Inhumain: Sommes-nous humains ou inhumains ?
Par Ecrivain Anonyme
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À propos de ce livre électronique
C'est alors qu'elle fait une rencontre singulière.
En effet, cette autre âme s'est perdue dans la forêt qui borde sa propriété, et elle ne fait pas que la détester, elle hait également toute l'espèce humaine. Cette âme sauvage a perdu la foi en l'humanité et, pourtant, elle risquerait de la surprendre en lui apportant une tout autre définition.
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AVERTISSEMENT DE CONTENU :
Des thèmes sensibles peuvent être abordés dans ce roman. Il vous appartient de juger s'ils sont en adéquation avec votre sensibilité.
Cependant, il me semble être accessible à partir de 14 ans.
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Aperçu du livre
Inhumain - Ecrivain Anonyme
Tous droits réservés. Ce livre, ou quelque partie que ce soit, ne peut être reproduit de quelque manière que ce soit sans la permission écrite de l'auteur.
Toute représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Ce livre est une fiction. Les noms, caractères, professions, lieux, événements ou incidents sont les produits de l'imagination de l'auteur utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnages réels, vivants ou morts, serait totalement fortuite.
© Copyright 2020 - Ecrivain Anonyme
ISBN : 9789403607672
Design de couverture : par l'auteur (Pixabay et Canva)
Instagram : ecrivainanonyme1
Adresse mail : Ecrivain-anonyme@hotmail.com
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Des thèmes sensibles peuvent être abordés dans ce roman. Il vous appartient de juger s'ils sont en adéquation avec votre sensibilité.
Cependant, il me semble être accessible à partir de 14 ans.
SOMMAIRE
Titre.
Prologue : Inhumain.
Chapitre 1 : Inattendu
Chapitre 2 : Misanthrope
Chapitre 3 : Miséricorde
Chapitre 4 : Avant toi
Chapitre 5 : Relations
Chapitre 6 : Apprentissage
Chapitre 7 : Ice
Chapitre 8 : Tension
Chapitre 9 : Ressentir
Chapitre 10 : Fumée
Chapitre 11 : Meurtrier
Flashback
Chapitre 12 : Meurtri
Chapitre 13 : Cicatrices
Chapitre 14 : Sonné
Chapitre 15 : Recommencer
Chapitre 16 : Angoisse
Flashback
Chapitre 17 : Monstre
Chapitre 18 : Néant
Chapitre 19 : Vide
Chapitre 20 : Confiance
Chapitre 21 : Chute
Chapitre 22 : Départ
Chapitre 23 : Conscience
Chapitre 24 : Echanges
Chapitre 25 : Retour
Epilogue : Humain
Remerciements.
A ceux qui ont cru en moi.
Notamment à ma mère, qui a su m'aimer envers et contre tout.
PROLOGUE
Humain : « Espèce qui sait se montrer compréhensive et compatissante, manifeste de la sensibilité et possède des caractéristiques communes avec les êtres de son espèce. »
Inhumain : « Qui ne semble pas appartenir à la nature ou à l'espèce humaine et qui est perçu comme atroce, monstrueux ; qui est sans pitié. »
Aussi étrange que cela puisse paraître, je peux vous assurer que la frontière entre ces deux mots est mince, voire inexistante.
La vie est dure, intransigeante et ne nous laisse pas beaucoup de répit. Elle est violente. Elle frappe sans cesse. Encore et encore. Elle nous rit au nez, elle nous expose des mauvaises choses ; elle nous court après, nous rattrape… C'est comme un gigantesque jeu. Un jeu de torture, avec des pièges partout, faits pour attraper nos pauvres petits membres tandis que notre esprit s'agite. Il pense qu'il va s'en sortir, qu'il est suffisamment intelligent pour éviter, contrecarrer ces pièges, mais il n'est pas assez vif, pas assez observateur, pas assez lointain de notre corps pour les comprendre. Que faut-il faire pour sortir de ces pièges ? Et même une fois pris dedans, quand il n'y a plus aucune issue, quand il n'y a plus aucun regard, quand l'on se retrouve seul dans le noir, piégé, affaibli, triste : où est la sortie ? Que nous réserve-t-elle ? Est-elle bonne ? Est-elle mauvaise ? A-t-elle une conscience ? Mais surtout… est-elle juste ?
