Raygun, breakeuse des Jeux olympiques de Paris devenue virale sur les réseaux sociaux… et docteure ès breaking

Dans les tout derniers jours de ces Jeux olympiques de Paris 2024, on pensait avoir tout vu. Le meilleur (des médailles, des moments de dépassement de soi, des larmes de joie) et le pire (des déceptions, des larmes, un joueur de volleyball de plage condamné pour le viol d'une fille de 12 ans). On ne s'attendait pas forcément à autant de rire en ce dernier vendredi des Olympiades.

À deux jours de la fin des compétitions, la place de la Concorde accueillait les premières compétitions de breaking, au sein de ce parc urbain qui a accueilli les épreuves de BMX Freestyle, de basketball 3x3 et de skateboard dans une ambiance endiablée. Snoop Dogg, mascotte non officielle de ces Jeux de Paris, a ouvert en personne la compétition féminine - jusqu'à la victoire de la Japonaise Ami. Mais entre temps, une breakeuse australienne est devenue virale sur les réseaux sociaux, cible de nombreuses moqueries sur son niveau et ses figures qui semblaient, y compris pour un regard profane, quelques peu approximatives.

Raygun, de son pseudo, est arrivée sur la scène face à Syssy (la Française Sya Dembélé, finalement éliminée en quarts de finale)… et internet s'est déchaîné. Son passage au sol, avec en particulier un mouvement où ses mains touchent ses pieds d'un côté puis de l'autre, a particulièrement distrait.

Avec une référence au Pokemon connu pour son inutilité (en plus d'être un animal fictif, c'est un poisson hors de l'eau).

« Ma nièce de 5 ans après avoir dit : “Regarde ça!” »

« Quand j'essaie de retirer la couette lorsque j'ai trop chaud la nuit. »

« Breaking olympique… franchement c'est pas un sport, à part la turbo gênance. »

« Si vous vous êtes déjà demandé ce à quoi ressemblerait une personne lambda en compétition aux Jeux olympiques… Je vous présente RayGun. »

« Impossible que je rie autant pendant tout 2024 qu'après avoir regardé une professeure d'université australienne baptisée Raygun “breaker” face à des adolescents. »

«Je veux faire du mieux que je peux»

Sans grande surprise, Raygun n'est pas une B-Girl professionnelle. À 36 ans, Rachael Gunn, de son nom complet, est en effet maître de conférence à la Macquarie University, au sein du département des Médias, de la Communication, des Arts créatifs, du Langage et de la Littérature. Meilleure breakeuse australienne, choisie pour représenter son pays aux Championnats du monde à Paris en 2021 puis Séoul (2022) et Louvain (2023), elle est titulaire d'un doctorat, après avoir défendu en 2017 une thèse sur « l'intersectionnalité de genre dans la scène de breaking à Sydney », précise Reuters. « Les gens trouvent ça cool et intéressant, mais aussi très différent du parcours universitaire classique. Donc je reçois différentes réactions, selon le département de l'université. Mais globalement, les réactions sont vraiment positives », a-t-elle déclaré à l'agence de presse, interrogée sur la façon dont ses collègues perçoivent son parcours olympique. La différence d'âge par rapport à ses concurrents (certains sont même mineurs) ne la perturbait pas : « C'est une expérience différente. Je passe plus de temps à m'échauffer, à me remettre, je prends vraiment soin de mon corps. Je ne pense pas qu'une personne de 20 ans ait tant besoin de se préoccuper de ce genre de choses. »

« Le breaking a un impact tellement positif sur la vie des gens. Ils sont en forme, c'est une façon créative de s'exprimer, s'appartenir à cette communauté. La place que les Jeux olympiques nous donne va inspirer de nouvelles générations », s'est-elle félicitée - même si bon nombre d'internautes regrettent l'absence du karaté, au profit du breaking, à Paris, après le succès des épreuves lors des Jeux olympiques de la jeunesse à Buenos Aires. Steven Da Costa, premier médaillé d'or de l'art martial présent à Tokyo en 2021, en a ri sur X (ex-Twitter), après avoir été mentionné par nombre de twittos :

Interrogée par l'Illawarra Mercury, un quotidien de Nouvelle-Galles du Sud (région dans laquelle sa discipline est interdite depuis 1999 car jugée trop dangereuse - de quoi nourrir un remake australien de Footlose), Rachael Gunn avait prévenu : « Je veux faire du mieux que je peux, montrer pour de bon ce qu'apporte l'Australie sur la scène mondiale et rendre fiers les Australiens ». C'est chose faite (au moins pour une personne) :

« S'IL VOUS PLAÎT, faites que Raygun soit notre porte-drapeau de la cérémonie de clôture. Je n'ai jamais été aussi fier d'être Australien. »