Livres by antonin wiser
La fonction utopique que l'œuvre de Theodor W. Adorno attribue à la littérature dessine l'horizon... more La fonction utopique que l'œuvre de Theodor W. Adorno attribue à la littérature dessine l'horizon d’une « langue sans terre », au-delà de la « dialectique de la raison » et de l’autodestruction de la Raison. Tandis que le discours philosophique a sans cesse reproduit dans son appareil conceptuel la violence mythico-rationnelle à l’encontre du singulier non-identique, la langue littéraire semble indiquer la possibilité d’aller avec le concept au-delà du concept. Cet enjeu utopique de la pensée comme dialectique négative n’est pas seulement épistémique : il est bien éthico-politique, lié à la possibilité d’établir des rapports à l’autre libérés de la contrainte de l’identité.
Dans les œuvres littéraires dont il entreprend la lecture – qu’il s’agisse de celles d’Eichendorff, de Hölderlin, de Proust, de Valéry, de Beckett ou encore de Kafka – Adorno ne cherche pas une figure concrète de l’utopie, mais la trace de « ce qui nous appartient en propre et qui a été laissé en blanc » – aussi bien dans les textes que dans l’Histoire.
L’auteur expose les enjeux philosophiques, esthétiques et politiques de la littérature dans la pensée adornienne, puis procède – et c’est là le cœur de l’ouvrage – à une « lecture de lectures », à une traversée des essais qu’Adorno consacra, tout au long de sa vie, aux textes littéraires, pour trouver en ceux-ci les indices de l’utopie à l’œuvre.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Articles by antonin wiser
The Archives of Critical Theory, 2023
This article focuses on the original conception of the archive that emerges from Walter Benjamin'... more This article focuses on the original conception of the archive that emerges from Walter Benjamin's writings, particularly from his correspondence with Gershom Scholem in the 1930s. It appears that Benjamin announces an approach to the publication of his works that seeks to divert the purpose of their circulation for the purpose of constituting a personal archive. I propose to read the subversive dimension of this "anarchic" strategy (Benjamin 1994, p. 385) in the light of Jacques Derrida's reflections in Archive Fever (1996). By then examining the fate of Benjamin's archive during his exile, I will highlight the duality-centripetal and centrifugal, conservative and destructive-of the forces at work within his writings, drawing an anarchival economy that ultimately questions our own relationship to the contemporary institution of Benjamin's archive.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
I. Aubert, K. Genel (dir.), Adorno. Dialectique et négativité, 2023
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Revista Direito e Práxis, 2022
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Histoire globale des socialismes (éd. J.-N. Ducange, R. Keucheyan, S. Roza), 2021
« “Transformer le monde”, a dit Marx ; “Changer la vie”, a dit Rimbaud ; ces deux mots d’ordre po... more « “Transformer le monde”, a dit Marx ; “Changer la vie”, a dit Rimbaud ; ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. » C’est la célèbre conclusion du texte d’André Breton lu par Paul Éluard au Congrès international pour la défense de la culture de 1935. Le tour lapidaire de cette formule indique une convergence que n’ont cessé de chercher artistes et courants socialistes au cours des xixe et xxe siècles.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
n-1edicoes, 2020
Bookmarks Related papers MentionsView impact
A.-C. Menétrey-Savary, R. Mahaim, J.-L. Recordon (eds.), Tumultes postcorona (Editions d'En Bas, Lausanne), 2020
Dans le dernier texte qu'il écrivit avant sa mort en 1940, le philosophe Walter Benjamin évoquait... more Dans le dernier texte qu'il écrivit avant sa mort en 1940, le philosophe Walter Benjamin évoquait la conception du progrès de ses contemporains sociaux-démocrates comme celle d'un temps « homo-gène et vide », « essentiellement irréversible », « se poursuivant automatiquement selon une ligne droite ou une spirale ». Les chantres de la croissance semblent avoir fait leur cette représentation, la vidant toutefois de ce que la social-démocratie d'avant-guerre envisageait encore comme un progrès de l'humanité, pour la réduire à la seule accumulation de richesses extraordinaires par une infime minorité. Cette minorité continue de prétendre que son enrichissement personnel bénéficiera à tous, mais elle ne trompe plus personne, tant l'appauvrissement des pauvres s'est aggravé en parallèle. Les apologues du progrès ont d'ailleurs revu leurs prophéties à la baisse : depuis des décennies, et plus encore depuis la crise financière de 2008, le temps sans qualité où nous sommes retenus ne promet plus d'autre perspective que le maintien d'un statu quo catastrophique, arraché au prix d'efforts sans cesse renouvelés de la part des classes laborieuses (austérité, réformes des retraites, réduction des services publics, etc.). Quel avenir nous ont fait miroiter les dirigeants et puissants de ce monde ces vingt dernières années, sinon que rien ne change, surtout, afin que le capitalisme puisse persévérer dans son être ?
