SPECTROMETRIE OPTIQUE
I SPECTROSCOPES A FENTES
1.1 Etude des systèmes dispersifs
1.1.1 Les réseaux
E
Montage :
L
FS
x
C
θ
S
R
D
S : source → lampe zinc, cadmium, mercure si possible. Prendre à défaut une lampe Hg BP
C : condenseur spécial x 6 cm pour Michelson
L : 250 mm
R : 2000 traits/ inch
D : 2 m minimum ou plus
Le montage proposé n’est pas le plus lumineux mais c’est celui qui présente le moins
d’aberrations → ouvrir la FS pour montrer le spectre ; refermez là pour faire les mesures.
Une autre solution consiste à mettre la fente source au niveau du point de convergence du
condenseur → le spectre est plus lumineux mais les aberrations sont plus fortes.
Théorie :
sin θ - sin i = N k λ = k λ/a
avec
N : nombre de traits/m
a : distance entre deux traits
i = 0 ⇒ sin θ = k N λ
Pour les faibles valeurs de θ : θ ≅ sin θ =
x
= Nkλ
D
Dispersion angulaire Da =
dθ
≅ k N = cte
dλ
Dispersion linéaire : D =
dx
≅ k ND = cte
dλ
D’où
⇒ Un réseau éclairé en incidence normale à une dispersion constante quelle que soit la
longueur d’onde tant que θ reste faible.
Remarque :
Respecter cette condition simplifie les mesures sur une autre radiation (cf. § 1.1.2
aussi) mais n'est pas indispensable. La linéarisation induit une erreur inférieure à 1 % si les
angles sont inférieurs à 8 %
137
Mesures :
Tracez x = f(λ) pour le premier ordre ; on a normalement une droite de pente ND.
x
(2) : droite moyenne → en déduire Nexp
Comparez à la donnée constructeur
3
2
(1), (3) : pente min, pente max → donnent l’encadrement
1
λ
On peut alors mesurer la longueur d'onde d'une autre radiation (λmoy du Na par exemple) avec
ce montage étalonné.
Influence de l’ordre :
Si les angles restent petits, D k = 2 = 2.D k = 1
→ Prendre une lampe Hg
BP, mesurez ∆x entre la raie verte et la raie jaune dans le premier et le second ordre ; on doit
avoir :
∆x k = 2
=2
∆x k =1
Remarques :
On fait les mesures avec les raies vertes et jaunes car ce sont les longueurs
d’ondes les moins dispersées (c’est l’inverse avec le prisme) → θ les plus faibles.
La dispersion augmente avec k, mais la luminosité diminue.
Influence de N :
N = 4000 traits/inch. Si on a le temps : tracez x = f(λ). Sinon, mesurez
dans l’ordre 1 le ∆x entre la raie verte et la raie jaune pour N = 4000 et vérifiez la relation :
∆x N = 4000
=2
∆x N = 2000
Cas des réseaux blazés :
Ce sont les réseaux employés dans les spectroscopes modernes. Par
rapport aux réseaux classiques, ils présentent l'avantage de concentrer une bonne partie de
l'énergie incidente dans un ordre du spectre. Pour plus d'explications, se reporter à la réf. (1),
p. 120 - 122). On peut le constater en observant les différents ordres du spectre donné par un
tel réseau. A Rennes, on dispose de deux réseaux blazés en réflexion. Réalisez alors le
montage suivant avec le réseau le plus dispersif (respectez les distances proposées) :
1 mètre
R
FS
C
QI
250
30 cm
EN
138
EB
C : × 6 cm ; tirage de la lampe au maximum
FS : fente source réglable ; ajustez la position de la lampe pour avoir une tâche lumineuse
blanche tombant sur le réseau.
