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Actualité de la recherche sur les mobiliers non céramiques de l’Antiquité et du haut Moyen Âge Actes de la table ronde européenne instrumentum, Lyon (F, Rhône), 18-20 octobre 2012 sous la direction de Stéphanie Raux Isabelle Bertrand Michel Feugère avec le concours de l’Institut national de recherches archéologiques préventives mm éditions monique mergoil montagnac Monographie Instrumentum 51, 2015 Association des Publications Chauvinoises, Chauvigny Mémoire XLIX, 2015 co-édition : mm Collection : Monographie Instrumentum, 51 Collection : Mémoire, XLIX ISSN 1278-3846 ISBN 978-2-35518-047-7 ISSN 1159-8646 ISBN 979-10-90534-29-2 Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 1 SOMMAIRE PRÉFACE é S. RAUX – p. 5 e v i r p COMITÉ DE LECTURE – REMERCIEMENTS sag – p. 6 u n u à é THÈME I – ASPECTS , APPORTS DES MÉTHODOLOGIQUES n i t s ÉTUDES DEdL’e INSTRUMENTUM À LA COMPRÉHENSION D’UN SITE r u e t du petit mobilier à la compréhension de l’établissement rural d iL’apport é du “Champ Drillon” à Bezannes (Marne) r e i A.-L. BRIVES, P. DUMAS-LATTAQUE – p. 9-31 h c i F Une place publique à Augustonemetum (Clermont-Ferrand, Puy-deDôme) : apports de l’instrumentum C. GALTIER, G. ALFONSO, B. WIRTZ, N. BADUEL – p. 33-59 Les apports de l’analyse comparée du mobilier antique et haut Moyen Âge des sites d’habitats urbains de la ZAC Bourgogne à Orléans (Loiret) D. JOSSET – p. 61-80 Approche qualitative et quantitative de la consommation d’instrumentum dans les agglomérations : l’exemple des territoires carnute, biturige et turon (200 av. - 300 ap. J.-C.) É. ROUX – p. 81-94 Apport du mobilier non céramique à l’étude des troubles du IIIe s. dans le Nord de la Gaule. L’exemple du Pôle d’activités du Griffon à BarentonBugny et Laon (Aisne, France) A. AUDEBERT, M. BRUNET – p. 95-125 Vaisselle métallique romaine des gués de la Saône. Observations préliminaires à partir de sites identifiés S. NIELOUD-MULLER – p. 127-143 2 Sommaire Sulle tracce di Tito Macro. A proposito di un peso lapideo rinvenuto nei Fondi ex Cossar ad Aquileia D. DOBREVA, M. SUTTO – p. 145-153 THÈME II – MOBILIERS DE SITES D’HABITAT Le petit mobilier des fouilles récentes de la ZAC Niel à Toulouse (HauteGaronne). Chronologie, caractérisation des assemblages et contacts avec le monde méditerranéen M. DEMIERRE – p. 157-180 Parure, éléments de serrure et autre mobilier métallique de l’établissement rural des Gains à Saint-Georges-lès-Baillargeaux (LTD1b-LTD2b) (Vienne, F) : morceaux choisis P. MAGUER, M. LINLAUD, I. BERTRAND – p. 181-209 La vaisselle en verre d’un contexte du IIIe s. ap. J.-C. à Vieux (Calvados) A. LACROIX – p. 211-223 Strumenti agricoli e altri oggetti in metallo e legno da un pozzo romano di Abano Terme (PD) S. CIPRIANO – p. 225-231 Notes sur quelques objets caractéristiques de Nîmes (Gard) et de son territoire Y. MANNIEZ – p. 233-242 THÈME III – MOBILIERS DES SITES FUNÉRAIRES ET CULTUELS Vestiges mobiliers associés aux défunts du secteur central de la catacombe des saints Pierre et Marcellin à Rome (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) P. BLANCHARD, A. BARON, D. HENRI, H. RÉVEILLAS, S. KACKI, D. CASTEX, R. GIULIANI – p. 245-267 Le petit mobilier issu d’une nécropole de l’Antiquité tardive à Savasse (Drôme) M. GAGNOL et collab. – p. 269-290 Le mobilier funéraire de Chéméré (Loire-Atlantique), VIIe s. V. GALLIEN, P. PÉRIN – p. 291-301 Le mobilier funéraire du site des “Sablons” (Luxé, Charente), témoin de l’occupation mérovingienne M. MAURY – p. 303-314 Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 3 Une seconde vie pour des objets domestiques. Des contenants originaux comme dernière demeure d’un adolescent à l’Antiquité (Ormes, Marne) M. FÉLIX-SANCHEZ, A. MOREL, A. PELISSIER, H. CABART (†), S. RENOU – p. 315-328 Le mobilier du sanctuaire du Clos de la Fontaine à Orléans (Loiret) du milieu du Ier s. av. J.-C. à la fin du Ier s. ap. J.-C. D. CANNY – p. 329-355 Les figurines en terre cuite gallo-romaines dans les cités des Aulerques Cénomans et Diablintes A. LEDAUPHIN – p. 357-374 THÈME IV – PRODUCTIONS ARTISANALES ET OBJETS DESTINÉS À L’IMMOBILIER Un nouveau témoignage sur l’artisanat des métaux à Autun (Sâone-etLoire) au Ier s. ap. J.-C. : le 11 avenue du deuxième Dragons É. DUBREUCQ, T. SILVINO – p. 377-398 Les ateliers de travail de l’os des rues Maucroix et Mont-d’Arène (Reims, Marne) : identification et étude des lieux de fabrication d’épingles en os au IIIe s. ap. J.