En réalité, ce n'est pas la vie qui nous torture, qui nous empoisonne, qui nous manipule, c'est toi : l'humain.
CITATION :
Le jour où les larmes prendront le dessus sur les sourires,
Le jour où les cauchemars prendront le dessus sur les rêves,
Le jour où la colère prendra le dessus sur la raison,
Le jour où l'obscurité prendra le dessus sur la lumière.
Le jour où mon âme s'éteindra, mes larmes,
mes cauchemars, ma colère et mon obscurité prendront le dessus.
Et mon cœur, lui, restera en dessous.
Bien en dessous.
CHAPITRE 1
Inattendu - Rose Wills
Marcheprime, France
- Tu ne devrais pas faire ça, Rose.
- Mais ça serait l'endroit parfait, Matthew !
Je vis dans cette villa depuis vingt ans ; depuis que je suis un bébé, en fait. Jamais mes parents ne m'ont laissé roder autour de la maison, seule, bien longtemps. Ils ont même engagé une femme uniquement pour me surveiller lorsqu'ils étaient au travail.
Je lui ai souvent demandé si je pouvais jouer dehors, dans la forêt qui borde notre immense propriété, mais jamais elle n'a accepté ; et ça m'énerve parce que je suis vraiment une fille curieuse. Et bornée aussi.
Je me suis alors renseignée afin de savoir ce qu'ils me cachent tous et j'ai appris qu'il y avait eu des meurtres dans ces bois, il y a de cela de nombreuses années maintenant.
Aujourd'hui, je suis bien décidée à rentrer dans cette forêt pour prouver à tout le monde que ce sont des foutaises.
Et, en plus de cela, j'ai besoin d'un endroit discret et tranquille pour échanger de l'acide.
Mon meilleur ami me retient le bras avant que je n'entre dans la forêt.
- T'as pas peur de te faire tuer en entrant là-dedans ? demande-t-il d'une voix stressée.
- T'es vraiment un froussard, Mat, rétorqué-je, sur les nerfs.
- Peut-être, mais je préfère rester là.
- Peureux !
Alors que je commence à avancer, il me rattrape en jurant.
- Prend au moins mon manteau, me propose-t-il.
- Il est moche ton manteau, j'en veux pas.
- Il m'a coûté 500 euros alors je t'interdis de dire ça !
Je roule des yeux. Ses parents travaillent dans le même cabinet d'avocats que mon père, alors ils sont tout sauf pauvres. Je ne m'inquiète pas le moins du monde pour ses économies.
- Il est rouge bordeaux ; comme ça, tu seras plus voyante et les chasseurs ne te prendront pas pour un gibier, s'explique-t-il, mais je secoue la tête. Juste, prend-le. Pour me faire plaisir.
- Okay, mais tu me saoules vraiment.
Je lui prends le manteau des mains et me couvre. Les manches me tombent sur les mains et le tissu m'arrive en dessous des fesses. Il faut dire que je suis plutôt petite, c'est vrai.
Matthew me regarde m'enfoncer dans les bois avec nervosité alors que je suis totalement sereine. Je ne crois pas aux légendes, je suis du genre à ne croire que ce que je vois. Et je vois une forêt inoccupée depuis des années avec le doux son des oiseaux, et l'agréable vent de ce début d'après-midi. Je n'aperçois rien qui soit susceptible de me faire du mal.
Les feuilles bougent et quelques-unes d'entre elles se décrochent, venant embellir le sol qui craque sous chacun de mes pas. Le vent siffle contre l'écorce des arbres et, plus je m'enfonce dans la forêt, plus je me sens libérée d'un poids. Je ne sens plus la pression de mes parents, ni celle de mes professeurs ou bien ce besoin absurde d'être une fille parfaite. Fille que je ne suis évidemment pas.
Ici, au fin fond de cette forêt, je peux être celle que je veux : celle que je suis.