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Etudes de lettres, 2020
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Recherches germaniques, 2019
Dieser Aufsatz beschäftigt sich mit der Frage des Verhältnisses zwischen der Übersetzung und ihre... more Dieser Aufsatz beschäftigt sich mit der Frage des Verhältnisses zwischen der Übersetzung und ihren Zusammenhänge (im Zielsprache und Ausgangsprache). Ich werde mich drei Szenen (bei Shakespeare, Kraus und Benjamin) widmen und über die Fugen – von junctio, conjunctio und disjunctio – zwischen diesen Szenen, die zitiert und übersetzt sein werden, sprechen. Durch die von einem unentscheidbaren Vogelgesang geführte Verschiebung von einer Szene zu der anderen wird das Licht auf diejenige Problematik fallen, die das Übersetzen und das Zitieren gemeinsam haben: die Problematik der Gerechtigkeit.
Cet article aborde la question du rapport entre la traduction et ses contextes (dans la langue-cible comme dans la langue-source). Je m’intéresserai à trois scènes (chez Shakespeare, Kraus et Benjamin) et aborderai leur jonction, conjonction et disjonction, au point où elles s’entre-citent et se traduisent entre elles. Le passage de l’une à l’autre, guidé par le chant indécidable d’un oiseau, fera tomber le jour sur la problématique commune à la traduction et à la citation : la problématique de la justice.
This article deals with the question of the relationship between translation and its contexts (in the target language as in the source language). I will be interested in three scenes (in Shakespeare, Kraus and Benjamin) and will approach their joints -junctio, conjunctio and disjunctio-, which will be quoted and translated. The shifting from one scene to another, guided by an undecidable song of the birds, will shed light on the problem common to translation and citation: the problem of justice.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Prismes, 2019
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Acta Fabula, 2018
Compte-rendu de l'ouvrage de Friedrich Kittler, "Gramophone, Film, Typewriter" [1986], traduit de... more Compte-rendu de l'ouvrage de Friedrich Kittler, "Gramophone, Film, Typewriter" [1986], traduit de l’allemand par Frédérique Vargoz, Dijon : Les Presses du réel, 2018, 480 p.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
fabula.org, 2018
https://www.fabula.org/colloques/document5767.php
Bookmarks Related papers MentionsView impact
fabula.org, 2018
Bookmarks Related papers MentionsView impact
a contrario, 2017
Dans cet entretien mené par A.Wiser, coordinateur de ce numéro et organisateur du cycle de confér... more Dans cet entretien mené par A.Wiser, coordinateur de ce numéro et organisateur du cycle de conférences sur la traduction proposé aux étudiant-e-s du Cours de vacances (Université de Lausanne) en été 2015, il est question de l’importance de la traduction pour des personnes qui apprennent le français comme langue étrangère. La traduction y est conçue comme un point de passage dans l’apprentissage d’une langue entre le moment où elle m’est complètement étrangère et le moment où elle me parle et où je la parle. Les traducteur-trice-s sont ici vu-e-s comme des passeur-e-s qui nous aident à voir que la traduction est un aller-retour, pas un exil. Être de bon ton dans une traduction ou dans une autre langue que la nôtre exige une précision dont la recherche s’avère aussi heureuse qu’une belle rencontre.