-C. P. ROLLET, G. SCHÜTZ – p. 399-424 Les rapports entre artisanat des matières dures d’origine animale et de boucherie à Valence (Drôme) : état de la question A. GILLES, T. ARGANT et collab. – p. 425-444 Des activités artisanales dans les édifices publics du forum d’Aregenua (Vieux, Calvados) K. JARDEL, M. DEMAREST – p. 445-463 Les produits dérivés des ateliers de marbrier du forum d’Aregenua, capitale de cité viducasse K. JARDEL, G. TENDRON et collab. – p. 465-485 Les canalisations en bois : techniques de mise en œuvre, diffusion, chronologie en Gaule romaine et étude de cas L. BRISSAUD, C. LOISEAU et collab. – p. 487-516 Tuiles en écaille et quelques autres types originaux de terres cuites architecturales de Gaule centrale et septentrionale A. FERDIÈRE, E. JAFFROT et collab. – p. 517-552 Fichier éditeur destiné à un usage privé 4 Sommaire THÈME V – FACIÈS INSTRUMENTUM DE LUGDUNUM Un autre regard sur la bijouterie en or de Lyon (Rhône, France) C. BESSON – p. 555-576 Aperçu de l’instrumentum de toilette et de chirurgie à Lugdunum. Un état des données É. VIGIER – p. 577-609 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à LyonLugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) L. ROBIN – p. 611-623 Bronzes figurés de Lyon. Les secrets d’un moule de bronzier intact É. RABEISEN – p. 625-638 La vaisselle métallique d’époque romaine à Lyon : première approche L. GUICHARD-KOBAL – p. 639-650 THÈME VI – VARIAE Les étuis tubulaires à bélières en bronze de l’âge du Fer A. COURTOT – p. 653-663 Parti di mobile in agata dallo scavo di via Neroniana - Montegrotto Terme (Padova) F. GHEDINI, G. MOLIN, P. ZANOVELLO, A. ARDUINI, C. DESTRO, S. MAZZOCCHIN, M. BRESSAN, A. GUASTONI, P. GUERRIERO, F. ZORZI – p. 665-677 Les supports de pinceaux doubles en bronze dans l’Antiquité : instruments de peinture ou de dorure ? S. RAUX, M.-A. WIDEHEN – p. 679-697 The jewellery of a wealthy Thracian woman from Anchialos and the fashion in Middle and Late Hellenistic jewellery M. TONKOVA – p. 699-716 Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 611 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) é Laudine ROBIN Études et valorisations archéologiques, Chercheur associé, laboratoire Archéométrie et Archéologie, UMR 5138, MSH, Lyon laudine.robin@eveha.fr e g a us v i r p n u à é n i t s de r Abstract Résumé u e t di é e rLyon, Haut-Empire, atelier de Keywords : craft, Lyon, Early Roman Empire, glassi Mots clés : artisanat, h c moule, technique de fabrication, déchet workshop, tool, mould, manufacturing technology, verriers, ioutil, F de fabrication, raté de production manufacturing waste Plusieurs ateliers de verriers ont été découverts à Lyon. Implantés durant le Haut-Empire, ils sont révélateurs d’une activité artisanale de grande envergure. Les structures – fours et dépotoirs – ainsi que l’évolution géographique et structurelle de ces ateliers ont déjà fait l’objet de plusieurs publications. Il manquait une synthèse sur les techniques de fabrication. Si la découverte d’outils est plutôt rare, les rebuts ont été retrouvés en grande quantité. Une étude exhaustive de l’ensemble de ces artefacts permet de proposer des hypothèses sur l’outillage utilisé ainsi que sur les techniques et les gestes des artisans verriers. Several glass workshops were discovered in Lyon. Established during Early Roman Empire, they are indicative of a large-scale craft activity. The structures – ovens and middens – as well as the geographical and structural evolution of these workshops- have already been the subject of many publications. A synthesis of manufacturing technology is however missing. If only a few tools were discovered, a large quantity of manufacturing waste was found. An exhaustive study of all these artifacts make it possible to propose theories about the tools that were used as well as the techniques and gestures of the glassblowers. 612 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) Le processus de fabrication des objets en verre s’opère en différentes étapes allant de l’extraction des matières premières jusqu’au façonnage de l’objet fini. Durant l’Antiquité, deux étapes essentielles ont pu être déterminées : l’une est destinée à produire la matière vitreuse, qui semble être l’apanage des provinces orientales (ateliers “primaires”) ; et la seconde produit les objets finis à partir du verre brut importé. Ces “ateliers secondaires” ont été découverts dans l’ensemble de l’Empire (Nenna 2007 et 2008 (1)). C’est le cas notamment à Lyon, où plus de sept sites permettent à l’heure actuelle de considérer la capitale des Trois Gaules comme la ville la plus riche en termes de vestiges liés à l’artisanat verrier. Si les structures artisanales (fours, fosses dépotoirs) ainsi que l’évolution structurelle et géographique des ateliers ont déjà fait l’objet de plusieurs travaux et publications (Motte, Martin 2003 ; Becker, Monin 2003 ; Robin 2007 ; 2008 ; 2012a et 2012b), nous allons présenter ici tous les éléments qui permettent d’appréhender