Alexandre Elsig
SNSF Ambizione Fellow 2020-2024
Project: "The Dose and the Poison. Measure, Govern and Face Industrial Toxicity in the 20th Century"
profile picture © felix imhof
Address: EPFL CDH
CM 2 274 (Centre Midi)
Station 10
CH-1015 Lausanne
Project: "The Dose and the Poison. Measure, Govern and Face Industrial Toxicity in the 20th Century"
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Le numéro questionne dès lors la diversité des relations entre lutte syndicale et lutte environnementale. Certes, la défense de l’environnement s’est souvent heurtée, à gauche, aux discours productivistes, au caractère prétendument réactionnaire des protecteurs de la « nature » ainsi qu’au (faux) dilemme entre chômage ou pollution et au chantage à l’emploi du patronat. Pourtant, plusieurs brèches ont été ouvertes pour penser dans le même mouvement les phénomènes toxiques à l’intérieur et à l’extérieur des usines.
Ces brèches, souvent ténues, n’ont pas perdu de leur actualité ou de leur acuité. À l’heure où les écolier-ère-s, étudiant-e-s et apprenti-e-s empruntent l’arme de la grève face à l’urgence climatique, quelle est l’implication des milieux syndicaux dans ce combat ? Ce dernier les concerne : d’abord parce que les différentes classes ne subissent et ne subiront pas de la même façon les aléas de la crise écologique ; ensuite parce que les sources anthropiques du réchauffement global proviennent aussi et en bonne partie du secteur industriel et énergétique.
Face à l’aporie des « petits gestes » des consommatrices et consommateurs ou des « petits pas » des politiques environnementales monte un appel de plus en plus structuré à la politisation des débats et à la mise sous pression des rapports de production. Dans ce sens, l’approfondissement des recherches historiques pourrait aider à mieux comprendre les obstacles à l’engagement pleine et entier des organisations de travailleuses et travailleurs dans la protection de l’environnement, et ainsi apporter des pistes pour y remédier.
Utilisant l’action allemande comme pivot, cet ouvrage cherche à déterminer les mécanismes d’acceptation et de refus que les élites helvétiques ont progressivement actionnés face aux assauts des propagandes, ces « shrapnels du mensonges » (C.-A. Loosli). En dépit des critiques que leurs manœuvres génèrent, les propagandistes n’ont jamais cessé de croire à la nécessité de leur action dans ce conflit « total ». La Suisse, par son rôle de plaque tournante européenne, a dès lors représenté un théâtre imaginaire de la guerre où les belligérants ont tenté de promouvoir une image irréprochable d’eux-mêmes, une image qui s’est révélée, une fois la paix revenue, largement déréalisée.
Cet ouvrage est la version remaniée d'une thèse de doctorat soutenue à l'Université de Fribourg en 2014.
Aus dem Französischen von Daniel Zumbühl.
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Capables de transgresser les frontières nationales, les polluants poussent plusieurs Etats à redéfinir la souveraineté de leur politique sanitaire dans le second après-guerre. Cette étude interroge la mise à l’agenda public de la gestion transfrontalière de la pollution du lac Léman entre la France et la Suisse. En 1962 est créée la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman contre la pollution (CIPEL). Celle-ci illustre le nouvel environnementalisme technocratique mis en place pour faire face aux dégâts du «progrès». L’article montre que les discours officiels concernant le nécessaire dépassement des frontières contrastent avec des pratiques orientées avant tout à l’échelle nationale et qui restent confinées aux sphères expertes, comme le montrent les controverses autour de la gestion des phosphates et du mercure.
During the Great War, neutral Switzerland represented a magnet for peace activism. From 1916 onwards, pacifist and internationalist speeches became highly feared by warring countries facing early cultural demobilizations. Consequently, German propagandists worked to secretely infiltrate peace networks in the French-speaking part of Switzerland. The abilities of many magazines sponsored – with or without his consent – by Romain Rolland to spread "defeatism" sought to indirectly undermine French public opinion. A discreet financial support was granted to magazines such as Jean Debrit’s La Feuille, Henri Guilbeaux’s demain and Claude Le Maguet’s Tablettes. This article explores the reasons behind and conditions of this ambiguous proximity between German propagandists and peace dissidents graviting around Romain Rolland.