Personne ne me regarde ; c'est un endroit tranquille, désert, qui laisse mon esprit se nourrir de la nature que nous offre notre planète. J'aime cette forêt et je comprends pourquoi mes parents ne voulaient pas que j'y aille. Ce n'est pas à cause de cette série de meurtres, mais à cause de ce sentiment, cette légèreté qui me pousse à vouloir me rebeller pour une liberté infinie.
La nature me donne cette envie de croire que tout est possible, que je peux atteindre des sommets rien qu'avec une pensée. Je respire, je revis, l'espace d'une seconde.
Une branche craque un peu plus loin. J'ai un mouvement de recul et fronce les sourcils, m'attendant à ce que quelque chose me saute à la figure. Je ris lorsque je me rends compte que je suis stupide de réagir ainsi. Cette histoire de tueurs en série me monte un peu trop à la tête.
Les recoins se ressemblent et j'en viens à me dire que, si un jour des gens sont morts dans cette forêt, ce n'est pas uniquement parce qu'ils se sont faits assassiner. C'est qu'ils n'ont tout simplement pas trouvé de sortie. Ils sont rentrés dans ce labyrinthe, uniquement délimité par les arbres, sans même avoir un plan, et se sont perdus au beau milieu de ces feuillages.
Une nouvelle brindille craque et je me retourne immédiatement. Je ne rêve pas, une branche vient de bouger. Je fronce les sourcils.
Matthew m'a-t-il suivi ?
- Mat, je sais que c'est toi, tu peux sortir de ta cachette maintenant, dis-je, mais je n'obtiens aucune réponse, seulement un nouveau bruit de craquement.
Je commence à avoir peur lorsque je sens une présence derrière moi. Je respire fort et mon cœur s'emballe au même moment que ma respiration devient effrénée.
Je pivote doucement sur moi-même, ne tenant pas spécialement à voir ce qui se passe derrière moi. Je suis surprise de faire face à un homme, inconnu.
Mes lèvres s'ouvrent à la surprise de ce que mes yeux découvrent.
Il est accroupi sur le sol, mais ce qui me marque le plus est sa peau. Il est nu, complètement nu ; sans aucune gêne. Il possède de très longs cheveux, comme s'il ne les avait jamais coupés et son corps est sale, boueux et plein d'égratignures de toutes sortes. Son regard, d'un vert aussi pur que la forêt qui nous entoure, me percute les pupilles. Il semble aussi perdu et angoissé que moi, si ce n'est plus. Sa mâchoire est carrée, taillée dans une profonde virilité tandis que ses traits me paraissent plus doux, plus angéliques.
- Tu dois être bourré pour te balader nu comme ça. Je pense sérieusement que tu devrais rentrer chez toi, mec.
Je ne vois pas d'autre explication à sa venue dans ces bois, complètement dévêtu. Il ne semble pas très vieux et les fêtes qui dégénèrent ne sont pas rares ici.
Il me regarde, mais c'est comme si son regard passait à travers moi, me rendant réellement perplexe. Il ne répond pas, il me fixe simplement. Il avance d'un pas vers moi et, par instinct, je recule.
Ses bras sont forts, musclés comme un boxeur et j'ai peur qu'il tente de me blesser. Il n'est probablement pas dans son état normal, mais je ne compte pas lui laisser le bénéfice du doute et lui donner l'occasion de faire n'importe quoi avec moi. J'ai l'habitude de traîner avec ce genre de mec, musclés et défoncés.
Lorsqu'il arrive à ma hauteur, je heurte un arbre à force de reculer. Il est toujours accroupi devant moi alors qu'il hausse un sourcil.
Ce mec est vraiment bizarre.
De près, j'aperçois que ses lèvres sont meurtries, baignant dans un sang séché qui me fait grimacer. Il les ouvre, cherchant probablement ses mots pour me répondre, mais il ne trouve rien à dire.
Tout à coup, il se lève.
Sa hauteur me fait frissonner et mon cœur rate un battement tellement l'angoisse m'enveloppe le cerveau. Il est grand, très grand. Il fait probablement 1m90, ou plus encore.
Je ne me sens pas à mon aise avec lui ; son regard me rend nerveuse, mais je tente de le lui cacher, comme j'en ai l'habitude.