This conversation, conducted by A. Wiser, who directed this issue of A Contrario and organized the series of lectures about translation offered to the students of the Cours de vacances (University of Lausanne, summer 2015), shows the importance of translation for learning French as a second language. Translation is conceived here as a passageway between the time a language is completely foreign to me and the time it starts to speak to me/I start to speak it. Translators are then seen as smugglers who help us to consider translation as a round trip, not as an exile. To hit the right note in a translation or in a language different from our own requires a preciseness which quest is as joyful as a beautiful encounter.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
a contrario, 2017
Cet article propose une lecture de la 8ème strophe de Mehr Meer d’Ilma Rakusa, paru en 2009 chez ... more Cet article propose une lecture de la 8ème strophe de Mehr Meer d’Ilma Rakusa, paru en 2009 chez Droschl et traduit par Patricia Zurcher en 2012 sous le titre La Mer encore (Editions d’En bas). En 1949, dans une maison près de Ljubljana, la narratrice âgée de 3 ans découvre conjointement un jardin foisonnant, l’appréhension des départs dans les trains qui passent à l’horizon, et l’étrangeté d’une langue nouvelle. Quelle carte du monde dessinent pour l’enfant l’assemblage des mots slovènes SMRT, VRT, NOČ, VLAK, DAN et KRUH ? Comment passer de leur collection silencieuse à la parole ? Et comment le retour du récit autobiographique vers les pépinières polyglottes de l’enfance s’apparente-t-il au geste de la traduction ?
This paper proposes a reading of the 8th strophe of Ilma Rakusa's Mehr Mehr, published in 2009 by Droschl and translated in 2012 by Patricia Zurcher as La Mer encore (Editions d’En Bas). In 1949, in a house near Ljubljana, the 3 year old narrator discovers all together a teeming garden, the apprehension of departures in trains that pass on the horizon, and the strangeness of a new language. What sort of a worldmap draws for a child the combination of slovenic words SMRT, VRT, NOČ, VLAK, DAN et KRUH? From their quiet collection, how can you switch to some kind of language ? And how is the narrative comeback to the polyglot nursery of childhood related to translation as a gesture ?
Bookmarks Related papers MentionsView impact
a contrario, 2017
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Genesis 44, « Après le texte. De la réécriture après publication », 2017
L’article se propose de lire les trois versions d’Éperons de Jacques Derrida, publiées respecti... more L’article se propose de lire les trois versions d’Éperons de Jacques Derrida, publiées respectivement en 1973, 1976 et 1978. En examinant le travail de réécriture parfois très fin auquel procéda le philosophe, on verra s’inscrire une distance qui redouble et déplace le propos de son texte. En elle s’ouvre un espace qu’on reconnaîtra comme celui du style – opération de découpe de ce stylet que Derrida emprunte à Nietzsche –, dont le lieu, si c’en est encore un, n’est autre que l’écart entre les différentes versions.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Photolittérature, 2016
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Cahiers Philosophiques, no. 121 (CNDP), pp. 79-96, 2010
RESUME. Tout au long de son histoire, la philosophie s’est sentie menacée par le moment sensuel d... more RESUME. Tout au long de son histoire, la philosophie s’est sentie menacée par le moment sensuel de l’art, le plaisir pris qui risquait de mettre la raison hors d’elle-même. Là où Platon s’en défendit par l’exclusion de la poésie hors de l’enceinte de la cité philosophique, Kant tenta de le domestiquer en l’intégrant au dedans des murs du système. Il espérait ainsi, en assignant une place déterminée au plaisir et au désir, en maîtriser les débordements. Mais le pouvoir de séduction de l’art, comme celui des femmes auquel Kant le renvoie, ne se laisseront pas si aisément contenir dans l’économie systémique et viendront déranger le subtil équilibre architectonique de l’édifice critique.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Littérature, no. 157 (Paris: Armand Colin), pp. 3-16, 2010
RESUME. Les Mots anglais de Mallarmé ont en général été négligés, en tant qu'oeuvre de circonstan... more RESUME. Les Mots anglais de Mallarmé ont en général été négligés, en tant qu'oeuvre de circonstance, à moins d'être tirés vers un excès de signification ; écrits après la crise métaphysique qui tourna le poète vers la linguistique, et en même temps que les dernières traductions de Poe, ils travaillent la question "qu'est-ce que l'anglais ?" de façon, après une exploration des questions d'origine et d'identité et une rêverie cratyléenne sur ses sons, à revenir vers cette posture bien mallarméenne d'un point de vue "esthétique et d'économie politique".