les procédés techniques et les gestes de fabrication des verriers, nécessaires à la production des objets finis. Localisation et description des vestiges d’artisanat verrier Avant d’évoquer plus précisément notre champ d’étude, il faut rappeler les vestiges mis au jour à Lyon afin de replacer les objets étudiés dans leurs contextes. Trois secteurs d’artisanat ont été localisés : le premier est situé le long de la rive gauche de la Saône sur le quai Saint-Vincent ; le deuxième sur les pentes de CroixRousse ; et le dernier a été récemment détecté dans la plaine de Vaise (fig. 1 et 2). Fig. 1 : Carte de répartition des ateliers de verriers : A. Place de la Butte ; B. Montée de la Butte ; C. “Subsistances” ; D. Manutention Militaire ; E. 1920 quai Saint-Vincent ; F. Îlot Vieille Monnaie ; G. 4 Rue Saint-Didier (Éch. : 1/25 000 ; fond de plan : Origine Ville de Lyon, Cadastre, Communauté urbaine de Lyon-droits réservés ; DAO : L. Robin). (1) Parmi les publications récentes. Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 613 Fig. 2 : Tableau récapitulatif des ateliers de verriers découverts à Lyon. 1. Le quai Saint-Vincent Ce quartier artisanal comportait plusieurs ateliers de verriers. Les sites et les vestiges majeurs vont être présentés selon leur localisation, du nord vers le sud. Des travaux menés au niveau de la place de la Butte ont permis à A. Grange et F. Popelin, dans les années 1960, de mettre au jour des fragments de fours recouverts d’une épaisse couche de verre caractérisée par des arêtes vives (fig. 1, A). S’ils ne peuvent pas, à l’heure actuelle, être rattachés à des fours en place, ces éléments se rapportent, sans équivoque, à des structures de chauffe d’artisanat verrier (Foy, Nenna 2001, 47 ; Robin 2012b, fig. 2.1). Compte tenu du contexte ancien de la fouille et des données lacunaires en notre possession, aucune datation ne peut être proposée. Un site localisé à l’angle de la montée de la Butte et du quai Saint-Vincent a révélé des vestiges considérables (Motte, Martin 2003 ; Robin 2007 ; 2008 et 2012b) (fig. 1, B). Découvert en 2001, l’atelier de verriers se compose d’au moins seize fours, de trois fosses dépotoirs, et plus de 27 kg de verre ont été recueillis. Parmi eux, les ratés de fabrication ont permis de décrire les productions probables de l’atelier, qui correspondent principalement à une série de balsamaires de petites tailles, de cruches/bouteilles, de bols/gobelets/coupes et assiettes ainsi que des bâtonnets torsadés dans des teintes claires et vives. Les dates d’activité de l’atelier sont à situer dans les années 40-70 ap. J.-C. Une fosse dépotoir a été découverte sur le site de la Manutention Militaire contenant des déchets et des ratés de fabrication similaires à ceux retrouvés sur le site précédemment évoqué (Robin 2012b) (fig. 1, D). L’activité semble être contemporaine de la précédente et les productions quasi similaires. À proximité, une fouille située sur le site des “Subsistances” a livré deux fours de verrier et des éléments de verre retrouvés dans les niveaux d’occupation et de démolition de l’officine (Becker, Monin 2003 ; Robin 2012b) (fig. 1, C). L’identification des productions a été plus délicate, mais il est possible d’envisager l’utilisation de teintes claires ainsi que de verre incolore pour le façonnage des objets. Ces éléments indiquent une activité plus tardive que pour les ateliers précédents, très probablement de la fin du Ier s. ap. J.-C. ou de la première moitié du IIe s. Enfin, une dernière implantation, localisée aux n° 19-20 quai Saint-Vincent, ne correspond pas à des structures de chauffe en particulier, mais uniquement à des éléments de verre attestant une activité artisanale (Robin 2012b) (fig. 1, E). Il n’a pas été possible de proposer une chronologie précise, mais l’occupation pourrait se situer entre le milieu du Ier s. ap. J.-C. et le siècle suivant. Les teintes utilisées sont claires, mais aucune production ne peut être déterminée. Les vestiges présentés sont associés sur la plupart des sites à une activité potière, ce qui ne laisse que peu de doute sur la vocation de ce secteur. Il s’agit d’un quartier artisanal dont l’activité est centrée sur le Ier s. et le début du siècle suivant. Situé en bord de Saône, l’approvisionnement en matière brute ainsi que la distribution des productions devaient se réaliser en partie à l’aide du réseau fluvial. Fichier éditeur destiné à un usage privé 614 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) 2. Les pentes de Croix-Rousse Contrairement aux ateliers du quai Saint-Vincent, un site, localisé aux n° 81-89 de la montée de la Grande Côte, semble être isolé de toute autre activité artisanale (Jacquin 1991 ; Robin 2012b) (fig. 1, F). Équipé de deux fours, l’atelier s’est installé sur les fondations d’un ancien habitat. Des débris de verre ainsi que l’étude stratigraphique et des divers mobiliers archéologiques datent l’occupation de la fin du IIe s. ap. J.