prendre pour réformer une coutume ou supprimer un abus. Le grand-père du Sultan actuel, Sidi-Mohammed, avait accordé aux Israélites le droit de garder leurs sandales en quittant le mellâh et il fit décapiter quelques qîad qui protestaient. Le clergé et la populace frappèrent son décret de nullité ; le fanatisme prévalut sur les volontés impériales.
Plus heureux, son fils, Moulay-Hassan, a fait venir d’Europe des officiers instructeurs pour organiser sa mahalla ; il a autorisé quelques ingénieurs anglais à fouiller l’Atlas pour y découvrir du charbon. Moulay Abd-el-Aziz, inspiré par un aventurier, Harry Mac-Léan, caressait d’autres projets encore ; mais, à ce jeu-là il a perdu son trône. Son frère Moulay-Hafid, tour à tour, avance et recule. Son inquiétude paralyse ses bonnes intentions. Comme le sultan rouge de Constantinople, il se défie des intrigues de cour. Personne n’est plus dépendant qu’un monarque absolu quand il n’a ni les aptitudes, ni la maîtrise d’un bon chef.
Moulay-Hafid, le nouveau sultan, est d’autant plus tenu de respecter les préjugés de ses sujets, qu’il y a dans ses vastes états beaucoup de mécontents. S’il flirtait trop avec l’Europe, on lui rappellerait peut-être qu’il est lui-même un étranger, que la dynastie aujourd’hui régnante des Filali est originaire du Tafilalet et qu’elle a usurpé le trône. Les prétendants sont nombreux au Maroc. Sans compter ceux qui se déclarent descendants des Idrid, il y a Moulay Mohammed qui tient, à l’heure présente, la campagne entre Oudjda et Taza et assure être le frère aîné du Sultan. Il ne faut pas trop se moquer de ces conspirateurs. Si jamais l’un deux se procurait les ressources nécessaires pour tenter un coup sérieux, tous les mécontents se rangeraient sous son drapeau.
Moulay-Hafid n’a pas un sort enviable. C’est une triste condition que celle d’un monarque qui sent la nécessité des réformes et dont les sujets regardent tout progrès comme une impiété. Pour briser leurs résistances, il faut avoir une âme fortement trempée et le Sultan n’est pas un Mahmoud ni un Méhemet-Ali. Tous ceux qui l’ont approché ont été frappés de la mélancolie empreinte parfois sur son visage au teint bistré et de l’éclat sombre de ses yeux.
Au milieu de ses tracas et de ses alarmes, il a, cependant, un sujet de joie. La meilleure garantie qu’il puisse avoir de sa sûreté comme de la conservation de son empire, ce sont les jalousies réciproques des puissances européennes qui se surveillent d’un œil inquiet et dont chacune a juré qu’elle ferait tout pour empêcher que le Maghreb ne devienne la proie d’une autre. Quand on ne peut obtenir ce qu’on convoite, on trouve du moins quelque consolation dans les mésaventures d’autrui.
En n’étudiant la question qu’au point de vue français, il est impossible, si ne voulons pas renoncer à Sa possession de l’Algérie – de nous désintéresser de ce qui se passe au Maroc. Les affaires des deux pays sont étroitement liées. Il y a des tribus nomades qui campent tour à tour dans l’un et dans l’autre ; c’est au Maroc que se préparent les révoltes qui éclatent dans nos tribus arabes ; c’est au Maroc que se réfugient les insurgés après leur défaite sans que nous puissions les poursuivre dans les oasis du Sud,