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Durant la Grande Guerre, la Suisse neutre représente un pôle d’attraction pour les intellectuels qui refusent d’apporter leur soutien à la poursuite des combats. A partir de 1916, ces discours pacifistes et internationalistes sont extrêmement redoutés par des gouvernements belligérants qui doivent faire face aux premières démobilisations culturelles. La propagande allemande cherche alors à s’infiltrer dans les milieux pacifistes actifs en Suisse romande. Les capacités « défaitistes » de plusieurs titres placés sous l’autorité, consentie ou non, de Romain Rolland doivent permettre de fragiliser, par ricochet, l’opinion française. Un discret soutien financier est notamment apporté à La Feuille de Jean Debrit, à demain d’Henri Guilbeaux et aux Tablettes de Claude Le Maguet. Cet article cherche à faire la lumière sur les raisons et les modalités de ce rapprochement ambigu entre la propagande allemande et la dissidence pacifiste gravitant autour de Romain Rolland.
In Switzerland, illustrated Sunday newspapers became a target of propaganda during the Great War. In 1914, the Swiss German press relied on Germany to offer this kind of domestic and entertaining literature. With the outbreak of the war, this outwardly innocent media interference took an offensive and political turn. In the autumn of 1915, some Swiss intellectuals launched the Swiss Sunday Newspapers, a Swiss initiative supported by the government. The institutional German propaganda became then active in order to influence secretly these Swiss Newspapers. Questioning the production of entertaining news for a mass audience, this article focuses on the pendulum swing of cultural interests caught in between warring Germany and neutral Switzerland.
Le numéro questionne dès lors la diversité des relations entre lutte syndicale et lutte environnementale. Certes, la défense de l’environnement s’est souvent heurtée, à gauche, aux discours productivistes, au caractère prétendument réactionnaire des protecteurs de la « nature » ainsi qu’au (faux) dilemme entre chômage ou pollution et au chantage à l’emploi du patronat. Pourtant, plusieurs brèches ont été ouvertes pour penser dans le même mouvement les phénomènes toxiques à l’intérieur et à l’extérieur des usines.
Ces brèches, souvent ténues, n’ont pas perdu de leur actualité ou de leur acuité. À l’heure où les écolier-ère-s, étudiant-e-s et apprenti-e-s empruntent l’arme de la grève face à l’urgence climatique, quelle est l’implication des milieux syndicaux dans ce combat ? Ce dernier les concerne : d’abord parce que les différentes classes ne subissent et ne subiront pas de la même façon les aléas de la crise écologique ; ensuite parce que les sources anthropiques du réchauffement global proviennent aussi et en bonne partie du secteur industriel et énergétique.
Face à l’aporie des « petits gestes » des consommatrices et consommateurs ou des « petits pas » des politiques environnementales monte un appel de plus en plus structuré à la politisation des débats et à la mise sous pression des rapports de production. Dans ce sens, l’approfondissement des recherches historiques pourrait aider à mieux comprendre les obstacles à l’engagement pleine et entier des organisations de travailleuses et travailleurs dans la protection de l’environnement, et ainsi apporter des pistes pour y remédier.
Utilisant l’action allemande comme pivot, cet ouvrage cherche à déterminer les mécanismes d’acceptation et de refus que les élites helvétiques ont progressivement actionnés face aux assauts des propagandes, ces « shrapnels du mensonges » (C.-A. Loosli). En dépit des critiques que leurs manœuvres génèrent, les propagandistes n’ont jamais cessé de croire à la nécessité de leur action dans ce conflit « total ». La Suisse, par son rôle de plaque tournante européenne, a dès lors représenté un théâtre imaginaire de la guerre où les belligérants ont tenté de promouvoir une image irréprochable d’eux-mêmes, une image qui s’est révélée, une fois la paix revenue, largement déréalisée.