-C. au milieu du IIIe s. Si une quantité non négligeable d’éclats de verre brut et de déchets évoquent l’utilisation du verre incolore et des teintes claires pour la fabrication des objets, les productions n’ont pas pu être déterminées. peuvent être en métal, en pierre, en terre cuite, mais aussi en matériaux périssables. Ces objets sont rarement conservés et retrouvés lors des fouilles archéologiques. Ils ont pu disparaître, tels ceux en matériaux organiques, ou encore être recyclés dans l’architecture ou pour d’autres activités, tant artisanales que domestiques. Ainsi, l’outillage à Lyon n’est connu que par quelques moules destinés à la fabrication des bouteilles carrées. Ils représentent les indices de l’utilisation de la technique du soufflage dans un moule qui nécessite la présence de deux verriers. Un premier souffle la paraison de verre à l’intérieur du moule, tenu par un second artisan, qui donnera ainsi la forme de l’objet. a. Les moules de contextes incertains 3. La plaine de Vaise Alors que l’artisanat potier était connu dans la plaine de Vaise, notamment grâce aux découvertes de la rue du Chapeau Rouge (Desbat et al. 2000), un atelier de verriers est localisé depuis peu dans le secteur. Une fouille menée au n° 4 rue Saint-Didier a en effet livré des outils et des déchets de verre dans un important remblai daté de la fin du Ier s. ap. J.-C. et début du IIe s., correspondant au niveau d’abandon du site (Robin 2012c) (fig. 1, G). Si l’atelier en lui-même n’est pas localisé précisément, il pourrait néanmoins être associé aux bâtiments identifiés à des entrepôts et juste effleurés par la fenêtre de la fouille. Les verriers ont probablement produit des bouteilles carrées Isings 50a/b. En effet, plusieurs éléments de moules en marbre, servant à la fabrication de ce type de récipients, ont été retrouvés (fig. 3 à 5). Au-delà de la présence d’un atelier verrier supplémentaire, cette découverte s’avère importante dans la mesure où elle permet d’étendre considérablement la zone de l’implantation de cet artisanat à Lyon durant le Haut-Empire. Inventaire et description du mobilier lyonnais 1. Les outils La fabrication d’objets en verre, quelle que soit la technique choisie, nécessite l’utilisation d’outils aux formes variées, utilisés aujourd’hui encore par les verriers (canne à souffler, pontil, pince, moule, etc.). Ils Plusieurs moules sont issus des collections du Musée de la Civilisation gallo-romaine de Lyon. Déjà publiés à plusieurs reprises, on peut en dresser un bref inventaire. Un exemplaire en marbre se caractérise par un carré en relief gravé de deux cercles concentriques et d’un bouton central (Foy, Nenna 2001, fig. 83 ; Amrein, Nenna 2006, F-M 3). Le deuxième exemplaire en marbre comporte un carré doté de trois cercles concentriques et d’un point central en creux (Foy, Nenna 2001, fig. 84 ; Amrein, Nenna 2006, F-M 4). Le troisième exemplaire, en partie conservé, est en marbre de forme carrée. En faible saillie, un autre carré se détache du fond et aucune moulure ni cercle concentrique n’est visible (Robin 2012b, n° 3, fig. 7). Ce moule pouvait donc servir à souffler des bouteilles de section carrée sans décor particulier. Le dernier individu, en calcaire, est plus problématique (Robin 2012b, n° 2, fig. 7). De forme semi-circulaire, il ne présente aucun élément en saillie, et seuls deux cercles concentriques sont visibles. Un doute persiste quant à son identification comme moule de verrier, il pourrait aussi être utilisé pour le travail du métal. b. Les moules de la montée de la Butte Trois éléments en marbre ont été découverts dans le comblement d’un négatif de mur (Motte, Martin 2003, 317, Fig. 21 ; Robin 2012a, fig. 28 ; Robin 2012b, n° 1, fig. 7). L’élément principal consiste en une plaque où se dessine un carré contenant quatre cercles concentriques incisés et un bouton central. Deux autres fragments correspondent à des parois de moules. De hauteurs différentes, elles s’associent difficilement au fond. Il faut donc plutôt envisager que ces éléments appartiennent à deux ou trois moules différents. Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 c. Les moules de la rue Saint-Didier Dans la fouille récente du n° 4 rue Saint-Didier à Vaise, plusieurs éléments d’artisanat verrier ont été mis au jour, notamment des fragments de moule. Le premier exemplaire est un fond de moule en marbre de 151 mm de long par 124 mm de large et de 35 mm d’épaisseur (fig. 4). Sur ce bloc, un carré de 100 mm de côté se détache, lui-même gravé de trois cercles concentriques et d’un point central. Une encoche rectiligne est aussi visible, qui part de l’angle du carré en relief et se poursuit jusqu’à l’extrémité, sur une longueur de 9 mm. Cette encoche particulière pourrait correspondre à la pose d’une des parois du moule. Ceci attesterait la présence d’un moule formé d’un élément de fond et de quatre éléments de parois. 