R : réseau par réflexion ; le mettre ≈ ⊥ à l'axe optique pour commencer
EB : écran blanc plastifié sur cadre en bois
EN : écran noir → masque la lumière parasite
Ajustez la position de la lentille et celle du réseau pour former l'image de FS sur le bord de
l'écran le plus proche de l'axe optique (remarquez qu’on n’éclaire pas le réseau avec un
faisceau parallèle comme c'est l'habitude afin de simplifier le montage). Minimisez les
aberrations ! Faire tourner le réseau de façon à faire défiler les différents ordres (observez
toujours à l'endroit ou vous avez fait l'image de FS). Vous devez observer le passage de 4
ordres dont un est plus intense ; lequel ? Pour confirmer, replacez le réseau dans sa position
de départ (ordre zéro net) et remplacez la QI par une lampe à vapeur de sodium (allumée
depuis au moins 5 minutes) sans modifier le montage. Ajustez la position de la lampe de
façon à éclairer uniformément le réseau. Faire tourner de nouveau le réseau ; pour le troisième
et le quatrième ordre retouchez la position de la lentille pour avoir une image nette. Quel est
l'ordre le plus lumineux ? Se placer au troisième ordre et fermez la fente source
progressivement ; que constatez-vous ? Faire aussi cette observation dans le quatrième ordre
(autant vous dire qu'avec ce réseau, on sépare assez facilement le doublet jaune du mercure !).
1.1.2 Pour les prismes
On peut tracer la courbe x = f(λ) pour un PVD de
la même façon qu’au paragraphe 1.1.Une solution plus rapide et spectaculaire (mais
qualitative) consiste à mettre à profit la constance de la dispersion d’un réseau (à condition de
bien l’employer !) pour produire un axe horizontal linéaire en longueur d’onde .
Montage :
E
250
TS
PVD
C
x
QI
R
D
R : 4000 traits/inch avec son axe de déviation horizontal
PVD : axe de déviation vertical
D : l’expérience est d’autant plus spectaculaire que D est grand
Observation :
xPVD
⇒ dispersion non linéaire pour le prisme
λ
1.2 Pouvoir de résolution
Réf. (1), p. 217
Manipulations délicates → faire des montages soignés.
139
Plusieurs phénomènes peuvent contribuer à limiter le pouvoir de résolution d'un spectroscope
:
- la largeur des fentes d'entrée et de sortie limite géométriquement le pouvoir de résolution
de l'instrument.
- le pouvoir de résolution intrinsèque de l'élément dispersif est limité par la diffraction par
l'élément dispersif lui-même. Ce pouvoir de résolution est d'autant plus grand que la partie
éclairée de l'élément dispersif est large.
- d'autres facteurs, comme les aberrations des lentilles, peuvent aussi intervenir pour
limiter le pouvoir de résolution.
On propose d’étudier la résolution du doublet jaune du mercure. L'étude peut être menée avec
le PVD (c'est un système constitué de trois prismes, un en flint intercalé entre deux en crown ;
les angles des prismes sont calculés de manière à ce que la déviation d'un rayon lumineux soit
nulle pour la raie à 589 nm du sodium) ou avec le réseau.
1.2.1 Influence de la largeur de la fente source
L'observation peut se
faire sur écran ou à l'aide d'une caméra CCD. Quelque soit le système dispersif utilisé ,
l’image de la FS sur l'écran ou la CCD doit être fine et parfaitement nette ⇒ bien centrer tous
les éléments du montage pour minimiser la coma (remarquer que la lentille ne travaille pas
dans les conditions de Gauss). La manipulation avec le PVD est plus lumineuse ; celle avec le
réseau permet des mesures plus rigoureuses → à vous de choisir.
E
Avec le PVD :
L
FS
Oscillo
PVD
CCD
Hg BP
D
FS : fente source réglable étalonnée
L : 150 ou 250 mm
PVD : prisme à vision directe
D : entre 2 et 4 m
CCD : caméra CCD 220 sur oscilloscope HP 54 603 B
Avec un réseau :
FS
L
E
R
Oscillo
CCD
Hg BP
D
Matériel idem ; prendre des distances plus courtes pour D afin d'observer plusieurs ordres sur
l'écran. Prendre un réseau d’environ 140 traits/mm
Observation sur un écran :
Si la FS est suffisamment fine (et le montage correct !), on
constate avec le PVD que le doublet est résolu. Si on utilise les réseaux, on constate qu'il n'est
pas résolu dans l'ordre 1. Il l'est en revanche dans l'ordre 2 ou 3. Inclinez alors fortement
140
l'écran (le mettre ≈ parallèle à l'axe optique) et déplacez-le de façon à avoir une image la plus
nette possible du doublet jaune (pour le réseau 4000 traits/inch → regardez dans le deuxième
ordre ; pour le réseau ≈ 140 traits/mm → regardez plutôt dans le troisième ordre). Observez
l'influence de la largeur de la fente source. Les mesures quantitatives faites après peuvent
aussi être réalisées visuellement si on ne maîtrise pas bien l'utilisation de la caméra CCD (la
précision est moins bonne).