Cet ouvrage est la version remaniée d'une thèse de doctorat soutenue à l'Université de Fribourg en 2014.
Aus dem Französischen von Daniel Zumbühl.
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Capables de transgresser les frontières nationales, les polluants poussent plusieurs Etats à redéfinir la souveraineté de leur politique sanitaire dans le second après-guerre. Cette étude interroge la mise à l’agenda public de la gestion transfrontalière de la pollution du lac Léman entre la France et la Suisse. En 1962 est créée la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman contre la pollution (CIPEL). Celle-ci illustre le nouvel environnementalisme technocratique mis en place pour faire face aux dégâts du «progrès». L’article montre que les discours officiels concernant le nécessaire dépassement des frontières contrastent avec des pratiques orientées avant tout à l’échelle nationale et qui restent confinées aux sphères expertes, comme le montrent les controverses autour de la gestion des phosphates et du mercure.
During the Great War, neutral Switzerland represented a magnet for peace activism. From 1916 onwards, pacifist and internationalist speeches became highly feared by warring countries facing early cultural demobilizations. Consequently, German propagandists worked to secretely infiltrate peace networks in the French-speaking part of Switzerland. The abilities of many magazines sponsored – with or without his consent – by Romain Rolland to spread "defeatism" sought to indirectly undermine French public opinion. A discreet financial support was granted to magazines such as Jean Debrit’s La Feuille, Henri Guilbeaux’s demain and Claude Le Maguet’s Tablettes. This article explores the reasons behind and conditions of this ambiguous proximity between German propagandists and peace dissidents graviting around Romain Rolland.
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Durant la Grande Guerre, la Suisse neutre représente un pôle d’attraction pour les intellectuels qui refusent d’apporter leur soutien à la poursuite des combats. A partir de 1916, ces discours pacifistes et internationalistes sont extrêmement redoutés par des gouvernements belligérants qui doivent faire face aux premières démobilisations culturelles. La propagande allemande cherche alors à s’infiltrer dans les milieux pacifistes actifs en Suisse romande. Les capacités « défaitistes » de plusieurs titres placés sous l’autorité, consentie ou non, de Romain Rolland doivent permettre de fragiliser, par ricochet, l’opinion française. Un discret soutien financier est notamment apporté à La Feuille de Jean Debrit, à demain d’Henri Guilbeaux et aux Tablettes de Claude Le Maguet. Cet article cherche à faire la lumière sur les raisons et les modalités de ce rapprochement ambigu entre la propagande allemande et la dissidence pacifiste gravitant autour de Romain Rolland.
In Switzerland, illustrated Sunday newspapers became a target of propaganda during the Great War. In 1914, the Swiss German press relied on Germany to offer this kind of domestic and entertaining literature. With the outbreak of the war, this outwardly innocent media interference took an offensive and political turn. In the autumn of 1915, some Swiss intellectuals launched the Swiss Sunday Newspapers, a Swiss initiative supported by the government. The institutional German propaganda became then active in order to influence secretly these Swiss Newspapers. Questioning the production of entertaining news for a mass audience, this article focuses on the pendulum swing of cultural interests caught in between warring Germany and neutral Switzerland.
Alors que dans les discours touristiques et les imaginaires dominants, les Alpes se vendent comme un territoire sauvage et pur dominé par ses majestueux sommets, ce projet entend rappeler la place occupée par l’industrialisation dans des fonds de vallées urbanisés, bénéficiaires mais aussi dépendants de l’« or bleu » ou de la « houille blanche ». Ces expressions renvoient à une énergie hydroélectrique qui fut abondante et décisive pour l’implantation des usines de la deuxième industrialisation, mais dont l’autre face, plus sombre, est celle de fleuves, de rivières, de forêts et de cultures qui sont autant de lieux d’accumulation des émanations toxiques des usines et autour desquels gravitait et gravite encore la majeure partie des activités humaines. Même lorsque l’activité polluante a disparu, les rebuts de l’industrialisation - déchets toxiques, terres imprégnées, sédiments contaminés - continuent à agir sur les corps et sur les esprits. Ce projet permettra de questionner les enjeux mémoriaux de sites industriels en voie de disparition, au moment où l’assainissement de plusieurs d’entre eux accélère le processus d’oubli, conscient ou inconscient, qui les accompagne. Il donnera également la possibilité d’engager un dialogue entre l’histoire environnementale française et suisse, un champ qui connaît un essor fulgurant en écho aux préoccupations actuelles de la société de l’Anthropocène, mais dont les contrées historiques restent largement à explorer.