615 Le second exemplaire correspond également à un fond de moule en marbre, de 125 mm de long par 117 mm de large et de 35 mm d’épaisseur (fig. 3). Sur une des faces, une forme parallélépipédique de 88 mm par 82 mm est décorée de deux cercles concentriques et d’un point central. Sur l’autre face se détache un autre carré irrégulier, mesurant 66 par 64 mm, sur lequel est gravé un cercle à l’intérieur duquel une rosette à quatre pétales est grossièrement dessinée. Deux éléments essentiels sont à souligner. Tout d’abord, la double fonction de cet objet, à savoir que le verrier n’avait qu’à retourner le moule pour choisir le décor souhaité. D’autre part, les deux carrés sont excentrés. Ainsi, l’espace entre le bord de la plaque et le carré en relief atteint une largeur de 2 et 4 mm selon la face, soit Fig. 3 : Moule en marbre (clichés : Ch. Thioc, Musée gallo-romain de Lyon, Département du Rhône ; dessin et DAO : L. Robin). Fichier éditeur destiné à un usage privé 616 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) Fig. 4 : Moule en marbre (cliché : Ch. Thioc, Musée gallo-romain de Lyon, Département du Rhône ; dessin et DAO : L. Robin). Fig. 5 : Parois de moule en marbre (cliché, dessin et DAO : L. Robin). Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 un espace extrêmement réduit. Or, ces fonds de moule supportent des parois adossées à chaque côté du carré en relief. Cela pourrait induire que les parois constituent un seul bloc (et non par quatre éléments de parois distincts), une simple petite marge suffisant alors à soutenir celui-ci sur le fond. Alternativement, il est également possible que ces parois aient été retaillées ou cassées après leur désaffectation. Enfin, quatre autres plaques de marbre pourraient correspondre à des parois de moule (fig. 5). Un exemplaire, de 132 mm de long par 68 mm de large et de 21 mm d’épaisseur, porte des traces de débitage sur les côtés. Il pourrait correspondre avec le fond décoré d’une rosette, dont le côté oscille entre 64 et 66 mm (fig. 3). Les trois autres individus sont fragmentés et leur interprétation reste délicate. Il pourrait s’agir de fragments de parois, mais aussi d’éléments de construction. Cet ensemble de moules implique l’existence d’ateliers de production de bouteilles carrées à Lyon. Il s’agit de bouteilles non marquées ou alors agrémentées soit de cercles concentriques, soit d’une rosette à quatre pétales positionnée dans un cercle. Cependant, il convient de constater qu’aucune bouteille décorée de rosette n’a été retrouvée à Lyon jusqu’à présent, et qu’aucun raté de production de bouteille décorée n’a été noté dans les dépotoirs d’ateliers de verriers de la ville. Ces découvertes permettent par ailleurs de revenir sur les méthodes d’assemblage des différents éléments. Plusieurs hypothèses de restitution ont été proposées suite à un inventaire des moules découverts dans le monde romain (Amrein, Nenna 2006). La première possibilité met en œuvre un fond et quatre parois indépendantes dont deux plus larges, le tout étant assemblé par des bandes d’encastrement situées sur les 617 parois les plus larges. La seconde possibilité implique un assemblage de moules avec un système de chevilles, dont on suppose l’existence en raison de la présence de perforations horizontales attestées sur des moules découverts à Bonn (Follmann-Schulz 2011, Pl. 2). Ni bandes d’encastrement ni goujons ne sont présents sur les objets lyonnais. Ces derniers pourraient correspondre aux parois les plus étroites destinées à être encastrées, mais leur état de fragmentation conduit à la prudence dans leur interprétation. La présence d’un fond de moule biface est un unicum. Les deux marques ont pu être utilisées de manière contemporaine par les verriers, mais il est aussi possible d’envisager un remploi de la plaque suite à un changement de production. 