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Uploads
Livres by antonin wiser
Dans les œuvres littéraires dont il entreprend la lecture – qu’il s’agisse de celles d’Eichendorff, de Hölderlin, de Proust, de Valéry, de Beckett ou encore de Kafka – Adorno ne cherche pas une figure concrète de l’utopie, mais la trace de « ce qui nous appartient en propre et qui a été laissé en blanc » – aussi bien dans les textes que dans l’Histoire.
L’auteur expose les enjeux philosophiques, esthétiques et politiques de la littérature dans la pensée adornienne, puis procède – et c’est là le cœur de l’ouvrage – à une « lecture de lectures », à une traversée des essais qu’Adorno consacra, tout au long de sa vie, aux textes littéraires, pour trouver en ceux-ci les indices de l’utopie à l’œuvre.
Articles by antonin wiser
Traduit du français en portugais (brésilien) par Moisés João Rech et Marcus Vinicius Quessada Apolinário Filho.
Audio (portugais): https://soundcloud.com/user-538516362/antonin-wiser-saida-do-tempo-vazio-pandemiacritica-n-1edicoes
Cet article aborde la question du rapport entre la traduction et ses contextes (dans la langue-cible comme dans la langue-source). Je m’intéresserai à trois scènes (chez Shakespeare, Kraus et Benjamin) et aborderai leur jonction, conjonction et disjonction, au point où elles s’entre-citent et se traduisent entre elles. Le passage de l’une à l’autre, guidé par le chant indécidable d’un oiseau, fera tomber le jour sur la problématique commune à la traduction et à la citation : la problématique de la justice.
This article deals with the question of the relationship between translation and its contexts (in the target language as in the source language). I will be interested in three scenes (in Shakespeare, Kraus and Benjamin) and will approach their joints -junctio, conjunctio and disjunctio-, which will be quoted and translated. The shifting from one scene to another, guided by an undecidable song of the birds, will shed light on the problem common to translation and citation: the problem of justice.
// Introduction aux actes du colloque "Roland Barthes, contemporanéités intempestives"
This conversation, conducted by A. Wiser, who directed this issue of A Contrario and organized the series of lectures about translation offered to the students of the Cours de vacances (University of Lausanne, summer 2015), shows the importance of translation for learning French as a second language. Translation is conceived here as a passageway between the time a language is completely foreign to me and the time it starts to speak to me/I start to speak it. Translators are then seen as smugglers who help us to consider translation as a round trip, not as an exile. To hit the right note in a translation or in a language different from our own requires a preciseness which quest is as joyful as a beautiful encounter.
This paper proposes a reading of the 8th strophe of Ilma Rakusa's Mehr Mehr, published in 2009 by Droschl and translated in 2012 by Patricia Zurcher as La Mer encore (Editions d’En Bas). In 1949, in a house near Ljubljana, the 3 year old narrator discovers all together a teeming garden, the apprehension of departures in trains that pass on the horizon, and the strangeness of a new language. What sort of a worldmap draws for a child the combination of slovenic words SMRT, VRT, NOČ, VLAK, DAN et KRUH? From their quiet collection, how can you switch to some kind of language ? And how is the narrative comeback to the polyglot nursery of childhood related to translation as a gesture ?
Lien vers l'article en accès libre: https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2017-1.htm
Dans les œuvres littéraires dont il entreprend la lecture – qu’il s’agisse de celles d’Eichendorff, de Hölderlin, de Proust, de Valéry, de Beckett ou encore de Kafka – Adorno ne cherche pas une figure concrète de l’utopie, mais la trace de « ce qui nous appartient en propre et qui a été laissé en blanc » – aussi bien dans les textes que dans l’Histoire.
L’auteur expose les enjeux philosophiques, esthétiques et politiques de la littérature dans la pensée adornienne, puis procède – et c’est là le cœur de l’ouvrage – à une « lecture de lectures », à une traversée des essais qu’Adorno consacra, tout au long de sa vie, aux textes littéraires, pour trouver en ceux-ci les indices de l’utopie à l’œuvre.