Ce site explore l’histoire de la Suisse durant la Première Guerre mondiale à travers la collection des cartes postales de la Bibliothèque nationale. Cette période reste méconnue : épargnée par le conflit militaire, la Suisse n'échappe pourtant pas à l'irradiation générale provoquée par la Grande Guerre. Ses champs politiques, culturels et économiques ont été profondément marqués par l'onde de choc de ce premier conflit qualifié de «total».
Média visuel de masse, vivant son âge d'or, la carte postale est alors un support extrêmement populaire de communication. Les illustrations qu’elle véhicule permettent de s’immerger dans l’imaginaire de la population suisse d’il y a tout juste cent ans.
This symposium suggests to probe the visual history of toxicants. What main images, representations and metaphors were mobilized to picture the harm (or the supposed unharmed) done by toxicants? How did scientists, engineers or environmental activists deal with the figuration of this “slow violence” (Nixon, 2011)? What were the dominant media and arts used? Do we find particular topoi related to specific toxicants (radioactivity, heavy metals, persistent organic pollutants)? Were the same images used in order to represent acute poisoning and chronic contamination by low doses? How did occupational and public health visually interfere with environmental concerns? And in the opposite way, what do representations about the supposed safety of a controlled toxicity tell us about the implied harmfulness of pollution phenomena and about what has to remain invisible? Another area of research may be the tensions arising between the artistic representations of contaminated sites (often with aestheticization) and the social disasters caused by this toxicity (Peeples, 2011).
References:
Deadly Dreams – The Cultural History of Poison, 1850-2020, Research project led by May-Brith Ohman Nielsen, <http://deadlydreams.no/>, ongoing.
JARRIGE François et LE ROUX Thomas, La contamination du monde. Une histoire des pollutions de l’âge industriel, Paris, Éditions du Seuil, 2017.
NIXON Rob, Slow violence and the environmentalism of the poor, Cambridge, Mass, Harvard University Press, 2011.
PEEPLES Jennifer, « Toxic Sublime: Imaging Contaminated Landscapes », Environmental Communication: A Journal of Nature and Culture 5 (4), 07.11.2011, pp. 373 392.
How to:
Please send an abstract (max. 300 words) to alexandre.elsig@unil.ch and ximo.guillem@uv.es
with a short biographical note (max. 150 words) and three keywords, within 2019, 13th January.
Find more about the ESHS conference here : https://sites.google.com/view/eshsbologna2020/home?authuser=0
Les contributions pourront ainsi historiciser ces espaces de négociation, conceptualiser les zones de tension entre la production animale industrielle et les rapports de proximité affective et analyser quels sont les catégories, ressources ou services qui sont à chaque fois déterminants. Au-delà de ces perspectives, l’intérêt portera aussi sur la discussion concernant l’animate history (Krüger/Steinbrecher/Winkelmann 2014) à partir de cas empiriques : peut-on prendre en compte une agency des animaux de rente dans leurs liens avec les êtres humains, les structures et les appareils ? Un autre point d’accroche critique pourrait être donné par une confrontation avec les animal sciences. Les contributions – en français, allemand ou italien – pourront traiter de l’histoire des animaux de rente d’un point de vue social, économique, rural, culturel, environnemental, technique, scientifique ou médical, mais aussi dans une perspective de genre ou de vie quotidienne. Elles peuvent porter sur toutes les périodes historiques et aller au-delà de l’espace suisse ou européen.