2. Les déchets Les déchets de verre fournissent les principales indications sur l’outillage et les techniques de fabrication dans la mesure où les outils sont rarement conservés. À Lyon, plus de 9 500 fragments ont pu être répertoriés et classifiés (fig. 6). a. Les mors Les ateliers lyonnais ont livré plus de 3 083 fragments de mors (fig. 6). Ces déchets, de forme cylindrique et de petite taille, proviennent de l’extrémité de la canne à souffler. Après avoir soufflé le récipient, l’artisan le détache de la canne et enlève le surplus de verre à l’aide de ciseaux ou en percutant la canne contre une surface dure. En cassant le mors, le verrier va en multiplier les fragments. Ils sont caractérisés par la présence de ressauts internes, de filandres, de bulles allongées, mais aussi de petites taches noirâtres et métalliques qui Fig. 6 : Tableau récapitulatif du nombre de déchets, par catégorie, retrouvés par atelier. Fichier éditeur destiné à un usage privé 618 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) évoquent l’utilisation d’une canne en métal (2) (fig. 7). Le diamètre interne du mors donne des indications sur le diamètre de la canne. Deux groupes ont été déterminés sur le site de la montée de la Butte : un premier oscille entre 1 et 1,5 cm et un second entre 2 et 2,5 cm. Il est possible que le deuxième groupe corresponde au soufflage des objets de plus grande taille, tels les amphorisques ou les cruches. La présence de ce type de déchets permet de supposer l’utilisation d’une canne à souffler en métal et de la technique du soufflage à la volée sur l’ensemble des officines lyonnaises. Les mors sont un des meilleurs indices permettant d’assurer la présence d’une officine secondaire sur un site. Plusieurs autres fragments ressemblent à des cônes torsadés (fig. 9, n° 1 et 2). Ce type de déchets n’est pour le moment pas attesté en dehors de Lyon. L’ensemble des exemplaires possède une torsion à l’une de ses Fig. 7 : Mors : 1 à 9. Site de la montée de la Butte ; 10. Site de la rue Saint-Didier (dessin et DAO : L. Robin). (2) Pour la première étude systématique d’une grande quantité de mors, voir Amrein 2001, 22. Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 extrémités avec une ouverture extrêmement faible. Ces caractéristiques pourraient correspondre à la production de flacons boules de type Isings 10, façonnés dans les ateliers de la montée de la Butte et de la Manutention Militaire. En effet, le diamètre interne du col de ces flacons est équivalent à celui de l’extrémité la plus petite de ces chutes (environ 1 mm) et il se peut qu’il s’agisse en fait aussi de mors de canne à souffler. La technique de fabrication serait un peu différente de celle des autres flacons. Une fois l’objet soufflé, le verrier aurait exercé une torsion pour diminuer fortement le diamètre du col (fig. 8, n° 1). Il lui aurait alors suffi de retirer la canne du verre après le refroidissement (fig. 8, n° 2). Le déchet, encore attaché au récipient, en servant d’entonnoir, aurait facilité le remplissage du flacon dans l’atelier (fig. 8, n° 3). Une fois le récipient plein, il suffisait à l’artisan de casser le flacon au niveau du col (fig. 8, n° 4) et de reprendre l’embouchure du flacon pour le fermer (fig. 8, n° 5). Ce déchet semble être le résultat exclusif de la fabrication de flacon boule et de l’utilisation du mors comme entonnoir. Cette hypothèse s’appuie sur le fait que ces flacons boules étaient destinés à contenir des produits cosmétiques, médicinaux ou autres (Van Lith, Hottentot 2006). Enfin, l’incorporation de ce type de produit par le verrier, préalablement à la fermeture à chaud du récipient, implique une étroite collaboration entre différents corps de métier. Elle suppose également un approvisionnent en vrac des ateliers lyonnais, qu’il s’agisse de marchandises élaborées localement ou importées de régions plus lointaines. b. Les empreintes d’outils Une fois le récipient soufflé, plusieurs gestes sont nécessaires au verrier pour fermer les flacons, façonner l’embouchure, déposer les anses ou encore disposer les décors. Ces gestes nécessitent l’utilisation d’outils qui ont pu laisser des traces et empreintes sur le surplus de verre, soit le déchet. - Des fragments portent une empreinte longitudinale de section semi-circulaire (fig. 9, n° 3 à 5). Leur face externe, souvent de forme irrégulière, est bombée et leur face interne est recouverte d’une couche de métal ou de petites taches noirâtres. Ce type de déchets a déjà été signalé dans plusieurs ateliers, tels celui de Jalame en Israël (Weinberg 1988, Fig. 3-9, Pl. 3-5A-C) ou plus proche de nous à Saintes (Amrein, Hochuli-Gysel 2000, fig. 10 et 11). Une seconde série découverte uniquement sur l’atelier de la Manutention Militaire est constituée de verre étiré de forme évasée ; l’extrémité la plus large comporte une empreinte en creux avec des traces métalliques (fig. 9, n° 6 et 7). Ces deux types d’empreintes 619 Fig. 8 : Schéma de remplissage des flacons boules (dessin et DAO : L. Robin). 