PALEO - N° 8 - DECEMBRE 1996 - p. 205 à 223

LES INDUSTRIES EN QUARTZ AU PALEOLITHIQUE TERMINOLOGIE, METHODOLOGIE ET TECHNOLOGIE

Vincent MOURRP1'

Il existe en Europe occidentale un décalage certain entre la perception préhistorienne des industries paléolithiques en quartz et la réalité technologique ; sans doute faut-il voir là le résultat d'une part de l'abondance dans ce cadre géographique des industries produites aux dépens de matières premières siliceuses cryptocristallines (silex et matières premières techniquement apparentées) et d'autre part de l'utilisation de ces matériaux pour définir les premières classifications chronoculturelles et typologiques. Dans ce contexte, l'utilisation des matières premières «autres que le silex» est apparue comme l'exception et leur étude a longtemps été négligée.

L'idée selon laquelle le quartz est un «matériau de substitution», employé seulement «en dernier recours», lorsque le silex fait défaut est une constante tenace de la littérature préhistorienne française. D'autre part, le terme de «quartz» recouvre à lui seul une large gamme de

matériaux le plus souvent qualifiés sans discernement de «médiocres» et ne produisant que des industries «frustes». Enfin, contre toute logique, l'emploi même de ces matériaux a parfois été considéré comme un critère d'archaïsme.

Le développement récent de préoccupations d'ordre technologique, notamment l'économie des matières premières, ainsi que la multiplication des essais expérimentaux systématiques (Crabtree, 1972 ; Tixier, 1978 ; Tixier, Inizan et Roche, 1980 ;...) ont permis de nuancer cette vision pour le moins réductrice. La pratique expérimentale a notamment établi la nécessité de distinguer la faible aptitude à la taille d'un matériau et la difficulté d'y discerner les stigmates de la taille. En s'appuyant sur les acquis méthodologiques de I' «école» technologique, nous nous sommes efforcé, dans le cadre d'un travail universitaire, de mettre en évidence l'existence, au

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