Mesures avec la caméra CCD :
Elles peuvent se faire avec un PVD ou un réseau (dans ce
dernier cas, faire l'observation dans l'ordre 2 ou 3). Partir d’une FS suffisamment fermée pour
résoudre le doublet jaune. Mesurez t, l’écart entre 2 TOP de synchronisation, et dt, l’écart
entre les deux raies jaunes du mercure.
t
dt
Ouvrir progressivement la FS jusqu’à ne plus résoudre le doublet. Notez alors la longueur f
de la fente source (vérifier qu’elle indique bien zéro lorsqu’elle est fermée !). On se propose à
partir des mesures précédentes de calculer le pouvoir de résolution du spectroscope lorsqu’il
est à la limite de résolution du doublet et de comparer cette valeur au résultat attendu :
R=
λ
578
=
= 274
dλ 2,11
Mesure sur le doublet résolu :
Cette mesure permet de calculer la dispersion angulaire du
spectroscope :
t correspond au temps pour parcourir la totalité de la barrette CCD soit une
longueur = 1024 x 14 µm = 14,336 mm.
dt correspond au temps pour passer d’une raie du doublet à la suivante. On peut
donc en déduire la distance dx entre les deux raies au niveau de la CCD.
t ↔ 14,336
⇒
dx =
dt ↔ dx
14,336 . dt
t
On peut alors mesurer la dispersion angulaire du spectroscope : D a =
dθ
dx
=
dλ Ddλ
Mesure en limite de résolution :
Elle permet de calculer la largeur angulaire de la FS en limite
de résolution :
α=
F
/d
Pour résoudre expérimentalement le doublet, cette largeur angulaire doit être inférieure à
141
l’écart angulaire dθ entre les deux raies :
F
α
λ1
α
dθ
d
α = dθ
A la limite de résolution :
Or
λ
dλ
dθ
Da =
dλ
R=
⇒ R=
λ2
cf. réf. (1), p. 219 remarque n°6
λ
λ
Da = Da
dθ
α
À la limite de résolution
Voici à titre indicatif une série de mesure :
t = 5,2 10-3 s
dt = 520 µs
⇒ dx = 1,43 mm
= 0,31 mm
d = 0,18 m
F
d’où
Rexp =
⇒
1,4310 −3
Da =
= 7,1410 − 4 rad / nm
0,95 x 2,11
α = 1,72 10-3 rad
⇒
578
λ
Da =
x 7,1410 − 4
−
3
α
1,72.10
Rexp = 240
L’écart avec la valeur attendue est en général assez important.
Explication :
En toute rigueur, α est mesurée par rapport à la lentille et dθ par rapport au
système dispersif → pour pouvoir écrire α = dθ , il faut que la lentille et le système dispersif
soient au même niveau (c'est avec les PVD que cette erreur est la plus importante). On
pourrait augmenter D pour minimiser cette erreur mais la CCD n’est plus assez sensible.
De plus, la recherche de la limite de résolution n'est pas très précise ; c'est sans
doute ce qui induit le plus d'incertitudes (les aberrations sont aussi un facteur limitant).
1.2.2 Influence de la surface éclairée
Réf. (1), p. 219
La manipulation étant peu lumineuse, on conseille plutôt de réaliser cette expérience avec le
PVD.
Montage :
FS
L
PVD
E
Hg BP
F
F : fente réglable contre la face d'entrée du prisme (parallèle à FS) ; la fixer sur un pied latéral.
142
FS : ajustez sa finesse de façon à ce que le doublet jaune soit résolu mais pas trop pour que la
luminosité reste suffisante. La réussite de l'expérience dépend en grande partie de ce réglage
si le montage optique est correct.
Fermez progressivement la fente F et observez l'élargissement des raies par diffraction jusqu'à
ne plus résoudre le doublet jaune. On peut essayer de condenser plus de lumière dans le PVD
avec le condenseur spécial pour Michelson (prendre alors une lentille de 150 mm) ou faire
une observation à la caméra CCD (prendre alors une lentille de 250 mm et placer la caméra à
environ 1 m). On pourrait faire une exploitation quantitative de l'expérience (cf. réf. (1), p.
219) ; cependant c'est plus souvent la largeur des fentes du spectroscope qui limite son
pouvoir de résolution que la diffraction → si on ne fait qu'une mesure quantitative, faire celle
sur la largeur de fente.