Son bras se lève et mes yeux se ferment automatiquement, par réflexe. Mon souffle devient saccadé à la seconde où ses doigts se déposent sur la chair de ma joue. Il la caresse, doucement, lentement, comme s'il avait peur que je disparaisse ou que je ne sois pas réelle, ou bien différente de lui.
Mes paupières s'ouvrent et je l'observe, curieuse. Son regard se connecte au mien dans un silence apaisant tandis que son pouce en vient à effleurer mes lèvres. Je frissonne à la douceur de son touché.
Il me regarde comme s'il n'avait jamais vu quelque chose d'aussi rare et cela me déconcerte réellement.
- Qui es-tu ? demandé-je, calmement.
Mais il recule brusquement, comme si je l'avais frappé de plein fouet.
- Je ne veux pas te faire peur, je veux juste savoir qui tu es.
Je tente de le rassurer, mais il ne me parle toujours pas et recule même un peu plus. J'essaie de ne pas regarder son corps, de ne pas l'analyser, mais le voir comme ça, devant moi, nu, me perturbe quand même un peu.
- C'est quoi ton nom ?
Il ne me répond toujours pas, il me fixe sans relâche tout en s'asseyant sur le sol, encore plus loin.
Je fronce les sourcils, il ne sait peut-être pas parler. Est-il muet ou étranger ?
- Tu sais parler ? Tu me comprends ?
Il hoche la tête ; il m'a comprise.
- Tu n'es pas muet alors ?
Il secoue la tête de gauche à droite, de manière négative.
- Quel est ton nom ? redemandé-je.
- O-Oli-Oliver, bégaie-t-il dans un murmure, un murmure si faible qu'il me parvient à peine aux oreilles.
- Oliver ?
Il hoche à nouveau la tête.
- Tu connais ton âge ?
Il hausse les épaules en réponse et je devine qu'il ne sait pas quel âge il a.
- Je m'appelle Rose et j'ai 20 ans, je lui dis avec un petit sourire.
Oliver ne cille pas une seule seconde et garde ses prunelles fixées sur moi, l'air méfiant. Ses longs cheveux lui tombent sur le visage et j'en viens à me poser des questions sur sa vie.
- Où habites-tu ?
Il prend dans sa main une des feuilles qui se trouve sur le sol et me la tend. Je m'approche de lui et, cette fois-ci, il ne recule pas lorsque que je récupère la feuille. Je la retourne dans mes doigts sans réellement comprendre, mais quand je regarde à nouveau l'homme assis en face de moi, je réalise.
Il vit ici. Dans la forêt. Seul.
- Tu vis ici ?
Il hoche la tête et mon cœur se resserre. Comment a-t-il pu atterrir là ? Et à la taille de ses cheveux, j'imagine qu'il doit vivre ici depuis bien plus longtemps que mon esprit ne veut l'imaginer.
CITATION :
Tu ne connais pas la douleur,
Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Moi, je vis sans cesse dans la peur
De ce sentiment qui fait mal.
CHAPITRE 2
Misanthrope - Oliver
Je ne me rappelle plus de la dernière fois que j'ai pu voir un visage. Les traits doux et cruels d'un masque humain. Ça me fait tout drôle.
Voilà qu'aujourd'hui, plusieurs années plus tard, j'en revois un. Je ne saurais identifier ses intentions, bonnes ou mauvaises, mais je sais que l'humanité est la chose la plus facile à perdre. C'est ce qui fait de nous des humains, mais peu de personne savent ce que cela représente vraiment.
Quand j'étais petit, j'avais l'habitude de voler des romans et ils m'expliquaient avec une franchise à toutes épreuves que l'humanité était perdue depuis déjà bien longtemps.
- Tu vis ici ?
Cette langue me paraît lointaine et j'imagine que c'est normal lorsque ça fait une éternité que je ne la pratique plus vraiment. Les mots ont du mal à rouler sur ma langue et glisser sur mes lèvres, mais je les connais. Je le sais, je le sens.
Je hoche la tête.