1. Le verrier souffle le flacon en pratiquant une rotation pour réduire la taille du col ; 2. Il détache la canne du flacon à l’aide d’une pince ; 3. Le flacon est rempli d’un liquide ; 4. Le verrier casse le reste du verre en donnant un coup au niveau du col ; 5. Le flacon est refermé à chaud. montrent l’utilisation d’une tige métallique. Le verrier aurait récupéré une paraison de verre fondu soit sur une partie de la tige, dans le cas des premiers exemplaires, ou sur l’extrémité de celle-ci pour la seconde série (probablement quand la masse de verre était plus faible). On peut alors supposer que le premier geste servait à la pose d’une paraison importante comme celle nécessaire aux anses, alors que le second était destiné à des décors fins tels les fils appliqués. - Plusieurs empreintes évoquent l’utilisation de différents outils : pince ou tige de section rectangulaire ou à bout pointu. Un premier groupe se caractérise par une empreinte en creux de section rectangulaire sur les faces, la paraison semble avoir été posée sur une surface plane (fig. 9, n° 8 à 11). L’ensemble de ces fragments peut être interprété comme résultant de la fermeture des flacons destinés à contenir des produits cosmétiques ou autres, tels les flacons en forme d’oiseaux. Une fois le récipient façonné et refroidi, l’artisan enlève le verre en surplus en réchauffant l’extrémité. Il ferme ensuite le récipient à l’aide d’une tige en le posant sur une surface plane tout en le tirant vers lui. Ces fragments correspondent au surplus de verre situé au-dessus de la fermeture et enlevé par le verrier. Le second groupe correspond à du verre étiré comportant sur une des Fichier éditeur destiné à un usage privé 620 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) faces une empreinte en creux de forme circulaire évoquant plutôt l’utilisation d’une tige à bout pointu. Les premiers sont similaires aux précédents avec une marque de pose sur la face opposée (fig. 9, n° 12 et 13). Une surface plate a donc servi aux verriers pour travailler le verre. D’autres se caractérisent par l’empreinte en creux d’un côté, laissant le verre bombé de l’autre côté (fig. 9, n° 14 et 15). Le verre était étiré à l’air libre et non posé sur une surface. Ce type de déchet, assez rare, a été remarqué par ailleurs uniquement dans l’atelier d’Avenches (Amrein 2001, 35-37). - Enfin, un nouveau type se compose de deux empreintes en creux, signe de l’utilisation d’une pince aux extrémités pointues (fig. 9, n° 16 à 18). Ce type de déchets n’a pas été recensé en dehors de Lyon. L’outil pourrait correspondre à une pince à bout pointu, mais le geste est plus difficile à comprendre. À l’instar des déchets précédents, on peut supposer qu’il s’agit de restes relatifs à un étirement du verre, mais aucune précision supplémentaire ne peut être apportée. Fig. 9 : Déchets de fabrication : 1 à 9, 11, 14, 15, 19, 21, 25 à 27. Site de la montée de la Butte ; 10, 12, 13, 20, 23, 24. Site de la Manutention Militaire ; 16. Site des “Subsistances” ; 17, 18, 22. Site de l’Îlot de la Vieille Monnaie (dessin et DAO : L. Robin). Fichier éditeur destiné à un usage privé Rencontres Instrumentum – Lyon 2012 L’étude des déchets permet donc de reconnaître l’emploi de plusieurs outils, grâce aux empreintes sur le verre qui correspondent à leur négatif. Il semble que les verriers utilisaient une tige à bout pointu, une autre de section rectangulaire et enfin une pince à bouts pointus. S’il demeure difficile de décrire les gestes précis des artisans, l’étude exhaustive des déchets a permis de proposer une hypothèse pour le réalisation des flacons boules ainsi que de l’utilisation du cône torsadé comme entonnoir. Par ailleurs, l’utilisation d’une tige comme “pontil”, servant à reprendre une pièce par le fond afin de retravailler le reste de l’objet (bord, anse, décor), n’est pas attesté dans les ateliers de Lyon. Les verriers ont dû utiliser des pinces pour tenir les objets afin de terminer la fabrication. Ce phénomène a aussi été noté dans l’atelier d’Avenches (Amrein 2001, 35). c. Tubes, baguettes et déchets divers Des tubes coniques ou rectilignes de section circulaire ont été retrouvés en grande quantité (fig. 9, n° 19 à 21). Ces déchets, soufflés à la volée, peuvent être liés à la fermeture de certains flacons. Il s’agirait de la partie ne portant pas d’empreinte, mais qui fut bien soufflée et étirée par le verrier. Les baguettes cannelées constituent un des déchets les plus représentés, avec 1 288 exemplaires dénombrés sur les ateliers lyonnais (fig. 9, n° 22 à 24). Ils peuvent être rectilignes ou s’évaser à l’une des extrémités. Ils Fig. 10 : Verre fondu sous forme de billes, site de la Manutention Militaire (cliché : L. Robin). 