1.2.4 Autre manipulation possible
L'influence de la largeur des fentes
utilisées sur le pouvoir de résolution peut être aussi menée directement sur le
monochromateur. Se reporter à la réf. (1), § V.1.4.3. La manip demande à être testée.
II SPECTROSCOPIE INTERFERENTIELLE
Pour une introduction à ce type
d'interférométrie et les manipulations proposées, consulter la réf. (1), p. 229 et suivantes.
2.1 Interféromètre de Michelson (à deux ondes)
2.1.1 Mesure d'une longueur d'onde moyenne
Montage :
Réglez au préalable le Michelson en anneaux
laser
Melles Griot
O
L
f
E
D
U
table traçante
CR 650
Ajustez la position du laser en horizontal et en vertical pour avoir sur l'écran le centre des
anneaux au centre de l'image. Placez la photodiode au centre du système d'anneaux devant
143
l'écran. Accolez un petit trou ∅ = 1 mm devant la photodiode ; la polariser en inverse avec
une tension de 15 V, le photocourant créé étant convertit en tension via l'impédance d'entrée
de la table traçante.
Manipulation :
Une fois les réglages effectués, enregistrez l'interférogramme en faisant
défiler les anneaux à l'aide du moteur accolé au Michelson :
Vtable traçante = 4 mm/seconde
L'interférogramme obtenu est périodique (aucune atténuation n'est visible sur le papier, signe
d'une bonne cohérence temporelle). Comptez le nombre de périodes enregistrées(en compter
un nombre suffisant pour avoir une bonne précision) ; en déduire la longueur d'onde du Laser.
Remarques :
Il se peut que la mesure diffère sensiblement de la valeur attendue. L'expérience
montre que la vitesse de défilement de la table traçante diffère légèrement de celle annoncée
→ mesurez là expérimentalement avec un chronomètre pendant l'enregistrement ! Si le
résultat est encore entaché d’erreur, à quoi cela peut-il être du ?
Il serait tentant de procéder à un comptage électronique des périodes. Si on
envoie le signal provenant du détecteur sur un compteur, on obtient un comptage trop élevé
dû à des modulations parasites de l'intensité lumineuse. Celles-ci proviennent de la
modulation à 100 Hz de la luminance de la source, des vibrations de l'interféromètre lors du
déplacement du miroir, etc… L'enregistrement est la seule méthode vraiment fiable dans le
cadre des montages.
Remarque bis :
La plupart des interféromètres modernes donnent le spectre en fréquence de la
source en calculant la transformée de Fourier inverse de la partie modulée de
l'interférogramme I(δ). Dans ce cas, la résolution dépend de la longueur du chariotage. En
effet, comme on n'enregistre l'interférogramme que sur un domaine fini de différence de
marche [-δmax ; + δmax], le résultat obtenu est le produit de l'interférogramme vrai par une
fonction rectangle → la TF de cet interférogramme réel correspond donc à la convolution du
spectre vrai par un sinus cardinal sinc(2π.σ.δmax) ⇒ chaque détail du spectre obtenu par TF se
retrouve donc élargi d'une même quantité σ de l'ordre de 1/δmax. Le pouvoir de résolution du
spectre obtenu par cette méthode sera par conséquent d'autant plus précis qu'on comptera un
nombre de franges élevé. Il faut alors disposer d'un déplacement mécanique d'une qualité bien
supérieure à celui des interféromètres d'enseignement. Il faut remarquer que dans le cas de la
manipulation proposée, la détermination de la longueur d'onde ne se fait pas par TF mais par
une exploitation directe de l'interférogramme → on peut l'estimer avec une meilleure
précision que par la TF.
2.1.2 Spectre du Sodium : étude d'un doublet
Cette source est
principalement constituée d’une raie jaune (λ = 589,3 nm) qui est en fait un doublet de raies
fines distantes de ∆λ = 0,6 nm.
Manipulation :
Se reporter au montage « Principe et réglages des Interféromètres ». Repérez
plusieurs anticoincidences ; en déduire le ∆λ. La largeur de ces raies module également le
144
contraste des franges lorsque l’on chariote (cf. réf. (1), p. 235) ce qui fait qu’au-delà d’un
chariotage total d’environ 7 mm autour du contact optique, on n’observe plus de franges.