Traduit du français en portugais (brésilien) par Moisés João Rech et Marcus Vinicius Quessada Apolinário Filho.
Audio (portugais): https://soundcloud.com/user-538516362/antonin-wiser-saida-do-tempo-vazio-pandemiacritica-n-1edicoes
Cet article aborde la question du rapport entre la traduction et ses contextes (dans la langue-cible comme dans la langue-source). Je m’intéresserai à trois scènes (chez Shakespeare, Kraus et Benjamin) et aborderai leur jonction, conjonction et disjonction, au point où elles s’entre-citent et se traduisent entre elles. Le passage de l’une à l’autre, guidé par le chant indécidable d’un oiseau, fera tomber le jour sur la problématique commune à la traduction et à la citation : la problématique de la justice.
This article deals with the question of the relationship between translation and its contexts (in the target language as in the source language). I will be interested in three scenes (in Shakespeare, Kraus and Benjamin) and will approach their joints -junctio, conjunctio and disjunctio-, which will be quoted and translated. The shifting from one scene to another, guided by an undecidable song of the birds, will shed light on the problem common to translation and citation: the problem of justice.
// Introduction aux actes du colloque "Roland Barthes, contemporanéités intempestives"
This conversation, conducted by A. Wiser, who directed this issue of A Contrario and organized the series of lectures about translation offered to the students of the Cours de vacances (University of Lausanne, summer 2015), shows the importance of translation for learning French as a second language. Translation is conceived here as a passageway between the time a language is completely foreign to me and the time it starts to speak to me/I start to speak it. Translators are then seen as smugglers who help us to consider translation as a round trip, not as an exile. To hit the right note in a translation or in a language different from our own requires a preciseness which quest is as joyful as a beautiful encounter.
This paper proposes a reading of the 8th strophe of Ilma Rakusa's Mehr Mehr, published in 2009 by Droschl and translated in 2012 by Patricia Zurcher as La Mer encore (Editions d’En Bas). In 1949, in a house near Ljubljana, the 3 year old narrator discovers all together a teeming garden, the apprehension of departures in trains that pass on the horizon, and the strangeness of a new language. What sort of a worldmap draws for a child the combination of slovenic words SMRT, VRT, NOČ, VLAK, DAN et KRUH? From their quiet collection, how can you switch to some kind of language ? And how is the narrative comeback to the polyglot nursery of childhood related to translation as a gesture ?
Lien vers l'article en accès libre: https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2017-1.htm
Benjamin pose dans cet essai la question de la validité morale de la violence, en tant que fondement ou partie intégrante du droit.
Le droit naturel ne voit aucun inconvénient à user de la violence pour des fins justes. L’adage en serait “la fin justifie les moyens”. Cet exercice-là de la violence a pu par exemple s’exprimer dans la Terreur pendant la Révolution française. Il revient à considérer la violence comme une donnée naturelle. Au contraire, le droit positif la définit comme le “produit d’un devenir historique”. Pour le droit naturel, seule la justesse de la fin compte. Pour le droit positif, tout droit s’établit sur la critique des moyens.
Il convient de distinguer les différents types de violence indépendamment des circonstances de leur exercice, de s’écarter du droit naturel comme du droit positif. Il faut se tourner vers l’histoire, la distinction des violences devant se fonder sur la “reconnaissance historique universelle de leurs fins”. C’est in fine le droit qui s’octroie le privilège de la violence vu qu’il serait menacé si elle venait à s’exercer en dehors de lui. Pour ce faire, il se retrouve à lui-même l’autoriser, par exemple sous la forme du droit de grève. Ou bien à user lui-même de la violence suprême, “celle qui dispose de la vie et de la mort”, à travers la peine de mort, laquelle le fortifie. Le pouvoir recourt à la violence, qui le fonde et le préserve.
Loin d'une critique naïve de la violence, Walter Benjamin en étudie méthodiquement les ressorts afin de pouvoir fonder en raison une véritable justice sociale.
Traduit de l'allemand par Antonin Wiser.