621 apparaissent fréquemment lors des fouilles d’officines verrières, comme à Besançon par exemple (Munier, Brkojewitsch 2003, 334). L’interprétation de ces baguettes n’est pas claire. Elles pourraient correspondre au rebut de la pose d’anses ou de décors tels les fils appliqués. Les cannelures seraient dues à l’étirement du verre par l’artisan. Des fils étirés, non soufflés et ne portant aucune empreinte d’outil, ont aussi été récoltés (fig. 9, n° 25 à 27). Aucune forme particulière ne permet d’en faire un classement typologique. Ils peuvent être en forme de goutte étirée, mais ils n’ont le plus souvent aucune forme standard. Ils évoquent un travail du verre sans plus de précision. Par ailleurs, une grande quantité de verre fondu a été découverte dans chaque atelier. Il se présente sous la forme de billes (fig. 10) ou d’agglomérats informes et peut correspondre à des déchets qui se forment lors du façonnage des récipients. Des exemples similaires ont été découverts dans le dépotoir d’un atelier de Reims (Cabart 2005, n° 4 et 5, Fig. 1). Enfin, des paraisons déformées et des ratés de production sont les preuves d’un façonnage qui a échoué. Un problème pendant la fabrication ou le refroidissement de l’objet pouvait causer de telles déformations. Les objets sont souvent non identifiables et prennent l’aspect d’un verre pincé et plié (fig. 11). Fig. 11 : Paraisons déformées, site de la montée de la Butte (cliché : L. Robin). Fichier éditeur destiné à un usage privé 622 Les techniques de fabrication des ateliers secondaires de verriers à Lyon-Lugdunum (Ier-IIIe s. ap. J.-C.) Conclusion Seule une étude exhaustive des déchets ainsi que des ratés de production permet de réaliser une correspondance entre le geste du verrier et la fabrication de l’objet. En effet, les moules utilisés pour la fabrication des bouteilles carrées sont les seuls outils de verrier découverts à Lyon. Et ils permettent avant tout d’assurer la production de ce type d’objets. Fort heureusement, les déchets de verre et les ratés de production apportent des informations supplémentaires. Aussi, une étude exhaustive des déchets est-elle capitale pour la compréhension des gestes et des techniques de fabrication des verriers. Si certains déchets n’amènent que peu d’informations, tels les tubes, les baguettes et les fils étirés, d’autres fournissent des données essentielles. C’est le cas notamment des mors, déchets produits par le soufflage à la volée. D’autres déchets permettent de mettre en évidence l’utilisation de pinces et de tiges. Enfin, des mors coniques éclairent le mode de confection des flacons boules et de leur remplissage. Si les spécialistes font référence aux déchets, notamment parce qu’ils sont souvent les seuls indices qui attestent un artisanat verrier, leurs études répertoriant et classifiant chaque déchet sont assez rares. Aussi, notre travail s’est-il inspiré de l’étude de référence réalisée sur l’atelier d’Avenches par Heidi Amrein (2001). Plus récemment, ce type de recherche a été mené sur le dépotoir dans un quartier à vocation artisanale de Londres (Perez-Sala, Sheperd 2008). Toutefois, hormis ces exceptions, la rareté des ensembles de comparaison ne permet pas encore d’établir des correspondances ou de mettre en évidence des différences entre les ateliers en fonction des types produits localement. En outre, le corpus lyonnais ne révèle pas la totalité des gestes et des techniques de fabrication des verriers. Par exemple, l’utilisation de ciseaux, telle qu’attestée à Avenches (Amrein 2001, 38, fig. 35/5) n’est, bien que probable, pas attestée explicitement à Lyon. De la même manière, le marbre de travail (une surface plane), utilisé pour régulariser la paraison ou bien déposer par exemple des grains de verre sur la paraison afin d’obtenir un décor moucheté, ne fait pas partie du mobilier inventorié. Si l’utilisation de certains outils n’a pas pu être révélée par l’étude des déchets, les données recueillies sur les techniques de fabrication semblent être importantes. Par ailleurs, leurs études apportent aussi des informations supplémentaires sur les productions locales. En effet, l’inventaire des couleurs, des décors et des formes des déchets ainsi que l’étude des ratés de production sont autant d’indices qui permettent de décrire le répertoire des formes fabriquées dans les ateliers. Si cela dépasse le cadre de cet article, rappelons que cette recherche a été réalisée dans le cadre d’un travail de doctorat qui a permis de mieux connaître les officines lyonnaises et leurs fabrications (Robin 2012a). Bibliographie Amrein 2001 : H. Amrein, L’atelier de verriers d’Avenches, L’artisanat du verre au milieu du Ier siècle après J.-C. (Cahiers d’Archéologie Romande, 87, Aventicum XI), Lausanne 2001. Amrein, Hochuli-Gysel 2000 : H. Amrein, A. Hochuli-Gysel, Le soufflage du verre, attestations de la technique à Avenches (Suisse) et à Saintes (France) au Ier siècle ap. J.-C. In : Annales du 14e congrès de l’AIHV. 2000, 89-95. Amrein, Nenna 2006 : H. 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