Remarque :
Ce paragraphe est important car il montre l'intérêt fondamental des
spectroscopes interférentiels concernant l'étude des détails fins d'un spectre. En effet, plus les
détails sont fins, plus il devient difficile de les séparer avec un spectroscope à fente. Ainsi, s'il
est relativement facile de séparer le doublet du mercure avec des systèmes dispersifs courants,
il n'en est pas de même pour le doublet du Sodium (on y arrive encore avec des réseaux
performants → cf. l'étude des réseaux blazés). C'est le contraire dans le cas des spectroscopes
interférentiels ; plus les longueurs d'onde sont proches, plus le phénomène d'anticoïncidence
observé va être espacé. Cet intérêt est encore plus évident dans le paragraphe suivant (même
si on se contente d'une mesure grossière ici).
2.1.3 Evaluation d'une largeur de raie
Manipulation :
Se reporter au montage « Principe et réglages des Interféromètres ».
2.1.4 Spectroscopie par transformée de Fourier
Belle manipulation mais
délicate à monter → réservée aux ambitieux !
Montage :
P : photodétecteur relié à synchronie
→ photodiode polarisée en inverse ou
PM avec résistance de mesure
C
L
Hg BP
f
P
E
Manipulation :
Acquérir sur synchronie l'interférogramme de la lampe Hg BP en déplaçant le
miroir mobile à l'aide du moteur fixé sur l'interféromètre et réaliser sa FFT pour obtenir les
fréquences de défilement des différentes longueurs d'onde. Le choix de la fréquence
d'échantillonnage est crucial pour obtenir un interférogramme non perturbé par une
modulation parasite de la source ; s'adresser au professeur pour plus d'explication.
Exploitation :
Les longueurs d'onde sont temporellement incohérentes entre elles → chacune
d'entre elle donne un système d'interférence qui passe par un maximum lorsque 2.e = λ. Si v
est la vitesse de défilement du moteur, le phénomène se reproduira avec une certaine
périodicité. Le Michelson de Rennes ayant une vitesse de défilement de 0,05 mm/min, les
145
fréquences correspondant aux différentes longueurs d'ondes seront données par la relation
suivante :
10 −4
f =
60 λ
2.2 Interféromètre de Fabry-Pérot
Pour une introduction à cet interféromètre,
consulter la réf. (1), p. 243 et suivantes (très bien fait). Se reporter au montage « Principe et
réglages des Interféromètres » pour le réglage du parallélisme du Fabry-Pérot → cf. M 08 bis,
§ 3.2.
La principale différence avec l'interféromètre de Michelson est sa finesse F, définie comme le
rapport de la période de la fonction d'Airy à la largeur à mi-hauteur des pics. Dès que cette
finesse dépasse quelques unités, elle est sensiblement égale à :
R
F=π
(1 − R )
Le coefficient de réflexion en intensité R étant forcément ≤ à 1, l'étude de cette fonction
montre que la finesse sera d'autant plus importante que R sera grand. Les Fabry-Pérot
d'enseignement ont en général une finesse de l'ordre de 10 alors que celle d'un Michelson
utilisé en anneaux est de l'ordre de 2 (les anneaux brillants et sombres étant ≈ de même
largeur). On propose dans un premier temps d'observer une conséquence de cette meilleure
finesse en observant des anneaux d'égale inclinaison avec une lampe à vapeur de sodium ; on
mesurera dans un deuxième temps le coefficient de réflexion de l'interféromètre pour en
déduire le coefficient de finesse à l'aide de la formule approchée.
2.2.1 Observation directe du doublet du sodium
Manipulation :
Réglez l'interféromètre avec une épaisseur faible entre les miroirs pour que la
largeur des anneaux brillants soit due à la finesse de l'instrument (pour plus d'explication sur
ce point, se reporter à la réf. (1), p. 255). En effet, au-delà de 1 mm, le contraste est très faible
et il est impossible de projeter les anneaux).
C : condenseur spécial × 6 cm
dans tube métal
E
Fabry-Pérot L
C
Fabry-Pérot : épaisseur d'environ 1
mm
L : lentille Leybold 50 cm ou
lentille de focale 1 m
Na BP
f
E : écran à placer au foyer de la
lentille
L'expérience étant peu lumineuse, minimisez les lumières parasites à l'aide de chiffons noirs.
Observez les deux systèmes d'anneaux ; comparez cette figure à celle obtenue avec
l'interféromètre de Michelson.