C'est automatique, mécanique. Je n'ai pas besoin de parler, mon corps peut le faire pour moi. C'est une chose que j'ai appris ici, dans la forêt. Je n'ai pas le besoin d'être comme les autres.
- Ça fait longtemps que tu te caches ici ?
Pourquoi me parle-t-elle ? Pourquoi ne me laisse-t-elle pas ? Je lui ai déjà donné mon nom, ça ne lui suffit pas ? Pourquoi n'ai-je pas résisté à l'approcher ? C'est ma faute.
Je la regarde à nouveau. Sa peau qui semble douce et ses yeux d'un bleu vert très pigmentés me heurtent. Notamment parce que ces deux prunelles ne se ressemblent pas : l'une d'elle est d'un bleu océan profond et l'autre possède des reflets verts cristallins qui font le tour de l'océan. Ses cheveux sont longs, mais moins que les miens et leur couleur rouge brille au soleil. Il est sûr qu'elle n'a rien à voir avec moi. Elle est différente. Ou peut-être est-ce moi qui suis différent ? Je ne sais pas, je ne sais plus.
Ses mains se montrent intactes à la vie, elles sont même d'une clarté trop douteuse. Elles n'ont pas souffert, elles n'ont pas connu la torture des jours qui passent et ceux qui se ressemblent affreusement.
Elle est pure.
- Je te parle, mec.
J'aurais bien aimé lui dire que je ne m'appelle pas « mec » et que je n'ai vraiment pas envie de lui parler. Ni à elle, ni à aucune autre personne de son espèce. C'est fini ça !
Mais, au lieu de ça, je lui tourne le dos avant de m'enfoncer un peu plus dans la forêt.
- Attends ! Tu pourrais me répondre !
Elle continue à jacasser, mais je m'en contre fiche. Je n'ai pas plus de temps à perdre avec elle. Elle incarne tout ce que je ne suis pas, et que je ne serais jamais. J'en mourrais si c'était le cas.
- Hé ! recommence-t-elle en activant le pas.
Je ne veux pas qu'elle me suive ! Pourquoi est-elle si obstinée ?
Je marche, m'éloignant de cette créature que je fuis depuis aussi loin que je m'en souvienne. Mais elle ne comprend pas ; elle m'attrape le bras.
Je me défends ; je ne veux plus qu'on me touche. Ça me dégoûte.
J'arrache mon bras à sa prise et la pousse brusquement en arrière.
Elle me regarde, allongée sur le sol, avec un éclair qui lui traverse les yeux. Je m'efforce de ne pas la violenter, mais c'est quelque chose de plus fort que moi. Je ne supporte plus la sensation de la chair humaine sur ma peau, elle fait partir le peu d'humanité qu'il me reste. Si j'en ai déjà eu un jour.
Je déteste ces vermines.
- Toi, veux quoi ? dis-je avec colère, mais sans cri.
C'est la première fois que je tente de formuler une phrase depuis un long moment. Je suis même surpris d'entendre le son de ma propre voix, qui a changée avec les années qui se sont écoulées. Elle semble plus rocailleuse, plus Homme. Et ça me fait royalement chier.
- Je veux simplement comprendre ce qui t'arrive. Je ne suis pas du genre à sauver les autres, mais je ne peux pas te laisser tout seul dans la forêt. Nu, qui plus est.
Sa tête se penche sur le côté alors qu'elle attend ma réponse.
- Ta bouche… je marque un temps d'arrêt pour chercher mes mots. Elle s'ouvre tout le temps.
Elle aussi s'arrête momentanément avant de plisser les yeux. Apparemment, ce que je viens de lui dire ne lui plaît pas du tout.
- Écoute, Tarzan, je ne vais pas te laisser m'insulter parce que t'es vulnérable ici ! Elle se met debout et me menace de son index. Ton mètre quatre-vingt-dix ne me fait pas peur et si tu veux qu'on se batte, okay. Il suffit de le dire.
Mais d'où elle sort celle-là ? Je dois probablement rêver.
- Toi, va chez toi, je lui dis avant d'à nouveau lui tourner le dos.
- Je ne suis pas d'accord, Tarzan.
Je ferme les yeux et expire lourdement. Les