‘‘Que valent en effet les informations les plus précises des quotidiens au regard de l’exactitude terrifiante avec laquelle Die Fackel décrit des faits juridiques, linguistiques et politiques ? Il n’a que faire de l’opinion publique. Car les nouvelles sanglantes de ce ‘journal’ réclament une sentence. Et contre nul autre avec autant d’urgence et de véhémence que contre la presse elle-même.’’
Écrivain, dramaturge, grand satiriste : Karl Kraus (1874-1936), figure centrale de l’esprit fin de siècle viennois, fut un fin limier du langage. De 1899 à sa mort, il fonde et dirige Die Fackel, dont il est parfois l’unique rédacteur. Les lecteurs de cette revue pamphlétaire, parmi lesquels Schönberg, Musil, Canetti, Wittgenstein ou encore Adorno, attendent à chaque numéro, impatients et anxieux, la tombée du couperet. Les milieux intellectuels redoutent cette plume acerbe, naturellement admirée par Thomas Bernhard.
Walter Benjamin a tenu à rendre hommage à cette figure controversée dans un essai lumineux, auquel il s’est consacré corps et âme un mois durant, en janvier 1931. Loin d’être un monument à l’esprit d’un temps révolu, son éclairage soulève nombre de questions d’actualité. Aux yeux de Benjamin, Kraus a su faire apparaître ‘‘le journalisme comme l’expression parfaite du changement de fonction du langage dans le capitalisme avancé’’. Information créatrice d’“événements” avant les “événements” eux-mêmes… On ne saurait être plus actuel. Mais Benjamin ne fait pas ici que commenter une œuvre et des idées, il dresse également le portrait d’un homme fascinant, d’un dramaturge qui fut aussi son propre personnage.
Traduit de l'allemand par Marion Maurin et Antonin Wiser.
Max Frisch est né en 1911 à Zurich. Après des études de littérature puis d’architecture, il mènera de front son métier d’architecte et son activité d’écrivain, avant de se consacrer entièrement à l’écriture à partir de 1955. Ses journaux, ses romans (Stiller, Homo Faber, …) et ses pièces de théâtre (Monsieur Bonhomme et les incendiaires, Andora, …) font de lui dès les années cinquante l’une figure majeure de la littérature de langue allemande. Son œuvre fut couronnée de nombreuses récompenses, dont le Prix Georg-Büchner en 1958. Il est mort à Zurich le 4 avril 1991.
Table des matières
Max Frisch, notre partenaire
Préface du traducteur 7
Discours de fête 13
La culture comme alibi 21
Notre arrogance envers l’Amérique 29
Les émigrants 39
Le public comme partenaire 57
L’auteur et le théâtre 67
Discours du Prix Schiller 87
Surpopulation étrangère I 97
Surpopulation étrangère II 101
On peut enfin de nouveau le dire 127
Remarques 141
Extrait
"Si l’on appartient au nombre des écrivains qui ont ce bonheur léger de ne ressentir, même en cas de succès, aucune autre vocation que celle d’exercer le métier d’écrivain, parce qu’écrire leur réussit encore mieux que vivre et parce que leurs dimanches ne leur suffisent pas pour tenter de supporter la vie au moyen de l’écriture – si l’on appartient donc, comme celui qui vous parle, à ce genre d’écrivains, on se trouvera alors moins heureux que décontenancé à en découvrir les conséquences : il nous faut, par exemple, tenir des discours, nous montrer. On attend cela de nous. Et plus encore : il faut soudain avoir quelque chose à dire, simplement parce qu’on est écrivain. C’est ainsi que le public se venge de ce qu’on lui a adressé la parole !
Qui est le public ?
Ou plutôt : qu’est-il ?"
(extrait tiré de : « Le public comme partenaire », p. 57)
// Actes de la journée d'étude du 26 novembre 2016 à l'Université de Lausanne.