146
2.2.2 Mesure de la finesse théorique
Pour calculer F, il faut mesurer le
coefficient de réflexion R des faces traitées.
Manipulation :
Réalisez préalablement un réglage grossier du parallélisme des lames du P.F.
en envoyant un faisceau laser He-Ne normalement aux lames : la principale tache de réflexion
doit revenir sur le laser. Sur un écran éloigné de plus de 1 m, on observe plusieurs taches
transmises. Agir sur les molettes de réglage grossier pour les amener en coïncidence. Les
deux faces réfléchissantes sont alors sensiblement parallèles entre elles et perpendiculaires au
faisceau laser. Pour observer chacune des réflexions isolément, il faut ensuite les séparer
spatialement. On dérègle donc légèrement l'appareil, ce qui fait apparaître sur l'écran une série
de taches alignées et équidistantes. II y a alors décalage angulaire des différents rayons,
chaque aller-retour dans la cavité provoquant un décalage angulaire supplémentaire de 2α. En
agissant sur les molettes de réglage grossier, faire en sorte que les taches soient alignées sur
un axe horizontal et séparées par un intervalle de l'ordre du centimètre. L'angle α est alors de
l'ordre de quelques dixièmes de degré (l'incidence reste donc sensiblement normale pour les
premières réflexions et l'exploitation des résultats permet donc d'évaluer correctement le
coefficient de réflexion R en incidence normale).
RESULTAT SUR
L'ECRAN
VUE DE DESSUS
E
Fabry - Pérot
laser He-Ne
T 2000
Numérotez les taches à partir de 1 pour la plus lumineuse. Mesurez le flux φi correspondant à
chacune d'elles à l'aide d'une photodiode polarisée en inverse (on peut la placer sur un pied
translatable suivant l'axe perpendiculaire à l'axe optique). Sa surface sensible doit être assez
petite pour ne recevoir qu'une tache à la fois et assez grande pour la recouvrir entièrement ; si
ce n'est pas le cas, ajustez l'angle α ou la distance entre l'interféromètre et la photodiode.
Exploitation :
La pente de cette droite vaut 2LnR
→ en déduire la valeur du coefficient
de réflexion en énergie R.
Calculez la finesse théorique : ℑ théorique =
0
-1
0
1
2
3
4
5
6
7
-2
Ln (V)
Soit Vi la tension aux
bornes de la résistance de mesure
correspondant à la tache n° N →
tracez Ln(VN) = f(N) ; vous devez
obtenir une droite.
logarithme du signal de la photodiode en fonction du
numéro du faisceau transmis
-3
-4
y = -0,4543x - 3,7669
R2 = 0,9999
-5
-6
-7
N
π R
(1 − R )
147
Explication :
Soient A0 l'amplitude de l'onde incidente et Ai celle du ième faisceau transmis ; on
a alors les relations suivantes :
A 1 = A o × t 12 × t 21
ϕ
A 2 = A 0 × t 12 × t 21 × r12 × r21 × e j = A 1 R e j
A i = = A 1 R (i − 1) e j(i − 1)
ϕ
ϕ
→ l'intensité transmise du ième faisceau vaut par conséquent I = A i × A ∗i = R 2(i − 1) I1 ; on a donc
bien une pente de 2LnR. Le tracé de la courbe Ln(Vi) = f(i) permet d'obtenir la valeur du
coefficient de réflexion R ; on peut en déduire la valeur théorique de la finesse à l'aide de
l'expression approchée donnée en introduction. Elle est à comparer à celle du Michelson (cf.
réf. (1), p. 244 fig V.18 ou p. 250).
Remarque :
Il serait intéressant de comparer cette valeur obtenue par le calcul à une mesure
expérimentale ; il faudrait pour cela disposer d'un Fabry-Pérot translatable pour tracer la
fonction d'Airy avec un photodétecteur au centre du système d'anneaux → pas possible à
Rennes mais faisable à l'oral. Le Sextant propose une méthode alternative (cf. p. 249) se
basant sur des formules approchées mais la manipulation est longue et délicate → on la
déconseille en pratique. Une autre possibilité pour faire varier l'épaisseur optique de
l'interféromètre consiste à le placer dans une cloche à vide. En modifiant la pression, on
modifie l'indice du milieu ; le principal problème est de relier la variation d'indice à la
modification de pression !
Bibliographie :
Sextant : p.215 à 257
148