Place Vendôme, Boucheron expose dans les vitrines de son hôtel particulier, situé à l'angle de la rue de la Paix, ses icônes joaillières. Bijoux de la ligne Quatre (vingt ans cette année), collection Serpent Bohème et Jack y côtoient des pièces de haute joaillerie imprégnées d'histoire. Parmi celles-ci, le collier Point d'Interrogation, une signature Boucheron à part entière imaginée en 1879 par Frédéric Boucheron, le fondateur de la maison. Sans fermoir, multipliant les inspirations végétales, ce collier en forme de… point d'interrogation va s'imposer comme l'une des pièces phares de la joaillerie moderne, dès ses premières récompenses obtenues en 1889 du Grand Prix de l’Exposition universelle de Paris. Edité en toutes petites quantités, cette référence de la joaillerie française va briller au cou des femmes de la famille impériale russe comme à celles des riches épouses des nouveaux millionnaires américains.
Ce saut entre passé et présent (et un présent qui a généralement des allures de futur), Boucheron en a fait l'une des ses marques de fabriques, présentant chaque années deux collections de haute joaillerie, inspirées par les archives en janvier, célébrant l'innovation en juillet. Ainsi a-t-on récemment vu des trésors inspirés par les broches de la Reine Elisabeth II, un étonnant voyage au coeur même de l'Islande, le tout voisinant avec des matières inédites, qu'il s'agisse d'une mousse utilisée par la Nasa ou de la Cofalit , un matériau ultra innovant présenté il y a deux ans. Si la place Vendôme s'est donné pour mission de se réinventer, si les maisons font preuve d'une audace toujours plus renouvelée - pensez par exemple à la collection de haute joaillerie de Chanel dédiée… au sport - Boucheron a su imposer, à sa manière, un calendrier unique en son genre.
Kim Kardashian, Prianka Chopra, Law Roach et Aishwarya Rai avaient sorti l'artillerie lourde pour le mariage indien le plus démesuré de l'année.
Mais cette fois-ci, c'est hors des temps forts traditionnels que la nouveauté se fait connaître. Nouveauté ? Oui et non, tant la silhouette du collier est reconnaissable, quoi qu'ici plus affutée, presque allégée, et ornée de nouvelles pierres. Les rubellites au rouge rosé, les tanzanites bleues, les tourmalines vertes mentholées jouent la partition du graphique et du monochrome, une sorte d'esprit colorblock joaillier voulu par Hélène Poulit-Duquesne, la PDG de Boucheron. Mais non sans y attacher une touche inattendue, dans l'esprit dit des « multiportés » : chacune de ces trois pièces est réversible, affichant un deuxième profil en cristal de roche serti de diamants. Parfois, les idées les plus simples sont les plus innovantes. C'est justement l'histoire de notre collier iconique Point d'interrogation, créé en 1879 par Frédéric Boucheron : un collier sans fermoir, entièrement flexible, permettant aux femmes de se parer elles-mêmes. A l'époque, les bijoux et les tenues bridaient encore le corps des femmes, et elles avaient besoin d'aide pour s'habiller et se parer. L’aboutissement de ce design exceptionnel mais simple nécessitait de l'ingéniosité et
de l'innovation, ainsi qu’une envie de faire progresser la société, des qualités qui restent aujourd'hui au cœur de Boucheron », explique la dirigeante, qui confie également réfléchir, depuis 2019, à une autre idée : « créer une version réversible de ce collier Point d’Interrogation. Deux créations en une, comme deux facettes d'une même personnalité : retournez le collier et la matière fétiche de Frédéric Boucheron, le cristal de roche, se dévoile…»
C'est l'une des vedettes de notre série de haute joaillerie, en kiosque ce mois-ci. Découvrez, derrière le collier Point d'Interrogation, la folle histoire d'un bijou qui a révolutionné la vie des femmes - pas toutes, mais pas des moindres.
Cinq ans après, le résultat est là. Evidemment, dans la plus féminine des maisons de la place Vendôme, il ne s'agissait pas de s'arrêter à ce stade : mais bien de continuer à faire se collisionner les époques et les temporalités. D'où la présence de pièces à leur tour inspirées de créations historiques, mais repensées au goût (et aux techniques) du jour. Trois pièces supplémentaires ont ainsi été de nouveau créées : un collier lierre, évoquant celui fabriqué à seulement six exemplaires entre 1881 et 1889, le mythique plume de paon (deux seront réalisés en 1882 et 1883, dont le second sera acheté par le Grand Duc Alexis de Russie) et enfin un collier à feuilles de lierre, héritier d'un collier à feuilles d'olivier de 1886, multipliant les techniques joaillières : serti descendu, le serti filet, le pavage, le serti grain, serti neige…