// « Oui, je suis du XIXe siècle », écrivait Barthes en 1977 sur l’une de ses fiches de travail, avant d’évoquer son sentiment d’être partagé entre une actualité théorique, à l’avancée de laquelle il participa au plus près, et parallèlement, toujours davantage avec les années, son désir de retrait, de neutre, de pas de côté. Car Barthes ne fut pas seulement une « figure centrale » mais aussi un « être à la marge ». Et c’est bien souvent depuis cet écart qu’il inscrit ceux dont il fait ses partenaires de dialogue, par-delà les siècles et les frontières : ses véritables compagnons d’esprit.
// Barthes, contemporain « central » est bien connu : ses amitiés avec Kristeva ou Sollers, ses dialogues avec Deleuze, Lacan ou Derrida, son rôle dans l’élaboration et la diffusion du structuralisme. C’est là qu’il était, lui le lecteur attentif des signes de la mode, véritablement à la page. C’est toutefois plus latéralement que les textes rassemblés ici voudraient plonger le regard, et tendre l’oreille au bruissement de voix mineures mais non moins essentielles qui traversent ses textes. Si certains aspects de la théorie barthienne – ceux-ci même qui étaient autrefois les plus actuels – ont peut-être vieilli avec le structuralisme, c’est là où sa pensée se savait celle d’un « sujet démodé » (RB par RB) qu’elle tisse toujours avec nous ses liens les plus forts.
// Textes réunis par Antonin Wiser
// Sommaire:
/ Roland Barthes, contemporanéités intempestives. Présentation (Antonin Wiser)
/ Point de contact : pour une esthétique de la rencontre (Katia Schwerzmann)
/ Palinodie mon amour. À propos du second séminaire sur le discours amoureux (1975-1976) (Noémie Christen)
/ Constellations marginales : Roland Barthes avec Walter Benjamin (Antonin Wiser)
/ “J’aime, je n’aime pas”. Connivence entre Perec et Barthes (Gaspard Turin)
/ Orphée – Loti – Roland B. (Maxime Laurent)
Ce qu’elles et ils nous livrèrent, ce ne fut ni des débats d’experts, ni des échanges techniques autour des problématiques de traductologie. Sans jamais renoncer dans leurs réflexions à une grande exigence intellectuelle, tou.te.s intervinrent avec le souci constant de transmettre quelque chose du plaisir pris à leur travail avec et entre les langues, à la fréquentation longue et patiente des textes, et à cette forme d’écriture singulière qu’est la traduction. Lors des conférences, il est apparu de façon tout à fait évidente que cette sollicitude avait partie liée avec l’impulsion profonde qui anime le geste de traduction, celle de ménager des passages entre des langues, des pensées et des sujets. Le rôle de passeur, au cœur de leur activité et de leur désir de traduire, les disposait tout particulièrement à pouvoir engager les étudiant.e.s à entrer dans une langue autre, à s’y laisser déplacer pour en revenir transformé.e.s.
Aussi n’est-ce pas un hasard si, quelques différentes que fussent ces interventions dans leur ton et leurs objets, toutes ont porté, expressément ou implicitement, sur la question suivante : que se passe-t-il dans la traduction ? La diversité des réponses qu’on lira ici tient aux accents qu’il est possible de faire porter à cette interrogation.
Sommaire:
1. Voix de passages. Présentation du numéro – Antonin Wiser
2. Conversation sur la traduction, l’intimité et l’étrangeté des langues – Joséphine Stebler, Yves Erard, Antonin Wiser
3. La non-reconnaissance de dette. Walter Benjamin et la traduction – Alexandra Richter
4. « Je ne sais pas ce que j’ai voulu dire par là ». Sur le Journal Berlinois de Max Frisch – Camille Luscher
5. Auszüge aus dem Berliner Journal (1973-1974) / Extraits du Journal berlinois (1973-1974) – Max Frisch, traduit par Camille Luscher
6. Politique étudiante de la traduction – Pierre Fasula
7. En présence de l’autre. Sur la traduction – Olivier Voirol
8. Traduction et image : politique de la sensibilité. Notes sur la traduction (et une lecture du Corbeau d’Edgar Allan Poe) – Christian Indermuhle
9. Garten, Züge / Le jardin, les trains – Ilma Rakusa, traduit par Patricia Zurcher
10. Départs et retours. A travers quelques espaces polyglottes de La Mer encore d’Ilma Rakusa – Antonin Wiser